Alger, Algérie : documents algériens
Série économique : commerce
les primeurs
6 pages - n°72 - 10 juin 1950

----------C'est ainsi que l'Algérie fournit à la Métropole des pommes de terre, des tomates, des haricots, des petits pois. des artichauts, des carottes et divers autres légumes qui sont des primeurs par rapport à la production métropolitaine

mise sur site le 28 -03-2005
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les primeurs

--------------Certaines parties de la zone côtière de l'Algérie. grâce à des conditions naturelles favorables, notamment à un climat particulièrement doux, font l'objet de cultures maraîchères susceptibles d'être exportées sur les marchés extérieurs de consommation au moment où les produits similaires locaux y font défaut soit avant soit après la récolte normale.
--------------C'est ainsi que l'Algérie fournit à la Métropole des pommes de terre, des tomates, des haricots, des petits pois. des artichauts, des carottes et divers autres légumes qui sont des primeurs par rapport à la production métropolitaine (Le raisin chasselas est souvent considéré comme faisant partie des " primeurs mais les conditions culturales et économiques de cette production peuvent justifier une étude spéciale.).
--------------Le commerce intense de ces produits n'a pu s'exercer que lorsque la rapidité et la régularité des transport,, se sont affirmées.

EXPÉDITION DE LÉGUMES PRIMEURS D'ALGÉRIE, EN QUINTAUX
 
1938-39
1945-46
1946-47
1947-48
1948-49

Pommes de terre primeurs
601.678
118.633
372.084
737.356
722.055
Artichauts
196.305
5.771
6,.942
124.135
143.439

Tomates
172.358
130.930
229.306
312.893
251.911
Carottes
208.335
179.914
66.808
205.078
82.871
Navets
 
3.937
9.315
3400
879
Haricots frais
61.010
2.100
4.664
13.095
21.470
Pois frais
42.055
2.972
5.309
10.460
17.347
Fèves fraîches
 
10.242
2.789
1.848
1.730
Courgettes
 
11.674
4.002
3.124
1.739
Autres
 
7.078
12.925
16.166
7.447
Oignons
 
6.239
45
2.067
néant
 
1.282.341
479.48o
773-189
1.429.622
1.250.858

--------------La production des primeurs occupe dans l'économie algérienne une place qui, sans être prépondérante, n'en est pas moins importante puisque la partie exportée de cette production occupe la troisième place des exportations algériennes et dépasse en valeur les produits miniers et les produits de l'élevage;e.

LOCALISATION DES CULTURES MARAÎCHÈRES.

--------------Les régions dans lesquelles les conditions naturelles sont suffisantes pour obtenir une précocité appréciable ou effectuer la culture à contre-saison sont limitées.
--------------Une zone étroite du littoral algérien. s'étendant à l'est et à l'ouest d'Alger, fournit la plus grande partie des légumes primeurs d'exportation (85 à 87 %).
--------------Les cultures les plus délicates s'étendent dans cette zone sur les bord de la mer, de Tipasa à Ain-Taya et Courbet. Les terres du Sahel conviennent aussi à la culture d'un certain nombre de primeurs. La culture des variétés les plus rustiques, telles que pommes de terre et artichauts, pénètre plus profondément à l'intérieur jusque dans la plaine de la Mitidja et dans la vallée du Chéliff.
--------------Dans le département d'Oran, c'est aussi sur la côte que l'on trouve les centres primeuristes : Mazagran, Arzew. Mers-el-Kébir. Ain-et-Turk, Bou-Sfer, El-Ançor sont les plus importants.
--------------Mais dans ce département, la culture maraîchère pénètre très avant dans ales plaines sub-littorales du Sig et de l'Habra, avec pour centres : Perrégaux. Saint-Denis -du-Sig, qui se spécialisent surtout dans les cultures d'artichauts.
--------------Enfin, autour des ports de Bône et de Philippeville se sont établies les cultures de primeurs du département (le Constantine assez peu étendues, mais qui fournissent des produits dont la qualité est très appréciée.

AMÉNAGEMENT DES CONDITIONS NATURELLES.

