--------------C'est
devenu un lieu commun que de parler de l'industrialisation de l'Algérie.
Et cependant ce besoin évident de notre pays est de découverte
récente niais il a très vite réuni l'unanimitéde
l'opinion.
--------------Les
premières tendances à cet égard se firent jour en
1940 à l'issue malheureuse de la campagne (le France. Ceux qui,
dans les jours sombres de la Patrie, pensaient déjà à
son redressement, ne manquaient pas de constater combien avait été
décisif le manque de recul de la France, de cet espace qui devait
sauver la Grande-Bretagne et un peu plus tard la Russie.
--------------Ceux
qui regrettaient que l'Empire n'ait pu continuer la lutte avec l'Afrique
du Nord à sa tête, imaginaient ce qu'eut été
la suite des événements si la France d'Outre-Mer avait disposé
d'arsenaux et de bases militaires pour la flotte, d'une industrie aéronautique
pour entretenir la guerre aérienne. La France de 1940 avait manqué
de confiance dans son Empire parce que son Empire n'était pas prêt
à soutenir une guerre.
--------------A
ce moment, de nombreux hommes commencèrent à étudier
le replieraient et la dispersion des industries de sécurité.
D'autres, pour des raisons moins élevées, cherchèrent
en Afrique du Nord un refuge pour leurs industries européennes
menacées, quelquefois pour leurs capitaux.
--------------Mais
le débarquement allié en Afrique du Nord allait bientôt
montrer aux Algériens eux-mêmes l'insuffisance de leur équipement.
--------------Malgré
le soin des missions économiques américaine et britannique
à reconnaître les besoins essentiels du pays et malgré
le grand effort que firent les gouvernements alliés pour satisfaire
ces besoins, l'Algérie souffrit atrocement de son éloignement
momentané de la Métropole, d'où lui parvenaient sans
aucune discontinuité depuis un siècle d'inépuisables
ressources. De bons esprits soutinrent et soutiennent encore qu'il fallait
acclimater en Algérie toutes les industries dont elle aurait un
besoin vital en cas de retour de pareilles circonstances.
--------------Ramené
à cette conception autarcique, le problème de l'industrialisation
perdrait de sa grandeur, et même de son importance, car il serait
soluble pour un grand nombre d'objets par la simple constitution de stocks
de sécurité.
--------------A
la vérité, si l'équipement industriel de l'Algérie
a fait si rapidement tant d'adeptes, c'est qu'il répondait à
une nécessité plus haute. C'est la nécessité
économique, politique, et tout simplement humaine, de nourrir sur
un sol pauvre une population en incessante progression.
--------------La
population de l'Algérie a doublé de 1872 à 1901 ;
elle a presque doublé de 1901 à 1939 où elle a atteint
près de huit millions d'habitants. Son accroissement se poursuit
au rythme de 120.000 à 150.000 habitants par an.
L'Algérie du Nord, grande comme trente-cinq départements
français, peuplée comme dix-huit, est est à peine
riche comme trois.
--------------Contrairement
à l'idée simpliste qu'on peut s'en faire en circulant dans
les riches banlieues des grandes villes, l'Algérie est en effet
un pays pauvre ; les terres fertiles et bien irriguées, à
végétation luxuriante, ne représentent qu'une infinie
partie de sa superficie dont la quasi-totalité est constituée
de montagnes à relief accentué et à érosion
intense ; de hauts-plateaux secs à cultures extensives de faible
rendement et de steppes qui servent de parcours à un élevage
transhumant.
--------------Le
niveau de vie est bas.
--------------Le
problème déterminant de l'Algérie est donc un problème
démographique qui domine le problème politique et qui conditionne
l'avenir de l'Algérie Française. C'est pour elle une nécessité
inéluctable d'élever le niveau de vie de ses habitants,
tout en faisant face à l'accroissement ininterrompu de sa population.
Pour cela il faut absolument augmenter au maximum la productivité
du sol ; il faut réserver à l'alimentation de la
population la plus grande partie des produits de l'agriculture et de l'élevage
qui servaient jusqu'ici de moyens d'échanges ; il faut donc produire
en Algérie des objets qu'elle avait coutume d'importer,: il faut
valoriser davantage les produits exportés pour faciliter l'équilibre
des échanges qui resteront cependant indispensables puisque l'Algérie
manque de matières premières vitales, comme le charbon,
les combustibles liquides, les carburants, la fonte et l'acier.
--------------Il
faut en un mot que l'Algérie pauvre travaille beaucoup pour atténuer
sa pauvreté : c'est le problème de l'industrialisation qui
s'est ainsi trouvé posé.
--------------Quand
on essaie de mettre des chiffres sur ces affirmations, on éprouve
quelques difficultés du fait de la forme encore primitive d'une
grande partie (le l'économie rurale de l'Algérie.
--------------Prenons,
pour une comparaison avec la Métropole, les tests habituels des
nations civilisées, en se référant aux chiffres de
la dernière année normale d'avant-guerre, l'année
1938.
|
ALGÉRIE
|
METROPOLE
|
COEFFICIENT
|
Budget
|
1.6oo millions
|
55 milliards
|
1/35
|
Commerce extérieur
|
|
|
|
Exportation
|
5.65o millions
|
30,5 milliards
|
1/5
|
Importation
|
4.700 millions
|
46 milliards
|
1/10
|
|
Ces deux coefficients sont, de
tous, les plus élevés, mais ils traduisent ce dont
il a été question plus haut : le besoin d'échanges.
|
Valeur totale de la production
agricole
|
7 milliards
|
102 milliards
|
1/15,
|
Valeur totale de la production
industrielle
|
Peu importante
|
226 milliards
|
coefficient très faible
|
Tonnage de charbon consommé
(produit et importé)
|
700.000 tonnes
|
70 millions de T
|
1/100
|
Énergieélectrique
produite
|
290.000.000 kwh
|
18,5 milliards kwh
|
1/6o
|
Gaz
|
57 milliards m3
|
1.700 millions m3
|
1/33
|
Nombre de wagons chargés (moyenne journalière)
|
1.630
|
41.000
|
1/25
|
Carburants et combustibles liquides
(consommation
civile)
|
Essence
|
1.665.ooo hl
|
36 millions hl
|
1/22
|
gas-oil
|
280.000 hl
|
3 millions hl
|
1/17
|
Fuel-oil
|
23.000 T
|
1.27 0.000 T
|
1 / 50
|
--------------En
dehors des rapports du commerce extérieur, et de celui du gas-oil
qui traduit surtout l'étendue du pays et la mécanisation
de l'agriculture, tous ces coefficients sont compris entre 1/20 et 1/1oo.
--------------En
corrigeant au jugé ces rapports pour tenir compte de la partie
encore patriarcale de l'économie rurale algérienne, on peut
dire que la richesse de l'Algérie est comprise entre 1/20 et 1/3o
de celle de la France continentale, et comme sa population en est de on
voit que le standing moyen de vie est compris entre le 1/4 et le 1/6 de
celui d'une nation riche.
--------------Or,
les études des Services Agricoles conduisent à la conclusion
qu'on peut encore, au prix de ;rands efforts notamment dans le domaine
de l'hydraulique et (le l'outillage coopératif, doubler la productivité
du sol algérien. Mais il y faudra beaucoup (le temps, pendant lequel
la population se sera sensiblement accrue.
--------------On
arrivera donc par ce moyen à atteindre péniblement le 1/3
(le la richesse unitaire française. I1 faut faire mieux.
UN PLAN D'INDUSTRIALISATION
--------------Penser
que l'industrialisation à elle seule suffirait à combler
cet énorme écart serait une erreur. Mais elle permettra
d'y concourir d'une manière certainement décisive.
