Alger, Algérie : documents algériens
Série économique : agriculture
les cultures fruitières algériennes
8 pages + cartes + graphes - n°95 - 14 aout 1952

---------Pour répondre à cette double nécessité : alimentation plus rationnelle d'une population sans cesse croissante et amélioration de notre commerce extérieur, une augmentation notable de notre potentiel-arbres est indispensable. Nous devons la rechercher par une exploitation méthodique de nos ressources naturelles.

mise sur site le 11-06-2005
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Arboriculture : carte, photomontage à partir de 3 parties
Principaux centres fruitiers : clic
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Etat actuel - Perspectives d'avenir

--------" Un pays dont la production agricole est insuffisante pour nourrir sa population n'est pas libre. "
E. ROUX.
--------La découverte de la vocation fruitière de l'Algérie est de date assez récente, vingt ans à peine. Certes, le pays se consacrait, depuis des siècles, à la culture des fruits et ses olivettes étaient déjà célèbres sous l'empire romain. La venue des Français avait donné naissance à un courant d'exportation qui n'avait cessé de s'amplifier depuis un demi-siècle. Mais la production était restée modeste, eu égard au trafic mondial, alors qu'une exploitation judicieuse des conditions naturelles de cette contrée en eût fait l'un des plus beaux vergers du globe.
--------En Algérie, une sécheresse implacable a, de tous temps, rendu fort aléatoire la production des plantes annuelles. Les céréales ne parviennent pas toujours à franchir le cap redoutable du début de l'été, les pâturages s'assèchent et des famines périodiques décimeraient la population, si des cultures à rendements plus réguliers ne venaient pallier des humeurs d'un climat fantasque.
--------C'est l'arbre qui constitue la richesse la plus sûre des pays à climat sec. Grâce à la puissance de son enracinement, il brave les étés les plus torides. L'olivier n'a-t-il pas pris pied aux portes mêmes du désert ?
--------C'est encore l'arbre qui paye le plus généreusement l'eau des barrages. Les 4.000 hectares d'orangeraies de Perrégaux sont là pour en témoigner.
--------En présence de tels exemples, peut-on douter d'une prédestination naturelle de notre pays, qui offre à l'arboriculture les perspectives les plus engageantes ?

ETAT ACTUEL DE LA PRODUCTION.

--------A la veille des résultats d'un recensement mondial, qui a placé au service de la Statistique des moyens dépassant de loin ceux qui ont été mis en oeuvre jusqu'ici, on ne peut donner que des ordres de grandeur qui recevront, dans les années à venir, les ajustements nécessaires.
--------C'est sous cet angle qu'il faut considérer les évaluations du tableau 1.
--------La valeur de la dernière récolte fruitière d'Algérie (1951), peut être estimée à près de quinze milliards de francs à la production, ce qui classe l'arboriculture après les céréales et la vigne. (Chacune de ces cultures représente cinquante milliards de francs environ).
--------Les envois de fruits outre-mer se sont montés à près de 11 milliards de francs, valeur en douane, en 1951, soit plus de 8% du total des exportations.
--------C'est dire l'importance actuelle de l'arboriculture dans l'économie algérienne. Une revue des principales espèces situera plus exactement la place occupée par les vergers.

OLIVIER.
--------L'olivette algérienne possède 8.500.000 arbres en rapport, dont la rnoitié se trouve rassemblée dans les Kabylies, le plus souvent sous la forme de forêts plutôt que de vergers. Il faut aller en Oranie pour trouver de grandes plantations régulièrement entretenues. C'est dans cette région que se situe une industrie de conserve très réputée.
--------Les deux tiers des oliviers se trouvent entre les mains de cultivateurs musulmans.
--------Bien que les statistiques accusent une augmentation régulière du nombre des arbres, la production a tendance à régresser, en raison de l'état d'abandon de trop nombreuses plantations. La concurrence de l'huile de graines qui se manifestait avant la guerre est l'une des causes principales de cette regrettable désaffection.

FIGUIER.
--------La Kabylie groupe la grosse majorité des figueraies algériennes et monopolise un commerce d'exportation dont le record a été marqué en 1947-48 avec 368.000 quintaux de figues séchées. La propriété est essentiellement musulmane et son développement a été favorisé pendant la guerre par la pénurie des matières alimentaires.
--------A l'heure actuelle, la concurrence étrangère recommence à se faire sentir, le consommateur devient exigeant et la chute des cours se manifeste d'une façon particulièrement brutale.

