CONSIDERATIONS GÉNÉRALES
------------En
Algérie, comme dans la Métropole, l'administration des voies
routières du territoires est partagée, suivant l'importance
politique et économique de ces voies entre l'Etat (Algérie),
les départements et les communes.
------------Les
voies mises à la charge du budget de l'Algérie sont les
routes nationales (R.N.) et certaines pistes importantes des régions
sahariennes; celles qui sont à la charge du département
sont dénommées chemins départementaux (C.D.) ; enfin
les voies communales comprennent les chemins vicinaux ordinaires (V.O.),
les chemins ruraux et les rues des villes ne faisant pas elles-mêmes
partie d'une route nationale ou d'un-chemin départemental.
------------Le
développement de ce réseau routier mesure à l'heure
actuelle les longueurs suivantes
------------Routes
nationales 8.016 km.
------------Pistes
sahariennes 7.500 -
------------Chemins
départementaux (à l'état d'entretien) 13.835
------------Chemins
vicinaux (à l'état d'entretien) 13.200 -
------------Chemins
ruraux (à l'état d'entretien) 17.500 -
******
------------Depuis
1942, comme dans la Métropole, après fusion des personnels
des Services des Ponts-et-Chaussées et des Services Vicinaux, c'est
le Service des Ponts-et-Chaussées qui, en Algérie, est chargé,
en plus de ceux des routes nationales, des travaux d'entretien, d'amélioration
et de conservation des chemins vicinaux ordinaires (V.O.) dans la limite
des crédits votés par les Conseils municipaux. Les rues
urbaines et les chemins ruraux restent gérés par un personnel
municipal.
CONSISTANCE ACTUELLE DU RÉSEAU DES ROUTES
NATIONALES
------------Le réseau
des routes nationales en Algérie est bien loin d'avoir sur l'étendue
des trois départements une densité comparable à celle
de la Métropole
------------o
km. 150 au km2 de superficie dans la Métropole.
------------o
km. 040 au km2 de superficie dans les départements algériens.
------------Il
est constitué actuellement par
------------A)
Trois grandes rocades transversales reliant le Maroc à la Tunisie.
-------------
La rocade du littoral : Marnia - Témouchent
(après construction de la R.N. 35 projetée)
- Témouchent-Oran (R.N. 2) - Oran-Alger (R.N. 111) - Alger-Bougie
(R.N. 24) - Bougie-PhilippevilleBône-La Calle (R.N. 12).
-------------
La rocade Nord : Oudjda-Marnia-Bel-Abbès
(R.N. 7) - Bel-Abbès-Le Tlélat (R.N. 13) - Le Tlélat-Relizane-Orléansville-Affreville-Boufarik
(R.N. 4) - Boufarik-Maison-Carrée (R.N.1et 38) - Maison-Carrée-Ménerville-Bouïra-Sétif-Constantine
(R.N. 5) - Constantine-Gelma-Souk-Ahras-Ghardimaou (R.N. 20).
-------------
La rocade Sud : de Tiaret à Batna (sur les Hauts-Plateaux).
------------B)
Des pénétrantes dont les principales sont d'ouest en est
- R.N. 22 de Béni-Saf à El-Aricha.
- R.N. 2 d'Oran à Tlemcen par Témouchent.
- R.N. 13 d'Arzew à El-Aricha vers Berguent (Maroc).
- R.N. 6 d'Oran à Géryville vers Colomb-Béchar.
- R.N. 23 de Mostaganem à Laghouat, par Relizane, Tiaret et Aflou.
- R.N.19 de Ténès à Vialar.
- R.N. 14 d'Affreville à Mascara par Tiaret.
- R.N. 1 d'Alger à Laghouat par Blida et Médéa.
- R.N., 8 d'Alger à Bou-Saâda, vers Biskra.
- Les R.N. 12 - R.N. 25 - R.N. 33 et 34 à travers la Grande-Kabylie.
- Les R.N. 9 et 28 de Bougie à Sétif et Batna.
- R.N. 31 de Batna à Biskra, à travers l'Aurès.
- R.N. 3 de Philippeville à Biskra par Constantine.
- R.N. 10 de Constantine à Tébessa et la frontière
tunisienne. - R.N. 16 de Bône à Tébessa et la frontière
tunisienne.
