GEOGRAPHIE ECONOMIQUE
----------ECONOMIE
SOCIALE.
----------Les
populations du M'ZAB aux genres de vie et aux aptitudes diverses forment
un complexe économique assez équilibré. Analysons
rapidement la fonction de chaque groupe dans cet ensemble.
----------En
premier lieu les Chaambas nomades ou semi-nomades fournissent aux sédentaires
: viande, laine, bois, pierre à bâtir, timchent (plâtre),
etc... Les sédentaires arabes eux sont fabricants de chaux, maçons,
manoeuvres en tous genres, khamès dans !es palmeraies. Les Mozabites
exercent le commerce, fournissent les nomades de tous les objets et denrées
qui leur sont nécessaires, écoulent les fabrications locales
des tapis et tissages. Ils sont de plus, volontiers agriculteurs, maîtres
maçons, menuisiers, peintres, boulangers et bouchers. Les Juifs
tiennent la bijouterie, certaines branches de l'artisanat (tailleurs,
cordonniers) le commerce des tissus, des boissons alcoolisées,
de l'argent et des métaux précieux.
----------Les
tribus des régions voisines (Larbas de LAGHOUAT, OULED MAIL, de
DJELFA, Ouled YACOUB d'AFLOU) contribuent à l'économie locale,
particulièrement pendant la saison hivernale par leur apport en
laine, viande, beurre et leurs achats nombreux dans les centres urbains.
----------Au
total le M'ZAB possède une économie traditionne'le d'échcnge
de nomades à sédentaires, telle qu'on la retrouve moins
complète et moins accentuée en de nombreux points du Sud.
----------Cependant
cette économie s'est sensiblement transformée depuis la
pacification de la région. En effet, ce type d'économie
pour profiter également aux deux éléments supposait
de la part des nomades, maîtres da désert, le monopole des
communications et des transports, la possibilité de contraindre
le sédentaire à accepter certaines conditions d'échanges.
Aujourd'hui l'équilibre est nettement rompu au profit des sédentaires
qui plus actifs, plus intelligents, jouissant d'une plus grande sécurité,
détenant par ailleurs les moyens financiers, ont mis la main, pour
ainsi dire, sur une grande partie de l'économie nomade que souvent
ils financent, dirigent et organisent. La sécurité des voies
de communication, l'apparition de l'automobile et son incidence sur les
transports ont amené la misère du nomade qui fait maintenant
beaucoup plus figure de client que de partenaire économique.
----------C'est
sur les marchés des villes du M'ZAB, chaque ksar possède
le sien, que se font les échanges. Autrefois, les villes se disputaient
à qui attirerait à soi le plus grand trafic, source de prospérité
pour la tribu intéressée. Cette situation a également
bien changé. Si tous les marchés subsistent, la plupart
quotidiens, certains ne servent plus qu'à l'approvisionnement en
bois et en bétail de la population sédentaire. L'activité
économique s'est concentrée, GHARDAIA, avec son grand marché
hebdomadaire appelle à elle la plus grande partie de l'activité
d'échange dans la pentapole. A la périphérie du M'ZAB,
BERRIAN et GUERRARA, doivent à leur situation écartée
de posséder des marchés secondaires en voie de développement.
Par contre, BENI ISGUEN, BOU NOURA, MELIKA, EL ATTEUF et METLILI sont
à peu près privées d'activité économique,
ou ne l'ont conservée, c'est le cas de BENI ISGUEN, marché
de l'artisanat local, que dans le cadre d'une spécialité
bien déterminée, au total peu importante.
----------AGRICULTURE.
----------L'agriculture
est relativement peu importante au M'ZAB où, à raison de
lo rareté de l'eau et des terres cultivables, elle consiste essentiellernent
en l'entretien de quelques palmeraies (180.000 palmiers productifs) et
n'occupe que quelques milliers d'individus. Sous le couvert des dattiers,
on trouve un certain nombre de jardins fruitiers, des cultures maraîchères,
des céréales en petite quantité. L'ensemble de ces
ressources ne peut suffire à ravitailler une population de 53.000
habitants qui doit en conséquence importer des dattes d'OUARGLA,
d'EL GOLEA, d'IN SALAH, voire de TIMIMOUN, des fruits et des légumes
de MEDEA et de le MITIDJA, et des Hauts-Plateaux, la presque totalité
des céréales dont elle a besoin.
M'ZAB
----------Le
M'ZAB a connu de 1943 à 1949 des sécheresses extrêmement
redoutables qui firent périr des dizaines de milliers de palmiers,
arrêtèrent la production des autres, interdirent presque
toutes cultures sous-jacentes. Dons certaines oasis, l'eau de boisson
fut rationnée, quelques puits seulement continuant à fournir
de l'eau.
----------Cette
situation catastrophique eut des couses multiples. Ainsi que nous l'avons
déjà dit, les établissements humains de la Chebka
du M'ZAB ont une origine essentiellement religieuse .et politique. -Les
considérations économiques lors de leur création
n'ont joué qu'un rôle tout à fait secondaire.
