|  
        --------Si 
          l'année 1949 n'a été marquée du point de 
          vue politique que par les élections cantonales, par contre, l'année 
          1948 constituera une des dates marquantes de l'histoire de l'Algérie 
          française. De même que les années 1898 et 1900 avaient 
          vu la consécration de la maturité administrative du pays 
          et de son autonomie financière, l'année 1948 restera dans 
          l'histoire celle de la première application de la loi du 20 Septembre 
          1947 portant statut organique de l'Algérie.--------Sans 
          bouleverser totalement l'organisation politique et administrative du 
          pays, ce texte a cependant apporté des modifications importantes 
          qu'il parait utile d'analyser brièvement avant d'étudier 
          l'évolution politique de l'Algérie.
 LA LOI DU 20 SEPTEMBRE 1947. --------La 
          loi du 20 Septembre 1947 confirme tout d'abord le principe déjà 
          posé au cours de la guerre 1939-45 de la citoyenneté française 
          de tous les habitants de l'Algérie.De ce principe ont découlé d'importantes réformes 
          en matière de droits politiques individuels, d'organisation administrative 
          et judiciaire.
 --------Le 
          corps électoral algérien comprend deux collèges. 
          Le premier collège groupe tous les citoyens de statut civil français 
          et en outre, des citoyens entrant dans certaines catégories (titulaires 
          de diplômes universitaires, de grades militaires, de mandats électifs, 
          de décorations, fonctionnaires, etc...) et conservant leur statut 
          civil musulman.
 --------La 
          question de l'accession au premier collège sans abandon du statut 
          civil musulman qui avait fait couler tant d'encre entre les deux dernières 
          guerres se trouve ainsi partiellement résolue.
 --------Le 
          deuxième collège comprend tous les citoyens non inscrits 
          au premier collège.
 --------Par 
          ailleurs, le législateur a voulu orienter les populations algériennes 
          vers une participation plus large à la gestion des affaires de 
          l'Algérie.
 --------L'Assemblée 
          Algérienne, héritière des Délégations 
          Financières et de la provisoire Assemblée Financière 
          de la période de guerre. a, en effet, des pouvoirs bien plus 
          larges que ses devancières.
 --------Alors 
          que les anciennes Assemblées n'avaient de pouvoir réel 
          qu'en matière budgétaire et ne pouvaient dans tous les 
          autres domaines qu'émettre des vceux, l'Assemblée Algérienne 
          conserve le pouvoir de décision en matière budgétaire 
          et obtient, fait nouveau clans l'histoire de l'Algérie, une certaine 
          part du pouvoir législatif.
 --------Le 
          régime des décrets selon lequel le pouvoir exécutif 
          était le législateur ordinaire de l'Algérie, est 
          expressément abrogé.
 --------Le 
          Parlement, expression souveraine de la volonté populaire, au 
          sein duquel siègent désormais des représentants 
          de tous les citoyens français d'Algérie, a seul le pouvoir 
          législatif.
 --------L'Assemblée 
          Algérienne peut, en dehors de certaines matières réservées 
          au Parlement, édicter, clans le cadre des lois, une réglementation 
          particulière à l'Algérie. ou étendre à 
          l'Algérie la législation métropolitaine.
 --------La 
          tutelle du Pouvoir Central s'exerce cependant sur ces décisions 
          de l'Assemblée Algérienne, qui doivent être homologuées 
          par le Gouvernement et sont, en cas de refus d'homologation, déférées 
          au Parlement.
 --------Le 
          souci d'associer plus directement les populations algériennes 
          à la gestion des affaires du pays est également marqué 
          par le mode d'élection de l'Assemblée Algérienne.