SITUATION ACTUELLE DU
RÉSEAU
------------Ce réseau
de 8.ooo kilomètres de routes a reçu entre les deux guerres,
après mise au point des techniques d'emploi du goudron de houille
et des bitumes de pétrole, et quelles que fussent la nature du
terrain traversé et l'importance des fondations de la chaussée,
les aménagements de surface et les revêtements en produits
hydrocarbonés qu'exigeaient la vitesse et le confort du nouveau
trafic automobile. A l'heure actuelle l'état des revêtements
des chaussées (où l'état d'avancement des travaux
dans les parties n'ayant pas encore reçu la chaussée) est
celui que fait ressortir le tableau ci-après
-------------
Tracé encore en lacune 315 km.
-------------
Plate-forme ouverte en terrassement et ouvrages d'art 577 km
-------------
Chaussée sans revêtement
----------------------- en sol stabilisé
ou en gravier-argile 10 km
----------------------- en macadam ordinaire
171 km
-------------
Chaussées revêtues de produits hydrocarbonés
----------------------- en macadam revêtu
superficiellement 6.698 "
----------------------- en macadam enrobé
57 km
----------------------- en gravillons enrobés
66 km
-------------
Chaussées en béton de ciment 48 km
-------------
Chaussées pavées . -
----------------------- pavés en bois
----------------------- pavés de pierre
d'échantillon 64,8
----------------------- pavés mosaïques
3,0
----------------------- autres pavés
divers 0,2
-------------
Chaussées en revêtements spéciaux
----------------------- gravier-argile revêtu
3,7
----------------------- revêtement
divers 3,2
soit 8.016,9 km.
------------Mais
le réseau ne présente pas malheureusement sur la totalité
de son développement les caractéristiques de tracé
et de profil en travers que l'on est en droit d'attendre d'une voie dite
" Route Nationale ", caractéristiques que le trafic automobile
et la technique moderne ont instaurées d'une façon universellement
appliquée.
------------Il y
a à cela plusieurs raisons
------------a)
D'abord le réseau routier algérien date, pour ses itinéraires
les plus longs, des premières années de l'installation des
Français en Algérie. Construit par le Génie Militaire,
il a alors été conçu pour un trafic hippomobile (recherche
de la courbe de niveau entraînant de nombreuses sinuosités)
et quelquefois avec le souci de la sécurité du voyage (cheminement
sur la ligne de crête ou avec vues dégagées). S'il
y a en Algérie une uvre bien française, c'est bien
en effet celle de la création d'un réseau routier qui, malgré
ses défauts incontestables pour les temps actuels, fait encore
aujourd'hui l'admiration des étrangers pour sa beauté et
sa praticabilité, travail de Romain dans tous les sens du mot ;
car nos soldats, dès le début de la conquête, ont
pris la succession des légionnaires romains, ainsi qu'en témoignent
ça et là des inscriptions rappelant la collaboration de
l'Armée à cette uvre pacifique. Les ingénieurs
civils sont venus ensuite et ont fait à leur tour une belle uvre
pour l'époque.
------------b)
D'autre part, onf été classées dans le réseau
des routes nationales dans le passé, et particulièrement
depuis les quarante dernières années, d'importantes longueurs
de chemins construits par les collectivités locales (départements
et communes) plus de 4.000 km. depuis 1900. On peut juger de la multiplicité
de ces opérations de classement et aussi des efforts de constructions
nouvelles par la comparaison de quelques chiffres :
------------- En
1906, il y avait en Algérie 10 routes nationales d'une longueur
totale de 2.994 km.
-------------
En 1935 on en comptait . 31 de 6.740 km.
-------------
En 1948 on en compte 39 de 8.016 km.
------------c) Enfin,
il ne faut pas oublier que l'Algérie est dans son ensemble un pays
de montagne, ce qui rend la construction et l'aménagement des routes
dispendieux et exige (difficulté nouvelle pour les temps actuels)
de grandes quantités de liants, carburants, ferreux pour la construction
d'ouvrages d'art nombreux et souvent importants : il s'en suit que les
liaisons les plus difficiles à réaliser restent à
effectuer ou à améliorer onéreusement.
------------Nombreuses
sont en effet les routes qui montent à plus de 1.000 mètres
; celle de Fort-National à Beni-Mansour franchit la chaîne
du Djurdjura à l'altitude de 1.760 mètres, au col de Tirourda.
Un chemin de crêtes ouvert dès 1898 relie ce point au col
de Chellala et monte jusqu'à 1.855 mètres. La route nationale
d'Alger à Laghouat, en corniche dans les gorges de la Chiffa, comme
celle de Pàlestro, celle de Bougie à Sétif dans le
célèbre ravin de la Mort, le Chabet-et-Akra, celle de Bougie
à Djidjelli, taillée dans la région des Grandes-Falaises,
à flanc de montagne au-dessus de la mer, et beaucoup d'autres encore,
peuvent satisfaire tous les goût du tourisme le plus pittoresque.
