LES ZOUAVES
Ceux d'hier...
Ceux de toujours...
--------Pour maintenir
leur domination, rappeler à la raison les tribus récalcitrantes
et, surtout, pour protéger les collecteurs de leurs revenus, les
Princes barbaresques avaient, de tout temps, fait un large emploi de mercenaires
indigènes.
--------Ceux-ci
étaient recrutés en grande partie parmi les montagnards
d'une rude tribu kabyle du Djurjura, celle des Zouaoua, dont les guerriers
étaient réputés pour leur bravoure, leur endurance
et leur aptitude à la marche.
--------Après
la prise d'Alger et le licenciement des troupes turques, le Général
Clauzel, qui venait de remplacer comme Gouverneur le Maréchal de
Bourmont, eut l'heureuse inspiration de ne rien changer, sur ce point
du moins, aux méthodes auxquelles les indigènes étaient
habitués.
--------Pour
combler les vides qu'allait produire dans son armée, le rappel,
par le Gouvernement de Juillet, d'une notable fraction du corps expéditionnaire,
il prit à la solde de la France les mêmes hommes qui avaient
servi le dey Hussein.
--------Ils
formaient, à vrai dire, une troupe d'un assez bizarre aspect. Des
nègres, les coulouglis y coudoyaient des arabes et des kabyles.
Cependant, parmi tous ces éléments hétéroclites,
les Zouaouas constituaient le groupe le plus nombreux. Aussi donnèrent-ils
au nouveau corps, créé par arrêté du 1er Octobre
1830, ce nom de " ZOUAVES " qui allait bientôt devenir
populaire.
--------Le
Corps de Zouaves fut organisé en deux bataillons comprenant chacun
8 compagnies. L'effectif total prévu était de 1.840 hommes
de troupe.
--------Pour
l'encadrer, on n'eut qu'à puiser parmi les Officiers de toutes
armes que tentait la promesse de remplir les fonctions du grade supérieur
et de conserver ce grade après deux années passées
aux Zouaves. Les plus ardents, les plus braves du Corps expéditionnaire
furent choisis ; ils s'appelaient Duvivier, Canrobert, Leflo. Levaillant,
Bourbaki, Cavaignac, Ladmirautl, de Tourmel, Lamoricière... pour
ne citer que les plus illustres.
--------Les
Zouaves ne devaient pas tarder à donner des preuves de leur valeur
guerrière. A peine créés ils prirent une part glorieuse
à la première expédition de Médéah
où ils se montrèrent au combat du Col de Mouzaïa, les
égaux des plus braves. Cependant d'autres épreuves que les
dangers des combats les attendaient. Minés par les maladies et
les privations auxquelles ils avaient été soumis pendant
deux mois, les Zouaves rentraient à Alger dans les premiers jours
de l'année 1831, complètement épuisés. Les
indigènes se pliaient difficilement à nos règles
militaires ; leur recrutement, par suite, devenant difficile, une organisation
un peu différente s'imposait.
--------Elle
se fit sur la base d'un amalgame partiel de l'élément primitif
indigène et de l'élément français auquel on
fit une part plus considérable. Une foule de chercheurs d'aventures
venaient précisément de débarquer à Alger,
à la suite de nos troupes. Vite désabusés par les
réalités qui répondaient si peu à leurs rêves
de fortune facile, rebutés par la perspective d'un labeur ingrat,
beaucoup de ces pseudo-colons, pour la plupart anciens volontaires de
la Charte et combattants de juillet, s'empressèrent de troquer
la charrue contre le fusil et s'engagèrent aux Zouaves. Ils apportaient
avec eux toutes les qualités précieuses d'enfants de Paris
: bravoure, esprit inventif, gaieté irrésistible, verve
intarissable, qui allaient les aider à supporter les plus dures
privations.
--------Habilement
façonnés par les cadres remarquables qui surent les discipliner,
ces volontaires, à la tête un peu chaude;,, devinrent en,
peu de temps d'admirables soldats, audacieux jusqu'à la témérité.
industrieux et débrouillards, et, en toutes circonstances, soumis
et aveuglément dévoués à leurs officiers.
Bien vite, on apprit à redouter ces terribles adversaires, agiles,
souples et rusés, ce qui leur valut ce surnom de " Chacals
". dont les Zouaves devaient se glorifier par la suite.
--------Les
ordonnances royales des 9 et 21 mars 1831 consacrèrent officiellement
l'existence du corps nouveau qui allait comprendre, outre les deux bataillons
existants, deux escadrons de zouaves à cheval. Ces deux escadrons
cessèrent d'ailleurs d'en faire partie dès le mois de novembre
de la même année, pour entrer dans la composition d'un des
premiers régiments de chasseurs algériens, et devenir plus
tard les Spahis d'Alger.
--------Le
principe constitutif du corps avait été modifié en
ce sens qu'un seul des deux bataillons devait recevoir des indigènes,
l'autre devant être exclusivement composé de Français.
On en arriva même à fondre, en un seul, les deux bataillons
qui ne trouvaient plus à se recruter suffisamment. Rétabli
au mois de juillet 1831. Le 2è Bataillon fut de nouveau supprimé
par ordonnance royale du 7 Mars 1833, qui groupa les deux bataillons en
un seul à dix compagnies, dont 2 françaises et 8 indigènes.
