Alger, Algérie : documents algériens
Série monographies : Algérie
L'Algérie en 1951
12 pages - n°8 - 1 février 1950

Construction originale, faite de vieux moellons résultant de l'expérience acquise depuis plus d'un siècle et d'un liant jeune, reflet de l'évolution des hommes et des choses de ce pays, l'organisation administrative et politique actuellement établie n'est que le produit des institutions plus ou moins lointaines qui depuis 1830 régirent l'Algérie, adapté aux conditions créées en Afrique par les exigences de la vie moderne.

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ORGANISATION ADMINISTRATIVE ET POLITIQUE

-------Construction originale, faite de vieux moellons résultant de l'expérience acquise depuis plus d'un siècle et d'un liant jeune, reflet de l'évolution des hommes et des choses de ce pays, l'organisation administrative et politique actuellement établie n'est que le produit des institutions plus ou moins lointaines qui depuis 1830 régirent l'Algérie, adapté aux conditions créées en Afrique par les exigences de la vie moderne.
-------Spécifiquement algérienne cette organisation particulière des départements français d'Afrique du Nord au lieu de se fonder sur un vain souci d'uniformité avec la Métropole, procède du i sentiment, que dans une saine et fraternelle émulation deux civilisation peuvent se pénétrer et s'unir dans le respect de leurs mutuelles différences.

DU REGIME POLITIQUE ET DE L'ORGANISATION DES POUVOIRS PUBLICS

-------L'Algérie constitue un groupe de départements dotés de la personnalité civile, de l'Autonomie financière et d'une organisation particulière définie par les articles de la loi du 20 septembre 1947 portant statut organique de l'Algérie.
-------Tous ses habitants sont citoyens français et l'égalité effective a été proclamée entre eux. Toutes les fonctions publiques leur sont également accessibles et les conditions de recrutement de promotion, d'avancement, de rémunération, s'appliquent à tous sans distinction de statut personnel.
-------Tous les citoyens français-musulmans qui n'ont pas expressément renoncé à leur statut personnel continuent à être régis par leurs droits et par leurs coutumes en ce qui concerne leur état, leurs suc-cessions et ceux de leurs immeubles dont la propriété n'est pas établie conformément aux lois françaises.
-------Une ordonnance de 1944 avait attribué d'office la citoyenneté à certaines catégories de Musulmans qui, dès lors, votent avec les Français d'origine. Ils constituent ensemble le premier. collège. Les autres forment le second collège. Depuis 1946, tous les Musulmans sont devenus citoyens, mais la distinction entre les deux collèges électoraux a été maintenue.
-------Le Gouverneur Général représente le Gouvernement de la République Française dans toute l'étendue de l'Algérie. Il réside à Alger et est secondé clans sa haute mission par un groupe de collaborateurs chargé de préparer les éléments de ses décisions : l'Administration Centrale du Gouvernement Général placée sous la direction et l'autorité immédiate du Secrétaire Général du Gouvernement.
-------Cette administration s'articule en directions, sous-directions et services. Sa tâche essentielle est d'assurer une coordination, aussi parfaite que possible, des intérêts communs à l'ensemble des trois départements français d'Outre-Méditerranée. Une Assemblée algérienne est chargée de gérer, en accord avec le Gouverneur général, les intérêts propres à l'Algérie.
-------Il a été institué auprès du Gouverneur général, un Conseil de gouvernement chargé de veiller à l'exécution des décisions de l'Assemblée.

L'ASSEMBLEE ALGERIENNE

-------Elle se compose de cent vingt membres élus par moitié par chacun des deux Collèges. Elle siège à Alger, délibère et vote le projet de budget présenté par le Gouverneur Général ; toutefois, l'initiative des propositions de dépenses de personnel est réservée à ce dernier.
-------Cette Assemblée a des attributions administratives et financières plus larges que ses devancieres. Mais ce qu'il importe surtout de souligner c'est sa participation à l'exercice de la fonction législative.

LE STATUT FINANCIER DE L'ALGERIE

-------L'Algérie est dotée de la personnalité civile et de l'autonomie financière ; elle peut posséder des biens, contracter des emprunts. Le Gouverneur G énéral la représente dans tous les actes de la vie civile. Tous les emprunts ne peuvent avoir lieu qu'en vertu de décisions de l'Assemblée Algérienne.
-------Le budget de l'Algérie est établi par le Gouverneur Général, sous le contrôle des Ministres de l'Intérieur et des Finances, voté par l'Assemblée Algérienne et réglé par décret contresigné par les Ministres de l'Intérieur et des Finances. Le Trésor algérien est alimenté par les recettes de toute nature recouvrées ail profit des services budgétaires et des services hors-budget de l'Algérie.
-------Les excédents de recettes du budget de l'Algérie, constatés en fin d'exercice, sont affectés à la constitution d'un fonds de réserve. Un service de contrôle financier fonctionne auprès du Gouverneur Générai

LES DIVISIONS ADMINISTRATIVES : LES PREFECTURES ET SOUS-PREFECTURES

-------Les trois départements algériens s'étendent en profondeur, des régions du Tell, en bordure de la côte, jusqu'aux Hauts Plateaux. Ils comportent des contrées très disparates quant à la climatologie, l'habitat, les cultures, l'orographie, etc... Ces entités sont une création de la IIm" République de 1848. Malgré leur dénomination, elles ne peuvent, dans l'enemble, se comparer aux départements métropolitains, plus réduits du point de vue de l'aire territoriale (le département de Constantine dépasse de plus de dix fois en étendue la superficie du plus grand département de la France métropolitaine), mais elles sont, comme les départements métropoli tains, commandées par un haut fonctionnaire, le Préfet, assisté d'un Conseil de Préfecture, auprès duquel siège un corps élu : le Conseil général, composé de membres désignés dans les deux catégories de population qui habitent ce pays : des Musulmans et des Européens, et dont les pouvoirs et la compétence, tels qu'ils ont été fixés par le décret du 23 septembre 1875, ne diffèrent guère - sauf les adaptations nécessaires -- des règles et des principes posés par les lois des 10 août 1871 et 31 juillet 1875, sur les Conseils généraux de la Métropole.
-------Le département d'Alger comprend, présentement, sept arrondissements : Alger, Aumale, Blida, Médéa, Miliana, Orléansville et Tizi-Ouzou ; celui d'Oran, six arrondissements : Oran, Mascara, Mostaganem, Sidi-bel-Abbès, Tiaret et Tlemcen ; celui de Constantine, sept arrondissement : Constantine, Batna, Bône, Bougie, Guelma, Philippeville et Sétif.

