----------L'Algérie
qui, dans les plaines sub-littorales, apparaît comme la zone de
l'oranger, de la vigne et lies primeurs, est dans son ensemble un pays
au climat trop rude pour ces cultures exigeantes.
----------Dès
que sur les plateaux l'altitude augmente, l'oranger disparaît ;
l'olivier et la vigne même, en bien des points, ne supportent plus
les hivers, mais les céréales sont à leur place.
----------Leur
culture apparaît comme la spéculation essentielle de ce pays
où l'ensemble du territoire est d'altitude moyenne de l'ordre de
700 mètres, avec de hautes zones à céréales
étalées parfois à plus de 1.000 mètres comme
le sont les plaines à blé de Sétif ou de Tiaret.
----------La
culture du blé notamment se heurte de ce fait à de grosses
difficultés dues à cette altitude, difficultés résultant
d'hivers rudes et de gelées tardives jusqu'en mai, que n'ont pas
à connaître les cultivateurs de Tunisie et de la plupart
des zones céréalifères du Maroc.
----------Ce
sont ces conditions climatiques et géographiques qu'il faut avoir
sans cesse présentes à l'esprit pour comprendre les problèmes
que pose à l'Algérie la mise au point (le sa production
en blé et en orge. Quoi qu'il en soit, les céréales
représentent pour l'Algérie la production agricole la plus
importante tant sur le plan économique que sur le plan humain.
HISTORIQUE.
----------La
culture des céréales en Afrique du Nord remonte à
la plus haute antiquité. Il semble qu'elle soit antérieure
à la colonisation phénicienne dont les premiers établissements
datent du 12è siècle avant J.-C. La fondation d'Utique,
qui précéda celle de Carthage au débouché
de la vallée de la Médjerda (" pays de vivres
" particulièrement propice à la culture du blé),
ne parait pas avoir eu primitivement d'autre objet que d'assurer dans
cette escale, sur le long trajet de Tyr au Guadalquivir, le ravitaillement
des " rouliers de la mer " de l'époque. Carthage
naquit ensuite pour suppléer puis remplacer Utique comme port d'exportation
(les céréales (le la Médjerda dont le commerce dans
la Méditerranée n'a pas cessé à travers les
âges d'être extrêmement important. A l'époque
où Rome, après avoir détruit puis reconstruit Carthage.
s'était installée en Afrique, la culture des céréales
était largement pratiquée déjà sur les plateaux
sétifiens, et dans la Numidie que les Romains occupèrent
plus tard eu raison (le la fertilité de certaines régions
(le cette province et (le l'abondance des céréales qu'elle
pouvait leur procurer.
----------"
Le sol de l'Afrique, écrit Pline, l'ancien, au premier
siècle de notre ère, a été
donné tout entier à Cérès : l'huile et le
vin lui ont été presque refusés ; toute la gloire
du pays est clans la moisson ".
----------Sans
doute s'est-on exagéré l'importance de la production frumentaire
de l'Afrique Proconsulaire et (te la Numidie ainsi que les quantités
qu'en tirait Rome qui s'approvisionnait sur tout le pourtour et dans les
îles de la Méditerranée, particulièrement en
Égypte, mais il faut reconnaître que la politique romaine
île l'accroissement des superficies d'emblavures au dépend
du maquis dans toutes les régions où cela fut possible,
eut un résultat qui, à nos yeux, fait figure d'enseignement
( Voir Document Algérien N° 24 de la Série
Culturelle : PANORAMA DE L'ALGÉRIE ROMAINE DE M. P. SALAMA.).
Si les zones de production intensive étaient
comme aujourd'hui celles de Guelma. de Constantine, de Sétif, de
La Medjana, d'Aumale, du Chéliff, la culture du blé dur
et de l'orge s'était glissée bien avant vers le Hodna, vers
Biskra et jusque dans les hautes vallées des Monts Aurès.
----------Mais,
à une époque où l'Italie se dépeuplait et
ne pouvait envoyer en Afrique des colons pour la cultiver, Rome comme
Carthage n'est parvenue à maintenir et à développer
la culture des céréales qu'avec le concours des populations
indigènes qui ont continué à en produire jusqu'en
183o en quantité suffisante pour approvisionner, après les
Romains, les Génois et les Marseillais.
