Alger, Algérie : documents algériens
Série économique : agriculture
Place et rôle du paysannat dans l'économie algérienne
10 pages - n°61 - 20 mai 1949

----------Ce n'est que dans un climat de stabilité économique que le S.AR pourra devenir le support des réalisations administratives et l'introducteur des franchises municipales.
----------Car il faut savoir rythmer sa marche au pas du temps et rien ne sert de précipiter une évolution nécessaire et d'essayer de concrétiser des anticipations hâtives. A vouloir méconnaître les enseignements sociaux et les réalités rurales, on risquerait plus de retarder que de hâter l'oeuvre d'émancipation économique.

mise sur site le 19 -03-2005
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----------Une décision en date du 18 octobre 1948 a rattaché le Service des S.I.P. et du Paysannat à la Direction de l'Agriculture.
----------Cette mesure s'inspire de la double préoccupation d'accroître l'efficacité des services ayant à connaître de l'économie musulmane en les groupant dans une même Direction de l'Administration Centrale et de faciliter dans toute la mesure du possible la fusion des intérêts agricoles des fellahs, membres des S.I.P., et les agriculteurs (européens et musulmans), membres des organismes mutualistes et coopératifs.
----------Cette réforme doit être interprétée comme le gage d'une collaboration toujours plus étroite des hommes, des capitaux et de l'ensemble des ressources de la paysannerie algérienne en vue de l'amélioration des conditions d'existence des populations rurales.
----------Les ressources de l'Agriculture sont encore les seules sur lesquelles l'Algérie puisse actuellement s'appuyer pour nourrir une population en accroissement constant et rapide, équilibrer sa balance commerciale et trouver dans les éléments de sa prospérité agricole les moyens de réaliser l'oeuvre de progrès social qui s'impose en attendant de pouvoir stabiliser et assurer son économie en puisant à d'autres sources, en particulier dans une industrialisation en voie d'élaboration mais qui ne peut se réaliser que progressivement.
----------Le développement de l'agriculture algérienne, son adaptation au système économique moderne, complexe et mouvant, ne peuvent se faire sans une étroite coopération de tous les éléments du monde agricole.
----------Ce n'est pas dire cependant qu'on puisse dès à présent envisager d'intégrer l'ensemble des activités agricoles musulmanes dans l'édifice du crédit normal et de la coopération. Car il faut bien se rendre à l'évidence, si les cellules qui le composent (coopératives et caisses de crédit agricole mutuel) sont accessibles à tous et si l'on y compte d'ores et déjà deux fois plus de fellahs que d'agriculteurs européens, la grande masse des agriculteurs musulmans n'y peut encore accéder faute par elle de présenter les garanties personnelles ou réelles généralement exigées.
----------Terres arables en superficie limitée et qui ne peuvent être étendues, enchevêtrement des. tenures indivises, climat capricieux, pluviométrie souvent insuffisante, modes de culture encore rudimentaires, pénurie de produits indispensables, cheptel vif déficient, affectent gravement une capacité de crédit qui ne trouve aucune assise solide.
----------Il est donc encore indispensable d'envisager en faveur (le l'économie agricole musulmane déshéritée une organisation particulière.
----------Mais il ne saurait être question (le pratiquer à l'égard des agriculteurs musulmans une politique entièrement différente de celle suivie à l'égard des mutualistes et des coopérateurs ordinaires. Bien au contraire, il convient de leur appliquer, dans le cadre général de l'économie algérienne, les mesures prises pour l'ensemble des producteurs et de les en faire bénéficier dans des formes appropriées, évidemment essentiellement transitoires, qui permettront aussi rapidement que possible de les intégrer finalement dans l'organisation normale et générale du crédit et de la coopération.
----------Il est ainsi apparu nécessaire de grouper et coordonner l'ensemble des moyens mis en œuvre pour aider, soutenir et développer l'agriculture musulmane afin de promouvoir un vaste programme d'action économique et qui doit permettre (le former le fellah aux méthodes agricoles et l'amener à obtenir (le meilleurs rendements.
----------C'est ce programme (le rénovation de l'agriculture musulmane que poursuit le Paysannat avec les Sociétés Indigènes de Prévoyance, maintenant dotées d'un puissant propulseur de vie agricole : le Secteur d'Améliorations Rurales.
----------Les promoteurs du Paysannat, recherchant un cadre pour grouper les intérêts de la paysannerie musulmane et développer la production, ont fait appelà l'association agricole dont la S.I.P. est une manifestation.
----------Le principe du groupement est admis sans difficulté au Maghreb dans tous les cas où la fatalité économique pèse sur l'individu ou la famille. On se groupe volontiers pour cultiver en commun et l'on accepte aisément la participation des Pouvoirs publics qui ne demandent rien en retour.
----------On s'est ainsi assigné comme but de développer l'agriculture musulmane dans le cadre traditionnel (le l'association agricole. En d'autres termes on demande aux fellahs groupés au sein d'un organisme de se soumettre à des méthodes culturales qui conditionnent un meilleur rendement des terres.
----------Discipline économique, meilleur rendement des terres, forment les données essentielles du programme.
----------Ainsi se dégage une double action sur le plan social et sur le plan économique qui trouve son expression dans des méthodes différentes selon qu'elles s'adressent à l'agriculteur pris individuellement ou au groupement rural.
----------Méthodes d'éducation rurale dans le premier cas. ----------Méthodes d'organisation rurale dans le second.
----------Ces méthodes, loin de s'exclure se complètent au contraire et leur action conjuguée doit permettre de hâter l'évolution de l'économie musulmane.