L'ORGANISATION COMMUNALE

-------Les trois départements algériens comportent 329 communes de plein exercice (où le régime municipal est le même que celui de la Métropole), 158 ce ntres municipaux et 78 communes mixtes, dont la transformation en unités administratives autonomes se fait progressivement soit par création de nouvelles communes de plein exercice ou de centres municipaux, soit par le rattachement de certains douars à des communes déjà existantes.
-------C'est ainsi qu'ont été créées ces dernières années 21 nouvelles communes de plein exercice et plus de 150 centres municipaux, tandis que plusieurs douars ou parties de douars ont été réunis à des communes de plein exercice. 38 communes mixtes ont subi des amputations territoriales importantes.
-------Il est actuellement procédé à une nouvelle étude en vue de transformer par étapes successives ce qui reste du territoire des communes mixtes. Il n'est pas encore possible de prévoir l'époque à laquelle ces unités administratives de transition disparaîtront complètement, ni d'anticiper sur les décisions que l'Assemblée Algérienne prendra à cet effet, mais il est dans leur nature même de former dans leur sein des collectivités qui, lorsqu'elles seront reconnues viables, bénéficieront toutes des mêmes franchises municipales que dans la Métropole.

REPRESENTATION AUX ASSEMBLEES

-------L'ordonnance du 7 mars 1944 a augmenté dans une large mesure la représentation reconnue aux Musulmans dans les assemblées locales. Cette représentation a été portée aux deux cinquièmes de l'effectif total de ces assemblées qu'il s'agisse des Conseils municipaux ou des Conseils généraux.
-------Toutefois, la loi du 20 septembre 1947 portant statut organique de l'Algérie et créant l'Assemblée Algérienne stip'txie que cette assemblée sera composée de 120 membres dont 60 pour chaque Collège.
-------C'est la première fois qu'en Algérie une assemblée élue - et c'est la plus importante "... est composée pour moitié de représentants de chacun des deux Collèges.
-------Les électeurs du deuxième Collège ont également une représentation propre dans les assemblées constitutionnelles : Assemblée Nationale, Conseil de la République, Assemblée de l'Union Française. A l'Assemblée Nationale l'Algérie dispose de 30 sièges dont 15 pour chacun des deux collèges.
-------Au Conseil de la République : 14 sièges, répartis par moitié entre le 1er et le 2è Collège, sont réservés aux élus des trois départements.
-------Enfin, à l'Assemblée de l'Union Française, l'Algérie a droit à une double représentation, D'une part : 12 représentants sont désignés par les Conseils généraux, à raison de 4 par département, 2 pour chacun des deux collèges. D'autre part, la zone territoriale de l'Algérie a droit à 6 représentants désignés par l'ensemble des délégués à l'Assemblée Algérienne, à raison de trois au titre de chacun des deux collèges. Les deux collèges sont donc représentés à parité dans les grandes assemblées constitutionnelles

SITUATION ECONOMIQUE

-------La constance de l'accroissement démographique pose dans ce pays essentiellement agricole et au climat capricieux le double problème de l'accroissement de la production et de la formation du producteur.
-------AGRICULTURE
-------L'augmentation de la production agricole doit être recherchée par une meilleure utilisation des terres actuellement cultivées.
-------En 1950, les estimations des superficies cultivées et des productions dans différents secteurs s'établissent comme suit :
-------RENSEIGNEMENTS STATISTIQUES
Concernant les principales productions agricoles algériennes (campagne 1949-1850) d'après les estimations d'ensemencement et de récolte

productions agricoles algériennes (campagne 1949-1850) d'après les estimations d'ensemencement et de récolte

------La valeur globale de la production agricole en 1950 peut être estimée à 115 milliards environ contre 130 milliards en 1949 -- Cette diminution est surtout due à la baisse des prix du vin (14 milliards) et des agrumes (1 milliard).
-------La production animale fortement compromise entre 1945 et 1947 semble maintenant reprendre une ascension numérique enregistrée en 1948.
-------L'emploi des moyens mécaniques modernes mis à la disposition de l'agriculture a marqué une très nette progression depuis la fin des hostilités. L'Algérie, pour laquelle l'année 1948 avait marqué une reprise très sensible dans les importations de matériel agricole, poursuit son effort et a atteint en 1949 le tonnage le plus élevé qu'elle ait jamais enregistré (18.500 tonnes de tracteurs, machines et pièces), 4:700 en 1939.

