Alger, Algérie
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---------Après 1908, le rythme du développement de la scolarisation ne s'accéléra pas autant qu'on l'avait espéré: 36.013 élèves en 1908, 38.366 en 1909, 40.718 en 1910, 42.614 en 1911, 44.779 en 1912, 46.437 en 1913, soit une moyenne annuelle d'augmentation de 2.300 élèves contre un millier au cours de la période précédente; Pendant le même temps, le nombre des écoles et des classses s'élevait graduellement de 272 écoles et 575 classes en 1907, ,à 468 écoles et 888 classes en 1913 (1908 : 299 écoles et 640 classes, dont 84 annexées à des écoles européennes ; 1909:- 316, 667 (82) ; 1910 : 362, 727 (81) ; 1911 : 390, 766 (8o) , 1912 : 433, 825 (82) ; 1913; : 468, 889, (86), ce qui représentait 52 classes par an, On était encore loin des 82 classes, prévues par le plan d'ensemble. Au bout de la troisième année de réalisation de ce 'plan, l'Académie signalait déjà que "sur les 6o écoles auxiliaires du programme de 1909, 51 seulement fonctionnaient et qu'il restait 'à exécuter le programme de I910 et celui de 1911 ", que " plusieurs communes n'avaient pas poursuivi, en temps utile, l'installation des, écoles-dont elles: avaient voté la création ,; qu'elles n'avaient pas présenté de plans de, construction à l'approbation du -Gouvernement -général ", que "dans d'autres'conmunes, les architectes avaient déclaré impossible de se maintenir dans les limites du prix fixé par les -assemblées aglériennes ". Force. était, d'autre part, de constater les difficultés rencontrées,. pour le recrutement des moniteurs destinés aux écoles auxiliaires " 'non que le nombre des candidats fut insuffisant, mais parce qu'ils ne présentaient souvent que de faibles garanties., " Le nombre de ces moniteurs ne s'en était pas moins élevé à 184 à la fin de 1913 et le Recteur se trouvait contraint de remarquer que, si la grande majorité des maîtres, quel que fut le degré d'instruction s'acquittaient consciencieusement de leurs devoirs professionnels, les bons résultats étaient sertout visibles "' là ou les écoles existaient depuis un certain nombre d'années ",c'est-à-dire, somme toute, dans les, écoles primaires du type normal, confiées à des instituteurs pourvus des titres de capacité usuels. Aussi n'est-il guère surprenant que, dès mars 1914, des instructions ministérielles aient prescrit de renonçer au recrutement des moniteurs., LA GUERRE DE 1914-1918 --------L'entrée
en guerre, de -la France, -au mois d'août suivant devait, toutefois,
faire_ ajourner cette mesure jusqu'au lendemain des hostilités. 1914-1923 --------Dès
la fin des hostilités, on constate qu'il n'y a plus de décroissance
dans--l'effectif des, garçons,: -mais, par contre, . un certain-
fléchissement dans l'effectif des écoles 'de filles, qui
s'était maintenu et même accru pendant les annees écoulees.
En raison du coût de la vie, en effet, au lieu de faire donner
à leurs fillettes une instruction qui ne leur servirait que plus
tard, beaucoup de parents préfèrent en tirer immédiatement
du profit, si minime soit-il en les employant à de petites besognes
rémunérées : triage de fruits ou de primeurs par
exemple; ou, encore, en les envoyant dans des ateliers privés
sans attendre que leur apprentissage soit terminé. Dans tous
les etablisséménts scolaires, cependant, la frequentation
s'améliore - amélioration due, sans contredit, au retour
du personnel normal..- Les progrès. numériques n'en sont
pas moins lents : 42.269 en 1920 -43.831 en 1921, et il faut attendre
1922 pour en revenir a des chiffres analogues a ceux d'avant-guerre
: 48.750 élèves: EXTENSION DE L'ENSEIGNEMENT FEMININ --------Mais c'est
surtout dans les écoles de filles musulmanes que les progrès
se font plus sensibles: Sans doute le nombre des élèves
fréquentant ces ecole est-il ençore peu important en 1930,
mais il n' en a pas moins doublé, après un temps d'arrêt
et de stagnation, au cours des dix dernière., années (3.798
en 1920 - 4.222 en 1921- 5.245 en 1925 - 5.679 en 1924 - 5.869 en 1925
- 6347 en 1926 - 7.409 en 1927 - 7.351 en 1928 - 7.580 en 1929 et 8.156
en 1930). Le niveau de 1?enseignement théorique reste, il est
vrai, encore assez bas, mais ce n'est pas à préparer des
diplomes que visent les écoles de filles musulmanes, ce sont
des écoles ménagères plus. que des écoles
primaires et, à,c'e point -de' vue, il convient de noter que
chacune possède son cours complémentaire d'enseignement
professionnel et que le recrutement des apprenties de ces cours, malgré-
l'insuffisance des installations, devient nettement plus facile (600
apprenties en 1923 contre 250 avant la guerre). En outre, -pour donner
toute sa valeur à l'enseignement artisanal (broderies, dentelles,
tapis), un cabinet de dessin a été créé,