LES ESPÈCES ET
VARIÉTÉS DE CÉRÉALES CULTIVÉES EN ALGÉRIE
----------Quand
on parle de céréales en Algérie, on peut sans commettre
une erreur trop grossière ne penser qu'aux céréales
d'hiver, le rôle des céréales d'été
restant peu important. Ainsi, en 1939, sur une production globale de 25
millions de quintaux, la part des céréales d'été
ne fut que de 115.000 quintaux, soit environ 0,46 % de l'ensemble.
----------Les
céréales principales ou céréales d'hiver.
- Ce groupe, dont la période des semailles s'échelonne de
septembre à janvier, suivant les lieux et l'altitude, comprend
les blés, l'orge et l'avoine.
----------Les
blés cultivés en Algérie se rapportent à deux
espèces principales : blé dur (Triticum durum Desf.), qui
sert à la fabrication des semoules, du couscous et des pâtes
alimentaires, et le blé tendre (Tr. vulgare Host.) dont le grain
est utilisé pour la fabrication de la farine et du pain. On ne
note plus qu'à titre de curiosité quelques autres espèces
du genre Triticum comme le blé poulard, l'Amidonnier, le Blé
de Pologne, rencontrés très exceptionnellement dans les
blés locaux ou dans les céréales d'introduction ;
une mention spéciale doit être faite pour l'Épeautre
(Tr. spelta var. Sahara L.D.) encore signalé dans les blés
des Oasis.
----------Le
blé dur (Guemah des Musulmans) est représenté
en Algérie par une multitude (le formes, pour la plupart cataloguées,
dont le nombre justifie la place donnée à l'Afrique du Nord
par Vavilov comme centre secondaire de diversité de l'espèce.
Les variétés algériennes appartiennent toutes au
groupe : Tr. durum aristatum Orl., commune Flaksb, et peuvent être
rangées, d'après Orlov, dans au moins une quinzaine (le
variétés botaniques différentes. Il n'existe en culture
ni de variétés mutiques (Tr. durum muticum Orl.) d'origine
hybride (croisements naturels ou artificiels), peu intéressantes
et mal fixées, ni (le types durocompactum Flaskb.
----------Les
sortes indigènes, très nombreuses et d'intérêt
inégal, sont presque toujours cultivées en mélange
accusé : bien que rustiques, peu exigeantes et assez bien adaptées
au milieu naturel et au mode de culture local, elles présentent
les graves défauts d'être susceptibles à certains
accidents sérieux verse, échaudage, mitadinage, rouille
noire, etc...
----------Les
colons ont, au début, cultivé les mélanges indigènes,
puis ils ont employé des sélections massales locales (Poulot,
Courtellement, Pélissier, etc...) qui les ont vite fait se rendre
compte de l'intérêt (les sortes même peu améliorées.
Ce n'est cependant qu'à partir de 1905 que l'amélioration
méthodique et rationnelle des céréales a été
entreprise par le Pr. L. Ducellier qui, le premier, a tiré des
populations locales et par sélection généalogique,
les premières lignées pures de blé dur. Son coeur
a été continuée, après sa disparition prématurée,
par ses élèves à la Station Centrale d'Essais de
Semences et d'Amélioration des Plantes de grande culture de Maison-Carrée.
Si la sélection généalogique peut encore, en raison
des grandes ressources locales, jouer un rôle appréciable
dans le travail d'amélioration (les blés durs, il deviendra
cependant de plus en plus difficile de trouver dans l'avenir des lignées
supérieures à celles qui sont en grande culture. Pour augmenter
le matériel d'étude des sélectionneurs, il a été
procédé périodiquement à (les introductions
de blés durs exotiques (Espagne, Italie, Grèce, Syrie, Russie,
U.S.A.) et plus récemment (depuis une quinzaine d'années)
à des croisements entre les principales variétés
locales et les meilleures sortes étrangères.
----------Ces
travaux sont poursuivis par la Station Centrale de Maison-Carrée
qui dispose à cet effet d'un réseau d'une dizaine de stations
de sélection ou de stations expérimentales régionales,
correspondant aux principales grandes régions céréalifères
de l'Algérie.
----------Le
blé tendre (farina des Musulmans) n'était pas
cultivé en Algérie avant 1830, sauf cependant dans les Oasis
où il existe encore une variété spéciale (Tr.
vulgare var. oasicolum L.D.). Toutes les variétés en grande
culture aujourd'hui dérivent d'introductions ou de croisements.