----------L'oued
M'ZAB, Oued purement saharien, qui est censé alimenter la nappe
phréatique de la gouttière d'érosion qui forme son
lit n'a que des crues rares et capricieuses. A ia latitude de GHARDAIA,
il n'y o plus de régime des pluies, à proprement parler,
seulement des orages dont la formation est toujours aléatoire.
A peine plus favorisées que celles de la Pentapole, sont les oasis
de BERRIAN et de GUERRARA, fondations plus récentes établies
sur des Oueds plus septentrionaux. II n'existe aucune source au M'ZAB.
II faut puiser l'eau dans la nappe phréatique à des profondeurs
variables atteignant 40 et 50 mètres dans les périodes de
grandes sécheresses. Il n'est pas donc étonnant qu'une sécheresse
exceptionnelle pot sa rigueur et sa durée ait entraîné
une disparition partielle de la couverture végétale que
seule une activité et une ingéniosité hors de pair
avaient réussi à établir et à maintenir.
----------Cette
activité et cette ingéniosité se manifestent dans
la remarquable organisation hydraulique des oasis du M'ZAB, chef-d'ceuvre
d'organisation, de prévoyance et de travail persévérant
qui fait honneur au génie mozabite. Nous ne saurions sans être
tout à fait incomplet ne pas en dire quelques mots.
----------La
nappe phréatique qui fut en définitive jusqu'à une
époque récente la seule ressource hydraulique est exploitée
par des milliers de puits qui crèvent la surface du sol cultivable.
Le puits n'est pas original par sa conception mais par son mode d'exploitation.
Le travail de puisage n'est pas fait directement par l'homme mais par
des bêtes, ânes, mulets ou chameaux qui se déplacent
selon un mouvement de va et vient sur un plan incliné, sous la
conduite d'un gardien. Le matériel de puisage est constitué
par un " dellou ", récipient souple en peau de chèvre,
en forme d'entonnoir, dont l'extrémité inférieure,
la manche, n'est pas obturée. Une corde coulissant sur une poulie
à l'aplomb du puits dominant le sol de 1 m. 50 environ, est attachée
ou bord supérieur de l'entonnoir, tandis qu'une autre attachée
à l'extrémité inférieure maintient la manche
de l'entonnoir en position repliée durant l'opération de
descente et de remontée. L'ensemble est calculé de telle
façon que lorsque le " dellou " arrive hors du puits
la manche tirée par sa corde, s'allongeant au-dessus du bassin,
permette à l'eau de s'échapper. Le système déjà
appliqué en l'an 1000 est encore très utilisé de
nos jours. Son automatisme entraîne une économie d'effort
humain sans lequel jamais, étant donné la profondeur des
puits, les palmeraies mozabites n'auraient pu être créées
et prospérer.
----------Mais
la science hydraulique des mozabites est encore davantage perceptible
dans la méthode employée pour répartir les eaux des
crues, forcer l'oued à s'infiltrer et approvisionner le sous-sol
des palmeraies. Pour parvenir à ce but le moyen est toujours le
même. On barre la gouttière de l'oued autant de fois qu'if
est nécessaire par des levées de terre, souvent revêtues
de maçonnerie voire par des barrages entièrement en maçonnerie.
Certains de ces ouvrages sont imposants. A GUERRARA, l'Oued Zegrir est
dérivé sur la palmeraie par une levée de terre de
2 km de long sur 3 mètres environ de hauteur. Des ouvrages en maçonnerie
d'une technique simple mais ingénieuse permettent d'évacuer
le trop plein des eaux et de vidanger la palmeraie lorsque l'infiltration
est suffisante. L'Oasis d'EL-ATTEUF possède un barrage de retenue
et d'infiltration de 500 mètres de long entièrement construit
en maçonnerie. BENI ISGUEN, dit la plus grande partie de ses atterrissement
cultivables à un ouvrage en maçonnerie de 400 mètres
de long sur 8'mètres de hauteur. Par ailleurs, le moindre écoulement
des oueds est dérivé vers les jardins à partir de
l'amont des palmeraies au moyen de grands canaux " seguias "
qui se subdivisent en ramifications secondaires, Chaque jardin, par des
ouvertures soigneusement calculées, reçoit la crue et les
alluvions qu'elle transporte.
----------Ainsi,
les surfaces d'infiltration sont multipliées por cent et par mille.
Dans bien des cas, lorsqu'elles ne sont pas trop importantes, les crues
se perdent dans les palmeraies du M'ZAB ou derrière les barrages.
Si un premier barrage n'a pu tout contenir, un deuxième, un troisième,
un quatrième arrêtera le trop plein que le précédent
aura laissé passer.
----------Les
ouvrages, barrages et séguias nécessitent un énorme
entretien auquel parfois les tribus entières participent, mais
sans eux, le M'ZAB et en particulier l'espace occupé par la Pentapole
ne serait qu'un lit d'oued infertile.