On a donc procédé au recensement des activités possibles,
je dis bien au recensement et non à l'établissement d'un
plan, au sens que l'on attribue à ce mot, qui comporte la classification
prioritaire (les objectifs et la fixation d'une chronologie des réalisations.
--------------Le
rôle (le l'initiative privée dans l'industrie est en effet
prépondérant. Il serait chimérique d'établir
un plan sans avoir, dès l'origine, l'adhésion des industriels
qui auront à le réaliser. Or, dans plusieurs secteurs, de
tels concours font encore défaut.
--------------M.
Eric LABONNE, dans un discours-programme au Conseil du Gouvernement marocain,
s'exprimait ainsi :
--------------"
Le Maroc, dans l'ensemble de l'Afrique du Nord, aura à s'inscrire
dans les données et les prévisions du plan Monnet ".
--------------"
De même que l'Algérie voisine a établi plusieurs programmes
se réclament de l'économie planifiée ".
--------------" je ne saurais pourtant
vous proposer aujourd'hui un plan, ou des plans marocains. Ni pour le
présent, ni pour l'avenir, ni total, ni limité, ou assoupli
par des variantes. La réalité ne me paraît pas le
permettre. L'établissement, et, surtout le respect d'un plan -exigent
des certitudes sur les données numériques, une emprise profonde
sur les mécanismes des investissements de la production et des
échanges, et enfin un minimum de stabilité des prix ".
--------------Et
Monsieur l'Inspecteur Général des Ponts et Chaussées
Maître-Devallon, qui avait été chargé, en 1943,
par la Direction Générale des Affaires Economiques d'une
étude préalable d'ensemble sur l'Industrialisation de 1
'Algérie pouvait dire au Centre d'Etudes Economiques et Sociales
de l'Afrique Française : " On peut
concevoir à propos d'industrialisation un joli plan bien logique
se répartissant sur cinq, dix ou vingt ans et il n'est pas mauvais
de le rédiger, c'est toujours un prétexte à d'utiles
réflexions, mais comme il est difficile de s'y tenir et qu'il faut
cependant faire quelque chose, on se demande par quoi commencer. Comme
tout est utile, tout est urgent, il faut débuter par le réalisable,
et notamment par les affaires pour lesquelles se présentent des
candidats". Et de rappeler le mot de LYAUTEY " Un
chien vivant vaut mieux qu'un lion encore à naître ".
--------------C'est
cette conception que M. WECKEL a fait prévaloir tant qu'il a eu
la responsabilité de l'équipement industriel (le l'Algérie.
LES CONDITIONS PRÉALABLES
--------------Si
la nécessité d'une industrialisation de l'Algérie
n'est plus contestée par personne, il faut reconnaître que
l'Algérie était aussi mal préparée que possible
à recevoir un équipement industriel important.
--------------Le
pays est en effet pauvre en énergie. Il ne possède encore
aucune ressource appréciable d'hydrocarbures.
--------------La
seule houillère exploitée se trouve aux confins du désert
: les conditions climatériques et la hie épaisseur des couches
de charbon rendent l'extraction du combustible difficile et onéreuse
;cinq cents kilomètres séparent le gisement et la mer, et
bien plus encore des centres de consommation de l'Algérie du Nord.
--------------L'électricité
n'était produite que dans des centrales thermiques nombreuses,
mais de faible puissance, et désuètes, tributaires du charbon
étranger mais n'en étant pas économes. Or on n'industrialise
pas un pays sans énergie.. Comme le problème de l'énergie
s'intègre lui-même dans l'équipement industriel, il
était donc le premier à résoudre. Mais ce n'était
pas le seul.
--------------En
Algérie, la distance est un terrible obstacle. On la rencontre
partout et plus encore quand il s'agit de transports de produits industriels.
--------------Pour
ce pays, dont on a dit souvent qu'il était une île allongée
entre le sable et la nier, le cabotage était autrefois, et espérons-le.
redeviendra le moyen de transport le plus économique. Il ne faut
doue pas s'étonner de constater le rassemblement clans les ports
de la quasi totalité des activités industrielles existantes,
et il faut s'attendreà ce que ce rassemblement s'amplifie.
--------------Les
agglomérations (les grands ports sont en même temps les seuls
réservoirs (le la main-d'uvre qualifiée. Mais à
leurs abords les espaces sont bien réduits qu'on peut consacrer
à l'industrie. avec toutes les conditions que cela requiert : proximité
et accès facile du port, embranchement de voie ferrée, salubrité
d e l'habitat. Les spéculateurs s'en sont vite aperçu, et
les prix des terrains industrialisables, mais non- encore préparés
à l'industrialisation, sont montés en flèche.
--------------Le
GouvernementGénéral (le l'Algérie a donc préparé
en 1944 et soumis au Pouvoir Central, en Janvier 1945, un projet de loi
sur les terrains industriels, ayant un triple objet : réserver
à l'industrie les terrains bien placés, les soustraire à
-toute spéculation, les munir d'un équipement collectif
préalable de voirie, de chemin de fer, d'énergie, de distribution
d'eau et d'évacuation d'eaux usées.
--------------L'Algérie
n'envisageait pas de faire elle-même ces dernières opérations
d'acquisition et d'équipement. Elle comptait les confier à
des concessionnaires, et notamment aux chambres de commerces maritimes
qui sont accoutumées, en Algérie, à faire des opérations
identiques sur les terre-pleins des ports et qui disposent de services
d'exploitation de premier ordre et du concours technique des Directeurs
de Ports et des Ingénieurs des Ponts et Chaussées. La seule
différence eut été que les terrains industriels ne
faisant pas partie du domaine public, auraient pu être définitivement
aliénés au bout d'un certain nombre d'années, quand
les utilisateurs auraient fait la preuve de la vitalité de leurs
industries.
--------------L'instrument
légal réclamé au Pouvoir Central au début
(le 1945 n'existe pas encore et le défaut d'une législation
appropriée a été cruellement ressenti par les premiers
industriels qui se sont implantés en Algérie.
--------------Une
autre difficulté, qui n'est pas particulière à l'Algérie,
mais à laquelle se heurte toute une industrie nouvelle, est celle
des prix actuels d'investissement.
--------------Comment
une industrie nouvelle, ayant de lourdes charges financières, peut-elle
lutter contre les industries en place dont les investissements ont été
faits à des valeurs nominales bien plus faibles et sont souvent
complètement amortis ?
--------------Dans
certains cas, l'économie des transports par mer suffit à
peu près à couvrir l'écart de ces charges. Mais dans
la plupart des cas, cette économie n'est pas suffisante ; elle
est même souvent contrebalancée par les frais de distribution
en Algérie des produits lorsque les fabrications d'une -seule usine
suffisent à l'ensemble du territoire.
--------------C'est
pour résoudre ce problème financier que l'Assemblée
Financière Algérienne a voté, sur la proposition
de l'Administration, un ensemble de mesures fiscales avant pour objet
l'amortissement accéléré des nouveaux investissements.
Ces mesures, qui ont été homologuées par le Pouvoir
Central, comportent essentiellement une exonération temporaire
de l'impôt sur les bénéfices industriels et commerciaux,
une réduction de 4 % sur la taxe à la production pendant
dix années au plus; sans que le produit de cette réduction
puisse excéder au total les 3/4 (les immobilisations, et une exonération
temporaire d'impôt foncier. Pour bénéficier des deux
premiers _de ces avantages, l'industrie doit avoir été agréée
par le Gouverneur Général dans le Plan d'Industrialisation
après avis d'une Commission qui réunit les représentants
de l'économie, du travail et de la technique.
