Alger, Algérie : documents algériens
Série économique : P.T.T.
les postes et télécommunications
5 pages - n°77 - 8 avril 1951

..........vie d'un service dont l'activité s'étend à tous les domaines et qui est fier d'apporter sa contribution à l'œuvre humaine et sociale entreprise par la France, en Algérie. depuis plus de cent ans.
mise sur site le 9-04-2005
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----------Le développement de l'Algérie exige que les relations entre les différents secteurs de son activité soient convenablement assurées pour que se poursuive en particulier la coordination de leurs efforts
----------Il faut égaiement que dans les divers domaines. l'Algérie puisse établir ou maintenir ses rapports avec l'extérieur.
----------Le service des P.T.T. répond en tout premier lieu à cette double nécessité. Il constitue le lien étroit et l'on peut même dire indispensable entre les rouages politiques et économiques du pays et contribue essentiellement à sa vie sociale. Il lui permet enfin d'être en contact permanent avec la Métropole et le reste du monde.
----------Consciente de l'importance de cette mission, l'Administration algérienne des P.T.T. continue inlassablement depuis 1860 - (de 1830 à 1860 le service des Postes était assuré par le Trésor aux Armées) - tous les efforts en vue de développer et d'améliorer encore plus ses services.
----------Pour fixer, dans l'esprit du lecteur, la place qu'occupe cette administration en Algérie sans abuser des statistiques toujours arides. le mieux semble être de lui présenter quelques rubriques et chiffres essentiels.
----------L'élément qui reflète le mieux l'activité d'une entreprise est évidemment son BUDGET.
----------Pour l'année 1951, le total des dépenses d'exploitation du service des P.T.T. dépasse 5 milliards et demi.
----------Le montant des travaux d'investissement atteint 1 milliard et demi.
----------Le PERSONNEL comprend 10.000 unités.
----------Titulaires ou auxiliaires utilisés d'une façon permanente. répartis entre
----------1 Direction Centrale à Alger.
----------3 Directions départementales (Alger-Oran-Constantine).
----------820 Établissements postaux.
----------1.180 Établissementsélectriques.
----------Le Service des BÂTIMENTS est également important.
----------En effet, pour assurer le fonctionnement de ses services, l'Administration algérienne des P.T.T. occupe 500 immeubles (services administratifs, services d'exécution, garages, ateliers, stations de relais). Depuis la fin des hostilités, un gros effort a été entrepris en vue d'améliorer l'état de ces constructions, les conditions de travail des agents et enfin d'intégrer dans le patrimoine de l'Etat le plus grand nombre possible de ces immeubles. Depuis 1945 :
46 bâtiments ont été construits ou achetés ; 14 projets sont en cours de réalisation ; 48 projets sont en cours d'examen.
----------En bref, 35% de ces immeubles sont d'ores et déjà propriété du Service Algérien des P.T.T. alors que ce pourcentage n'est que de 11% dans la Métropole.
----------L'acheminement quotidien et régulier du courrier, le relevage des boites aux lettres dans les grandes villes, la relève rapide des dérangements téléphoniques (90.000 postes téléphoniques), l'entretien de 2.000 km de câbles souterrains à grande distance, de centaines de milliers de km de fils aériens ou souterrains urbains. imposent. dans un pays où les facteurs " distance " et " reliefs" constituent des difficultés considérables pour les services, un PARC AUTOMOBILE important en nombre, en qualité et en types de voitures.
----------L'exécution du service s d'ailleurs nécessité un parcours de 4 millions de km dans le courant de l'année 1950 et exige l'utilisation de plus de 200 voitures.

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----------Les moyens d'action connus, il nous reste à les justifier en précisant la grandeur des besoins et l'importance des réalisations obtenues.
----------Pour plus de clarté. on examinera successivement chacun des secteurs principaux de l'activité des P.T.T.. a savoir

LA POSTE --- LES SERVICES FINANCIERS - LES TÉLÉCOMMUNICATIONS.

