Alger, Algérie : documents algériens
Série politique : scolarisation
la scolarisation dans le Territoire

du Fezzan-Ghadamès et dans la zone du Ghat

n°15- 15 avril 1948

-----------Immédiatement après le rattachement administratif du Fezzan-Ghadamès à l'Algérie, la Haute Administration, en accord avec l'Académie d'Alger, s'est empressée d'ouvrir des écoles à Ghadamès et Brack. Celles-ci ont pu fonctionner très rapidement grâce au concours de l'armée qui a fait procéder à une rapide remise en état des immeubles endommagés et a bien voulu mettre à la disposition du Gouverneur militaire du territoire trois instituteurs mobilisés dans des unités sahariennes.


mise sur site le 3-02-2005
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----------Dès les premiers jours de l'arrivée de nos troupes dans les Territoires du FEZZAN-GHADAMES, il est apparu que la diffusion de l'enseignement du français parmi la jeunesse fezzanaise devait être considérée comme l'un des éléments primordiaux du succès du maintien de la France dans ce pays. Aussi les autorités françaises se sont-elles activement occupées de ce problème
----------La situation scolaire au départ de nos prédécesseurs était la suivante :
----------- Des centres scolaires fonctionnaient à Ederi, Brack, Djedid, Mourzouk, Berguene.
----------Les écoles de Brack, Djedid, Mourzouk et Berguene comprenaient deux classes, l'une pour l'enseignement de l'italien, l'autre de l'arabe.
----------- Les locaux étaient très modestes et seules les écoles de Brack et Djedid, construites vers 1935,
présentaient les installations nécessaires pour servir à l'enseignement.
-----------L'école de Berguene était inachevée. Celle de Mourzouk, installée dans un gourbi, comprenait
deux petites salles de classe au sol de terre battue, mal éclairées et aérées.
----------- Le mobilier avait été emporté, les portes et fenêtres arrachées et le matériel scolaire détérioré et
rendu inutilisable.
----------Toutes ces écoles étaient fermées depuis 1940.
----------Immédiatement après le rattachement administratif du Fezzan-Ghadamès à l'Algérie, la Haute Administration, en accord avec l'Académie d'Alger, s'est empressée d'ouvrir des écoles à Ghadamès et Brack. Celles-ci ont pu fonctionner très rapidement grâce au concours de l'armée qui a fait procéder à une rapide remise en état des immeubles endommagés et a bien voulu mettre à la disposition du Gouverneur militaire du territoire trois instituteurs mobilisés dans des unités sahariennes.
----------Depuis 1943, la situation du territoire a été en continuel progrès.

SITUATION DES ÉCOLES FRANÇAISES AU 31 DÉCEMBRE 1947

----------Ces écoles sont réparties dans les centres ci-après :

CENTRES
CLASSES de langue arabe
CLASSES
de langue française
NOMBRE D'ÉLÈVES
Djedid
1
1
59
Mourzouk
1
1
52
Oubari  
1
19
Brack
1
1
57
Agar  
1
40
Berguene  
1
24
Ouenzerib  
1
40
Ederi  
1
40
Bentbeya  
1
18
Traghne  
1
22
Gatroun  
1
35
Ghadamès
1
1
55
Derdj  
1
41
Totaux
4
13
502

----------Ainsi plus de cinq cents élèves, âgés de 6 à 14 ans, fréquentent assidûment nos écoles où ils reçoivent un enseignement suivant un programme identique à celui prévu pour l'enseignement (le la Section B de l'Algérie.
----------En outre, dans les écoles de Djedid, Mourzouk, Brack et Ghadamès, les élèves suivent, en mi-temps et parallèlement à la classe française, un cours de langue arabe enseigné par un moniteur recruté sur place, guidé et conseillé par un maître français.

