Etat actuel - Perspectives
d'avenir
--------"
Un pays dont la production agricole est insuffisante
pour nourrir sa population n'est pas libre. "
E. ROUX.
--------La
découverte de la vocation fruitière de l'Algérie
est de date assez récente, vingt ans à peine. Certes, le
pays se consacrait, depuis des siècles, à la culture des
fruits et ses olivettes étaient déjà célèbres
sous l'empire romain. La venue des Français avait donné
naissance à un courant d'exportation qui n'avait cessé de
s'amplifier depuis un demi-siècle. Mais la production était
restée modeste, eu égard au trafic mondial, alors qu'une
exploitation judicieuse des conditions naturelles de cette contrée
en eût fait l'un des plus beaux vergers du globe.
--------En
Algérie, une sécheresse implacable a, de tous temps, rendu
fort aléatoire la production des plantes annuelles. Les céréales
ne parviennent pas toujours à franchir le cap redoutable du début
de l'été, les pâturages s'assèchent et des
famines périodiques décimeraient la population, si des cultures
à rendements plus réguliers ne venaient pallier des humeurs
d'un climat fantasque.
--------C'est
l'arbre qui constitue la richesse la plus sûre des pays à
climat sec. Grâce à la puissance de son enracinement, il
brave les étés les plus torides. L'olivier n'a-t-il pas
pris pied aux portes mêmes du désert ?
--------C'est
encore l'arbre qui paye le plus généreusement l'eau des
barrages. Les 4.000 hectares d'orangeraies de Perrégaux sont là
pour en témoigner.
--------En
présence de tels exemples, peut-on douter d'une prédestination
naturelle de notre pays, qui offre à l'arboriculture les perspectives
les plus engageantes ?
ETAT ACTUEL DE LA PRODUCTION.
--------A
la veille des résultats d'un recensement mondial, qui a placé
au service de la Statistique des moyens dépassant de loin ceux
qui ont été mis en oeuvre jusqu'ici, on ne peut donner que
des ordres de grandeur qui recevront, dans les années à
venir, les ajustements nécessaires.
--------C'est
sous cet angle qu'il faut considérer les évaluations du
tableau 1.
--------La
valeur de la dernière récolte fruitière d'Algérie
(1951), peut être estimée à près de quinze
milliards de francs à la production, ce qui classe l'arboriculture
après les céréales et la vigne. (Chacune de ces cultures
représente cinquante milliards de francs environ).
--------Les
envois de fruits outre-mer se sont montés à près
de 11 milliards de francs, valeur en douane, en 1951, soit plus de 8%
du total des exportations.
--------C'est
dire l'importance actuelle de l'arboriculture dans l'économie algérienne.
Une revue des principales espèces situera plus exactement la place
occupée par les vergers.
OLIVIER.
--------L'olivette
algérienne possède 8.500.000 arbres en rapport, dont la
rnoitié se trouve rassemblée dans les Kabylies, le plus
souvent sous la forme de forêts plutôt que de vergers. Il
faut aller en Oranie pour trouver de grandes plantations régulièrement
entretenues. C'est dans cette région que se situe une industrie
de conserve très réputée.
--------Les
deux tiers des oliviers se trouvent entre les mains de cultivateurs musulmans.
--------Bien
que les statistiques accusent une augmentation régulière
du nombre des arbres, la production a tendance à régresser,
en raison de l'état d'abandon de trop nombreuses plantations. La
concurrence de l'huile de graines qui se manifestait avant la guerre est
l'une des causes principales de cette regrettable désaffection.
FIGUIER.
--------La
Kabylie groupe la grosse majorité des figueraies algériennes
et monopolise un commerce d'exportation dont le record a été
marqué en 1947-48 avec 368.000 quintaux de figues séchées.
La propriété est essentiellement musulmane et son développement
a été favorisé pendant la guerre par la pénurie
des matières alimentaires.
--------A
l'heure actuelle, la concurrence étrangère recommence à
se faire sentir, le consommateur devient exigeant et la chute des cours
se manifeste d'une façon particulièrement brutale.
DATTIER.
--------Il
faut distinguer la datte Deglet-Nour qui alimente le commerce d'exportation
et e constitué jusqu'à ces dernières années
un monopole algéro-tunisien, et les dattes communes qui suffisent
à peine à la consommation locale.