Les blés métropolitains, introduits périodiquement,
n'ont jamais donné grande satisfaction en Algérie, en raison
de leur tardivité ou de leur susceptibilité à la
rouille jaune : il faut cependant faire une exception concernant la Tuzelle
d'Aix, dont la culture s'est maintenue par suite de sa résistance
aux gelées printanières dans les zones d'altitude. Cette
variété, dont il est difficile de se ravitailler en souche
pure, tend d'ailleurs à céder de plus en plus le pas aux
blés .Mahons (importés dès les débuts de la
colonisation des I1es Baléares) qui forment encore parfois, en
mélange avec la Tuzelle rouge barbue, le fonds des blés
dits " Colon ". Ces divers blés ont été
à peu près les seuls à être cultivés
jusque vers 1930-32. Rustiques, assez bien adaptés malgré
une certaine tardivité et leur susceptibilité à la
verse - en terres fertiles - et à la rouille noire - en printemps
pluvieux - ils étaient estimés pour leurs rendements satisfaisants
et la qualité de leur grain (blés blancs) qui les faisait
rechercher non seulement par le marché local, mais aussi par le
commerce métropolitain comme blés de soudure. A partir de
1930, la production française augmentant, l'Algérie dut,
comme la Tunisie et le Maroc, s'orienter, pour trouver le débouché
de ses récoltes sans concurrencer les blés métropolitains,
vers l'obtention et la production de blés de force, ce qui fut
assez rapidement réalisé grâce aux hybrides Florence
x Aurore et Pusa x Florence du Professeur E. Schribaux et aux travaux
du Professeur. F. Boeuf.
----------L'amélioration
des blés tendres a suivi la même marche que celle des blés
durs. La sélection généalogique à l'intérieur
des blés dits " de pays " a, été entreprise
dès 1905 par le Pr. L. Ducellier. Cette méthode d'amélioration
est encore poursuivie aujourd'hui, sur une assez faible échelle
cependant, les ressources locales ayant été déjà
bien prospectées. Le gros effort porte depuis une quinzaine d'années
sur les introductions et l'hybridation. En ce qui concerne les introductions,
ii est à signaler très peu de réussites, les meilleurs
résultants ayant été obtenus avec (les variétés
hindoues ou australiennes, utilisées d'ailleurs plus souvent comme
géniteurs que directement.
----------Les
orges algériennes cultivées appartiennent
presqu'exclusivement à l'espèce Hordeum tetrastichum L.
(orge carrée ou escourgeon d'Afrique). Cependant, on rencontre
quelques orges également à 6 rangs (H. hexastichum) peu
appréciées en raison de la dureté de leur grain,
des orges à 2 rangs (H. distichum) surtout signalées en
dehors de cultures spéciales peu étendues, en mélange
dans les céréales introduites du Proche et Moyen-Orient.
Par sélection généalogique, il a été
tiré des sortes locales : les orges carrées I.A.A. 2 et
Saïda 183, les plus cultivées actuellement, et plus récemment
l'orge à 6 rangs 839. Ces orges, toutes à grains blancs,
servent surtout à l'alimentation des populations rurales (Kesra)
et à la nourriture du cheptel. Une partie toutefois des récoltes
est destinée à la fabrication de la bière, soit directement
dans les brasseries locales, soit par l'exportation du grain (dont il
existait avant guerre un débouché intéressant sur
les pays nordiques). La culture des orges spéciales de brasserie
ne s'est pas développée en Algérie par suite de leur
susceptibilité à l'égrenage, qui les rend sous notre
climat de récolte délicate, et de l'indifférence
(le l'industrie locale ou métropolitaine d'utilisation. Il existe
cependant certaines souches de Colmar, de Probstdorf ou des introductions
comme U.S. 43 qui seraient susceptible, d'intéresser la culture
si la brasserie voulait en encourager la production.
----------Les
avoines d'Algérie appartiennent à l'espèce
Avena algeriensis Trab., dérivée elle-même de l'Avena.
sterilis L. et se différenciant nettement par toute une série
de caractères botaniques. végétatifs et culturaux
des avoines communément cultivées dans la Métropole.
Ces dernières, introduites périodiquement dans le pays,
n'y ont jamais bien réussi par suite de leur tardivité et
de leur feuillage trop abondant qui les rend susceptibles à l'échaudage
et à la rouille. Jusqu'ici, une seule variété d'avoine
ordinaire (A. Sativa L.), quoique très peu répandue, a donné
quelque satisfaction : il s'agit de l'avoine Cowra (d'origine australienne),
utilisable d'ailleurs plus pour la production fourragère (son cycle
végétatif s'apparente mieux avec celui de la vesce locale
ou du Languedoc) que pour la production (lu grain.