 --------Alors 
          que les anciennes Délégations Financières constituaient 
          une représentation des intérêts économiques 
          (colons, non-colons, indigènes) et que l'élection se faisait, 
          selon les cas, à un ou deux degrés, l'Assemblée 
          Algérienne est élue au suffrage universel et direct. Elle 
          se compose de 120 membres, à raisons de 6o membres pour chacun 
          des deux collèges électoraux. Le statut de l'Algérie 
          précise que la présidence de l'Assemblée sera exercée 
          chaque année par un élu appartenant à un collège 
          différent_
 --------Les 
          Commissions de l'Assemblée sont composées en nombre égal 
          d'élus des deux collèges et l'alternance annuelle entre 
          les deux collèges joue également pour l'élection 
          du bureau de ces Commissions.
 --------Quel 
          usage l'Algérie a-t-elle fait de ce statut libéral ? C'est 
          ce que nous essaierons de dégager au cours des chapitres suivants.
 L'EVOLUTION DES PARTIS 
          POLITIQUES. --------L'éventail 
          politique de l'Algérie comprend les mêmes partis que dans 
          la Métropole qui recrutent leurs adhérents essentiellement 
          dans le premier collège et en outre des partis spécifiquement 
          musulmans recrutant leur clientèle dans le deuxième collège.--------Au 
          cours de l'année 1948, une grande idée a dominé 
          la vie politique de l'Algérie et a été à 
          la base des alliances ou des antagonismes électoraux : celle 
          du maintien de la souveraineté française en Algérie.
 --------C'est 
          cette idée qui a incité les partis de droite et modérés 
          (P.R.L., R.P.F., M.R.P., Parti Radical et Radical-socialiste) 
          à constituer des comités d'union chargés d'établir 
          un programme commun et de lutter contre tous les séparatistes.
 --------Le 
          parti Socialiste S.F.I.O. a gardé 
          son autonomie mais a lutté, lui aussi, contre les éléments 
          hostiles à la souveraineté française dans ce pays.
 --------Le 
          parti Communiste algérien a développé, 
          au contraire ses attaques contre la politique internationale du Gouvernement 
          et contre la politique " colonialiste " que poursuivrait la 
          France en Algérie et dans l'Union Française.
 --------Ses 
          tentatives de rapprochement avec l'U.D.M.A. 
          et le M.T.L.D. semblent avoir échoué 
          en raison des dissensions profondes existant entre ces deux partis musulmans.
 --------Les 
          partis spécifiquement musulmans n'étaient, au début 
          de l'année 1948, qu'au nombre de deux l'U.D.M.A. 
          et le M.T.L.D.
 --------L'Union 
          du Manifeste Algérien (U.D.M.A.) dont le leader est 
          M. Ferhat Abbas, est née en 1943. C'est à cette époque, 
          en effet, qu'un certain nombre d'élus musulmans remettaient au 
          Gouvernement Français siégeant à Alger le " 
          Manifeste du Peuple Algérien Musulman ". Ce document préconisait 
          l'émancipation de la nation algérienne qui devait devenir 
          un Etat associé à la France.
 --------Ce 
          parti, qui maintient ses revendications tendant à l'accession 
          des Algériens au Gouvernement de leur pays, a toutefois une position 
          moins outrancière et plus nuancée que celle du M.T.L.D.
 --------C'est 
          ainsi qu'en décembre 1948, le leader de l'U.D.M.A. se défendait 
          d'être un séparatiste et rendait hommage à la France, 
          excluant toutefois de cet hommage ses représentants en Algérie.
 --------Le 
          Mouvement du Triomphe des Libertés Démocratiques 
          (M.T.L.D.) dont le leader est M. Messali Hadj, est, au 
          contraire, nettement opposé à la présence française 
          en Algérie. Ce parti a comme objectif la constitution d'un Etat 
          pleinement indépendant, et est en lutte avec tous les autres 
          partis, aucune des tentatives d'union envisagées par certains 
          partis n'ayant été couronnée de succès.
 --------Le 
          M.T.L.D., dont les excès mêmes ont lassé l'opinion 
          musulmane, est en nette régression et a perdu une grande partie 
          de son influence.