Chaque compagnie indigène devait comprendre à son effectif,
12 Français.
--------Toutes
ces fluctuations dans l'organisation des zouaves témoignaient des
difficultés rencontrées dans le recrutement d'un corps qu'on
ne ménageait pas, qui se battait sans trêve aux postes les
plus périlleux et qui, plus qu'aucun autre, avait besoin d'être
à tout instant recomplété.
--------Les
Zouaves devaient trouver dans leur nouveau chef, le Commandant de LAMORICIERE,
un défenseur enthousiaste et convaincu, dont la vive et remarquable
intelligence s'appliqua à faire comprendre à tous la nécessité
de maintenir ce corps d'élite qui, sous ses ordres, devait atteindre
une si haute renommée.
--------Ce
brillant officier qui, pendant plusieurs années, personnifia le
corps des Zouaves, prit le commanderaient du bataillon le 1e janvier 1834.
Sa nomination fut accueillie avec joie. Tous les zouaves le connaissaient
pour l'avoir vu à l'oeuvre en maints combats. Il avait, comme créateur
et Chef du 1e" Bureau arabe, inauguré une politique ferme
et conciliatrice dont les heureux effets n'avaient pas tardé à
se faire sentir. Il inspirait à ses hommes, Français et
indigènes, une confiance illimitée, qui allait lui permettre
toutes les audaces, car il sentait qu'il serait toujours aveuglément
suivi.
--------A
peine en possession de son commandement, le Commandant Lamoricière
entre en campagne.
--------On
s'habitue à voir les zouaves prendre toujours la tête des
colonnes. L'intrépidité et l'élan dont ils donnaient
l'exemple aux autres troupes contribuèrent à les auréoler
d'un prestige sans cesse grandissant. L'expression " brave comme
un zouave " était devenue courante dans l'Armée d'Afrique.
Une première fois, Lamoricière obtint que leurs effectifs
fussent relevés. Le Corps fut reconstitué à 2 bataillons
dont il conserva le commandement avec le grade de Lieutenant-Colonel.
--------Grâce
à l'héroïsme déployé par les Zouaves,
le danger de licenciement dont ils étaient menacés put être
écarté. Le Général Valée ne put obtenir
que la suppression du 3è Bataillon récemment créé.
--------Lamoricière,
qui venait d'être promu Colonel, tout en restant à la tête
de ses Zouaves, plaida avec une chaleur persuasive la cause de ses vaillants
soldats. Il fut assez 'heureux pour obtenir le rétablissement du
bataillon supprimé.
Ii ne pouvait plus être question de supprimer ml corps aussi glorieux.
Le Maréchal Valée, cita les Zouaves à l'ordre de
l'Armée, une première fois, puis une deuxième, après
les opérations de ravitaillement de Milianah, à la suite
desquelles les Zouaves eurent la joie d'applaudir à la nomination
de leur chef au grade de Général.
--------Si
le a Père des Zouaves , Lamoricière, les quittait, ils avaient
du moins la satisfaction de le voir remplacé à la tête
du Corps des Zouaves, par le Colonel Cavaignac, le stoïque défenseur
du Méchouar de Tlemcen.
--------C'est
au cours d'une opération sur Milianah que le général
Bugeaud leur fit la remise du drapeau promis à leur vaillance.
C'était la récompense de onze ans de combats, d'efforts
et (le souffrances ; c'était surtout la consécration officielle
de leur existence comme corps régulier.
--------L'ordonnance
royale du 8 septembre 1841 allait préciser les détails de
leur organisation nouvelle licenciement fictif du Corps, création
d'un régiment de Zouaves à trois bataillons où ne
devaient plus être admis que des Français.
Les indigènes allaient donc disparaître progressivement.
On ne conserva plus que les plus anciens d'entre eux avant appartenu aux
unités licenciées, par égard pour les Services qu'ils
y avaient rendus..
--------Le
20 mars, le nouveau régiment, complètement constitué
et fort de plus de 4.000 hommes, était présenté au
Général Bugeaud.
--------Autour
des anciens zouaves étaient venus se grouper toute une élite
de volontaires provenant des autres régiments.
Ces nouveaux venus, aussi ardents, aussi enthousiastes, aussi épris
d'aventures que leurs devanciers, étaient avides de justifier par
leur prouesses le choix dont ils avaient été l'objet.
Ainsi composé, le Régiment de Zouaves ne pouvait que maintenir
intacte la haute réputation dont jouissait l'ancien Corps. "
Les Zouaves, écrivait alors le Commandant de St Arnaud,
c'est la Garde impériale d'Afrique, c'est la Vieille Garde.
"
--------De
1842 à 1852, l'organisation du Régiment ne subit aucune
modification. Toutefois, comme la zone d'opérations s'était
étendue aux trois provinces, les trois bataillons se dispersèrent,
des confins du Maroc aux frontières de Tunisie, apportant aux combattants
de l'Est, comme à ceux de l'Ouest et du Centre, l'appui de leur
coopération jugée indispensable et l'exemple entraînant
des vertus militaires qui les caractérisaient. Pendant cinq ans,
ils ne devaient pas se trouver une seule fois réunis. On les voit
avec Changarnier dans la vallée du Chéliff, avec le Duc
d'Aumale à la prise de la Smalah d'Abd-el-Kader, dans les gorges
du Djurdjura avec Ladmirault, leur Colonel, aux environs de Guelma avec
Randon, et de Tlemcen avec Bugeaud. Le 14 Août 1844, ils prennent
part à la Bataille d'Isly où ils repoussent les charges
répétées de la cavalerie marocaine. Enfin, de 1844
à 1848, ils rendent, inviolables, par une vigilance et une mobilité
jamais prise en défaut, les frontières du Maroc et sillonnent
la Province d'Alger jusqu'au jour de la soumission d'Abd-el-Kader.
