EXPOSE GÉNÉRAL.
--------La
lutte contre les érosions sous toutes leurs formes et spécialement
contre les érosions pluviales constitue l'objectif essentiel des
travaux de défense et restauration des sols.
--------Cette
défense revêt un caractère d'impérieuse nécessité
car les désastres consécutifs au progrès des érosions
se précisent et s'aggravent d'année en année, à
une cadence croissante pour prendre un caractère catastrophique
chaque fois que des pluies torrentielles sont enregistrées dans
une région donnée.
--------Le
capital foncier de terre végétale,, déjà fortement
entamé, ne suffit plus aujourd'hui à nourrir une population
qui s'accroîtà un rythme accéléré. Aussi
l'appauvrissement du sol nourricier, dû aux érosions, crée-t-il
à lui seul une menace redoutable. `
--------Il
s'aggrave de toutes les conséquences directes d'un ruissellement
sans frein sur des bassins versants dénudés. Les crues deviennent
soudaines et d'une violence extrême. Les eaux boueuses chargées
des matériaux arrachés sur les pentes engravent les thalwegs,
envasent les grands barrages dont la capacité de retenue diminue
rapidement, coupent les ponts, les voies ferrées et les routes,
interrompent la circulation, envahissent dans la plaine les terres de
cultures, ensablent les ports qui doivent être périodiquement
dragués à grands frais, endommagent les villes, agglomérations
ou habitations isolées, détruisent des animaux domestiques
et provoquent souvent des pertes de vies humaines.
--------En
bref, les dommages causés par les érosions elles-mêmes
et les phénomènes qui en découlent entraînent
des pertes irréparables. Les progrès de ce fléau
sont si graves qu'ils achemineraient rapidement le pays vers la famine
et la ruine, s'il n'y était porté remède.
L'ACTION ENTREPRISE.
- Principes de base suivis
par le Service. -
--------Cinq millions
d'hectares sont à protéger contre les érosions. La
défense correspondante peut être évaluée à
200 milliards. Elle ne saurait être supportée en totalité
par le budget de l'Algérie. Aussi le succès de l'uvre
dépend-il pour une grande part de la contribution financière
des Collectivités locales et des particuliers.
--------Le
premier travail qui s'impose à l'Administration est de déterminer
les périmètres de restauration où les travaux à
caractère d'utilité publique doivent être entrepris
sans délai, qu'il s'agisse de la protection d'une ville, d'une
voie ferrée, d'un réseau routier, de terrains de culture
en plaine contre l'inondation, d'un barrage-réservoir contre l'envasement,
d'un port contre l'ensablement..
--------En
raison même de leur caractère obligatoire, ces travaux sont
à financer par le, budget de l'Algérie. Mais ils doivent
avoir une valeur d'exemple afin d'amener l'homme de la terre, qu'il soit
paysan ou fellah et les collectivités locales, à rechercher
l'aide technique du Service de la D.R.S pour consolider et favoriser leurs
propres propriétés.
- les réalisations de 1942, ,début
des travaux, à fin 1951.
--------La mise
au point des techniques a nécessité une phase d'expérimentation
qui a duré de 1942 à 1946. Ces travaux
ont pris corps en 1947 lorsque lés méthodes de traitement
ont été adaptées aux conditions-physiques et humaines
du pays : elles consistent essentiellement dans l'exécution sur
les terrains en érosion où menacés par les érosions
de réseaux de banquettes qui freinent et disciplinent le ruissellement,
tout en canalisant le trop-plein des eaux vers les thalwegs voisins protégés
à l'aide de seuils et barrages. Au surplus, chaque fois que les
circonstances locales l'ont permis, des plantations-d'arbres fruitiers
et fourragères ont été installées sur le bourrelet
des banquettes.
--------Leur
mise en oeuvre a mis en lumière la nécessité d'avoir
recours à des moyens mécaniques puissants : tracteurs, à
chenilles, spécialement équipés, niveleuses automotrices.
rooters ou rippers, défonceuses, groupes compresseurs.
--------A
la fin de. 1951, le bilan des travaux pouvait s'analyser ainsi qu'il suit
:
--------33.000
ha étaient traités dans les périmètres, savoir
:
---------
15.000 ha dans les périmètres de protection de 13 barrages.