--------------A
ces exonérations fiscales s'ajoutent bien entendu les facilités
(le crédit en usage dans la Métro pole ; lettres d'agrément
pour le démarrage des industries essentielles et le financement
de la production ; conventions de garantie pour le financement des immobilisations.
Les lettres d'agrément peuvent comporter une garantie d'écoulement
de la production.
--------------L'Algérie
dispose ainsi pour aider les jeunes industries (l'un instrument efficace
dont le mecanisme est exposé en détail dans une brochure
qui a été éditée par la Direction Générale
des Finances du Gouvernement Général sous le titre d'"
Instruction Générale de juillet 1946 sur l'aide financière
de' l'Algérie aux entreprises industrielles et commerciales ".
Tous ceux qui s'intéressent à l'industrie en Algérie
s'y reporteront avec fruit.
--------------D'Octobre
1946 à Septembre 1947, cinquante trois industries nouvelles ont
été agréées par des arrêtés du
Gouverneur Généal en application de ces dispositions.
* * *
--------------En
supposant résolue la question de l'implantation et de l'équilibre
financier d'une entreprise, il reste un problème capital : celui
de la main-d'oeuvre et de son encadrement. La formation professionnelle
de la main-d'uvre sort du sujet de cet exposé.
--------------En
considérant seulement le côté social de la question
; il paraît plus urgent (le donner à la main-d'uvre
autochtone, déracinée de sa terre et qui constitue un prolétariat
assez misérable des villes, une formation professionnelle qui élève
sa condition au niveau de l'ouvrier européen, que de tirer de leur
vie patriarcale et quelque peu moyenâgeuse de nouvelles couches
de populations paysannes ou nomades qui sont heureuses de leur état
parce que leur atavisme encore inentamé de liberté totale
et absolue les tient bien éloignés de notre vie de sujétions,
de contraintes et de conventions sociales.
--------------Mais,
quelle que soit la promotion que l'on peut faire des couches prolétariennes
locales, on ne peut peut pas espérer lancer des industries nouvelles
sans une -immigration d'ingénieurs et de spécialistes, ni
créer de nouveaux quartiers industriels sans déplacer de
la main-d'uvre pour l'installer à proximité des lieux
de travail.
--------------On
touche ici au problème crucial, celui de l'habitat.
Le projet de loi sur les terrains industriels n'a pas manqué de
prévoir pour les cités les mêmes dispositions que
pour les zones industrielles elles-mêmes. Ce n'est toutefois qu'un
aspect de la question.
--------------Le
vrai problème est celui du financement. L'écart énorme
qui s'est peu à peu creusé entre le coût de la construction
et celui des loyers a enlevé toute rentabilité aux entreprises
immobilières. Il ne .suffit pas de le constater, il faut y pouvoir.
Il est absolument chimérique, pour pallier son défaut, d'envisager
des procédés constructifs auxquels on attache un caractère
miraculeux, et notamment des maisons préfabriquées. La préfabrication
est un moyen de réaliser plus vite une grande masse de logements,
en appliquant à la construction des méthodes industrielles.
Mais, en laissant de côté la nécessité de son
adaptation au climat, elle ne résout pas le problème financier.
Et les palliatifs appliqués jusqu'ici, consistant à subventionner
les cités ouvrières, sont insuffisants.
--------------Il
faut donc une politique des loyers et de l'habitat.
Et c'est parce qu'elle n'est pas encore définie que les industriels
rencontrent pour leur établissement des difficultés parfois
insurmontables. Certains ont accompli un véritable acte de foi
en prenant le logement (le leurs ouvriers à leur charge, avec une
aide insuffisante de l'Algérie. Mais il ne faut pas trop compter
sur la généralisation d'aussi généreuses dispositions.
--------------Il
me parait qu'en première urgence, il faudrait faire pression, par
une imposition fiscale, progressive et menaçante, sur les occupants
industriels et commerciaux de locaux qui peuvent être restitués
à l'habitation, pour les inciter à assurer eux-mêmes
le logement de leurs entreprises. --------------Combien
de grands établissements de compagnies de navigation, d'entreprises,
de banques, pourraient sans grande gêne consacrer une partie de
leurs ressources à créer des installations parfaitement
adaptées à leurs besoins particuliers et combien d'épargnants
seraient heureux de placer leurs économies dans des immeubles d'affaires
s'ils étaient certains d'en tirer une rémunération
normale que leur garantirait la migration obligatoire vers ces immeubles
de tous ceux qui occupent anormalement des locaux primitivement destinés
à l'habitation.
--------------Les
villes ainsi décongestionnées pourraient recevoir les cadres
nouveaux : ingénieurs, techniciens, hommes d'affaires, mais il
resterait à résoudre le problème de l'habitat ouvrier,
aux abords des quartiers industriels, et c'est là que la loi sur
les loyers et l'habitat, qui n'a que trop tardé à voir le
jour, s'impose avec une particulière urgence.
L'EQUIPEMENT ÉNERGÉTIQUE
--------------L'Algérie
possède à COLOMB-BECHAR - KENADZA, un bassin houiller, exploité
depuis la guerre de 1914-1918, d'abord par les Chemins de Fer Algériens,
puis par une Régie, et tout récemment par un établissement
public national, les Houillères du Sud Oranais (DA
économie n°19). La faible épaisseur des couchesde
charbon, le climat très dur que subit le personnel, l'éloignement
du bassin' qui est à 55o kilomètres de Nemours rendent l'extraction
du charbon et son transport vers les lieux de consommation excessivement
onéreux.
--------------Jusqu'à
présent, on avait donc considéré les houillères
(lu Sud Oranais comme une ressource exceptionnelle des temps de crise,
et on n'entrevoyait pas pour elles d'avenir économique assuré.
--------------Cependant,
les mauvaises conditions géographiques (le ce gisement sont en
partie compensées par sa parfaite régularité et par
le voisinage du sol des couches qui peuvent être exploitées
en descenderies. Les efforts (le la Direction Générale des
Houillères sont donc actuellement orientés vers la mise
à profit de ces conditions naturelles favorables pour augmenter
la production unitaire des sièges en mécanisant l'extraction,
et réduire en conséquence les dépenses du jour qui
sont actuellement élevées à cause de l'extrême
dispersion (le l'exploitation. On espère ainsi réduire dans
une large mesure le prix de revient (lu charbon sur le carreau de la mine,
et étendre d'autant la zone d'utilisation économique (le
ce charbon. Mais, quelle que soit la perfection et la bonne adaptation
des moyens que les houillères appliqueront, il ne faut pas espérer
voir ces charbons prendre une place incontestée dans une zone très
étendue, et il ne semble pas qu'ils puissent déborder des
confins algéro-marocains, t en mettant tout au mieux, de la région
industrielle d'Oran. Il faut signaler que le charbon de Kenadza est cokéfiable,
ce qui ouvre à ses fines lavées un débouché
intéressant.