------------Les
caractéristiques pour trafic léger et lent avec lesquelles
ont été construits à l'origine les chemins qui ont
été par la suite classés routes nationales à
grand trafic, la composition géologique et la nature peu stable
(schistes et marnes argileuses) des terrains dans beaucoup de régions
d'Algérie, font que certaines routes doivent être reprises
dans leur tracé et dans leurs fondements mêmes.
------------Ces
considérations expliquent les défauts trop accusés
que présentent encore actuellement au voyageur de trop nombreuses
sections de routes d'Algérie dans leur tracé et leur mode
d'exécution. Elles font comprendre le retard apparent du réseau
algérien, bientôt centenaire, par rapport aux réseaux
voisins de Tunisie et du Maroc qui, plus récents, ont pu recevoir
des caractéristiques modernes.
------------En outre,
les dix années qui viennent de s'écouler ont vu s'amenuiser,
au regard du coût des travaux, les crédits affectés
à l'entretien des routes nationales, alors que le trafic très
lourd et très intense des forces françaises et alliées
durant les trois années des hostilités ou de mouvement des
troupes en Afrique du Nord (fin 1942 à fin 1945) a causé
de graves dégâts aux itinéraires empruntés
l'aide financière apportée par les Services du Prêt-Bail
allié à la réparation de ces dégâts
a été de beaucoup inférieure au coût des réparations
des dégâts constatés et aux sommes demandées.
Il s'en suit que
-------------de
nombreuses sections de chaussées sont à refaire entièrement
;
-------------certains
ouvrages n'ont pas reçu les réparations qui s'imposent depuis
de nombreuses années (piquage et peinture des ponts métalliques,
enduits d'ouvrages et de bâtiments...) ;
-------------les
revêtements superficiels bitumineux de préservation des chaussées,
qui devraient être renouvelés tous les 4 ou 5 ans ne l'ont
pas été depuis plus de 10 ans dans la plus longue partie
du réseau ;
-------------enfin,
les matériels n'ont pas été renouvelés ou
renforcés et manquent pour l'exécution des travaux d'entretien
dans des conditions économiques (camions-bennes, étraves,
chasse-neige, niveleuses, citernes...).
UTILITE ET IMPORTANCE
DES DÉPENSES D'AMÉLIORATION DU RÉSEAU
------------Or,
l'importance politique et économique que revêt dans un pays
le réseau routier et l'importance du capital financier primitivement
investi dans son établissement justifient
-------------
d'une part, des dépenses annuelles d'entretien pour maintenir constamment
cet " outil " dans des conditions d'emploi économiques
:
-------------
d'autre part, des dépenses d'amélioration et d'équipement
pour sa modernisation rationnelle.
------------Dépenses
annuelles d'entretien et de renouvellement
------------Pour
ce qui est de l'évaluation des dépenses annuelles d'entretien
et de renouvellement, il convient de noter que la valeur du capital investi
dans la construction (lu réseau algérien des routes nationales
des trois départements, sans compter les pistes des régions
sahariennes, est certainement supérieure à 6o milliards
de francs actuels (ouvrages d'art non compris).
------------Ce
chiffre justifie des dépenses d'entretien importantes pour des
travaux aussi exposés à l'usure des intempéries et
du trafic que le sont le.; routes.
------------Un
pourcentage (le 4 % du capital ne doit pas paraître excessif pour
l'évaluation de ces dépenses annuelles d'entretien et de
réparation. C'est donc un crédit de 2 milliards et demi
de francs qui devrait être inscrit chaque année au budget
pour cet objet. Mais ce chiffre est bien loin d'être 'atteint actuellement.
------------Il
convient donc pour l'Algérie (le consentir un effort financier
particulier, dans, les années à venir, pour l'entretien
et les réparations de ses routes actuelles, et son budget devrait
prévoir annuellement :
------------a)
Pour l'entretien normal, des crédits suffisants
permettant les petites réparations indispensables et les opérations
obligatoires de dégagement de la plate-forme pendant la mauvaise
saison sur l'ensemble des 8.ooo km. du réseau : désensablement
sur certaines routes du Sud, ébouage, déneigement, enlèvement
d'éboulements en montagne, curage des fossés et dégagement
des ouvrages d'art pour faciliter l'écoulement des eaux, enduits
et peinture des ouvrages et de la signalisation, plantations, renouvellement
de la signalisation pour appliquer les règles nouvellement fixées
dans la Métropole conformes aux conventions internationales.