---------11.400
ha dans les périmètres de protection contre l'inondation
de villes, voies ferrées, réseaux routiers, terres de culture
situées à l'aval.
--------6.100
ha dans les périmètres de protection de trois ports (Nemours,
Béni-Saf, Arzew).
---------8.000
ha hors périmètres dans les terrains domaniaux. communaux
et les S.A.R.
--------Au
surplus, les travaux de démonstration avaient porté sur
11.000 hectares de terrains particuliers."
--------90
hectares de pépinières avaient été créés
et équipés et étaient susceptibles de produire 3.100.000
plants forestiers et 523.000 plants fruitiers par an.
--------Enfin,
le parc des engins mécaniques mis en oeuvre comprenait
---------109
tracteurs de 40 à 120 CV avec équipements spécialisés.
---------14
tracteurs à chenilles d'entretien de 20 à 35 CV.
--------- 8
tracteurs à roues pour le travail des pépinières.
---------8
niveleuses automotrices.
---------9
compresseurs.
Réseau
de banquettes de restauration dans le bassin versant de l'Oued-el-Kebir
(atlas blidéen)
|
-------Les
travaux en 1952
-------
-Volume des crédits.
--------Compte
tenu des crédits de report et des blocages intervenus au cours
de l'exercice, les crédits mis à la disposition du Service
de la D.R.S. se sont élevés à :
---------704
millions pour les travaux proprement dits de défense et restauration
des sols;
---------32
millions pour l'aménagement des pépinières ;
---------201
millions pour les acquisitions de matériels spécialisé;
--------Total
: 937 millions.
-Réalisations
--------L'action
de protection s'est poursuivie activement dans les périmètres
C'est ainsi qu'au cours de 1952:
---------4.900
hectares auront été traités dans les bassins versants
de 14 barrages, 8.700 hectares dans les périmètres de protection
des villes, voies ferrées, réseaux routiers, terres de culture
en plaine contre l'inondation, 1.400 ha dans les périmètres
de protection des ports contre l'ensablement.
--------En
définitive, la surface protégée se sera accrue de
15.000 hectares dans les périmètres au cours de l'exercice.
--------Hors
périmètres, l'action entreprise en collaboration avec les
collectivités locales et les S.A.R. aura permis de traiter 4.000
hectares. -
--------Quant
au travaux de démonstration sur les terrains particuliers à
restaurer, ils auront porté sur 3.500
hectares.
--------La
surface des pépinières sera portée à 105 hectares
et la production annuelle à 3.700.000 plants forestiers et 900.000
plants fruitiers. -
--------Le
parc s'est enrichi de :
---------30
tracteurs de plus de 40 CV avec équipements spécialisés.
.
--------I
tracteur à chenilles de 32 CV.
--------1
tracteur à roues.
--------4
niveleuses automotrices.
--------1
groupe compresseur.
|
-------
|
-Prix de revient.
--------L'analyse
du prix de revient moyen par hectare traité de 1947, époque
à laquelle les techniques nouvelles ont été mises
au point, à 1952 inclus, fait apparaître les chiffres suivants,
compte tenu des frais d'amortissement des matériels mis en oeuvre
:
--------1947 : 28.300
Fr/Hectare -
--------1948
: 35.400
--------1949
31.700 -
--------1950
88.400 -
--------1951
36.700 - -
--------1952
: 37.300 -
--------Or, durant
cette même période le prix moyen de la journée de
l'ouvrier agricole est passé de 137 francs à 316 francs.
--------Ainsi
donc, de 1947 à 1952, le prix de revient moyen par hectare traité
n'a augmenté que de 31 % alors que l'accroissement du prix de la
main d'oeuvre atteignait 130 %.
--------Un
tel résultat met en lumière, de manière particulièrement
saisissante, l'influence déterminante de là mécanisation
des chantiers sur l'abaissement des prix de revient.
TRAVAUX PROJETÉS
EN 1953.
---------
Volume dos crédits.