METHODES D'ÉDUCATION RURALE.
----------Suivre le fellah dans toutes les phases de sa vie agricole, l'épauler économiquement, lui éviter les aléas d'une technique primitive, le défendre contre l'usure et la spéculation, tels sont les objectifs des méthodes d'éducation rurale que poursuivent les S.I.P. depuis leur création.
----------Ces sociétés sont ainsi devenues de véritables "écoles de la mutualité et de la coopération" dont l'enseignement, pour être aussi complet que possible, a dû se plier à l'infinie variété des activités agricoles.
----------Deux éléments essentiels se distinguent dans cette action économique : le Crédit, la Coopération.
----------a) LE CRÉDIT. - Sous ses formes diverses (prêts à court, à moyen et à long terme). La Section Crédit de la S.I.P. Fonctionnant comme- une Caisse de Crédit Agricole.
----------b) LA COOPERATION. -- Sous ses aspects variés : La S.I.P. intervenant dans l'achat, la vente, le stockage, la transformation de produits et l'utilisation (lu matériel agricole, avec
----------- sa section " Céréales" pour les opérations portant sur les céréales :
----------- sa section " Autres Produits " qui joue le rôle de syndicat pour l'achat ou la vente de produits nécessaires à l'agriculture ou l'écoulement des fruits (le la terre
----------- sa section " Matériel " pour l'utilisation du matériel commun et qui réalise une sorte (le coopérative de travaux agricoles ;
----------- sa section " Exploitation " qui, dans certains S.A.R. de recasement, terme une sorte (le coopérative (le cultures en commun.
----------Grâce à cette double action (le la S.I.P. dans les domaines (lu crédit et de la coopération, les adhérems des S.I.P. peuvent trouver aisément l'appui financier qui leur est nécessaire ou les diverses facilités mises à la portée de tous les agriculteurs par la coopération agricole normale.

LES METHODES D'ORGANISATION RURALE - LE S.A.R.