--------L'aire
culturale de la datte Deglet-Nour est limitée aux oasis du sud
constantinois. De 1901 à 191.0, à peine 30.000 quintaux
de fruits étaient exportés chaque année. De 1920
à 1930, le trafic portait sur 110.000 quintaux. Aujourd'hui, le
potentiel de ventes à l'extérieur s'élève
à 200.000 quintaux.
--------Les
dattes communes font l'objet d'importations et d'exportations qui s'équilibrent
sensiblement.
--------En
dehors de quelques sociétés européennes qui exploitent
des palmiers Deglet-Nour (100.000 palmiers sur 660.000) la plupart des
dattiers de variétés communes appartiennent aux autochtones.
--------Les
plantations nouvelles sont fonction de la découverte de ressources
en eau. Une nappe récemment mise en exploitation entre Ouargla
et Gnardaia suscite de grands espoirs.
AGRUMES.
--------Cette
culture se distingue des précédentes par son dynamisme et
la nature de la propriété, qui est essentiellement européenne.
Les surfaces ont triplé depuis une vingtaine d'années, l'exportation
a pris un essor remarquable. Limitées aux environs de 200.000 quintaux
de 1930 à 1935, les expéditions atteignent aujourd'hui 1.600.000
quintaux, soit 8 fois plus et ''onstituent l'une des principales ressources
du commerce extérieur de l'Algérie.
--------Près
de la moitié des cultures se situe dans un rayon de 50 km au Sud
d'Alger, mais de nombreuses orangeraies se sont créées,
un peu partout et, notamment, dans les périmètres desservis
par les grands barrages de retenue.
--------Le
rythme des plantations s'est encore accru au cours des deux dernières
saisons et l'on peut estimer que l'Algérie produira d'ici peu un
tonnage sensiblement égal à celui que consommait la France
avant la guerre.
VIGNE A RAISIN DE TABLE.
--------Les
chasselas dorés de primeur de la région ouest d'Alger alimentent
à eux seuls le commerce d'exportation. --------Malheureusement,
la difficulté de reconstituer les plantations en sables maigres
ayant déjà porté de la vigne et la rareté
des terrains neufs menacent dangereusement l'avenir de ce vignoble, qui
fait vivre de nombreux petits propriétaires, d'origine européenne
pour la plupart.
AMANDIER.
--------L'Oranie,
puis le département d'Alger, groupent la majeure partie des plantations,
dont les trois quarts appartiennent à des européens. Trop
souvent négligé, l'amandier, malgré sa rusticité
bien con-nue, né donne pas toujours des rendements normaux Aussi
l'Algérie ne compte-t-elle guère parmi les exportateurs.
PRUNIER.
--------On
cultive principalement le prunier japonais qui a permis d'expédier
annuellement jusqu'à 80.000 quintaux de fruits sur la Métropole.
Depuis 1939, les expéditions ont considérablement baissé.
Les piantations sont ravagées par un insecte souterrain, le capnode,
et une invasion de pou de San José a provoqué des mesures
de protection sanitaire, à l'entrée en France, qui entravent
les envois.
--------Les
vergers, européens pour les 4/5, sont massés au voisinage
des ports.
ABRICOTIER.
--------Cette
culture a pris une certaine extension depuis une vingtaine d'années,
mais les plantations sont freinées à présent par
les ravages du capnode. On rencontre l'abricotier dans les vallées
intérieures chaudes du Nord, en culture européenne, principalement.
Le Chélif, avec son climat brûlant, apparaît comme
sa zone de prédilection. Dans le sud, cette espèce fait
l'objet de cultures importantes, essentiellement indigènes. Ce
sont les oasis du versant désertique de l'Atlas saharien qui possèdent
les plus beaux vergers. Ceux de Messaad, de M'Sila et des vallées
de l'Aurès sont à citer.
--------Un
courant d'exportation ascendant se manifeste en fruits de primeur. L'industrie
traite une quantité notable de produit.
DIVERS.
--------Nous
venons de passer en revue les principales espèces fruitières
cultivées en Algérie. Les quatre premières, olivier,
figuier, dattier et agrumes, réunissent 86% de la totalité
des arbres et 90% des surfaces. Les autres, vigne, amandier, prunier et
abricotier forment plus de la moitié du reste. C'est dire que les
espèces suivantes n'ont qu'une importance économique fort
réduite.