--------En
tenant compte des moyens de financement susceptibles d'assurer, la couverture
de la tranche du plan d'équipement de l'exercice prochain, le montant
des crédits réservés pour l'exécution de travaux
de D.R.S. peut s'analyser ainsi qu'il suit :
--------Travaux-
de D.R.S. proprement dits 690 millions
--------Pépinières
25 millions
--------Matériel
: 220 millions
--------Total
935 millions
--------Dans
cette, hypothèse, le volume global de crédits sera donc
essentiellement identique à celui dont le Service a disposé
en 1952.
---------
Réalisations escomptées.
---------
18.000 hectares protégés dans les périmètres,
2.500 hors périmètres, 3.500 à titre de démonstration
dans les terrains particuliers;
---------
120 hectares de pépinières en état de produire chaque
année 4.000.000 de plants forestiers et 1.000.000 de plants fruitiers.
---------
Acquisition de :
---------21
tracteurs lourds de 45 à 140 CV avec, équipements spécialisés
;
--------8
tracteurs d'entretien de 32 CV ;
--------2
niveleuses automotrices
--------2
groupes. compresseurs..
---------Répercussion
des travaux sur le vie du pays.
--------Les
résultats observés dans les bassins versants traités
peuvent être analysés succinctement comme suit :
---------
arrêt des érosions destructrices des sols et cicatrisation
des plaies anciennes;
---------
rétablissement de l'équilibre naturel des terres sur les
pentes ;
---------reprise
de la genèse pédologique augmentant progressivement leur
valeur agricole, là où un ruissellement excessif avait autrefois
lessivé ou même arraché par lambeaux le sol végétal;
---------
régularisation du régime des oueds et des rivières
sous tous ses aspects, caractérisée notamment par un écoulement
d'eaux claires. ou peu chargées en matériaux solides, l'arrêt
des charriages, le retour à un profil d'équilibre du thalweg,
l'atténuation et l'étalement des crues qui se traduisent
par une diminution des: débits de pointe ;
---------
protection contre le colmatage des barrages-réservoirs, l'ensablement
des ports, la rupture des voies de communication, les alluvionnements,,
les inondations des cultures et des agglomérations ;
---------
accroissement très sensible des possibilités de 'production
agricole, forestière, pastorale, et partant amélioration
des conditions de vie des populations montagnardes dont l'avenir était
gravement menacé par la ruine progressive des pentes.
--------Ainsi,
donc, en contrepartie de dépenses relativement modestes, les travaux
de D.R.S. apportent des avantages substantiels sur le plan général
qui se traduisent notamment par :
---------
la préservation d'ouvrages publics parfois de grande valeur (barrages,
Ponts, routes) et la suppression de frais élevés qu'entraîneraient
leur reconstruction, leur réparation ou leur remise en état;
---------
l'arrêt des pertes irréparables de terres végétales,
qui éloigne le spectre de la disette ;
---------
la possibilité accrue de production végétale, et
animale, par la mise en valeur des terrains protégés, notamment
dans les montagnes surpeuplées ;
---------
la suppression d'indemnités ruineuses en cas de calamités
provoquées par les inondations ou les récoltes déficitaires.
CONCLUSION.
--------Il est donc
maintenant démontré que là où ils sont réalisés
les travaux de D.R.S. ont pour effet immédiat non seulement d'arrêter
l'évolution régressive des sols et ses conséquences
désastreuses, mais de lui substituer une évolution progressive,
favorable à l'intérêt général et aux
'intérêts particuliers.
--------Mais,
en dépit des. résultats acquis, l'accélération
de la dégradation des sols l'emporte encore de loin sur l'efficacité
des mesures prises pour conserver le patrimoine de ce pays. --------Or,
la comparaison des crédits de 1952 avec ceux prévus pour
1953 qui sont sensiblement identiques, fait craindre. une stagnation dans
l'effort. Dans la course engagée contre les progrès des
érosions dont la vitesse augmente, il faudrait au contraire redoubler
d'efforts.
--------Pour
gagner la partie dont l'enjeu est l'avenir de l'Algérie, ce n'est
pas 22.000 hectares de terre qu'il convient de protéger chaque
année, mais au moins 50.000 hectares.
--------Toute
année perdue pour atteindre cet objectif de première urgence,
ne fait que reculer l'ére où le fléau des érosions
qui acheminent le pays vers la ruine et la famine pourra être considéré
comme surmonté.
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