-----------Les
voyageurs les moins informés, qui abordent pour la première
fois l'Algérie, sont surpris de voir ses ports, ses villes et villages,
ses voies de communication, ses barrages. Au hasard d'un itinéraire
d'affaires ou simplement touristique, ils peuvent rencontrer des usines
électriques, des mines de fer, de phosphate, de houille. de 'baryte,
en pleine activité, des campagnes parsemées d'exploitations
qui sont autant de taches blanches au milieu de vergers odorants, d'agrumes,
de vignobles luxuriants, de labours portant les cultures les plus diverses.
-----------Ce
sont là autant de manifestations de l'effort méthodique
et constructif d'une population entreprenante et laborieuse. C'est le
témoignage de 120 années de présence française
dans l'antique Maghreb, dans un pays qui nourrissait mal un peu moins
de 2 millions d'indigènes, c'est-à-dire à peu près
autant qu'à l'époque Romaine, 14 siècles auparavant
et qui, maintenant, assure la subsistance d'un million d'européens
et de 7.500.000 musulmans.
-----------Cette
population s'est accrue en moyenne annuellement de 120.000 habitants pendant
les douze années qui se sont écoulées entre les dénombrements
de 1936 et de 1948. Disons enfin que 85% de cette population tire ses
moyens d'existence de l'exploitation plus ou moins intensive du sol. Ceci
suffit à bien marquer le caractère prééminent
de l'agriculture malgré l'effort d'industrialisation déjà
entrepris mais qui restera toujours limité tant que l'Algérie
ne disposera pas d'une source d'énergie économique et abondante.
Le tableau ci-après donne une idée de la répartition
générale des terres telle qu'elle ressort de la statistique
1939, dernière année normale.
|
Surfaces en ha. appartenant aux
|
NATURE DES TERRES
|
Européens
|
Musulmans
|
Culture herbacées (céréales
surtout)
|
971.597
|
2.247.545
|
Terres en repos (jachères)
|
719.874
|
1.809.847
|
Vignobles (1)
|
379.874
|
31.148
|
Plantations fruitières (2)
(agrumes, oliviers, figuiers, hectares.
etc...)
|
39.436
|
137.020
|
Prairies naturelles
|
20.528
|
17.004
|
Total des terres cultivées
25.000 ha.
|
2.131.418
|
4.242.564
|
(1) En 1948 le vignoble n'occupe
plus que 340.000
|
(2)Sur cette quantité, les
agrumes représentent 25.000 ha
|
FORETS ET BOIS
|
Européens
|
Musulmans
|
A des particuliers
|
240.712
|
386.401
|
Aux communes (3)
|
515.119
|
A l'État (3)
|
2.130.182
|
Pâturages et parcours (3)
|
6.695.022
|
Terrains non affectés (rocheux,
dunes, routes, villes, rivières, marais, etc...)
|
4.612.163
|
Total général (4)
|
20.963.581 ha
|
(3) Ces surfaces sont principalement
utilisées par les Musulmans pour l'alimentation de leur cheptel.
|
(4) S'applique uniquement à
l'Algérie du Nord.
|
-----------La
répartition générale des terres n'a pas sensiblement
varié malgré la guerre : le recensement agricole en cours
d'exécution en 1950 fera le point exact de la situation. Leur rendement
est extrêmement variable deux éléments le conditionnent
; ce sont
------------
Les ressources en eau, qu'elles soient naturelles ou artificielles
------------
Le caractère du système de culture : intensif, semi-intensif
ou extensif, mis en oeuvre par l'exploitant.
RESSOURCES EN EAU.
-----------La pluviométrie
annuelle moyenne va en diminuant à mesure qu'on s'éloigne
de la côte (600à 70o mm. et plus) pour aller vers l'intérieur
(400, 300 min et dessous). La culture du blé n'est plus assez assurée
pour être rentable à moins de 400 mm. par an, celle de l'orge
s'accommode de 300 mm.
-----------La
répartition des chutes d'eau est très importante, mais extrêmement
capricieuse au point qu'il est difficile, pour une région déterminée,
de trouver une année dont la moyenne pluviométrique mensuelle
soit la même que celle qui a été établie sur
un nombre important d'années. Aussi. partout l'irrigation loue
un rôle essentiel qu'il s'agisse de périmètres alimentés
par de grands barrages ou d'installations de petite hydraulique.
SYSTEMES DE CULTURE.
-----------Les
exploitants européens n'hésitent pas à mettre en
uvre (le puissants équipements à réaliser des
améliorations foncières, à modifier les techniques
culturales en fonction des progrès scientifiques éprouvés.