----------Si
nous nous tournons maintenant vers l'activité agricole proprement
dite, nous retrouverons, malgré les difficultés d'exploitation,
l'activité et l'acharnement des ibadites du M'ZAB. " Rustici
" à l'origine des habitants du
M'ZAB fe sont demeurés au fond d'eux-mêmes. Nombreux sont
ceux qui reviennent passer l'été dans leur villa de l'oasis,
soigner avec amour les quelques arbres que leurs aïeux leur ont légués.
Nombreux sont ceux encore qui passent leur vieillesse dans les travaux
simples de la vie champêtre quelle que soit leur situation de fortune,
et leur passé d'hommes d'affaires. Argent, labeur ne sont pas épargnés
pour maintenir les oasis du M'ZAB qui approvisionnent tant bien que mal
les citadins en légumes et en fruits.
----------Il
ne faut pas cependant dissimuler que les conditions d'exploitation sont
très onéreuses. Si la main-d'oeuvre est abondante, la fumure
suffisante, rare est la terre fertile, plus rare encore l'eau, et coûteux
le moyen de l'amener à la portée des plantes. Le système
de puisage ancien est encore le plus employé, mais les stations
de pompage (au nombre d'une centaine environ) actionnées électriquement,
par moteur à essence ou à mazout, ont le faveur des mozabites
aisés. Le machinisme se développe de cette manière
dans l'agriculture, en dépit du prix élevé du courant
électrique, des carburants et de la profondeur des puits. Malgré
tout, il faut se restreindre périodique-ment si la crue se fait
trop attendre. Beaucoup de puits sont alors à sec, beaucoup d'autres
ne donnent plus qu'un débit insignifiant. Les cultures se raréfient
ou disparaissent. Seuls les arbres demeurent, et les soins jaloux dont
on lesentoure ne suffisent pas toujours à leur faire passer le
cap difficile.
----------Le
remède à ces sécheresses périodiques qui ravagent
te M'ZAB a été trouvé en 1938, lorsque fut foré
à quel que 500 mètres de profondeur dans la nappe albienne
le premier puits artésien. Mais ce remède devait rapide-ment
s'avérer légèrement onéreux - malgré
de nombreux forages à MELIKA, BENI-ISGUEN, EL-ATTEUF, METLILI,
GUERRARA et BERRIAN - l'agriculture du M'ZAB utilise encore très
peu de cette eau jugée trop coûteuse, ascendante mais non
jaillissante en raison de la cote du terrain et qu'il faut par conséquent
pomper à 50, 60 ou même 80 mètres de profondeur. C'est
seulement à GUERRARA que l'eau jaillit et ce fait ouvre des perspectives
de développement pour l'oasis de cette ville.
----------La
R.E.E.S.A. (Régie d'Exploitation des Eaux Souterraines du Sud Algérois),
société d'économie mixte. créée en
1948 pour exploiter les forages profonds assure l'irrigation des 2/3 des
palmeraies du, M'ZAB.. Par ses réseaux de distribution, elle satisfait
la totalité des besoins de la palmeraie de GUERRARA et 30 % des
besoins des autres palmeraies dont l'alimentation en eau d'irrigation
est assurée par pompage. L'accroissement des quantités vendues
à l'agriculture par cet organistrie est continu et moyennant les
investissements à consentir pour la création de quelques
nouveaux forages dans les palmeraies qui en sont dépourvues on
peut affirmer que l'existence de ces ouvrages constitue pour les oasiens
du M'ZAB une garantie de survie en cas de sécheresse grave.
----------Pour
conclure sur l'agriculture au M'ZAB, nous ne saurions adopter un jugement
ni optimiste ni tout à fait pessimiste. Ici la psychologie particulière
des habitants contrecarre l'application des lois de l'économie'
politique. Les palmeraies du M'ZAB sont sans doute peu de choses comparées
au chiffre de la population. Les jardins seraient trop coûteux pour
ceux qui voudraient en faire une exploitation rationnelle. Mois par ailleurs
les villes- du M'ZAB' ont un tel besoin de ravitaillement frais qu'on
voit mal comment les palmeraies pourraient disparaître même
dans une économie transformée.
----------La
tendance serait au maintien du système économique traditionnel
permettant à chaque ville de trouver l'essentiel de sa subsistance
dans,sa banlieue immédiate. A ces couses de survie viennent s'ajouter
en premier lieu la pasison profonde que les mozabites portent à
la terre du M'ZAB, sentiment qui les pousse à investir sur place,
à' dépenser parfois dans la culture l'argent gagné
dans le commerce, puis l'abondance d'une main-d'oeuvre peu exigeante,
qui n'a souvent d'outres moyens d'existence que le travail de la terre
si ingrate soit-elle, ensuite les besoins de consommation plus étendus
et nouveaux, créés par l'enrichissement d'une partie des
populations locales et leur augmentation numérique, enfin les moyens
modernes qui rendent le pompage et l'irrigation plus faciles. Ajoutons
que l'éloignement des centres de production, qui grève de
lourds frais de transports les produits importés constitue une
sorte de prime à la production locale. Ainsi donc dans un pays
pauvre et surpeuplé l'agriculture qui satisfait oux besoins essentiels
de l'homme tant affectifs que matériels apparaît comme une
constante sociale sur laquelle les lois de l'économie classique
(à base de calcul de prix de revient et d'égoïsme individuel)
ont peu de prise.