--------------Ce serait une erreur de penser que. même localisées dans les régions favorisées, les cultures maraîchères ne nécessitent en Algérie qu'un minimum de soins.
--------------L'irrégularité de la pluviométrie, les brusques variations de température, la gelée. l'action du vent, la pauvreté des sols demandent de nombreuses interventions de l'homme.
--------------L'irrigation judicieuse supplée au régime des pluies. capricieux et faible, les abris en roseaux à faible espacement protègent les plantations des gelées et du vent. Un emploi massif d'engrais remédie à la fable teneur en éléments nutritifs des sols légers et parfois peu profonds qui sont les plus aptes à assurer la précocité.
--------------La culture des, primeurs en Algérie, malgré des conditions favorables est une culture coûteuse. elle reste aléatoire malgré la technique appropriée employée par les maraîchers algériens.
--------------La grêle et le froid, amenant occasionnellement une tardivité généralisée. sont des facteurs (le déficience sans remède.

COLONISATION.

--------------Les régions de culture maraîchère constituent en Algérie (les zones de peuplement très denses. C'est en effet une culture essentiellement familiale, s'effectuant sur des surfaces très réduites ; elle a créé sur la côte africaine de la Méditerranée un paysannat profondément attaché au sol.
--------------On estime de 2 à 4 hectares la superficie cultivée en moyenne tant par les propriétaires. que par les métayers.
--------------Dans les, régions qui s'adonnent à cette culture, les races s'interpénètrent d'une façon absolue et cette situation constitue un facteur favorable de rapprochement entre les divers éléments de la population.
--------------Par ailleurs. c'est une culture intensive qui mobilise (les capitaux d'exploitation extrêmement importants : elle assure aux fournisseurs de produits nécessaires à l'agriculture, transitaires, compagnies de navigation, une partie importante de leur activité.

PRODUCTION.

--------------Elle est caractérisée par deux périodes de végétation et donne lieu à des cultures de printemps et des cultures d'arrière-saison pour un certain nombre (le primeurs.
--------------Les premières, effectuées en janvier. sont récoltées au début du printemps, les secondes, plantées en août et septembre, sont récoltées en novembre-décembre. Ces dernières sont les cultures de la SaintMichel.
--------------Il y a deux époques de production pour les tomates, les pommes de terre, les haricots, les petits pois, donnant lieu à deux campagnes d'exportation.
--------------Les cultures de la Saint-Michel sont rapides, elles bénéficient à la plantation de fortes chaleurs, elles ne sont possibles que grâce à une irrigation abondante.
--------------Les cultures de printemps demandent 4 mois de végétation ; elles sont les plus importantes par leur volume de production parce qu'elles demandent moins d'eau d'irrigation.

--------------Pommes de terre d'exportation.
--------------Les plantations ont lieu sans discontinuer d'août à janvier
--------------Le climat chaud, peu favorable à la pomme de terre provoque une dégénérescence rapide, obligeant les maraîchers à renouveler continuellement leurs semences.
--------------Malgré son développement, la production algérienne (le semences sélectionnées reste limitée 34.000 quintaux environ en 1948.
--------------L'importation (le plants sélectionnés métropolitains est beaucoup plus importante : 140.000 quintaux en 1948-49. --------------Quant aux importations de plants d'origine étrangère elles se sont réduites de 147.872 quintaux en 1932, à 60.076 quintaux en 1935 et 19.000 quintaux en 1948-49.
--------------Dès fin juillet, avant l'arrivée des plants européens, on utilise des semences provenant (les récoltes locales faites en mai-juin. La récolte arrivant fin novembre s'exporte en partie seulement étant donné la présence sur les marchés extérieurs de pommes de terre de récolte normale.
--------------En fin septembre et courant octobre les premières plantations de semences importées se font avec des, variétés hâtives principalement l'Etoile du Léon. La récolte qui se développe pendant la période (les fortes pluies automnales sans irrigation a lieu en décembre-janvier.
--------------Une autre période de plantation a lieu en décembre-janvier : la Royal Kidney est surtout utilisée.
--------------Ces plantations permettent en récoltant avant maturité, d'approvisionner la Métropole en mars et en avril, époque où la France a épuisé ses réserves de vieilles pommes de terre.
--------------D'autres plantations sont encore effectuées en février-mars. On plante surtout pour le marché local les variétés à forts rendements : Up to Date, Furor, Arran Banner.
--------------D'une manière générale les rendements sont faibles, cela provient de ce que la culture est faite à contre-saison et la récolte avant maturité. Cette culture est par conséquent coûteuse.
--------------La production des pommes (le terre dite d'été dépasse celle des pommes de terre primeurs. Elle est destinée au marché local.
--------------Les exportations de pommes de terre d'Algérie, la majeure partie à destination de la Métropole, ont été les suivantes au cours des dernières campagnes
--------------En 1941-42-------------- 251.891 q
--------------1945-46-------------- 118.633
--------------1946-47-------------- 251.891
--------------1947-48-------------- 737.356
--------------1948-49-------------- 722.055
--------------En contrepartie la France expédie à l'Algérie en plus des tubercules de semences, des pommes de terre pour la consommation, au cours de l'arrière saison
--------------110.000 quintaux en 1946-47
--------------250.000 - en 1947-48

