Alger, Algérie : documents algériens
Série économique : agriculture
les moyens de production de l'agriculture algérienne en 1950
5 pages - n°86 - 20 octobre 1951

 

mise sur site le 20 -04-2005
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----------LA MAIN-D'ŒUVRE.

----------L'importance de la population rurale en Algérie permet à l'Agriculture de pourvoir à ses besoins en main-d'oeuvre non spécialisée pour tous ses travaux.
----------Pour les spécialistes, tels que greffeurs et tailleurs notamment, le nombre en est encore insuffisant par rapport aux besoins de l'arboriculture et de la viticulture, malgré les cours saisonniers de taille et de greffage mis en oeuvre chaque année par la Direction de l'Agriculture et qui prennent de plus en plus d'ampleur à chaque campagne.
----------Il faudra certainement encore plusieurs années avant que cette formation professionnelle spécialisée ait une influence prépondérante sur le marché du travail.

----------MACHINISME AGRICOLE ET MOYENS DE LIAGE.

----------Machinisme agricole.
----------En 1950 l'équipement de l'agriculture se poursuit dans des conditions satisfaisantes. A l'exception des tracteurs et des machines importées de la zone dollars, les producteurs se procurèrent normale-ment tout le matériel dont ils ont besoin, encore peuvent-ils acquérir dans la Métropole et en Europe la plupart des machines qu'Etats-Unis et Canada livraient auparavant à l'Algérie.

----------En ce qui concerne les importations de l'étranger, les commerçants spécialisés ont pu disposer des sources de crédits ci-après au cours de la campagne 1949-1950.

--------------------1) Crédits obtenus (en dollars) au titre du PLAN MARSHALL.

ANNEES Marshall
Machines
Poste 770
Pièces de rechange Poste 771
Tracteurs à chenilles
Tracteursà roues Poste 832
TOTAL
Poste 830
Poste 831
1è année
1.110.000
1.580.000
1.040.000
948.000
100.000
4.778.000
2"" -
1.406.000
1.350.000
1.398.000
650.000
150.000
4.954.000
3""'(prévu)
1.000.000
1.750.000
823.000
520.000
 
4.093.000

----------Ces crédits sont en diminution assez sensible pour les postes tracteurs.

--------------------2) Crédits provenant des accords commerciaux.
----------Les accords commerciaux avec l'Angleterre, l'Allemagne, la Hongrie, l'Italie, la Suède, la Suisse et la Tchécoslovaquie ont permis de réaliser des achats conséquents, correspondant dans de nombreux cas aux possibilités d'absorption du marché algérien.

--------------------3) Crédits sur avoirs légitimés.
----------L'insuffisance des dollars au titre du plan Marshall a été en partie compensée par des crédits d cette nature qui ont surtout été consacrés à des acquisitions de tracteurs.

----------L'importance de ces immobilisations mérite que l'on prête le plus grand intérêt au bon emploi du matériel. à son entretien et à la formation professionnelle, ce qui _justifie pleinement l'action de techniciens du Machinisme Agricole. (Direction de l'Agriculture.)

----------A cet effet, organisées en juin à Maison-Carrée, des journées de motoculture sont suivies avec le plus grand succès à la fois par les négociants intéressés et les agriculteurs. Elles montrent toute la gamme des tracteurs et appareils tractés que le commerce offre à l'usager et par leur rôle éducatif, elles contribuent à fixer le choix de l'acheteur. ----------Pour la première fois, un tracteur de fabrication algérienne est présenté à une manifestation.

----------Tracteurs. - Comparativement à 1949, les importations de tracteurs sont les suivants

 
1949
1950
Tracteurs à roues
1.420
1.521
Tracteurs à chenilles
1.005
1.205
Total
2.425
2.726

----------Les arrivages 1950 se répartissent comme il est indiqué ci-dessous d'après leur provenance

 
8 roues
Chenilles
Etats-Unis
160
851
Europe (sauf Métropole)
971
234
Métropole
390
120
Total
1.521
1.205

----------Compte tenu des tracteurs mis hors service et considérant que 10.300 appareils étaient utilisées début de l'année, l'on estime qu'au 31 décembre 1950 le nombre des tracteurs fonctionnant est
----------Roues 7.000
----------Chenilles 5.300
----------Total 12.300
----------Bien qu'il soit difficile de chiffrer les besoins qui restent à satisfaire, d'autant plus que la demande peut varier dans une large mesure avec la mévente des produits agricoles l'on peut estimer que les prévisions du plan d'équipement inscrites dans la précédente situation restent valables pour 1951.