--------Ils
en avaient à peine fini avec ces rudes adversaires qu'une insurrection
les appelait aux confins du désert. Les tribus des Zibans, fanatisées
par Bou Ziane, s'étaient révoltées et celles de l'Aurès
commençaient à s'agiter. Après des marches dures
et pénibles, exécutées en pleine épidémie
de choléra, les Zouaves arrivent au cur du pays insurgé.
Le siège et l'assaut mémorable de Zaâtcha. suivis
de la prise de Néhara, enlevée de haute lutte, prouvèrent
que les Zouaves de Canrobert. étaient demeurés les égaux
en audace de leurs devanciers de Constantine.
--------Après
une dernière campagne de 3 mois dans les Babors, les Kabyles vinrent
apporter leur soumission au Général Camou en disant : "
Nous acceptons, pour la paix, toutes les conditions que tu voudras
nous imposer, mais délivre-nous de tes chèvres de montagne.
qui ont la force et le courage du lion. "
--------Pour
reconnaître les services rendus, le Gouvernement se décida
à augmenter le nombre des régiments de Zouaves.
Le 13 Février 1852, sur la proposition du Maréchal de Saint
Arnaud, Ministre de la Guerre, le Président de la République
décréta la formation de trois régiments de zouaves.
Chacun des bataillons du régiment ancien devait devenir le noyau
d'un des trois corps de nouvelle formation, organisés sur le type
du régiment existant.
--------La
transformation de chaque bataillon en régiment se fit par l'incorporation
d'officiers, de sous-officiers et de soldats choisis dans les différents
corps d'infanterie de l'Armée d'Afrique, parmi les plus aguerris
et les plus méritants. Tous ces éléments disparates
s'amalgamèrent avec la plus grande facilité. Ce résultat
était dû aux fortes traditions dont étaient nourris
les Zouaves de l'ancien corps et à l'émulation féconde
qui stimulait l'ardeur (le tous dans l'accomplissement de devoirs acceptés
avec un réel et sublime enthousiasme.
***********
--------Pour traiter
en détail l'histoire du Corps, puis du Régiment de Zouaves.
il faudrait évoquer les campagnes d'Algérie ; il faudrait
entreprendre le récit de toutes les guerres du second Empire pour
relever les exploits des trois premiers régiments de Zouaves. Nous
nous bornerons, en passant en revue les campagnes auxquelles ils prirent
part, à signaler seulement les actions les plus mémorables
où ils furent mêlés.
--------La
Campagne de Crimée, où chacun des trois régiments
fut représenté par deux bataillons allait fournir aux zouaves
l'occasion de démontrer que leur liberté d'allure, leur
laisser-aller apparent pouvaient s'allier à une forte discipline.
Ils devaient donner raison à ceux de leurs chefs qui avaient affirmé
avant leur embarquement pour l'Orient, leur absolue confiance par ces
paroles que les événements confirmèrent : "
Sur tous les champs de bataille de la terre, les Zouaves se retrouveront
eux-mêmes ; ils étonneront le monde entier. "
--------Dès
l'Alma, les Russes devaient en faire la dure expérience. "
Ces Africains sont ivres ou fous ", s'écrièrent-ils
quand ils les virent escalader avec agilité une falaise à
pic et s'élancer avec une impétuosité déconcertante
à l'attaque de positions jugées par eux imprenables.
--------Cette
première épreuve confirma leur renommée. Dès
lors, l'admiration et le respect que les Zouaves imposèrent ce
jour-là à leurs ennemis ne firent que grandir à chaque
affaire de cette pénible campagne au cours de laquelle ils touchèrent
à l'apogée de leur gloire.
--------A
Inkermann, au Pont de Traktir, à la prise du Mamelon Vert, comme
à l'assaut de la "Tour de Malakoff, les Zouaves de tous les
Régiments rivalisèrent de bravoure et d'ardeur, mais l'énergie
indomptable qu'ils surent déployer au cours des mortelles fournée
de siège, la force d'âme avec laquelle ils endurèrent
les privations, les intempéries et les tortures d'une guerre atroce
firent plus pour leur renommée que l'héroïsme déployé
dans les combats.
--------C'est
au cours de cette légendaire campagne que naquit un nouveau Régiment
de Zouaves. La Garde Impériale venait d'être rétablie
par décret du 1er Mai 1854, la place des Zouaves s'y trouvait,
par avance marquée. Au mois de décembre de la même
année. l'Empereur décréta la création d'un
Régiment de Zouaves de la Garde. Ce régiment fut composé
d'officiers, de sous-officiers et (le soldats choisis parmi l'élite
des trois régiments de Zouaves, des six bataillons de chasseurs
à pied, et du régiment de tirailleurs, tous vétérans
d'Afrique, dont la valeur éprouvée en vingt combats trouvait
ainsi sa légitime récompense.