----------L'ELEVAGE
:
----------Si l'agriculture
est malgré tout une ressource importante de l'économie locale,
l'élevage chez les sédentaires est relégué
au dernier rang. Chaque ksar confie à la garde d'un ou de plusieurs
bergers, un troupeau de chèvres de quelques centaines de têtes
dont le lait est indispensable à la nourriture de la population.
Les animaux s'éloignent durant le jour jusqu'à _10 ou 15
km de la ville, rentrent chaque soir dans " leur famille " car
si, la pâture est collective chaque animal e un propriétaire.
Ils y reçoivent une ration de complément, bien nécessaire
étant don-né le peu de ressources offertes par les pâturages
de la Chebka.
----------Des
ânes, des mulets et quelques chameaux constituent par ailleurs le
cheptel vif de l'agriculture et servent en même temps à tous
les transports à l'intérieur des villes où l'étroitesse
des rues interdit toute modernisation ; mullets et ânes sont aussi
un moyen de locomotion très usité par les habitants de Io
Pentapole pour se rendre d'une ville à l'autre.
----------L'élevage
familial comporte en outre des gallinacées assez nombreux, rarement
des lapins, car ces derniers animaux supportent mal les étés
brûlants.
----------Les
élevages d'ovins et de camelins ne se conçoivent pas dans
l'économie des sédentaires. Les nomades Medabih et Chaambas
sont donc en définitive les seuls éleveurs importants au
M'ZAB. Mais leurs troupeaux, ravagés par des famines périodiques,
très accentuées dans ces régions désertiques,
sont assez peu nombreux :
- 4.670 chèvres ; 4.180 ovins ; 1.516 camelins en 1951.
----------Troupeau
insuffisant pour permettre à tous les Chaambas de mener une existence
exclusivement nomade et ceux qui la mènent sont généralement
de pauvres gens. L'existenceo pastorale de type traditionnel apparaît
d'ail-leurs condamnée à plus ou moins brève échéance
dons ces régions arides Seule pourrait sauver l'élevage
en le transformant, une organisation moderne s'appuyant sur les transports
automobiles et des points d'eau multipliés. Nous n'en sommes pas
encore à ce stade et en attendant, les nomades se sédentarisent
lentement soit dans la palmeraie de METLILI qui leur appartient en propre,
soit dans les palmeraies des ksours mozabites, soit tout simplement en
ville où l'appel de main-d'oeuvre est important dans le bâtiment,
les transports, les travaux publics, etc...
----------Ce
mouvement inéluctable dont l'origine est à rechercher dans
Io disparition de la fonction nomade essentielle, les transports chameliérs,
d'oasis à oasis que les transports automobiles ont supplantés,
a justifié de la part de l'Administration des réalisations
ayant pour but le recasement des nomades dans l'agriculture. C'est ainsi
que le puits profond de ZELFANA a donné naissance à une
palmeraie nouvelle qui sera d'ici quelques années, lorsqu'elle
entrera en production, répartie entre des éleveurs déshérités.,
----------L'élevage
nomade au M'ZAB et dans les environs immédiats est donc depuis
longtemps entré dans une décadence qui ne fera que s'accentuer
malgré les renouveaux passagers dus à une pluviométrie
plus abondante. Dans ces solitudes immenses qui servent de parcours aux
troupeaux Chaambas, il est à peu près impossible à
l'Autorité de porter un secours matériel efficace aux nomades
et de les amener à une évolution quelconque, en raison de
la dispersion des individus et des conditions climatiques incertaines.
Mais sans aucun doute, à une échéahce que l'on peut
fixer à quelques décades, l'élevage renaîtra
équipé et organisé à partir de l'économie
sédentaire car si l'éleveur est aujourd'hui dépassé
par les difficultés du milieu, le pâturage pour autant ne
disparaîtra pas et il suffira lorsque l'infrastructure routière
et l'équipement hydraulique seront suffisants de trouver les moyens
rationnels d'en tirer parti et de sauver le troupeau en période
de disette. II nous appartient de diriger, d'ores et déjà
nos efforts vers ce but.
----------MINES
ET INDUSTRIES - INDUSTRIES EXTRACTIVES.
----------Elles
se limitent à l'extraction de la pierre pour la construction, pour
la fabrication de la chaux, du gypse, pour la fabrication du plâtre.
Le pays étant essentiellement calcaire, la pierre à chaux
est extraite un peu partout dans le voisinage immédiat des agglomérations.
