LA FAÏENCERIE EN ALGÉRIE.
---------L'absence
de faïencerie en Algérie avait provoqué un malaise
certain pendant la coupure de 1940 à 1945' aussi bien dans la population
d'origine métropolitaine que musulmane. Les objets fabriqués
sur place de la manière la plus grossière et en quantité
insuffisante n'avaient évidemment pu satisfaire la clientèle
algérienne habituée aux produits de bonne qualité.
---------C'est
pourquoi l'idée de fabriquer sur place avec des matériaux
locaux selon une technique éprouvée et avec des moyens modernes
les objets de première nécessité s'imposa rapidement
avant même la fin des hostilités. L'industrie dé la
faïence a pris pied en Algérie d'abord par l'initiative de
MM. Humbert et Renaud à Berrouaghia (1947) puis parcelle plus importante
de la Manufacture Nord-africaine de Faïence à Oran, filiale
de la Faïencerie de Niderviller.
LA M.N.A.F.
---------Choix
du lieu de l'exploitation.
---------La
M.N.A.F. a été acceptée au plan d'industrialisation
(arrêté du 22 Octobre 1946) avec tous les avantages fiscaux
que cette décision comporte..: D'accord avec les services techniques
du Gouvernement Général de l'Algérie, la zone industrielle
d'Oran fut choisie comme lieu d'installation de l'usine en raison clé
la proximité des gisements de sable blanc de Saint-Denis-du-Sig,
du voisinage d'un port à grand trafic maritime pour la réception
des approvisionnements indispensables ainsi que pour l'expédition
des produits manufacturés, enfin de l'importance des besoins propres
de l'Oranie qui représentent approximativement les 5o % de la consommation
algérienne totale en produits céramiques.
---------Edification
de l'Usine.
---------L'usine
édifiée au cours des années 1947 et 1948 a été
construite à l'aide (le matériaux provenant de la Métropole,
par des entreprises locales.
---------Le
groupe principal de l'usine est constitué par trois bâtiments
accolés l'un à l'autre, (le 16o mètres sur 6o mètres
de largeur, dont l'armature est formée par une immense charpente
métallique avant nécessité .plus de 400 tonnes d'acier,
sous forme de poutrelles, de profilés de toutes sortes, etc...
Plus de 3.500 m2 de verre cathédrale ont été nécessaires
pour permettre l'éclairage de ce vaste hall dans lequel se concentre,
autour du four tunnel électrique, toute la vie de l'usine.
---------Dans
le prolongement de l'un des halls latéraux ont été
érigés de vastes constructions dont le rez-de-chaussée
est réservée au stockage des matières premières
et au-dessus desquelles, sur terrasses, se trouvent (le gais logements
ainsi que des bureaux et le Centre Social.
---------A
proximité de l'usine se dresse un poste imposant de transformation
ainsi que des ateliers de mécanique et de menuiserie et des garages
dotés d'un atelier d'entretien pour les véhicules roulants.
L'importance de ces bâtiments annexes laisse deviner les intentions
d'extensions ultérieures de la Société ; la première
usine ne couvre en effet qu'un peu plus d'un hectare sur les dix, d'un
seul tenant. qu'elle a acquis.
Le courant électrique à haute tension est fourni par l'Electricité
et Gaz d'Algérie aux transformateurs de 6oo KW de l'usine qui en
abaissent le voltage de 30.000 à 220 et 380 volts suivant les besoins.
---------Les
matières premières nécessaires à la fabrication
sont déjà ou seront sous peu d'origine nord-africaine où
(les gisements excellents en qualité ont été mis
à jour après des recherches minutieuses et dont l'utilisation
a fait l'objet de mises au point dans les laboratoires dotés des
moyens les plus modernes qui se trouvent à l'usine.
---------Dans
l'axe de l'usine se trouve un four tunnel électrique double de
8o m de longueur, de construction suisse, dérivé d'un four
fonctionnant depuis plusieurs années avec succès à
l'usine (le Moehlin, filiale suisse (lu groupe (le Niderviller. La Faïencerie
de Niderviller possède elle-même un four analogue qui est,
sans contredit en France, le premier four tunnel de cette importance chauffé,à-l'électricité.
