----------SSi
le Mais était connu des indigènes
avant 1830, il ne semble pas cependant que sa culture ait été
très développée en Algérie avant l'implantation
de la colonisation. Rozet ( H. ROZET. - Voyage dans la
Régence d'Alger. - Paris. 1833.) Indique que dans les territoires
du Nord on en trouvait " quelques pieds
dans les champs de pommes de terre, dans les vignes, etc..., le long des
allées des jardins potagers, les Maures et les Arabes plantant
le Maïs de l'Inde dont ils cueillent la penouille verte pour mettre
dans les ragoûts qu'ils font ". J. Duval (
J. DUVAL. - Production et commerce des céréales en Algérie.
Annales de la Colonisation algérienne. Alger, 1856. ) confirme
cette antériorité de la culture du Maïs en signalant
qu'en 1854, cette céréale était cultivée en
dehors de la Kabylie et du Tell, dans les oasis sahariennes (et même
jusqu'au Soudan) où la pénétration française
n'avait pas encore eu lieu. D'après A. Chevalier (
A. CHEVALIER. - Les productions végétales du Sahara. - R.B.A.A.T.
- Paris, 1932.), la culture du Maïs serait assez ancienne
en Afrique du Nord, au Sahara et au Soudan et remonterait au 16è
siècle.
----------SOn
ne connaît rien de précis sur l'origine de la culture du
Maïs en Algérie. Il semble que cette culture y aurait été
introduite d'Espagne (par les Arabes et les Maures) et non d'Asie (avant
la période colombienne) comme pourraient le laisser supposer certaines
hypothèses relatives à une culture antérieure de
cette céréale en Turquie, car la dispersion du Maïs
en Afrique du Nord aurait dû suivre bien longtemps avant sa connaissance
historique européenne les invasions arabes.
----------SLa
culture du Maïs peut être envisagée en Algérie
à quatre points de vue : pour la production de grains secs utilisés
pour la consommation humaine et animale, pour la production de grains
vert consommés comme légume d'été, pour l'obtention
de fourrage utilisable directement en vert ou après ensilage et
enfin pour la production d'alcool.
LA CULTURE DU MAÏS-GRAIN.
Importance passée
et présente, avenir de la culture du Maïs en Algérie.
----------SEn
1854 ( Statistique Générale
et Annuaire de la Statistique de l'Algérie.), on notait
en Algérie 5.076 ha de Maïs (Alger 3.561 - Oran 1.014 - Constantine
500) correspondant à une production de 81.617 hl. Au cours des
années suivantes, les plantations s'étendirent assez rapidement
pour atteindre en 1878 : 33.075 ha correspondant à une récolte
de 70.265 q. Par la suite. on enregistre une régression assez rapide
de la culture qui tombe à 13.109 ha (124.807 q) en 1886. Depuis
cette date on assiste à un abandon progressif du maïs par
l'agriculture algérienne ( Statistique Générale
et Annuaire de la Statistique de l'Algérie).
----------SAu
cours de la période 1894-1916, la culture du Mais se maintient
entre 11.000 ha (1907) et 16.000 ha (1895) correspondant à une
production variant de 76.000 q (1897) à 242.000 q (1913).
----------SDe
1916 à 1933, la culture du Maïs oscille autour de 10.000 ha
(8.000 ha en 1922 - 11.000 ha en 1926) pour tomber au cours des années
suivantes de 7.685 ha en 1934 à parfois moins de 4.000 ha en 1946).
(Voir tableau 1.)