----------Les recettes entre chaque grand compartiment se répartissent comme suit :
----------Le Service téléphonique vient en tête avec 52 % , puis la poste avec 31,5 % et enfin le Service télégraphique avec 8.3 % et les services financiers avec 7,9 %.
----------La prédominance des recettes téléphoniques est à noter puisqu'en Métropole, celles-ci n'obtiennent qu'un coefficient de 45 %. L'extension du téléphone dans un pays en plein développement économique, aux agglomérations dispersées, répond donc à un besoin évident et l'Administration algérienne des P.T.T a vu juste en portant, en premier lieu. le plus gros de ses efforts sur ce service.
----------LA POSTE .
----------En 1860. la poste ne disposait que de 97 établissements postaux et assurait par an le transport de 5 millions de correspondances. Depuis, ce trafic a crû à pas de géant
----------62 millions en 1931, 98 millions en 1950.
----------Pour acheminer cet important courrier à travers l'Algérie. l'Administration des P.T.T. utilise journellement 60 trains et 221 services automobiles contre : 153 en 1937.
----------La voie maritime est également utilisée pour les liaisons avec la Métropole, notamment, et chaque 14 courriers relient ALGER_. ORAN. BONE. PHILIPPEVILLE d'une part, à MARSEILLE et PORT-VENDRES d'autre part.
----------La Poste aérienne dont les premiers essais remontent à 1922 entre ORAN et CASABLANCA, connait un développement considérable qui ne cesse de croître d'année en année
----------26.000 kg de courrier transporté en 1938.
----------268.000 kg e n 1947.
----------319.000 kg en 1950.

----------32 lignes aériennes participent àcet acheminement
----------21 à partir d'ALGER;
----------8 à partir d'ORAN
----------3 à partir de BONE.
----------L'emploi de l'avion permet une lettre déposéeà la Recette principale d'ALGER avant 20 h 45 d'être distribuée le lendemain matin à PARIS.
----------En ce qui concerne la desserte de usagers. signalons que 284 bureaux sur 752 assurent deux distribution par jour et que tous les autres bureaux en effectuent une quotidiennement.
----------Enfin, il ne faut pas oublier que. gràce à l'émission de timbres-poste spéciaux avec surtaxe, la poste aide des oeuvres de bienfaisance à collecter des sommes importantes. Soixante types de ces figurines ont été déjà émises. Leur vente a rapporté de 1946 à 1950 plus de 20 millions de francs de surtaxe pour 2 millions de figurines vendues.

----------LES SERVICES FINANCIERS.
----------Les P.T.T. jouent également un rôle primordial dans les transferts de fonds , c'est là le but des Services Financiers.
----------Les Articles d'Argent,
----------En premier lieu, nous citerons, parce que le plus ancien, le service des ARTICLES D'ARGENT dont le but est la conversion en mandats de sommes versées aux caisses des bureaux de poste et le payement des titres aux ayants-droit.
----------Le développement des échanges commerciaux trouve son corollaire dans l'accroissement constant du trafic des mandats. Plus de 5 MILLIONS de titres émis en 1950 pour un montant de 150 MILLIARDS (trois fois environ la circulation fiduciaire en Algérie) contre 4 MILLIONS de titres émis en 1946.
----------A ce trafic, il faut ajouter celui qui, dans une proportion plus modeste, n'en constitue pas moins un élément non négligeable, nous voulons parler du recouvrement des valeurs et des envois contre remboursement. Ce service a travaillé 800.000 objets en 1950 et près de 5 MILLIARDS de fonds ont été encaissés par les facteurs ou les agents des guichets postaux.
----------Enfin, citons parmi les innovations assez récentes, le " Mandat-Trésor" créé en 1948 à l'intention du public algérien pour lui permettre d'effectuer, dans n'importe quel bureau de l'Algérie, sans paiement de droits, le versement de ses contributions fiscales.
----------La Caisse Nationale d'Epargne.
----------Si des conceptions philosophiques et religieuses éloignent encore de cette institution, que d'aucun ont appelé LA BANQUE DES PETITS EPARGNANTS une partie de la population, l'essor de la C.N.E. n'en est pas moins remarquable. En effet, le nombre des déposants a presque doublé en 22 ans et il est actuellement de 571.000, ce qui représente une proportion de 7 comptes d'épargne pour 100 habitants, contre 32 en Métropole.
----------Au cours de l'année 1950 on a enregistré 8 MILLIARDS de versements pour 5 MILLIARDS de remboursements. Le solde s'est donc accru de 3 MILLIARDS et il dépasse actuellement 13 MILLIARDS soit un solde moyen par livret de 22.000 francs.
----------Les Chèques Postaux.
----------Créé en Algérie en 1921, ce service est celui dont la croissance est le plus rapide et, qui, depuis quelques mois, connaît un développement que l'on peut qualifier, sans exagération, de considérable.
----------En effet, de nombreux organismes nouveaux, publics, semi-publics ou privés, ont de plus en plus recours au service des chèques postaux pour payer les prestations dues à leurs ressortissants. Enfin. la rapidité de l'enregistrement des opérations, la sécurité qui l'entoure et la modicité des taxes gratuité pour les virements fait aussi que ce service a de plus en plus la faveur du public.
----------De 8.200 en 1926, le nombre de comptes courants passe à 26.000 en 1939, 47.500 en 1946, et a 74.300 au 1er janvier 1951. Le montant des avoirs en compte atteint : 16 MILLIARDS au 30 décembre 1950. Il était de 7 MILLIARDS il y a un an.