----------Moissonneuses-Batteuses. - Le parc était de 1.639 en fin 1949. Au cours de l'année 1950 les importations s'élèvent à 348 portant le parc en service à 1.900. Une demande assez pressante subsiste pour tous les types auto-tractés ou coteaux, alors que la pénurie de dollars est notable.

----------Divers moyens de liage.
----------Pour les autres machines de culture ou récolte, importateurs et constructeurs locaux couvrt:nt les besoins.
----------De leur côté, les agriculteurs s'intéressent particulièrement à compléter leur équipement, notamment avec des appareils nouveaux de façon à comprimer leurs prix de revient dans lesquels les salaires entrent pour une part élevée.
----------Cependant, malgré les progrès réalisés, il reste encore un gros effort à accomplir tant par l'exploitant que par la main-d'oeuvre pour assurer un bon emploi de la machine et, en conséquence, sa rentabilité.
----------La hausse du prix des carburants constitue par ailleurs une charge supplémentaire, mais le producteur ne la redoute que dans une certaine mesure craignant avant tout une rupture d'approvisionnement qu'il tente de pallier par la constitution de quelques stocks.
----------En ce qui concerne les moyens de liage, les ressources en ficelle sisal sont largement suffisantes pour répondre à toutes les demandes en 1950, mais en fin d'année devant la hausse et la raréfaction des fibres sur le marché mondial les disponibilités locales disparaissent rapidement.


----------CARBURANTS ET LUBRIFIANTS.

----------Rien de particulier à signaler, si ce n'est la hausse sensible de ces produits.

----------ENGRAIS ET PRODUITS ANTIPARASITAIRES.
----------Pendant la campagne agricole 1949-1950, les besoins de l'Algérie en engrais du commerce ont été satisfaits en totalité

----------Engrais.
----------Engrais azotés. - Les ressources proviennent essentiellement des importations.
----------L'examen des statistiques douanières et les renseignements recueillis dans le commerce montrent que si l'emploi de ces engrais n'a pas marqué une chute par rapport à l'année précédente, les quantités utilisées n'ont pas augmenté et l'intensification continuelle de l'emploi de l'azote qui était de règle au cours des dernières campagnes a cessé.

-------


----------Pendant cette dernière campagne, il a été consommé

Sulfate d'ammoniaque
13.400 T.
soit 2.760 T. d'azote
Ammoniaque et nitrate d'ammoniaque
2.925 T
1.000 T
Nitrate de chaux
870 T
120 T.
Nitrate de potasse
   
Phosphate d'ammoniaque
230 T
45 T.
Cianamide, urée
   
Engrais composés d'importation
23.890 T
1.750 T.
Au total
 
5.675 T. d'azote

----------La consommation du sulfate d'ammoniaque n'a pas varié sensiblement par rapport à 1948-49, mais l'on constate, par contre, le recul du nitrate d'ammoniaque - bien que son prix soit plus avantageux - en raison semble-t-il des difficultés que présente sa manipulation en culture.
----------Le sulfate d'ammoniaque reste employé au vignoble dans une large mesure tandis que le nitrate d'ammoniaque convient bien aux agrumes et trouve ainsi un débouché intéressant dans la fabrication locale des engrais composés.
----------Pour la première fois, le nitrate de chaux occupe une place notable ; il commence à être apprécié dans les terres lourdes irrigables du littoral qui sont parfois chlorurées.
----------En revanche, le nitrate de soude a à peu près disparu et les importations sont essentiellement destinées à l'industrie. ----------Enfin, la cianamide, n'a que peu d'attrait, elle aurait cependant quelque intérêt pour l'Algérie si sa manipulation était moins difficile.
----------Entre les départements, la consommation de l'azote se répartit comme suit : Alger 65 %, Oran 35 %, Constantine 5 '4 .

