Alger, Algérie : documents algériens
Série économique : agriculture
agriculture algérienne - sa modernisation - ses possibilités
6 pages - n°69 - 25 avril 1950

------------C'est parce que les Secteurs d'Améliorations Rurales conditionnent dans une large mesure l'évolution matérielle des populations musulmanes et, par là même, leur évolution morale, que l'Administration entend développer chaque jour un peu plus des réalisations qui ont conduit encore récemment une haute personnalité politique d'un Etat musulman, de passage en Algérie, à déclarer publiquement que la France était bien " la plus grande chance des populations musulmanes du Moghreb "

mise sur site le 26 -03-2005
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-----------Les voyageurs les moins informés, qui abordent pour la première fois l'Algérie, sont surpris de voir ses ports, ses villes et villages, ses voies de communication, ses barrages. Au hasard d'un itinéraire d'affaires ou simplement touristique, ils peuvent rencontrer des usines électriques, des mines de fer, de phosphate, de houille. de 'baryte, en pleine activité, des campagnes parsemées d'exploitations qui sont autant de taches blanches au milieu de vergers odorants, d'agrumes, de vignobles luxuriants, de labours portant les cultures les plus diverses.
-----------Ce sont là autant de manifestations de l'effort méthodique et constructif d'une population entreprenante et laborieuse. C'est le témoignage de 120 années de présence française dans l'antique Maghreb, dans un pays qui nourrissait mal un peu moins de 2 millions d'indigènes, c'est-à-dire à peu près autant qu'à l'époque Romaine, 14 siècles auparavant et qui, maintenant, assure la subsistance d'un million d'européens et de 7.500.000 musulmans.
-----------Cette population s'est accrue en moyenne annuellement de 120.000 habitants pendant les douze années qui se sont écoulées entre les dénombrements de 1936 et de 1948. Disons enfin que 85% de cette population tire ses moyens d'existence de l'exploitation plus ou moins intensive du sol. Ceci suffit à bien marquer le caractère prééminent de l'agriculture malgré l'effort d'industrialisation déjà entrepris mais qui restera toujours limité tant que l'Algérie ne disposera pas d'une source d'énergie économique et abondante.
Le tableau ci-après donne une idée de la répartition générale des terres telle qu'elle ressort de la statistique 1939, dernière année normale.

 
Surfaces en ha. appartenant aux
NATURE DES TERRES
Européens
Musulmans
Culture herbacées (céréales surtout)
971.597
2.247.545
Terres en repos (jachères)
719.874
1.809.847
Vignobles (1)
379.874
31.148
Plantations fruitières (2) (agrumes, oliviers, figuiers, hectares.
etc...)
39.436
137.020
Prairies naturelles
20.528
17.004
Total des terres cultivées 25.000 ha.
2.131.418
4.242.564
(1) En 1948 le vignoble n'occupe plus que 340.000
(2)Sur cette quantité, les agrumes représentent 25.000 ha
FORETS ET BOIS
Européens
Musulmans
A des particuliers
240.712
386.401
Aux communes (3)
515.119
A l'État (3)
2.130.182
Pâturages et parcours (3)
6.695.022
Terrains non affectés (rocheux, dunes, routes, villes, rivières, marais, etc...)
4.612.163
Total général (4)
20.963.581 ha
(3) Ces surfaces sont principalement utilisées par les Musulmans pour l'alimentation de leur cheptel.
(4) S'applique uniquement à l'Algérie du Nord.

-----------La répartition générale des terres n'a pas sensiblement varié malgré la guerre : le recensement agricole en cours d'exécution en 1950 fera le point exact de la situation. Leur rendement est extrêmement variable deux éléments le conditionnent ; ce sont
------------ Les ressources en eau, qu'elles soient naturelles ou artificielles
------------ Le caractère du système de culture : intensif, semi-intensif ou extensif, mis en oeuvre par l'exploitant.

RESSOURCES EN EAU.

-----------La pluviométrie annuelle moyenne va en diminuant à mesure qu'on s'éloigne de la côte (600à 70o mm. et plus) pour aller vers l'intérieur (400, 300 min et dessous). La culture du blé n'est plus assez assurée pour être rentable à moins de 400 mm. par an, celle de l'orge s'accommode de 300 mm.
-----------La répartition des chutes d'eau est très importante, mais extrêmement capricieuse au point qu'il est difficile, pour une région déterminée, de trouver une année dont la moyenne pluviométrique mensuelle soit la même que celle qui a été établie sur un nombre important d'années. Aussi. partout l'irrigation loue un rôle essentiel qu'il s'agisse de périmètres alimentés par de grands barrages ou d'installations de petite hydraulique.

