Alger, Algérie : documents algériens
Série économique : industrie
l'équipement industriel de l'Algérie
14 pages - n°53 - 25 novembre 1948

Cet exposé malheureusement très incomplet, et dans lequel il était matériellement impossible de citer toutes les initiatives heureuses, montre cependant par la vérité des objets qu'il effleure, que l'Algérie est entrée avec détermination dans la voie de l'industrialisation. Elle ne s'y arrêtera pas, elle défendra avec vigueur ses jeunes industries qui conditionnent son progrès social. Les obstacles ni l'obstruction ne la rebuteront pas.

mise sur site le 12-03-2005
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--------------C'est devenu un lieu commun que de parler de l'industrialisation de l'Algérie. Et cependant ce besoin évident de notre pays est de découverte récente niais il a très vite réuni l'unanimitéde l'opinion.
--------------Les premières tendances à cet égard se firent jour en 1940 à l'issue malheureuse de la campagne (le France. Ceux qui, dans les jours sombres de la Patrie, pensaient déjà à son redressement, ne manquaient pas de constater combien avait été décisif le manque de recul de la France, de cet espace qui devait sauver la Grande-Bretagne et un peu plus tard la Russie.
--------------Ceux qui regrettaient que l'Empire n'ait pu continuer la lutte avec l'Afrique du Nord à sa tête, imaginaient ce qu'eut été la suite des événements si la France d'Outre-Mer avait disposé d'arsenaux et de bases militaires pour la flotte, d'une industrie aéronautique pour entretenir la guerre aérienne. La France de 1940 avait manqué de confiance dans son Empire parce que son Empire n'était pas prêt à soutenir une guerre.
--------------A ce moment, de nombreux hommes commencèrent à étudier le replieraient et la dispersion des industries de sécurité. D'autres, pour des raisons moins élevées, cherchèrent en Afrique du Nord un refuge pour leurs industries européennes menacées, quelquefois pour leurs capitaux.
--------------Mais le débarquement allié en Afrique du Nord allait bientôt montrer aux Algériens eux-mêmes l'insuffisance de leur équipement.
--------------Malgré le soin des missions économiques américaine et britannique à reconnaître les besoins essentiels du pays et malgré le grand effort que firent les gouvernements alliés pour satisfaire ces besoins, l'Algérie souffrit atrocement de son éloignement momentané de la Métropole, d'où lui parvenaient sans aucune discontinuité depuis un siècle d'inépuisables ressources. De bons esprits soutinrent et soutiennent encore qu'il fallait acclimater en Algérie toutes les industries dont elle aurait un besoin vital en cas de retour de pareilles circonstances.
--------------Ramené à cette conception autarcique, le problème de l'industrialisation perdrait de sa grandeur, et même de son importance, car il serait soluble pour un grand nombre d'objets par la simple constitution de stocks de sécurité.
--------------A la vérité, si l'équipement industriel de l'Algérie a fait si rapidement tant d'adeptes, c'est qu'il répondait à une nécessité plus haute. C'est la nécessité économique, politique, et tout simplement humaine, de nourrir sur un sol pauvre une population en incessante progression.
--------------La population de l'Algérie a doublé de 1872 à 1901 ; elle a presque doublé de 1901 à 1939 où elle a atteint près de huit millions d'habitants. Son accroissement se poursuit au rythme de 120.000 à 150.000 habitants par an.
L'Algérie du Nord, grande comme trente-cinq départements français, peuplée comme dix-huit, est est à peine riche comme trois.
--------------Contrairement à l'idée simpliste qu'on peut s'en faire en circulant dans les riches banlieues des grandes villes, l'Algérie est en effet un pays pauvre ; les terres fertiles et bien irriguées, à végétation luxuriante, ne représentent qu'une infinie partie de sa superficie dont la quasi-totalité est constituée de montagnes à relief accentué et à érosion intense ; de hauts-plateaux secs à cultures extensives de faible rendement et de steppes qui servent de parcours à un élevage transhumant.
--------------Le niveau de vie est bas.
--------------Le problème déterminant de l'Algérie est donc un problème démographique qui domine le problème politique et qui conditionne l'avenir de l'Algérie Française. C'est pour elle une nécessité inéluctable d'élever le niveau de vie de ses habitants, tout en faisant face à l'accroissement ininterrompu de sa population. Pour cela il faut absolument augmenter au maximum la productivité du sol ; il faut réserver à l'alimentation de la population la plus grande partie des produits de l'agriculture et de l'élevage qui servaient jusqu'ici de moyens d'échanges ; il faut donc produire en Algérie des objets qu'elle avait coutume d'importer,: il faut valoriser davantage les produits exportés pour faciliter l'équilibre des échanges qui resteront cependant indispensables puisque l'Algérie manque de matières premières vitales, comme le charbon, les combustibles liquides, les carburants, la fonte et l'acier.
--------------Il faut en un mot que l'Algérie pauvre travaille beaucoup pour atténuer sa pauvreté : c'est le problème de l'industrialisation qui s'est ainsi trouvé posé.
--------------Quand on essaie de mettre des chiffres sur ces affirmations, on éprouve quelques difficultés du fait de la forme encore primitive d'une grande partie (le l'économie rurale de l'Algérie.
--------------Prenons, pour une comparaison avec la Métropole, les tests habituels des nations civilisées, en se référant aux chiffres de la dernière année normale d'avant-guerre, l'année 1938.

 
ALGÉRIE
METROPOLE
COEFFICIENT
Budget
1.6oo millions
55 milliards
1/35
Commerce extérieur
     
Exportation
5.65o millions
30,5 milliards
1/5
Importation
4.700 millions
46 milliards
1/10
 
Ces deux coefficients sont, de tous, les plus élevés, mais ils traduisent ce dont il a été question plus haut : le besoin d'échanges.
Valeur totale de la production agricole

7 milliards
102 milliards
1/15,
Valeur totale de la production industrielle
Peu importante
226 milliards
coefficient très faible
Tonnage de charbon consommé (produit et importé)
700.000 tonnes
70 millions de T
1/100
Énergieélectrique produite
290.000.000 kwh
18,5 milliards kwh
1/6o
Gaz
57 milliards m3
1.700 millions m3
1/33

Nombre de wagons chargés (moyenne journalière)
1.630
41.000
1/25
Carburants et combustibles liquides (consommation
civile)
Essence
1.665.ooo hl
36 millions hl
1/22
gas-oil
280.000 hl
3 millions hl
1/17
Fuel-oil
23.000 T
1.27 0.000 T
1 / 50

--------------En dehors des rapports du commerce extérieur, et de celui du gas-oil qui traduit surtout l'étendue du pays et la mécanisation de l'agriculture, tous ces coefficients sont compris entre 1/20 et 1/1oo.
--------------En corrigeant au jugé ces rapports pour tenir compte de la partie encore patriarcale de l'économie rurale algérienne, on peut dire que la richesse de l'Algérie est comprise entre 1/20 et 1/3o de celle de la France continentale, et comme sa population en est de on voit que le standing moyen de vie est compris entre le 1/4 et le 1/6 de celui d'une nation riche.
--------------Or, les études des Services Agricoles conduisent à la conclusion qu'on peut encore, au prix de ;rands efforts notamment dans le domaine de l'hydraulique et (le l'outillage coopératif, doubler la productivité du sol algérien. Mais il y faudra beaucoup (le temps, pendant lequel la population se sera sensiblement accrue.
--------------On arrivera donc par ce moyen à atteindre péniblement le 1/3 (le la richesse unitaire française. I1 faut faire mieux.