 --------La 
          fin de l'année 1948 a vu la naissance d'un nouveau parti musulman, 
          le parti de l'Union Algérienne (U.A.). 
          Créé par des personnalités marquantes musulmanes 
          du département de Constantine, parlementaires et élus 
          locaux, ce parti proclame son attachement à l'Islam, mais reconnaît 
          la nécessité de l'association de l'Algérie à 
          une puissance occidentale qui ne peut être que la France.
 --------l.'U.A. 
          veut l'évolution politique, économique et sociale de l'Algérie 
          dans le cadre de la France républicaine.
 Bien que jeune, ce parti s'organise territorialement et semble appelé 
          à jouer un rôle important dans l'évolution politique 
          de l'Algérie.
 LE ROLE DES ASSEMBLEES 
          REPRESENTATIVES. --------Le 
          statut de l'Algérie a doté ce territoire de deux Assemblées 
          : L'Assemblée Algérienne et le Conseil de Gouvernement.--------Nous 
          ne dirons qu'un mot du Conseil de Gouvernement. Il est composé 
          de six conseillers : le Président de l'Assemblée Algérienne, 
          un vice-président de l'Assemblée Algérienne appartenant 
          à un collège différent de celui du Président, 
          deux Conseillers désignés par le Gouverneur Général, 
          deux élus annuellement par l'Assemblée Algérienne 
          à raison d'un par collège.
 --------Aux 
          termes de l'article 7 du statut, le Conseil de Gouvernement est chargé 
          de veiller à l'exécution des décisions de l'Assemblée. 
          Le Conseil de Gouvernement est obligatoirement consulté sur tous 
          les projets d'arrêtés gubernatoriaux pris en exécution 
          (le décisions de l'Assemblée Algérienne. Il est 
          égalemnent consulté sur la convocation de l'Assemblée 
          en session extraordinaire. I1 peut également demander au Gouverneur 
          Général (le faire procéder à toutes investigations 
          ou enquêtes entrant dans la compétence (le l'Assemblée 
          Algérienne.
 --------L'Assemblée 
          Algérienne est, aux termes de l'article 6 du statut " chargée 
          de gérer, en accord avec le Gouverneur Général, 
          les intérêts propres à l'Algérie ".
 --------A 
          ce titre, l'Assemblée a, ainsi que nous l'avons déjà 
          signalé, des attributions en matière législative 
          et budgétaire.
 L'Assemblée vote le budget qui lui est remis par le Gouverneur 
          Général. Ce budget est ensuite réglé par 
          décret contresigné par les Ministres de l'intérieur 
          et des Finances. --------La 
          loi du 20 septembre 1947 n'apportant que des modifications peu importantes 
          au régime financier antérieur de l'Algérie. c'est 
          surtout le rôle de l'Assemblée Algérienne en matière 
          législative que nous allons examiner.
 --------Avant 
          la promulgation de la loi du 2o septembre 1947, le pouvoir de légiférer 
          pour l'Algérie appartenait au Parlement et au Chef de l'Etat, 
          qui par décret, pouvait prendre des mesures spéciales 
          à l'Algérie, ou y étendre avec ou sans modifications, 
          la loi métropolitaine. C'était le système connu 
          sous le nom de " régime des décrets ".
 --------Le 
          statut de l'Algérie abroge expressément ce régime 
          et enlève au pouvoir exécutif son rôle en matière 
          législative. I1 énumère les lois qui sont applicables 
          de plein droit à l'Algérie (exercice et garantie (les 
          libertés const;tutionnelles, état et capacité des 
          personnes, règles du mariage, législation successorale 
          et d'état civil, traités internationaux). L'article 12 
          énumère les matières (lui ne peuvent être 
          réglées que par la loi : organisation militaire et recrutement, 
          organisation judiciaire, procédure civile ou criminelle, détermination 
          des crimes et délits et de leurs peines, régime foncier 
          et immobilier, régime douanier, ainnistie, contentieux administratif, 
          régime de la nationalité française.