Aussi, toutes conditions égales par ailleurs, le rendement des
terres exploitées par les européens est-il très supérieur.
C'est ainsi qu'en matière de céréales, il égale
souvent deux ou trois fois celui des exploitations musulmanes de même
nature pédologique. Rien ne s'oppose à ce que ces dernières,
traitées comme les autres, ne donnent les mêmes résultats
: c'est une question d'équipement individuel et collectif des fellahs,
et d'éducation technique. Ils sortiront ainsi de l'économie
traditionnelle et fermée dans laquelle la plupart se complaisent
pour entrer délibérément dans l'économie d'échange
que connaissent tous les peuples évolués.
******
-----------Les
mobiles de la mise en valeur ont un caractère
------------
Économique. Il s'agit de produire
plus et mieux pour accroître le volume (les richesses qui profitent
aux particuliers qui les obtiennent comme à la collectivité
qui y puise (le quoi satisfaire ses besoins ;
------------
Social. Les terres mises en valeur utilisent une main-d'oeuvre
d'origine locale, lui assurant des moyens d'existence très supérieurs
aux faibles revenus qu'elle aurait retirés de ces mêmes terres
exploités extensivement pour son compte. Cette différence
de revenus est en moyenne proportionnelle à celle de l'accroissement
démographique, c'est-à-dire de 1 à 6 pouvant atteindre
1 à 20 pour les cultures riches (primeurs, orangeries, vignobles)
restant (le j à 3 pour les cultures céréalières.
Il n'y a pas en cela relation de cause à effet c'est une constatation
------------
Evolutif. Les premières directives
données aux fonctionnaires chargés de développer
la colonisation étaient que " la
présence des français devienne un avantage et non une cause
de privation et de gêne, " il fallait " donner confiance
aux indigènes pour qu'ils entrent franchement dans la voie du progrès
". (Circulaire du i5 juin 1849 du Gouverneur Général
Charron). Ces mobiles assignaient des objectifs. Pour les atteindre l'Etat
a soutenu et organisé l'implantation de nouvelles familles :
-----------------------
sur des terrains reconnus vacants et sans maîtres parce qu'incultes
et inoccupés le plus souvent en raison de leur insalubrité
;
-----------------------
sur des terrains intégrés au domaine national qui étaient
ceux du Beylik, de l'Etat turc.
-----------------------
sur les parcelles expropriées moyennant indemnité aux occupants
ou après recasement de ceux-ci (ordonnance royale de 1844 et du
26 juillet 1846).
-----------Enfin,
tous les textes ont tendu à protéger les tribus contre l'aliénation
de leurs droits, voire à transformer en droits de propriété
indiscutables ceux de jouissance même très incertains (loi
de 1851, instruction de 18J4) ; le sénatus-consulte de 1863 a reconnu
aux tribus la propriété des terres qu'elles occupaient ce
qui réglait aussi les conditions de leur aliénation. Dès
lors, à côté de la colonisation officielle s'est développée
la colonisation privée.
-----------Nous
n'avons pas à retracer ici ce qu'a pu représenter d'efforts,
de privations, de souffrances et de deuils pour les premiers colons, la
mise en valeur de 'l'Algérie. Tous les centres ont leur histoire
et leurs héros obscurs, mais ce qui est certain c'est que la réussite
éclatante de la colonisation est due à la collaboration
étroite et confiante des colons qui, tout en payant de leur personne
servaient de guide à des populations locales qui ont très
vite compris les intentions françaises, qui étaient de promouvoir
l'économie agricole du Pays.
-----------Tout
ne s'est pas fait sans erreurs, sans tâtonnements et c'est le propre
(le toute entreprise humaine. Comment aurait-il pu en être autrement
alors que les colons qui n'étaient pas toujours de souche paysanne
étaient tentés (le transporter sous un climat si différent
les méthodes et les cultures qu'ils pratiquaient ou avaient vu
pratiquer dans leurs régions d'origine : Est, Centre, Nord, sud-ouest
ou Sud-est de la France ? L'expérience est venue des échecs,
la vocation du milieu s'est affirmée. Les recettes (les récoltes
étaient judicieusement utilisées à l'équipement,
aux améliorations foncières, en somme à la mise en
valeur et c'était toujours après avoir aménagé
les bâtiments d'exploitation que l'or songeait à l'amélioration
du logement. Dans cet ordre d'idées, c'est la culture de la vigne
qui a joué le plus grand rôle ; sans elle combien de centres
(le colonisation auraient végété ou disparu.