UN PLAN D'INDUSTRIALISATION
--------------Penser que l'industrialisation à elle seule suffirait à combler cet énorme écart serait une erreur. Mais elle permettra d'y concourir d'une manière certainement décisive.
On a donc procédé au recensement des activités possibles, je dis bien au recensement et non à l'établissement d'un plan, au sens que l'on attribue à ce mot, qui comporte la classification prioritaire (les objectifs et la fixation d'une chronologie des réalisations.
--------------Le rôle (le l'initiative privée dans l'industrie est en effet prépondérant. Il serait chimérique d'établir un plan sans avoir, dès l'origine, l'adhésion des industriels qui auront à le réaliser. Or, dans plusieurs secteurs, de tels concours font encore défaut.
--------------M. Eric LABONNE, dans un discours-programme au Conseil du Gouvernement marocain, s'exprimait ainsi :
--------------" Le Maroc, dans l'ensemble de l'Afrique du Nord, aura à s'inscrire dans les données et les prévisions du plan Monnet ".
--------------" De même que l'Algérie voisine a établi plusieurs programmes se réclament de l'économie planifiée ".
--------------" je ne saurais pourtant vous proposer aujourd'hui un plan, ou des plans marocains. Ni pour le présent, ni pour l'avenir, ni total, ni limité, ou assoupli par des variantes. La réalité ne me paraît pas le permettre. L'établissement, et, surtout le respect d'un plan -exigent des certitudes sur les données numériques, une emprise profonde sur les mécanismes des investissements de la production et des échanges, et enfin un minimum de stabilité des prix ".

--------------Et Monsieur l'Inspecteur Général des Ponts et Chaussées Maître-Devallon, qui avait été chargé, en 1943, par la Direction Générale des Affaires Economiques d'une étude préalable d'ensemble sur l'Industrialisation de 1 'Algérie pouvait dire au Centre d'Etudes Economiques et Sociales de l'Afrique Française : " On peut concevoir à propos d'industrialisation un joli plan bien logique se répartissant sur cinq, dix ou vingt ans et il n'est pas mauvais de le rédiger, c'est toujours un prétexte à d'utiles réflexions, mais comme il est difficile de s'y tenir et qu'il faut cependant faire quelque chose, on se demande par quoi commencer. Comme tout est utile, tout est urgent, il faut débuter par le réalisable, et notamment par les affaires pour lesquelles se présentent des candidats". Et de rappeler le mot de LYAUTEY " Un chien vivant vaut mieux qu'un lion encore à naître ".
--------------C'est cette conception que M. WECKEL a fait prévaloir tant qu'il a eu la responsabilité de l'équipement industriel (le l'Algérie.

LES CONDITIONS PRÉALABLES

--------------Si la nécessité d'une industrialisation de l'Algérie n'est plus contestée par personne, il faut reconnaître que l'Algérie était aussi mal préparée que possible à recevoir un équipement industriel important.
--------------Le pays est en effet pauvre en énergie. Il ne possède encore aucune ressource appréciable d'hydrocarbures.
--------------La seule houillère exploitée se trouve aux confins du désert : les conditions climatériques et la hie épaisseur des couches de charbon rendent l'extraction du combustible difficile et onéreuse ;cinq cents kilomètres séparent le gisement et la mer, et bien plus encore des centres de consommation de l'Algérie du Nord.
--------------L'électricité n'était produite que dans des centrales thermiques nombreuses, mais de faible puissance, et désuètes, tributaires du charbon étranger mais n'en étant pas économes. Or on n'industrialise pas un pays sans énergie.. Comme le problème de l'énergie s'intègre lui-même dans l'équipement industriel, il était donc le premier à résoudre. Mais ce n'était pas le seul.
--------------En Algérie, la distance est un terrible obstacle. On la rencontre partout et plus encore quand il s'agit de transports de produits industriels.
--------------Pour ce pays, dont on a dit souvent qu'il était une île allongée entre le sable et la nier, le cabotage était autrefois, et espérons-le. redeviendra le moyen de transport le plus économique. Il ne faut doue pas s'étonner de constater le rassemblement clans les ports de la quasi totalité des activités industrielles existantes, et il faut s'attendreà ce que ce rassemblement s'amplifie.
--------------Les agglomérations (les grands ports sont en même temps les seuls réservoirs (le la main-d'œuvre qualifiée. Mais à leurs abords les espaces sont bien réduits qu'on peut consacrer à l'industrie. avec toutes les conditions que cela requiert : proximité et accès facile du port, embranchement de voie ferrée, salubrité d e l'habitat. Les spéculateurs s'en sont vite aperçu, et les prix des terrains industrialisables, mais non- encore préparés à l'industrialisation, sont montés en flèche.
--------------Le GouvernementGénéral (le l'Algérie a donc préparé en 1944 et soumis au Pouvoir Central, en Janvier 1945, un projet de loi sur les terrains industriels, ayant un triple objet : réserver à l'industrie les terrains bien placés, les soustraire à -toute spéculation, les munir d'un équipement collectif préalable de voirie, de chemin de fer, d'énergie, de distribution d'eau et d'évacuation d'eaux usées.
--------------L'Algérie n'envisageait pas de faire elle-même ces dernières opérations d'acquisition et d'équipement. Elle comptait les confier à des concessionnaires, et notamment aux chambres de commerces maritimes qui sont accoutumées, en Algérie, à faire des opérations identiques sur les terre-pleins des ports et qui disposent de services d'exploitation de premier ordre et du concours technique des Directeurs de Ports et des Ingénieurs des Ponts et Chaussées. La seule différence eut été que les terrains industriels ne faisant pas partie du domaine public, auraient pu être définitivement aliénés au bout d'un certain nombre d'années, quand les utilisateurs auraient fait la preuve de la vitalité de leurs industries.
--------------L'instrument légal réclamé au Pouvoir Central au début (le 1945 n'existe pas encore et le défaut d'une législation appropriée a été cruellement ressenti par les premiers industriels qui se sont implantés en Algérie.
--------------Une autre difficulté, qui n'est pas particulière à l'Algérie, mais à laquelle se heurte toute une industrie nouvelle, est celle des prix actuels d'investissement.
--------------Comment une industrie nouvelle, ayant de lourdes charges financières, peut-elle lutter contre les industries en place dont les investissements ont été faits à des valeurs nominales bien plus faibles et sont souvent complètement amortis ?
--------------Dans certains cas, l'économie des transports par mer suffit à peu près à couvrir l'écart de ces charges. Mais dans la plupart des cas, cette économie n'est pas suffisante ; elle est même souvent contrebalancée par les frais de distribution en Algérie des produits lorsque les fabrications d'une -seule usine suffisent à l'ensemble du territoire.
--------------C'est pour résoudre ce problème financier que l'Assemblée Financière Algérienne a voté, sur la proposition de l'Administration, un ensemble de mesures fiscales avant pour objet l'amortissement accéléré des nouveaux investissements. Ces mesures, qui ont été homologuées par le Pouvoir Central, comportent essentiellement une exonération temporaire de l'impôt sur les bénéfices industriels et commerciaux, une réduction de 4 % sur la taxe à la production pendant dix années au plus; sans que le produit de cette réduction puisse excéder au total les 3/4 (les immobilisations, et une exonération temporaire d'impôt foncier. Pour bénéficier des deux premiers _de ces avantages, l'industrie doit avoir été agréée par le Gouverneur Général dans le Plan d'Industrialisation après avis d'une Commission qui réunit les représentants de l'économie, du travail et de la technique.
--------------A ces exonérations fiscales s'ajoutent bien entendu les facilités (le crédit en usage dans la Métro pole ; lettres d'agrément pour le démarrage des industries essentielles et le financement de la production ; conventions de garantie pour le financement des immobilisations. Les lettres d'agrément peuvent comporter une garantie d'écoulement de la production.
--------------L'Algérie dispose ainsi pour aider les jeunes industries (l'un instrument efficace dont le mecanisme est exposé en détail dans une brochure qui a été éditée par la Direction Générale des Finances du Gouvernement Général sous le titre d'" Instruction Générale de juillet 1946 sur l'aide financière de' l'Algérie aux entreprises industrielles et commerciales ". Tous ceux qui s'intéressent à l'industrie en Algérie s'y reporteront avec fruit.
--------------D'Octobre 1946 à Septembre 1947, cinquante trois industries nouvelles ont été agréées par des arrêtés du Gouverneur Généal en application de ces dispositions.