------------On
se rendra compte de l'importance de l'augmentation des dépenses
de ce poste, durant ces dernières années, quand on constatera
que le salaire de base du manuvre ordinaire des travaux publics
est passé de
2 fr l'heure
|
au 1er Janvier 1938
|
à 4 fr
|
au 1er Avril 1942
|
à 14 fr. 05
|
au 1er Août 1945
|
à 18 fr. 85
|
au 1er Juillet 1946
|
à 25 fr. 50
|
au 1er Mars 1947
|
à 40 fr
|
au 1er janvier 1948
|
------------A l'augmentation
du salaire de base, il faut ajouter l'intervention, depuis 1936, des charges
nouvelles pour allocations familiales, pour congés payés,
frais d'immobilisation et de rentes pour accidents ou maladies. Le pourcentage
de majoration du salaire du fait de ces charges. n'est pas inférieur
à 35 %. En outre, il convient d'ajouter à ces dépenses
(le main-d'oeuvre les frais d'encadrement, de petit outillage (le chantier,
(les matériaux consommés.
------------b)
Pour les chaussées, (les crédits suffisants
pour renouveler entièrement dans leur masse certaines sections
entièrement ruinées, et pour assurer le renouvellement complet
(les tapis superficiels au goudron ou au bitume en une période
normale, soit 5 ans en moyenne.
------------Là
encore on jugera de l'augmentation du coût des travaux en constatant
l'évolution du prix du bitume et du prix du mètre cube de
maçonnerie, ce dernier étant un complexe des prix de la
pierre, du ciment, du transport et de la main-d'oeuvre.
------------c)
Des crédits suffisants encore pour assurer
les grosses réparations que demandent les divers éléments
clé la plate-forme (" encaissement " de remblais, ouvrages
d'art, murs de soutènement des eaux et drainage...).
------------d)
Des crédits suffisants aussi pour réparer
et tenir en état les matériels divers d'entretien employés
par les services routiers, et pour renouveler, améliorer et augmenter
ces matériels : cylindres compresseurs, niveleuses tractées
ou automobiles, camions-bennes et camions-citernes, appareils chasse-neige,
etc... Le développement des moyens mécaniques, de déplacement
et de travail des équipes d'entretien est en effet le seul procédé
efficace qui permettra d'obtenir le meilleur prix, de revient avec une
plus grande vitesse de réalisation.
------------e)
Enfin des crédits suffisants pour assurer
les réparations de toutes sortes à faire aux immeubles du
Service (bureaux des Services et Subdivisions, maisons cantonnières,
garages, à matériels, atelier de réparations, points
d'eau).
------------Sans
doute, l'Algérie a consenti à ce jour un effort financier
très important pour l'entretien et l'aménagement de ses
routes.
------------Mais
des charges impérieuses d'un autre ordre et les circonstances ne
lui ont pas permis d'y apporter tous les soins qu'exigeait l'évolution
rapide dans ces dernières années de la technique routière
en fonction de l'évolution de la technique des transports sur routes.
------------Dépenses
de modernisation et d'extension du réseau routier
------------Quant
aux dépenses de modernisation et d'extension du réseau routier
(redressement de tracé, relèvement de virages, suppression
des passages à niveau sur voies ferrées, évitement
des agglomérations pour la circulation à grande distance,
élargissement et renforcement des ponts) elles sont commandées
par l'augmentation incontestable du trafic de la circulation automobile
légère et celle des transports sur routes qui ne manqueront
pas de se manifester après les premières années de
paix, dans un pays neuf et plein d'avenir comme l'Algérie. On constate
en effet qu'il y a en Algérie déjà trois fois plus
de poids lourds qu'avant la guerre, et l'on peut espérer que le
manque actuel de carburants ne- se fera bientôt plus sentir. C'est
que, outre son rôle de moyen de pénétration civilisatrice,
la route assure les quatre cinquièmes des transports terrestres.
C'est ainsi que le port d'Alger. qui est pourtant situé dans une_
région bien desservie du point de vue des transports ferroviaires,
fait 8o % de son trafic par la voie routière. Il ne faut pas perdre
de vue en effet que la route en Algérie plus que dans la Métropole,
est le complément indispensable du chemin de fer. Ce dernier, par
la structure générale de son réseau ne peut se suffire
à lui-même : il a besoin que la route, aux multiples ramifications
beaucoup plus souples, draine vers lui les produits qu'il achemine vers,
les autres territoires (le consommation et les ports d'exportation.