SYSTEMES DE CULTURE.

-----------Les exploitants européens n'hésitent pas à mettre en œuvre (le puissants équipements à réaliser des améliorations foncières, à modifier les techniques culturales en fonction des progrès scientifiques éprouvés. Aussi, toutes conditions égales par ailleurs, le rendement des terres exploitées par les européens est-il très supérieur. C'est ainsi qu'en matière de céréales, il égale souvent deux ou trois fois celui des exploitations musulmanes de même nature pédologique. Rien ne s'oppose à ce que ces dernières, traitées comme les autres, ne donnent les mêmes résultats : c'est une question d'équipement individuel et collectif des fellahs, et d'éducation technique. Ils sortiront ainsi de l'économie traditionnelle et fermée dans laquelle la plupart se complaisent pour entrer délibérément dans l'économie d'échange que connaissent tous les peuples évolués.

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-----------Les mobiles de la mise en valeur ont un caractère
------------ Économique. Il s'agit de produire plus et mieux pour accroître le volume (les richesses qui profitent aux particuliers qui les obtiennent comme à la collectivité qui y puise (le quoi satisfaire ses besoins ;
------------ Social. Les terres mises en valeur utilisent une main-d'oeuvre d'origine locale, lui assurant des moyens d'existence très supérieurs aux faibles revenus qu'elle aurait retirés de ces mêmes terres exploités extensivement pour son compte. Cette différence de revenus est en moyenne proportionnelle à celle de l'accroissement démographique, c'est-à-dire de 1 à 6 pouvant atteindre 1 à 20 pour les cultures riches (primeurs, orangeries, vignobles) restant (le j à 3 pour les cultures céréalières. Il n'y a pas en cela relation de cause à effet c'est une constatation
------------ Evolutif. Les premières directives données aux fonctionnaires chargés de développer la colonisation étaient que " la présence des français devienne un avantage et non une cause de privation et de gêne, " il fallait " donner confiance aux indigènes pour qu'ils entrent franchement dans la voie du progrès ". (Circulaire du i5 juin 1849 du Gouverneur Général Charron). Ces mobiles assignaient des objectifs. Pour les atteindre l'Etat a soutenu et organisé l'implantation de nouvelles familles :
----------------------- sur des terrains reconnus vacants et sans maîtres parce qu'incultes et inoccupés le plus souvent en raison de leur insalubrité ;
----------------------- sur des terrains intégrés au domaine national qui étaient ceux du Beylik, de l'Etat turc.
----------------------- sur les parcelles expropriées moyennant indemnité aux occupants ou après recasement de ceux-ci (ordonnance royale de 1844 et du 26 juillet 1846).