DATTIER.
--------Il faut distinguer la datte Deglet-Nour qui alimente le commerce d'exportation et e constitué jusqu'à ces dernières années un monopole algéro-tunisien, et les dattes communes qui suffisent à peine à la consommation locale.
--------L'aire culturale de la datte Deglet-Nour est limitée aux oasis du sud constantinois. De 1901 à 191.0, à peine 30.000 quintaux de fruits étaient exportés chaque année. De 1920 à 1930, le trafic portait sur 110.000 quintaux. Aujourd'hui, le potentiel de ventes à l'extérieur s'élève à 200.000 quintaux.
--------Les dattes communes font l'objet d'importations et d'exportations qui s'équilibrent sensiblement.
--------En dehors de quelques sociétés européennes qui exploitent des palmiers Deglet-Nour (100.000 palmiers sur 660.000) la plupart des dattiers de variétés communes appartiennent aux autochtones.
--------Les plantations nouvelles sont fonction de la découverte de ressources en eau. Une nappe récemment mise en exploitation entre Ouargla et Gnardaia suscite de grands espoirs.

AGRUMES.
--------Cette culture se distingue des précédentes par son dynamisme et la nature de la propriété, qui est essentiellement européenne. Les surfaces ont triplé depuis une vingtaine d'années, l'exportation a pris un essor remarquable. Limitées aux environs de 200.000 quintaux de 1930 à 1935, les expéditions atteignent aujourd'hui 1.600.000 quintaux, soit 8 fois plus et ''onstituent l'une des principales ressources du commerce extérieur de l'Algérie.
--------Près de la moitié des cultures se situe dans un rayon de 50 km au Sud d'Alger, mais de nombreuses orangeraies se sont créées, un peu partout et, notamment, dans les périmètres desservis par les grands barrages de retenue.
--------Le rythme des plantations s'est encore accru au cours des deux dernières saisons et l'on peut estimer que l'Algérie produira d'ici peu un tonnage sensiblement égal à celui que consommait la France avant la guerre.

VIGNE A RAISIN DE TABLE.
--------Les chasselas dorés de primeur de la région ouest d'Alger alimentent à eux seuls le commerce d'exportation. --------Malheureusement, la difficulté de reconstituer les plantations en sables maigres ayant déjà porté de la vigne et la rareté des terrains neufs menacent dangereusement l'avenir de ce vignoble, qui fait vivre de nombreux petits propriétaires, d'origine européenne pour la plupart.

AMANDIER.
--------L'Oranie, puis le département d'Alger, groupent la majeure partie des plantations, dont les trois quarts appartiennent à des européens. Trop souvent négligé, l'amandier, malgré sa rusticité bien con-nue, né donne pas toujours des rendements normaux Aussi l'Algérie ne compte-t-elle guère parmi les exportateurs.

PRUNIER.
--------On cultive principalement le prunier japonais qui a permis d'expédier annuellement jusqu'à 80.000 quintaux de fruits sur la Métropole. Depuis 1939, les expéditions ont considérablement baissé. Les piantations sont ravagées par un insecte souterrain, le capnode, et une invasion de pou de San José a provoqué des mesures de protection sanitaire, à l'entrée en France, qui entravent les envois.
--------Les vergers, européens pour les 4/5, sont massés au voisinage des ports.

ABRICOTIER.
--------Cette culture a pris une certaine extension depuis une vingtaine d'années, mais les plantations sont freinées à présent par les ravages du capnode. On rencontre l'abricotier dans les vallées intérieures chaudes du Nord, en culture européenne, principalement. Le Chélif, avec son climat brûlant, apparaît comme sa zone de prédilection. Dans le sud, cette espèce fait l'objet de cultures importantes, essentiellement indigènes. Ce sont les oasis du versant désertique de l'Atlas saharien qui possèdent les plus beaux vergers. Ceux de Messaad, de M'Sila et des vallées de l'Aurès sont à citer.
--------Un courant d'exportation ascendant se manifeste en fruits de primeur. L'industrie traite une quantité notable de produit.