-------PAYSANAT
-------Les ressources de l'agriculture sont encore les seules sur lesquelles l'Algérie puisse actuellement s'appuyer pour nourrir une population en accroissement rapide et constant, équilibrer sa balance commerciale et pour trouver les moyens de réaliser l'oeuvre de progrès social qui s'impose en attendant de pouvoir stabiliser et assurer son économie en puisant à d'autres sources, en particulier dans une industrialisation naissante mais encore insuffisante. Or le développement de ces ressources ne peut se faire sans une étroite copération de tous les éléments du monde agricole.
-------Ce n'est pas dire cependant qu'on puisse dès à présent envisager l'ensemble des activités agricoles musulmanes dans l'édifice du crédit normal et de la coopération. Car il faut bien se rendre à l'évidence, si les cellules qui le composent (coopératives et caisses de crédit agricole mutuel) sont accessibles à tous et si l'on y compte d'ores et déjà deux fois plus de fellahs que d'agriculteurs européens, la grande masse des agriculteurs musulmans n'y peut encore accéder faute par elle de présenter les garanties personnelles ou réelles généralement exigées.
-------Terres arables en superficie limitée et qui ne peuvent être étendues, enchevêtrement des tenures sdivises, climat capricieux, pluviométrie souvent insuffisante, modes de culture encore rudimentaires, ;énurie de produits indispensables, cheptel vif déficient, affectent gravement une capacité de crédit fui ne trouve aucune assise solide.
-------Il est donc encore indispensable d'envisager en faveur de l'économie agricole musulmane déshéritée une organisation particulière.
-------Mais il ne saurait être question de pratiquer à l'égard des agriculteurs musulmans une politique entièrement différente de celle suivie à l'égard des mutualistes et des coopérateurs ordinaires. Bien au contraire, il convient de leur appliquer, dans le cadre général de l'économie algérienne, les mesures prises pour l'ensemble des producteurs et de les en faire bénéficier dans les formes appropriées, évidemment essentiellement transitoires, qui permettront aussi rapidement que possible de les intégrer finalement dans l'organisation normale et générale du crédit et de la coopération.
-------Il est ainsi nécessaire de grouper et coordonner l'ensemble des moyens mis en oeuvre pour aider, soutenir et développer l'agriculture musulmane afi n de promouvoir un vaste programme d'action économique et qui doit permettre de former le fellah aux méthodes agricoles et l'amener à obtenir de meilleurs rendements.
-------C'est ce programme de rénovation de l'agriculture musulmane que poursuit le Paysanat avec les Sociétés Indigènes de Prévoyance, maintenant dotées d'un puissant propulseur de vie agricole : le Secteur d'Améliorations Rurales.
-------Discipline économique, meilleur rendement des terres, forment les données essentielles du pro-gramme que complète l'équipement culturel et sanitaire des S.A.R.
Ainsi se dégage une double action sur le plan social et sur le plan économique qui trouve son expression dans des méthodes différentes selon qu'elles s'adressent à l'agriculteur pris individuellement ou au groupement rural.
-------Méthodes d'éducation rurale dans le premier cas.
Méthodes d'organisation rurale dans le second.
-------Ces méthodes, loin de s'exclure se complètent au contraire et leur action conjuguée doit permettre de hâter l'évolution de l'économie musulmane.
-------Suivre le fellah dans toutes les phases de sa vie agricole, l'épauler économiquement, lui éviter les aléas d'ùne technique primitive, le défendre contre l'usure et la spéculation, tels sont les objectifs des méthodes d'éducation rurale que poursuivent les S.I.P. depuis leur création.
-------Ces sociétés sont ainsi devenues de véritables "écoles de la mutualité et de la coopération " dont l'enseignement pour être aussi complet que possible, a dû se plier à l'infinie variété des activités agricoles.
-------Les méthodes d'organisation rurale répondent à un souci de normalisation des procédés de culture en vue de l'augmentation des rendements.
-------L'idée directrice a été de mobiliser les diverses activités agricoles de la S.I.P, dans le domaine du crédit et de la coopération au service d'une organisation rationnelle d'un secteur agricole.
-------Tous les moyens dont peuvent disposer les sociétés sont ainsi concentrés sur des secteurs territoriaux qui forment autant que possible un tout ethnique,' économique et social, matérialisant ainsi sur un terrain choisi les procédés d'éducation rurale mis en oeuvre par la S.I.P.
-------C'est cette organisation rurale qui caractérise essentiellement le S.A.R.
-------L'adhérent du S.A.R. est un sociétaire ordinaire de la S.I.P. qui reçoit l'aide habituelle du crédit et de la coopération au même titre que tous les autres adhérents de la S.I.P., à ceci. près cependant qu'elle ne lui est accordée que dans la mesure où elle concourt à la réalisation du programme d'organisation du Secteur.
-------Toutefois, à la différence du sociétaire ordinaire de la S.I.P., il devra respecter, pour chacune de ces opérations, l'ordonnance du plan de culture ou le rythme du pro-gramme de travaux du S.A.R. établis par le Comité de gestion du Secteur et le Chef de culture.
-------Le Secteur d'Améliorations rurales n'est donc pas le cadre de la vie professionnelle et économique des fellahs. -------Ce cadre c'est la S.I.P. ; il constitue simplement un nouveau moyen d'action mis en oeuvre dans un secteur territorial pour lutter contre les aléas de la terre et capable de forcer son rendement. Quelle que soit l'activité que peut faire naître un S.A.R. elle trouvera sa place dans les différentes a sections créées ou à créer au sein de la S.I.P. dont la vocation agricole générale a été consacrée
par le décret du 15 novembre 1938.
-------En bref, ce n'est pas un organisme rural, qui se substitue à la S.I.P., mais une organisation rurale qui complète l'action de la S.I.P. en rationalisant les méthodes de production.
-------Les possibilités du S.A.R. sont infinies car la combinaison des moyens dont dispose la S.I.P. per-met de réaliser autant d'organisations différentes qu'exigent la diversité des activités agricoles qui y trouvent place ou la variété des modes de tenures foncières des adhérents.
-------Cette gamme de modalités d'application confère au Paysanat une remarquable souplesse d'autant plus précieuse que cette organisation, pour rester dans sa ligne de doctrine évolutive, doit demeurer un ensemble très maniable
-------Quelques chiffres d'un rapide bilan permettront de faire le point de l'effort accompli. Les activités agricoles des S.I.P. d'Algérie sont réparties dans les sections suivantes :
-------104 Sections-------- CREDITS
-------66 Sections ---------- CEREALES
-------10 Unions -------------CEREALES
-------70 Sections -----------AUTRES PRODUITS
------- 1 Union --------------AUTRES PRODUITS
-------13 Sections -----------RAVITAILLEMENT " (en liquidation)
-------4 Ateliers de " SECHAGE DE FRUITS "
-------63 Centres " LAINIERS "
-------1 Union "TABAC"
-------1 Section " TABAC "
-------1 Union " VITICOLE "
-------1 Section "HENNE "
soit au total : 355 sections.
-------Avec les nouvelles créations 147 S.A.R. fonctionnent actuellement en Algérie dont 59 S.A.R. de céréaliculture
27 " d'arboriculture
56 " d'élevage
2 " de maraîchers
2 " d'oasiens
-------L'innovation est appelée à s'étendre, le Service administratif central qui a la haute main sur cet ensemble maintenant rattaché à la direction de l'agriculture du Gouvernement Général, est destiné à prendre de plus en plus de consistance, au fur et à mesure des futurs découpages territoriaux au sein des S.I.P., jusqu'à ce que le territoire algérien entier soit un damier de S.A.R. sans solutions de continuité.. On peut estimer, sans faire preuve d'optimisme exagéré, que l'ceuvre des S.A.R. aura dans trois ou quatre ans porté la production agricole algérienne à 125 ou 130 % de son potentiel de 1938.