-----------Enfin, tous les textes ont tendu à protéger les tribus contre l'aliénation de leurs droits, voire à transformer en droits de propriété indiscutables ceux de jouissance même très incertains (loi de 1851, instruction de 18J4) ; le sénatus-consulte de 1863 a reconnu aux tribus la propriété des terres qu'elles occupaient ce qui réglait aussi les conditions de leur aliénation. Dès lors, à côté de la colonisation officielle s'est développée la colonisation privée.
-----------Nous n'avons pas à retracer ici ce qu'a pu représenter d'efforts, de privations, de souffrances et de deuils pour les premiers colons, la mise en valeur de 'l'Algérie. Tous les centres ont leur histoire et leurs héros obscurs, mais ce qui est certain c'est que la réussite éclatante de la colonisation est due à la collaboration étroite et confiante des colons qui, tout en payant de leur personne servaient de guide à des populations locales qui ont très vite compris les intentions françaises, qui étaient de promouvoir l'économie agricole du Pays.
-----------Tout ne s'est pas fait sans erreurs, sans tâtonnements et c'est le propre (le toute entreprise humaine. Comment aurait-il pu en être autrement alors que les colons qui n'étaient pas toujours de souche paysanne étaient tentés (le transporter sous un climat si différent les méthodes et les cultures qu'ils pratiquaient ou avaient vu pratiquer dans leurs régions d'origine : Est, Centre, Nord, sud-ouest ou Sud-est de la France ? L'expérience est venue des échecs, la vocation du milieu s'est affirmée. Les recettes (les récoltes étaient judicieusement utilisées à l'équipement, aux améliorations foncières, en somme à la mise en valeur et c'était toujours après avoir aménagé les bâtiments d'exploitation que l'or songeait à l'amélioration du logement. Dans cet ordre d'idées, c'est la culture de la vigne qui a joué le plus grand rôle ; sans elle combien de centres (le colonisation auraient végété ou disparu.
-----------A l'heure actuelle toutes les exploitations rationnellement conduites, qu'elles appartiennent aux colons ou aux musulmans qui les ont imités, ont un important équipement de base et depuis que la traction mécanique est venue apporter des moyens nouveaux, les fermes sont ou modernisées ou en cours de modernisation. Ce qui veut dire que le sol est mieux travaillé, la culture extensive de céréales s'est intensifiée, elle a souvent fait place, dans les milieux favorables, à celle de la vigne ou de la production maraîchère et arboricole ; la construction de grands barrages a transformé des régions déshéritées en périmètres ou tout est possible grâce à l'irrigation, tandis que l'installation de stations de pompage sur des forages privés étendait encore les surfaces vouées aux productions riches. Les périmètres aménagés couvrent déjà 50.000 ha., le programme initial porte sur 150.000, les études des ressources du Chott Ech Chergui étendent encore ces perspectives, la rapidité de ces extensions n'est plus qu'une question de moyens financiers à engager ; les terres qui bénéficient des installations de petite hydraulique sont estimées entre 5o à 60.000 ha., mais il y a encore beaucoup à faire dans ce domaine pour exploiter sources et 'nap'pes phréatiques de surface ou profondes et artésiennes.
-----------La mise en valeur de l'Algérie s'est réalisée par implantation (le colons français au cours des 100 premières années. Certes, les terres ainsi animées sont susceptibles (le produire encore davantage par l'amélioration constante des techniques mais non pas de s'étendre en surface ; elles ne représentent guère plus (lu dixième de la superficie des territoires du Nord. Les musulmans sont propriétaires individuels (terre melk) ou collectifs (terres arch) de cinq dixièmes, dont 2/1o de terres labourables et 3/fo de parcours. Quant aux quatre dixièmes restants, si l'on en retire 'les forêts qui représentent un peu moins de la moitié, ils ne contiennent plus guère de surfaces qui soient susceptibles d'être livrées à la culture et encore faudra-t-il pour cela procéder à d'énormes et coûteux travaux.
-----------Ces considérations purement mathématiques suffisent à montrer à la fois le chemin parcouru et celui qui reste à parcourir. Il y a encore beaucoup à faire pour que tout le territoire algérien donne le maximum de production compatible avec la nature de son sol et de son climat.
-----------Si l'on ne raisonnait qu'au point de vue économique on pourrait dire qu'il suffit de continuer les errements qui ont donné les résultats constatés et l'on développerait l'implantation de nouveaux colons puisqu'il est avéré qu'ils augmentent la productivité au même rythme que s'accroît la population ; mais ce raisonnement positiviste ne s'accommode pas des règles permanentes qui ont présidé à l'installation française sur la rive sud de la Méditerranée.