en 1922, et relève les modèles traditionnels dont les
maquettes sont envoyées aux diverses écoles.Enfin, l'action
des établissements scolaires de filles se poursuit par l'oeuvre
d'assistance sociale post-scolaire, qui procure du travail aux anciennes
élèves et les' aide à écouter leur production
dans des conditions rémunératrices. 1923 - 1939 --------Parallèlement,
dans les écoles de garçons, le, progrès des -études
incite à compléter lès programmes de 1898 par un
enseignement plus poussé du français écrit et des
sciences et, dorénavant, sans modifierr les programmes eux-memes,
on recommande aux maîtres de, les adapter aux besoins des élèves.
Par l' instruction donnée dans les écoles de français
musulmans, on arrive ainsi, progressivement, à se rapprocher
de celle que reçoivent les enfants français, tout au moins
dans les villes. La distinction tend ainsi à se faire non plus'
entre "écoles indigènes " et " écoles
europeennes ", mais entre écoles urbaines et écoles
ruràles...
--------A la veille de la- seconde guerre, mondiale, la population scolaire s'était donc accrue de 63.000 enfants et- le nombre des classes s'était augmenté de 791 depuis 1922 ce qui représente un afflux d'approximativement 4 .000 enfants de plus pour chacune des seize dernières années et une moyenne annuelle de 50 créations de classes nouvelles. L'ENSEIGNEMENT DES ENFANTS MUSULMANS PENDANT LA 2è GUERRE MONDIALE. --------Les
événements internationaux, bien que-leur ampleur dut dépasser
celle des événements de la période 1914-1918, n'eurent
pas, cependant, une répercussion aussi profonde_ sur le développement
de l'enseignement des musulmans ; tout d'abord, parce que les mobilisations
partielles de 1937 et 1938 avaient fait prévoir le pire: et que
l'administration académique avait pu prendre des mesures préventives
pour le remplacement immediat de la plupart des, maîtres mQbi1isés
; ensuite, parce que la durée des hostilités, jusqu'à
la fin tragique de la campagne de France, fut relativement courte. Aussi
les quelques renseignements' statistiques recueillis ne montrent-ils
aucun recul de la scolarisation et même une légère
augmentation, des effectifs : 114.117 élèves en 1939,
117.155 en 1940 ; augmentation maintenue en 1941 LES CENTRES RURAUX D'EDUCATION. --------Sous
une appellation nouvelle ces centres ne sont guère autre chose
que les écoles auxiliaires de1908, et l'expérience qu''on
tente pour la seconde fois est, dès le principe, vouée
a l'échec. Les considérations dont elle s'inspire tiennent
sans doute le plus grand compte, de faits patents : il est impossible'
de ne pas reconnaître que, si, 100.000 enfants musulmans environ
fréquentent l'école, 900.000 autres restent à scolariser
; que l''augmentation du recrutement par la création de quelques
classes nouvelles correspond tout juste à l'accroissement normal'
de la population ; que nombreux sont les douars qui ne possèdent
même pas une école: Il est également exact que la
diffusion de l'enseignement pose deux problèmes distincts : un
problème urbain et un problème rural ,; que, pour les
petits citadins, l'école peut, et même doit, être
conçue sur Je modèle métropolitain, afin de préparer
les enfants, des diverses origines ethniques à' une compréhension
et une collaboration qui s'imposeront aux uns et aux autres au cours
de la vie ultérieure mais que, pour les enfants des campagnes,
mélés de bonne heure aux travaux de la ,famille, ce dont
ils ont besoin c'est d'une éducation pratique susceptible d'améliorer
leur genre de vie coutumier sans les séparer de leur milieu,,
Envisager la création simultanée d'écoles urbaines
et de centrés ruraux d'éducation est donc, à priori,
une idée séduisante mais encore faut-il que l'on ne commence
pas par poser en principe que le centre rural sera une institution volontairement
modeste, sommairement installée dans un local du type hangar,
avec des nattes en lieu et place de tables-bancs ; que la durée
de la scolarité sera réduite a trois ans, que l'enseignement
sera réduit aux rudiments des connaissances les plus usuelles
et qu'il `sera 'confié à des moniteurs non fonctionnaires
simplement pourvus, au besoin, du certificat d'études. Ce n'en
est pas moins cette formule qui est adoptée lorsque les centres
ruraux d'éducation sont créés officiellement par
l'arrêté gubernatorial du 18 septembre.-1941: -: "
Dans les localités, douars, et tribus,
en dehors des écoles primaires élémentaires dont
le régime est défini par le décret du 18 octobre
1892, il pourra être créé des centres d'éducation
ruraux... Leur programme comprendra des notions très sommaires
d'enseignement général et, d'autre part, un enseignement
professionnel pratique adapté aux diverses régions. L'enseignenient
sera confié, dans chaque centre, à un moniteur auxiliaire.