COURS D'ADULTES

----------Dans les écoles de Djedid, Brack, Mourzouk et Oubari, des cours d'adultes à l'usage de jeunes gens de 16 à 2o ans, ont été ouverts par les maîtres français qui enseignent à la jeunesse fezzanaise ayant passé l'âge de scolarisation, le langage, la lecture, l'écriture et le calcul.
----------Ces cours sont régulièrement suivi par le nombre d'auditeurs suivant:
----------Djedid ---------15 auditeurs
----------Mourkouk---- 12 "
---------- Brack--------- 19 "
----------Oubari----------10 "

PERSONNEL ENSEIGNANT

a) Instituteurs français
----------Six instituteur Français du cadre de l'Algérie, tous volontaires, ont été nommés au FEZZAN. Ils exercent à Brack, Djedid, Oubari, Dardj, Ghadamès et Mourzouk.

b) Moniteurs autochtones
----------Onze moniteurs sont en service dans les écoles de Ederi, Ouenzerib, Berguene, Agar, Bentbeva, Traghene, Gatroum, Brack, Djdid, Mourzouk, Ghadamès ; ils enseignent soit la langue française, soit la langue arabe, sous la direction des maîtres français.
----------Tout le personnel enseignant, français, relève du Rectorat de l'Académie d'Alger.
----------La surveillance de l'enseignement vies maîtres et des moniteurs est confiée à l'instituteur (le Brack qui cumule ses fonctions avec celles de Directeur régional des écoles du FEZZAN.

SITUATION DES IMMEUBLES SCOLAIRES

a) Améliorations apportées dans .les locaux existants
----------L'importance des travaux à réaliser, les difficultés rencontrées pour obtenir le matériel nécessaire et l'absence de main-d'œuvre qualifiée n'ont pas permis de procéder à tous les aménagements désirables.
----------Cependant, avec des moyens de fortune, les autorités locales sont parvenues à installer des classes convenables. L'immeuble dans lequel était installé l'école de Mourzouk avant été jugé inutilisable, lies deux classes ont été transférées dans un autre local de ce centre.
----------D'autre part, on a aménagé dans chaque école les installations d'hygiène indispensables, des douches, une cuisine pour la cantine scolaire et réservé un local à usage de réfectoire afin de permettre aux bénéficiaires (le la cantine de prendre leurs repas dans (le bonnes conditions.

b) Constructions nouvelles
----------Malgré la pénurie des matériaux de construction et la modicité des crédits dont on disposait cet effet, les travaux ci-après ont été entrepris :
----------1°/Aménagement dune classe dans la Moudirieh de Bentbaya
----------2° Édification d'une école (l'une classe à Traghene ;
----------3°Mise en chantier d'écoles à une classe avec logement pour moniteur à Ouenzerib, Agar et Garroun.

 

ŒUVRES SOCIALES SCOLAIRES

A. -- Santé et hygiène.
----------L'état sanitaire de la population scolaire a retenu l'attention des autorités.
----------Chaque année, à la rentrée d'octobre ou lors (lu premier passage du médecin qui suit la date de réouverture vies classes, tous les enfants scrupuleusement examinés et vaccinés.
----------Dans chaque école le maître ou le moniteur tient un registre ou établit des fiches médicales individuelles sur lesquelles le médecin consigne à chacun de ses passages périodiques, ses observations et indique le traitement à suivre.
----------Les élèves atteints de trachome, conjonctivite, teigne, etc... sont chaque matin soignés gratuitement à l'infirmerie locale.
----------Certains de ces enfants déficients sont pris en charge par le Service de Santé qui leur fait suivre un régime de suralimentation.
----------Des distributions de quinine ont lieu régulièrement.

B. - Cantines.
----------Un gros effort est fait pour l'alimentation des élèves.
Ainsi tous les enfants, quelle que soit leur condition sociale, bénéficient chaque jours aux frais de 'État (l'un repas chaud (pâtes, couscous, semoule, etc...) et d'une ration de pain de 200 grammes. En outre, pendant la durée (le la saison d'hiver une boisson chaude est servie à chacun d'eux avant l'entrée en classe du matin.

C. - Habillement.

----------Au cours de l'année 1947 chaque enfant a reçu gratuitement un coupon de tissus de quatre mètres.

