----------Le
développement de l'Algérie exige que les relations entre
les différents secteurs de son activité soient convenablement
assurées pour que se poursuive en particulier la coordination de
leurs efforts
----------Il
faut égaiement que dans les divers domaines. l'Algérie puisse
établir ou maintenir ses rapports avec l'extérieur.
----------Le
service des P.T.T. répond en tout premier lieu à cette double
nécessité. Il constitue le lien étroit et l'on peut
même dire indispensable entre les rouages politiques et économiques
du pays et contribue essentiellement à sa vie sociale. Il lui permet
enfin d'être en contact permanent avec la Métropole et le
reste du monde.
----------Consciente
de l'importance de cette mission, l'Administration algérienne des
P.T.T. continue inlassablement depuis 1860 - (de 1830 à 1860 le
service des Postes était assuré par le Trésor aux
Armées) - tous les efforts en vue de développer et d'améliorer
encore plus ses services.
----------Pour
fixer, dans l'esprit du lecteur, la place qu'occupe cette administration
en Algérie sans abuser des statistiques toujours arides. le mieux
semble être de lui présenter quelques rubriques et chiffres
essentiels.
----------L'élément
qui reflète le mieux l'activité d'une entreprise est évidemment
son BUDGET.
----------Pour
l'année 1951, le total des dépenses d'exploitation du service
des P.T.T. dépasse 5 milliards et demi.
----------Le
montant des travaux d'investissement atteint 1 milliard et demi.
----------Le
PERSONNEL comprend 10.000 unités.
----------Titulaires
ou auxiliaires utilisés d'une façon permanente. répartis
entre
----------1
Direction Centrale à Alger.
----------3
Directions départementales (Alger-Oran-Constantine).
----------820
Établissements postaux.
----------1.180
Établissementsélectriques.
----------Le
Service des BÂTIMENTS est également important.
----------En
effet, pour assurer le fonctionnement de ses services, l'Administration
algérienne des P.T.T. occupe 500 immeubles (services administratifs,
services d'exécution, garages, ateliers, stations de relais). Depuis
la fin des hostilités, un gros effort a été entrepris
en vue d'améliorer l'état de ces constructions, les conditions
de travail des agents et enfin d'intégrer dans le patrimoine de
l'Etat le plus grand nombre possible de ces immeubles. Depuis 1945 :
46 bâtiments ont été construits ou achetés
; 14 projets sont en cours de réalisation ; 48 projets sont en
cours d'examen.
----------En
bref, 35% de ces immeubles sont d'ores et déjà propriété
du Service Algérien des P.T.T. alors que ce pourcentage n'est que
de 11% dans la Métropole.
----------L'acheminement
quotidien et régulier du courrier, le relevage des boites aux lettres
dans les grandes villes, la relève rapide des dérangements
téléphoniques (90.000 postes téléphoniques),
l'entretien de 2.000 km de câbles souterrains à grande distance,
de centaines de milliers de km de fils aériens ou souterrains urbains.
imposent. dans un pays où les facteurs " distance " et
" reliefs" constituent des difficultés considérables
pour les services, un PARC AUTOMOBILE important en nombre, en qualité
et en types de voitures.
----------L'exécution
du service s d'ailleurs nécessité un parcours de 4 millions
de km dans le courant de l'année 1950 et exige l'utilisation de
plus de 200 voitures.
******
----------Les
moyens d'action connus, il nous reste à les justifier en précisant
la grandeur des besoins et l'importance des réalisations obtenues.
----------Pour
plus de clarté. on examinera successivement chacun des secteurs
principaux de l'activité des P.T.T.. a savoir
LA POSTE --- LES SERVICES
FINANCIERS - LES TÉLÉCOMMUNICATIONS.
----------Les
recettes entre chaque grand compartiment se répartissent comme
suit :
----------Le
Service téléphonique vient en tête avec 52 % , puis
la poste avec 31,5 % et enfin le Service télégraphique avec
8.3 % et les services financiers avec 7,9 %.
----------La
prédominance des recettes téléphoniques est à
noter puisqu'en Métropole, celles-ci n'obtiennent qu'un coefficient
de 45 %. L'extension du téléphone dans un pays en plein
développement économique, aux agglomérations dispersées,
répond donc à un besoin évident et l'Administration
algérienne des P.T.T a vu juste en portant, en premier lieu. le
plus gros de ses efforts sur ce service.
----------LA
POSTE .
----------En
1860. la poste ne disposait que de 97 établissements postaux et
assurait par an le transport de 5 millions de correspondances. Depuis,
ce trafic a crû à pas de géant
----------62
millions en 1931, 98 millions en 1950.