--------Lorsque
après la prise de Malakoff par le 1er Zouaves bientôt suivi
du 3è, Mac Mahon voulut avoir dans l'ouvrage une réserve
inébranlable, c'est aux Zouaves de la Garde qu'il fit appel. Ces
braves, en grande tenue, impassibles et serrant les rangs sous les boulets.
les bombes et la mitraille qui le décimaient, tinrent ferme cette
position fameuse, dont la prise livrait Séhastopol entre nos mains.
--------Quelques
mois plus tard, tandis que les débris des trois régiments,
de Zouaves passaient encore en Crimée un hiver bien pénible,
les Zouaves de la Garde faisaient leur entrée triomphale dans Paris.
Les acclamations frénétiques qui les saluèrent s'adressaient
aux représentants (le ces Zouaves qui venaient de remplir le monde
du bruit-de leur renommée.
--------Au
Printemps de 1859, les trois régiments d'Algérie et les
Zouaves de la Garde Impériale affectés à l'Armée
d'Italie, s'apprêtaient à recueillir, sur cette terre tant
de fois arrosée de sang français, une ample moisson de gloire.
--------C'est
le 3è Zouaves qui eut l'honneur de montrer, le premier, aux Autrichiens
leur légendaire uniforme. A Palestro, il bouscule une division
autrichienne ; par la soudaineté de l'attaque et les brillants
résultats de son intervention, il mérite l'honneur d'être
qualifié " d'INCOMPARABLE ".
--------A
Magenta, les Zouaves de la Garde se battent comme des lions pour la possession
du Pont de Magenta, tandis qu'accourait au canon le Corps de Mac Mahon,
dont l'arrivée dans le village allait assurer la victoire encore
douteuse.
--------En
tête de ce corps, marche le 2è Zouaves de la Division Espinasse.
Le Général voyant le danger qui menace nos batteries lance
les zouaves en avant. Ils repoussent les assaillants, s'emparent de leur
drapeau, pénètrent dans Magenta, attaquent et prennent d'assaut
les maisons du village que les troupes tyroliennes avaient transformé
en forteresse et vengent par le massacre de leurs défenseurs leur
Général qu'une balle autrichienne venait de frapper à
mort. La Croix de la Légion d'Honneur qui brille encore à
la hampe du drapeau du 2ème Zouaves fut la récompense de
tant de vaillance.
--------Le
1"' Zouaves devait avoir, lui aussi, ses journées de gloire,
l'enlèvement de vive force de Malegnano et de son château
l'égalait à ses émules ; à Solférino,
il devait consentir à nouveau de plus sanglants sacrifices pour
forcer la victoire, à laquelle il contribua si glorieusement avec
les Zouaves de la Garde.
--------Si
la guerre d'Italie, courte et fertile en actions brillantes, avait donné
aux Zouaves l'occasion de déployer à loisir leur "
furia " bien française, la Campagne du Mexique, où
chacun des trois régiments d'Algérie fut représenté
par deux bataillons, allait mettre à l'épreuve la solidité
de leur moral et exercer leurs qualités de patience et de courage
obstiné.
--------Après
le deuxième siège et la prise de Puebla qui vengeait notre
échec précédent et le combat de San Lorenzo, où
le drapeau du 3è Zouaves conquit, à son tour, la Croix de
la Légion d'Honneur, il leur fallut soutenir l'épreuve de
plus de quatre années de marches incessantes et de combats contre
les guérillas mexicaines qui les harcelaient sans trêve et
qui trouvèrent leur maître.
--------Préparés
par leur passé à la lutte de partisans, ils ne se démentirent
pas un seul instant et lorsqu'au mois de février 1867, ils remirent
à l'Armée de Maximilien la citadelle de Mexico, ils purent,
rentrer en Algérie le front haut et le coeur fier après
avoir ajouté à leurs faits d'armes anciens de nouveau titres
à la reconnaissance de la Patrie. La Guerre (le 1870-1871 allait
pour la première fois interrompre la série de leurs succès.
--------Détruits
à distance par une artillerie d'une puissance inconnue jusqu'à
ce jour, ils eurent rarement l'occasion de combattre face à face
avec leurs adversaires. Cependant, si leur mauvaise fortune fut constante,
ils surent donner d'irrécusables preuves de ténacité
et de courage. Leur esprit de sacrifice attesté par des pertes
cruelles n'avait jamais été plus digne d'admiration.
--------Affectés
au 1er Corps de l'Armée du Rhin, les trois régiments soutinrent
le premier choc de l'Armée prussienne. A Worth, c'est le 1er Zouaves
qui frappe les premiers coups en lisière de la forêt de Neuwiller.
Ce même jour, le 3""' Zouaves attache son nom à
la défense héroïque du bois de Niederwald. Enfin, lorsque
écrasé sous le nombre et contraint à la retraite,
le Corps de Mac Mahon commença son repli, c'est aux Zouaves des
1e et 2" régiments que le Commandant en Chef demanda un suprême
effort pour couvrir, à la fin de la journée, le mouvement
rétrograde de son armée.