 --------En 
          dehors de ces matières, le Parlement peut étendre à 
          lAlgérie les lois nouvelles sur la proposition (le l'Assemblée 
          Algérienne ou après avis de celle-ci, sauf le cas d'urgence.
 --------De 
          même, l'Assemblée Algérienne peut, sur proposition 
          de l'un de ses membres ou du Gouverneur Général, prendre 
          des décisions ayant pour objet d'étendre la loi métropolitaine 
          à l'Algérie, soit purement et simplement, soit après 
          adaptation aux conditions locales, ou d'édicter, dans le cadre 
          des lois, une réglementation particulière à l'Algérie.
 --------Les 
          décisions votées par l'Assemblée doivent pour devenir 
          exécutoires, être homologuées par décret. 
          A défaut d'homologation ou (le refus d'homologation motivé, 
          dans les six semaines, la décision devient exécutoire 
          (le plein droit et est promulguée par arrêté du 
          Gouverneur Général.
 
 |  |  
         
         --------En 
          cas de refus d'homologation, la décision de l'Assemblée 
          Algérienne est déférée au Parlement qui 
          statue.Ce rôle législatif confié à l'Assemblée 
          Algérienne est une des grandes innovations du statut.
 --------Dès 
          sa première année d'existence, l'Assemblée a utilisé 
          ses pouvoirs dans ce domaine. Elle a étudié un très 
          grand nombre de réglementations dont l'application à l'Algérie 
          était pendante (régime des locations, statut des fonctionnaires, 
          organisation professionnelle. habitat. coordination des transports ferroviaires 
          et routiers, etc...)
 :--------Au 
          cours de l'année 1948, l'Assemblée a voté 69 décisions.
 --------Sur 
          ce nombre, 49, ont été homologuées par décret, 
          9 ont été promulguées par arrêté du 
          tiouverneur Général après expiration du délai 
          de six semaines prévu par le statut : onze décisions seulement 
          ont fait l'objet d'une décision motivée de refus d'homologation.
 --------La 
          majeure partie des refus d'homologation est basée sur l'inobservation 
          des dispositions de l'article 12 du statut fixant les matières 
          réservées à la loi, l'Asemblée Algérienne 
          avant édicté des dispositions concernant ces matières.
 --------Dans 
          quelques cas, le refus d'homologation était basé sur le 
          fait que la décision de l'Assemblée créait en Algérie 
          une réglementation s'éloignant trop fondamentalement des 
          principes posés par la loi métropolitaine (décision 
          en matière de loyers, notamment).
 --------Il 
          convient de remarquer que la proportion des décisions non homologuées 
          est relativement faible, étant donné qu'il s'agit des 
          débuts d'une institution nouvelle -dont la Jurisprudence est 
          seulement en train de s'établir.
 --------L'Assemblée 
          Algérienne a donc, clans l'ensemble, oeuvré raisonnablement 
          au cours de sa première année d'existence et il est certain 
          que, l'expérience aidant, cette Assemblée assumera de 
          mieux en mieux la mission qui lui est dévolue par le statut et 
          que M. Jules Moch, Ministre (le l'Intérieur, définissait 
          en ces termes, clans son discours du 29 mai 1949, au banquet offert 
          par l'Assemblée Algérienne à M. le Président 
          de 1a République :
 --------" 
          Vous avez mission de gérer le patrimoine algérien et, 
          dans le cadre du statut d'adapter au fait algérien la législation 
          nationale. "
 LES PRINCIPAUX EVENEMENTS 
          POLITIQUES EN 1948 ET 1949. --------L'élection 
          de la première Assemblée Algérienne : 4 et 11 Avril 
          1948.--------L'événement 
          saillant de l'année 1948 au point de vue politique a été 
          l'élection de la première Assemblée Algérienne.