-----------A
l'heure actuelle toutes les exploitations rationnellement conduites, qu'elles
appartiennent aux colons ou aux musulmans qui les ont imités, ont
un important équipement de base et depuis que la traction mécanique
est venue apporter des moyens nouveaux, les fermes sont ou modernisées
ou en cours de modernisation. Ce qui veut dire que le sol est mieux travaillé,
la culture extensive de céréales s'est intensifiée,
elle a souvent fait place, dans les milieux favorables, à celle
de la vigne ou de la production maraîchère et arboricole
; la construction de grands barrages a transformé des régions
déshéritées en périmètres ou tout est
possible grâce à l'irrigation, tandis que l'installation
de stations de pompage sur des forages privés étendait encore
les surfaces vouées aux productions riches. Les périmètres
aménagés couvrent déjà 50.000 ha., le programme
initial porte sur 150.000, les études des ressources du Chott Ech
Chergui étendent encore ces perspectives, la rapidité de
ces extensions n'est plus qu'une question de moyens financiers à
engager ; les terres qui bénéficient des installations de
petite hydraulique sont estimées entre 5o à 60.000 ha.,
mais il y a encore beaucoup à faire dans ce domaine pour exploiter
sources et 'nap'pes phréatiques de surface ou profondes et artésiennes.
-----------La
mise en valeur de l'Algérie s'est réalisée par implantation
(le colons français au cours des 100 premières années.
Certes, les terres ainsi animées sont susceptibles (le produire
encore davantage par l'amélioration constante des techniques mais
non pas de s'étendre en surface ; elles ne représentent
guère plus (lu dixième de la superficie des territoires
du Nord. Les musulmans sont propriétaires individuels (terre melk)
ou collectifs (terres arch) de cinq dixièmes, dont 2/1o de terres
labourables et 3/fo de parcours. Quant aux quatre dixièmes restants,
si l'on en retire 'les forêts qui représentent un peu moins
de la moitié, ils ne contiennent plus guère de surfaces
qui soient susceptibles d'être livrées à la culture
et encore faudra-t-il pour cela procéder à d'énormes
et coûteux travaux.
-----------Ces
considérations purement mathématiques suffisent à
montrer à la fois le chemin parcouru et celui qui reste à
parcourir. Il y a encore beaucoup à faire pour que tout le territoire
algérien donne le maximum de production compatible avec la nature
de son sol et de son climat.
-----------Si
l'on ne raisonnait qu'au point de vue économique on pourrait dire
qu'il suffit de continuer les errements qui ont donné les résultats
constatés et l'on développerait l'implantation de nouveaux
colons puisqu'il est avéré qu'ils augmentent la productivité
au même rythme que s'accroît la population ; mais ce raisonnement
positiviste ne s'accommode pas des règles permanentes qui ont présidé
à l'installation française sur la rive sud de la Méditerranée.
-----------C'est
pourquoi maintenant que la première phase de la colonisation a
indirectement amélioré la situation matérielle des
populations autochtones en plein essor démographique, l'administration,
en plein accord avec la population européenne et ses élus,
développe un plan de modernisation de l'agriculture par l'action
directe sur les fellahs et pasteurs.
-----------C'est
cela qui constitue le paysannat.
-----------De
tout temps et plus particulièrement au cours des 20 dernières
années, les autorités locales ont cherché à
éduquer et à équiper les agriculteurs musulmans,
on leur a consenti des prêts de semences, (le reconstitution de
troupeau, de petits équipements sous l'égide des Sociétés
Indigènes de Prévoyance, mais la circonscription de celles-ci
était trop étendue et il manquait un cadre pour que certaines
initiatives soient durables.
-----------1l
fallait une organisation à l'intérieur de l'organisme qu'est
la Société indigène de Prévoyance organisation
où l'on puisse concentrer l'action de mise en valeur et qui soit
dans les limites des moyens matériels financiers, et pour tout
dire, des possibilités humaines. Cette organisation c'est le Secteur
d'Amélioration rurales, le S.A.R. Secteur territorial de la S.I.P.
. qui reste l'organisme de hase sur lequel repose la gestion administrative
comptable et financière. Sans toucher à 'la structure juridique
(les tenures foncières si complexes en milieu musulman. le S.A.R.
se propose d'appliquer aux terrains qu'il englobe les méthodes
culturales les mieux adaptées au milieu naturel et humain en vue
le porter au maximum la production végétale et animale,
sans jamais perdre (le vue la rentabilité.