* * *

--------------En supposant résolue la question de l'implantation et de l'équilibre financier d'une entreprise, il reste un problème capital : celui de la main-d'oeuvre et de son encadrement. La formation professionnelle de la main-d'œuvre sort du sujet de cet exposé.
--------------En considérant seulement le côté social de la question ; il paraît plus urgent (le donner à la main-d'œuvre autochtone, déracinée de sa terre et qui constitue un prolétariat assez misérable des villes, une formation professionnelle qui élève sa condition au niveau de l'ouvrier européen, que de tirer de leur vie patriarcale et quelque peu moyenâgeuse de nouvelles couches de populations paysannes ou nomades qui sont heureuses de leur état parce que leur atavisme encore inentamé de liberté totale et absolue les tient bien éloignés de notre vie de sujétions, de contraintes et de conventions sociales.
--------------Mais, quelle que soit la promotion que l'on peut faire des couches prolétariennes locales, on ne peut peut pas espérer lancer des industries nouvelles sans une -immigration d'ingénieurs et de spécialistes, ni créer de nouveaux quartiers industriels sans déplacer de la main-d'œuvre pour l'installer à proximité des lieux de travail.
--------------On touche ici au problème crucial, celui de l'habitat.
Le projet de loi sur les terrains industriels n'a pas manqué de prévoir pour les cités les mêmes dispositions que pour les zones industrielles elles-mêmes. Ce n'est toutefois qu'un aspect de la question.
--------------Le vrai problème est celui du financement. L'écart énorme qui s'est peu à peu creusé entre le coût de la construction et celui des loyers a enlevé toute rentabilité aux entreprises immobilières. Il ne .suffit pas de le constater, il faut y pouvoir. Il est absolument chimérique, pour pallier son défaut, d'envisager des procédés constructifs auxquels on attache un caractère miraculeux, et notamment des maisons préfabriquées. La préfabrication est un moyen de réaliser plus vite une grande masse de logements, en appliquant à la construction des méthodes industrielles. Mais, en laissant de côté la nécessité de son adaptation au climat, elle ne résout pas le problème financier. Et les palliatifs appliqués jusqu'ici, consistant à subventionner les cités ouvrières, sont insuffisants.
--------------Il faut donc une politique des loyers et de l'habitat.
Et c'est parce qu'elle n'est pas encore définie que les industriels rencontrent pour leur établissement des difficultés parfois insurmontables. Certains ont accompli un véritable acte de foi en prenant le logement (le leurs ouvriers à leur charge, avec une aide insuffisante de l'Algérie. Mais il ne faut pas trop compter sur la généralisation d'aussi généreuses dispositions.
--------------Il me parait qu'en première urgence, il faudrait faire pression, par une imposition fiscale, progressive et menaçante, sur les occupants industriels et commerciaux de locaux qui peuvent être restitués à l'habitation, pour les inciter à assurer eux-mêmes le logement de leurs entreprises. --------------Combien de grands établissements de compagnies de navigation, d'entreprises, de banques, pourraient sans grande gêne consacrer une partie de leurs ressources à créer des installations parfaitement adaptées à leurs besoins particuliers et combien d'épargnants seraient heureux de placer leurs économies dans des immeubles d'affaires s'ils étaient certains d'en tirer une rémunération normale que leur garantirait la migration obligatoire vers ces immeubles de tous ceux qui occupent anormalement des locaux primitivement destinés à l'habitation.
--------------Les villes ainsi décongestionnées pourraient recevoir les cadres nouveaux : ingénieurs, techniciens, hommes d'affaires, mais il resterait à résoudre le problème de l'habitat ouvrier, aux abords des quartiers industriels, et c'est là que la loi sur les loyers et l'habitat, qui n'a que trop tardé à voir le jour, s'impose avec une particulière urgence.

L'EQUIPEMENT ÉNERGÉTIQUE

--------------L'Algérie possède à COLOMB-BECHAR - KENADZA, un bassin houiller, exploité depuis la guerre de 1914-1918, d'abord par les Chemins de Fer Algériens, puis par une Régie, et tout récemment par un établissement public national, les Houillères du Sud Oranais (DA économie n°19). La faible épaisseur des couchesde charbon, le climat très dur que subit le personnel, l'éloignement du bassin' qui est à 55o kilomètres de Nemours rendent l'extraction du charbon et son transport vers les lieux de consommation excessivement onéreux.
--------------Jusqu'à présent, on avait donc considéré les houillères (lu Sud Oranais comme une ressource exceptionnelle des temps de crise, et on n'entrevoyait pas pour elles d'avenir économique assuré.
--------------Cependant, les mauvaises conditions géographiques (le ce gisement sont en partie compensées par sa parfaite régularité et par le voisinage du sol des couches qui peuvent être exploitées en descenderies. Les efforts (le la Direction Générale des Houillères sont donc actuellement orientés vers la mise à profit de ces conditions naturelles favorables pour augmenter la production unitaire des sièges en mécanisant l'extraction, et réduire en conséquence les dépenses du jour qui sont actuellement élevées à cause de l'extrême dispersion (le l'exploitation. On espère ainsi réduire dans une large mesure le prix de revient (lu charbon sur le carreau de la mine, et étendre d'autant la zone d'utilisation économique (le ce charbon. Mais, quelle que soit la perfection et la bonne adaptation des moyens que les houillères appliqueront, il ne faut pas espérer voir ces charbons prendre une place incontestée dans une zone très étendue, et il ne semble pas qu'ils puissent déborder des confins algéro-marocains, t en mettant tout au mieux, de la région industrielle d'Oran. Il faut signaler que le charbon de Kenadza est cokéfiable, ce qui ouvre à ses fines lavées un débouché intéressant.
--------------L'extraction étant ainsi limitée dans l'avenir aux besoins non négligeables de la zone d'utilisation économique, c'est-à-dire à 10.000 tonnes brutes environ au lieu des 300.000 tonnes brutes que l'on en tire annuellement, il parait encore possible et désirable de compléter cette extraction par un autre procédé d'exploitation, qui a été mis au point en Russie, et dont l'idée remonte à Sir William RAMSAY qui l'avait exprimée en 1912 ; il s'agit de la gazéification souterraine, dont la Belgique se préoccupe aussi depuis quelques années, en prenant sur la France une avance technique incontestable. La régularité mêmes des couches (lu bassin du Sud-Oranais est une des conditions de réussite de ce procédé. Quand on se sert de la nature comme gazogène, encore faut-il en effet que le gazogène soit bien construit. De plus, la houille (lu Sud-Oranais est riche en matière volatiles, ce qui améliore la composition et le pouvoir calorifique du gaz extrait. 1l ne reste plus qu'à brûler ce dernier, soit dans des chaudières, soit mieux encore clans des turbines à gaz dont on connaît la rapidité des progrès, pour pouvoir produire de l'énergie électrique déchargée d'une part notable des frais habituels d'extraction, du charbon. et par conséquent pouvant supporter les frais d'un transport jusqu'au réseau général (l'inter-connexion.
--------------Mais, la gazéification souterraine ne restitue pas toutes les calories (lu charbon ainsi traité : a-t-on le droit, dans un pays pauvre en énergie, de consentir des pertes qui sont de l'ordre de 30 %. Il ne faut pas oublier que le bassin du Sud-Oranais comporte. intercalées dans des couches exploitables par- extraction, qui ont (le o ni. 4o à o ni. 5o, d'autres couches non exploitées en raison de leur faible épaisseur, et que la gazéification permettrait peut-être de traiter. Au total, le nombre de calories tirées par- gazéification d'un volume donné (le terrain pourrait donc être égal, sinon supérieur, à celui qu'on obtient par extraction. L'exploitation (lu bassin du Sud-Oranais par gazéification équivaudra pratiquement à l'équipement d'une chute d'eau à débit constant, puisque les frais de main-d'œuvre minière sont réduits dans des proportions encore mal connues dans les pays occidentaux, mais qui sont certainement très importants.