DIVERS.
--------Nous venons de passer en revue les principales espèces fruitières cultivées en Algérie. Les quatre premières, olivier, figuier, dattier et agrumes, réunissent 86% de la totalité des arbres et 90% des surfaces. Les autres, vigne, amandier, prunier et abricotier forment plus de la moitié du reste. C'est dire que les espèces suivantes n'ont qu'une importance économique fort réduite.
--------Le néflier du Japon, dont le fruit arrive à une époque creuse, en avril-mai, est de plus en plus cultivé. L'extension du pêcher a été stoppée par les dégâts de la cératite qui n'épargne que les produits de première saison. Celle des arbres à fruits à pépins, poirier, pommier, est gênée par des conditions de climat souvent défavorables. Le cerisier ne se plaît qu'en altitude où il fait l'objet de quelques cultures indigènes. Les caroubes, produites en Kabylie, alimentent un courant d'exportation assez irrégulier.

AVENIR DE LA PRODUCTION FRUITIERE
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--------D'après les statistiques, le chiffre de ta population algérienne double tous les cinquante ans. Compte tenu de l'amélioration désirable du niveau de vie, on peut conclure que notre production agricole devrait atteindre, en l'an 2.000, le triple de sa valeur actuelle, pour nourrir convenablement le pays.
--------Afin de résoudre cet angoissant problème, la génération naissante devra faire appel à tous les progrès de la science agricole. Mais ses efforts seraient vains si un plan cultural de mise en valeur de l'Algérie n'était conçu et ne recevait dès maintenant un commencement d'application. L'une des pièces rnaîtresses de ce programme réside dans l'extension et la modernisation de l'arboriculture fruitière.
La place de choix tenue dans la production mondiale des fruits par le bassin méditerranéen, berceau millénaire de la culture des arbres, témoigne de la vocation de nos sols pour cette spéculation.
--------Or, l'Algérie, comparée à l'Espagne, l'Italie, ia Grèce, la Turquie, qui exportent les produits de leurs vergers dans toutes les parties du Monde, n'a représenté, jusqu'ici, qu'une activité mineure en matière de production fruitière. On peut même constater une insuffisance de la consommation intérieure, l'alimentation des autochnes étant trop exclusivement composée de graines. " Il faut répondre à cette alimentation mal équilibrée par une agriculture bien équilibrée " a dit le Dr Burnet; directeur de l'Institut Pasteur de Tunis. Notre consommation en fruits frais n'est que de 30 kg par tête et par an, sous un climat qui en réclamerait le double. Nos récoltes d'olives, qui vont en diminuant, ne fournissent annuellement que deux litres d'huile par habitant. On mesure tout l'effort qu'il faut accomplir pour satisfaire pleinement les seuls besoins intérieurs.

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--------Enfin, l'Algérie, pays incomplet au point de vue économique, ne pourra améliorer les conditions de vie de ses habitants qu'avec le secours de fournitures extérieures qui croîtront avec le progrès. Pour solder ces achats. il faudra développer les secteurs qui sont susceptibles de fournir des matières exportables. C'est l'agriculture et, plus spécialement, c'est l'arboriculture qui présente le plus de chances à cet égard. Notre production ruitière est appelée à devenir le baromètre de l'évolution algérienne.
--------Pour répondre à cette double nécessité : alimentation plus rationnelle d'une population sans cesse croissante et amélioration de notre commerce extérieur, une augmentation notable de notre potentiel-arbres est indispensable. Nous devons la rechercher par une exploitation méthodique de nos ressources naturelles.
--------Nous ne ferons qu'esquisser très rapidement les objectifs à atteindre, compte tenu des possibilités de notre sol, en considérant qu'un délai de 25 ans serait nécessaire pour réorganiser notre production.
--------Que devraient être et que pourraient être les cultures fruitières algériennes en 1975 ?
--------Pour répondre à cette question, il faut supputer les débouchés possibles, évaluer le tonnage de fruits à produire, les surfaces cultivées correspondantes, puis incorporer ces vergers dans un plan de production en les plaçant sur la carte dans les régions qui leur sont favorables.

DEBOUCHES DE LA PRODUCTION FRUITIERE ALGERIENNE.
--------1 - Marché intérieur. --- Le plan général d'équipement économique de l'Algérie prévoit une augmentation de population voisine de 200.000 bouches par an. Dans 25 ans, il faut donc compter sur 5 mil-lions d'habitants en plus, qui devront disposer, comme les consommateurs actuels, d'une ration améliorée. Ces bases vont nous permettre de calculer la production à atteindre.