----------Le
centre principal de l'extraction du gypse est situé entre GHARDAIA
et METLILI, le long de la piste joignant ces deux centres. De nombreux
affleurements sont exploités suivant des méthodes rudimentaires,
ce qui n'empêche pas qu'on puisse considérer cette industrie
comme très active. Une centaine de personnes au moins y sont occupées
en permanence. Le " timchent " c'est le nom local du plâtre
grossier mais très résistant, tiré des fours primitifs,
trouve un très large emploi dans la construction mozabite.
----------De
même la pierre à chaux, calcinée par les nomades dans
de petits fours primitifs ou par des entrepreneurs sédentaires
selon des méthodes plus rationnelles, donne une chaux excellente
très utilisée dans la construction locale et, les ouvrages
hydrauliques (barrages, séguias d'irrigation, etc...).
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----------INDUSTRIE
DU BATIMENT.
----------Les industriès
extractives trouvent leur débouché dans le bâtiment
qui est au M'ZAB, pays de cités, à civilisation urbaine,
une activité très prospère. On peut estimer que depuis
les carriers jusqu'aux mouleurs de plâtre, en passant par les transporteurs,
un millier d'individus environ concourent à l'édification
des immeubles et à l'exécution des travaux publics. A GHARDAIA
même, on fabrique des carreljges en ciment teinté, des claustras
en ciment a mé, des moulages en timchent, etc... Il existe en outre
une scierie moderne et des ateliers de menuiseries bien équipés.
Des chefs maçons mozabites assez peu nombreux et hautement estimés
dirigent la plupart des chantiers.
Cette activité fiévreuse, surtout alimentée par l'argent
venu du nord, connaît son maximum d'intensité au printemps,
mais n'est jamais en sommeil. C'est dans la population arabe que se recrutent
surtout les nombreux ouvriers et manoeuvres dont le bâtiment a besoin.
----------ARTISANAT.
----------A
côté de l'industrie du bâtiment en voie de modernisation,
s'est maintenu un artisanat important et assez prospère - touchant
à plusieurs branches d'activités : tapis et vêtements
de laine, dinanderies, poterie, bijouterie, travail du cuir, etc...
----------Le
plus important d'entre eux, et de beaucoup, es l'artisanat des tissages
de laine et des tapis. Il est pratiqué par les femmes durant les
longs loisirs que leur laisse leur existence recluse. Il est extrêmement
difficile de connc:ître le nombre des ouvrières, les femmes
ne travaillant qu'à certains moments de l'année et surtout
lorsque les conditions d'écoulement sont satisfaisantes. Le chiffre
de 3.000 est le plus couramment admis. Les productions sont très
variées et souvent de haute qualité (djellabas,, haïks
de laine blanche, kachabias, burnous de laine et de poli de chameau, passages
et tapis de BENI-ISGUEN en `.ssage plat, chargés de dessins géométriques
d'un effet très original). De tous les points de l'horizon, les
nomade), viennent au M'ZAB s'approvisionner en vêtements de laine.
----------Des
courtiers, des commerçants achètent les productions artisanales
au marché aux enchères, en particulier à BENI-ISGUEN,
où se situe la bourse de l'artisanat mozabite fréquentée
par tous les acheteurs sérieux. Les mozabites font une grosse consommation
de tapis (chaque fille à mener doit être pourvue d'un trousseau
qui en comporte plusieurs). Le reste s'écoule auprès des
Européens et des touristes avec une assez grande facilité.
----------Les
soeurs blanches se sont intéressées à la fabrication
des tapis dès leur installation au M'ZAB. Elles possèdent
à GHARDAIA un ouvroir important où elles s'efforcent de
conserver la pureté du style et la qualité de la fabrication
qui comme partout ailleurs a malheureusement tendance à baisser.
----------L'école
de filles de GHARDAIA, de son côté, possède depuis
peu d'années un atelier de tissage où une vingtaine de fillettes
s'initient aux finesses du métier.---------DINANDERIE.
----------Le
travail du cuivre semble au M'ZAB un artisanat assez récent dans
sa forme actuelle. Un cours professionnel installé à l'école
de garçons de GHARDAIA a beaucoup fait pour le développer.
Les productions, plateaux de toutes dimensions, martelés, incrustés
ou ciselés, sont de premier ordre quant à la qualité,
mais manquent en général d'originalité et de cachet
local. La clientèle est surtout touristique.
----------OUVRAGES
DE CUIR.
----------Le
filali produit sur place est travaillé en petites quantités
par des artisans savetiers qui fabriquent " nails ", "
babouches " et chaussures de femme. Cet artisanat est fortement concurrencé
par les productions de l'extrême Sud et du Soudan, et son existence
est par ailleurs menacée par la vogue de la chaussure industrielle
européenne.
----------POTERIE.
----------Très
fruste quoique d'un style agréable, la poterie a à peu près
disparu aujourd'hui. Un seul artisan suffit aux besoins des mosquées.