----------Des
avoines locales (probablement originaires du bassin méditerranéen
oriental), il a été tiré par sélection généalogique
les avoines rouges : 31, la plus répandue ; 61, convenant mieux
aux zones littorales ; 8, plus résistante à la sécheresse,
et enfin l'avoine noire 912, en voie de large diffusion, plus productive,
plus résistante à la sécheresse, à l'égrenage
et au charbon et dont le grain est aussi plus riche en amande. Un gros
effort reste à faire pour améliorer les avoines algériennes
à chaume versant facilement et à grain pailleux. peu nutritif.
----------Le
seigle n'est guère cultivé en
Algérie que dans les régions côtières, comme
brise-vents dans les vignes. Cette céréale, rustique, mériterait
'd'être mieux connue des agriculteurs clés zones arides d'altitude
où elle pourrait rendre des service tant au point de vue alimentaire
que fourrager.
----------Les
céréales d'été. --
----------Les
sorghos-grains sont représentés par de nombreuses
sortes indigènes très mélangées et hybridées,
d'intérêt inégal quant à leur valeur alimentaire
et culturale. Ils se divisent en deux grands groupes : les sorghos à
grains blancs ou " Bechnas " et les sorghos à grains
noirs ou " Dra ".
----------Les
maïs-grains cultivés en Algérie sont généralement
impurs et mélangés. Le fonds des cultures est constitué
par du maïs jaune ou blanc des Landes et par des variétés
introduites de divers pays, d'Espagne notamment. Une sélection
: le maïs jaune L.D. commence à se répandre dans les
bonnes fermes européennes.
SURFACES CULTIVÉES.
----------La
culture des céréales est et restera vraisemblablement pendant
longtemps encore la spéculation, prédominante de l'agriculture
algérienne, plus de 5.500.000 hectares (emblavures et jachères
comprises) lui étant réservées annuellement sur environ
6.ooo.ooo d'hectares de terres cultivées. Celles-ci représentent
environ le tiers de la superficie de l'Algérie du Nord.
----------Dès
1865, la superficie des terres emblavées est estimée entre
2 millions et 2.500.000 hectares.
----------De
1900 à 1939, malgré les fluctuations diverses, on constate
une augmentation des surfaces (2.860.000 ha. en 19o5 contre 3.100.000
en 1939). On sait que pendant la même période, on a assisté
à une grosse augmentation des surfaces complantées en vigne
; il y a donc eu un véritable glissement des cultures qui a permis
l'extension de la vigne aux dépens des terres à céréales,
ces denrées se développant sur les étendues autrefois
livrées au pacage, ce qui est le cas notamment des plateaux du
Sersou.
|
-------
|
----------Entre
1939 et 1943, les superficies ensemencées se sont maintenues à
un niveau satisfaisant ; mais de 1943 à 1946, elles sont tombées
à 2.301.000 hectares par suite des conséquences de la guerre.
----------En
1947, elles ont accusé une reprise ; celle-ci s'est accentuée
en 1948 et en 1949.
----------Au
cours de ces dix dernières années, les surfaces cultivées
par les Européens (28% des terres à céréales)
n'ont pas marqué defléchissement sensible par rapport à
l'avant-guerre.
PRODUCTION DES CÉRÉALES.
----------La
production dles céréales est très irrégulière,
avec des maxima et des minima se traduisant sur la courbe des récoltes
annuelles par une série de "dents de scie" et si la céréaliculture
connaît dans ce pays des années exceptionnelles (24.849.000
q en 1939), elle connaît aussi trop souvent des années déficitaires
nécessitant des importations massives et pressantes de céréales
exotiques. L'influence du climat saisonnier, maintes fois rappelée
et qu'il est sage de ne jamais perdre de vue, est décisive sur
l'importance et la qualité des récoltes algériennes
: de l'abondance et de la précocité (les pluies automnales
dépendent, surtout en culture musulmane, l'importance des emblavures
et la nature (les céréales cultivées ; (le la régularité
et (le la hauteur des chutes pluviométriques printanières
dépend le tonnage des récoltes annuelles, également
par ailleurs sous la dépendance des gelées tardives de printemps,
(les siroccos précoces, (les échaudages (le fin de saison
ou des orages (le grêle qui constituent les accidents et fléaux
les plus redoutés (le la céréaliculture locale.