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----------Le nombre des opérations journalières dépasse 25.000 et leur montant total 750 MILLIARDS par an.
----------Trois bureaux : ALGER-R.P., ORAN-R.P. et CONSTANTINE-R. P., ces deux derniers relies par téléimprimeurs au centre des chèques postaux, mettent leurs guichets à la disposition du public pour le paiement des " Chèques à vue
----------Un service également très apprécié du public algérien est le mandat-lettre de crédit qui permet à l'intéressé de disposer au cours de ses déplacements en Algérie ou en Métropole de tout ou partie de son avoir disponible. ALGER a émis 67.000 de ces titres en 1950. Pour achever la rubrique des Services Financiers nous mentionnerons, pour mémoire, toutes les opérations que le service des P.T.T. effectue
pour le compte des Finances, opérations qui viennent accroître en nombre, en importance et en variété les attributions déjà étendues du service des PTT

LES TÉLÉCOMMUNICATIONS.

----------Les Télécommunications comprennent les services télégraphiques. téléphoniques et radio-électriq ues.

----------A -- Télégraphe.
----------L'origine du Télégraphe remonte en Algérie à 1842, avec l'installation du télégraphe aérien Chappe.,Le réseau s'étendait sur 1.500 km en 1854.
----------Vers 1853, peu de temps après ses débuts en France, on introduit en Algérie le télégraphe électrique.
----------En 1861, il existait 38 bureaux télégraphiques et 3.179 km de ligne.
----------Des liaisons par voie sous-marine furent établies avec la France dès 1870.
----------Depuis lors, sept câbles reposant au fond des eaux relient l'Algérie à la mère patrie ; trois entre MARSEILLE et ALGER posés en 1879, 1880 et 1913, trois entre MARSEILLE et ORAN datant de 1892. 1932 et 1939 ; un autre enfin entre MARSEILLE et PHILIPPEVILLE a été livré à l'exploitation en 1925. Ces conducteurs et leurs installations terminales ont bénéficié de tous les progrès techniques réalisés.
----------Le réseau intérieur se confond désormais intimement avec celui du téléphone et dessert 950 bureaux télégraphiques.
----------Les appareils utilisés ont suivi les mêmes perfectionnements. Après le système Chappe et le Morse. l'appareil français Baudot à très grand rendement a été généralisé et fait place maintenant progressivement au téléimprimeur, véritable machine à écrire à distance. Des réseaux d'abonnés utilisant à partir de leur domicile ce dernier appareil seront vraisemblablement créés au cours des prochaines années.
----------D'abord affecté exclusivement à la transmission des correspondances officielles, le service télégraphique a été mis à la disposition du public en Algérie en 1854. Il connut, dès lors, une faveur croissante jusqu'aux années 1925 à 1930. Par la suite, le trafic télégraphique subit un déclin. Après un regain d'activité, dû aux circonstances, pendant les hostilités de 1939-1945, le télégraphe est à nouveau un d,croissance. Ses concurrents sont le Téléphone et la Poste Aérienne.
----------Il n'en demeure pas moins que près de 2 millions (le télégrammes sont encore suis chaque année en distribution en Algérie.
----------B - Téléphone.
----------Dès 1882, le Service Téléphonique fut concédé à une compagnie privée qui exploita les réseaux d' ALGER et d'ORAN jusqu'au 31 mars 1889.
----------Le nombre d'abonnés était alors de 81, il passe successivement à 732 en 1900 ; 11.000 en 1920 atteint 34.000 en 1940 et plus de 60.000 à la fin de 1950. Le nombre de postes téléphoniques qui était de 48.000 en 1939 est de 96.000 actuellement, soit le double en dix ans.
----------Les abonnés se répartissent en réseaux locaux urbains et ruraux dont le nombre était déjà de prés de 500 en 1914 pour dépasser le millier en 1944, on compte en ce moment 1.188 réseaux téléphoniques.
----------Un vaste maillage de liaisons interurbaines joint tous ces abonnés, il va depuis la ligne téléphonique simple à 2 fils sur poteaux jusqu'au câble souterrain à très grande capacité d'écoulement de plusieurs centaines de communications simultanées. Ce réseau déploie plus de 150.000 km de fils aériens et 2.000 km de câble à grande distance, et fait appel à tous les procédés techniques modernes susceptibles d'augmenter le rendement des liaisons.
----------L'outillage des centraux téléphoniques s'est considérablement amélioré. Constitué à l'origine par de simples tableaux manuels, il comporte actuellement 15 centraux automatiques desservant 58 des abonnés et plusieurs multiples manuels.
----------Une soixantaine de bureaux sont équipés de l'automatique rural. Ce système très intéressant parce qu'il permet aux abonnés des campagnes d'obtenir des communications téléphoniques à toute heure du Jour et de nuit est en voie d'extension.
----------Si le télégraphe est en régression. le trafic téléphonique. au contraire, n'a cessé de croître. En effet,le nombre de communications téléphoniques qui était de 1' ordre de 30 millions en 1927 est passé à 55 millions en 1947 : il dépasse 60 millions pour 1950, dont 18 millions de communications interurbaines contre 6 millions en 1927.
----------On doit dire en conclusion que seules les difficultés nées de la guerre ont empêché que cet essor soit encore plus rapide et plus important. car les besoins exprimés n'ont pu être pleinement satisfaits en raison de la pénurie des approvisionnements. Le téléphone. en effet. exerce un attrait tout particulier sur les populations musulmanes pour lesquelles il constitue un moyen d'échange des idées, d'une grande commodité.
----------Services radioélectriques.
----------a) Radiotélégraphie.
----------L'Algérie participe depuis le début de l'apparition de la T.S.F. à la sécurité des navires en mer.Elle possède à Fort-de-l'Eau une station côtière radio-maritime.
----------Elle exploite depuis 1927 des liaisons radiolélégraphiques avec la France par le système français Baudot Verdan.
----------De 1943 à 1945, ALGER a été tète de ligne de plusieurs liaisons radiotélégiaphiques internationales très importantes.
----------Des relations avec la France concédées à des organismes publics ou privés, exploitées au téléimprimeur sont actuellement en service.
----------b) Radiotéléphonie.
----------Mais c'est surtout en radiotéléphonie que des progrès très nets ont été réalisés.
----------Dès 1933, une liaison téléphonique France-Algérie a été mise en service. Interrompu pendant les hostilités, le service a repris en 1946 et présente actuellement une grande activité.
----------Il est assuré par des liaisons modernes à grande puissance offrant 6 voies téléphoniques simultanées.
----------Le trafic est passe de 28.500 communications en 1946 à 56.500 en 1947 pour atteindre 109.400 en 1950 ; c'est dire la faveur de ce mode de communication qui permet de converser non seulement avec ha France mais avec de nombreux pays du monde.
----------Enfin, des stations de radiotéléphonie avec les bateaux installés à ALGER. ORAN et BONE contribuent à l' amélioration des transports maritimes et a la sécurité des services.