---------Les
deux fours sont parallèles et à circulation opposée
; le premier sert à la cuisson des articles crus, dite " cuisson
de biscuit ", le second, à la cuisson d'émaillage,
au cours de laquelle le biscuit décoré est recouvert à
haute température d'une couche (l'émail. Le fonctionnement
de ces, fours est continu et leur chauffage électrique permet,
à l'aide de thermostats, un contrôle rigoureux des températures
(les sections successives du four : préchauffage, cuisson proprement
dite à une températureélevée et refroidissement
progressif.
---------Le
fait de ce fonctionnement continu procure de gros avantages d'économie
: on évite ainsi les arrêts que nécessitaient les
anciens fours à feu qu'on devait successivement charger de marchandises,
chauffer pour la cuisson et refroidir pour le défournement.
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La cuisson électrique, d'autre part supprime les effets nuisibles
des gaz et des poussières sur la faïence, elle augmente sensiblement
la qualité de la marchandise produite et la netteté des
nuances de décorations; elle permet enfin de se passer d'opérateurs
très, spécialisés dont le doigté et l'habileté
résultants d'une longue pratique pouvaient seuls atténuer
en partie les aléas des cuissons dans les anciens fours ronds
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---------Une visite
de la nouvelle installation de ce four tunnel permet de constater les
progrès réalisés par rapport aux anciennes méthodes
de cuisson : propreté exemplaire des abords du four. - Circulation
automatique des wagonnets chargés avec précision des marchandises
à cuire et pénétrant dans le tunnel à la cadence
d'une unité par 4o minutes, pour les cuissons de biscuit et 20
minutes pour les cuissons d'émail. Un dispositif de propulsion
automatique assure l'avancement à la vitesse désirée,
du train des wagonnets pour leur faire parcourir toute la longueur du
four et réaliser pendant cette traversée : le préchauffage,
la cuisson et le refroidissement de la marchandise.
---------Le
four tunnel constitue pour le faïencier la partie la plus importante
de l'usine, dont c'est en quelque sorte le cur. De sa bonne marche
dépend surtout la qualité des articles fabriqués,
mais il ne doit pas faire négliger l'ensemble très spectaculaire
des machines céramiques nécessaires à la production
des objets dont il aura à assurer la cuisson. Ces machines sont,
elles aussi, les plus modernes et partout où cela a été
possible, on a remplacé à la Manufacture Nord-africaine
de faïence, les anciens équipements encore utilisés
dans la plupart des faïenceries, par des machines semi-automatiques
ou automatiques, construites en France ou à l'étranger,
au moyen desquelles on obtient un rendement considérable tout en
augmentant dans une large mesure la qualité et la régularité
des objets produits.
---------Chaque
machine est actionnée par un moteur électrique séparé
; on supprime ainsi l'ensemble encombrant des arbres de transmission,
des poulies, des courroies, sources de poussières et de projections
d'huile de graissage. Près de 100moteurs électriques de
puissances variées sont ainsi utilisés pour répartir
dans toute l'usine la force motrice nécessaire.
DIFFUSION DES PRODUITS DE LA MANUFACTURE.
---------Sur la
base d'une production mensuelle de 135 tonnes, qui sera facilement atteinte,
les contingents théoriques suivants seront affectés aux
différents marchés.:
---------Afrique
du Nord : 95 tonnes, dont
Algérie : .8o tonnes - soit,
------------------département
d'Oran : 40 tonnes,
------------------département
d'Alger : 3b tonnes,
------------------département
de Constantine : 10 tonnes ;
Maroc : 10 tonnes ,
Tunisie : 5 tonnes.
Exportation : 4o tonnes.
---------Ces chiffres
ne sont pas exagérés si l'on tient compte des besoins du
marché algérien d'une part (2 acheteurs oranais se sont
déclarés prêts à signer un contrat d'absorption,
l'un et l'autre pour leur propre compte de la production complète
de l'usine, ce qui n'a naturellement, pu être envisagé dans
un désir de dispersion de la production) et des besoins de l'exportation
outre-mer, particulièrement dans le bassin méditerranéen,
où la demande à l'industrie européenne a toujours
été grande.
CONCLUSION.
---------Assurée
de ne pas avoir à ralentir sa production par manque de commandes
la M.N.A.F. dont le président Directeur général est
M. Louis Dryander est une des réalisations dont la vitalité
est dès maintenant assurée.
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