Pour ces raisons, l'examen des statistiques indique que malgré
la progression constante, bien que lente (les emblavures, enregistrée
en temps normal et l'importance (le la culture européenne. la production
algérienne ne manifeste pas l'accroissement que l'on aurait pu
espérer et que les rendements - moyens n'accusent pas d'amélioration
fort sensible dans les régions soumises aux aléas du climat.
LES TECHNIQUES CULTURALES.
----------La
climatologie assez ingrate a conduit les céréaliculteurs
tant européens que musulmans à adopter l'assolement biennal
et à l'observer rigoureusement. Cependant, en milieu musulman,
le souci d'assurer l'approvisionnement en fourrage et en pâturage
du cheptel (vital pour le fellah sans tracteur) fait que l'on conserve
(les prairies (le chaumes (annuelles et temporaires) en reculant l'époque
du travail des terres.
----------Or,
la grande innovation apportée depuis 1875 par les agriculteurs
européens de la région de Sidibel-Abbès est la pratique
systématique, pendant l'année de jachère, des labours
préparatoires d'hiver ou de printemps et des façons superficielles,
selon les procédés du " dry farming ".
Depuis une quinzaine d'années, cette technique s'est améliorée
et s'est étendue dans la plupart des bonnes régions céréalifères
pour devenir la jachère intégrale, caractérisée
par
------------
La culture profonde avec ou sans retournement du sol dans le but
d'augmenter le volume de terre ameublie et la capacité d'absorption
du sol vis-à-vis de l'eau (en vue de la constitution de réserves
hydriques importantes évaluées environ à la moitié
(le la chute d'eau enregistrée au cours de l'année de repos)
et
-----------
La culture superficielle dans le but de créer à la
surface du sol une couche pulvérulente peu humide, sorte d'écran
protecteur constamment meuble, à capillarité presque nulle,
qui évite la perte en eau des couches profonde, par évaporation
naturelle ou par exportation sur les mauvaises herbes.
----------Dans les
régions de bonne pluviométrie et possédant des terres
fertiles, il est possible de pratiquer la " jachère
cultivée " qui consiste dans la culture de certaines
plantes améliorantes comme les légumes secs, dans le but,
tout en conservant le sol meuble et propre, de diminuer le prix de revient
du travail du sol (très élevé dans le cas de la jachère
intégrale) et de la récolte suivante.
LES RENDEMENTS.
----------Malgré
la progression constante, bien que lente des emblavures, la production
algérienne (ainsi qu'il l'a été dit plus haut) ne
manifeste pas l'accroissement que l'on aurait pu espérer et la
cause essentielle de cette stagnation est la faiblesse des rendements
moyens (particulièrement en culture musulmane) (lue aux conditions
climatiques irrégulières et surtout aux façons culturales
trop souvent archaïques.
----------Si
l'on considère les moyennes des rendements sur des périodes
de dix années (sauf pour la décade 1939-1949 qui ne peut
être assimilée aux périodes normales) pendant lesquelles
on peut considérer que lus facteurs météorologiques
agissant dans un sens ou dans l'autre s'annulent, on constate depuis 1920
une augmentation assez faible (les rendements totaux, assez sensible des
rendements européens :
|
Production totale
|
Production européenne
|
Production musulmane
|
Décade 1920 - 1929
|
5.43
|
7,71
|
4,52
|
Décade 1930 - 1939
|
5,87
|
8,83
|
4,71
|
----------Tous les
rendement ont donc été augmentés d'une période
décennale à l'autre. mais alors que chez les musulmans cette
augmentation est de 0,19 qx à l'hectare, elle est de 0.44 qx pour
la production totale et de 1,12 qx pour la production européenne.
Si l'augmentation avait été la même
chez les " fellahs ", l'Algérie aurait moins souffert
de la disette des céréales en 1944, 1945 et 1946
LES EXPORTATIONS DE
CÉRÉALES ET LES BESOINS ALGÉRIENS.
----------De 1830
à 1850. l'Algérie produisit à peine les grains nécessaires
à l'alimentation de ses habitants. elle dut même à
cette époque importer (les quantités importantes de céréales.