----------BIJOUX.
----------La bijouterie
au M'ZAB est une spécialité juive. Les artisans de cette
profession travaillent essentiellement pour le milieu local musulman qui
se contente de bijoux assez grossiers Certains cependant sont très
adroits.
L'ensemble de l'artisanat mozabite est très important, tant par
la quantité et la qualité des productions que par les ressources
de complément qu'il procure à l'économie locale.
----------LE
COMMERCE.
----------Le
commerce est l'activité essentielle des mozabites. C'est aussi
l'une des activités principales du M'ZAB proprement dit. Le commerce
s'appuie sur un réseau de voies de communication et un système
de transports dont nous parlerons tout d'abord.
----------VOIES
DE COMMUNICATION ET TRANSPORT.
----------La
position géographique de la Pentapole, au nord du désert
proprement dit, sur le méridien d'ALGER, qui coupe en deux parties
égales le Sahara fut très vite exploitée par les
mozabites.
----------Mais
là encore l'intervention humaine fut prépondérante
pour détourner les caravanes qui précédemment con-tournaient
la Chebka, accidentée, pierreuse, coupée d'entailles-profondes
et par conséquent délaissée.
----------Autrefois,
les transports étaient effectués uniquement à dos
de chameaux le long de pistes chamelières, simples tracés
sinueux faits par le pied des bêtes. Les transporteurs étaient
les nomades Chaambas travaillant en collaboration avec les négociants
mozabites.
----------Or,
esclaves noirs du Soudan, dattes des oasis sahariennes, henné,
plumes d'autruche, convergeaient vers GHARDAIA qui fut dès le XIV"'e
siècle une place commerciale très importante. De GHARDAIA,
les chameaux remontaient ensuite à petites journées jusqu'à
la mer. Ils en revenaient lourdement chargés de blé, de
sucre, de thé qui s'en allaient s'écouler dans les oasis
les plus reculées.
----------Si
ce trafic s'est en partie conservé, les moyens de transport ont
bien changé. Depuis 1920, l'automobile a peu à peu supplanté
les caravanes et à son triomphe aujourd'hui à peu près
total correspond la déchéance des chameliers nomades. Le
trafic est devenu l'affaire des sédentaires qui l'exercent sur
des pistes carrossables et entretenues.
C'est en premier lieu le grand axe routier nord-sud qui poussé
jusqu'au HOGGAR canalise la plus grande partie du trafic. Bitumée
entièrement depuis 1952, la piste LAGHOUAT-GHARDAIA est maintenant
parfaitement satisfaisante pour tout espèce de trafic automobile
- mais à partir de GHARDAIA vers EL-GOLEA, IN-SALAH et TAMANRASSET,
la piste est seulement entretenue en état de roulement et moyennement
viable pour les voitures légères.
----------A
11 km au nord de GHARDAIA et sur la route de LAGHOUAT existe l'embranchement
de la piste d'OUARGLA qui se divise, 30 km plus loin, en deux tronçons
: l'un menant à OUARGLA et l'autre à GUERRARA ; de GUERRARA
à TOUGGOURT, OULED-DJELLAL, BISKRA et MESSAAD, les tracés
encore peu satisfaisants sont moins fréquentés. Des pistes
secondaires mais au trafic important relient entre eux les ksours et oasis
de la Pentapole (GHARDAIA, la DAIA, BEN DAOUA, GHARDAIA, EL-ATTEUF) et
GHARDAIA à METLILI et à SEBSEB.
----------Tout
ce réseau assez étendu est encore peu satisfaisant du point
de vue de la viabilité. En. particulier les pistes de le Pentapole
établies dans un terrain très difficile, ne répondent
plus aux besoins du trafic croissant qu'en-traîne l'évolution
d'une population dense.
----------Les
transports automobiles créés par des Sociétés
et des particuliers, Mozabites, Arabes et Juifs, sont très actifs.
----------La
S.A.T.T. (Société Africaine des Transports Tropicaux) usure
le trafic des voyageurs, nombreux, qui vont et viennent entre le M'ZAB
et le TELL concurremment avec la Société " Les Fils
BOUKAMEL " entreprise mozabite. A GHARDAIA un autre BOUKAMEL a la
concession du transport des voyageurs sur les lignes intérieures
du M'ZAB. De nombreux commerçants possèdent des camions
qui transportent leurs approvisionnements.
----------LE
COMMERCE.
----------Le
commerce est à la fois un commerce de ravitaillement des populations
locales sédentaires qui ne trouvent sur place que peu de ressources,
un commerce d'échange avec les populations nomades, un commerce
de transit vers les oasis de l'extrême-Sud.
----------GHARDAIA
est une place commerciale de contact entre les régions steppiques
présahariennes, habitat' des éleveurs nomades, et les oasis
sahariennes, habitat de sédentaires pléniciculteurs. Sa
situation favorisée a été exploitée par une
population particulièrement industrieuse, jouissant de l'héritage
d'une civilisation relativement avancée.