----------------a) Huile : Nous importons annuellement 300.000 hectolitres d'huile de graines pour obtenir une ration de 5 litres par habitant. Pour assurer cette quantité aux 5 millions de nouveaux consommateurs et remplacer les fournitures étrangères par notre huile d'olive, il nous faudra produire un supplément de :
--------300.000 + 250.000 = 550.000 hectolitres d'huile par an, correspondant à 10 millions d'arbres environ.

----------------b) Fruits : Le consommateur algérien dispose de 30 kg de fruits par an. Il n'est pas exagéré de prendre comme objectif celui qui doit être atteint en France, d'après le plan Monnet, soit 50 kg par habitant et par an. Dans ces conditions, il faut prévoir une augmentation de la consommation de : 4.300.000 quintaux, soit 1 fois 1"2 la production actuelle. Ce.tonnage pourrait être fourni par 68.000 hectares de cultures fruitières comprenant notamment 13.000 hectares d'agrumes, 23.000 hectares de figuiers, 8.000 hectares d'abricotiers, 6.000 hectares d'amandiers, ouf ni de pruniers, de vignes à raisin de table, etc...

--------II --- Exportation sur la Métropole. - Nos prévisions sont basées sur les besoins exprimés par le plan Monnet. On peut considérer que le . double courant d'échanges entre la France et l'Algérie doit aller en s'amplifiant et que la part des fruits sera de plus en plus importante, si nous nous limitons à des espèces et des variétés complémentaires de la production métropolitaine.
----------------a) Huile : Le Plan Monnet ne prévoit aucun appel supplémentaire à l'huile d'olive, considérée comme un produit trop coûteux. Nous ne pouvons donc pas compter sur une augmentation des 70,000 quintaux demandés par la France à l'Algérie avant 1939.
----------------b) Fruits : Pour une période de 5 ans, l'appel fait à l'Afrique du Nord par le plan Monnet, passe de 1.500.000 à 4.400.000 quintaux soit une augmentation de 2.900.000 quintaux. C'est une vue peut être trop optimiste, aussi le serons-nous beaucoup moins en estimant à 4 millions de quintaux l'augmentation des exportations nord-africaines sur la France pour une période de 25 ans. Sur ce tonnage, on peut évaluer la part de l'Algérie à 40% soit 1.600.000 quintaux.
--------Pour arriver à une telle augmentation de la production, il faudrait planter 25.000 hectares de vergers dont 11.000 d'agrumes, 8.000 d'amandiers. 3.000 de vignes à raisins de table, 1.300 de pruniers, etc...

--------III. - Exportations sur l'Etranger. - Il faut faire preuve de grande prudence en évaluant nos possibilités dans ce secteur, car nous sommes actuellement assez mal préparés pour l'aborder. Il est nécessaire de moderniser nos techniques culturales pour certaines productions et, surtout, d'avoir une organisation de transports et de vente mieux adaptée aux besoins du commerce.
----------------a) Huile : Avant 1939, nous vendions 20.000 quintaux d'huile à l'étranger sur un commerce inter-national de un million de quintaux. Quel tonnage supplémentaire pourrions-nous placer '? Situons-le au-tour de 150.000 quintaux, afin de rester dans les limites raisonnables. Cela représente 3 millions d'oliviers à planter.
----------------b) Fruits : Les agrumes (fruits frais et jus), les amandes, les figues sèches, les olives de conserve constituent les produits avec lesquels nous avons le plus de chance d'aborder avantageusement la concurrence étrangère, si nous savons nous organiser. On peut prévoir 17.000 hectares en vue de ce commerce extérieur.
--------En résumé, 77% des plantations d'oliviers seraient destinées à la consommation intérieure et 23% 5 l'exportation, Pour les autres arbres fruitiers, 62 % alimenteraient les marchés locaux et 38% fourniraient l'extérieur.