--------Reformés
sous la direction de quelques officiers valides qui leur restaient, les
régiments de zouaves quittèrent à leur tour le champ
de bataille pour se rendre à Saverne et de là à Chàlons
; ils justifièrent dans cette situation cruellement nouvelle pour
eux, (le vaincus, leur vieille réputation de soldats accomplis,
en se montrant pendant la retraite, admirables de résignation,
(le fermeté, (le cohésion, (le discipline et d'attachement
à leurs chefs.
--------Après
s'être réorganisés et avoir comblé une partie
de leurs vides au moyen d'officiers et zouaves envoyés (les dépôts
d'Afrique, nous les retrouvons à Sedan, où ils comptaient
prendre leur revanche. Là encore, ils durent pendant presque toute
la journée, sous les coups (le l'artillerie prussienne qui les
décimait, attendre longtemps le moment (le combattre corps à
corps. Cependant le le Zouaves à Halan, le 2è à Bazeilles
trouvèrent l'occasion, au prix de coûteux sacrifices, de
faire sentir à l'ennemi la force et l'énergie désespérée
de leurs derniers coups.
--------La
capitulation allait mettre un terme à cette lutte inégale.
Si les Zouaves durent subir presque tous la terrible loi du plus fort,
ils eurent, (lu moins, la satisfaction (le voir leurs aigles échapper
à la captivité.
--------Ni
les drapeaux des trois régiments, ni celui des Zouaves de la Garde,
qui fut lacéré et partagé entre les Officiers et
Sous-officiers du Régiment le jour de la reddition de Metz et reconstitué
par les soins du 4è Zouaves, n'ont orné le triomphe des
vainqueurs.
--------En
ces sombres journées de deuil fut consommée l'agonie des
anciens régiments de Zouaves. Cependant le Gouvernement de la Défense
Nationale ne pouvait se résigner à consacrer leur entière
disparition. Les embryons des Compagnies demeurées en Algérie,
auxquels se joignirent les Zouaves sortis des ambulances, des engagés
volontaires et des anciens Zouaves appelés au service, renforcés
par l'appoint des isolés et de détachements entiers échappés
à la capitulation, ornèrent trois et bientôt quatre
régiment de marche.
--------C'est
ainsi que les Zouaves purent figurer honorablement dans les rangs des
armées (le la Loire et (le l'Est, dont les malheurs et les revers
ne peuvent faire oublier la belle attitude à Arthenay, à
Heaune-la-Rolande, à Joigny, à Villersexel, à Héricourt.
--------Un
autre régiment de marche, qui porta aussi le numéro 4, reconstitué
avec les débris des zouaves de la Garde Impériale, fit partie
de l'Armée de Paris, se battit à Champignv, où il
fut cité à l'ordre, et à Montretout, dernier épisode
du siège.
--------S'il
ne fut pas donné aux zouaves des régiments (le marche de
venger leurs aînés, ils soutinrent (lu moins noblement l'honneur
du corps et un des leurs, le sous-lieutenant Déroulède,
du 3"" de -Marche, put à bon droit immortaliser leur
courage dans des chants inspirés, empreints d'une mâle et
réconfortante fierté.
* * *
--------La Guerre
terminée, les Zouaves des régiments de marche furent, les
uns licenciés, les autres versés dans les dépôts
des anciens régiments hâtivement réorganisés
que rallièrent au fur et à mesure de leur arrivée,
les Zouaves rentrant de captivité.
--------En
1872, les régiments rejoignirent leur province d'origine ; le 4""'
constitué avec le 4'"e Régiment de marche de l'Armée
de Paris, tint garnison à,Alger. Ils y terminèrent leur
réorganisation conformément au décret du 24 Juillet
1871, qui rendait aux régiments d'infanterie la composition unique
de 4 bataillons à 4 compagnies qui fut celle des régiments
de zouaves jusqu'au 9 février 1899, moment où fut créé
un 5è bataillon stationné en France, à Rosny, pour
les 1er et 4è régiments, au Camp de Sathonay pour les 2è
et 3me
--------Enfin,
peu de temps avant la mobilisation générale de 1914 le nombre
de bataillons de zouaves fut porté à 6, même à
7 pour le 4"" régiment qui avait quitté Alger
pour Tunis.
* * *
--------Si au cours
de la longue période qui s'étend de 1870 à 1914,
l'organisation des zouave, n'a subi que des modifications insignifiantes,
si leur costume pittoresque est resté le même à peu
(le chose près. évoquant toujours pour les esprits non avertis
les prouesses légendaires des Zouaves de l'Empire, une profonde
transformation s'opérait néanmoins dans la composition de
cette troupe d'élite du fait (le son recrutement, au point d'altérer
sensiblement son caractère initial et de conditionner son emploi
nouveau.
--------Presque
tous les zouaves d'autrefois étaient des engagés volontaires
lorsque la loi appela dans leurs régiments les conscrits du contingent,
ces derniers n'y furent jamais qu'en minorité.
--------Ils
pénétraient dans un milieu spécial, dont l'influence
ne tardait pas à agir profondément sur leur esprit. Au contact
des héros dont les récits de la chambrée exaltaient
les faits d'armes, ces nouveaux venus sentaient s'éveiller dans
leur cur tous les instincts guerriers de la race.
--------Dans
l'atmosphère du champ de bataille -- car on se battait presque
sans trêve - le jeune appelé ne tardait pas à acquérir
les qualités militaires du professionnel. Cette assimilation, qu'y
favorisait d'ailleurs la longue durée du service, était
bientôt complète, et en tous temps, les régiments
(le zouaves renfermèrent avec une forte proportion d'éléments
aguerris, d'autres tout disposés à le devenir. Il n'en fut
plus de même après 1870.
