Alger, Algérie : documents algériens
Série économique : industrie
la manufacture nord-africaine de faïence
4 pages - n°62 - 8 juin 1949

 

mise sur site le 19 -03-2005
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LA FAÏENCERIE EN ALGÉRIE.

---------L'absence de faïencerie en Algérie avait provoqué un malaise certain pendant la coupure de 1940 à 1945' aussi bien dans la population d'origine métropolitaine que musulmane. Les objets fabriqués sur place de la manière la plus grossière et en quantité insuffisante n'avaient évidemment pu satisfaire la clientèle algérienne habituée aux produits de bonne qualité.
---------C'est pourquoi l'idée de fabriquer sur place avec des matériaux locaux selon une technique éprouvée et avec des moyens modernes les objets de première nécessité s'imposa rapidement avant même la fin des hostilités. L'industrie dé la faïence a pris pied en Algérie d'abord par l'initiative de MM. Humbert et Renaud à Berrouaghia (1947) puis parcelle plus importante de la Manufacture Nord-africaine de Faïence à Oran, filiale de la Faïencerie de Niderviller.

LA M.N.A.F.

---------Choix du lieu de l'exploitation.
---------La M.N.A.F. a été acceptée au plan d'industrialisation (arrêté du 22 Octobre 1946) avec tous les avantages fiscaux que cette décision comporte..: D'accord avec les services techniques du Gouvernement Général de l'Algérie, la zone industrielle d'Oran fut choisie comme lieu d'installation de l'usine en raison clé la proximité des gisements de sable blanc de Saint-Denis-du-Sig, du voisinage d'un port à grand trafic maritime pour la réception des approvisionnements indispensables ainsi que pour l'expédition des produits manufacturés, enfin de l'importance des besoins propres de l'Oranie qui représentent approximativement les 5o % de la consommation algérienne totale en produits céramiques.

---------Edification de l'Usine.
---------L'usine édifiée au cours des années 1947 et 1948 a été construite à l'aide (le matériaux provenant de la Métropole, par des entreprises locales.
---------Le groupe principal de l'usine est constitué par trois bâtiments accolés l'un à l'autre, (le 16o mètres sur 6o mètres de largeur, dont l'armature est formée par une immense charpente métallique avant nécessité .plus de 400 tonnes d'acier, sous forme de poutrelles, de profilés de toutes sortes, etc... Plus de 3.500 m2 de verre cathédrale ont été nécessaires pour permettre l'éclairage de ce vaste hall dans lequel se concentre, autour du four tunnel électrique, toute la vie de l'usine.
---------Dans le prolongement de l'un des halls latéraux ont été érigés de vastes constructions dont le rez-de-chaussée est réservée au stockage des matières premières et au-dessus desquelles, sur terrasses, se trouvent (le gais logements ainsi que des bureaux et le Centre Social.
---------A proximité de l'usine se dresse un poste imposant de transformation ainsi que des ateliers de mécanique et de menuiserie et des garages dotés d'un atelier d'entretien pour les véhicules roulants. L'importance de ces bâtiments annexes laisse deviner les intentions d'extensions ultérieures de la Société ; la première usine ne couvre en effet qu'un peu plus d'un hectare sur les dix, d'un seul tenant. qu'elle a acquis.
Le courant électrique à haute tension est fourni par l'Electricité et Gaz d'Algérie aux transformateurs de 6oo KW de l'usine qui en abaissent le voltage de 30.000 à 220 et 380 volts suivant les besoins.
---------Les matières premières nécessaires à la fabrication sont déjà ou seront sous peu d'origine nord-africaine où (les gisements excellents en qualité ont été mis à jour après des recherches minutieuses et dont l'utilisation a fait l'objet de mises au point dans les laboratoires dotés des moyens les plus modernes qui se trouvent à l'usine.
---------Dans l'axe de l'usine se trouve un four tunnel électrique double de 8o m de longueur, de construction suisse, dérivé d'un four fonctionnant depuis plusieurs années avec succès à l'usine (le Moehlin, filiale suisse (lu groupe (le Niderviller. La Faïencerie de Niderviller possède elle-même un four analogue qui est, sans contredit en France, le premier four tunnel de cette importance chauffé,à-l'électricité.
---------Les deux fours sont parallèles et à circulation opposée ; le premier sert à la cuisson des articles crus, dite " cuisson de biscuit ", le second, à la cuisson d'émaillage, au cours de laquelle le biscuit décoré est recouvert à haute température d'une couche (l'émail. Le fonctionnement de ces, fours est continu et leur chauffage électrique permet, à l'aide de thermostats, un contrôle rigoureux des températures (les sections successives du four : préchauffage, cuisson proprement dite à une températureélevée et refroidissement progressif.
---------Le fait de ce fonctionnement continu procure de gros avantages d'économie : on évite ainsi les arrêts que nécessitaient les anciens fours à feu qu'on devait successivement charger de marchandises, chauffer pour la cuisson et refroidir pour le défournement.
----------- La cuisson électrique, d'autre part supprime les effets nuisibles des gaz et des poussières sur la faïence, elle augmente sensiblement la qualité de la marchandise produite et la netteté des nuances de décorations; elle permet enfin de se passer d'opérateurs très, spécialisés dont le doigté et l'habileté résultants d'une longue pratique pouvaient seuls atténuer en partie les aléas des cuissons dans les anciens fours ronds