RECHERCHES DE PÉTROLE

--------------Quant aux produits pétroliers, l'Algérie en est seulement au stade de la recherche, avec un retard assez sérieux sur le Maroc qui s'y est attelé dès 1929. A part les recherches faites dans le Bas-Chéliff, de 1913 à 1923 par le groupe PEARSON, on peut dire que les premiers travaux sérieux n'ont été abordés en Algérie que pendant la dernière guerre, par le Service des Recherches minières, auquel a accédé en 1946 une Société Nationale de Recherches du Pétrole en Algérie, associant à parts égales l'Algérie et le Bureau (le Recherches de Pétrole de la Métropole.
--------------Le programme des recherches, qui doivent être échelonnées sur 15 ans au moins, est assez ambitieux car la Commission de Modernisation des Carburants du Plan Monnet lui assigne en Algérie la prospection de 110.000 km2. C'est dire les espoirs que l'on fonde sur l'Algérie et qui sont des plus sérieux.
--------------Suivant les théories admises actuellement le pétrole se serait formé en bordure des mers à sédimentation rapide où les organismes rapidement enfouis se transforment en hydrocarbures à l'abri de l'air.
--------------Les pétroles ainsi formés se rassemblent dans les niveaux poreux constitués par les sables, les grès, les calcaires et ils s'y trouvent emprisonnés si, par suite de la sédimentation et des mouvements de l'écorce terrestre le niveau poreux qui les contient se trouve isolé de la surface du sol.
--------------Ce dispositif géologique favorable s'appelle une structure.
--------------Tout problème de recherche de pétrole comporte donc une recherche géologique des. structures. Ce n'est qu'ensuite que les sondages sont entrepris..
--------------Après les études générales effectuées par le Service (les Recherches Minières, puis par la S.N. REPAL, quatre grandes régions pétrolifères possibles apparaissent en Algérie.
--------------- Le Bassin (lu Chéliff et son annexe la Mitidja - l'Est Constantinois ;
--------------- la zone Sud-Telliène constituée par la bordure Nord des Hauts-Plateaux ;
--------------- la bordure Nord du Sahara, contre l'Atlas Saharien.
--------------Le Bassin du Chéliff est formé par les dépôts de deux bras de mer successifs qui se sont étendus de la frontière marocaine à la région d'Alger, au miocène puis au pliocène. On y rencontre de nombreux suintements, (les petits gisements y sont exploités. C'est sur lui_ que portent les premiers sondages de la S.N. REPAL basés à Relizane et qui doivent reconnaître les structures d'El-Biod, près de Rabelais, de Warnier près d'Orléansville, d'El-Bordj près de Tliouanet, de Temaznia voisine de la précédente, et de Bel-Hacel au Nord de Relizane.
--------------Le nombre de structures prêtes à forer du bassin du Chéliff est actuellement de dix. Deux autres sont levées en détail et sont à préciser par sondages géologiques et cinq autres ont été reconnues.
--------------L'est-constantinois est le prolongement en Algérie de la zone centrale tunisienne étudiée depuis une dizaine d'années et qui a donné des indices intéressants dans des forages.
--------------Dans la région comprise entre Montesquieu e, Tébessa, quatre structures ont été levées en détail et les emplacements de forages choisis.
--------------La zone Sud-Telliène s'étend d'Oudjda à Batna. C'est elle qui donne lieu aux suintements de l'Oued Guetterini, près de Sidi-Aïssa où (les puits à main peu profond ont donné jusqu'à 1.000litres par jour (l'un pétrole léger, paraffinique, riche en huile de graissage.
--------------Dans la bordure Nord du Sahara existent de nombreuses structures anticlinales extrêmement simples et étendues atteignant de 50 à 100 km. de long.
--------------Une reconnaissance à l'Ouest de Biskra a permis de découvrir deux grandes structures : celle du Djebel Hammara à cour crétacé et celle du Djebel Zerga au cœur jurassique.
--------------Ces deux structures ont été levées et les emplacements du forage choisis. La S.N. REPAL qui ne . disposait à sa création que de trois appareils de forage incomplets, d'un appareil géologique de 600 mètres et de deux appareils de 1.000-1.200 mètres, a reçu des U.S.A. en 1947 deux appareils de 2.100 -2.500 mètres.
--------------Tous ces appareils basés sur Relizane travaillent clans le bassin du Chéliff. Pour forer dans les structures de l'Atlas Saharien il sera nécessaire de disposer d'appareils pouvant atteindre de 3.000 à 3.500 mètres.
--------------La découverte de gisements importants d'hydrocarbures sur son territoire donnerait à l'économie de l'Algérie une autonomie quasi-totale car les Chemins de Fer Algériens orientent leur programme de traction vers l'électricité par contact et les Diesel électriques et les centrales thermoélectriques seront équipées pour fonctionner au fuel oil aussi bien qu'au charbon. Les principaux services publics, autrefois consommateurs de charbon, pourraient donc fonctionner à peu près exclusivement au moyen de, ressources pétrolifères algériennes si les recherche, de la S.N. REPAL en mettent à jour.

L'ELECTRICITE

--------------Mais c'est encore dans la production (le l'électricité, et notamment de la production hydro-électrique, et dans son transport. qu'a été entrepris malgré les énormes difficultés de la guerre et que se poursuit dans celles de l'après-guerre, l'effort le plus important et le plus continu, suivant un programme pré-établi, car ce domaine est l'un de ceux qui se prêtent le mieux à la planification.
--------------En 1939, l'Algérie disposait de huit centrales thermiques à vapeur qui n'étaient déjà plus très jeunes, et d'une production hydro-électrique non régularisée d'une cinquantaine (le millions de Kwh. par an. Il n'y avait aucun réseau de transport et d'interconnexion, en dehors de quelques lignes locales à 6o et 90kw.
--------------En 1938, le Gouvernement Général de l'Algérie devant la passivité des ex-Sociétés concessionnaires, entreprit lui-même les travaux d'aménagement des chutes de pied (le barrage ou de brise charge sur les conduites (le distribution d'eau clans les périmètres d'irrigation.
--------------L'exemple étant communicatif, les Sociétés se décidèrent à aménager des chutes concédées avant 1930.
--------------Quatre autres aménagements seront entrepris par l'Electricité et Gaz d'Algérie. Ce sont ceux de Chabet-Saiad, sur la Tafna ; Aïn-Témouchent sur la conduite d'adduction des eaux du barrage de Beni-Bahdel à Oran : brise charge de 246 m., barrage du KSOB, barrage des ZARDEZAS.
--------------Quand tous ces usines seront achevées, la production hydro-électrique ne sera pas loin d'atteindre 170 millions de kwh. et si l'on y ajoute l'usine provisoire de l'Oued Agrioun, 190 millions de kwh.
'
--------------Mais toutes ces usines sont des usines de production faible ou moyenne (2 à 20 millions de kwh.), la puissance unitaire des groupes est peu élevée (6.500 kwh. au maximum), et si l'énergie des usines de barrage est complémentaire de celle des usines au fil de l'eau, elle n'en est pas moins assujettieaux irrigations. A l'automne, où les usines au fil de l'eau sont à l'étiage et où les usines de barrage travaillent sous des chutes réduites, la production hydro-électrique devient faible, au moment où la demande est maxima.
--------------Pour régulariser cet ensemble par de l'énergie garantie annuellement et même ïnterannuellement, l'Algérie a donc entrepris d'importants aménagements en Petite-Kabylie, ainsi qu'un réseau de transportà 150.000 volts. ---------------------------L'équipement de l'Oued Agrioun, comportant deux groupes de 40.000 chevaux chacun, sera achevé en 1950-1951.