Un contrôle effectif et immédiat sera exercé par
le directeur de l'école régionale voisine.
" Une circulaire rectorale précisé, du reste, ce
qu'on entend exactement par " école régionale "
et comment on conçoit le rôle de son directeur : "
Il n'est plus possible, aux inspecteurs primaires dé visiter
aussi souvent qu'il' le faudrait les écoles éloignées.
- celles oû 1' on envoie d'ordinaire les maitres debutants qui
ont le plus besoin de conseils. L'école primaire située
au coeur d'une région bien scolarisée sera un centre d'activité
pédagegique et de vie administrative. Le directeur, qui devra
en avoir la charge, fera évidemment l'objet d'un choix très
attentif il aura à remplir une mission délicate, mais
pleine d'intérêt, qui s'étendra du contrôle
pédagogique des maîtres de la région à la
diffusion et à l'application rationnelle et régulière
des instructions données de l'inspection et de la commune..
"- C'est, somme toute, le rétablissement du régime
de la surveillance des écoles auxiliaires par les directeurs
d'écoles- principales qui avait été, instauré
sans résultats appréciables, quelque 32 ans antérieurement.,
il était, peut-êtrë,' exagéré de présenter
I'grga nisation soi-disant nouvelle comme un effort original pour "
sortir de l'ornière" pour " s'évader
résolument du plan classique " et des solutions habituelles. --------Cette
seconde tentative d'enseignement réduit ne pouvait manquer
de heurter les sentiments profonds de, la population musulmane et
de rencontrer des résistances locales qui limiterent a environ
40, en un an, les créations de centres, alors que-le programme,
prévu en escomptait 300 par année, , pour aboutir, en
quarante ans, à la scolarisation totale des enfants des tribus
sedentaires dont le nombre était; évalué à
600.000 sur les 900.000 garçons et filles encore non scolarisés LES REFORMES ET L'ENSEIGNEMENT MUSULMAN. --------L'année
1944 est d'ailleurs marquée par l'établissement d'un
'programme -général de' réformes d'un intérêt
primordial pour l'Algérie.' En vertu d'une,' décision
du Comité Français de la Libération, en date
du11 décembre 1943, stipulant que la politique de la, France
à l'égard des français musulmans d'Algérie,
devait tendre de façon continue` et progressive à élever
leurs- conditions politique, sociale. et econornique, " une
commission a été constituée pour présenter
des propositions concrètes en vue de la solution des problèmes
les plus importants, parmi lesquels la diffusion de l'instruction
publique dans les populations musulmanes urbaines et rurales ".