-------L'EQUIPEMENT HYDRAULIQUE
-------En Algérie, les problèmes de l'eau revêtent une exceptionnelle importance, car l'Algérie est un pays essentiellement agricole où la partie la plus prospère est formée par les 120.000 km2 de la bande tellienne située sur les bassins, versants tributaires de la Méditerranée. Pourtant ce pays doit nourrir une population qui s'accroît à la cadence d'au moins 130.000 habitants par an. Pour arriver à résoudre ce problème difficile tous les moyens ont été employés.
-------Un des aspects fondamentaux des travaux d'équipement a trait à la lutte contre les eaux nuisibles. La protection des pentes par les procédés désormais classiques du reboisement, de -l'arboriculture fruitière sur banquettes, de la culture en terrasse et de la régularisation des ravins s'est dévejoppée dans le cadre` général de la restauration des sols à l'intérieur des grands périmètres généraux de restauration qui portent actuellement sur près de 8.000.000 d'hectares.
-------Des travaux de drainage indispensables en zone d'irrigation ont permis la mise en valeur des régions du Bas Chéliff, des plaines de Relizane, de Perrégaux et du Sig.
Une vaste partie de la plaine de Bône (15.000 ha) a été assainie et rendue à la culture grâce à un réseau complexe de canaux d'écoulement et à l'aménagement des exutoires à la mer. Bien d'autres travaux de ce genre sont réalisés ou en cours, à l'heure actuelle, dans la même région de Bône en Mitidja, dans les plaines successives du Chéliff, et dans les basses plaines d'Oranie. L'Algérie possède, à côté de barrages anciens (Barrages du Tlélat, du Sig, des Cheurfas, de l'Oued Fergoug, de Meurad, du Hamiz), un ensemble d'ouvrages modernes dont la construction a débuté en 1926 par le barrage .de l'Oued Fodda. Très beau mur rectiligne de près de 100 mètres de haut, ce barrage installé dans une gorge calcaire retient plus de 200 millions de mètres cubes d'eau.
-------Le barrage du Ghrib, sur le Haut Chéliff, et celui de Bou-Hanifia sur l'Oued et Hammam en Oranie, offrent des caractéristiques communes. Installés dans des vallées molles, sur des terrains compressibles, sur des rivières offrant des possibilités de crues de 4.000 à 6.000 mètres cubes/seconde, chacun d'eux a nécessité la mise en oeuvre de 7 à 800.000 mètres cubes de matériaux. Le barrage de Bakhada sur la Mina (affluent du Chéliff) est également un barrage en enrochement de 45 mètres de haut.
Sur la Tafna, presque à la frontière marocaine, s'élève un bel ouvrage à voûtes multiples, le barrage des Beni-Bandel, destiné à l'alimentation en eau de la ville d'Oran et aux irrigations de la plaine de Marnia.
-------Font partie du même programme, les ouvrages du Ksob à voûtes multiples dans la région du Hodna, ceux de Foum El Cueïs et des Zardezas également Constantinois.
-------Ces ouvrages qui ont tous leur originalité propre et ont pratiquement tous donné lieu à des difficultés exceptionnelles de construction, constituent des réussites techniques que les ingénieurs d'Algérie sont assez fiers de montrer aux visiteurs. Ils sont aussi, et c'est cela qui compte, une source de richesses particulièrement précieuses.
-------Actuellement, trois grands barrages sont en construction : l'un sur l'Oued Sarno en Oranie, le deuxième sur l'Oued El Abiod dans la région de Biskra - cet ouvrage sera le premier exemple d'un réservoir d'irrigation à utilisation proprement saharienne - le troisième sur l'Oued El Taht en Oranie. De plus, un ouvrage dont l'édification sera prochainement entreprise à Mefrouch permettra l'alimentation en eau potable et industrielle de Tlemcen.
-------Dans le domaine de l'exploitation des eaux souterraines, auprès de réalisations secondaires mais souvent très spectaculaires, il faut citer les puits artésiens des Zibans et de l'Oued R'hir qui font vivre par millions les fameux palmiers à " Deglet four x, qui constituent pour l'Algérie une importante ressource grâce à une sorte de monopole m ondial de qualité, et le grand forage de prospection de Zelfana (M'Zab) qui a permis le jaillissement d'une profondeur de plus de 800 mètres, d'une eau excellente qui permettra la création de nouvelles oasis dans une région jusqu'ici particulièrement aride.
-------Les travaux, actuellement poursuivis au Chott ech Chergui dont les terrains semi-perméables se comportent comme une éponge artésienne, ont donné jusqu'à ce jour les résultats les plus encourageants. L'aménagement prévu de cette ressource, dont la découverte est oeuvre de réflexion scientifique, permettrait la production d'un milliard et de mi de kw/h. par an, l'irrigation de 200.000 hectares, sans compter la possibilité d'implantation d'industries adaptées au pays. Une reconnaissance complète de la série des Chotts algéro-tunisiens a montré qu'ils ont entre eux un lien de parenté très étroit. Il est vraisemblable que tous sont eux aussi des m échines évaporeuses alimentées en charge par le fond. Il est probable que leur ensemble dissipe chaque année dans l'atmosphère quelque cinq milliards de m3 d'eau. L'aménagement de cet appareil hydraulique serait susceptible de modifier toute la géographie humaine des hauts plateaux algériens.