----------Elles répondent à un souci (le normalisation des procédés (le culture en vue (le l'augmentation des rendements.
----------L'idée directrice a été (le mobiliser les diverses activités agricoles (le la S.I.P. dans le domaine du crédit et de la coopération au service d'une organisation rationnelle d'un secteur agricole.
----------Tous les moyens dont peuvent disposer les sociétés sont ainsi concentrés sur des secteurs territoriaux qui forment autant que possible un tout ethnique, économique et social, matérialisant ainsi sur un terrain choisi les procédés d'éducation rurale mis en œuvre par la S.I.P.
----------C'est cette organisation rurale qui caractérise essentiellement le S.A.R.
----------L'adhérent du S.A.R. est un sociétaire ordinaire de la S.I.P. qui reçoit l'aide habituelle du crédit et de la coopération au même titre que tous les autres adhérents de la S.I.P., à ceci près cependant qu'elle ne lui est accordée que dans la mesure où elle concoure à la réalisation du programme d'organisation du Secteur.
----------A-t-il besoin d'un prêt ? C'est la section " Crédit " qui intervient ; de produits nécessaires à la culture ? C'est à la section " Autres Produits " qu'il s'adresse ; de labours profonds ? C'est la section " Matériel " qui les effectuera.
----------Veut-il écouler les produits de son champ ? Il ira à la section " Céréales " ou à la section " Autres Produits ", selon qu'il s'agit de céréales ou de produits divers.
----------Toutefois. à la différence du sociétaire ordinaire de la S.I.P., il devra respecter, pour chacune de ces opérations, l'ordonnance du plan de culture ou le rythme du programme de travaux du S.A.R. -établis par le Conseil de gestion du Secteur et le Chef de culture.
----------Le Secteur d'Amélioration rurales n'est donc pas le cadre de la vie professionnelle et économique des fellahs. Ce cadre c'est la S.I.P. ; il constitue simplement un nouveau moyen d'action mis en oeuvre clans un secteur territorial pour lutter contre les aléas de la terre et capable de forcer son rendement. Quelle que soit l'activité que peut faire naître un S.A.R. elle trouvera sa place dans les différentes " sections " créées ou à créer au sein de la S.I.P. dont la vocation agricole générale a été consacrée par le décret du 15 Novembre 1938.
----------En bref, ce n'est pas un organisme rural, qui se substitue à la S.I.P., mais une organisation rurale qui complète l'action de la S.I.P. en rationalisant les méthodes de production.
----------Les possibilités du S.A.R. sont infinies car la combinaison des moyens dont dispose la S.I.P. permet (le réaliser autant d'organisations différentes qu'exigent la diversité des activités agricoles qui y trouvent place ou la variété des modes de tenures foncières des adhérents.
----------Cette gamme de modalités d'application confère au Paysannat une remarquable souplesse d'autant plus précieuse que cette organisation. pour rester, dans sa ligne de doctrine évolutive, doit demeurer un ensemble très maniable.
----------Quelques chiffres d'un rapide bilan permettront de faire le point de l'effort accompli. Les activités agricoles des S.I.P. d'Algérie sont réparties dans les sections suivantes :
104 Sections "CRÉDIT"
66 Sections " C.EREALES "
10 Unions " CÉRÉALES"
70 Sections " AUTRES PRODUITS "
1 Union "AUTRES PRODUITS"
13 Sections "RAVITAILLEMENT" (en liquidation)
4 Ateliers de " SÉCHAGE DE FRUITS "
63 Centres " LAINIERS "
1 Union " TABAC "
1Section "TABAC"
1 Union "VITICOLE"
1Section "HENNE ".
soit au total : 335 sections.
----------Ces diverses sections qui forment autant de groupements de forme mutualiste ou coopérative permettent aux fellahs de s'adapter sans heurt aux principes modernes de la mutualité et de la coopération.

CREDIT.