Tableau 1
|
|
Importance de la culture du Mais
en Algérie -
1939-1948
|
|
Année,
|
Hectares
|
Quintaux
|
Moyenne
|
Européenne
|
indigène
|
Différence
|
|
|
|
|
Quintaux,/Hectares
|
|
1939
|
5.338
|
43.387
|
8.1
|
12.4
|
6.8
|
+5.6
|
1940
|
5.151
|
40.549
|
7.9
|
11.1
|
7.0
|
+4.1
|
1941
|
6.096
|
46.067
|
7.5
|
7.9
|
7.6
|
+ 0.3
|
1942
|
4.679
|
28.674
|
6.1
|
6.2
|
6.o
|
+ 0.2
|
1943
|
4.267
|
24.787
|
5.8
|
6.4
|
5.6
|
+ 0.8
|
1944
|
5.406
|
25.219
|
4.6
|
5.1
|
4.3
|
+ o.8
|
1945
|
5.237
|
17.297
|
3.3
|
2.7
|
3.6
|
- 0,9
|
1946
|
3.720
|
26.491
|
7.1
|
5.5
|
8.o
|
- 2.5
|
1947
|
4.717
|
31.989
|
6.7
|
5.8
|
7.1
|
- 1.3
|
1948
|
6.124
|
62.680
|
10.3
|
9.4
|
10.5
|
- 1.1
|
Renseignements statistiques agricoles
(Direction de l'Agriculture)
|
Le mais est, depuis
longtemps, surtout cultivé dans les départements d'Oran
et de Constantine, le département d'Alger venant loin derrière
ses voisins et les Territoires du Sud ne lui consacrant que dessuperficies
réduites. (Voir tableau 2)
TABLEAU N" 2
|
|
Répartition territoriale
des cultures de Maïs en Algérie (ha)
|
|
|
1916
|
1939
|
'948
|
Alger
|
1.340
|
607
|
250
|
Oran
|
1.342
|
1.598
|
2.173
|
Constantine
|
5.845
|
3.026
|
3535
|
Territoires du sud
|
1.127
|
107
|
166
|
|
12.654
|
5.338
|
6.124
|
----------SLes
principaux centres de production se situent actuellement pour les départements
----------Sd'Alger,
dans les arrondissements de Blida (Mititlja) et d'Orléansville
( Moyen-Chéliff)
----------Sd'Oran,
dans les arrondissements d'Oran, de Tlemcen et de Mascara
----------Sde
Constantine. dans les arrondissements de Guelma, de Bougie, de Batna et
de Bône.
----------SLa
culture du Maïs est, depuis le début, une culture surtout
indigène, dans une proportion variant suivant les années
des 2/3 au 3/4 (voir tableau 3) ce qui explique en partie la faiblesse
des rendements enregistrés par la Statistique Agricole. ----------SA
ce sujet il est curieux de constater qu'au cours des 20 dernières
années (1928-1948) un changement assez sérieux s'est produit
dans les rendements : alors que jusqu'en 1940 les rendements en culture
européenne dépassaient de 2 à 5 quintaux ceux de
la culture indigène, depuis 1941 on assiste à un renversement,
les rendements indigènes dépassant de 1 à 2 q ceux
des européens. Nous reviendrons plus loin sur ce fait, absolument
curieux dans un pays où d'une façon générale
la culture européenne est toujours plus productrice que la culture
indigène.
TABLEAU N° 3
|
Culture comparée européenne
et indigène (ha)
|
Culture
|
1916
|
1939
|
1948
|
Européenne
|
4,390
|
1.182
|
1.787
|
Indigène
|
8.264
|
4.156
|
4.337
|
Total
|
12.654
|
5.338
|
6.124
|
----------SComme
pour les autres céréales, les récoltes de Maïs
sont influencées par la pluviométrie annuelle (une partie
assez importante des cultures étant poursuivie en terrains frais,
sans le secours de l'irrigation) ainsi que le montrent les tonnages comparatifs
(voir tableau 1) des années humides (1939, 1948) et sèches
(1945)
AVENIR DE LA CULTURE
DU MAIS EN ALGÉRIE.
----------SQuelles
peuvent être les raisons d'une telle désaffection de l'agriculture
algérienne vis-à-vis de la culture d'une plante bien adaptée
à nombre de régions de ce pays et par ailleurs très
cultivée au Maroc (plus de 400.000 ha) ? désaffection qui
depuis 5o ans a réduit l'importance des plantations de plus de
moitié (M. DELOYE. - Note sur la culture du mate
grain. -Constantine, 1941.), par suite, principalement, de l'abandon
du maïs par la culture européenne, la régression étant
moins marquée en milieu musulman.