--------Le
néflier du Japon, dont le fruit arrive à une époque
creuse, en avril-mai, est de plus en plus cultivé. L'extension
du pêcher a été stoppée par les dégâts
de la cératite qui n'épargne que les produits de première
saison. Celle des arbres à fruits à pépins, poirier,
pommier, est gênée par des conditions de climat souvent défavorables.
Le cerisier ne se plaît qu'en altitude où il fait l'objet
de quelques cultures indigènes. Les caroubes, produites en Kabylie,
alimentent un courant d'exportation assez irrégulier.
AVENIR DE LA PRODUCTION FRUITIERE.
--------D'après
les statistiques, le chiffre de ta population algérienne double
tous les cinquante ans. Compte tenu de l'amélioration désirable
du niveau de vie, on peut conclure que notre production agricole devrait
atteindre, en l'an 2.000, le triple de sa valeur actuelle, pour nourrir
convenablement le pays.
--------Afin
de résoudre cet angoissant problème, la génération
naissante devra faire appel à tous les progrès de la science
agricole. Mais ses efforts seraient vains si un plan cultural de mise
en valeur de l'Algérie n'était conçu et ne recevait
dès maintenant un commencement d'application. L'une des pièces
rnaîtresses de ce programme réside dans l'extension et la
modernisation de l'arboriculture fruitière.
La place de choix tenue dans la production mondiale des fruits par le
bassin méditerranéen, berceau millénaire de la culture
des arbres, témoigne de la vocation de nos sols pour cette spéculation.
--------Or,
l'Algérie, comparée à l'Espagne, l'Italie, ia Grèce,
la Turquie, qui exportent les produits de leurs vergers dans toutes les
parties du Monde, n'a représenté, jusqu'ici, qu'une activité
mineure en matière de production fruitière. On peut même
constater une insuffisance de la consommation intérieure, l'alimentation
des autochnes étant trop exclusivement composée de graines.
" Il faut répondre à cette
alimentation mal équilibrée par une agriculture bien équilibrée
" a dit le Dr Burnet; directeur de l'Institut Pasteur de Tunis. Notre
consommation en fruits frais n'est que de 30 kg par tête et par
an, sous un climat qui en réclamerait le double. Nos récoltes
d'olives, qui vont en diminuant, ne fournissent annuellement que deux
litres d'huile par habitant. On mesure tout l'effort qu'il faut accomplir
pour satisfaire pleinement les seuls besoins intérieurs.
|
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--------Enfin, l'Algérie,
pays incomplet au point de vue économique, ne pourra améliorer
les conditions de vie de ses habitants qu'avec le secours de fournitures
extérieures qui croîtront avec le progrès. Pour solder
ces achats. il faudra développer les secteurs qui sont susceptibles
de fournir des matières exportables. C'est l'agriculture et, plus
spécialement, c'est l'arboriculture qui présente le plus
de chances à cet égard. Notre production ruitière
est appelée à devenir le baromètre de l'évolution
algérienne.
--------Pour
répondre à cette double nécessité : alimentation
plus rationnelle d'une population sans cesse croissante et amélioration
de notre commerce extérieur, une augmentation notable de notre
potentiel-arbres est indispensable. Nous devons la rechercher par une
exploitation méthodique de nos ressources naturelles.
--------Nous
ne ferons qu'esquisser très rapidement les objectifs à atteindre,
compte tenu des possibilités de notre sol, en considérant
qu'un délai de 25 ans serait nécessaire pour réorganiser
notre production.
--------Que
devraient être et que pourraient être les cultures fruitières
algériennes en 1975 ?
--------Pour
répondre à cette question, il faut supputer les débouchés
possibles, évaluer le tonnage de fruits à produire, les
surfaces cultivées correspondantes, puis incorporer ces vergers
dans un plan de production en les plaçant sur la carte dans les
régions qui leur sont favorables.
DEBOUCHES DE LA PRODUCTION FRUITIERE ALGERIENNE.
--------1
- Marché intérieur. --- Le plan général
d'équipement économique de l'Algérie prévoit
une augmentation de population voisine de 200.000 bouches par an. Dans
25 ans, il faut donc compter sur 5 mil-lions d'habitants en plus, qui
devront disposer, comme les consommateurs actuels, d'une ration améliorée.
Ces bases vont nous permettre de calculer la production à atteindre.