-----------C'est pourquoi maintenant que la première phase de la colonisation a indirectement amélioré la situation matérielle des populations autochtones en plein essor démographique, l'administration, en plein accord avec la population européenne et ses élus, développe un plan de modernisation de l'agriculture par l'action directe sur les fellahs et pasteurs.
-----------C'est cela qui constitue le paysannat.
-----------De tout temps et plus particulièrement au cours des 20 dernières années, les autorités locales ont cherché à éduquer et à équiper les agriculteurs musulmans, on leur a consenti des prêts de semences, (le reconstitution de troupeau, de petits équipements sous l'égide des Sociétés Indigènes de Prévoyance, mais la circonscription de celles-ci était trop étendue et il manquait un cadre pour que certaines initiatives soient durables.
-----------1l fallait une organisation à l'intérieur de l'organisme qu'est la Société indigène de Prévoyance organisation où l'on puisse concentrer l'action de mise en valeur et qui soit dans les limites des moyens matériels financiers, et pour tout dire, des possibilités humaines. Cette organisation c'est le Secteur d'Amélioration rurales, le S.A.R. Secteur territorial de la S.I.P. . qui reste l'organisme de hase sur lequel repose la gestion administrative comptable et financière. Sans toucher à 'la structure juridique (les tenures foncières si complexes en milieu musulman. le S.A.R. se propose d'appliquer aux terrains qu'il englobe les méthodes culturales les mieux adaptées au milieu naturel et humain en vue le porter au maximum la production végétale et animale, sans jamais perdre (le vue la rentabilité.
-----------L'action est décentralisée au maximum, pas d'office ou d'établissement chargé d'un service public, elle repose essentiellement sur l'initiative à tous les échelons (les cadres administratifs existants qu'il s'agisse des services civils locaux (administrateurs chefs de commune et présidents (le S.I.P.) ou des agents (les services techniques relevant, au Gouvernement Général, des Directions (le l'Agriculture, (le l'Hydraulique on (les Forêts (Défense et Restauration des sols),
-----------Le programme (le mise en valeur est élaboré après des études technique, sociale et financière dont l'inspection du paysannat fait la synthèse, et qui aboutit à une décision. Celle-ci est notifiée au président de la S.I.P. pour exécution ; elle comporte des crédits d'équipement sous forme de subvention pour les constructions et les améliorations foncières, sous forme de prêt pour l'achat (le matériel collectif ou individuel. Dans chaque S.A.R. il y a un moniteur remplissant les fonctions de chef (le culture et d'éducateur. Un comité de gestion composé des usagers et de quelques colons règle les questions d'ordre intérieur et fait participer plus directement les populations à l'entreprise, elles acquièrent ainsi le sens (le la gestion d'intérêts communs, non plus à la manière des familles patriarcales d'essence antique qui associées en tribus étaient, il ' a 120 ans, les seules institutions organiques (le la vie rurale, mais comme on le conçoit dans la vie moderne qui repose sur la cité, groupements de de foyers familiaux.
-----------Le S.A.R. porte en lui le germe de la civilisation ; autour (lu logement du moniteur, des bâtiments d'exploitation de la ferme pilote ou du centre de traitement des troupeaux, l'école, le dispensaire, le foyer rural peuvent venir compléter l'équipement social, et l'on verra s'installer l'artisan rural pour réparer les outils, les machines, de petits commerçants, ambulants d'abord, se fixeront à mesure que s'installeront de nouveaux foyers. C'est ainsi que prendra naissance une nouvelle cité tandis que. par l'émancipation économique due à la mise en valeur, comme par l'éducation technique et civique qu'elles acquerront, les populations prendront conscience (le son administration indépendante.
-----------Ce ne sont plus là des vues de l'esprit qui, présentées en 1945, ont paru chimériques. On n'en a retenu et c'était l'essentiel, que l'idée du S.A.R. A l'usage on s'aperçoit (le l'élément évolutif qu'il représente. Pour ce qui est de la modernisation de l'agriculture, objet essentiel (le cette étude, voici ce qu'a donné le système.
-----------La notion du S.A.R. a été définie en 1946, les premières réalisations datent pratiquement (le 1947. Depuis, il en a été créé à la date du 1"' octobre 1949, c'est-à-dire en deux ans et demi :
-----------44 de céréaliculture couvrant 375.000 ha.
-----------51 d'élevage pour l0.000.000 ha. de parcours
-----------19 d'arboriculture pour 165.ooo ha.
-----------3 d'oasiens pour 500 ha.
---------- 1 de maraîchers pour 238 ha.