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--------------Compte tenu de la disparition de l'usine provisoire, l'aménagement de l'Oued Agrioun augmentera la production annuelle de 140 millions de kwh. L'équipement de l'Oued Djendjen supérieur, qui suivra le précédent, comportera deux groupes de même puissance, et produira 150 millions de kwh..
--------------A l'issue de la tranche actuelle, l'Algérie disposera donc de 480 millions de kwh. hydrauliques produits sur son territoire.
--------------Géographiquement, cette production hydro-électrique sera concentrée en Grande et Petite-Kabylie et, pour îles barrages, surtout dans l'Algérois.
--------------Pour l'Oranie, on est encore dans l'incertitude, car plusieurs possibilités s'offrent sans qu'on puisse aujourd'hui dire dans quel ordre elles seront exploitées.
--------------Le Maroc de, son côté poursuit des études sur ses charbonnages de Djerada, et aménage dans le Moyen-Atlas les chutes de Bin El Ouidane et de Timoulit il produira 65o millions de kwh. hydrauliques en 1952. L'interconnexion à 150 kw. qui a été envisagée avec lui permettrait d'en transférer une partie en Oranie.
--------------Mais le plus grand espoir est celui des Chotts Oranais. Si les hypothèses du Service de l'hydraulique, que rien n'est encore venu démentir depuis le début des travaux d'études, se confirmaient, l'économie oranaise en serait bouleversée et ce département pauvre en ressources hydrauliques deviendrait générateur de plusieurs centaines de millions de kwh. hydrauliques. Les chotts, pays de mirages, seraient aussi source de miracles.
--------------Enfin, un important programme de rénovation des centrales thermiques est entré en exécution (les la nationalisation de l'électricité. Les centrales actuelles consomment de 5.000 à 7.000 calories par kwh. émis, et en moyenne plus de 6.ooo calories. Trois tranches normalisées de 25.000 kw. chacune (65 HPZ et 500° c. aux turbines), dont deux à Oran et une à Bône, permettront de produire avec une consommation unitaire de 3.600 calories toute la puissance dont l'utilisation annuelle sera supérieure à 2.000 heures, les centrales conservées d'Alger, qui seront, dès que possible; regroupées en une seule, assurant les secours et les appoints avec une utilisation assez faible de la puissance pour qu'il. ne soit pas économique d'en améliorer le rendement par une transformation complète. Les nouvelles tranches d'Orann et de Bône seront, en outre, équipées de manière à pouvoir consommer une gamme trèsétendue de combustibles solides ainsi que du mazout de chauffe.
--------------Ainsi, avec 480 millions de kwh. hydrauliques, 300 millions de kwh. thermiques produits dans de bonnes conditions d'économie, et la ressource oranaise encore imprécise (sud oranais, chotts oranais ou appoint marocain), l'Algérie aura dans une dizaine d'années quadruplé sa production totale de 1938 qui n'avait pas atteint 300 millions de kwh.
--------------La nationalisation de l'électricité donne par ailleurs le moyen, qui avait manqué jusqu'ici, de pratiquer une politique tarifaire favorable à l'industrie.
--------------On peut donc dire que, grâce à son effort patient et tenace des dernières années, l'Algérie aura rempli la condition préalable la plus essentielle de son industrialisation.
--------------D'autres perspectives nous sont ouvertes pour un avenir moins immédiat. La Direction des Recherches d'Electricité de France a abordé les problèmes de l'énergie marine et de l'énergie éolienne ; nous avons nous-mêmes l'intention d'orienter nos propres recherches vers l'utilisation de l'énergie solaire, qu'il ne faut d'ores et déjà plus considérer comme une chimère. J'ai personnellement la conviction que nous pourrons avant longtemps employer l'énergie solaire . à la production d'électricité dans des conditions de prix de revient voisines de celles des meilleures centrales thermiques.Pensez alors à L'importance des ressources de l'Union Française dont de vastes territoires actuellement improductifs comme le Sahara sont merveilleusement ensoleillés.
--------------Electricité et Gaz d'Algérie compte apporter une contribution de plus à l'industrialisation de l'Algérie : c'est clans le domaine du gaz. Jusqu'à présent le gaz n'y a pas eu beaucoup d'utilisations industrielles, et le coke produit servait surtout aux usages domestiques. Les autres sous-produits du gaz étaient peu et mal utilisés. L'industrie du gaz va être orientée à Oran d'abord, à Alger ensuite, vers (le nouveaux objectifs. Voici par exemple comment est conçue la nouvelle usine à gaz d'Oran, dont les travaux sont en cours clans le quartier industriel d'Oran-La Sénia.
--------------On construit actuellement une tranche de 80.000/100.000 m3 jour qui pourra être étendue a
300.000 m3.
--------------La première tranche comporte
- Une batterie (le fours à coke capable (le distiller 100 T. de charbon par jour et d'être étendue à 350 tonnes.
--------------Elle pourra fabriquer
- (lu gaz riche en carburant à 7.000 calories.
- (lu gaz riche de distillation,
- (lu gaz pour la synthèse,
-du coke dur pour la fonderie et les usages métallurgiques.
- Atelier de gaz à l'eau automatique avec craking de gas-oil et de fuel-oil lourd, capacité 45.000 . m3/jour, extension possible jusqu'au delà de 100.000 m3.
- Une batterie de cinq petits fours horizontaux d'appoint entièrement mécanisé, capacité 20.000 m3/jour.
-Un atelier de traitement physique du gaz avec extracteurs, dégoudronnage électrostatique, laveurs à naphtaline et à ammoniaque.
-Une station (le mélange des gaz.
- Un atelier de traitement chimique du gaz.
-Une station d'émission et de surpression à marche et à dispatching automatique.
- Des gazomètres de 30.000 et 40.000 m3 à eau.
- Un atelier de traitement des goudrons et de fabrication des produits routiers.
- Des réservoirs à gaz, moyenne pression à 7 kg.
--------------Toutes les manutentions de charbon et de coke doivent être mécanisées et tous les appareils ont été étudiés pour éviter au personnel des travaux pénibles et pour réduire son intervention à la commande et à la surveillance des machines.
--------------La conception du génie civil lui-même est particulièrement originale et le Directeur du gaz, M. Lecutier, tout en recherchant la simplicité et la standardisation de la construction, a eu spécialement en vue l'ambiance agréable pour le personnel et l'adaptation au climat.
--------------A été mise à l'étude à Alger, la création d'une batterie de fours à coke dans la zone des nouveaux quartiers industriels de l'Oued Smar - Gué-de-Constantine - Baba-Ali, qui jouera dans le complexe industriel d'Alger un rôle analogue à celui de l'usine à gaz d'Oran dans le complexe industriel de La Sénia.