TABLEAU n°4
|
Marche de la régression
de !a culture européenne du Maïs
|
Année.
|
Hectares
|
Années
|
Hectares
|
1894
|
5.036
|
1929
|
2.809
|
1906
|
6.857
|
1939
|
1.182
|
1916
|
4.909
|
1 948
|
1-787
|
----------SCes
raisons sont de deux sortes : culturales et économiques.
----------SLe
Maïs est en Algérie réputé plante très
épuisante, dont la culture estivale réclame des soins, du
temps et beaucoup de main-d'uvre. Par ailleurs quelques insuccès
culturaux, imputables généralement à l'emploi de
semences de mauvaise qualité ont été enregistrés
périodiquement. Enfin, en culture sèche les rendements sont
faibles et aléatoires, les grosses récoltes n'étant
assurées qu'en terres riches, bien fumées et irrigables,
ou d'autres spéculations sont souvent plus rentables.
----------SLes
cours peu intéressants du Mais au cours de la période d'entre
deux guerres 1918-1939, ont été de plus, à la base
de la désaffection de la culture européenne qui s'est de
plus en plus désintéressée d'une culture non ou mal
payante et n'a réservé à cette céréale
que des superficies sans cesse restreintes, correspondant aux besoins
les plus réduits du cheptel pour le rationnement duquel le Maïs
est principalement utilisé, c'est-à-dire les porcs. Il est
à noter également que les variations de grandes amplitudes
qui caractérisent en Algérie l'économie de la production
porcine, n'ont pas été sans influer également sur
l'importance annuelle ou périodique de la culture dit Maïs.
Bien souvent, il s'est avéré avantageux pour les éleveurs
européens d'acheter du Maïs exotique plutôt que de produire
les rations de façon autarcique. La protection accordée
aux céréales par l'O.N.I.C. et sa filiale la S.A.O.N.LC.
n'a pu enrayer la régression amorcée. En milieu musulman,
le Maïs sert principalementà l'alimentation humaine, les Arabes
ne se livrant pas à l'élevage porcin ; les besoins restent
restreints d'autant qu'en certains endroits : Grande Kabylie par exemple,
le sorgho-grain - bechna -
est également utilisé et que d'une façon générale
on note une tendance très nette chez les Musulmans à substituer
dans leur alimentation le blé (dur ou tendre) à ces deux
céréales.
----------SOn
ne peut par ailleurs qu'être surpris de voir le peu de place occupée
par le Maïs dans les périmètres irrigables algériens
où sa culture aurait dû, logiquement s'implanter et se développer.
(Voir tableau 5.)
TABLEAU N' 5
|
Importance de la culture du Maïs
dans les grands périmètres irrigables
|
Arrondissements
|
1948
|
1949
|
Régions
|
|
ha
|
q/ha
|
ha
|
q/ha
|
|
Miliana
|
23
|
4.6
|
26
|
7.0
|
Haut-Chéliff.
|
Orléansville
|
33
|
1o.6
|
166
|
6.5
|
Moyen-Chéliff.
|
Mostaganem
|
75
|
10.4
|
161
|
|
Relizane - 1nkerman.
|
Oran
|
915
|
11.0
|
452
|
12.0
|
Perrégaux - Sig.
|
----------SLe Maïs
pourrait, en effet, trouver dans les zones des grands barrages une place
importante qu'il est permis d'évaluer annuellement (en jonction de
l'assolement quadriennal type des terres irrigables et des superficie réservées
aux cultures pérennes ou arbustives) à 5-10.000 ha, ce qui
sur l'ensemble du pays, ajouté aux 10.000 ha d'ancienne possibilité,
permettrait la couverture facile des besoins de l'Algérie évalués,
en moyenne, à 70-80.000 q , et laisserait mérite un léger
excédent exportable qui trouverait un débouché facile
sur la France, régulièrement importatrice, avant-guerre. de
7000.000 à 7.500.000 q de mais étranger.