----------------a)
Huile : Nous importons annuellement 300.000 hectolitres
d'huile de graines pour obtenir une ration de 5 litres par habitant. Pour
assurer cette quantité aux 5 millions de nouveaux consommateurs
et remplacer les fournitures étrangères par notre huile
d'olive, il nous faudra produire un supplément de :
--------300.000
+ 250.000 = 550.000 hectolitres d'huile par an, correspondant à
10 millions d'arbres environ.
----------------b)
Fruits : Le consommateur algérien dispose
de 30 kg de fruits par an. Il n'est pas exagéré de prendre
comme objectif celui qui doit être atteint en France, d'après
le plan Monnet, soit 50 kg par habitant et par an. Dans ces conditions,
il faut prévoir une augmentation de la consommation de : 4.300.000
quintaux, soit 1 fois 1"2 la production actuelle. Ce.tonnage pourrait
être fourni par 68.000 hectares de cultures fruitières comprenant
notamment 13.000 hectares d'agrumes, 23.000 hectares de figuiers, 8.000
hectares d'abricotiers, 6.000 hectares d'amandiers, ouf ni de pruniers,
de vignes à raisin de table, etc...
--------II
--- Exportation sur la Métropole. - Nos prévisions
sont basées sur les besoins exprimés par le plan Monnet.
On peut considérer que le . double courant d'échanges entre
la France et l'Algérie doit aller en s'amplifiant et que la part
des fruits sera de plus en plus importante, si nous nous limitons à
des espèces et des variétés complémentaires
de la production métropolitaine.
----------------a)
Huile : Le Plan Monnet ne prévoit aucun appel
supplémentaire à l'huile d'olive, considérée
comme un produit trop coûteux. Nous ne pouvons donc pas compter
sur une augmentation des 70,000 quintaux demandés par la France
à l'Algérie avant 1939.
----------------b)
Fruits : Pour une période de 5 ans, l'appel
fait à l'Afrique du Nord par le plan Monnet, passe de 1.500.000
à 4.400.000 quintaux soit une augmentation de 2.900.000 quintaux.
C'est une vue peut être trop optimiste, aussi le serons-nous beaucoup
moins en estimant à 4 millions de quintaux l'augmentation des exportations
nord-africaines sur la France pour une période de 25 ans. Sur ce
tonnage, on peut évaluer la part de l'Algérie à 40%
soit 1.600.000 quintaux.
--------Pour
arriver à une telle augmentation de la production, il faudrait
planter 25.000 hectares de vergers dont 11.000 d'agrumes, 8.000 d'amandiers.
3.000 de vignes à raisins de table, 1.300 de pruniers, etc...
--------III.
- Exportations sur l'Etranger. - Il faut faire preuve
de grande prudence en évaluant nos possibilités dans ce
secteur, car nous sommes actuellement assez mal préparés
pour l'aborder. Il est nécessaire de moderniser nos techniques
culturales pour certaines productions et, surtout, d'avoir une organisation
de transports et de vente mieux adaptée aux besoins du commerce.
----------------a)
Huile : Avant 1939, nous vendions 20.000 quintaux
d'huile à l'étranger sur un commerce inter-national de un
million de quintaux. Quel tonnage supplémentaire pourrions-nous
placer '? Situons-le au-tour de 150.000 quintaux, afin de rester dans
les limites raisonnables. Cela représente 3 millions d'oliviers
à planter.
----------------b)
Fruits : Les agrumes (fruits frais et jus), les
amandes, les figues sèches, les olives de conserve constituent
les produits avec lesquels nous avons le plus de chance d'aborder avantageusement
la concurrence étrangère, si nous savons nous organiser.
On peut prévoir 17.000 hectares en vue de ce commerce extérieur.
--------En
résumé, 77% des plantations d'oliviers seraient destinées
à la consommation intérieure et 23% 5 l'exportation, Pour
les autres arbres fruitiers, 62 % alimenteraient les marchés locaux
et 38% fourniraient l'extérieur.
REGIONS FRUITIERES.
--------Pour
faire face aux débouchés qui viennent d'être indiqués,
il faudrait planter 13 nillions d'oliviers et plus de 100.000 hectares
d'arbres fruitiers, surfaces à trouver sur les I1 millions d'hectares
de terres agricoles que compte l'Algérie du Nord.
--------Les
cultures irriguées comprendraient 44.000 hectares, dont une partie
s'inscrirait dans les zones des-servies par les grands barrages dont 60.000
hectares restent à mettre en valeur.