------------Enfin,
en analysant les résultats des travaux de modernisation du réseau,
on constate que les dépenses en sont justifiées par
-------------
Les économies de carburants et de pneumatiques que procurent pour
l'usager ces travaux par la diminution des distances, et la réduction
des à coups dans la marche (arrêts, coups de frein, ralentissements
et reprises) ; et dans la période que nous vivons doivent être
recherchées et encouragées les opérations qui réduisent
la consommation de produits importés de l'étranger nécessitant,
comme les carburants pétroliers, des devises étrangères
à taux de change élevé ;
-------------
Les économies de temps que procurent encore ces travaux aux usagers
en permettant (les vitesses plus grandes
-------------
Les économies d'exploitation et d'entretien qu'ils apportent à
l'Administration en contrepartie (le leurs dépenses, en- réduisant
les longueurs, et en établissant (les ouvrages définitifs
plus solides exigeant moins d'entretien ,
-------------
Enfin, la suppression ou au moins la diminution (les accidents de la circulation
qui entraînent des pertes matérielles et des pertes humaines.
------------Toutes
ces considération montrent, en définitive, l'intérêt
matériel positif que retire la collectivité de ces investissements.
PRINCIPES GÉNÉRAUX
ET CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES ADOPTES
------------L'exécution
(les travaux d'amélioration et de modernisation du réseau
doit évidemment se faire dans un cadre technique répondant
aux besoins de chaque itinéraire.
------------Au
XIX` siècle, époque du chemin de fer, les routes étaient
faites pour un trafic hippomobile peu important et lent : l'élément
le plus important de l'étude était le profil en long de
l'itinéraire : il convenait en effet d'offrir aux attelages des
pentes et rampes aussi courtes que possible avec des déclivités
aussi faibles que possible (une déclivité de 5 % avait alors
une valeur s'approchant du maximum admissible).
------------Avec
le trafic automobile, lourd, rapide et nombreux, sont nés pour
le projeteur des servitudes nouvelles. L'élément devenu
primordial dans l'étude est le débit de la voie ; ce débit
commande des caractéristiques (le revêtement et de profil
en travers autorisant la vitesse. Il s'agit en effet d'offrir aux véhicules
toutes facilités pour atteindre et conserver leur vitesse normale
de marche, avec possibilité de croisement et de dépassement,
sans réduction de cette vitesse. On est ainsi amené à
offrir sur une chaussée présentant la solidité et
l'adhérence nécessaires un dégagement (les obstacles
et une largeur (le voie autorisant une certaine vitesse admise pour deux
ou plusieurs véhicules circulant de front ou se croisant, en assurant
au conducteur un sentiment de sécurité et aux voyageurs
une sensation de confort (le route. Ces données commandent d'une
part l'application continue de caractéristiques régulières
(le la route, sans acoups dans cette continuité qui seraient dangereux
pour le conducteur soudainement surpris, et d'autre part dans des sections
de routes particulières, une certaine spécialisation du
trafic ; pistes cavalières, pistes pour cycles dans les abords
des agglomérations, pistes pour bestiaux.
-----------Mais
la topographie des lieux peut mettre obstacle à la continuité,
de bout en bout d'un itinéraire, (les caractéristiques désirables
à priori. D'où la notion de sectionnement de l'itinéraire
en sections de caractéristiques homogènes permettant sur
toute leur longueur une vitesse déterminée : rayons de courbes-
en plan et relèvement des virages, en profil, en long, rayons des
raccordements des pentes et rampes dans les points bas et les points hauts,
visibilité assurant en cas d'obstacles des distances d'arrêts,
fonctions de la vitesse admise dans la section.
------------D'autre
part, les efforts de compression et d'arrachement que subissent les chaussées
ont amené les ingénieurs routiers à des solutions
maintenant classiques. La coupe transversale d'une route montre en effet
que sont édifiés eu général sur la plate-forme
------------a)
une fondation, absorbant les efforts de compression
et les répartissant sur le terrain naturel (blocage de pierres
dits " hérissons ", ou couches de sable ou de tuf compact
de 10 à 25 cm. de hauteur et cylindrées).
------------b)
une couche de roulement fortement compactée,
de hauteur variable suivant sa composition et la nature du trafic supporté
(en général de 6 à 10 cm. au total). Cette couche
de roulement et son revêtement superficiel ont une composition et
des modalités d'exécution variables avec la nature et l'importance
du trafic à satisfaire et les disponibilités en matériaux
de la région ; empierrement ou macadam lié à l'eau
ou aux produits hydrocarbonés, pavés, bétons de ciment
ou d'argile.