TABLEAU N° 6
|
Importation, exportation et besoins
de l'Algérie en maïs (q)
|
années
|
importations
|
exportations
|
I.-E
|
Q récoltés
|
Besoins apparents
|
1929
|
13.200
|
4.500
|
+ 8.700
|
68.600
|
77.300
|
1930
|
34.900
|
1.700
|
33.200
|
74.200
|
107.400
|
1931
|
28.200
|
5.800
|
22.400
|
60.300
|
82.700
|
1932
|
68.400
|
3.200
|
65.200
|
55.200
|
120.400
|
1933
|
28.700
|
10.500
|
18.200
|
57.800
|
76.000
|
1934
|
53.500
|
24.800
|
28.700
|
71.600
|
100.300
|
1935
|
42.600
|
26.500
|
16.100
|
40.100
|
56.200
|
1936
|
60.900
|
48.300
|
12.600
|
34.700
|
47.300
|
1937
|
23.100
|
3.800
|
19.300
|
35.500
|
54.800
|
1938
|
46.800
|
3.800
|
43.000
|
42.800
|
85.800
|
VARIETES CULTIVÉES
----------SLes
mais rencontrés en culture en Algérie peuvent être
classés en trois grandes catégories, suivant l'origine de
semences .
----------SLes
Maïs indigènes ;
----------SLes
Mais européens
----------SLes
Maïs exotiques.
----------SComme
au Maroc, 0n retrouve encore en Algérie, mais toutefois avec Moins
de diversité que dans le Protectorat voisin (les fellahs s'étant
mis, en de nombreux endroits, à la culture des variétés
européennes), les vieilles variétés locales (désignées
sous les appellations génériques de Mastoura, Ktania, Oum
Khfara, Adaoua, Tourguia et quelquefois Drâ, etc...) caratérisées
par leur taille assez basse et leurs épis courts à nombre
réduit de rangées de graines et se différenciant
les unes des autres par la coloration de leurs grains (jaunes, blancs
et plus rarement rouge-bruns).
----------SLES
MAIS D'INTRODUCTION EUROPÉENNEsont surtout représentés
par des variétés françaises et espagnoles introduites
au fur et à mesure du développement et de la nature de la
colonisation. Parmi celles qui sont la plus fréquemment rencontrées,
il faut signaler ( L. DUCELLIER. - Espèces et variétés
de céréales cultivées en Algérie. - Céréales
d'Algérie. - Alger 1930.).
----------SMais
quarantain, mais précoce, atteignant 1m 50 de hauteur, portant
2-3 épis à grains jaune, un blancs, serrés et lourds,
très estimé en Oranie où il est surtout rencontré.
----------SMaïs
jaune gros, plus tardif que le précédent, pouvant atteindre
1 m5o à 2 mètres de haut, à épis peu nombreux
( 1-2 seulement), à grain surmoyen, jaune brillant, moins répandu
que le quarantain..
----------SMaïs
rouge ,gros. qui ne se différencie du jaune gros que par la
couleur de son grain et sa taille un peu plus élevée (2
m à 2 m 50), rencontré presque toujours en mélange
plus ou moins dans les cultures.
----------SMais
blanc des Landes, à tige assez haute (1m50 à 2 m ) mincemais
forte, portant deux épis coniques assez courts, à grains
blancs ou légèrement jaunâtres, peu répandu.
A ce type de Maïs peut être rapportée une variété
à grains globuleux corné,à épi court, demi-précoce.
qui est cultivé dans la région de Souk-Ahras où elle
est très estimée pour sa productivité en culture
sèche.
----------SMais
Caragua ou dent de cheval, blanc, à tiges très développées
(2 m et plus), assez fructifère et à grains blancs, spécialement
rencontré dans les zones irriguées où il est souvent
cultivé à deux fins (grains-fourrage).
----------SMais
à poulet, observé ça et là dans les plantations
algériennes mais plus rarement que les variétés précédentes.
----------SMaïs
perle, etc...
----------SDans
quelques plantations d'Oranie (Relizane, Perrégaux), on rencontre
également deux autres variétés à grains jaunes
ou blancs ( Cinquantino, etc...) introduites d'Espagne et qui sont localement
appréciées pour leur précocité, leur productivité
et la qualité de leurs grains.