--------Une
longue période de paix priva les régiments de vétérans
qui avaient fait campagne. Leur recrutement devint semblable en tous points
à celui des régiments d'infanterie de ligne. Les engagés
volontaires, dont le nombre diminuait de jour en jour, furent noyés
dans le flot des contingents d'appelés, et l'incorporation des
recrues d'Algérie qui ne faisaient qu'un an de service, les réduisit
de plus en plus, au régiment d'infanterie à costume oriental.
Bien que l'influence (les cadres restés excellents et la force
des traditions pieusement transmises aient continué à maintenir
leur esprit de corps, toute participation importante aux guerres coloniales
leur était interdite.
--------Il
est vrai que des zouaves firent partie de l'expédition du Tonkin
et se battirent fort honorablement à Hué. Ils n'y furent
toutefois représentés que par quelques compagnies. Nous
étions loin des effectifs importants de zouaves autrefois envoyés
au Mexique. D'ailleurs les zouaves d'Extrême-Orient furent prématurément
rappelés. On ne les employa ni au Soudan, ni au Dahomey, ni à
Madagascar. Pour envoyer un bataillon en Chine, réprimer l'insurrection
des Boxers, il fallut autoriser l'engagement spécial des réservistes.
Ils eurent cependant l'occasion de se faire brillamment remarquer au Maroc
de 19o; à 1914, pour leur entrain, leur endurance, au cours de
nombreuses colonnes, où en face d'un adversaire valeureux, ils
purent confirmer en toutes circonstances, une réputation déjà
bien établie.
LA PREMIÈRE GUERRE
MONDIALE (1914-1918)
--------La durée
imprévue de la Grande Guerre qui créa une ambiance favorable
à l'éclosion et au développement des vertus militaires
chez les mobilisés, allait permettre aux zouaves de retrouver dans
des circonstances analogues à celles qui avaient entouré
leur naissance, toutes les qualités de leurs aînés.
--------Les
régiments de marche, dont l'organisation était prévue
par le plan de mobilisation devaient comprendre en principe 2 bataillons
actifs et un de réserve.
Aussi avait-on choisi avec soin les réservistes parmi les anciens
zouaves qui avaient fait campagne au Maroc. Les plus jeunes d'entre eux
furent versés dans les bataillons actifs, les autres constituèrent
les bataillons de réserve des 1er, 2è, 3è et 4è
régiments de marche, des 2è et 3è régiments
bis de zouaves, des 1er et 2è régiments de marche d'Afrique.
--------
Seuls les 8è et 9è Zouaves formés avec des bataillons
en opérations au Maroc furent exclusivement composés d'unités
actives. Il en fut de même des deux régiments mixtes de zouaves
et tirailleurs organisés avec les deux bataillons (le zouaves restants.
Dès les premiers engagements, les bataillons (le réservistes
se révélèrent aussi solides au feu que le éléments
actifs et, après quelques semaines de campagne, il devint impossible
de discerner entre eux la moindre différence.
--------Les
Officiers qui ont eu la satisfaction de commander à ces superbes
soldats leur ont voué une admiration profonde et une reconnaissance
sans bornes.
--------L'histoire
des régiments de zouaves pendant la guerre 1914-1918, et les récits
des opérations auxquelles ils ont pris part ont été
publiés, après la campagne, dans les historiques de corps
qui ont ainsi vulgarisé leur merveilleuse épopée
de Charleroy à la Marne, de l'Aisne à Verdun, de la Somme
à la Victoire. A l'exception des 1e et 2è régiments
de marche d'Afrique qui s'illustrèrent en Orient, tous les Régiments
de marche firent partie de ces magnifiques Divisions africaines ( 37è
et 38è - 5è division marocaine.), dont l'arrivée
sur un point quelconque du front était toujours le signal d'une
recrudescence de lutte, de ces divisions, que dans son bon sens simpliste
le poilu bleu horizon appelait les " Divisions d'attaque " et
qui méritaient bien cette épithète non officielle.
Quoi qu'il en soit, les zouaves s'efforcèrent partout d'imiter
leurs anciens ; ils les égalèrent souvent, et parfois les
surpassèrent.
--------Les
drapeaux de leurs régiments purent, au jour de la fête de
la Victoire, montrer avec fierté au peuple de Paris, les insignes
des récompenses dont la reconnaissance du pays les avait revêtus.
Croix, médailles, fourragères aux couleurs de la Légion
d'Honneur ou de la Médaille Militaire, attesteront longtemps la
vaillance, l'héroïsme, l'esprit de sacrifice des zouaves de
la Grande Guerre.
* * *
--------Après
la cessation victorieuse des hostilités, les Régiments de
Marche des Zouaves, fiers de leurs exploits, rentrèrent successivement
en Afrique du Nord, où ils devaient être dissous pour reformer
les Régiments d'origine. Le nombre de ces derniers fut porté
à six au lieu de quatre d'avant-guerre, avec affectation : le 1er
à Casablanca, le 2è à Oujda, le 3è à
Constantine, le 4è à Tunis, le 8è à Oran,
et le 9è à Alger
--------Après
avoir brillamment participé en 1925, sous la forme d'un régiment
de Marche aux opérations du Riff marocain, les régiments
de Zouaves ramenés à 3 bataillons occupaient en 1939 les
mêmes garnisons d'origine, tandis que le 8- avait rejoint le Camp
de Mourmelon où il devait servir de Régiment d'expérimentation
pour les matériels nouveaux de l'Armée française.