----------Le
mozabite " rusticus " à l'origine s'est transformé
peu à peu dans les premiers siècles des établissements
ibadites du M'ZAB en " mercator " sous le coup de la nécessité.
Il a vite témoigné de ces dispositions innées pour
la profession commerciale qui sont sans _ doute un trait de la race berbère,
mais peut-être aussi le signe d'un apport oriental et plus précisément
persan, remontant à la belle époque du royaume de TIARET.
----------Aujourd'hui
GHARDAIA est sans conteste la place commerciale la plus importante du
Sahara central, mais elle partage sa fonction de ville de contact avec
BERRIAN d'une part au contact immédiat de la Steppe des éleveurs
et GUERRARA, bien placé sur la route des caravanes, d'autre part.
'----------L'ampleur
du phénomène commercial ne laisse pas d'étonner à
GHARDAIA, car en fait la région est à peu près dépourvue
de ressources. Mais le marchand mozabite a réussi, en s'approvisionnant
en objets fabriqués, à con-quérir les faveurs d'une
partie importante de la population nomade da Sud-Algérois. Il se
contente de marges bénéficiaires moins élevées
que les autres commerçants musulmans. li offre à sa clientèle
un tel choix d'articles, qu'insensiblement les nomades sont attirés
par son magasin bien achalandé. Il trouve de plus dans la population
citadine du M'ZAB, un excellent client.
----------Les
objets fabriqués, fruits du machinisme européen, qu'on trouve
maintenant sous toutes les tentes nomades, tissus, théières,
cuvettes émaillées, etc... ont pris la place de la poudre
d'or et des esclaves dont le trafic a complètement disparu.
----------Du
Sud, viennent des dattes, du Soudan, des produits artisanaux, voire quelques
arachides.
Le commerce de transit se fait surtout du Nord vers le Sud : sucre, thé,
céréales, sont répartis jusqu'au Hoggar, à
partir de GHARDAIA.
----------L'ECONOMIE
MOZABITE A L'EXTERIEUR DU M'ZAB.
----------Toutes
ces ressources de l'agriculture, de l'élevage, de l'artisanat et
du commerce local, ne sauraient suffire, tant s'en faut à faire
vivre Io nombreuse population du M'ZAB.
----------Très
tôt, les mozabites essaimèrent dans les oasis sahariennes
où ils établirent des relais commerciaux. Mais dès
le XlV`"e siècle, le commerce saharien devait tomber en décadence.
Incertitude des espaces immenses du dé-sert, conflits politiques,
attaques de caravanes, autant de faits qui se conjuguèrent pour
porter les Béni-M'Zab à étendre leur activité
vers d'autres régions, c'est-à-dire vers le Nard avec lequel
sans doute les relations furent toujours assez suivies.
----------Contraints
;de s'expatrier, les mozabites le firent naturellement en premier lieu
le long du méridien, se faisant une place de choix dans le commerce
des centres et des villes, situés sur la route qui mène
aux régions riches et à la mer LAGHOUAT, MEDEA, BLIDA, ALGER.
ALGER surtout capitale politique et grand centre économique, comptait
déjà au XVII"'' siècle une colonie importante
de commerçants mozabites, jouissant d'un statut spécial
particulièrement favorable.
----------En
commerçants avisés, les mozabites surent toujours en effet
ze ménager en les achetant, les concours nécessaires au
succès de leurs entreprises. Attentifs à n'avoir aucun ennemi,
intrigants auprès des puissants, les dédaigneux ibadites
de la Chebka réussirent en toutes occasions à concilier
les pouvoirs publics, au besoin en renseignant l'autorité et en
lui dénonçant les manoeuvres de ses sujets. Cette attitude
leur a permis d'obtenir même en période troublée la
protection de leurs caravanes et de leurs biens.
----------Peu
à peu, les mozabites se sont installés dans toutes les villes
d'Algérie. II va sans dire que la sécurité eue nous
avons introduite dans un pays autrefois anarchique n'a fait que développer
l'émigration et par suite la prospérité mozabite.
----------En
1945, en estimait que 6.000 mozabites environ vivaient en permanence en
dehors du M'ZAB. La plupart font d'ailleurs de brefs séjours au
M'ZAB tous les ans ou tous les deux ans.
----------Les
branches d'activité qui intéressent surtout les ibadites
sont l'épicerie de détail, le commerce de tissus, la quincaillerie,
parfois les transports. Inutile d'ajouter qu'entre ibadites il existe
une forte solidarité commerciale, des associations nombreuses qui
sont à rapprocher de l'organisation et de la solidarité
israélite.
----------Chez
les deux sectes, juive et ibadite, même aptitude au négoce,
même esprit d'entraide, même crainte de la persécution
et du boycottage.