-------L'EQUIPEMENT ENERGETIQUE ET L'INDUSTRIALISATION
-------Si la nécessité d'une industrialisation de l'Algérie n'est plus contestée par personne, il faut reconnaître que de grosses difficultés doivent être sur montées pour pouvoir donner à ce pays un équipement industriel important.
-------Pauvre en énergie, ce pays ne possède pas encore de ressources appréciables en hydro-carbures. Or on n'industrialise pas un pays sans énergie. Comme le problème de l'énergie s'intègre lui-même dans l'équipement industriel, il était donc le premier à résoudre.
-------L'Algérie possède à Colomb-Béchar-Kenadza un bassin houiller exploité depuis la guerre de 1914-1918 (1). -------La faible épaisseur des couches de charbon, le climat très dur que subit le personnel, l'éloignement du bassin qui est à 550 kilomètres de Nemours, rendent l'extraction du charbon et son transport vers les lieux de consommation excessivement onéreux. Cependant, les mauvaises conditions géographiques de ce gisement sont en partie com pensées par sa parfaite régularité et par le voisinage du sol des couches qui peuvent être exploitées en descenderies. Il faut signaler que le charbon de Kenadza est cokéfiable, ce qui ouvre à ses fines lavées un débouché intéressant. L'extraction annuelle est actuellement de 300.000 tonnes brutes, ce qui représente environ le quart de la consommation algérienne. Des études poursuivies actuelle ment sur l'aplication à ce bassin de la gazéification souterraine permettent de bien augurer des résultats, car la houille du Sud oranais est riche en matières volatiles, ce qui améliore la composition et le pouvoir calorifiques du gaz extrait. L'exploitation du bassin de Kenadza par gazéification équivaudra pratiquement à l'équipement d'une chute d'eau à débit constant, puisque les frais de main-d'ceuvre minière sont réduits dans des proportions très importantes.
-------C'est dans le domaine de la production de l'électricité et notamment de la production hydro-électrique qu'ont été entrepris les efforts les plus importants et les plus continus, suivant un pro-gramme préétabli. En 1940, l'Algérie disposait de 8 centrales thermiques à vapeur et d'une production hydro-électrique non régularisée d'une cinquantaine de millions de kw/h. par an. Il n'y avait aucun réseau de transport et d'interconnexion en dehors de quelques lignes locales de 60 à 90 kw. Vers 1955, à l'issue de la tranche de travaux actuellement poursuivis par l'Electricité et Gaz d'Algérie, le pays disposera de 480 millions de kw/h. hydrauliques et 300 millions de kw/h. thermiques produits dans de bonnes conditions d'économie. En tenant compte également de la ressource oranaise encore imprécisée (Sud oranais, Chotts oranais ou appoint marocain), l'Algérie aura dans une dizaine d'années quadruplé sa production de 1938 qui n'avait pas atteint 300 millions de kw/h.
-------L'effort d'industrialisation entrepris depuis 1946 se poursuit, et l'accroissement du potentiel industriel de l'Algérie dans les différents domaines depuis 1938 peut s'établir approximativement comme suit :

-------On mesurera toute l'importance économique et sociale de ce développement industriel, si l'on tient compte de ce que le personnel employé par les industries nouvellement créées ou développées depuis 1946 s'élève à près de 12.000.

-------LE COMMERCE EXTERIEUR
-------L'évolution du commerce extérieur algérien en 1950 a été marquée par un développement de: échanges et une amélioration de la balance, la reprise ayant été plus forte pour les exportations qui pour les importations.
-------a) Résultats généraux (nombres provisoires)cliquer sur "clic" pour voir le tableau : clic
-------b) Principaux produits exportés et importés (nombres provisoires) :cliquer sur "clic" pour voir le tableau : clic

-------ETAT DES MOYENS DE COMMUNICATION
-------Les routes
-------Le développement du réseau routier algérien se mesure à l'heure actuelle de la façon suivante :
- Routes nationales 8.016 km.
- Pistes sahariennes 7.500 km.
- Chemins départementaux (à l'état d'entretien) 13.825 km.
- Chemins vicinaux (à l'état d'entretien) 13.000 km.
- Chemins ruraux (à l'état d'entretien) 17.500 km. Le réseau des routes nationales est constitué actuellement par :
1°) Trois grandes rocades transversales reliant le Maroc à la Tunisie.
-------LA ROCADE DU LITTORAL : Marnia, Témouehent, Oran, Alger, Bougie, Philippeville, Bône, La Calle.
-------LA ROCADE NORD . Oujda, Marnia, Bel-Abbès, Le Tlélat, Relizane, Orléansville, Affreville, Boufarik, Maison-Carrée, Ménerville, Sétif, Constantine, Guelma, Souk-Ahras, Ghardimaou. LA ROCADE SUD : de Tiaret à Batna (sur les Hauts Plateaux).
2°) Des pénétrantes qui relient la côte aux villes de l'intérieur.
-------Les programmes d'aménagement et d'équipement des routes nationales prévoient d'une part des améliorations de tracé et de profil du réseau actuel, d'autre part,, la construction nouvelle de voies, à ouvrir à un trafic croissant, largement calculées et devant permettre de satisfaire les besoins prévisibles de la génération à venir.