LA DEUXIÈME GUERRE
MONDIALE (1939-1940)
--------La politique
de domination allemande devait, le 3 septembre 1939, entraîner la
France dans une deuxième guerre européenne. Une variante
d'une importance qui ne devait pas être négligée dans
le domaine international et qui compliqua notre action générale,
nécessita pour l'Afrique du Nord, la mise en place d'un dispositif
particulier en Tunisie. C'est ainsi que les 3è, 1e 4è et
9è Zouaves étaient appelés aussitôt à
monter la garde sur la ligne Mareth, tandis que le 2è Zouaves partait
pour la Syrie.
--------Le
8è Zouaves de Mourmelon entrait dans la composition de la 12è
D.I. motorisée et lors de l'offensive de printemps, après
avoir combattu en Belgique, il devait participer à la défense
de Dunkerque. Écrasé sur les jetées du port, après
avoir accompli sa mission, il brûlait son drapeau dont un seul lambeau
est pieusement conservé au Musée de l'Armée.
--------Le
1er Régiment de Zouaves s'est également montré au
cours de la campagne de France de mai-juin 1940, digne de son passé
riche de gloire et de ses traditions héroïques. Sur le front
de Lorraine, du 12 au 17 niai 1940, après avoir résisté
avec la dernière énergie et au prix de lourds sacrifices
au choc de l'attaque allemande, sur les avancées du secteur de
la Sarre à Kerhach, au Bois Ermerich, à Cadenbronn, il était
engagé le ro juin, dans la montagne de Reims, où il devait
disputer pied à pied le terrain à un ennemi très
supérieur en nombre et puissamment appuyé par ses chars,
son artillerie lourde et une aviation maîtresse du ciel.
--------Replié
par ordre au sud de la Marne, il continuait de combattre le 14 juin, aux
marais de St-Gond, puis le 15, à Courcemain et à Mery-sur-Seine,
et le 16 à Troyes, jusqu'au moment où dans une lutte sans
cesse plus inégale contre un adversaire dont les engins blindés
le débordaient et le prenaient à revers, il était
submergé et écrasé sous le nombre.
--------Les
3è , 4è et 9è Zouaves quittant la Tunisie devaient
à leur tour, aller se battre sur le front principal
--------Le
9è Zouaves (87è D.I.) parti fin 1939, après un séjour
en Lorraine, était, dès l'offensive générale
ennemie, en position sur l'Ailette où il eut à supporter
le poids d'une attaque massive. Jusqu'au 25 juin 1940 ; il combattit pied
à pied sur l'Aisne, à la ferme Pouy, à Taillefontaine,
à Crépy-en-Valois. L'étreinte ennemie le trouva en
position sur la Vienne invaincu et toujours prêt au combat, forçant
l'admiration de l'ennemi.
--------Le
3è Zouaves (85è D.1.) lutta sans répit de Beauvais
à Angerville (N.-O. d'Orléans) où il devait succomber
écrasé après avoir sauvé son drapeau et infligé
des pertes sévères à l'ennemi, dans une longue et
pénible randonnée.
--------Le
4è Zouaves (84m" D.I.) ayant pendant 6 jours interdit le passage
de la Seine à un ennemi puissant, devait ensuite lutter vaillamment
dans une retraite de 500 kilomètres, pour tomber décimé
à l'Armistice, non sans avoir héroïquement couvert
le repli de la division.
--------Ce
court résumé permet d'affirmer que partout où il
y eut de l'héroïsme à déployer, des sacrifices
à exiger, partout où il y eut (le la gloire à gagner,
les Zouaves de 1940, justifiant leur belle réputation se montrèrent
dignes de leurs anciens. De nombreuses citations individuelles sanctionnèrent
ces actes de bravoure, tandis que des nouvelles palmes devaient auréoler
leurs drapeaux.
GUERRE DE 1942-1945
--------Les régiments
ale Zouaves après différentes transformations dans l'armée
de l'Armistice et ramenés pour la plupart à deux bataillons
occupaient en 1942 les garnisons suivantes
--------1er
ZOUAVES Casablanca
--------2ème
ZOUAVES Oran (transformé en régiment mixte, Zouaves et Tirailleurs)
--------3è
ZOUAVES Constantine (transformé en régiment mixte, Zouaves
et Tirailleurs) ;
--------4è
ZOUAVES Tunis (transformé en régiment mixte, Zouaves et
Tirailleurs) ;
--------9è
ZOUAVES Alger (avait été dissous en 1940 pour être
reconstitué au début de 1943).
--------Le
8è Zouaves dissous n'a pas été reconstitué
par l'Armée de l'Armistice ; (il reprendra son écusson en
mai 1945).
TUNISIE 1942-1943
--------Les jours
de gloire sont revenus...
--------C'est
sur le sol tunisien, face à un ennemi puissant, que les zouaves
allaient encore se distinguer.