----------La loi du 19 juillet 1933 qui a doté les S.I.P. d'un Fonds Commun a marqué une étape nouvelle dans leur évolution, étape que l'on peut placer sous le signe du crédit.
----------A la fois Banque et organisme d'action administrative dans les domaines du crédit et de la coopération agricoles ce Fonds Commun réalise la coordination et la répartition des ressources financières des S.I.P.
----------Banque, il l'est par son autonomie financière, sa personnalité civile, par ses ressources qui lui proviennent pour la majeure partie de l'emprunt. Il l'est encore par le système d'avances et de prêts qu'il consent aux Sociétés pour faciliter leurs opérations de crédit.
----------Organisme d'action administrative, il l'est en tant qu'établissement public, justiciable de la Cour des Comptes dont les ressources proviennent en partie de fonds publics et dont le Conseil d'Administration comprend de hauts fonctionnaires. Il l'est encore par le concours qu'il apporte à l'oeuvre de consolidation (le l'agriculture musulmane et par les possibilités de financement que lui laisse sa masse de manœuvre.
----------Cette organisation souple, dont la complexité n'est qu'apparente, a permis aux S.I.P. de prendre rang parmi les établissements de crédit. Elle a pu trouver place sans heurt dans le système du crédit agricole, étant inspiré de l'esprit même qui présida à la création des S.I.P. : faire évoluer le paysan musulman sans troubler ses habitudes traditionnelles.
----------Cette alliance dans l'effort et les buts poursuivis, cet afflux vivant de capitaux ont permis aux S.I.P. d'entreprendre sous l'égide du Fonds Commun une action nouvelle dans le domaine du Paysannat.
----------Importante en son quantum cette aide est également nuancée par les objets multiples auxquels elle s'est attachée. Il n'est guère de domaine intéressant l'économie musulmane où ne se soit manifestée l'intervention du Fonds Commun.

-Nature des concours financiers consentis aux S.I.P pour leurs Opérations de crédits
Sommes mandatées en 1948
Avances pour prêts de semences
743.611.869
Avances pour cheptel ovin (y compris S.A.R. d'élevage;
66.ooo.ooo
Avances pour objets divers (y compris S.A.R., petit équipement et artisanat).
80.401.334
Avances pour prêts (le moissons
129.788.000
Avances pour cheptels d'exploitation
36.570.000
Subventions
378.082
Total des sommes mandatées en 1948
1.056.749.825


CEREALES.

----------Les Sections et les Unions Céréales qui groupent les céréaliculteurs des différentes régions intéressées par les S.I.P. ont permis à l'agriculture musulmane de trouver place dans le système de l'Office interprofessionnel des Céréales qui, sans leur intervention aurait pu difficilement jouer en faveur (le., fellahs déshérités.
----------C'est ainsi qu'elles ont commercialisé au cours de 1a dernière campagne

--B1é dur -
516.995 q
---Blé tendre
206.092 q
Orge
751.273 q
Avoine
24.410 q
Total
1.498.170 q

----------D'autre part, rappelons que, depuis la guerre c'est aux S.I.P. qu'incombe le ravitaillement en céréales des populations musulmanes elles ont distribué, de juin 1947 à Juin 1948

Blé dur et tendre
687 163
Semoule
1 007 778
Orge
663 057
Total
2.348.000 q

----------Enfin, elles ont distribué à leurs adhérents, à titre onéreux ou par prêts, les quantités suivantes de semences de céréales :

Blé dur
143 874 q
Blé tendre
51 123
Orge
111 973
Avoine
14 874
Total
321 844


SECTION " RAVITAILLEMENT ".
----------Les difficultés nées de la guerre ont conduit l'Administration à utiliser les S.I.P. pour effectuer toutes opérations utiles au ravitaillement en denrées contingentées des populations rurales.
----------Du fait (le la cessation des hostilités ces transactions ont été rendues au commerce. - Il est actuellement procédé à la liquidation (les dernières "Sections Ravitaillement".

VITICULTURE.
----------Des S.I.P. des régions viticoles ont été appelées à intervenir clans l'achat des récoltes et le traitement (lu raisin. ----------Les Sociétés groupées en Unions Viticoles de la région de Mostaganem ont traité au cours de la campagne 1948 :
9.460 hectolitres de vin à 12 degrés de moyenne ;
1.100 quintaux (le marc.

CENTRES LAINIERS.
----------Les Centres lainiers étaient chargés de collecter les toisons de mouton apportées par les éleveurs musulmans. Il s'agissait là d'une activité imposée par les nécessités du moment. Ces sections sont actuellement en voie de liquidation. ----------Cependant la formule est au point et demeure. Elle pourrait être reprise dans le cas où l'extension de l'élevage ovin rendant possible les exportations clé laine, une nouvelle organisation du marché serait envisagée.