-----------L'action
est décentralisée au maximum, pas d'office ou d'établissement
chargé d'un service public, elle repose essentiellement sur l'initiative
à tous les échelons (les cadres administratifs existants
qu'il s'agisse des services civils locaux (administrateurs chefs de commune
et présidents (le S.I.P.) ou des agents (les services techniques
relevant, au Gouvernement Général, des Directions (le l'Agriculture,
(le l'Hydraulique on (les Forêts (Défense et Restauration
des sols),
-----------Le
programme (le mise en valeur est élaboré après des
études technique, sociale et financière dont l'inspection
du paysannat fait la synthèse, et qui aboutit à une décision.
Celle-ci est notifiée au président de la S.I.P. pour exécution
; elle comporte des crédits d'équipement sous forme de subvention
pour les constructions et les améliorations foncières, sous
forme de prêt pour l'achat (le matériel collectif ou individuel.
Dans chaque S.A.R. il y a un moniteur remplissant les fonctions de chef
(le culture et d'éducateur. Un comité de gestion composé
des usagers et de quelques colons règle les questions d'ordre intérieur
et fait participer plus directement les populations à l'entreprise,
elles acquièrent ainsi le sens (le la gestion d'intérêts
communs, non plus à la manière des familles patriarcales
d'essence antique qui associées en tribus étaient, il '
a 120 ans, les seules institutions organiques (le la vie rurale, mais
comme on le conçoit dans la vie moderne qui repose sur la cité,
groupements de de foyers familiaux.
-----------Le
S.A.R. porte en lui le germe de la civilisation ; autour (lu logement
du moniteur, des bâtiments d'exploitation de la ferme pilote ou
du centre de traitement des troupeaux, l'école, le dispensaire,
le foyer rural peuvent venir compléter l'équipement social,
et l'on verra s'installer l'artisan rural pour réparer les outils,
les machines, de petits commerçants, ambulants d'abord, se fixeront
à mesure que s'installeront de nouveaux foyers. C'est ainsi que
prendra naissance une nouvelle cité tandis que. par l'émancipation
économique due à la mise en valeur, comme par l'éducation
technique et civique qu'elles acquerront, les populations prendront conscience
(le son administration indépendante.
-----------Ce
ne sont plus là des vues de l'esprit qui, présentées
en 1945, ont paru chimériques. On n'en a retenu et c'était
l'essentiel, que l'idée du S.A.R. A l'usage on s'aperçoit
(le l'élément évolutif qu'il représente. Pour
ce qui est de la modernisation de l'agriculture, objet essentiel (le cette
étude, voici ce qu'a donné le système.
-----------La
notion du S.A.R. a été définie en 1946, les premières
réalisations datent pratiquement (le 1947. Depuis, il en a été
créé à la date du 1"' octobre 1949, c'est-à-dire
en deux ans et demi :
-----------44
de céréaliculture couvrant 375.000 ha.
-----------51
d'élevage pour l0.000.000 ha. de parcours
-----------19
d'arboriculture pour 165.ooo ha.
-----------3
d'oasiens pour 500 ha.
----------
1 de maraîchers pour 238 ha.
-----------Total
118 pour 10.540.738 ha.
-----------Il
a été construit 66 logements de moniteurs, 32 centres de
traitement d'ovins, 27 bâtiments d'exploitation dont deux ateliers
de mécanique agricole, 18 fermes pilotes sont en gestion directe
; chaque S.A.R. d'élevage aura son troupeau de sélection
(12 sont déjà constitués), son périmètre
de mise en défense (à ce jour : 40.000 ha.) on a procédé
à l'équipement de 132 points d'eau dans les parcours, à
la construction d'un barrage d'inferoflux de 300 1/s à Tadjemout
(Laghouat) et d'un barrage d'épandage de crues sur 2.000 ha. à
Tadjerouna (Aflou). Pour désenclaver les S.A.R. 115 km. de pistes
de chemins ont été ouverts. Enfin, sur le plan de l'arboriculture,
2.400 ha. sont complantés de 38.400 oliviers, 3.ooo ha. de banquettes
établies par le service de la restauration des sols ou sous son
contrôle portent 240.000 arbres fruitiers d'essences diverses, etc...
etc... Tout ceci constitue l'infrastructure sur laquelle reposera l'accroissement
de la production qui, nous l'avons vu, est le fondement de l'évolution
sociale et politique. Pour l'année 1949 les résultats financiers
ne sont pas négligeables.