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---------Une visite de la nouvelle installation de ce four tunnel permet de constater les progrès réalisés par rapport aux anciennes méthodes de cuisson : propreté exemplaire des abords du four. - Circulation automatique des wagonnets chargés avec précision des marchandises à cuire et pénétrant dans le tunnel à la cadence d'une unité par 4o minutes, pour les cuissons de biscuit et 20 minutes pour les cuissons d'émail. Un dispositif de propulsion automatique assure l'avancement à la vitesse désirée, du train des wagonnets pour leur faire parcourir toute la longueur du four et réaliser pendant cette traversée : le préchauffage, la cuisson et le refroidissement de la marchandise.
---------Le four tunnel constitue pour le faïencier la partie la plus importante de l'usine, dont c'est en quelque sorte le cœur. De sa bonne marche dépend surtout la qualité des articles fabriqués, mais il ne doit pas faire négliger l'ensemble très spectaculaire des machines céramiques nécessaires à la production des objets dont il aura à assurer la cuisson. Ces machines sont, elles aussi, les plus modernes et partout où cela a été possible, on a remplacé à la Manufacture Nord-africaine de faïence, les anciens équipements encore utilisés dans la plupart des faïenceries, par des machines semi-automatiques ou automatiques, construites en France ou à l'étranger, au moyen desquelles on obtient un rendement considérable tout en augmentant dans une large mesure la qualité et la régularité des objets produits.
---------Chaque machine est actionnée par un moteur électrique séparé ; on supprime ainsi l'ensemble encombrant des arbres de transmission, des poulies, des courroies, sources de poussières et de projections d'huile de graissage. Près de 100moteurs électriques de puissances variées sont ainsi utilisés pour répartir dans toute l'usine la force motrice nécessaire.

DIFFUSION DES PRODUITS DE LA MANUFACTURE.

---------Sur la base d'une production mensuelle de 135 tonnes, qui sera facilement atteinte, les contingents théoriques suivants seront affectés aux différents marchés.:

---------Afrique du Nord : 95 tonnes, dont
Algérie : .8o tonnes - soit,
------------------département d'Oran : 40 tonnes,
------------------département d'Alger : 3b tonnes,
------------------département de Constantine : 10 tonnes ;
Maroc : 10 tonnes ,
Tunisie : 5 tonnes.
Exportation : 4o tonnes.

---------Ces chiffres ne sont pas exagérés si l'on tient compte des besoins du marché algérien d'une part (2 acheteurs oranais se sont déclarés prêts à signer un contrat d'absorption, l'un et l'autre pour leur propre compte de la production complète de l'usine, ce qui n'a naturellement, pu être envisagé dans un désir de dispersion de la production) et des besoins de l'exportation outre-mer, particulièrement dans le bassin méditerranéen, où la demande à l'industrie européenne a toujours été grande.


CONCLUSION.

---------Assurée de ne pas avoir à ralentir sa production par manque de commandes la M.N.A.F. dont le président Directeur général est M. Louis Dryander est une des réalisations dont la vitalité est dès maintenant assurée.