------------c)
un revêtement superficiel répandu le
plus souvent sur la couche de 'roulement pour la rendre étanche
et la protéger contre les intempéries et les efforts d'arrachement
de la circulation : tapis de gravillons préalablement enrobés
de produits hydrocarbonés, ou répandage' de couches de liant
(goudron, bitume, cut back ou émulsions de ces produits dans l'eau)
renforcés (le gravillons de petit calibre ou de sable, et cylindrées.
------------En
Algérie, toutes ces techniques ont été appliquées
(on a vu leur importance relative dans l'état de situation des
chaussées indiqué plus haut). Elles seront également
employées dans les travaux d'amélioration prévus
avec mises au point de détail tenant compte d'éléments
locaux : humidité de la région, nature des matériaux
employés. C'est ainsi qu'on préparera dorénavant
sur place, par- flusage au pétrole des bitumes importés,
des cut-backs ayant les caractéristiques (le viscosité et
d'adhésivité répondant aux besoins locaux.
PROGRAMME GÊNERAI D'ÉQUIPEMENT ET
DE MODERNISATION
------------Les
programmes d'aménagement et d'équipement des routes nationales
prévoient :
-------------d'une
part, des améliorations de tracé et de profil du réseau
actuel par
------------a)
un renforcement (le la sécurité de circulation
: suppression des passages à niveau sur voies ferrées (en
1946, on avait recensé 79 passages à niveau à supprimer,
par déplacement de la route ou de la voie ferrée, ou par
construction de passages supérieurs des routes sur la voie ferrée),
suppression des étranglements de la chaussée, de virages
trop secs, de ponts trop étroits ou mal implantés (soit
environ 30o km. (le longueur de tronçons de routes neuves, la reconstruction
de 139 ouvrages d'art, l'aménagement de 400 km. de routes existantes).
------------b)
une meilleure exploitation du réseau : augmentation
(le la vitesse moyenne de roulage par l'évitement des agglomérations,
la suppression 'des rampes trop fortes, le redressement des sections à
rayon (le courbes trop faibles... (représentant environ zoo km.
de longueur de tronçons de routes neuves).
-------------
D'autre part, la construction nouvelle de voies à ouvrir à
un trafic croissant
------------1)
Nouveau tracé (le la R.N. N° 4 entre El-Affroun et Affreville
(6o km.) environ en cours d'exécution ;
------------2)
Liaison directe de l'aérodrome de Maison-Blanche à Alger
par le littoral, en cours d'exécution ;
------------3)
Liaison plus directe de la Mitidja au port d'Alger, par la route N°
38 entre Oued Kerma et Maison-Carrée, pour débardage par
poids lourds (les produits (le cette région, en cours d'exécution
;
------------4)
Liaison directe de Constantine à Bône, par El-Arrouche et
Jemmapes par la construction d'une route entre ces cieux derniers centres,
en cours d'exécution ;
------------5)
Aïn-Témouchent-Marnia (liaison directe Oran-Maroc par Marnia)
9o km. de route dont le tiers environ en montagne, en cours d'exécution
;
------------6)
Aménagement de la R.N. N° i d'Alger à Laghouat sur le
tronçon Guelt Es Stel à Laghouat 155 km. de chemins et pistes
à aménager, en cours d'exécution ;
------------7)
Prolongement de la R.N. N° 6 d'Oran à Colomb-Béchar
depuis Bouktoub, soit 400- km. (le route neuve, à l'étude
;
------------8)
Aménagement de la piste Biskra-Ouargla, à l'étude-
;
------------9)
Achèvement et aménagement de la Grande Rocade Sud (liaison
Maroc-Tunisie par les HautsPlateaux : Berguent-Tébessa par Saïda-Tiaret-M'Sila-Batna-Tébessa)
représentant :
------------200
km. de route neuve,
------------230km.
de chemins à élargir et à aménager.
------------
------------II
convient en outre d'équiper des installations fixes, destinées
'à faciliter leur gestion et leur entretien, les routes nouvelles
récemment construites et les routes récemment classées,
autrefois chemins d collectivité secondaires ou pistes. n'ayant
pas reçu les équipements nécessaires : 'il s'agit
de la construction du bureaux de chefs de subdivisions de travaux, de
maisons cantonnières, de garages à matériels, et
aussi de la signalisation des itinéraires suivant les règles
adoptées universellement (signalisation de direction, de situation,
de sécurité).
------------Ainsi,
sans penser à construire de véritables autostrades telles
qu'elles ont été conçues avant la guerre en Italie
et en Allemagne, qui ne seraient d'ailleurs pas justifiées en Algérie,
l'Administration s'efforce de mettre à la disposition des usagers
de la route des voies largement calculées et qui doivent satisfaire
les besoins prévisibles de la génération à
venir.