-----------Grâce
aux S.A.R. 21.079 ha. ont été préparés contre
9.173 en 1948, et 1.750 en 1947 ; 1.000 ha. de lentilles ensemencées
; 5o hectares de betteraves de distillerie cultivés, 46.000 ovins
prêtés ont permis à 2.850 pasteurs de reconstituer
leur troupeau qui s'est accru depuis de 36.000 têtes.
-----------Si
l'on ne tient compte que de l'accroissement de rendement des céréales
(4 à 5 qx. à l'ha.) de la valeur des cultures nouvelles
et du croît des seuls troupeaux prêtés, c'est environ
400 millions de revenu brut supplémentaire dont ont bénéficié
les fellahs et pasteurs ; la voie est ouverte, l'agriculture musulmane
se modernise. Augmenter le nombre de S.A.R. au rythme des possibilités
humaines, gagner à ses disciplines par persuasion tous ceux qui
vivent et exploitent mal sur le secteur territorial (les S.A.R. déjà
créés, tel est le programme d'avenir. En ayant conçu
l'essentiel et étant chargé depuis un an environ de veiller
à son exécution, nous laissons le soin d'apprécier
la part qu'est susceptible (le prendre l'agriculture musulmane modernisée
dans les possibilités de la production agricole (le l'Algérie.
Nous l'estimons considérable.
-----------Comment
pouvons-nous mieux chiffrer les possibilités présentes de
la production agricole de l'Algérie qu'en donnant quelques éléments
du commerce d'exportation pour l'année 1949.
-----------Le
volume total s'élève à 5.441.000 tonnes dont
-----------France
métropolitaine ------1.911.ooo T.
-----------Union
française---------------- 123.000 T.
-----------Étranger-----------------------
3.407.000 T.
-----------Sur
ce volume total la part que représentent les produit agricoles
:
Céréales
|
2.850.525 q dont 2.348.784 q d'orge.
|
Vins ordinaires mistelles et vins de liqueurs.
|
9.028.698 hl dont 8.379.052 de vins
ordinaires.
|
- Alfa
|
2.042.813 q
|
Agrumes
|
1.522.049 q
|
Autres fruits frais
|
94.400 q
|
Fruits séchés
|
164.819 q dont 16o.569 de figues.
|
Dattes
|
308.172 q
|
Légumes frais
|
1.274.496 q dont 707.945 de pommes
de terre
et 268.437 de tomates
|
Légumes secs
|
305.974 q dont 122.180 de lentilles
|
Tabacs
|
129.611 q
|
Liège et produits dérivés
|
128.365 q
|
-----------Ces
onze postes principaux forment un tonnage de 1.784.992 T c'est-à-dire
33 % des exportations totales.
-----------Pour
fixer plus exactement la part de l'agriculture dans la balance commerciale
du pays, il faut ajouter 40 à 50.000 tonnes supplémentaires
qui s'appliquent à des postes de moindre importance tels que huiles
d'olives (9.089 q ), graines de lin (405.543 q ), crin végétal
(109.049 q ), conserves alimentaires dont les olives (160.588 q ), produits
d'origine animale : (laine (9.055 q ), cuirs et peaux (16.652 q ), neufs
(33.438 q ). En ce qui concerne la viande, l'Algérie souffre encore
des effets de la grande disette de 1945-1946 et, avec les 26.766 q exportés
qui sont principalement des porcs (24.341 q ) nous sommes loin des 850.000
têtes d'ovins qui partaient sur la Métropole avant 1939.
-----------Nous
pensons que ces exportations d'ovins sur pied ou plutôt en carcasses
vont pouvoir reprendre à la fin de 1950 mais avec probablement
un alignement des cours algériens qui sont devenus supérieurs
à ceux de la Métropole.
-----------Si
l'on tient compte de ce que le standard de vie des populations autochtones
a très sensiblement augmenté et de ce qu'il a fallu nourrir
un million d'habitants de plus qu'en 1939, on apprécie plus justement
l'effort qui a déjà été fait par l'agriculture
algérienne, celui aussi qu'elle sera demain appelée à
fournir.
-----------C'est
parce que les Secteurs d'Améliorations Rurales conditionnent dans
une large mesure l'évolution matérielle des populations
musulmanes et, par là même, leur évolution morale,
que l'Administration entend développer chaque jour un peu plus
des réalisations qui ont conduit encore récemment une haute
personnalité politique d'un Etat musulman, de passage en Algérie,
à déclarer publiquement que la France était bien
" la plus grande chance des populations
musulmanes du Moghreb "
Georges VIALAS
Directeur de l'Agriculture au Gouvernement Général
de l'Algérie
|