--------On
peut délimiter grossièrement, par espèce fruitière,
les étendues à l'intérieur desquelles on recherchera
les points d'implantation les plus favorables aux vergers.
--------Olivier
: Pour la production de l'huile. on utilisera les sols pauvres, non irrigables,
mais légers et profonds, situés depuis 2 à 3 km du
bord de la mer jusqu'à 800-900 m. d'altitude. Le faible tonnage
de récolte à transporter à l'hectare et la valeur
élevée du produit permettent de reléguer cette culture
dans les régions privées de bons moyens de communication,
qui trouveraient difficilement d'autres fruits à produire et à
commercialiser économiquement.
--------En
outre, la rusticité de l'arbre, son adaptation aux terrains maigres,
ne convenant à nulle autre culture, permettent de le considérer
comme une source supplémentaire de revenus, venant s'ajouter à
nos surfaces actuellement cultivées. C'est une qualité précieuse
dans un pays où le manque de terres ris-que de se faire sentir
dans un avenir peut être plus proche qu'on ne le pense.
--------On
recherchera donc, pour y créer des olivettes, des sols trop légers
et trop secs pour les cultures annuelles.
--------Une
exception sera faite pour les variétés de conserve, qui
réclament le secours de l'irrigation pour donner des fruits de
calibre commercial.
--------Figuier
: Les figueraies destinées à la consommation
familiale et au commerce intérieur peuvent être plantées
un peu partout, sauf au-dessus de 1.200 m. d'altitude, en terrains d'autant
plus légers et profonds que la pluviométrie se montre plus
avare. Une atmosphère à basse hygrométrie en août-septembre
est à rechercher pour le séchage. Pour l'exportation, la
culture irriguée en zones chaudes et peu pluvieuses (Chélif,
Oranie) donnerait, comme en Californie, des produits de haute qualité.
--------Agrumes
: A développer en terres irrigables, en dessous de 400 m. d'altitude
(Célif, Mina, Bône, environs d'Alger).
--------Amandier
: Ses caractéristiques le rapprochent de
l'olivier. Il occupera les terrains pauvres de coteau mais légers,
profonds et calcaires, en régions même privées de
bons moyens de communication. Ne pas exposer inutilement la floraison
aux froids printaniers, l'absence de gelées constituant notre arme
la plus sérieuse contre la concurrence extérieure.
--------Vigne
à raisin de table : Mêmes zones que
la vigne à raisin de cuve. Réserver le littoral pour le
Chasselas et le Muscat. Etablir des plantations de Sultanine pour le séchage
dans la zone chaude et irriguée du Chélif. Cultiver le Valensi
tardif en altitude dans les régions à automnes secs (Mascara).
--------Abricotier
: Lui consacrer des régions chaudes et sèches, non gélives
au printemps : Chélif, Basse-Soummam, Oasis du sud de l'Atlas Saharien.
--------Prunier
: Cultiver les variétés hâtives (japonaises) en sec
ou à l'irrigation en dessous de 800 m. d'altitude et les prunes
à pruneaux au-dessus dé cette limite, en zone irrigable
à atmosphère sèche en septembre.
--------Néflier
du Japon : Mêmes exigences que les agrumes.
CONCLUSION.
--------La
production fruitière mondiale a pris au cours de la première
moitié du XX- siècle une extension remarquable. Ce sont
les régions subtropicales relativement voisines de la mer (Californie,
Brésil, Afrique du Sud, Australie) qui se signalent par une vaste
arboriculture modernisée dont la réussite confirme la vieille
vocation naturelle du bassin méditerranéen, tout en infirmant
ses procédés de culture par trop primitifs.
--------Disposant
d'un milieu particulièrement favorable, égal, sinon supérieur,
à celui de ses concurrents les mieux placés, l'Algérie
se doit de développer une production fruitière qui constitue
l'une de ses rares ressources susceptibles d'être largement développées.
Une pression démographique intense, une population qui évolue
vers un mieux-être nécessaire, nous engagent à trouver
de nouvelles disponibilités alimentaires et l'arbre est particulièrement
indiqué pour nous les fournir.
--------Aux
portes d'un continent qui constitue toujours, malgré les vicissitudes
de ces dernières années, un débouché de choix,
l'Algérie est bien placée pour devenir le verger de l'Europe.
C'est donc sur des perspectives pleines de promesses que s'ouvre l'avenir
fruitier de notre pays.
H. REBOUR
Chef du Service de l'Arboriculture
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