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----------Avant de conclure, il parait nécessaire de dire un mot du service social des P.T.T. Né en 1946. Ce service est géré par un Comité central et trois Comités départementaux : ses attributions sont multiples : dépistage et lutte contre la tuberculose, surveillance des jeunes, agents au point de vue physique et moral, assistance pré et postnatale, secours d'urgence, prêts d'honneur, postes de secours, colonies de vacances, arbres de Noël, etc... Cette œuvre est encore imparfaite ruais, grâce au dévouement de chacun et à la collaboration efficace de toutes les organisations syndicales, ce service se perfectionne progressivement au profit de ceux que le maladie ou le malheur viennent frapper.

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----------Arrivé au terme de cet exposé, le lecteur peut se poser une question : Comment se solde le budget des P.T.T. ?
----------Le Service algérien des P.T.T. supporte des charges très lourdes : traitements de personnel supérieurs en moyenne de 15 % à ceux de la Métropole, indemnités spéciales, frais de transport et d'entretien élevés en raison de la topographie du pays et de la dispersion des usagers. etc... Malgré cela. l'Administration des P.T.T. en Algérie présente un bilan dans lequel le montant des dépenses ne l'emporte sur celui des recettes que de 9 %. On peut donc affirmer que sans ces charges spéciales, le budget algérien des P.T.T. serait, non seulement équilibré, mais légèrement bénéficiaire.
----------Telle est résumée la vie d'un service dont l'activité s'étend à tous les domaines et qui est fier d'apporter sa contribution à l'œuvre humaine et sociale entreprise par la France, en Algérie. depuis plus de cent ans.