SECTION " AUTRES PRODUITS ".

----------De nombreux produits agricoles nécessaires à l'agriculture on provenant (les exploitations des adhérents des S.I.P. relèvent de l'activité des Sections spécialisées, les Sections " Autres Produits par ailleurs, servent de cadres de gestion aux bâtiments et au matériel lourd (les S.A.R.

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TABAC.
----------Les S.I.P. (le la région de Kerrata où les agriculteurs musulmans s'adonnent à la culture du tabac à priser se sont constituées en Union
----------Cet organisme, appliquant les principes coopératifs, fait participer ses adhérents aux profits de l'entreprise. Il a permis de réaliser une amélioration très sensible de la qualité des tabacs dont les livraisons se., sont élevées à 141.462 kg ait cours de la dernière campagne.
----------Enfin, la coopérative (les tabacs du Souf à Guémar, qui dépend de la S.I.P. d'El-Oued, a acheté 64.391 kg en 1948.

SECTEURS D'AMÉLIORATION RURALES.

----------Au 31 Décembre 1948. 103 S.A.R. étaient organisés sur l'ensemble du territoire algérien. Ces 103 S.A.R. se répartissent en :

40 S.A.R. de céréaliculteurs
12 S.A.R. d'arboriculteurs
4,7 S.A.R. d'élevage ;
1 S.A.R. de maraîchers :
3 S.A.R. d'oasiens.
----------Dans l'ensemble, ils couvrent tin territoire de 6.000.000 hectares et intéressent 6o.ooo fellahs et pasteurs.
----------L'aide accordée aux S.I.P. sur les crédits publics pour l'équipement de ces S.A.R. a été la suivante
----------en 1945 , 100 millions de francs
----------1946 21o millions de francs
----------1947 400 millions de francs
----------1948 5oo millions (le francs.
----------De son côté, le Fonds Commun des S.I.P. a affecté 500.000.000 de crédits d'avance à l'ensemble des S.A.R. depuis le lancement de ce programme des réalisations.
----------En 1949, le budget de l'Algérie prévoit un crédit de 250 millions. A ce chiffre il convient d'ajouter les crédits prévus au titre des travaux de paysannat effectués par les Services de l'Hydraulique (100 millions) et de la Défense et Restauration des sols (120 millions).
----------Le bilan pour 1948, de l'activité des S.A.R déjà organisés et en fonctionnement peut se résumer de la façon suivante

S.A.R. DE CEREALICULTEURS.

----------Exécution (le plus de 15.ooo ha de gros labours à l'aide du matériel commun des S.A.R.
----------Equipement individuel et par groupe de 1.750 fellahs
----------Recasement effectif de 535 Musulmans dépourvus (le terres
----------- Construction ou aménagement de 7 logements de chef de culture, avec bâtiments annexes (magasins, ateliers, hangars) ;
------------ Recrutement de 5 chefs de culture
----------Obtention d'un rendement moyen (moyenne de tous les S.A.R.) de 12 qx à l'hectare pour les blés et de 15 qx à l'hectare pour les orges.

S.A.R. D'ARBORICULTEURS.
----------Aménagement en collaboration avec le Service de la D.RS. de plus de 2.000 hectares de vergers sur banquettes ;
----------Plantation de 1.000 hectares d'oliviers (M'Sila, Barika) ;
----------Entretien des plantations 46 et 47 du Hodna (1.600 ha d'oliviers)
----------Aménagement de deux stations de pompage (Clinchant, Marnia) ;
----------Création d'une pépinière de pieds-mères (Chelafa) :
----------Construction de deux logements de chefs de culture avec bâtiments annexes (magasins, ateliers, hangars) ;
------------- Recrutement de 4 moniteurs d'arboriculture.