--------------L'extraction
étant ainsi limitée dans l'avenir aux besoins non négligeables
de la zone d'utilisation économique, c'est-à-dire à
10.000 tonnes brutes environ au lieu des 300.000 tonnes brutes que l'on
en tire annuellement, il parait encore possible et désirable de
compléter cette extraction par un autre procédé d'exploitation,
qui a été mis au point en Russie, et dont l'idée
remonte à Sir William RAMSAY qui l'avait exprimée en 1912
; il s'agit de la gazéification souterraine, dont la Belgique se
préoccupe aussi depuis quelques années, en prenant sur la
France une avance technique incontestable. La régularité
mêmes des couches (lu bassin du Sud-Oranais est une des conditions
de réussite de ce procédé. Quand on se sert de la
nature comme gazogène, encore faut-il en effet que le gazogène
soit bien construit. De plus, la houille (lu Sud-Oranais est riche en
matière volatiles, ce qui améliore la composition et le
pouvoir calorifique du gaz extrait. 1l ne reste plus qu'à brûler
ce dernier, soit dans des chaudières, soit mieux encore clans des
turbines à gaz dont on connaît la rapidité des progrès,
pour pouvoir produire de l'énergie électrique déchargée
d'une part notable des frais habituels d'extraction, du charbon. et par
conséquent pouvant supporter les frais d'un transport jusqu'au
réseau général (l'inter-connexion.
--------------Mais,
la gazéification souterraine ne restitue pas toutes les calories
(lu charbon ainsi traité : a-t-on le droit, dans un pays pauvre
en énergie, de consentir des pertes qui sont de l'ordre de 30 %.
Il ne faut pas oublier que le bassin du Sud-Oranais comporte. intercalées
dans des couches exploitables par- extraction, qui ont (le o ni. 4o à
o ni. 5o, d'autres couches non exploitées en raison de leur faible
épaisseur, et que la gazéification permettrait peut-être
de traiter. Au total, le nombre de calories tirées par- gazéification
d'un volume donné (le terrain pourrait donc être égal,
sinon supérieur, à celui qu'on obtient par extraction. L'exploitation
(lu bassin du Sud-Oranais par gazéification équivaudra pratiquement
à l'équipement d'une chute d'eau à débit constant,
puisque les frais de main-d'uvre minière sont réduits
dans des proportions encore mal connues dans les pays occidentaux, mais
qui sont certainement très importants.
RECHERCHES DE PÉTROLE
--------------Quant
aux produits pétroliers, l'Algérie en est seulement au stade
de la recherche, avec un retard assez sérieux sur le Maroc qui
s'y est attelé dès 1929. A part les recherches faites dans
le Bas-Chéliff, de 1913 à 1923 par le groupe PEARSON, on
peut dire que les premiers travaux sérieux n'ont été
abordés en Algérie que pendant la dernière guerre,
par le Service des Recherches minières, auquel a accédé
en 1946 une Société Nationale de Recherches du Pétrole
en Algérie, associant à parts égales l'Algérie
et le Bureau (le Recherches de Pétrole de la Métropole.
--------------Le
programme des recherches, qui doivent être échelonnées
sur 15 ans au moins, est assez ambitieux car la Commission de Modernisation
des Carburants du Plan Monnet lui assigne en Algérie la prospection
de 110.000 km2. C'est dire les espoirs que l'on fonde sur l'Algérie
et qui sont des plus sérieux.
--------------Suivant
les théories admises actuellement le pétrole se serait formé
en bordure des mers à sédimentation rapide où les
organismes rapidement enfouis se transforment en hydrocarbures à
l'abri de l'air.
--------------Les
pétroles ainsi formés se rassemblent dans les niveaux poreux
constitués par les sables, les grès, les calcaires et ils
s'y trouvent emprisonnés si, par suite de la sédimentation
et des mouvements de l'écorce terrestre le niveau poreux qui les
contient se trouve isolé de la surface du sol.
--------------Ce
dispositif géologique favorable s'appelle une structure.
--------------Tout
problème de recherche de pétrole comporte donc une recherche
géologique des. structures. Ce n'est qu'ensuite que les sondages
sont entrepris..
--------------Après
les études générales effectuées par le Service
(les Recherches Minières, puis par la S.N. REPAL, quatre grandes
régions pétrolifères possibles apparaissent en Algérie.
---------------
Le Bassin (lu Chéliff et son annexe la Mitidja - l'Est Constantinois
;
---------------
la zone Sud-Telliène constituée par la bordure Nord des
Hauts-Plateaux ;
---------------
la bordure Nord du Sahara, contre l'Atlas Saharien.
--------------Le
Bassin du Chéliff est formé par les dépôts
de deux bras de mer successifs qui se sont étendus de la frontière
marocaine à la région d'Alger, au miocène puis au
pliocène. On y rencontre de nombreux suintements, (les petits gisements
y sont exploités. C'est sur lui_ que portent les premiers sondages
de la S.N. REPAL basés à Relizane et qui doivent reconnaître
les structures d'El-Biod, près de Rabelais, de Warnier près
d'Orléansville, d'El-Bordj près de Tliouanet, de Temaznia
voisine de la précédente, et de Bel-Hacel au Nord de Relizane.
--------------Le
nombre de structures prêtes à forer du bassin du Chéliff
est actuellement de dix. Deux autres sont levées en détail
et sont à préciser par sondages géologiques et cinq
autres ont été reconnues.
--------------L'est-constantinois
est le prolongement en Algérie de la zone centrale tunisienne étudiée
depuis une dizaine d'années et qui a donné des indices intéressants
dans des forages.
--------------Dans
la région comprise entre Montesquieu e, Tébessa, quatre
structures ont été levées en détail et les
emplacements de forages choisis.
--------------La
zone Sud-Telliène s'étend d'Oudjda à Batna. C'est
elle qui donne lieu aux suintements de l'Oued Guetterini, près
de Sidi-Aïssa où (les puits à main peu profond ont
donné jusqu'à 1.000litres par jour (l'un pétrole
léger, paraffinique, riche en huile de graissage.
--------------Dans
la bordure Nord du Sahara existent de nombreuses structures anticlinales
extrêmement simples et étendues atteignant de 50 à
100 km. de long.
--------------Une
reconnaissance à l'Ouest de Biskra a permis de découvrir
deux grandes structures : celle du Djebel Hammara à cour crétacé
et celle du Djebel Zerga au cur jurassique.
--------------Ces
deux structures ont été levées et les emplacements
du forage choisis. La S.N. REPAL qui ne . disposait à sa création
que de trois appareils de forage incomplets, d'un appareil géologique
de 600 mètres et de deux appareils de 1.000-1.200 mètres,
a reçu des U.S.A. en 1947 deux appareils de 2.100 -2.500 mètres.
--------------Tous
ces appareils basés sur Relizane travaillent clans le bassin du
Chéliff. Pour forer dans les structures de l'Atlas Saharien il
sera nécessaire de disposer d'appareils pouvant atteindre de 3.000
à 3.500 mètres.
--------------La
découverte de gisements importants d'hydrocarbures sur son territoire
donnerait à l'économie de l'Algérie une autonomie
quasi-totale car les Chemins de Fer Algériens orientent leur programme
de traction vers l'électricité par contact et les Diesel
électriques et les centrales thermoélectriques seront équipées
pour fonctionner au fuel oil aussi bien qu'au charbon. Les principaux
services publics, autrefois consommateurs de charbon, pourraient donc
fonctionner à peu près exclusivement au moyen de, ressources
pétrolifères algériennes si les recherche, de la
S.N. REPAL en mettent à jour.
L'ELECTRICITE
--------------Mais
c'est encore dans la production (le l'électricité, et notamment
de la production hydro-électrique, et dans son transport. qu'a
été entrepris malgré les énormes difficultés
de la guerre et que se poursuit dans celles de l'après-guerre,
l'effort le plus important et le plus continu, suivant un programme pré-établi,
car ce domaine est l'un de ceux qui se prêtent le mieux à
la planification.