-------Les chemins de fer algériens
-------Le réseau actuel des C.F.A. se présente sous la forme d'une arrête de poisson constituée par une longue dorsale à voie normale reliant le Maroc à la Tunisie et sur laquelle viennent se souder toutes les lignes de quatre largeurs de voies différentes desservant les ports où se dirigeant vers l'intérieur du pays.
-------Le réseau à voie normale de 1 m. 44 forme un ensemble cohérent parce qu'à l'artère principale d'Oudjda à Ghardimaou (1.310 km.) viennent se souder toutes les autres lignes à voie normale (2.269 km.). La ligne minière d'Oued-Kéberit, à 13 ône, qui assure un très important trafic pondéreux et voit passer chaque jour de nombreux et lourds convois, avait été électrifiée par les C.F.A.E. dès 1930. L'électrification est maintenant achevée jusqu'à Tébessa.
-------Pendant la dernière guerre, le problème crucial avait été celui de la traction. On s'attacha à le résoudre dès 1944. La France ne pouvant à cetteépoque construire le matériel nécessaire, il fut décidé d'acquérir aux U.S.A. des locomotives Diesel électriques, modernes et puissantes.
-------Le parc des locomotives Diesel électriques des C.F.A. comprend aujourd'hui 65 unités dont 45 de 1.500 C.V. et 20 de 1.000 C.V., plus trois fourgons automoteurs de 1.470 C.V.
-------Les résultats obtenus par la traction Diesel électrique ont été tellement importants que le réseau a déçji é d'étendre ce mode de traction à toutes les ligne et de supprimer progressivement la traction à vapéur. D'autre part, une série de 57 voitures de voie normale, en acier inoxydable, vient d'être commareée à l'industrie française et une partie de ces véhicules est déjà arrivée. Ces voitures qui, en raison de leur poids réduit, permettront l'allègem ent des convois, représentent un important gain de r,'ids mort pour les C.F.A. qui ont retenu dans le programme quinquennal, à réaliser avant 1953, les grands travaux suivants : amélioration du tra cé de la ligne Alger-Oran, doublement entre La Réghaïa et Ménerville et entre El-Gierrah et Le Kroubs, mise à voie normale de la ligne Bône à Saint-Charles, mise à voie métrique de la ligne dE 0 rn. 60 de Still à El-Oued.

ASPECT SOCIAL

-------DEMOGRAPHIE
-------Un recensement général de la population a eu lieu en Algérie en octobre 1948. Pour cette oeuvre de " Self Connaissance " . si importante pour un Etat moderne, la périodicité quinquennale est de règle en Algérie comme dans la Métropole. Alors qu'en 1856, année du premier recensement s'étendant à l'ensemble de la population, les chiffres globaux étaient de 2.487.000 habitants dont 2.328.000 Musulmans et 159.000 Européens, les résultats du dernier dénombrement sont les suivants

-------ALGERIE DU NORD ET TERRITOIRES DU SUD

ALGERIE DU NORD ET TERRITOIRES DU SUD

-------Cette population qui se développe en une " courbe triomphalement ascendante " suivant l'expression de F. Gauthier, présente toutes tes caractéristiques du peuple jeune, à savoir : excédent des naissances sur les décès, équilibré des naissances et des décès entre les deux sexes, immunité de plus en plus grande contre les maladies les plus répandues.
-------En ce qui concerne le premier de ces caracteres, les résultats bruts de la statistique du mouvement de la population en 1949 .sont les suivants :
--Naissances vivantes 259.616
-- Mort-nés 2.409
au total 112.812
-- Décès.... d'enfants de moins d'un an 24.748
-- Excédent des naissances sur les décès 146.804

-------HABITAT
-------Le problème de l'Habitat urbain occupe dans les questions algériennes une place prépondérante, car de son développement dépendent étroitement l'évolution rapide des masses musulmanes de la population laborieuse du pays.
L'attraction exercée par la ville sur les campagnes, l'arrêt presque complet de la ,construction de 1940 à 1945 avaient empiré d'une façon désastreuse les conditions de logement urbain.
-------Tandis que la création de cités musulmanes à Alger (cités El-Djenane, El-Nador, du Clos-Salembier), à Hussein-Dey, à Rovigo, à Miliana, à Constantine, à Ménerville, Sétif, Téniet-el-Haad, était entreprise et parfois réalisée dès 1945, permettant ainsi le recasement de milliers de familles, l'année 1949 a marqué pour l'Algérie une reprise très nette de la construction d'immeubles d'habitation. Mal-gré les prix de revient très élevés, les dispositions administratives tendant à faciliter le financement (en particulier l'arrêté du 15 octobre 1949) ont suscité ou encouragé de nombreuses initiatives. Grâce au lancement d'importants programmes d'H.B.M., grâce à la création d'organismes qui ont fait leurs preuves en France, grâce enfin à un certain développement de la construction privée, surtout sous la forme d'immeubles en co-propriété et de petites habitations individuelles, on a pu voir les chan-tiers se multiplier un peu partout en Algérie.
-------Il convient de citer parmi les réalisations amorcées dans les grandes villes la transformation de l'ancien champ de manoeuvres à Alger où sera édifiée une unité de quartier d'habitation forte de 15.000 âmes. Le programme actuellement amorcé est en cours depuis 1949 ; il porte sur 650 logements à réaliser par tranches et dont plus de 100 sont actuellement terminés.
-------La cité d'habitations de l'Office Public des H.B.M. sur la route d'Arcole à Oran qui comprendra 570 logements et dont une grande partie des bâtiments principaux est achevée.
-------Les deux groupes d'immeubles de la Menadia à Bône, entrepris au titre de la Reconstruction dès 1947 et groupant dans un site parfait : 132 logements actuellement occupés.
Parallèlement dans les campagnes des entités rurales nombreuses, de type variant suivant les sites depuis l'ensemble de fermes disséminées sur de vastes espaces, jusqu'à la cité musulmane type, se créent dans le cadre de ces foyers de civilisation que sont devenus les Secteurs d'améliorations rurales.