-------- Le
4è Zouaves reçut le choc de l'ennemi à M edjez-et-Bab
le 19 novembre 1949, et après sa reconstitution en Algérie
il devait ensuite participer aux opérations jusqu'à la libération
générale.
--------Le
3è Zouaves engagé dès le ii novembre devait rapidement
participer à des opérations de guerre et connaître
ensuite pendant sept mois des épreuves de toutes sortes au cours
d'un hiver rigoureux, en face d'un ennemi toujours fougueux.
--------Le
9è Zouaves, allait également renforcer les éléments
opérant en Tunisie. Les noms de Medjezel-Bab, de Sbeitla, de Pichon,
la marche victorieuse sur Tunis, furent autant d'étapes glorieuses
toutes jalonnées par le sacrifice de l'Armée d'Afrique,
encore une fois victorieuse, alors que sommairement équipée,
elle avait eu à lutter contre un ennemi puissamment armé.
--------Dans
ce palmarès d'honneur les Zouaves eurent une première place.
LA VICTOIRE
--------
Les régiments de Zouaves. dans les rangs de l'Armée
d'Afrique toujours sur la brèche se devaient de participer à
la victoire finale.
--------Après
avoir subi en Algérie de profondes transformations, reçu
un matériel et un équipement modernes, les 1"2m 3m"
Zouaves entraient dans la composition de la 1ère D.B., avec affectation
aux 3è Combat Command " (nom Américain) correspondant
à trois groupements tactiques motorisés. Débarqué
à St-Tropez le 15 août 1944, c'est ensuite la merveilleuse
et victorieuse randonnée qui, des rives de la Méditerranée
devait conduire la 1è D.B. jusqu'au cur de l'Allemagne, sur
les bords du Danube et aux pieds des Alpes bavaroises et autrichiennes.
--------Cette
magnifique épopée ne se jalonne que de victoires : Toulon,
Marseille, St.-Étienne, Lyon, Chalon-sur-Saône, Dijon, Langres,
puis harcelant l'ennemi, ce sont les durs combats dans les Vosges, en
Alsace, ceux de Mulhouse, de Colmar, puis après avoir franchi le
Rhin c'est l'irrésistible chevauchée vers la Forêt
Noire, le Danube pour s'arrêter au pied de l'Autriche et assister
le 7 mai 1945 à l'effondrement de l'orgueilleuse et puissante Wermacht.
--------Le
4è Zouaves, ayant rejoint à son tour le sol métropolitain,
était dirigé sur le front de l'Atlantique, où il
avait participé brillamment à la liquidation des poches
tenues par l'ennemi à la Pointe de Grave, à Royan, à
la Rochelle.
--------Le
9è Zouaves, après avoir été envoyé
en souveraineté en Corse, débarquait lui aussi en France
et dès novembre 1944, rattaché à la 9è D.B.
il participait aux brillantes opérations de la 1è Armée
française qui par Belfort et Mulhouse le conduisaient victorieusement
au Danube, puis au lac de Constance.
--------Le
8è Zouaves n'avait pas été reconstitué par
l'Armée de l'Armistice ; c'est en mai 1945, que par décision
ministérielle le 7è bataillon de défense des côtes
du Nord, un des maquis constitué dans les Landes bretonnes prenait
la dénomination du 1er Bataillon du 8m" Zouaves, tandis qu'un
autre bataillon F.F.I. donnait naissance au 2è/8è Zouaves.
--------Les
Zouaves de 1944-1945 une fois encore vainqueurs, ont vengé l'affront
de 1940 Ils ont eu la joie de voir flotter fièrement nos drapeaux
et étendards sur le sol allemand. Ils ont eu le grand honneur de
voir les drapeaux de leurs régiments s'auréoler de gloire
nouvelle, tandis que des palmes supplémentaires venaient alourdir
le ruban de leur Croix de guerre. Ils ont eu l'insigne privilège
de défiler dans Berlin le 14 juillet 1945 et de rendre les honneurs
à nos Trois couleurs victorieuses, tandis que leur musique faisait
vibrer leurs curs, aux accents (le la Marseillaise.
*******
-------- Et maintenant...
--------Si
aujourd'hui le calot rouge a remplacé la chéchia, si le
blouson kaki a remplacé le boléro, l'esprit " Zouave
" est toujours remarquablement entretenu par les unités ayant
survécu à la nouvelle organisation de l'Armée, gardienne
(les traditions et fières de la garde du drapeau.
--------Nous
les retrouvons ayant cependant subi des modifications de structure
--------Le
2è ZOUAVES à Oran ;
--------Le
3è ZOUAVES à Philippeville ;
--------Le
4è` ZOUAVES à Tunis
--------Le
8è ZOUAVES Rabat ;
--------Le
9è ZOUAVES à Alger.
(Le 1er Zouaves dissous a formé un bataillon de Chasseurs à
pied).
--------Héritiers
d'un passé prestigieux, fiers à juste titre de leurs Régiments
aux emblèmes auréolés de gloire, les Zouaves d'aujourd'hui,
enthousiastes et résolus, comme ceux d'hier, vivifiés par
un inaltérable esprit de Corps, sauront, pour les tâches
de demain, maintenir bien haut la magnifique renommée acquise par
les aînés, en vue de nouveaux exploits, pour que...
............................................VIVE LA FRANCE.
Lieutenant-colonel
GELEZ, en retraite.
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