----------Pour
acheminer cet important courrier à travers l'Algérie. l'Administration
des P.T.T. utilise journellement 60 trains et 221 services automobiles
contre : 153 en 1937.
----------La
voie maritime est également utilisée pour les liaisons avec
la Métropole, notamment, et chaque 14 courriers relient ALGER_.
ORAN. BONE. PHILIPPEVILLE d'une part, à MARSEILLE et PORT-VENDRES
d'autre part.
----------La
Poste aérienne dont les premiers essais remontent à 1922
entre ORAN et CASABLANCA, connait un développement considérable
qui ne cesse de croître d'année en année
----------26.000
kg de courrier transporté en 1938.
----------268.000
kg e n 1947.
----------319.000
kg en 1950.
----------32 lignes
aériennes participent àcet acheminement
----------21
à partir d'ALGER;
----------8
à partir d'ORAN
----------3
à partir de BONE.
----------L'emploi
de l'avion permet une lettre déposéeà la Recette
principale d'ALGER avant 20 h 45 d'être distribuée le lendemain
matin à PARIS.
----------En
ce qui concerne la desserte de usagers. signalons que 284 bureaux sur
752 assurent deux distribution par jour et que tous les autres bureaux
en effectuent une quotidiennement.
----------Enfin,
il ne faut pas oublier que. gràce à l'émission de
timbres-poste spéciaux avec surtaxe, la poste aide des oeuvres
de bienfaisance à collecter des sommes importantes. Soixante types
de ces figurines ont été déjà émises.
Leur vente a rapporté de 1946 à 1950 plus de 20 millions
de francs de surtaxe pour 2 millions de figurines vendues.
----------LES
SERVICES FINANCIERS.
----------Les
P.T.T. jouent également un rôle primordial dans les transferts
de fonds , c'est là le but des Services Financiers.
----------Les
Articles d'Argent,
----------En
premier lieu, nous citerons, parce que le plus ancien, le service des
ARTICLES D'ARGENT dont le but est la conversion en mandats de sommes versées
aux caisses des bureaux de poste et le payement des titres aux ayants-droit.
----------Le
développement des échanges commerciaux trouve son corollaire
dans l'accroissement constant du trafic des mandats. Plus de 5 MILLIONS
de titres émis en 1950 pour un montant de 150 MILLIARDS (trois
fois environ la circulation fiduciaire en Algérie) contre 4 MILLIONS
de titres émis en 1946.
----------A
ce trafic, il faut ajouter celui qui, dans une proportion plus modeste,
n'en constitue pas moins un élément non négligeable,
nous voulons parler du recouvrement des valeurs et des envois contre
remboursement. Ce service a travaillé 800.000 objets en 1950
et près de 5 MILLIARDS de fonds ont été encaissés
par les facteurs ou les agents des guichets postaux.
----------Enfin,
citons parmi les innovations assez récentes, le " Mandat-Trésor"
créé en 1948 à l'intention du public algérien
pour lui permettre d'effectuer, dans n'importe quel bureau de l'Algérie,
sans paiement de droits, le versement de ses contributions fiscales.
----------La
Caisse Nationale d'Epargne.
----------Si
des conceptions philosophiques et religieuses éloignent encore
de cette institution, que d'aucun ont appelé LA BANQUE DES PETITS
EPARGNANTS une partie de la population, l'essor de la C.N.E. n'en est
pas moins remarquable. En effet, le nombre des déposants a presque
doublé en 22 ans et il est actuellement de 571.000, ce qui représente
une proportion de 7 comptes d'épargne pour 100 habitants, contre
32 en Métropole.
----------Au
cours de l'année 1950 on a enregistré 8 MILLIARDS de versements
pour 5 MILLIARDS de remboursements. Le solde s'est donc accru de 3 MILLIARDS
et il dépasse actuellement 13 MILLIARDS soit un solde moyen par
livret de 22.000 francs.
----------Les
Chèques Postaux.
----------Créé
en Algérie en 1921, ce service est celui dont la croissance est
le plus rapide et, qui, depuis quelques mois, connaît un développement
que l'on peut qualifier, sans exagération, de considérable.
----------En
effet, de nombreux organismes nouveaux, publics, semi-publics ou privés,
ont de plus en plus recours au service des chèques postaux pour
payer les prestations dues à leurs ressortissants. Enfin. la rapidité
de l'enregistrement des opérations, la sécurité qui
l'entoure et la modicité des taxes gratuité pour les virements
fait aussi que ce service a de plus en plus la faveur du public.
