-----------"
Mieux vaut multiplier les points d'eau, les pistes
vers les douars, pour ne prendre que ces seuls exemples, que de corriger
sans cesse de grandes routes déjà confortables ou d'entreprendre
de nouveaux grands barrages dont la construction demande des années
et des milliards. Nous courons au plus pressé et au secours des
populations les plus déshéritées "...
-----------(Discours
de ML le Ministre M.-E. Naegelen. à l'Assemblée Algérienne
1949.)
-----------Le
11 décembre 1943, le Comité Français de la Libération
Nationale soulignait la nécessité " de
tracer et de réaliser un programme complet d'ascension sociale
et de progrès économique au profit des populations françaises
musulmanes ".
-----------Sept
ans après, un ensemble de réformes politiques, sociales,
administratives et économiques, dont certaines d'une importance
capitale, impriment déjà à l'Algérie un mouvement
d'évolution dont il est facile de prévoir que le rythme
ne peut que s'accélérer.
-----------Tandis
que dans le domaine politique la loi du 2o septembre 1947, portant statut
organique de l'Algérie, instituait un régime législatif
nouveau et créait l'Assemblée Algérienne, dans le
secteur économique, le développement des ressources agricoles
était méthodiquement poursuivi par la création de
secteurs d'améliorations rurales et la réorganisation du
Crédit agricole. Grâce à l'aide gouvernementale apportée
aux industries nouvelles, créées en Algérie, il est
déjà possible d'utiliser une nain-'d'oeuvre que la multiplication
des centres de formation professionnelle permettra d'éduquer techniquement
ceci dans des conditions d'autant plus favorables que le plan de scolarisation
totale. tracé en 1944. se développe depuis au rythme prévu.
-----------Tournant
décisif de l'évolution économique et sociale de l'Algérie,
1948 vit l'élaboration du Plan quadriennal d'équipement
dont les promoteurs s'étaient essentiellement attachés à
définir les objectifs à atteindre pour amener l'Algérie
à une mise en valeur rationnelle de ses ressources agricoles et
minières" devant permettre de faire accéder progressivement
ses populations au standing économique et au développement
des possibilités culturelles qui s'inscrivent au premier plan des
préoccupations de la France dans ce pays.
-----------Mais
si la vie moderne impose plus que jamais, surtout en Algérie, pays
neuf et en pleine phase d'équipement, des plans généraux
que seuls les grands services techniques sont à même d'étudier
et de mener à bien, la nécessité est apparue ici
" de courir au plus pressé " selon les termes mêmes
de M. le Ministre Naegelen. Il s'agissait moins de combler un retard,
alors que l'Algérie est un vaste chantier en développement
continu depuis un demi-siècle, que de s'adapter au rythme prodigieusement
rapide de la progression démographique, en vue de permettre l'accession
des masses rurales au niveau social et économique (lu monde contemporain.
C'est pourquoi la haute administration a envisagé de créer
les conditions de cette évolution dans les formations rurales qui
accusent nécessairement, comme l'histoire le montre en tout pays,
un décalage par rapport aux centres urbains et ceci en associant
les populations aux travaux dont elles doivent retirer des avantages immédiats.
-----------Ces
conditions, pour nombreuses et complexes qu'elles soient, se ramènent
d'abord et essentiellement à trois facteurs
------------
Vaincre l'isolement donc avoir des routes ;
------------
Féconder la terre : faire surgir l'eau ;
------------
Féconder l'esprit multiplier les écoles.
-----------Pour
répondre au but fixé : " aller au plus pressé
", il convenait donc de faire simple et d'aller vite.
-----------Ceci
justifiait l'emploi de méthodes nouvelles limitant la nature de
l'objectif (viabilité, hydraulique, scolarisation), son aire d'extension
(douar, commune) et son temps de réalisation (une année).
-----------Elles
furent concrétisées par une circulaire du 7 décembre
1949, adressée aux préfets des trois départements
par le Ministre, Gouverneur Général de l'Algérie,
et concernant le programme des travaux à réaliser dans les
douars en 1950, avec la participation effective des intéressés.
CE QU'EST LE PLAN D'ÉQUIPEMENT
DES DOUARS.
-----------En
marge des grandes réalisations destinées à l'équipement
général du pays, il est apparu, ces dernières années,
aux dirigeants de ce pays, qu'il était indispensable de réaliser
rapidement un ensemble de petits et de moyens travaux dans les douars
les plus déshérités, afin de prouver aux populations
rurales que le gouvernement se soucie de leurs intérêts généraux.