----------A
partir de 1851, la production algérienne devint non seulement suffisante
pour nourrir sa population, entretenir son bétail et pourvoir aux
ensemencements, mais ses exportations de grains l'emportèrent sur
les importations de farines. Depuis cette époque jusqu'en 1939,
les fluctuations (les exportations suivirent d'assez près les récoltes
sans qu'il y ait toutefois une corrélation absolue entre les deux
éléments. En effet, d'une part la consommation locale augmenta
régulièrement au fur et à mesure de l'accroissement
de la population, d'autre part la consommation musulmane varia sensiblement
d'une année à l'autre suivant l'importance de la récolte.
----------Depuis
1942, l'Algérie a été régulièrement
importatrice. Il semble, toutefois, qu'à l'heure actuelle, après
l'amélioration des récoltes de ces deux dernières
années, l'ère des grandes difficultés soit close
bien que le problème de l'alimentation des populations en voie
d'accroissement rapide soit toujours posé. ----------Déjà
en 1945, M. BALENSI, Directeur Général des Affaires Economiques,
écrivait que " les besoin du pays pendant la période
décennale 1941-1950 s'étaient accrus de 775.000 quintaux
par rapport à la période 1931-1940 ":
----------Dans
les conditions actuelles de notre production, une récolte plutôt
bonne n'offrirait donc pas d'excédents notables à l'exportation.
Bien plus, dans un proche avenir, l'équilibre des ressources et
(les besoins serait irrémédiablement rompu si l'Algérie
ne parvenait pas à obtenir de son sol les 22 millions de quintaux
de grains qui lui sont nécessaires et qui ont été
fixés par le Plan, comme l'objectif à atteindre en 1952.
----------Pour
atteindre ce premier objectif et poursuivre une route continuellement
ascendante après 1952 les lignes générales de l'amélioration
des techniques culturales devront être appliquées.
L'AMELIORATION DE LA
PRODUCTION DES CÉRÉALES EN ALGÉRIE.
----------Les terres
labourables de l'Algérie ne pouvant être accrues dans des
proportions sensibles du fait (le l'impossibilité pour la céréaliculture
de dépasser la limite naturelle représentée par l'isohyète
de 300 mm.. l'augmentation de la production ne peutt être obtenue
que par un meilleur travail du sol, destiné aux emblavures, et
par le développement de la jachère travaillée. Les
améliorations devront être pratiquées en plusieurs
étapes :
----------1°)
Abandon ou réduction sensible des jachères pâturées
ou fauchées (celles-ci étant remplacées partout où
cela est possible par une production fourragère, au besoin poursuivie
sur " préparés ").
----------2°)
Développement corrélatif des " préparés
" de printemps.
----------3°)
Emploi de variétés saines et bien adaptées avec diffusion
en milieu musulman des variétés rustiques.
----------4°)
Substitution progressive de la " jachère intégrale
" aux préparés de printemps.
----------5°)
Concentration de la culture intensive dans les régions les plus
appropriées (au-dessus de l'isohyète de 450 mm. pour le
blé, de 350 min. pour l'orge).
----------6")
Suréquipement des fermes en matériel de traction et de travail
pour permettre la réalisation, dans de bonnes conditions et ait
moment opportun, (les façons de préparation du sol et exécuter
les semailles au moment opportun,
----------7°)
Généralisation de l'emploi des variétés améliorées
et des semences sélectionnées.
----------8°)
Pratique d'une fumure rationnelle et équilibrée.
----------Cette
évolution progressive sera évidemment fonction de celle
de l'éducation du fellah et des possibilités (le mettre
à sa disposition le matériel nécessaire.
----------On
a souvent essayé de faire abandonner au paysan musulman l'araire
ancestrale au profit de la charrue légère française.
La plupart de ces tentatives ont été décevantes,
le fellah étant souvent dans l'impossibilité d'entretenir
ces charrues et d'autre part ne disposant pas du cheptel suffisant réclamé
par l'augmentation de traction.
----------Il
semble que dans ce domaine des solutions plus hardies et plus rapides
doivent être recherchées soit dans le développement
d'exploitations du type coopératif (Voir
" Documents Algériens ", Série Economique, n°
38 du 30 novembre 1947 : LA COOPERATIVE d'EXPLOITATION AGRICOLE d'AIN-KERMES
et n° 43 du 25 février 1948 : LA COOPERATIVE DE TRAVAUX AGRICOLES
DE ROVIGO.), soit par l'installation de Secteurs d'Améliorations
rurales (Voir " Documents Algériens
", Série Economiq ue, n° 13, du 1°, juin 1946 : PAYSANAT
MUSULMAN ; et n° 39 du 15 décembre 1947 : LES SECTEURS D'AM
ELIORATIONS RURALES.