----------De
8.200 en 1926, le nombre de comptes courants passe à 26.000 en
1939, 47.500 en 1946, et a 74.300 au 1er janvier 1951. Le montant des
avoirs en compte atteint : 16 MILLIARDS au 30 décembre 1950. Il
était de 7 MILLIARDS il y a un an.
|
-------
|
----------Le nombre
des opérations journalières dépasse 25.000 et leur
montant total 750 MILLIARDS par an.
----------Trois
bureaux : ALGER-R.P., ORAN-R.P. et CONSTANTINE-R. P., ces deux derniers
relies par téléimprimeurs au centre des chèques postaux,
mettent leurs guichets à la disposition du public pour le paiement
des " Chèques à vue
----------Un
service également très apprécié du public
algérien est le mandat-lettre de crédit qui permet à
l'intéressé de disposer au cours de ses déplacements
en Algérie ou en Métropole de tout ou partie de son avoir
disponible. ALGER a émis 67.000 de ces titres en 1950. Pour achever
la rubrique des Services Financiers nous mentionnerons, pour mémoire,
toutes les opérations que le service des P.T.T. effectue
pour le compte des Finances, opérations qui viennent accroître
en nombre, en importance et en variété les attributions
déjà étendues du service des PTT
LES TÉLÉCOMMUNICATIONS.
----------Les Télécommunications
comprennent les services télégraphiques. téléphoniques
et radio-électriq ues.
----------A
-- Télégraphe.
----------L'origine
du Télégraphe remonte en Algérie à 1842, avec
l'installation du télégraphe aérien Chappe.,Le réseau
s'étendait sur 1.500 km en 1854.
----------Vers
1853, peu de temps après ses débuts en France, on introduit
en Algérie le télégraphe électrique.
----------En
1861, il existait 38 bureaux télégraphiques et 3.179 km
de ligne.
----------Des
liaisons par voie sous-marine furent établies avec la France dès
1870.
----------Depuis
lors, sept câbles reposant au fond des eaux relient l'Algérie
à la mère patrie ; trois entre MARSEILLE et ALGER posés
en 1879, 1880 et 1913, trois entre MARSEILLE et ORAN datant de 1892. 1932
et 1939 ; un autre enfin entre MARSEILLE et PHILIPPEVILLE a été
livré à l'exploitation en 1925. Ces conducteurs et leurs
installations terminales ont bénéficié de tous les
progrès techniques réalisés.
----------Le
réseau intérieur se confond désormais intimement
avec celui du téléphone et dessert 950 bureaux télégraphiques.
----------Les
appareils utilisés ont suivi les mêmes perfectionnements.
Après le système Chappe et le Morse. l'appareil français
Baudot à très grand rendement a été généralisé
et fait place maintenant progressivement au téléimprimeur,
véritable machine à écrire à distance. Des
réseaux d'abonnés utilisant à partir de leur domicile
ce dernier appareil seront vraisemblablement créés au cours
des prochaines années.
----------D'abord
affecté exclusivement à la transmission des correspondances
officielles, le service télégraphique a été
mis à la disposition du public en Algérie en 1854. Il connut,
dès lors, une faveur croissante jusqu'aux années 1925 à
1930. Par la suite, le trafic télégraphique subit un déclin.
Après un regain d'activité, dû aux circonstances,
pendant les hostilités de 1939-1945, le télégraphe
est à nouveau un d,croissance. Ses concurrents sont le Téléphone
et la Poste Aérienne.
----------Il
n'en demeure pas moins que près de 2 millions (le télégrammes
sont encore suis chaque année en distribution en Algérie.
----------B
- Téléphone.
----------Dès
1882, le Service Téléphonique fut concédé
à une compagnie privée qui exploita les réseaux d'
ALGER et d'ORAN jusqu'au 31 mars 1889.
----------Le
nombre d'abonnés était alors de 81, il passe successivement
à 732 en 1900 ; 11.000 en 1920 atteint 34.000 en 1940 et plus de
60.000 à la fin de 1950. Le nombre de postes téléphoniques
qui était de 48.000 en 1939 est de 96.000 actuellement, soit le
double en dix ans.
----------Les
abonnés se répartissent en réseaux locaux urbains
et ruraux dont le nombre était déjà de prés
de 500 en 1914 pour dépasser le millier en 1944, on compte en ce
moment 1.188 réseaux téléphoniques.
----------Un
vaste maillage de liaisons interurbaines joint tous ces abonnés,
il va depuis la ligne téléphonique simple à 2 fils
sur poteaux jusqu'au câble souterrain à très grande
capacité d'écoulement de plusieurs centaines de communications
simultanées. Ce réseau déploie plus de 150.000 km
de fils aériens et 2.000 km de câble à grande distance,
et fait appel à tous les procédés techniques modernes
susceptibles d'augmenter le rendement des liaisons.