ENSEIGNEMENT CORANIQUE

----------Dans chaque village du FEZZAN l'enseignement coranique est assuré par un " fgih ". Ces écoles fonctionnent en toute indépendance. Elles groupent 2.000 élèves environ.
----------Les enfants qui fréquentent nos écoles ont toute liberté pour suivre l'enseignement religieux en dehors des heures de classe.

PLAN DE SCOLARISATION

----------Pour l'avenir, il est dès à présent envisagé
----------1° d'ouvrir de nouvelles classes dans les écoles existantes. En effet, la population scolaire augmente chaque année et faute (le places disponibles beaucoup d'enfants en âge d'être scolarisé ont dû être refusés .
----------2° de créer de nouvelles écoles dans les nombreux villages qui en sont encore dépourvus où les parents réclament instamment leur installation ;
----------3° d'ouvrir, à titre d'essai, un cours d'enseignement artisanal à Mourzouk, seul centre où semblable création puisse être tentée avec quelque chance (le succès ;
----------4° de créer dans ce pays essentiellement agricole des fermes-écoles où les junes gens pourront acquérir un enseignement rationnel et pratique, susceptible (l'en faire (les ouvriers agricoles qualifiés et, partant. d'améliorer leur standing de vie et d'augmenter les ressources locales, tant en espèces fruitières qu'en légume.-: adaptées à ces régions.

ZONE DE GHAT

----------La scolarisation de la zone (le Chat provisoirement rattachée au Territoire des Oasis, annexe des Ajjer, a fait l'objet d'une attention toute particulière (le la part (le la Haute Administration.

ÉCOLE DE GHAT
----------Dans ce centre, la classe était primitivement faite par un moniteur autochtone. Cette école a été confiée, dès octobre 1946, à un maître français qui en assure la direction depuis cette époque. Le succès remporté a amené les autorités locales à demander l'ouverture 1° d'une seconde classe (le garçons ;
----------2° d'un cours d'adultes pour jeunes gens de 15 à 2o ans.
----------Cette classe et ce cours ont été ouverts au 1e° octobre 1947.
----------L'école de construction récente, comprend deux classes de 9 m X 7 m. bien éclairées et aérées, ainsi que deux logements pour instituteur, dont l'un avec salle de bains. Elle dispose, en outre, d'un vaste jardin irrigué à l'usage des élèves.

ÉCOLE D'EL-BARKA
----------Une école de garçons à deux classes a été édifiée au cours (le l'année 1947 à EL-BARKA, petite oasis située à 1o kilomètres de Ghat. Les travaux de construction et d'aménagement ont été terminés en fin d'année.
----------La direction de ces classes a été confiée à un instituteur français qui a déjà rejoint son poste et procédé à l'ouverture (le cette école.
----------Il n'est pas douteux que cette création, accueillie avec une vive satisfaction par la population locale, ne remporte un grand succès.
----------Les écoles (le ces deux centres ont été dotées tout récemment d'un mobilier neuf et des plus modernes, susceptible d'être présenté comme modèle.
----------L'œuvre des cantines scolaires n'a pas été oubliée dans la zone de Ghat.
----------Une cantine scolaire fonctionne, en effet, à Ghat depuis 1944. Actuellement, les enfants bénéficient chaque jour d'un repas chaud et substantiel. Cette œuvre permet (le constater, à chaque pesée mensuelle, un accroissement régulier du poids des enfants.
----------Une cantine scolaire est en voie de création à l'école d'EL-BARKA. Elle sera prochainement ouverte aux enfants fréquentant cette école.

CONCLUSION

----------L'œuvre accomplie, tant dans les Territoires du FEZZAN-GHADAMES que dans la zone de CHAT, fait ressortir que la mission civilisatrice de la France se poursuit avec régularité et se répand progressivement dans, les régions les plus déshéritées du SAHARA ORIENTAL et du DÉSERT LIBYEN.
----------Les résultats obtenus témoignent de l'abnégation et du dévouement du personnel enseignant et du souci constant des Pouvoirs Publics d'améliorer les conditions de vie morale des populations (le ces contrées particulièrement déshéritées.