--------------En
1939, l'Algérie disposait de huit centrales thermiques à
vapeur qui n'étaient déjà plus très jeunes,
et d'une production hydro-électrique non régularisée
d'une cinquantaine (le millions de Kwh. par an. Il n'y avait aucun réseau
de transport et d'interconnexion, en dehors de quelques lignes locales
à 6o et 90kw.
--------------En
1938, le Gouvernement Général de l'Algérie devant
la passivité des ex-Sociétés concessionnaires, entreprit
lui-même les travaux d'aménagement des chutes de pied (le
barrage ou de brise charge sur les conduites (le distribution d'eau clans
les périmètres d'irrigation.
--------------L'exemple
étant communicatif, les Sociétés se décidèrent
à aménager des chutes concédées avant 1930.
--------------Quatre
autres aménagements seront entrepris par l'Electricité et
Gaz d'Algérie. Ce sont ceux de Chabet-Saiad, sur la Tafna ; Aïn-Témouchent
sur la conduite d'adduction des eaux du barrage de Beni-Bahdel à
Oran : brise charge de 246 m., barrage du KSOB, barrage des ZARDEZAS.
--------------Quand
tous ces usines seront achevées, la production hydro-électrique
ne sera pas loin d'atteindre 170 millions de kwh. et si l'on y ajoute
l'usine provisoire de l'Oued Agrioun, 190 millions de kwh.
'--------------Mais
toutes ces usines sont des usines de production faible ou moyenne (2 à
20 millions de kwh.), la puissance unitaire des groupes est peu élevée
(6.500 kwh. au maximum), et si l'énergie des usines de barrage
est complémentaire de celle des usines au fil de l'eau, elle n'en
est pas moins assujettieaux irrigations. A l'automne, où les usines
au fil de l'eau sont à l'étiage et où les usines
de barrage travaillent sous des chutes réduites, la production
hydro-électrique devient faible, au moment où la demande
est maxima.
--------------Pour
régulariser cet ensemble par de l'énergie garantie annuellement
et même ïnterannuellement, l'Algérie a donc entrepris
d'importants aménagements en Petite-Kabylie, ainsi qu'un réseau
de transportà 150.000 volts. ---------------------------L'équipement
de l'Oued Agrioun, comportant deux groupes de 40.000 chevaux chacun, sera
achevé en 1950-1951.
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-------
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--------------Compte
tenu de la disparition de l'usine provisoire, l'aménagement de
l'Oued Agrioun augmentera la production annuelle de 140 millions de kwh.
L'équipement de l'Oued Djendjen supérieur, qui suivra le
précédent, comportera deux groupes de même puissance,
et produira 150 millions de kwh..
--------------A
l'issue de la tranche actuelle, l'Algérie disposera donc de 480
millions de kwh. hydrauliques produits sur son territoire.
--------------Géographiquement,
cette production hydro-électrique sera concentrée en Grande
et Petite-Kabylie et, pour îles barrages, surtout dans l'Algérois.
--------------Pour
l'Oranie, on est encore dans l'incertitude, car plusieurs possibilités
s'offrent sans qu'on puisse aujourd'hui dire dans quel ordre elles seront
exploitées.
--------------Le
Maroc de, son côté poursuit des études sur ses charbonnages
de Djerada, et aménage dans le Moyen-Atlas les chutes de Bin El
Ouidane et de Timoulit il produira 65o millions de kwh. hydrauliques en
1952. L'interconnexion à 150 kw. qui a été envisagée
avec lui permettrait d'en transférer une partie en Oranie.
--------------Mais
le plus grand espoir est celui des Chotts Oranais. Si les hypothèses
du Service de l'hydraulique, que rien n'est encore venu démentir
depuis le début des travaux d'études, se confirmaient, l'économie
oranaise en serait bouleversée et ce département pauvre
en ressources hydrauliques deviendrait générateur de plusieurs
centaines de millions de kwh. hydrauliques. Les chotts, pays de mirages,
seraient aussi source de miracles.
--------------Enfin,
un important programme de rénovation des centrales thermiques est
entré en exécution (les la nationalisation de l'électricité.
Les centrales actuelles consomment de 5.000 à 7.000 calories par
kwh. émis, et en moyenne plus de 6.ooo calories. Trois tranches
normalisées de 25.000 kw. chacune (65 HPZ et 500° c. aux turbines),
dont deux à Oran et une à Bône, permettront de produire
avec une consommation unitaire de 3.600 calories toute la puissance dont
l'utilisation annuelle sera supérieure à 2.000 heures, les
centrales conservées d'Alger, qui seront, dès que possible;
regroupées en une seule, assurant les secours et les appoints avec
une utilisation assez faible de la puissance pour qu'il. ne soit pas économique
d'en améliorer le rendement par une transformation complète.
Les nouvelles tranches d'Orann et de Bône seront, en outre, équipées
de manière à pouvoir consommer une gamme trèsétendue
de combustibles solides ainsi que du mazout de chauffe.
--------------Ainsi,
avec 480 millions de kwh. hydrauliques, 300 millions de kwh. thermiques
produits dans de bonnes conditions d'économie, et la ressource
oranaise encore imprécise (sud oranais, chotts oranais ou appoint
marocain), l'Algérie aura dans une dizaine d'années quadruplé
sa production totale de 1938 qui n'avait pas atteint 300 millions de kwh.
--------------La
nationalisation de l'électricité donne par ailleurs le moyen,
qui avait manqué jusqu'ici, de pratiquer une politique tarifaire
favorable à l'industrie.
--------------On
peut donc dire que, grâce à son effort patient et tenace
des dernières années, l'Algérie aura rempli la condition
préalable la plus essentielle de son industrialisation.
--------------D'autres
perspectives nous sont ouvertes pour un avenir moins immédiat.
La Direction des Recherches d'Electricité de France a abordé
les problèmes de l'énergie marine et de l'énergie
éolienne ; nous avons nous-mêmes l'intention d'orienter nos
propres recherches vers l'utilisation de l'énergie solaire, qu'il
ne faut d'ores et déjà plus considérer comme une
chimère. J'ai personnellement la conviction que nous pourrons avant
longtemps employer l'énergie solaire . à la production d'électricité
dans des conditions de prix de revient voisines de celles des meilleures
centrales thermiques.Pensez alors à L'importance des ressources
de l'Union Française dont de vastes territoires actuellement improductifs
comme le Sahara sont merveilleusement ensoleillés.
--------------Electricité
et Gaz d'Algérie compte apporter une contribution de plus à
l'industrialisation de l'Algérie : c'est clans le domaine du gaz.
Jusqu'à présent le gaz n'y a pas eu beaucoup d'utilisations
industrielles, et le coke produit servait surtout aux usages domestiques.
Les autres sous-produits du gaz étaient peu et mal utilisés.
L'industrie du gaz va être orientée à Oran d'abord,
à Alger ensuite, vers (le nouveaux objectifs. Voici par exemple
comment est conçue la nouvelle usine à gaz d'Oran, dont
les travaux sont en cours clans le quartier industriel d'Oran-La Sénia.
--------------On
construit actuellement une tranche de 80.000/100.000 m3 jour qui pourra
être étendue a
300.000 m3.
--------------La
première tranche comporte
- Une batterie (le fours à coke capable (le distiller 100 T. de
charbon par jour et d'être étendue à 350 tonnes.
--------------Elle
pourra fabriquer
- (lu gaz riche en carburant à 7.000 calories.
- (lu gaz riche de distillation,
- (lu gaz pour la synthèse,
-du coke dur pour la fonderie et les usages métallurgiques.
- Atelier de gaz à l'eau automatique avec craking de gas-oil et
de fuel-oil lourd, capacité 45.000 . m3/jour, extension possible
jusqu'au delà de 100.000 m3.