S.A.R. D'ÉLEVAGE.
----------- Acquisition de plus de 29.000 ovins répartis entre 1.400 petits et moyens éleveurs -
-----------Soins vétérinaires : l'ensemble (lu cheptel ovin entretenu dans les S.A.R. ;
----------- Construction et mise en service de 6 Centres de traitement avec logement (le moniteurs d'élevage
-----------Mise en chantier de 22 centres et logements (lu même type ;
-----------Recrutement de 9 moniteurs d'élevage après exécution par chacun d'eux d'un stage de formation à la station de Tadmit ;
----------- Aménagement de 42 points d'eau d'abreuvement ; --------------Démarrage du programme de production fourragère.

S.A.R. D'OASIENS.
----------- Lancement clés S.A.R. (le Zelfana, El-Arfiane, Oum-el-Thiour, créés par décision du 28 Octobre 1948.

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----------Tels sont rapidement esquissés les grands traits (le l'organisation générale du Paysannat.
----------Il faut bien convenir qu'un tel édifice monté pierre par pierre au rythme du lent écoulement (les faits ruraux, ne se présente pas comme une construction aux lignes pures et harmonieuses. La diversité des matériaux et la variété (les apports y apparaissent comme autant de retouches successives manquant parfois d'originalité et d'élégance architecturales. Cependant cet ensemble forme un bloc fruste mais robuste d'une solidité qui a fait ses preuves et qui seul est actuellement capable de servir de fondement à une nouvelle action d'évolution économique.

LES PERSPECTIVES D'AVENIR.

----------L'Administration qui assume la responsabilité de l'orientation économique du paysannat doit se préoccuper (les Moyens à mettre en œuvre pour atteindre le but proposé : l'intégration de l'économie musulmane dans l'économie générale algérienne.
----------Les Sociétés de Prévoyance instituées par la loi du 14 Avril 1893, bien que constituant des organismes " sui generis ", sont dans leur essence même des associations, c'est-à-dire (les groupement:: constitués clans un but autre que celui de réaliser des bénéfices, critère essentiel et déterminant qui le, sépare nettement (les sociétés ordinaires et les rapproche (les coopératives agricoles.
----------Mais la loi a fait beaucoup plus que consacrer ces fins désintéressées, elle a explicitement tracé leur rôle social par une reconnaissance d'utilité publique qui les a fait accéder au rang d'auxiliaires (les Services publics.
----------Cette situation privilégiée comporte de sérieux avantages. L'Administration les fait bénéficier bénévolement (le la compétence de ses fonctionnaires et ne cesse clé leur prodiguer une aide morale et matérielle dispensée largement : l'Algérie affecte sur son budget (le gros crédits destinés à l'équipement (les S.A.R. et consent à faire jouer sa garantie à concurrence (le deux milliards pour cautionner les emprunts du Fonds Commun des S.I.P.
----------En contrepartie (le ces avantages substantiels, un seul devoir leur est assigné : celui d'utiliser les ressources généreusement mises à leur disposition dans un but d'intérêt commun. C'est là leur mission sociale et c'est aux Pouvoirs publics qu'il appartient de s'assurer que cet intérêt général n'est jamais méconnu.
----------C'est de la coopération étroite de l'Administration et des S.I.P. qu'est né le paysannat et cet esprit d'association, cette volonté d'oeuvrer ensemble que le droit Romain nommait très justement " affectio societatis", doit animer l'organisation tout entière.