----------L'outillage
des centraux téléphoniques s'est considérablement
amélioré. Constitué à l'origine par de simples
tableaux manuels, il comporte actuellement 15 centraux automatiques desservant
58 des abonnés et plusieurs multiples manuels.
----------Une
soixantaine de bureaux sont équipés de l'automatique rural.
Ce système très intéressant parce qu'il permet aux
abonnés des campagnes d'obtenir des communications téléphoniques
à toute heure du Jour et de nuit est en voie d'extension.
----------Si
le télégraphe est en régression. le trafic téléphonique.
au contraire, n'a cessé de croître. En effet,le nombre de
communications téléphoniques qui était de 1' ordre
de 30 millions en 1927 est passé à 55 millions en 1947 :
il dépasse 60 millions pour 1950, dont 18 millions de communications
interurbaines contre 6 millions en 1927.
----------On
doit dire en conclusion que seules les difficultés nées
de la guerre ont empêché que cet essor soit encore plus rapide
et plus important. car les besoins exprimés n'ont pu être
pleinement satisfaits en raison de la pénurie des approvisionnements.
Le téléphone. en effet. exerce un attrait tout particulier
sur les populations musulmanes pour lesquelles il constitue un moyen d'échange
des idées, d'une grande commodité.
----------Services
radioélectriques.
----------a)
Radiotélégraphie.
----------L'Algérie
participe depuis le début de l'apparition de la T.S.F. à
la sécurité des navires en mer.Elle possède à
Fort-de-l'Eau une station côtière radio-maritime.
----------Elle
exploite depuis 1927 des liaisons radiolélégraphiques avec
la France par le système français Baudot Verdan.
----------De
1943 à 1945, ALGER a été tète de ligne de
plusieurs liaisons radiotélégiaphiques internationales très
importantes.
----------Des
relations avec la France concédées à des organismes
publics ou privés, exploitées au téléimprimeur
sont actuellement en service.
----------b)
Radiotéléphonie.
----------Mais
c'est surtout en radiotéléphonie que des progrès
très nets ont été réalisés.
----------Dès
1933, une liaison téléphonique France-Algérie a été
mise en service. Interrompu pendant les hostilités, le service
a repris en 1946 et présente actuellement une grande activité.
----------Il
est assuré par des liaisons modernes à grande puissance
offrant 6 voies téléphoniques simultanées.
----------Le
trafic est passe de 28.500 communications en 1946 à 56.500 en 1947
pour atteindre 109.400 en 1950 ; c'est dire la faveur de ce mode de communication
qui permet de converser non seulement avec ha France mais avec de nombreux
pays du monde.
----------Enfin,
des stations de radiotéléphonie avec les bateaux installés
à ALGER. ORAN et BONE contribuent à l' amélioration
des transports maritimes et a la sécurité des services.
********
----------Avant
de conclure, il parait nécessaire de dire un mot du service social
des P.T.T. Né en 1946. Ce service est géré par un
Comité central et trois Comités départementaux :
ses attributions sont multiples : dépistage et lutte contre la
tuberculose, surveillance des jeunes, agents au point de vue physique
et moral, assistance pré et postnatale, secours d'urgence, prêts
d'honneur, postes de secours, colonies de vacances, arbres de Noël,
etc... Cette uvre est encore imparfaite ruais, grâce au dévouement
de chacun et à la collaboration efficace de toutes les organisations
syndicales, ce service se perfectionne progressivement au profit de ceux
que le maladie ou le malheur viennent frapper.
**********
----------Arrivé
au terme de cet exposé, le lecteur peut se poser une question :
Comment se solde le budget des P.T.T. ?
----------Le
Service algérien des P.T.T. supporte des charges très lourdes
: traitements de personnel supérieurs en moyenne de 15 % à
ceux de la Métropole, indemnités spéciales, frais
de transport et d'entretien élevés en raison de la topographie
du pays et de la dispersion des usagers. etc... Malgré cela. l'Administration
des P.T.T. en Algérie présente un bilan dans lequel le montant
des dépenses ne l'emporte sur celui des recettes que de 9 %. On
peut donc affirmer que sans ces charges spéciales, le budget algérien
des P.T.T. serait, non seulement équilibré, mais légèrement
bénéficiaire.
----------Telle
est résumée la vie d'un service dont l'activité s'étend
à tous les domaines et qui est fier d'apporter sa contribution
à l'uvre humaine et sociale entreprise par la France, en
Algérie. depuis plus de cent ans.
|