* * *
------------Pour
appliquer les principes précédemment émis et pour
tenir compte de l'importance du trafic des itinéraires et de la
topographie des régions traversées, il est prévu
naturellement plusieurs classes d'itinéraires dans la réalisation
du programme d'équipement et de modernisation du- réseau
------------A.
- Parmi les itinéraires longs et les plus importants,
on distingue les parcours
- Alger-Oran par le littoral (R.N. N° 11).
- Alger-Oran par la vallée du Chéliff (R.N. N° 4)
- Oran-Bel-Abbès (R.N. N° 13).
- Oran-Mascara (R.N. N° 4 et 6).
- Oran-Maroc par Témouchent et Marnia (R.N. 2 et R.N. 35).
- Alger-Constantine par Sétif (R.N. N°5).
- Constantine-Philippeville (R.N. N° 3).
- Constantine-Bône par El-Arrouch et Jemmapes (R.N. 3 et R.N. 12).
------------On y
prévoit
------------a)
des sectionnements de l'itinéraire en sections à caractéristiques
homogènes de la plus grande longueur possible (fixation par section
d'une largeur de plate-forme uniforme et d'une vitesse de base entraînant
l'application de rayons minima en plan et en profil dans toute la section
; des vitesses de marche de 120, 100 ou 8o kilomètres à
l'heure sont fixées suivant les sections).
------------b)
en première étape un élargissement de la plate-formeà
14 m et une largeur de chaussée de 7 m. (2 voies (le circulation)
avec possibilité d'élargissement ultérieur de la
chaussée de 3 voies.
------------c)
l'acquisition ou la réservation des terrains pour permettre ultérieurement
(dans un avenir lointain) au fur et à mesure des besoins de la
circulation, la construction de deux chaussées à sens unique
séparées par un terre-plein central planté d'une
haie vive continue, assurant
-------------
la sécurité de la circulation par la séparation des
sens de circulation,,
-------------
la sécurité de la circulation de nuit, par la séparation
des éclairages des voitures de chaque sens, grâce à
l'interposition de l'écran constitué par la haie vive du
terre-plein central.
------------Les
deux chaussées à sens unique pourront ne pas être
accolées si la topographie ne permet pas l'établissement
d'une plate-forme d'une aussi grande largeur : ces deux chaussées
constitueront alors deux voies séparées à des niveaux
différents ne recevant chacune que le trafic d'un même sens.
------------B.
- Parmi les itinéraires longs, mais moins importants,
on peut distinguer les voies de pénétration vers les Hauts
Plateaux et le Sud (routes du Sersou, vers Colomb-Béchar, Laghouat,
Biskra, Ouargla et Tlemcen), les routes de montagne de Grande Kabylie,
Petite Kabylie, Aurès.
------------On
y prévoit encore des sections à caractéristiques
homogènes les plus longues possibles, mais en tenant compte des
besoins réels et de la topographie, les caractéristiques
techniques sont réduites : plate-forme variant de 14 à 8
mètres et même 5 mètres seulement en montagne, largeur
'de chaussée réduite à 6 et 5 mètres, rayons
en plan réduits diminuant la vitesse.
------------C.
- Enfin, aux abords des grandes agglomérations des
types spéciaux de profils en travers sont étudiés
pour satisfaire des besoins particuliers.
------------Les
chaussées doivent être plus larges qu'en campagne (9 m. et
plus, au lieu de 7 m.) ; le terre-plein central de la voie à double
chaussée pourra être supprimé partout où il
sera possible d'éclairer les chaussées et l'on favorisera
ainsi plus facilement le débit dissymétrique des courants
de circulation des banlieues variables suivants les jours de la semaine
et suivant les heures de la journée.
------------Aux
environs d ' Alger, il est prévu en particulier-------------
sur la R.N. N° 5 entre Maison-Carrée et Alger, voie qui constitue
un des accès principaux du port d'Alger, un profil en travers comprenant
: deux chaussées de 12 mètres chacune (4 voies charretières)
avec un terre-plein central de 15 mètres, un trottoir de 3 mètres
au sud, un trottoir de 8 mètres du côté de la mer.