 --------En 
          raison des pouvoirs nouveaux dévolus à cette Asemblée, 
          de son mode d'élection au suffrage universel et direct, tous 
          les partis politiques ont porté leurs efforts vers la préparation 
          de cette consultation.
 --------Au 
          premier collège, la compétition s'est limitée à 
          trois formations de forces très inégales :
 Union Algérienne et du R.P.F.
 - S. F.I.O. ;
 - Communistes.
 --------Le 
          groupement d'Union algérienne et du R.P.F. comprenait tous les 
          partis politiques, à l'exclusion des socialistes S.F.I.O. et 
          des communistes. Y figuraient notamment le R.P.F.. le P.R.L., le parti 
          radical et radical-socialiste et le M.R.P.
 --------Encouragés 
          par leur précédent succès aux élections 
          à l'Assemblée Nationale, ces partis avaient renouvelé 
          leur union sur un programme commun ayant pour base la sauvegarde de 
          la souveraineté française en Algérie et la réaction 
          contre les communistes et les séparatistes musulmans.
 --------Le 
          parti socialiste avait une position de lutte sur deux fronts et représentait 
          en Algérie une sorte de Troisième Force.
 --------Le 
          parti communiste a déployé un effort et des moyens exceptionnels 
          et a prôné la lutte contre les deux autres groupements 
          présents aux élections.
 --------Dans 
          le deuxième collège, le parti communiste présentait 
          également des candidats.
 --------Le 
          Mouvement du Triomphe des Libertés Démocratiques (ex-Parti 
          du Peuple Algérien), dont le
 leader est M. Messali Hadj, était décidé à 
          enlever un nombre de sièges suffisamment élevé 
          pour lui permettre de faire une obstruction sérieuse à 
          l'Assemblée. Ce parti a déployé une activité 
          intense.
 --------L'Union 
          du Manifeste Algérien, dont le leader est M. Ferhat Abbas, tout 
          en revendiquant la création d'une nation algérienne, adopta 
          un programme plus restreint de réformes immédiates.
 --------Enfin, 
          un grand nombre de personnalités marquantes du monde musulman 
          se présentèrent sous l'étiquette " indépendant 
          " avec comme programme le développement économique 
          et social du pays au sein de la communauté française.
 --------Les 
          élections ont eu lieu les 4 et 11 Avril 1948.
 --------Dans 
          le premier collège, ainsi qu'il était facile de le prévoir, 
          les éléments modérés l'ont emporté 
          et la répartition politique des 6o sièges a été 
          la suivante :
 
           
            | Union et R.P.C  | 40 |   
            | Indépendants  | 9 |   
            | Radicaux socialistes  | 2 |   
            | Radie. Indépendants  | 4 |   
            | S.F.I.O  | 4 |   
            | Communistes  | 1 |  --------Au 
          deuxième collège, le retour à la confiance inspiré 
          par une politique très ferme à l'égard des violents, 
          des agitateurs a été marqué par les résultats 
          qui ont consacré le succès des candidats indépendants. 
          La répartition politique des sièges du deuxième 
          collège a été la suivante :  
          -------Depuis cette 
        campagne électorale, le climat politique 
            | Indépendants | 41 |   
            | M.T.L.D | 9 |   
            | U. D.M .A | 8 |   
            | 1ndép.-Fédéralistes | 1 |   
            | Social.-Indépendants  | 1 |  de l'Algérie s'est orienté vers un retour très 
        net au calme.
 Les élections 
          cantonales des 2o et 27 Mars 1949. -------L'année 
          1949 n'a été marquée du point de vue politique, 
          que par les élections cantonales.-------Le 
          renouvellement par moitié des Conseils Généraux 
          a eu lieu, comme en France, les 2o et 27 Mars 1949.
 -------Cette 
          consultation n'a pas soulevé de passions violentes.