Cette commission siège de décdmbre'1943 jusqu'en juillet
1944 et, dès janvier, ses préoccupations se portent
sur' les-questions d'enseignement. Les conclusions auxquelles elle
aboutit, et qu'elle exprime par la voix de son rapporteur, sont les
suivantes PLAN DE SCOLARISATION ADOPTE. --------Saisi de ces propositions, - le Gouvernement Provisoire de- la République Française les adopte le 8 octobre; sans y presque rien changer. La modification la plus importante porte sur le nombre' des créations annuelles : -le Gouvernement estime, en effet que, pour aboutir à une scolarisation plus rapide et plus complète, il convient de " menager une progressivité dans l'etécution du programme " et que,, si l'effort peut être relativement lent pendant les premières années, il peut graduellement devenir plus intense, passer peu à peu de 400 ouvertures de classes à 2.500 par exercice budgétaire. Un décret du 27 novembre 1944 `définit les principes généraux de ce plan de scolarisation. D'autres textes de la même date instituent l'obligation scolaire en Algérie, applicable au fur et à mesure de. la réalisation du programme créent un cadré spécial. d'instituteurs dans lequel peuvent être admis : les candidats pourvus du brevet élémentaire, de la première partie du' baccalauréat ou du diplôme d'études des médersas algériennes confient au Recteur de l'AcaMmie les fonctions de directeur général de l'Education nationale en Algérie et lui adjoignent un vice-recteur spécialement chargé de diriger l'exécution du plan de scolarisation totale de la jeunesse algérienne. - ... ET LE RESULTAT DE SON APPLICATION., --------Ce plan entre en vigueur immédiatement et il -est, depuis deux ans, en cours d'application. -Or, tandis - que le Commissariat à lEducation nationale estimait qu'il serait vraisemblablement malaisé d'atteindre dès l'origine lé chiffre de 4oo créations prévues, qu'il fallait s'attendre à des débuts plus modestes, mais qu'il convenait de maintenir 'le chiffre symbolique de 400 classes 'pour premières réalisations' annuelles. ", lé nombre des classes nouvelles effectivément ouvertes à'-la fin de 1946 s'élève à 931, soit un depassement de 131 unités sur les prévisions. Le département d'Alger compte 232 classes de plus qu'en 1944 ; , celui de Constantine 327 ; le département :d'Oran 278. L'effectif des élèves est passé de 110.686 à i157.601 ce qui représente une augmentation de 46.915 élèves, et un pourcentage d'accroissement de 43' % en deux-; ans. LES DIFFICULTES RENCONTREES --------Les
promesses faites ont donc été
largement tenues, niais, pour ouvrir les classes nouvelles, il a été
-évidemment nécessaire pendant, une période.
où le manque de matériaux de construction se faisait
cruellement sentir'-- d', utiliser les moyens de fortune auxquels
la Commission des réformes avait été la -prdmière
a songer ' : location des rares immeubles disponibles ; installation
de classes dans les gares ou les entrepôts désaffectés,
agrandissement ou surélévation d'écoles existantes
; utilisation des mêmes locaux par roulement pour lé
fonctionnement alternatif `de deux cours parallèles durant
les six jours ouvrables de la semaine. --------La mise en chantier et l'édification rapide d'écoles neuves est un problème grave; niais c'est, après tout, un problème. ;matériel que la bonne volonté: doit'-pouvoir résoudre. Mais d'autres problèmes aussi sérieux se' posent sur le-plan pédagogique. --------Tout- d'abord, il importe de. poursuivre le relèvement' du niveau' des études qui s'était forcément abaissé de 1939 a 1945, _pour tes mêmes :raisons que pendant- la période- de guerre' de 19i4 à 1918, c'est-à-dire .`-parce que trop,- de classes avaient dû être confiées, en l'absence des maitres 'mobilisés, a des remplaçants ,occasionnels, mais aussi parce que trop d'enfants s'étaient trouves sous-alimentes; mal vêtus, affaiblis et,par conséquent; inattentifs parce qu'enfin,. les plus âgés, , avaient déserté les classes supérieures pour rechercher -des profits illicites, mais immédiats, dans les tractations louches dit, " marché noir"",,- Ces temps. difficiles- -semblent heureusement révolus, et, 'dès la fin de l'année scolaire 1945-194.6; la répartition des élèves entre les différents cours des écoles primaires tendait -à redevenir normale, comme permettait de le constater le nombre des-,candidats qui se presentaient et étaient admis au certificat d'études - sanction et preuve d'une. scolarité complète. ORIENTATION DE L'ENSEIGNEMENT FEMININ --------La
question du développenment de- 'enseignement feminin n 'est pas
aussi facile à trancher. Il est vrai' que, de 1939 à 1946,
le nombre des fillettes musulmanes qui reçoivent une instruction
elémentaire est-:passé de 21.679 à 38.879; qu''au
cours des années 1945 et 1946, 330 classes nouvelles leur ont
été ouvertes ; mais la disproportion n'en reste pas moins
grande entre élèves-filles et elcveg garçon-s 39.000
environ d'une part contre 119.000 de l'autre.; Or, nous avons vu graduellement
s'affirmer, tant dans la population muiulmane que dans la population
française, la conviction "qu'une dissociation socialement
dangereuse était en train de s'opérer entre le jeune algérien
et sa future compagne" : et ,qu'il Importait de prendre plus
rapidement possible les mesures propres à l'éviter. L'évolution
musulmane ayant créé le désir nouveau d'amener
les enfants des deux sexes a un niveau de culture sensiblement égal,
il est devenu essentiel de multiplier les créations d'écoles
de filles et d'en aménager les programmes de maniéré
à donner aux jeunes arabes ou kabyles - en même temps qu'une
experience réelle des choses du Ménage : couture, cuisine,
puériculture -assez de connaissances générales
pour ne pas en faire les associées inégales de leurs maris,
Déjà l'horaire dés cours- a été rationnellement
partagé entre' l'eziseigndment théorique, d'enseignemient
ménager et familial, et l'enseignement technique (travaux de
l'aiguille, repassage, raccommodage, etc: .. )-Par contre, une place
beaucoup moins importante est laissée aux' travaux artisanaux
et, en fait, les sections spécialisées- ne sont conservées
- que , dans les-centres ou une tradition locale intéressante
- tissage ou,.broderie'- mérite d'être maintenue et encouragée.