-----------Répondant
à ces préoccupations, la circulaire du 7 décembre
1949 demandait aux préfets et sous-préfets des trois départements
de rechercher d'urgence, dans l'inventaire complet des besoins communaux
dressé les années précédentes, les travaux
d'utilité immédiate et limités aux rubriques : viabilité,
hydraulique et scolarisation, pouvant être exécutés
entièrement au cours de l'exercice 195o-1951, sous la direction
des chefs (le commune et avec la participation effective (les populations
intéressées. Le plan d'équipement des douars dans
le cadre des travaux d'initiative communale comporte deux caractéristiques
intéressantes : il laisse une grande liberté d'action à
l'administrateur, chef (le commune, responsable de l'exécution
(les projets et il fait un large appel à la participation volontaire
(les futurs bénéficiaires.
-----------Le
but et la formule du plan d'équipement desdouars en tracent ses
limites. Il ne vise pas à réaliser " n'importe
quoi, n'importe où ", à se substituer à
l'action des grands services techniques ou à se soustraire à
leur contrôle.
-----------Sa
mise en uvre suppose l'utilisation de circonstances locales favorables
décelées par un administrateur ou un maire vigilant, apte
à diriger avec dévouement et activité une réalisation
de difficulté technique courante. La commune mixte, pour cette
raison, paraît être le cadre administratif idéal d'une
telle entreprise. Les réalisations obtenues ne visent à
autre chose que d'être le complément (le réalisations
plus importantes conduites dans les services administratifs habituels.
CLIMAT PSYCHOLOGIQUE.
-----------L'idée
d'associer les populations aux travaux dont elles doivent retirer des
avantages immédiats est particulièrement féconde
qu'il s'agisse de main-d'oeuvre banale, de matériaux grossiers
ou même d'espèces. elle permet d'augmenter le volume des
réalisations possibles avec le même crédit et surtout
elle ne peut manquer (le susciter l'intérêt, voire l'émulation
des ruraux.
-----------Il
importait donc que les populations, dans l'intérêt desquelles
cet effort exceptionnel allait être soutenu, aient pleine conscience
des intentions de l'Administration. Cette condition est déjà
remplie maintenant, puisque très souvent ce sont les populations
elles-mêmes qui ont exprimé leur impatience d'avoir par exemple
leur école et qui ont proposé une participation. Cette disposition
d'esprit est d'ailleurs à l'origine de la formule retenue par l'Administration
supérieure d'associer les bénéficiaires à
ces travaux de douars. C'est pourquoi l'expérience actuellement
en cours a été développée surtout dans les
centres où les populations lui ont été favorables.
(Région de Sétif par exemple.)
-----------Associés
de très près à la préparation et l'exécution
des programmes de travaux, les représentants qualifiés des
populations aux diverses assemblées et en particulier les présidents
de djemaâs, sont à même de dispenser les plus judicieuses
suggestions à l'Administration.
CONDITIONS TECHNIQUES.
-----------Malgré
le caractère d'urgence présenté par la réalisation
de ces travaux, ils doivent répondre à de strictes conditions
d'exécution pour être durables dans leurs résultats
-----------Choix
judicieux du terrain et des matériaux pour les constructions ;
-----------Choix
de l'emplacement et vérification de la nature du terrain pour les
puits et les source, ; -
-----------Choix
de l'itinéraire du terrain pour les pistes et routes. ;
-----------Choix
des procédés techniques des réalisation, les plus
appropriées aux nécessités locale, et à la
nature du terrain.
-----------Pour
mener à bien ces missions délicates, les administrateurs
responsables sont assurés du concours et des conseils des techniciens
qualifiés de l'échelon local des Services spécialisés
(Ponts et Chaussées, Service de l'Hydraulique).
PRIX DE REVIENT ET DÉLAI
D'EXÉCUTION.
-----------Etant
donné le caractère particulier des travaux ainsi entrepris,
leur prix de revient apparaît notablement inférieur à
celui obtenu pour les travaux entrepris selon les méthodes traditionnelles.
-----------Certes,
beaucoup de ces projets étaient déjà compris dans
le plan d'action communal ; l'intervention des populations intéressées
permet d'accélerer leur rythme d'exécution. Si tant est
que la participation locale représente un effort supplémentaire,
cet effort est finalement rentable au point de vue financier et sous l'optique
du contribuable, de la même manière qu'il est rentable dans
le temps puisqu'il implique rien moins qu'une création anticipée
de richesse, tous les travaux prévus devant être terminés
au 31 mars 1951.
PLANS ET ENGAGEMENTS
DE CRÉDITS.
-----------Au
30 juin 1950, le plan des travaux de petite hydraulique, viabilité
et scolarisation, étaient dressés et approuvés. Les
crédits destinés à financer leur réalisation
ont été délégués et plus de chantiers
sont ouverts.
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