 -------Au 
          premier collège, le résultat de la précédente 
          consultation électorale a été confirmé par 
          l'élection d'éléments indépendants modérés.
 -------Il 
          est intéressant de noter que les électeurs musulmans inscrits 
          au premier collège et qui sont en majorité dans certaines 
          circonscriptions, ont voté sans considération d'esprit 
          raciste pour les personnalités européennes connues et 
          estimées dans la région.
 -------Au 
          deuxième collège, le P.P.A.-M.T.L.D. prêchait l'abstention. 
          Cette consigne, grâce au climat de confiance et d'apaisement qui 
          règne actuellement en Algérie, n'a été que 
          peu suivie.
 -------Le 
          parti communiste algérien et l'U.D.M.A. par contre, ont développé 
          leurs thèmes habituels de propagande de lutte contre le colonialisme.
 -------Les 
          résultats ont encore confirmé le succès des candidats 
          indépendants partisans de l'Union Franco-musulmane.
 -------Les 
          Communistes ont perdu les 4 sièges soumis à renouvellement 
          qu'ils détenaient auparavant.
 -------L'U.D.M.A. 
          a perdu 6 sièges sur les 8 renouvelables qu'elle occupait antérieurement.
 -------Aucun 
          fait saillant n'a marqué dans le domaine politique les mois qui 
          ont suivi ces élections. L'Algérie vit dans le calme et 
          l'ordre. Des récoltes favorables ont contribué à 
          l'apaisement des esprits.
 -------La 
          très grande majorité de la population approuve la politique 
          humaine et juste d'égalité et de liberté pour tous 
          les habitants de ce pays que M. le Ministre M.-E. Naegelen, Gouverneur 
          Général de l'Algérie, poursuit ici et qu'il définissait 
          en ces termes dès son arrivée en Algérie dans un 
          de ses discours :
 -------" 
          Les Libertés, puisque l'égalité 
          n'est pas sans la liberté de tous, les libertés nous les 
          assurerons à ceux qui les méritent, niais il n'est de 
          liberté que dans le respect de la liberté de l'autre. 
          Ceux qui essaieront de faire peser sur ce pays un danger, je ne sais 
          quelle terreur, ceux qui utiliseraient pour imposer leur dvolonté 
          je ne sais quelle violence, que ceux-là ne se fassent pas d'illusions 
          : ils nous trouveront en face d'eux pour faire valoir la loi républicaine 
          et rien que la loi républicaine. Nous briserons toutes les terreurs, 
          nous empêcherons toutes les violences, nous ferons régner 
          l'ordre et la justice sur cette terre.
 -------" 
          Ceux qui ont pu croire que la France affaiblie 
          était incapable d'assurer désormais son autorité 
          souriante et bienveillante. qu'ils reviennent de cette erreur : tous 
          les jours la France recouvre ses forces ; elle est capable aujourd'hui, 
          sans vaines menaces, de se dresser contre toutes les menaces. Ce n'est 
          pas nous qui userons (le la force, mais nous empêcherons certains 
          d'user de la menace et de la force pour imposer leur façon de 
          voir. Ce que je dis, je le dis d'ailleurs pour tous.
 -------La 
          justice est une chose difficile à réaliser sur cette terre, 
          nous essaierons de nous en rapprocher. Ceux qui se figureraient que 
          le Musulman est un être bon à exploiter, ceux qui croieraient 
          que le Musulman c'est de la chair à travail, ceux-là aussi 
          nous les désavouerons et nous les combattrons. Il faudra qu'à 
          tout travail soient accordés un salaire et des conditions de 
          vie convenables. "
 -------Aucun 
          fait saillant n'a marqué dans le domaine purement politique, 
          le reste de l'année.
 -------L'Assemblée 
          Algérienne a commencé ses travaux le15 Novembre 1949. 
          Toute l'activité politique s'est concentrée au sein de 
          cette Assemblée dont les travaux feront l'objet d'une autre étude.
 
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