-------SANTE PUBLIQUE
-------Aucune organisation sanitaire ou de secours publics n'existait en Algérie en 1830. Dans ce domaine, les réalisations sont l'oeuvre exclusive de la France qui a doté l'Algérie d'un réseau d'Assistance médicale et hospitalière, répondant pour une population hétérogène et en grande croissance démographique (ce qui aggravait les difficultés de réalisation), aux besoins de la prévention et du traitement des maladies et à la lutte contre les épidémies, le paludisme et les fléaux sociaux.
-------L'Algérie assure, à l'heure actuelle, par la Faculté mixte de médecine et de pharmacie d'Alger, la formation des médecins et des sages-femmes dont elle a besoin. Par ses écoles d'Etat, elle assure la formation professionnelle des auxiliaires du corps médical (Assistantes Sociales, Adjoints Techniques, infirmiers et infirmières, laborantins et préparateurs en pharmacie).
-------Des services centraux (techniques, administratifs, et d'inspection) et des services départementaux assurent l'administration sanitaire du pays.
-------Le territoire est divisé en 267 circonscriptions d'assistance médicale groupées en " secteurs ". A la tête des circonscriptions 194 médecins de la Santé aidés par 139 adjoints techniques et 8 auxiliaires de l'Assistance Médicale Gratuite, par 154 assistantes sociales et sages-femmes médico-sociales, et par 55 auxiliaires médico-sociales, dispensent les soins médicaux.
-------Ils disposent d'un réseau d'installations fixes (centres de santé et salles de consultations) et de 46 salles de consultations automobiles permettant de toucher les populations rurales éloignées des centres ; un nombre important et en augmentation constante d'ambulances automobiles assurent les évacuations. Des bureaux municipaux d'hygiène et un laboratoire départemental effectuant les ana-lyses et examens complètent cette organisation.
-------Succédant à l'unique infirmerie des Janissaires du Dey, un réseau d'établissements hospitaliers a été installé, qui comprend, au 31 décembre 1950. 131 formations publiques et privées totalisant plus de vingt et un mille lits :' l'Algérie dispose, dans cet ordre d'idées, d'un hôpital de faculté de plus de 2.000 lits, dont les services de cliniques peuvent soutenir la comparaison avec les services les plus modernes des villes d'Europe, de deux hôpitaux de chef-lieu à Oran (plus de 2.000 lits) et à Constantine (plus de 1.200 lits), de 26 hôpitaux régionaux, de 73 hôpitaux civils secondaires, de 8 hôpitaux civils et hôpitaux hospices non rattachés à des hôpitaux régionaux, d'e trois hôpitaux auxiliaires et d'un hôpital communal, d'un hôpital psychiâtrique à grande capacité (plus de 1.600 lits), de deux hôpitaux sanatoriums dont un pour enfants, d'un préventorium et de deux aériums, d'un hôpital annexe réservé aux. contagieux, de deux asiles et d'un hospice de vieillards ; enfin, d'un hôpital civil thermal. Huit établissements privés comprennent trois hôpitaux hospices polyvalents gérés par la Congrégation des soeurs missionnaires d'Afrique, un hôpital auxiliaire de 100 lits géré par une Association agricole, une clinique gérée par l'Association dite " British Cottage Hospital un sanatorium (Rivet), un aérium et un hôpital réservé à l'encéphalo-chirurgie (Barbier-Hue), ces deux derniers établissements, gérés par la Croix-Rouge Française.
-------Un service épidémiologique suit les déclarations des maladies transmissibles et impose, si besoin est, les mesures de vaccination collectives. Il dispose de moyens d'intervention motorisés à grand rendement : quatre équipes sanitaires mobiles effectuant lés vaccinations et mesures de désinfection. Leur action est complétée par douze équipes de désinsectisation de secteur et par des équipes locales organisées par les commpnes qui mènent la lutte contre les insectes vecteurs de germes morbides, à l'aide des insecticides de contact à grande puissance. Ces équipes participent à la lutte antipaludique con-fiée à des médecins paludologues aidés par un personnel d'agents spécialisés. L'avion et l'hélicoptère sont utilisés pour la réalisation des campagnes de destruction dés parasites et des moustiques anophèles. Le Laboratoire des maladies infectieuses de l'hôpital d'El-Kettar a effectué 37.973 examens au cours de l'année écoulée. Le Service du Contrôle sanitaire aux frontières maritimes et aériennes assure dans le cadre des conventions internationales la surveillance sanitaire des navires, des ports et des aérodromes.
-------Pour lutter contre les maladies sociales, un réseau de dispensaires a été installé dans les agglomérations urbaines.
Dans le domaine de la lutte contre la tuberculose, des aériums, préventoriums, établissements de cure et services hospitaliers de traitement, soignent les tuberculeux. L'armement anti-tuberculeux du pays comprend le sanatorium dë Rivet (170 lits), le préventorium de la Calle, les aériums de Noisyles-Bains, de Rivoli et de Chréa, les hôpitaux sanatoriums de Birtraria et de Béni-Messous (pour enfants). Un aérium (Jean-Bart) et un préventorium (Château Beraud à Draria) sont sur le point d'ouvrir leurs portes ; des services pour tuberculeux chroniques ont été installés dans certains hôpitaux. L'emploi des médicaments antibiotiques et chimiothérapiques de synthèse, est favorisé dans les services de consultations,.les dispensaires et les services hospitaliers. Une campagne de vaccination par le B.C.G. de la population algérienne est en cours avec l'aide de et du' F.I.S.E.
-------Les maladies vénériennes, les affections oculaires qui revêtent un caractère spécial de gravité en Algérie, le cancer pour lequel un centre doté de services d'hospitalisation et de recherches a été créé, font l'objet d'un effort particulier matérialisé par des Services de consultation et de soins spécialisés.
-------Tel est le bilan de l'effort accompli par l'Algérie dans le domaine de son équipement sanitaire. Il a été poursuivi dans le cadre d'un plan cohérent dont le développement sera assuré dans les années suivantes grâce aux crédits consentis par l'Assemblée algérienne.