- Une batterie de cinq petits fours horizontaux d'appoint entièrement
mécanisé, capacité 20.000 m3/jour.
-Un atelier de traitement physique du gaz avec extracteurs, dégoudronnage
électrostatique, laveurs à naphtaline et à ammoniaque.
-Une station (le mélange des gaz.
- Un atelier de traitement chimique du gaz.
-Une station d'émission et de surpression à marche et à
dispatching automatique.
- Des gazomètres de 30.000 et 40.000 m3 à eau.
- Un atelier de traitement des goudrons et de fabrication des produits
routiers.
- Des réservoirs à gaz, moyenne pression à 7 kg.
--------------Toutes
les manutentions de charbon et de coke doivent être mécanisées
et tous les appareils ont été étudiés pour
éviter au personnel des travaux pénibles et pour réduire
son intervention à la commande et à la surveillance des
machines.
--------------La
conception du génie civil lui-même est particulièrement
originale et le Directeur du gaz, M. Lecutier, tout en recherchant la
simplicité et la standardisation de la construction, a eu spécialement
en vue l'ambiance agréable pour le personnel et l'adaptation au
climat.
--------------A
été mise à l'étude à Alger, la création
d'une batterie de fours à coke dans la zone des nouveaux quartiers
industriels de l'Oued Smar - Gué-de-Constantine - Baba-Ali, qui
jouera dans le complexe industriel d'Alger un rôle analogue à
celui de l'usine à gaz d'Oran dans le complexe industriel de La
Sénia.
TRANSFORMATION DES MÉTAUX
--------------L'industrie
de la transformation des métaux a été l'une (les
premières à se, développer en Algérie sous
la forme de chaudronnerie et de mécanique, et l'on y rencontre
les industries doyennes comme les importants Établissements Blachère
et Durafour à Hussein-Dey, Ducros à Oran, pour ne citer
que les plus anciens.
--------------Mais
des initiatives récentes sont venues s'y ajouter clans (le nombreux
domaines.
--------------C'est
d'abord la Société Nord-Africaine Ferroviaire (S.N.A.F.),
née en 1938, mais effectivement montée pendant la guerre,
qui s'est équipée pour l'entretien des automotrices Diésel
des Chemins de Fer, la fabrication d'appareils (le voie et la constructions
de wagons. Cela l'a amenée à prévoit des installations
de grosse forge qui seront les premières d'Algérie ; et
c'est pourquoi je la cite en premier lieu.
--------------Le
premier wagon construit en Algérie par la S.N.A.F. est sorti il
y a quelques jours.
--------------Un
autre projet de Sociétés d'économie mixte entre l'Algérie,
le Maroc et l'Armement pour l'installation de pilons à forger et
à estamper n'a par contre pas encore vu le jour.
--------------Dès
avant la guerre, le développement des travaux hydrauliques avait
attiré en Algérie les Ateliers Nevret-Beylier et Piccard-Pictet,
qui ont créé à la Côte Rouge, à Hussein-Dey,
des installations fort importantes dont voici quelques images.
--------------On
y construit la plus grande partie du matériel hydraulique des réseaux
d'irrigation et de nos usines hydro-électriques. C'est aussi grâce
à elles que l'usine hydro-électrique marocaine d'Im-Fout
a pu être mise en route pendant la guerre. Devant la véritable
fringale de matériel hydraulique qu'éprouvent aujourd'hui
les pays du monde entier - ils ont tous compris - l'usine de la Côte-Rouge
ne sera pas mal placée pour participer aux exportations.
Dans un ordre d'idées très différent, les Compagnies
d'Entreprises et (le Constructions Industrielles Algériennes (C.E.C.I.A.F.),
toutes deux installées au Gué-de-Constantine. et pourvues
de matériel moderne, en partie d'origine américaine.
--------------C'est
aussi dans ce quartier industriel que les Etablissements Carnaud veulent
déplacer leurs fabrications d'emballages métalliques, nécessaires
aux conserveries algériennes.
--------------Mention
doit être faite aussi des créations de mécanique (le
précision de la Société Arvidel à Oran et
des Etablissements Claude Bonnier à Alger.
--------------La
métallurgie de l'aluminium a été introduite à
Bône par l'Aluminium J.P. qui fabrique du matériel de ménage.
--------------Enfin,
une industrie prospère est celle des pylônes métalliques
électriques. On en faisait déjà dans de nombreux
ateliers spécialisés comme ceux de la Société
Parisienne pour l'industrie des Chemins de Fer et des Tramways Électriques
à Maison-Carrée ou non spécialisés comme les
Ateliers Durafour, les Ateliers Pandolfo à Alger, la Société
Oranaise de Constructions métalliques (S.O.C.) à Oran d'autres
fabrications comme celles des Ateliers Durafour à Bône, S.O.M.E.I
à Oued-Smar ont été agréées par le
Gouvernement Général de l'Algérie.
SIDERURGIE
--------------L'Algérie
qui produit des charbons cokéfiables et des minerais de fer de
choix aurait certes pu concevoir, à la manière du fameux
combinat ouralosibérien de Magnitogork-Koutznetzk, un combinat
qui aurait eu des caractéristiques semblables de distance (de l'ordre
de 2.000 kilomètres) si l'extraction de son charbon avait été
plus aisée. 1.1 n'est pas dit qu'une telle conception ne sera pas
réalisée quelque jour, mais elle ne parait possible qu'à
une échelle et sur un plan internationaux avec les producteurs
de fines à coke (Belgique ou Hollande par exemple) pour la production,
et avec les pays méditerranéens, notamment l'Italie, pour
l'écoulement (les produits. II ne faut pas oublier au surplus que
la région minière privilégiée de 'Algérie,
celle de l'Est Constantinois, produit des phosphates en même temps
que du minerai de fer, et que l'industrie chimique dérivée
des gaz (le fours à coke pourrait donc y compléter la gamme
(le ses fabrications, dont le nitrate d'ammoniaque est la plus importante,
par des superphosphates nitratés, réalisant ainsi tous les
engrais composés dont on peut avoir besoin dans le bassin méditerranéen.
Mais laissons cette vue (le l'esprit, qui n'est pas actuelle, pour les
choses plus immédiates.
--------------Après
avoir recherché ce qui pouvait être fait à l'échelle
algérienne et fait le tour (le procédés nouveaux,
comme celui de la fonte-ciment réalisé à Alhandra
au Portugal et en cours dé réalisation à Biache-St-Vaast
dans le Pas-de-Calais, le procédé de Vecchis en Italie pour
la production de produits qualité, on s'est arrêté
avec la Société Metna à un objet limité, celui
de,la production du fil machine d'acier dur élaboré au four
électrique à partir de ferrailles. Cette industrie, à
l'échelle de 10.000 T. an, est tout à fait viable, et M.
Decelle a pu annoncer qu'elle existait exactement à la même
échelle aux Etats-Unis. Des fabrications de béton précontraint
vont donc devenir sous peu algériennes à 100 %.
--------------L'Algérie
a encouragé les recherches sur la réduction directe pure
des minerais (le fer, qui permettrait d'utiliser ses minerais carbonisés
à fabriquer du fer pur surclassant le fer puddlé de Suède.
Le procédé Grosso, utilisé à l'échelle
du laboratoire chez Jacob Holtzer à Unieux, a donné de tels
résultats que les plus grands espoirs sont autorisés sur
le plan industriel.
--------------Les
industries de transformation des métaux ont eu tendance à
s'adjoindre de petits ateliers d'élaboration d'acier, soit au convertisseur,
soit au four électrique et si- chacune de ces initiative est relativement
modeste, la somme n'en est pas du tout négligeable. Elles' constituent
le petit équipement du pays, avec la souplesse que comporte la
dissémination de ces moyens.