----------Au
fur et à mesure que sous la pression des autochtones malékites,
tard venus aux activités commerciales, le mozabite sent plus de
résistance à son expansion en milieu musulman, les mozabites
gagnent du terrain dans la clientèle européenne. Il n'est
pas rare d'en rencontrer qui ont deux établissements dans la même
ville, l'un réservé plutôt à la clientèle
musulmane, l'autre plus moderne et mieux achalandé, fréquenté
par la clientèle européenne.
----------Tant
à CONSTANTINE qu'à BONE ou à ALGER, la rivalité
commerciale tend à s'accuser entre mozabites et israélites.
----------Le
mozabite essentiellement détaillant, s'efforce de rrendre pied
dans le commerce de gros, détenu par les juifs. Mois, jusqu'à
présent, les tentatives rial secondées financièrement
n'ont pas abouti.
----------La
population mozabite 'tire 70 pour cent de'son revenu des boutiques du
nord et des nombreux biens, immeubles, propriétés rurales,
qu'elle y possède. Son enrichissement constant et rapide malgré
la concurrence, per-met des envois de fonds très importants aux
familles et des investissements de toutes sortes.
----------Il
faut regretter que nos renseignements sur le commerce mozabite soient
trop vagues, trop qualificatifs. Une enquête sérieuse, menée
avec des moyens d'investigations suffisants fournirait des renseignements
les plus intéressants tant sociologiques qu'économiques.
II semble que la littérature intéressant le M'ZAB qui est
très abondante ait négligé cet aspect essentiel de
la vie matérielle mozabite. Or c'est cette organisation économique
.fui, en définitive, explique l'influence d'une population peu
nombreuse, population à laquelle élite permet de conserver
son visage, ses coutumes, sa civilisation, à l'abri des ingérences
administ.atives et de mener elle-même son évolution.
----------Ce
n'est pas à GHARDAIA que s'élabore la physionomie moderne
du M'ZAB, mais dons ces milliers de boutiques où, à l'occasion
des relations commerciales s'établissent les contacts les plus
étroits avec le monde extérieur.
----------NIVEAU
DE VIE DES MOZABITES DU M'ZAB. ----------On
a dit que les mozabites étaient riches.
----------Rien
ne nous permet de confirmer ou d'infirmer cette assertion, car il n'existe
pas d'inventaire de Io fortune et du revenu mozabite à l'extérieur
du M'ZAB et ceci est incontestablement une lacune sérieuse dans
nos connaissances.
----------Mais
incontestablement il existe au M'ZAB un certain nombre de grosses et moyennes
fortunes sont entre les moins d'Israélites et d'Arabes). L'ensemble
de la population mozabite vit assez bien, dans maisons, beaucoup de familles
ont des domestiques, arabes ou noirs. II n'y a pas de mendiants ibadites,
mois parce que la solidarité ibadite pkarvoit chacun de l'indispensable.
800 concessions d'eau potable, 3.500 consessior,; électriques représentant
une consommation de courant d'une valeur approximative de 18 millions
de francs par on sont encore les signes d'une aisance relative.
----------C'est
à force de travail et de persévérance que les ibadites
sont parvenus à cet état de prospérité qui
étonne le visiteur. Partis de presque rien après la ruine
de TIARET cuis de SEDRATA, ils ont reconstitué dans un milieu naturel,
tout à fait hostile, une civilisation et une fortune.
----------Les
arabes agrégés, les nomades chambas et les israélites
à ,un degré moindre sont demeurés dans la pauvreté
du commun des populations sahariennes sédentaires ou nomades.
----------En
somme, comparé à celui de la moyenne des populations européennes,
le niveau de vie moyen des habitants du M'ZAB demeure très inférieur,
mais incontestablement la majorité mozabite jouit d'une situation
matérielle privilégiée.
----------Ce
qu'il ne faut pas perdre de vue c'est que la richesse relative de l'élément
dominant, qui permet d'ailleurs à des milliers d'arabes de trouver
des moyens d'existence, rie se maintient qu'au prix d'une activité
de tous les instants, d'un effort soutenu depuis des siècles et
qui n'a pas son égal chez les autres populations de l'Algérie.
----------Les
résultats qui sont à la mesure de cet effort sont la preuve
que les mozabites appartiennent à une race particulièrement
bien douée.
----------Ils
sont aussi le témoignage de l'influence des idées religieuses
sur l'activité matérielle des hommes. La réussite
mozabite ne pouvait être le fait que d'une minorité peu nombreuse,
mais cette observation n'ôte aucun mérite à ceux qui
en furent les promoteurs actifs et conscients.
----------Il
est juste de dire également que la prospérité des
mozabites est fragile. Qu'un mouvement de boycottage prenne de l'ampleur
et le M'ZAB ne reçoit plus d'argent,o qu'une crise commerciale
éclate et le M'ZAB en pâtit dangeureusement. Aussi les 'mozabites
vivent dans la hantise des troubles et des guerres. Pendant les époques
de prospérité ils ont tendance à accumuler chez eux
des stocks d'or de vivres et de vêtements, comme si un siège
devait un jour avoir lieu.
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