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--------------Tomates d'exportation.
--------------La culture des tomates a été importée en Algérie par des immigrants espagnols.
--------------On cultive diverses variétés classées d'après la forme des fruits, les plates et côtelées, les demilisses et les rondes lisses. Ces dernières sont les plus demandées par la clientèle métropolitaine.
--------------Cette culture présente deux périodes de production et d'exportation en mai-juin et novembre-décembre.
--------------Elle demande beaucoup de pratique, une présence continue, une surveillance attentive. C'est une culture minutieuse et coûteuse. Le prix de revient d'un hectare (le culture de tomate primeur a été évaluée par les groupements professionnels maraîchers en 1949, à 66o.ooo francs.
--------------Le littoral algérois fournit plus de 96 % des exportations d'Algérie.

--------------Haricots frais.
--------------Les haricots verts, gris et beurre d'Alger sont cultivés en automne et au printemps les mangetout, les haricots rouges et blancs sont cultivés au printemps seulement.
--------------Les semences sont importées de France, de Maine-et-Loire principalement.
--------------La récolte d'automne a lieu û la mi-novembre, celle du printemps commence en mars pour s'achever fin mai.
--------------La région d'Alger expédie également la presque totalité des quantités exportées.

--------------Artichauts.
--------------On utilise deux variétés l'artichaut vert et l'artichaut violet de Provence ou d'Alger, d'une part, l'artichaut gris. ou gris, d'Oran, d'autre part, dont une sous-variété, l'artichaut quarantin, est très précoce.
--------------Cette culture nécessite des irrigations fréquentes.
--------------L'artichaut est surtout produit dans les plaines sub-littorales d'Oranie et la Mitidja.

--------------Petits pois.
--------------On cultive principalement deux variétés : le Provençal et la Merveille d'Angleterre.
--------------Les semences proviennent de France et d'Angleterre, les semis ont lieu fin septembre. La récolte est faite dès les premiers jours (le décembre pour la variété " Provençale e et se continue jusqu'en février-mars pour la " Merveille d'Angleterre ".
--------------Les cultures maraîchères (lu département d'oral] fournissent une grande partie (le l'exportation c'est également une production type de la région de l'hilippeville et du Sahel d'Alger.

--------------Carotte.
--------------Elle donne lieu à une culture assez facile et surtout moins exigeante en ce qui concerne les conditions naturelles et la mise de fond.
--------------La récolte commence à fin décembre et se poursuit jusqu'en mai. La bonne période d'expédition est le mois d'avril. C'est l'arrière pays du littoral algérois qui produit la presque totalité des quantités exportées.


LA PRODUCTION DES PRIMEURS ALGÉRIENNES COMPLÉMENTAIRES DE LA PRODUCTION MARAÎCHÈRE DE LA MÉTROPOLE.

--------------L'éloignement des marchés de consommation occasionne des irais importants de transports de transit, d'emballage et de vente qui ne permettent pas à la production maraîchère algérienne de concurrencer la production métropolitaine sur le marché français.
--------------C'est ainsi que les frais qui grèvent depuis les lieux de production jusqu'àla vente aux Halles de Paris, un quintal de tomates, s'élèvent à 120% de la valeur moyenne du produit prix à la propriété. Cette proportion est de 70 %, pour les artichauts, 50% pour les haricots verts et les petits pois et 9o % pour les pommes de terre en billots.
--------------Les cultivateurs de primeurs d'Algérie doivent donc expédier leurs produits avant que ceux de la Métropole apparaissent.
--------------Si les conditions atmosphériques provoquent un retard dans l'époque de la récolte du début du printemps, l'on assiste à une mévente d'une partie de cette récolte ou même de la totalité, la période d'expédition étant toujours très courte.