--------------Enfin,
des fours Martin et un train de laminoirs avaient été installésà
Oran par la Safla, qui a beaucoup souffert de la guerre, et qui vient
d'être reprise par Pont-à-Mousson. Cette dernière
société qui a déjà dans sa dépendance
la S.O.C.O.M.A.N. et la M.E.T.N.A. fait ainsi un effort méritoire
en Algérie.
MATERIAUX DE CONSTRUCTION -- CÉRAMIQUE
--------------L'Algérie
possédait déjà une industrie suffisante de plâtre,
de chaux, de briques et de tuiles. Mais elle ne produisait pas assez de
ciment, pas du tout d'amiante ciment, de réfractaires, de faïences,
de sanitaires, de verre.
--------------Consommant
avant-guerre de 400 à 450.000 tonnes de ciment par an, l'Agérie
en produisait elle-même moins de 100.000 dans deux usines anciennes
de Pointe-Pescade et de Rivet.
--------------La
Société Nord-Africaine de Ciments LAFARGE a entrepris la
modernisation de son usine de Pointe-Pescade, qui sera équipée
de deux fours rotatifs produisant plus de 200.000 T. par an et sa filiale,
la Société des Ciments Artificiels d'Oranie construit à
El-Ksar, près de Saint-Lucien en Oranie, une usine extensible qui
sera équipée en première étape d'un seul four
capable de 120.000 tonnes par au et dont le plus sûr garant de perfection
est qu'elle fut le testament technique d'un des maîtres français
du ciment, le regretté M. ROUGER, tragiquement disparu dans un
accident de chemin de fer le 23 Janvier 1947.
--------------La
magnifique réalisation (le C.A.D.O. sera complétée
par une cité modèle, le personnel de l'usine étant
à loger entièrement.
--------------Pour
compléter son équipement de base, l'Algérie a recherché
d'autres concours pour édifier une cimenterie dans le département
de Constantine. Mais elle n'en a pas trouvé et a pris l'initiative
de constituer avec des entreprises non spécialisées et des
groupes financiers une Société d'Etudes, G.I.N.E.S.T.A.L.,
dont elle détient la majorité du capital mais en espérant
que l'initiative privée comprendrait ses obligations et reprendrait
vite ses droits.
--------------L'Algérie
qui construisait, et espérons-le, construira beaucoup encore et
qui a de vastes périmètres d'irrigation à équiper,
a trouvé auprès de la Société E.T.E.R.N.I.T.
et de la Société Métallurgique et Minière
Nord-Africaine, les concours qu'elle désirait pour édifier
deux usines d'amiante ciment (la Métropole n'en a que trois), l'une
au Gué-de-Constantine qui produira 10.000 T. de plaques et 7.000
T. de tuyaux et l'autre à Oran qui produira 5.ooo T. de tuyaux
et qui sera annexée aux autres .activités (le M.E.T.N.A.,
et notamment à celle des réfractaires réalisés
pendant la guerre par le Directeur Général actuel (le M.
DECELLE.
--------------A
signaler, également, l'extraordinaire développement et la
vitalité de l'industrie du béton précontraint appliquée.
à toutes sortes de fabrications, et notamment à celle (les
tuyaux, des poteaux et pylônes et des ponts.
--------------La
Société des Tuyaux BONNA à Maison-Carrée,
les Entreprises Champenois Bernard à Oued-Fodda, la Société
Commerciale et Minière de l'Afrique du Nord (SOCOMAN) au Fondouk,
à Affreville et à Laferrière, fournissent actuellementà
l'Algérie tout ce dont elle a besoin dans cette spécialité.
--------------L'industrie
du verre faisait totalement défaut à l'Afrique du Nord.
Les Verreries Nord-Africaines, filiale de la Compagnie de Saint-Gobain,
ont réalisé à La Sénia une usine magnifique,
produisant 30 tonnes de verre par jour, en bouteilles et flacons (35.000)
et gobeleterie (20.000) mais encore à l'exclusion du verre plat.
Le sable de carrière aient de Saint-Denis-du-Sig, le calcaire et
la dolomie (le Misserghin ; seul le carbonate de soude est encore importé.
Le four est chauffé au mazout, mais il est équipé
d'électrodes pour un éventuel développement de la
production qui est mécanisée à l'extrême.
--------------L'industrie
de la Faïence elle-même a pris pied
en Algérie, d'abord par l'initiative de MM. HUMBERT et RENAUD à
Berrouaghia, puis par celle plus importante de la Manufacture Nord-Africaine
de Faïence à Oran, filiale (le la Faïencerie (le Niderviller.
Celle-ci qui sera équipée d'un four tunnel à chauffage
électrique, sera du dernier cri. Le sable lui viendra aussi de
Saint-Denis-du-Sig, .l'argile kaolinique du Djebel-Debbar on d'importation.
La production de l'usine est orientée en premier lieu vers la vaisselle
et articles (le ménage et en partie destinée à l'exportation,
pour laquelle ?usine est géographiquement bien placée.
PRODUITS CHIMIQUES ET ENGRAIS
--------------Si
l'Algérie était pauvre en industries chimiques proprement
dites elle avait, par contre, pu installer avant la guerre d'importantes
fabrications d'engrais nécessaires à son agriculture.
--------------La
Société Algérienne de Produits Chimiques et d'Engrais
avait en effet installé à Maison-Carrée,
à La Sénia et à Bône des usines de superphosphates
qu'elle a complétées pendant la guerre à La Sénia
et à Bône par des ateliers (le fabrication de sulfate de
cuivre à partir des calchopyrites.
La Société Chimique Nord-Africaine Péchiney a elle-même
poursuivi l'installation au Gué-de-Constantine d'un atelier ayant
le même objet niais par un procédé, différent.
--------------Citons
encore parmi les initiatives prises pendant la guerre : celle de la fabrication
de produits sulfurés et de sulfo-ricinate de soude par les Etablissements
VOITURON à Hussein-Dey,
d'hypochlorite de soude par la Société Algérienne
d'Electro-chimie à Rouiba
et par les Etablissements COTELLE et FOUCHER à Maison-Carrée,
de crésyl par la Société Chimique et Routière
à La Sénia, de peintures et vernis par la Société
DUCO à Hussein-Dey et la Société ASTRAL-CELLUCO à
Alger, d'encres par les Etablissements BERTHON à Alger et LORILLEUX
à Alger, de Stéarine par les Etablissements ABELA à
Alger, de crins de Florence. d'éther sulfurique par M. BRUGUIER
à Mercier-Lacombe, (le plâtre chirurgical à Maison-Carrée,
le développement considérable des productions de la Société
l'Air Liquide pour satisfaire les besoins des Armées en hydrogène,
oxygène, acétylène, anhydride carbonique.
--------------La
Société des Allumettes Caussemille a également porté
sa production à un niveau supérieur à celui des besoins
du pays, ce qui lui a permis pendant la guerre d'aider les pays voisins
et de fournir les allumettes nécessaires à l'Armée
Française pendant la campagne d'Italie et jusqu'à la fin
de la campagne Rhin-Danube.
--------------L'Algérie
qui produisait déjà des explosifs chloratés à
Bellefontaine a vu s'installer aussi à Lavarande la Société
Algérienne d'Explosifs et d'accessoires de mines qui produit des
explosifs nitratés.