Emprise totale, 50 mètres. Le terre-plein central de 15 mètres
doit permettre la construction des rampes d'accès aux ouvrages
franchissant la voie ferrée et reliant cette route aux voies routières
latérales ;
-------------
sur la R.N. N° 11, à la sortie d'Alger vers l'Ouest, des profils
en travers largement calculés et adaptés aux besoins qui
peuvent être actuellement prévus. Dans la partie urbaîne
de cet itinéraire, jusqu'àGuyotville le profil prévu
comporte une emprise totale de 40 m., et deux zones latérales de
10 m frappées de servitude de non oedificandi. L'emprise de la
route comprendra
-------------
une chaussée centrale de 12 m. pour la circulation à grande
distance,
-------------
deux chaussées latérales de 6 m. chacune, pour la circulation
locale, séparée de la précédente par
----------------------
deux terre-pleins de 5 mètres chacun supportant des pistes cyclables
;
---------------------- deux trottoirs latéraux
de 3 mètres chacun. "
------------Ce
profil, à certains endroits, dans la section d'Alger à Pointe-Pescade,
tiendra compte de la topographie des lieux, des circonstances locales
et comportera (les profils spéciaux à chaussées de
niveaux différents.
------------Après
Guyotville, en rase campagne et dans toute la partie où cette voie
dessert les nombreuses stations balnéaires de la côte Ouest
d'Alger, il est prévu un profil comportant une emprise de 30 m.
avec
-------------
une chaussée centrale de 12 mètres 4 voies charretières)
;
-------------
deux accotements de 9 mètres chacun, avec pistes cyclables ;
-------------
et, en outre, deux zones latérales de 1o mètres chacune,
frappées de servitude non cedificandi.
------------Aux
environs d'Oran, il est prévu
-------------
sur la R.N. N° 6, pour satisfaire les
besoins de la région de la Sénia (aérodrome et zone
industrielle), un profil en travers comportant une emprise totale de 48
m. et comprenant
-------------
une chaussée centrale de 12 m. pour la circulation à longue
distance ;
-------------
deux chaussées latérales de 6 m chacune pour la circulation
locale, séparée de la précédente par
-------------
d'une part, un terre-plein de 8 m. avec piste cavalière et piste
cyclable ;
-------------
d'autre part, un terre-plein de 12 m. avec deux voies de tramways
-------------
enfin, deux trottoirs latéraux de 2 m chacun.
------------sur
la R.N. N° 4, principal accès par
le sud, dans sa section suburbaine. traversant une zone résidentielle,
limitrophe du quartier industriel, une emprise totale (le 40 mètres
comprenant
-------------deux
chaussées de 9 mètres,
-------------
un terre-plein central de 3 mètres,
-------------
deux pistes cyclables latérales de 4 mètres,
-------------
deux trottoirs latéraux de 5,50 m
CONCLUSION
------------Telles
sont dans leurs grandes lignes la situation actuelle du réseau
(le routes nationales d'Algérie, et les améliorations qui
y sont projetées.
------------On
voit que si, dans son ensemble, il constitue un bon outil qui a rendu
les plus grands services. notamment pendant la durée des opérations
militaires en Afrique du Nord de novembre 1942 à la fin 1944, il
reste encore- à faire un effort important et continu sur ce réseau
pour l'amener au niveau de " rajeunissement " et de modernisation
qu'il doit avoir, pour répondre sûrement et rationnellement
aux conditions que ne manqueront pas d'exiger de lui avant peu les courants
économiques nés de la paix revenue.
------------Les
travaux de construction de voies neuves, et les travaux d'équipement,
d'amélioration et d'entretien des voies existantes, tels que nous
les avons définis, entraîneront certes des dépenses
élevées (plusieurs dizaines de milliards) que devra supporter
l'Algérie pendant les prochaines années à venir.
Mais l'importance et l'opportunité de ces dépenses sont
justifiées, ainsi qu'il a été exposé plus
haut, par l'intérêt de conserver et d'améliorer le
capital financier énorme déjà investi dans cet outil
économique du pays, et par l'intérêt incontestable
que présentent ces réalisations pour l'Administration, le
commerce, le tourisme et l'industrie du pays.
------------Il
s'agit donc, en définitive, de travaux " rentables ",
dont le revenu, pour indivisible qu'il soit et surtout non susceptible
d'être exactement comptabilisé, n'en est pas moins certain
pour l'ensemble de la collectivité. Aussi convient-il d'insister
sur cette dernière idée peu répandue dans la population
et chez les dirigeants élus, pour faire admettre plus facilement
l'effort financier demandé. sous la forme (le crédits budgétaires
et d'attributions de devises étrangères pour l'importation
de matériaux spéciaux qui ne sont pas construits 'en France.
DIRECTION DES TRAVAUX PUBLICS
ET DES TRANSPORTS.
DU GOUVERNEMENT GENERAL
DE L'ALGERIE
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