----------SEn
culture, toutes ces variété, sont plus ou moins mélangées
ou métissées, la pratique locale réservant gcttëralenlenI
les variétés précoces à la culture sèche,
les variétés plus tardives (généralement plus
productives,) était cultivées à l'irrigation.
----------SLes
Mais exotiques ne font pas l'objet jusqu'ici de plantations suivies dans
la colonie, sauf au cours des années de guerre ou de grosses importations.
RENDEMENTS.
----------SLes
rendements algériens en Mais sont très variables suivant
les années, la culture et les lieux. La Statistique Agricole (voir
tableau 1) indique des rendements très faibles, aussi bien en culture
européenne qu'en culture indigène, en culture à sec
ou irriguée. Cette faiblesse des rendement, traduit le peu de soins
accordés à la culture du Maïs en Algérie.
----------SCependant,
en grande culture européenne soignée on enregistre des rendements
courants plus importants variant en culture irriguée de 12 à
15 et 20 q/ha et pouvant même s'élever jusqu'à 20-25
q/ha. En culture sèche, le rendement est toujours très faible,
et tombe souvent à 3-5 q/ha
----------SEn
petite culture et dans les zones de maraîchage, après légumes
ou en culture intercalaire,, sur terrain; " gras ", bien fumés
et bien travaillés, on signale des rendements de 30-4o q/ha.
LE MAIS-LEGUME.
----------SAux
États -unis, on cultive sous le nom de " garden-corn"
ou de " sugar-corn" des variétés de Mais utilisées
assez couramment pour la consommation humaine sous forme soit d'épis
ou de grains grillés, soit de grains verts.
----------SCette
production pourrait présenter quelque intérêt pour
l'Algérie, surtout en ce qui concerne l'utilisation en vert, car
elle permettrait, si toutefois le goût du consommateur musulman
ou européen y était préparé, la mise sur le
marché en été et à un moment où il
n'y a plus de légumes verts de consommation courante (en dehors
des courgettes, des aubergines et des poivrons qui n'ont qu'une valeur
alimentaire réduite et qui ne sont pas par ailleurs des aliments
de goût raffiné) de succédanés acceptables
des pois et haricots.
----------SL'expérimentation
poursuivie à la Station Centrale sur le Mais-légume. depuis1945
a porté sur une dizaine de variétés de sugar-corn
et de pop-.corn introduites des U.S.A.
----------SLes
plus intéressantes sont signalées dans le tableau ci-dessous
----------SCet
état de choses est absolument paradoxal dans un pays où
on enregistre des famines périodiques et où la pénurie
des fourrages d'été se fait cruellement sentir. Les causes
d'une situation aussi regrettable doivent être recherchées
dans le préjugé défavorable, déjà signalé
en ce qui concerne le Mais grain, de plante épuisante attribué
à cette céréale, dans l'ignorance des colons au sujet
de la valeur du Maïs-fourrage et de la pratique de l'ensilage ainsi
dans l'état encore trop arriéré de l'élevage
local.
----------SPourtant
dans de nombreuses régions : périmètres irrigables
des plaines littorales et sub-littorales, périmètres de
petite hydraulique des hautes plaines, etc... le Maïs-fourrage pourrait
être cultivé avec profit et rendrait les plus grands services
aux éleveurs .
LE MAIS INDUSTRIEL.
----------SIl
ne peut tout au moins pour l'instant en raison d'une part de la faiblesse
de la production locale et d'autre part de l'absence en Algérie
d'industries spécialisées, être question d'envisager
la culture du mais en vue à partir :
----------Sde
son grain. de la fabrication de farine. d'amidon, de glucose on d'alcool
de bouche
----------Sdes
tige: sèches, de la production de pâte à papier.
----------SÀ
diverses reprises et tout dernièrement, au cours de la guerre 1939-1845,
on a repris l'idée, souvent avancée (le la production et
de l'utilisation du Maïs sucré pour la fabrication de l'alcool-industriel,
principalement d'alcool-carburant. Là encore, il ne parait pas
y avoir un grand avenir pour la maïsiculture, l'agriculture et l'industrie
algériennes ayant dans le sorgho sucrier une plante particulièrement
bien adaptée à leurs conditions et pouvant donner, en plus
(les cannes, une récolte non négligeable de grains, dont
le tonnage peut à lui seul compenser (parfois même, largement)
les frais culturaux (alors que dans le cas du mais, les tiges récoltées
avant la formation du grain, constituent, seules l'élément
de rentabilité de la culture.