TRANSFORMATION DES MÉTAUX
--------------L'industrie de la transformation des métaux a été l'une (les premières à se, développer en Algérie sous la forme de chaudronnerie et de mécanique, et l'on y rencontre les industries doyennes comme les importants Établissements Blachère et Durafour à Hussein-Dey, Ducros à Oran, pour ne citer que les plus anciens.
--------------Mais des initiatives récentes sont venues s'y ajouter clans (le nombreux domaines.
--------------C'est d'abord la Société Nord-Africaine Ferroviaire (S.N.A.F.), née en 1938, mais effectivement montée pendant la guerre, qui s'est équipée pour l'entretien des automotrices Diésel des Chemins de Fer, la fabrication d'appareils (le voie et la constructions de wagons. Cela l'a amenée à prévoit des installations de grosse forge qui seront les premières d'Algérie ; et c'est pourquoi je la cite en premier lieu.
--------------Le premier wagon construit en Algérie par la S.N.A.F. est sorti il y a quelques jours.
--------------Un autre projet de Sociétés d'économie mixte entre l'Algérie, le Maroc et l'Armement pour l'installation de pilons à forger et à estamper n'a par contre pas encore vu le jour.
--------------Dès avant la guerre, le développement des travaux hydrauliques avait attiré en Algérie les Ateliers Nevret-Beylier et Piccard-Pictet, qui ont créé à la Côte Rouge, à Hussein-Dey, des installations fort importantes dont voici quelques images.
--------------On y construit la plus grande partie du matériel hydraulique des réseaux d'irrigation et de nos usines hydro-électriques. C'est aussi grâce à elles que l'usine hydro-électrique marocaine d'Im-Fout a pu être mise en route pendant la guerre. Devant la véritable fringale de matériel hydraulique qu'éprouvent aujourd'hui les pays du monde entier - ils ont tous compris - l'usine de la Côte-Rouge ne sera pas mal placée pour participer aux exportations.
Dans un ordre d'idées très différent, les Compagnies d'Entreprises et (le Constructions Industrielles Algériennes (C.E.C.I.A.F.), toutes deux installées au Gué-de-Constantine. et pourvues de matériel moderne, en partie d'origine américaine.
--------------C'est aussi dans ce quartier industriel que les Etablissements Carnaud veulent déplacer leurs fabrications d'emballages métalliques, nécessaires aux conserveries algériennes.
--------------Mention doit être faite aussi des créations de mécanique (le précision de la Société Arvidel à Oran et des Etablissements Claude Bonnier à Alger.
--------------La métallurgie de l'aluminium a été introduite à Bône par l'Aluminium J.P. qui fabrique du matériel de ménage.
--------------Enfin, une industrie prospère est celle des pylônes métalliques électriques. On en faisait déjà dans de nombreux ateliers spécialisés comme ceux de la Société Parisienne pour l'industrie des Chemins de Fer et des Tramways Électriques à Maison-Carrée ou non spécialisés comme les Ateliers Durafour, les Ateliers Pandolfo à Alger, la Société Oranaise de Constructions métalliques (S.O.C.) à Oran d'autres fabrications comme celles des Ateliers Durafour à Bône, S.O.M.E.I à Oued-Smar ont été agréées par le Gouvernement Général de l'Algérie.

SIDERURGIE
--------------L'Algérie qui produit des charbons cokéfiables et des minerais de fer de choix aurait certes pu concevoir, à la manière du fameux combinat ouralosibérien de Magnitogork-Koutznetzk, un combinat qui aurait eu des caractéristiques semblables de distance (de l'ordre de 2.000 kilomètres) si l'extraction de son charbon avait été plus aisée. 1.1 n'est pas dit qu'une telle conception ne sera pas réalisée quelque jour, mais elle ne parait possible qu'à une échelle et sur un plan internationaux avec les producteurs de fines à coke (Belgique ou Hollande par exemple) pour la production, et avec les pays méditerranéens, notamment l'Italie, pour l'écoulement (les produits. II ne faut pas oublier au surplus que la région minière privilégiée de 'Algérie, celle de l'Est Constantinois, produit des phosphates en même temps que du minerai de fer, et que l'industrie chimique dérivée des gaz (le fours à coke pourrait donc y compléter la gamme (le ses fabrications, dont le nitrate d'ammoniaque est la plus importante, par des superphosphates nitratés, réalisant ainsi tous les engrais composés dont on peut avoir besoin dans le bassin méditerranéen. Mais laissons cette vue (le l'esprit, qui n'est pas actuelle, pour les choses plus immédiates.
--------------Après avoir recherché ce qui pouvait être fait à l'échelle algérienne et fait le tour (le procédés nouveaux, comme celui de la fonte-ciment réalisé à Alhandra au Portugal et en cours dé réalisation à Biache-St-Vaast dans le Pas-de-Calais, le procédé de Vecchis en Italie pour la production de produits qualité, on s'est arrêté avec la Société Metna à un objet limité, celui de,la production du fil machine d'acier dur élaboré au four électrique à partir de ferrailles. Cette industrie, à l'échelle de 10.000 T. an, est tout à fait viable, et M. Decelle a pu annoncer qu'elle existait exactement à la même échelle aux Etats-Unis. Des fabrications de béton précontraint vont donc devenir sous peu algériennes à 100 %.
--------------L'Algérie a encouragé les recherches sur la réduction directe pure des minerais (le fer, qui permettrait d'utiliser ses minerais carbonisés à fabriquer du fer pur surclassant le fer puddlé de Suède. Le procédé Grosso, utilisé à l'échelle du laboratoire chez Jacob Holtzer à Unieux, a donné de tels résultats que les plus grands espoirs sont autorisés sur le plan industriel.
--------------Les industries de transformation des métaux ont eu tendance à s'adjoindre de petits ateliers d'élaboration d'acier, soit au convertisseur, soit au four électrique et si- chacune de ces initiative est relativement modeste, la somme n'en est pas du tout négligeable. Elles' constituent le petit équipement du pays, avec la souplesse que comporte la dissémination de ces moyens.
--------------Enfin, des fours Martin et un train de laminoirs avaient été installésà Oran par la Safla, qui a beaucoup souffert de la guerre, et qui vient d'être reprise par Pont-à-Mousson. Cette dernière société qui a déjà dans sa dépendance la S.O.C.O.M.A.N. et la M.E.T.N.A. fait ainsi un effort méritoire en Algérie.