-Aucun obstacle sérieux ne restera à surmonter- après
la mise en service d'écoles neuves, ' ORIENTATION DE L'ENSEIGNEMENT MASCULIN --------Les
difficultés ne paraissent pas non plus devoir être plus
gfaves en ce qui concerne i,'orientation à, donner, dans l'avenir,
à l' enseignenient des garçons. Sans doute, a-t-on parfois
mené grand bruit autourr de ce qu'on nomme " l'indispensable
fusion de l'enseignement européen et de l'enseignement indigène"
.Mais le probléme, sous, cette :formé; est- mal posé..
La fusion. que l'on présente comme une innovation,' est, "en
effet, depuis plus d'un quart de siècle, en voie de réalisation
progressive. Les écoles dites "europeennes " ont, en
premier lieu, -toujours été pratiquement ouvertes aux
enfants musulmans et des 1880 elles recevaient 2.000 de ces enfants.
Les décrets de 1883, de 1888 et de 1892 ont affirmé et:
réaffirmé tour à tour que tous les.-éléments'
de _la population étaient- admis dans ces écoles. Les
musulmans --y tiennent' d'ailleurs une place importante, qui, chaque
année, va s'agrandissant, Ils constituaient en 1926 11,4% de
l'effectif( 13.125 éleves sur 114.701), 18,6% en 1936 (31.390
sur 166.301); 25,5% en 1946 (41.976 sur 164.106).Mais
si, dans les agglomérations urbaines, bon nombre d'entre eux
peuvent entrer de _plain-pied dans les classes européennes, en
raison de la culture françaisee qu'ont déjà acquise
leurs parents et de leur- connaissance préalable de notre vocabulaire,-il
en est d'antres pour qui notre -langue'-'est, totâlettietnt 'inconnue
avant leur séjour à l'école du fait de la scolarisation
insuffisante des générations antérieures. Pour
ceux-ci, il faut provisoirement maintenir les classes, dites d'initiation,
les exercices spéciaux de langage. Ce stade de début franchi,
les programmes sont, toutefois, des'aujdurd'hui. identiques pour tous
les' jeunes citadins; dans, tous .les établissements primaires
et, la sanction des études est, devenue la même depuis
la suppression,en 1942, du' certificat d'études spécial
aux indigènes. De plus... par la force des choses, si le plan
de scolarisation est réalisé dans le délai de vingt
ans prévu par le législateur, les élèves
qui fréquenteront lés écoles à la fin de
la seconde moitié: du siècle; seront les fils des musulmans
déjà instruits dans nos, classes et ils .auront si;ffisarnmetit
entendu parler:' notre langue dans leur milieu': familial. pour se trouver
à même de -commencer leur scolarisation exactement dans
les mêmes'conditiorns que les: jeunes français. La "
fusion " aura' alors un sens réel corrolaire
logique de l'obligation scolaire - elle_ sera devenue générale
en- même temps ,qu'effective. Les derniers vestiges de la dualité
d'enseignement, auront graduellement disparu, partout du moins où
cette dualité peut disparaître, c'est-à-dire dans:
les villes ou le droit à une education égale et_ commune
découle du devoir de coopération des divers éléments
-ethniques. M.- CHEFFAUD,
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