-----------Total 118 pour 10.540.738 ha.

-----------Il a été construit 66 logements de moniteurs, 32 centres de traitement d'ovins, 27 bâtiments d'exploitation dont deux ateliers de mécanique agricole, 18 fermes pilotes sont en gestion directe ; chaque S.A.R. d'élevage aura son troupeau de sélection (12 sont déjà constitués), son périmètre de mise en défense (à ce jour : 40.000 ha.) on a procédé à l'équipement de 132 points d'eau dans les parcours, à la construction d'un barrage d'inferoflux de 300 1/s à Tadjemout (Laghouat) et d'un barrage d'épandage de crues sur 2.000 ha. à Tadjerouna (Aflou). Pour désenclaver les S.A.R. 115 km. de pistes de chemins ont été ouverts. Enfin, sur le plan de l'arboriculture, 2.400 ha. sont complantés de 38.400 oliviers, 3.ooo ha. de banquettes établies par le service de la restauration des sols ou sous son contrôle portent 240.000 arbres fruitiers d'essences diverses, etc... etc... Tout ceci constitue l'infrastructure sur laquelle reposera l'accroissement de la production qui, nous l'avons vu, est le fondement de l'évolution sociale et politique. Pour l'année 1949 les résultats financiers ne sont pas négligeables.
-----------Grâce aux S.A.R. 21.079 ha. ont été préparés contre 9.173 en 1948, et 1.750 en 1947 ; 1.000 ha. de lentilles ensemencées ; 5o hectares de betteraves de distillerie cultivés, 46.000 ovins prêtés ont permis à 2.850 pasteurs de reconstituer leur troupeau qui s'est accru depuis de 36.000 têtes.
-----------Si l'on ne tient compte que de l'accroissement de rendement des céréales (4 à 5 qx. à l'ha.) de la valeur des cultures nouvelles et du croît des seuls troupeaux prêtés, c'est environ 400 millions de revenu brut supplémentaire dont ont bénéficié les fellahs et pasteurs ; la voie est ouverte, l'agriculture musulmane se modernise. Augmenter le nombre de S.A.R. au rythme des possibilités humaines, gagner à ses disciplines par persuasion tous ceux qui vivent et exploitent mal sur le secteur territorial (les S.A.R. déjà créés, tel est le programme d'avenir. En ayant conçu l'essentiel et étant chargé depuis un an environ de veiller à son exécution, nous laissons le soin d'apprécier la part qu'est susceptible (le prendre l'agriculture musulmane modernisée dans les possibilités de la production agricole (le l'Algérie. Nous l'estimons considérable.
-----------Comment pouvons-nous mieux chiffrer les possibilités présentes de la production agricole de l'Algérie qu'en donnant quelques éléments du commerce d'exportation pour l'année 1949.
-----------Le volume total s'élève à 5.441.000 tonnes dont
-----------France métropolitaine ------1.911.ooo T.
-----------Union française---------------- 123.000 T.
-----------Étranger----------------------- 3.407.000 T.
-----------Sur ce volume total la part que représentent les produit agricoles :

Céréales
2.850.525 q dont 2.348.784 q d'orge.

Vins ordinaires mistelles et vins de liqueurs.
9.028.698 hl dont 8.379.052 de vins ordinaires.
- Alfa
2.042.813 q
Agrumes
1.522.049 q
Autres fruits frais
94.400 q
Fruits séchés
164.819 q dont 16o.569 de figues.
Dattes
308.172 q
Légumes frais
1.274.496 q dont 707.945 de pommes de terre
et 268.437 de tomates
Légumes secs
305.974 q dont 122.180 de lentilles
Tabacs
129.611 q
Liège et produits dérivés
128.365 q

-----------Ces onze postes principaux forment un tonnage de 1.784.992 T c'est-à-dire 33 % des exportations totales.

-----------Pour fixer plus exactement la part de l'agriculture dans la balance commerciale du pays, il faut ajouter 40 à 50.000 tonnes supplémentaires qui s'appliquent à des postes de moindre importance tels que huiles d'olives (9.089 q ), graines de lin (405.543 q ), crin végétal (109.049 q ), conserves alimentaires dont les olives (160.588 q ), produits d'origine animale : (laine (9.055 q ), cuirs et peaux (16.652 q ), neufs (33.438 q ). En ce qui concerne la viande, l'Algérie souffre encore des effets de la grande disette de 1945-1946 et, avec les 26.766 q exportés qui sont principalement des porcs (24.341 q ) nous sommes loin des 850.000 têtes d'ovins qui partaient sur la Métropole avant 1939.
-----------Nous pensons que ces exportations d'ovins sur pied ou plutôt en carcasses vont pouvoir reprendre à la fin de 1950 mais avec probablement un alignement des cours algériens qui sont devenus supérieurs à ceux de la Métropole.
-----------Si l'on tient compte de ce que le standard de vie des populations autochtones a très sensiblement augmenté et de ce qu'il a fallu nourrir un million d'habitants de plus qu'en 1939, on apprécie plus justement l'effort qui a déjà été fait par l'agriculture algérienne, celui aussi qu'elle sera demain appelée à fournir.
-----------C'est parce que les Secteurs d'Améliorations Rurales conditionnent dans une large mesure l'évolution matérielle des populations musulmanes et, par là même, leur évolution morale, que l'Administration entend développer chaque jour un peu plus des réalisations qui ont conduit encore récemment une haute personnalité politique d'un Etat musulman, de passage en Algérie, à déclarer publiquement que la France était bien " la plus grande chance des populations musulmanes du Moghreb "

Georges VIALAS
Directeur de l'Agriculture au Gouvernement Général
de l'Algérie