LE COMMERCE.

--------------Les primeurs sont essentiellement destinées à l'exportation.
--------------La clientèle étrangère s'est considérablement réduite au cours des dernières années par suite des condition économiques, des barrières douanières et d'une protection phytosanitaire rigoureuse.
--------------L'Angleterre reste pratiquement le seul marché étranger qui compte pour les primeurs d'Algérie.
--------------Le principal débouché demeure à l'heure actuelle le marché métropolitain Paris en est le centre le plus important.
--------------Les expédition, sont faite soit par le producteur lui-même ou la coopérative d'expédition, soit par le négociant exportateur.
--------------Le morcellement des exploitations a donné une place prépondérante à l'expéditeur local qui achète la récolte sur place et fait même (les avances pour les frais (le culture.
--------------Les uns et les autres s'occupent de l'emballage et s'en remettent aux soins des transitaires pour le transport, le transit et le camionnage à destination.
--------------Les ventes fermes sont tout à fait occasionnelles, on 'leur préfère les ventes à la commission, par l'intermédiaire de mandataires et des commissionnaires établis sur les marchés de consommation.
--------------Les expéditeurs confient, bien souvent, le contrôle de leurs ventes à un répartiteur.
--------------Les frais importants qui grèvent la vente des primeurs ont été indiqués, ci-dessus : aux taxes et aux impôts divers s'ajoutent les frais (le commissions généralement décomptés à 8%.

TRANSPORTS.
--------------Les améliorations apportées aux transports maritimes et ferroviaires conditionnent en partie le développement du commerce des primeurs.
--------------Actuellement les produits peuvent être vendus aux Halles de Paris le quatrième jour. à partir du jour d'embarquement.
--------------De nombreux perfectionnements sont encore réclamés par les expéditeurs tant en ce qui concerne la manutention (les colis aux ports, que l'aménagement des navires et des wagons.
--------------Le commerce et la production des primeurs bénéficieront d'un stimulant nouveau quand sera achevée la mise en place des multiples " maillons de la chaîne du froid " donnant la possibilité d'assurer le transport de denrées réfrigérées d'Algérie jusqu'aux centres européens de consommation.
--------------Depuis la fin (les hostilités les tonnages de primeurs transportées par avions-cargos s'accroissent régulièrement.

POLITIQUE DE QUALITÉ
--------------Des relations anciennes avec le commerce métropolitain avaient permis d'accréditer un certain nombre (le marques individuelles avantageusement connues sur les marchés de consommation.
--------------Pour soutenir ces exportations et les faire participer à l'action générale entreprise en vue d'améliorer la présentation des produits algériens une 'marque de qualité fut créée en 1932.
--------------Devant le succès obtenu par l'apposition de la marque " Algéria " le principe en a été étendu en 1936 à l'ensemble (le la production algérienne et le contrôle des exportations rendu obligatoire.
--------------Des arrêtés gubernatoriaux pris pour chaque légume primeur ont précisé les conditions générales auxquelles ils devaient satisfaire : qualité minimum, calibrage, présentation, emballages. Ces arrêtés tout en laissant aux produits les avantages des marques commerciales individuelles ont permis d'élever la qualité 'd'ensemble (les expéditions.
--------------Par ailleurs, la sélection des emballages, la continuité d'un conditionnement étudié pour chaque légume ont amené une stabilité certaine et une plus grande facilité dans les transactions commerciales.
--------------Ces facteurs joints à la valeur gustative incontestée des légumes primeurs algériens ont permis de doubler le chiffre total des exportations depuis 1932.

LES CADRES PROFESSIONNELS.
--------------Les primeuristes sont groupés dans des associations de défense professionnelle dans les trois départements. Les divers syndicats sont réunis en une " Fédération des syndicats de producteurs de légumes primeurs, fruits et raisins de table " dont le siège est à Alger, 12, boulevard Baudin.
--------------Les commerçants exportateurs de légumes primeurs sont aussi groupés en syndicats régionaux la plupart d'entre eux adhérents à la " Fédération des syndicats algériens des négociants en gros, importateurs et exportateurs de fruits, légumes primeurs et pommes de terre ". FEDALEXPRIM dont le siège est à Alger. 21, rue d'Isly.

OFFICE ALGÉRIEN D'ACTION
ÉCONOMIQUE ET TOURISTIQUE
(O.F.A.L.A.C.)