----------Cette participation de la puissance financière de l'Etat à l'activité et à l'initiative de groupements privés réalise une formule d'association, particulière certes, mais qu'on ne peut dénoncer comme rétrograde, les mêmes principes inspirant de nos jours les sociétés modernes d'économie mixte.
Ainsi faut-il écarter délibérément la thèse qui consiste à présenter les S.I.P. comme de simples groupements privés sur lesquels l'Administration exerce un droit de tutelle dont l'affranchissement marquerait une nouvelle étape vers le progrès économique et social.
----------La participation de l'Administration à la gestion des sociétés doit être posée comme principe de base de l'organisation du Paysannat, comme un impératif catégorique dont on ne saurait s'affranchir sans fausser le jeu normal de l'institution.
----------Comme corollaire du principe ainsi posé, l'Administration devra rechercher les voies les plus efficaces pour acheminer aussi rapidement que possible le Paysannat vers l'organisation normale du crédit et de la coopération.
Tout en laissant aux S.I.P. une large autonomie (le gestion, les Pouvoirs publics doivent donc conserver les moyens d'action indispensables pour orienter et guider l'évolution de l'économie musulmane qui, répétons-le. doit trouver dans les S.I.P. non pas un moule définitif, mais simplement une forme malléable et essentiellement transitoire.
----------L'Administration algérienne respectueuse des coutumes et des moeurs n'a pas voulu réaliser un bouleversement agraire pas plus qu'elle n'a tenté d'imposer des gestions collectives de propriétés regroupées. Son ambition vise simplement à une. meilleure utilisation du sol par l'application d'un programme commun de travaux, librement accepté et mis en oeuvre. Sans rien de contraint ou d'imposé le S.A.R. apporte ainsi des possibilités neuves à ceux qui acceptent sa méthode et ses disciplines techniques : Convaincre sans contraindre, principe de base du S.A.R., formule dont l'application a largement contribué à son expansion.
----------Il faut également tenir compte que le paysannat n'est pas plus, sur le plan local, l'oeuvre d'un homme, qu'il ne constitue sur le plan algérien la tâche d'un seul service.
----------C'est un ensemble, une œuvre commune qui, pour être féconde, doit permettre de révéler les énergies et de grouper les forces vives du monde rural.
----------Au contact des réalités locales le président de la S.I.P., qui est fréquemment un chef de commune. a pour mission essentielle de créer l'ambiance favorable à la naissance des réalisations de paysannat en suscitant les initiatives individuelles et en facilitant-le concours des collectivités locales.
----------Dans cette tâche, il peut compter sur l'aide efficace des services techniques agricoles spécialement chargés d'élaborer les programmes de mise en valeur et de définir les impératifs techniques, facteurs de réussite et de rentabilité.
----------Des services spécialisés, Hydraulique, Défense et Restauration (les Sols, apportent également au programme (le paysannat le concours d'une technique moderne.
L'inspection technique (les S.I.P. participe également à cette tâche en contribuant à l'amélioration de la production céréalière.
----------Les différents services (le l'Administration Centrale se penchent sur les problèmes que posent sur les plans juridique, économique et social l'évolution des populations rurales et la gestion des sociétés.
----------Le corps des Inspecteurs des S.I.P. veille à la bonne gestion des sociétés sur les plans administratif, financier et comptable.
----------L'Inspecteur du paysannat, à la fois ensemblier et animateur de l'oeuvre, coordonne les initiatives et contrôle les réalisations.
----------Enfin, les associations agricoles locales ou régionales, les coopératives et les colons participent déjà et doivent participer dans l'avenir plus encore aux réalisations de paysannat en leur apportant un appui moral, l'aide de leur matériel moderne et l'expérience de leurs méthodes de culture.


LES POINTS DE CONTACT POSSIBLES.
----------A la lumière des considérations qui précèdent nous tenterons de déterminer les points de contact possibles entre les S.I.P. et l'organisation normale du crédit et de la coopération. Ils permettront de jalonner de repères les voies d'évolution souhaitables du Paysannat.