L'ENSEIGNEMENT ET LA SCOLARISATION

-------Enseignement supérieur
-------L'Université d'Alger a fait preuve ces dernières années d'un dynamisme croissant. Sa vitalité se décèle aussi bien dans le nombre grandissant de ses étudiants dont le chiffre a plus que doublé en dix ans (1938-1939: 2.155 étudiants ; 1948-1949: 4.977 étùdiants), que dans la nouveauté des enseignements dispensés.
-------Les difficultés de logement pour les étudiants ont été sensiblement diminuées depuis 1948 par l'organisation de la Maison d'Accueil de la Robertsau, où sont hébergés des étudiants en grande majorité musulmans, par l'ouverture en 1949 du Centre d'Accueil des Groupes laïques et par la création de la cité universitaire de Ben-Aknoun dont les deux premiers pavillons ont été ouverts à 120 étudiants en novembre 1950.
-------Enseignement secondaire
-------La population scolaire des 47 établissements secondaires (Lycées, Médersas, Collèges) non compris les enfants de leurs classes primaires, est passée de 22.204 (dont 4.539 internes) au 15 novembre 1948, à 23.635 (dont 4.946 internes) pendant l'année scolaire 1949-1950. Cet accroissement très sensible est une des premières manifestations sur les établissements du second degré des effets du plan de scolarisation primaire en Algérie.
Sur les 1.449 nouveaux élèves on compte 519 jeunes musulmans dont 87 jeunes filles. Cette montée normale ne fera que s'accentuer dans l'avenir, étant donné l'impulsion donnée à l'enseignement primaire.
-------Enseignement primaire
-------Cet enseignement est actuellement en voie de large développement ; un essor nouveau a été déclanché par des décrets du 27 novembre 1944, qui ont créé une Direction générale de l'Education nationale au Gouvernement général, et dessiné un grand plan de scolarisation. Celui-ci prévoit l'ouverture en vingt an de 20.000 classes pouvant recevoir un million d'enfants. Jusqu'en 1949 l'enseignement primaire était donné, soit dans des classes du type français (enseignement A) et à cette époque 1/4 de la population scolaire du type A était formée de petits musulmans, soit dans des classes spécialement destinées aux écoliers musulmans (enseignement B).
-------Le début de l'année scolaire 1949-1950 a été marqué par une réforme d'un intérêt capital ; le décret du 5 mars 1949 en fusionnant renseignement français et franco-musulman a créé en Algérie une véritable école unique.
-------EFFECTIFS SCOLAIRES ET PLAN DE SCOLARISATION
-------Les effectifs scolaires marquent une progression constante depuis 1944, ainsi que le montrent les chiffres ci-après

Années scolaires
Nombre d'élèves
1939-40
258 124
1940-41
266 190
1941-42
256 226
1942-43
247 580
1943-44
240 704
1944-45
241 206
1945-46
267 189
1946-47
299 800
1947-48
318 685
1948-49
331 684

-------Les chiffres de l'année 1949-50 sont de l'ordre de 350.000 élèves et la progression continue constatée depuis 1944 montre que les engagements du décret du 27 novembre 1944, relatif au plan de scolarisation totale de la jeunesse en Algérie, ont été largement tenus en ce qui concerne les effectifs. Ce texte prévoyait de 1945 à 1948: 85.000 nouveaux élevés, en fait, l'effectif scolaire a augmenté pour cette période de 90.478 enfants.
-------Certes ce résultat n'a pu être atteint que grâce à l'ouverture d'un certain nombre de classes fonctionnanto à mi-temps, ainsi que l'avait prévu, au cours de sa première séance, le 22 mars 1945, le Comité du Plan de Scolarisation totale.
-------En ce qui concerne les constructions elles-mêmes, rien n'avait été prévu en 1945, en raisdn de la situation du moment et le programme ne fut élaboré que pour 1946, encore était-il très modeste ; il prévoyait l'édification de 86 classes et 7 logements.
-------L'étude des projets n'a donc, en fait, commencé qu'en 1946 et les constructions n'ont effectivement démarrées qu'en 1947. Cependànt cet effort s'est rapidement développé grâce, notamment, à la mise au point, en 1947, après dépouillement du Plan d'Action Communal, d'un programme quinquennal dépassant largement .le Plan de -----------Scolarisation.
-------Alors que le décret de 1944 prévoyait, en effet, l'ouverture de 2.200 classes de 1945 à 1949, 1.868 classes nouvelles étaient achevées en 1950 et livrées aux élèves et aux maîtres. Dans l'état actuel d'avancement des projets en cours, on peut espérer qûe l'on disposera, à la fin de 1951, de 2.800 classes et des logements correspondants (plus de 2.000).