MATERIAUX DE CONSTRUCTION -- CÉRAMIQUE

--------------L'Algérie possédait déjà une industrie suffisante de plâtre, de chaux, de briques et de tuiles. Mais elle ne produisait pas assez de ciment, pas du tout d'amiante ciment, de réfractaires, de faïences, de sanitaires, de verre.
--------------Consommant avant-guerre de 400 à 450.000 tonnes de ciment par an, l'Agérie en produisait elle-même moins de 100.000 dans deux usines anciennes de Pointe-Pescade et de Rivet.
--------------La Société Nord-Africaine de Ciments LAFARGE a entrepris la modernisation de son usine de Pointe-Pescade, qui sera équipée de deux fours rotatifs produisant plus de 200.000 T. par an et sa filiale, la Société des Ciments Artificiels d'Oranie construit à El-Ksar, près de Saint-Lucien en Oranie, une usine extensible qui sera équipée en première étape d'un seul four capable de 120.000 tonnes par au et dont le plus sûr garant de perfection est qu'elle fut le testament technique d'un des maîtres français du ciment, le regretté M. ROUGER, tragiquement disparu dans un accident de chemin de fer le 23 Janvier 1947.
--------------La magnifique réalisation (le C.A.D.O. sera complétée par une cité modèle, le personnel de l'usine étant à loger entièrement.
--------------Pour compléter son équipement de base, l'Algérie a recherché d'autres concours pour édifier une cimenterie dans le département de Constantine. Mais elle n'en a pas trouvé et a pris l'initiative de constituer avec des entreprises non spécialisées et des groupes financiers une Société d'Etudes, G.I.N.E.S.T.A.L., dont elle détient la majorité du capital mais en espérant que l'initiative privée comprendrait ses obligations et reprendrait vite ses droits.
--------------L'Algérie qui construisait, et espérons-le, construira beaucoup encore et qui a de vastes périmètres d'irrigation à équiper, a trouvé auprès de la Société E.T.E.R.N.I.T. et de la Société Métallurgique et Minière Nord-Africaine, les concours qu'elle désirait pour édifier deux usines d'amiante ciment (la Métropole n'en a que trois), l'une au Gué-de-Constantine qui produira 10.000 T. de plaques et 7.000 T. de tuyaux et l'autre à Oran qui produira 5.ooo T. de tuyaux et qui sera annexée aux autres .activités (le M.E.T.N.A., et notamment à celle des réfractaires réalisés pendant la guerre par le Directeur Général actuel (le M. DECELLE.
--------------A signaler, également, l'extraordinaire développement et la vitalité de l'industrie du béton précontraint appliquée. à toutes sortes de fabrications, et notamment à celle (les tuyaux, des poteaux et pylônes et des ponts.
--------------La Société des Tuyaux BONNA à Maison-Carrée, les Entreprises Champenois Bernard à Oued-Fodda, la Société Commerciale et Minière de l'Afrique du Nord (SOCOMAN) au Fondouk, à Affreville et à Laferrière, fournissent actuellementà l'Algérie tout ce dont elle a besoin dans cette spécialité.
--------------L'industrie du verre faisait totalement défaut à l'Afrique du Nord. Les Verreries Nord-Africaines, filiale de la Compagnie de Saint-Gobain, ont réalisé à La Sénia une usine magnifique, produisant 30 tonnes de verre par jour, en bouteilles et flacons (35.000) et gobeleterie (20.000) mais encore à l'exclusion du verre plat. Le sable de carrière aient de Saint-Denis-du-Sig, le calcaire et la dolomie (le Misserghin ; seul le carbonate de soude est encore importé. Le four est chauffé au mazout, mais il est équipé d'électrodes pour un éventuel développement de la production qui est mécanisée à l'extrême.
--------------L'industrie de la Faïence elle-même a pris pied en Algérie, d'abord par l'initiative de MM. HUMBERT et RENAUD à Berrouaghia, puis par celle plus importante de la Manufacture Nord-Africaine de Faïence à Oran, filiale (le la Faïencerie (le Niderviller. Celle-ci qui sera équipée d'un four tunnel à chauffage électrique, sera du dernier cri. Le sable lui viendra aussi de Saint-Denis-du-Sig, .l'argile kaolinique du Djebel-Debbar on d'importation. La production de l'usine est orientée en premier lieu vers la vaisselle et articles (le ménage et en partie destinée à l'exportation, pour laquelle ?usine est géographiquement bien placée.

PRODUITS CHIMIQUES ET ENGRAIS

--------------Si l'Algérie était pauvre en industries chimiques proprement dites elle avait, par contre, pu installer avant la guerre d'importantes fabrications d'engrais nécessaires à son agriculture.
--------------La Société Algérienne de Produits Chimiques et d'Engrais avait en effet installé à Maison-Carrée, à La Sénia et à Bône des usines de superphosphates qu'elle a complétées pendant la guerre à La Sénia et à Bône par des ateliers (le fabrication de sulfate de cuivre à partir des calchopyrites.
La Société Chimique Nord-Africaine Péchiney a elle-même poursuivi l'installation au Gué-de-Constantine d'un atelier ayant le même objet niais par un procédé, différent.
--------------Citons encore parmi les initiatives prises pendant la guerre : celle de la fabrication de produits sulfurés et de sulfo-ricinate de soude par les Etablissements VOITURON à Hussein-Dey, d'hypochlorite de soude par la Société Algérienne d'Electro-chimie à Rouiba et par les Etablissements COTELLE et FOUCHER à Maison-Carrée, de crésyl par la Société Chimique et Routière à La Sénia, de peintures et vernis par la Société DUCO à Hussein-Dey et la Société ASTRAL-CELLUCO à Alger, d'encres par les Etablissements BERTHON à Alger et LORILLEUX à Alger, de Stéarine par les Etablissements ABELA à Alger, de crins de Florence. d'éther sulfurique par M. BRUGUIER à Mercier-Lacombe, (le plâtre chirurgical à Maison-Carrée, le développement considérable des productions de la Société l'Air Liquide pour satisfaire les besoins des Armées en hydrogène, oxygène, acétylène, anhydride carbonique.
--------------La Société des Allumettes Caussemille a également porté sa production à un niveau supérieur à celui des besoins du pays, ce qui lui a permis pendant la guerre d'aider les pays voisins et de fournir les allumettes nécessaires à l'Armée Française pendant la campagne d'Italie et jusqu'à la fin de la campagne Rhin-Danube.
--------------L'Algérie qui produisait déjà des explosifs chloratés à Bellefontaine a vu s'installer aussi à Lavarande la Société Algérienne d'Explosifs et d'accessoires de mines qui produit des explosifs nitratés.
--------------Depuis la guerre, de nouvelles initiatives sont enregistrées : c'est d'abord la Société SOLVAY qui installe actuellement à Baba-Ali une fabrique (le soude et de chlore dont les produits sont principalement destinés au blanchiment de la pâte d'alfa dont il sera question plus bas.
--------------La Société (les Mines d'Ain-Arko a installé sur le cari-eau de la Mine un atelier de traitement chimique des haldes pour l'extraction sous la forme d'oxyde de zinc du métal des minerais pauvres dont les stocks sont considérables par un procédé inédit qui a été mis au point par M. TANON.
--------------Les Raffineries de Soufre Réunies ont également été autorisées par le Pouvoir Central à augmenter la capacité (le leurs Raffineries Algériennes par reconstruction en Algérie d'une partie de leurs installations détruites dans la Métropole. --------------Une distillerie d'alcool de betteraves est projetée à Mercier-Lacombe par M. BRUGUIER et une distillerie d'alcool de sorgho et de topinambours a été entreprise à Malakoff par la Société ALCEDER, filiale de Pingris et Nollet-Fontaine.
--------------Papiers et cartons. - Les premiers papiers d'impression ont été produits en Algérie pendant la guerre par les Papeteries et Cartonneries Modernes à Maison-Carrée qui ont poursuivi leur effort en s'équipant pour la production de pâte à papier à partir de paille et d'alfa et en mettant en service une nouvelle machine à papier et une machine à carton ondulé.
--------------La Compagnie Nord-Africaine de Cellulose (CELLUNAF) installe actuellement à Baba-Ali au contact même de l'usine SOLVAY une fabrication de papier d'alfa utilisant les procédés Pomilio à la soude et au chlore pour le blanchiment de la pâte d'alfa. Cette usine qui doit produire de 6 à 10.000 tonnes de pâte, est plus qu'une usine pilote puisqu'elle est à l'échelle d'une industrie normale, niais elle a cependant pour objet de mettre au point des procédés qui seraient utilisés à une échelle dix fois plus grande si l'on peut dégager sur les nouvelles ressources en eau à attendre du captage des chotts oranais le débit continu de deux mètres-cubes/seconde qui seraient nécessaires à des fabrications de cette importance dans la région de Relizane.
--------------Il est inutile d'insister sur l'importance considérable d'une telle éventualité puisque la production de papier d'alfa qui serait alors réalisée aurait une valeur d'exportation d'une dizaine >de milliards de francs, approchant le chiffre (le l'exportation des vins qui fournit actuellement à l'Algérie l'élément le plus important à l'actif (lu bilan de ses échanges.

CAOUTCHOUC
--------------L'industrie du caoutchouc est née en Algérie avec la fabrication à Hussein-Dey de tuyaux et articles moulés par la Société Algérienne JACQUEAU BERGEONNEAU. L'industrie (lu rechapage a vu également quelques initiatives intéressantes dont une sous forme de coopérative.
--------------Les nécessités de la guerre ont en outre enregistré quelques fabrications nouvelles ; celle des tétines par la Société Industrielle du Caoutchouc et des Matières Plastiques et celle des membranes de pompes à essence par les Établissements NOREL.