----------Dans le domaine (lu crédit, il parait difficile d'apporter des modifications profondes au particularisme des méthodes appliquées dans les S.L.P.: La terre musulmane n'est qu'un gage fugace, inapte à fonder une créance. Veut-on le réaliser-? ----------On se heurte à l'enchevêtrement des tenures indivises. Aussi a-t-on remplacé l'hypothèque qui n'est d'aucune efficacité en la matière par une sûreté personnelle : la caution.
Ce système nous éloigne sensiblement (lu crédit agricole normal fondé sur la garantie réelle, mais pour espérer un rapprochement souhaitable, il faudrait s'attaquer au problème de la refonte (lu statut foncier, réforme difficile parce que liée à des modifications profondes de la loi successorale qu'il serait prématuré d'entreprendre dans l'état actuel de la société musulmane.
----------Le crédit en matière musulmane, demeurera donc longtemps encore un champ d'action réservé aux S.I.P. Les seuls points (le contact avec le crédit normal seront marqués par les adhésions (le plus en plus nombreuses (le fellahs formés dans les S.A.R aux Caisses (le crédit agricole mutuel. Ces adhésions seront facilitées par une étroite liaison entre les Caisses (le Crédit et les S.I.P.
----------Sur le plan (le la coopération, il semblerait possible d'intégrer certaines activités agricoles (lui trouvent place dans les S.I.P. au sein (les diverses " sections " spécialisées, dans de véritables organismes coopératifs ou les intérêts communs de la paysannerie algérienne pourraient se fondre.
----------Mais afin que la fusion des économies européenne et musulmane n'entraîne pas la sujétion de l'une ou (le l'autre - l'une et l'autre au contraire avant intérêt à s'épauler pour conduire une action d'ensemble profitable à tous -- on doit rechercher -des formules permettant d'obtenir un juste équilibre des forces et une égale représentation des intérêts en présence.
----------Une solution pourrait être trouvée dans la création d'organismes coopératifs réalisés sous forme (l'Unions entre les S.1.P. et les coopératives pour certaines activités déterminées.
----------Dans le domaine (les céréales par exemple où les S.I.P. jouent le rôle (le coopératives on pourrait étudier sur quelques points du territoire algérien la possibilité (le constituer (les Unions (le ce genre.
----------La première conséquence de ces créations serait (le faire cesser les conflits qui s'élèvent parfois entre S.i.P. et coopératives à l'occasion des campagnes d'achat, la seconde (le permettre à certains organismes qui végètent sur un même champ d'action limité de retrouver une activité normale en s'associant.
----------Une formule analogue pourrait également se concevoir dans le domaine (le l'utilisation (lu matériel agricole où la formation d'unions de coopératives de labours permettraient le plein emploi (lu matériel lourd dont sont dotés les S.A.R.
----------Une telle réforme suppose évidemment (les modifications au statut algérien (le la coopération, retouches toujours délicates ; la charte (le la coopération algérienne s'alignant étroitement sur la législation métropolitaine.
----------Aussi, avant de les envisager, serait-il souhaitable, sur le plan de l'expérience, de réaliser deux ou trois de ces unions par simples accords contractuels entre coopératives et S.I.P. ; à l'exemple (les conventions passées entre certaines S.I.P. et des colons ou (les Sociétés Agricoles pour l'utilisation (lu matériel des S.A.R.
----------Les résultats de ces expériences permettraient, s'ils sont concluants, d'étudier une généralisation du système.
Eu conclusion, et le mot pèse, car il n'est pas (le conclusion à ce qui commence, nous ne pouvons nous empêcher (l'évoquer ce que devra représenter le S.A.R. dans un avenir qu'il est permis d'espérer prochain.
----------Si la première mission du S.A.R. est d'instruire et (le vulgariser les méthodes agricoles les plus modernes, le but à atteindre est d'équiper économiquement et socialement (les communautés rurales afin de leur permettre en gérant leur patrimoine d'accéder à la vie publique.
----------Mais cette progression vers la cité serait vaine sans l'assise solide d'une prospérité durable que l'on doit rechercher dans la rentabilité' des réalisations entreprises.
----------Ce n'est que dans un climat de stabilité économique que le S.AR pourra devenir le support des réalisations administratives et l'introducteur des franchises municipales.
----------Car il faut savoir rythmer sa marche au pas du temps et rien ne sert (le précipiter une évolution nécessaire et d'essayer (le concrétiser (les anticipations hâtives. A vouloir méconnaître les enseignements sociaux et les réalités rurales, on risquerait plus de retarder que de hâter l'oeuvre d'émancipation économique.
----------Autour des bâtiments agricoles du S.A.R., de son dock, de son école, de son infirmerie, se presseront les maisons du village. Au sein du Conseil de gestion où se débattent actuellement les intérêts économiques du groupe, les problèmes sociaux que pose la vie municipale viendront d'eux-mêmes en discussion.
----------Le S.A.R. s'orientera ainsi progressivement versune communauté rurale, amorce de la cité, germe (le civilisation.