REGIONS FRUITIERES.
--------Pour faire face aux débouchés qui viennent d'être indiqués, il faudrait planter 13 nillions d'oliviers et plus de 100.000 hectares d'arbres fruitiers, surfaces à trouver sur les I1 millions d'hectares de terres agricoles que compte l'Algérie du Nord.
--------Les cultures irriguées comprendraient 44.000 hectares, dont une partie s'inscrirait dans les zones des-servies par les grands barrages dont 60.000 hectares restent à mettre en valeur.
--------On peut délimiter grossièrement, par espèce fruitière, les étendues à l'intérieur desquelles on recherchera les points d'implantation les plus favorables aux vergers.
--------Olivier : Pour la production de l'huile. on utilisera les sols pauvres, non irrigables, mais légers et profonds, situés depuis 2 à 3 km du bord de la mer jusqu'à 800-900 m. d'altitude. Le faible tonnage de récolte à transporter à l'hectare et la valeur élevée du produit permettent de reléguer cette culture dans les régions privées de bons moyens de communication, qui trouveraient difficilement d'autres fruits à produire et à commercialiser économiquement.
--------En outre, la rusticité de l'arbre, son adaptation aux terrains maigres, ne convenant à nulle autre culture, permettent de le considérer comme une source supplémentaire de revenus, venant s'ajouter à nos surfaces actuellement cultivées. C'est une qualité précieuse dans un pays où le manque de terres ris-que de se faire sentir dans un avenir peut être plus proche qu'on ne le pense.
--------On recherchera donc, pour y créer des olivettes, des sols trop légers et trop secs pour les cultures annuelles.
--------Une exception sera faite pour les variétés de conserve, qui réclament le secours de l'irrigation pour donner des fruits de calibre commercial.
--------Figuier : Les figueraies destinées à la consommation familiale et au commerce intérieur peuvent être plantées un peu partout, sauf au-dessus de 1.200 m. d'altitude, en terrains d'autant plus légers et profonds que la pluviométrie se montre plus avare. Une atmosphère à basse hygrométrie en août-septembre est à rechercher pour le séchage. Pour l'exportation, la culture irriguée en zones chaudes et peu pluvieuses (Chélif, Oranie) donnerait, comme en Californie, des produits de haute qualité.
--------Agrumes : A développer en terres irrigables, en dessous de 400 m. d'altitude (Célif, Mina, Bône, environs d'Alger).
--------Amandier : Ses caractéristiques le rapprochent de l'olivier. Il occupera les terrains pauvres de coteau mais légers, profonds et calcaires, en régions même privées de bons moyens de communication. Ne pas exposer inutilement la floraison aux froids printaniers, l'absence de gelées constituant notre arme la plus sérieuse contre la concurrence extérieure.
--------Vigne à raisin de table : Mêmes zones que la vigne à raisin de cuve. Réserver le littoral pour le Chasselas et le Muscat. Etablir des plantations de Sultanine pour le séchage dans la zone chaude et irriguée du Chélif. Cultiver le Valensi tardif en altitude dans les régions à automnes secs (Mascara).
--------Abricotier : Lui consacrer des régions chaudes et sèches, non gélives au printemps : Chélif, Basse-Soummam, Oasis du sud de l'Atlas Saharien.
--------Prunier : Cultiver les variétés hâtives (japonaises) en sec ou à l'irrigation en dessous de 800 m. d'altitude et les prunes à pruneaux au-dessus dé cette limite, en zone irrigable à atmosphère sèche en septembre.
--------Néflier du Japon : Mêmes exigences que les agrumes.

CONCLUSION.
--------La production fruitière mondiale a pris au cours de la première moitié du XX- siècle une extension remarquable. Ce sont les régions subtropicales relativement voisines de la mer (Californie, Brésil, Afrique du Sud, Australie) qui se signalent par une vaste arboriculture modernisée dont la réussite confirme la vieille vocation naturelle du bassin méditerranéen, tout en infirmant ses procédés de culture par trop primitifs.
--------Disposant d'un milieu particulièrement favorable, égal, sinon supérieur, à celui de ses concurrents les mieux placés, l'Algérie se doit de développer une production fruitière qui constitue l'une de ses rares ressources susceptibles d'être largement développées. Une pression démographique intense, une population qui évolue vers un mieux-être nécessaire, nous engagent à trouver de nouvelles disponibilités alimentaires et l'arbre est particulièrement indiqué pour nous les fournir.
--------Aux portes d'un continent qui constitue toujours, malgré les vicissitudes de ces dernières années, un débouché de choix, l'Algérie est bien placée pour devenir le verger de l'Europe. C'est donc sur des perspectives pleines de promesses que s'ouvre l'avenir fruitier de notre pays.

H. REBOUR
Chef du Service de l'Arboriculture