CORPS GRAS -
--------------Il était naturel que l'Algérie qui produit de 20à 30.000 T. d'huile d'olives et qui importait avant la guerre des quantités importantes d'huile de graine et la presque totalité du savon qu'elle consommait, ait cherché à développer l'industrie des corps gras.
--------------D'importantes usines ont fait leur apparition sur les terre-pleins du Port d'Alger comme celle des Huileries et Savonneries d'Algérie, celle de l'usine LESIEUR AFRIQUE dont la masse ferme la perspective du Bassin de Mustapha et l'Huilerie-Savonnerie TAMZALI en cours de construction.
----------------A
l'achèvement des travaux en cours les huileries algériennes seront capables de traiter annuellement 50.000 tonnes de graines par pression et 34.000 tonnes de graines par solvant. Les Raffineries pourront raffiner 40.000 tonnes d'huile et la production des savonneries pourra atteindre 30.000 tonnes.

INDUSTRIE DU LIEGE
--------------L'Algérie n'a pas le monopole de la production du liège comme elle a, avec le Maroc et la Tunisie, celui de l'alfa. Mais, comme pour l'alfa, elle a intérêt à valoriser le plus possible son liège avant exportation.
--------------Une Commission spéciale a été chargée par le Gouvernement Général de coordonner l'emploi de la matière première dont évidemment les bouchonneries et l'agglomération en expansé pur ou en agglomérés blancs resteront les principaux débouchés. Mais il faut citer parmi les fabrications originales l'utilisation (les lièges comprimés à la fabrication de fûts par la Société des Emballages Isothermiques et le traitement chimique des déchets de liège pour en extraire des acides gras, base d'une véritable chimie du liège par les procédés du professeur Guillemonat, et notamment d'une cire pouvant remplacer la cire (le Carnauba.

INDUSTRIES TEXTILES

--------------L'industrie textile était déjà née avant la guerre, fortement encouragée par l'Intendant Général CAHUZAC, mais elle a dû, elle aussi, aux circonstances de la guerre, un développement surprenant qui s'est surtout manifesté dans le département d'Oran.
--------------La laine algérienne assez grossière était employée exclusivement pour la fabrication de tapis et couvertures mais, pendant la guerre, à défaut des importations d'Australie et de Nouvelle-Zélande, ill a bien fallu s'en contenter pour la confection des tissus.
--------------Toutes les opérations, depuis la matière brute jusqu'aux tissus, sont actuellement effectuées en Algérie ; le triage, le dégraissage, le lavage, l'essorage, la teinture, l'ensimage, le filage, le tissage et l'apprêt.
--------------La Manufacture de Textiles Oranais (ancienne Manufacture de Tapis d'Orient) est la plus ancienne des industries textiles. Elle peut laver 3.000 kilos de laine et produire 2.000 kilos de fil par jour et 50.000 mètres de tissus par mois.
--------------Elle emploie plus de 1.200 ouvriers et ouvrières.
La Société Indigène de Prévoyance de Tlemcen emploie 250 ouvriers et ouvrières dans son usine mais plus de 5oo ouvriers travaillent également pour elle chez des artisans tisserands de la ville.
--------------La Filature Nord-Africaine dont l'usine est installée à La Sénia peut laver 30.000 kilos de laine, en teindre 12.000 kilos, tisser 14 à 15.000 f. de drap et apprêter 20 à 25.000 mètres de tissus par mois.
--------------Elle fabrique (le la laine à tricoter et fait du tricotage mécanique en produisant de 4 à 5.000
kilos de tricot par mois. Elle occupe maintenant 310 ouvriers et ouvrières. au lieu d'une trentaine avant-guerre.

INDUSTRIES ALIMENTAIRES
--------------C'est dans l'industrie alimentaire que se sont manifestées les initiatives les plus nombreuses, les plus variées et les plus vivaces. Il ne faut pas s'en étonner dans un pays de production essentiellement agricole.
--------------Les pâtes alimentaires doivent au blé dur algérien un essor considérable. Les fabriques de produits (le régime, les confitureries et conserveries (le fruits, de légumes et de poissons les conditionnements de fruits secs, les fabrications d'apéritifs n'ont guère besoin d'encouragement des Pouvoirs Publics pour se développer de toutes parts. Leur développement a pour corollaire celui de la fabrication (les emballages en fer blanc pour la conserverie. des emballages en bois et en carton aussi bien pour les produits frais que pour les produits conservés.
--------------Pour les produits exportés à l'état frais il faut signaler la création des premiers maillons de la chaîne du froid. Celle-ci n'était guère représentée en Algérie que par le frigorifique de Maison-Carrée créé par l'Intendance au cours (le la première guerre mondiale. Il s'y ajoute déjà (les abattoirs frigorifiques (lus à l'initiative de l'Etat au Kroubs dans le département de Constantine et à Tiaret dans le département d'Oran, dus à l'initiative privée à Aïn-Oussera clans le département d'Alger.
--------------La Société (les Entrepôts Frigorifiques Algériens qui associe des frigoristes, des producteurs, des transporteurs, les Chemins de Fer Algériens et la S.T.E.F. et qui avait -déjà établi un entrepôt de transit portuaire dans les hangars publics de la Chambre de Commerce d'Alger a créé à Orléansville une station pilote de triage,' d'emballage et préréfrigération pour les produits agricoles de la région irriguée du Chéliff.
--------------Les compagnies (le navigation avant, de leur côté, pris une avance assez sérieuse en ce qui concerne l'équipement de cales frigorifiques, réfrigérées ou ventilées sur les paquebots et sur les cargos des lignes régulière de la Méditerranée et de l'Océan il devient urgent maintenant de réaliser dans les ports les installations de transit et, à Alger, où la question est la plus avancée l'entrepôt portuaire devra procéder lui-même à la préréfrigération d'une très grande partie des produits à embarquer puisqu'ALGER se trouve au centre même d'une région de production de primeurs et de fruits.
--------------La Région Economique d'Algérie, dont l'action, grâce à l'Office du Froid qu'elle avait créé, a été déterminants en la matière, s'est entourée de tous les avis techniques qu'il était possible de réunir en France et en Algérie et elle a eu l'heureuse initiative de charger d'une mission M. REES DAVIES, Directeur du Laboratoire du Froid de l'Afrique du Sud.
--------------A la suite de cette mission, elles a reçu l'autorisation de créer elle-même ,à ALGER un organisme d'études frigorifiques et la Chambre de Commerce d'ALGER a pris toutes les mesures préparatoires pour l'exécution d'un entrepôt frigorifique au Port d'Alger dans les installations de la nouvelle gare maritime.
--------------Ainsi, peu à peu, se dessinent tous les maillons de la chaîne dont la réalisation complète revêt pour
les producteurs et exportateurs algériens une importance considérable.
--------------C'est à dessein que je n'ai pas parlé des industries depuis très longtemps acclimatées en Algérie et notamment de l'industrie extractive et de l'industrie du tabac qui jouent cependant un très grand rôle clans la balance économique de l'Algérie.

***

--------------Cet exposé malheureusement très incomplet, et dans lequel il était matériellement impossible de citer toutes les initiatives heureuses, montre cependant par la vérité des objets qu'il effleure, que l'Algérie est entrée avec détermination dans la voie de l'industrialisation. Elle ne s'y arrêtera pas, elle défendra avec vigueur ses jeunes industries qui conditionnent son progrès social. Les obstacles ni l'obstruction ne la rebuteront pas.

Marcel WECKEL
Directeur général
d'Electricité et Gaz d'Algérie.