).
EVOLUTION DES PRIX DES
CÉRÉALES DEPUIS 1936.
----------Il est
malaisé de se faire une opinion des prix perçus par les
producteurs (le céréales avant 1936, pour le blé,
avant 1940, pour l'orge et l'avoine. En effet, l'appréciation des
marchandises était alors faite d'après la loi de l'offre
et de la demande, d'où baisse (les cours au moment de la récolte,
par suite (les ventes massives de la part (les producteurs dont la trésorerie
était particulièrement obérée à ce
moment, et pause en fin de campagne, lorsque ne détenaient les
céréales, que les agriculteurs avant une trésorerie
à l'aise.
----------Depuis
la création de l'Office du blé, en 1936, ou sa transformation
en Office des Céréales, en 1940, les prix taxés à
la production donnent une sécurité aux producteurs qui n'ont
plus à craindre (le voir leurs récoltes faire le jeu (le
spéculateurs.
----------La
variation (les prix perçus par les producteurs est la suivante
RÉCOLTES
|
BLÉ TENDRE
|
BLÉ DUR
|
ORGE
|
AVOINE
|
1936
|
140 (1)
|
145 (1)
|
|
|
1937
|
178 (2)
|
169 (2)
|
|
|
1938
|
200 (1)
|
201 (2)
|
|
|
1939
|
197,50 (1)
|
207,50 (2)
|
|
|
1940
|
215 (1)
|
230 (2)
|
135 (1)
|
135 (1)
|
1941
|
290 (2) (3)
|
305 (2) (3)
|
18o (1) (3)
|
18o (1)
|
1942
|
375 (1) (4)
|
390 (1) (4)
|
251,50(1)(4)
|
251,50 (1)
|
1943
|
420 (1) (5)
|
437 (1) (5)
|
315 (1) (7)
|
315 (1)
|
1944
|
480 (1) (6)
|
560 (1) (6)
|
425,50 (1)
|
425,50 (1)
|
1945
|
6oo (1) (7)
|
700 (1)(7)
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450 (1) (7)
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420 (1) (7)
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1946
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1.013 (1) (8)
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1.165 (1)(8)
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780 (1)
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709 (1)
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1947
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1.65o (1) (9)
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1.900 (1) (9)
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1.380 (1) (9)
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1.300 (1) (9)
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1948
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2.300 (1)
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2.64.5 (1)
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1.840 (1)
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1.725 (1)
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1949
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2.500 (1)
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2.875 (1)
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1.572.50 (1)
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1.422,50 (1)
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(1) Prix production, c'est-à-dire marchandise rendue
au lieu de stockage aux frais du producteur.
(2) Prix ports algériens, les frais de transport jusqu'au quai
du port le plus proche venant en déduction du prix fixé.
(3) A majorer d'une prime de prompte livraison d e 10 fr., 7 fr., 4 fr.
ou 2 fr. par quintal de blé et de 7 fr., 4 fr. ou 2 fr. 50 par
quintal d'orge, suivant l'époque de livraison.
(4) A majorer d'une prime de prompte livraison de 15 fr., 12 ou 10 fr.
par quintal de blé et de 3 fr. ou 2 fr. par quintal d'orge suivant
l'époque de livraison.
(5) A majorer d'une prime de prompte livraison d e 30 fr., 20 fr. ou 15
fr. par quintal de blé et de 20 fr., 15 fr. ou 10 fr. par quintal
d'orge suivant l'époque de livraison.
(6) A majorer d'une prime de prompte livraison de 70 fr. par quintal de
blé livré avant le 31 octobre 1944.
(7) A majorer, dans tous les cas, d'une prime de difficultés exceptionnelles
de 100 fr. par quintal de blé livré, de 75 fr. par quintal
d'orge et de 70 fr. par quintal d'avoine.
(8) A majorer d'une prime de prompte livraison d e 100 fr. par quintal
jusqu'au 29 septembre 1946 ou de 70 fr. du 111 au 31 octobre 1946.
(9) A majorer, dans tous les cas d'une prime de difficultés exceptionnelles
de 200 fr. par quintal de blé livré et de 100 fr. par quintal
d'orge ou d'avoine.
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