----------Engrais phosphatés. - Pendant. la dernière campagne, l'on a constaté une légère réduction dans l'emploi des engrais phosphatés. Deux causes pourraient être invoquées ; en 1948, les approvisionnements à la culture ont excédé les besoins ; par ailleurs, les céréaliculteurs qui sont les principaux utilisateurs n'ont pas toujours eu une trésorerie suffisante, surtout dans le département d'Oran à la suite de récoltes médiocres.
----------Les fabricants locaux de superphosphates et de phosphates naturels traités restent toujours les fournisseurs essentiels, les premiers produisent au moins lés 9/10"'e du tonnage consommé sur place.
----------Cependant, quelques importations sont effectuées (en tonnes) :

 
1948
1949
---Scories de déphosphoration
 
3.770
Phosphates bicalciques
5.490
2.430
Engrais composés (à 11 '%c d'acide phosphorique en moyenne )
29.550
23 820
Au total, l'agriculture a employé environ 19.000 tonnes d'acide phosphorique

----------En année moyenne la consommation relative des départements est la suivante Alger 3, Oran 3. Constantine 2.

----------La campagne actuelle 1950-51 accuse une- reprise sensible sur la précédente, l'amélioration provenant pour une bonne part des achats des céréaliculteurs.

----------Engrais potassiques. -- Pour la campagne 1949-1950, les ressources proviennent uniquement des importations qui se sont élevées à
----------Chlorure, sulfate, nitrate de potasse : 21.465 tonnes.
----------Engrais composés déjà indiqués ci-dessus : 23.830 tonnes.
----------L'on constate aussi une stagnation dans l'emploi de ces engrais puisque la consommation évaluée en potasse n'atteint que 13.850 tonnes.
----------Le nitrate de potasse ne représente qu'un tonnage insignifiant (70 tonnes en 1949), chlorure et sulfate sont les deux sels de base que l'on importe dans la proportion :
----------Chlorure 3,5
----------Sulfate 1
----------Dans les départements, la consommation de potasse est approximativement la suivante ALGER 58 % - ORAN 36 -CONSTANTINE 6 %.

----------Engrais composés. - Les tableaux qui précèdent ont fait état des importations de ces engrais dont le composition en azote organique et minéral, en acide phosphorique et en potasse varie dans une large mesure ; les teneurs en éléments fertilisants évoluant entre 20 et 44 unités.

----------Engrais de fabrication locale. - Avec les engrais simples d'importation, le commerce et les industriels locaux préparent également des engrais composés avec incorporation éventuelle de matière organique végétale (grignons, marcs de raisins, etc...) ou animale.
----------La première usine pour la fabrication de granulés a été mis en route à Alger.
----------Par ailleurs, l'industrie locale continue sa production d'engrais organiques proprement dits, dont la consommation s'est accrue régulièrement de 50 % depuis 1939. A cet effet, elle utilise notamment une vingtaine de milliers de quintaux de déchets animaux.
----------La fabrication algérienne serait de l'ordre de 150.000 quintaux (engrais composés - engrais organiques).
----------Ainsi, pendant la dernière campagne, l'agriculture aurait eu à sa disposition environ 400.000 quintaux d'engrais composés et organiques de toutes provenances. ce qui porterait la consommation totale de l'Algérie en éléments fertilisants du commerce à :

Azote
6.000 tonnes
contre 6.000 en 1949.
Acide phosphorique
19.500
20.000 en 1949
Potasse
14.660
14.000 en 1949

----------Au début de la campagne 1950-1951, l'on constatait une reprise dans l'emploi de toutes les catégories d'engrais par rapport à 1949-1950 et il n'existe pas de difficultés d'approvisionnement.

----------Produits antiparasitaires.
----------Les ressources en souffre et en sulfate de cuivre ont été suffisantes et les cultures ont été traitées normalement. ----------Cependant, vers la fin de l'année, quelques difficultés d'approvisionnement en relation. avec la situation mondiale des matières premières apparaissent.

DIRECTION DE L'AGRICULTURE
DU GOUVERNEMENT GENERAL DE L'ALGERIE.