CONCLUSIONS GENERALES.
DIRECTIVES D'AMELJORATION CULTURALE.
----------SBien
que la culture du Mais-grain ne paraisse pas devoir
prendre en Algérie. dans la conjoncture actuelle, une place prépondérante
parmi les spéculations agricoles existantes malgré les ressources
qu'offre à ce sujet la mise en valeur des périmètres
de grande et (le petite hydraulique, créés ou en voie (le
création, il semble cependant que cette céréale pourrait
être plus cultivée qu'elle ne l'est, dans la limite minimum
correspondant à la couverture des besoins locaux; en grains (estimés
en moyenne à 85.000 q et couverts pour 3o.ooo q environ par l'excédent
des importations sur les exportations) et peut-être à une
légère exportation.
----------SToutefois,
étant donné le bas pris du Mais-grain, sa culture ne retiendra
l'attention des agriculteurs algériens (en dehors de la production
autarcique de la ration du cheptel, des porcs en particulier. qu'il a
même été parfois dans le passé préférable
d'acheter au dehors des exploitations), surtout ceux des périmètres
irrigables (où le loyer du sol est élevé et où
existe la concurrence de cultures plus rémunératrices) que
si on arrive à augmenter de la façon sensible le rendement
des plantations et à diminuerles frais culturaux et les prix de
revient.
TABLEAU N°10
|
Prix, en F, comparés du
Blé, de l'Orge et du Mais en Algérie (q)
|
|
1913
|
1930
|
1938
|
1949
|
Blé tendre
|
28,60
|
167
|
202
|
2.500
|
Orge
|
17,80
|
62
|
125
|
1522,50
|
Mais
|
20
|
91
|
250/367
|
1900 (cours libre)
|
----------SOn
peut estimer à 25-30 q/ha le rendement minimum actuellement acceptable
pour que la culture glu Maïs-grain non seulement s'implante ou se
maintienne, mais se développe sur les superficies souhaitables.
----------SL'état
présent de la culture algérienne est loin de permettre ces
résultats.
----------SPour
y arriver, les directives suivantes d'améliorations culturales
(P. LAUMONT et H. LABY. - Le maïs et sa culture en
Algérie. - Doc. et Rens. agricoles, Bulletin n" 155. Alger,
1950.) doivent être envisagées et
appliquées :
----------S1)
Concentration de la culture dans les zones irrigables.
----------S2)
Meilleure préparation initiale du sol.
----------S3)
Emploi de fortes fumures équilibrées.
----------S4)
Culture de variétés améliorées ou d'hybrides
F1
----------S5)Exécution
mécanique des façons d'entretien et des récoltes
(avec réduction d'emploi de la main-d'uvre).
----------S6)
Conservation soignée des grains.
----------SMais,
et peut-être plusque pour le Mais-grain, c'est vers la production
du Mais-fourrage que l'agriculture algérienne devra se tourner
dans l'avenir, principalement dans les périmètres de grande
et petite hydraulique, par suite de la parfaite adaptation de cette plante
aux conditions locales et de ses possibilités de hauts rendements.
----------SLa
culture du Maïs-fourrage, combinée avec celle de la luzerne,
du trèfle d'Alexandrie, de la betterave, des sorghos, doit être
recommandée et vulgarisée dans les fermes et les régions
d'élevage partout où l'irrigation est possible.
----------SAucune
difficulté spéciale n'est à redouter et aux directives
générales d'amélioration culturale indiquées
pour le Maïs-grain, il suffit d'ajouter celles relatives à
la vulgarisation des bonnes techniques l'ensilage.
Par P. LAUMONT,
Professeur d'Agriculture à l'Ecole Nationale d'Agriculture d'Alger
avec la collaboration de
H. LABY,
Chef de section à la Station Centrale d'Essais de Semences et d'Amélioration
des Plantes de Maison-Carrée (Alger).
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