--------------Depuis
la guerre, de nouvelles initiatives sont enregistrées : c'est d'abord
la Société SOLVAY qui installe actuellement à Baba-Ali
une fabrique (le soude et de chlore dont les produits sont principalement
destinés au blanchiment de la pâte d'alfa dont il sera question
plus bas.
--------------La
Société (les Mines d'Ain-Arko a installé sur le cari-eau
de la Mine un atelier de traitement chimique des haldes pour l'extraction
sous la forme d'oxyde de zinc du métal des minerais pauvres dont
les stocks sont considérables par un procédé inédit
qui a été mis au point par M. TANON.
--------------Les
Raffineries de Soufre Réunies ont également été
autorisées par le Pouvoir Central à augmenter la capacité
(le leurs Raffineries Algériennes par reconstruction en Algérie
d'une partie de leurs installations détruites dans la Métropole.
--------------Une
distillerie d'alcool de betteraves est projetée à Mercier-Lacombe
par M. BRUGUIER et une distillerie d'alcool de sorgho et de topinambours
a été entreprise à Malakoff par la Société
ALCEDER, filiale de Pingris et Nollet-Fontaine.
--------------Papiers
et cartons. - Les premiers papiers d'impression ont été
produits en Algérie pendant la guerre par les Papeteries et Cartonneries
Modernes à Maison-Carrée qui ont poursuivi leur effort en
s'équipant pour la production de pâte à papier à
partir de paille et d'alfa et en mettant en service une nouvelle machine
à papier et une machine à carton ondulé.
--------------La
Compagnie Nord-Africaine de Cellulose (CELLUNAF) installe actuellement
à Baba-Ali au contact même de l'usine SOLVAY une fabrication
de papier d'alfa utilisant les procédés Pomilio à
la soude et au chlore pour le blanchiment de la pâte d'alfa. Cette
usine qui doit produire de 6 à 10.000 tonnes de pâte, est
plus qu'une usine pilote puisqu'elle est à l'échelle d'une
industrie normale, niais elle a cependant pour objet de mettre au point
des procédés qui seraient utilisés à une échelle
dix fois plus grande si l'on peut dégager sur les nouvelles ressources
en eau à attendre du captage des chotts oranais le débit
continu de deux mètres-cubes/seconde qui seraient nécessaires
à des fabrications de cette importance dans la région de
Relizane.
--------------Il
est inutile d'insister sur l'importance considérable d'une telle
éventualité puisque la production de papier d'alfa qui serait
alors réalisée aurait une valeur d'exportation d'une dizaine
>de milliards de francs, approchant le chiffre (le l'exportation des
vins qui fournit actuellement à l'Algérie l'élément
le plus important à l'actif (lu bilan de ses échanges.
CAOUTCHOUC
--------------L'industrie
du caoutchouc est née en Algérie avec la fabrication à
Hussein-Dey de tuyaux et articles moulés par la Société
Algérienne JACQUEAU BERGEONNEAU. L'industrie (lu rechapage a vu
également quelques initiatives intéressantes dont une sous
forme de coopérative.
--------------Les
nécessités de la guerre ont en outre enregistré quelques
fabrications nouvelles ; celle des tétines par la Société
Industrielle du Caoutchouc et des Matières Plastiques et celle
des membranes de pompes à essence par les Établissements
NOREL.
CORPS GRAS -
--------------Il
était naturel que l'Algérie qui produit de 20à 30.000
T. d'huile d'olives et qui importait avant la guerre des quantités
importantes d'huile de graine et la presque totalité du savon qu'elle
consommait, ait cherché à développer l'industrie
des corps gras.
--------------D'importantes
usines ont fait leur apparition sur les terre-pleins du Port d'Alger comme
celle des Huileries et Savonneries d'Algérie, celle de l'usine
LESIEUR AFRIQUE dont la masse ferme la perspective du Bassin de Mustapha
et l'Huilerie-Savonnerie TAMZALI en cours de construction.
----------------A l'achèvement
des travaux en cours les huileries algériennes seront capables
de traiter annuellement 50.000 tonnes de graines par pression et 34.000
tonnes de graines par solvant. Les Raffineries pourront raffiner 40.000
tonnes d'huile et la production des savonneries pourra atteindre 30.000
tonnes.
INDUSTRIE DU LIEGE
--------------L'Algérie
n'a pas le monopole de la production du liège comme elle a, avec
le Maroc et la Tunisie, celui de l'alfa. Mais, comme pour l'alfa, elle
a intérêt à valoriser le plus possible son liège
avant exportation.
--------------Une
Commission spéciale a été chargée par le Gouvernement
Général de coordonner l'emploi de la matière première
dont évidemment les bouchonneries et l'agglomération en
expansé pur ou en agglomérés blancs resteront les
principaux débouchés. Mais il faut citer parmi les fabrications
originales l'utilisation (les lièges comprimés à
la fabrication de fûts par la Société des Emballages
Isothermiques et le traitement chimique des déchets de liège
pour en extraire des acides gras, base d'une véritable chimie du
liège par les procédés du professeur Guillemonat,
et notamment d'une cire pouvant remplacer la cire (le Carnauba.
INDUSTRIES TEXTILES
--------------L'industrie
textile était déjà née avant la guerre, fortement
encouragée par l'Intendant Général CAHUZAC, mais
elle a dû, elle aussi, aux circonstances de la guerre, un développement
surprenant qui s'est surtout manifesté dans le département
d'Oran.
--------------La
laine algérienne assez grossière était employée
exclusivement pour la fabrication de tapis et couvertures mais, pendant
la guerre, à défaut des importations d'Australie et de Nouvelle-Zélande,
ill a bien fallu s'en contenter pour la confection des tissus.
--------------Toutes
les opérations, depuis la matière brute jusqu'aux tissus,
sont actuellement effectuées en Algérie ; le triage, le
dégraissage, le lavage, l'essorage, la teinture, l'ensimage, le
filage, le tissage et l'apprêt.
--------------La
Manufacture de Textiles Oranais (ancienne Manufacture de Tapis d'Orient)
est la plus ancienne des industries textiles. Elle peut laver 3.000 kilos
de laine et produire 2.000 kilos de fil par jour et 50.000 mètres
de tissus par mois.
--------------Elle
emploie plus de 1.200 ouvriers et ouvrières.
La Société Indigène de Prévoyance de Tlemcen
emploie 250 ouvriers et ouvrières dans son usine mais plus de 5oo
ouvriers travaillent également pour elle chez des artisans tisserands
de la ville.
--------------La
Filature Nord-Africaine dont l'usine est installée à La
Sénia peut laver 30.000 kilos de laine, en teindre 12.000 kilos,
tisser 14 à 15.000 f. de drap et apprêter 20 à 25.000
mètres de tissus par mois.
--------------Elle
fabrique (le la laine à tricoter et fait du tricotage mécanique
en produisant de 4 à 5.000
kilos de tricot par mois. Elle occupe maintenant 310 ouvriers et ouvrières.
au lieu d'une trentaine avant-guerre.
INDUSTRIES ALIMENTAIRES
--------------C'est
dans l'industrie alimentaire que se sont manifestées les initiatives
les plus nombreuses, les plus variées et les plus vivaces. Il ne
faut pas s'en étonner dans un pays de production essentiellement
agricole.
--------------Les
pâtes alimentaires doivent au blé dur algérien un
essor considérable. Les fabriques de produits (le régime,
les confitureries et conserveries (le fruits, de légumes et de
poissons les conditionnements de fruits secs, les fabrications d'apéritifs
n'ont guère besoin d'encouragement des Pouvoirs Publics pour se
développer de toutes parts. Leur développement a pour corollaire
celui de la fabrication (les emballages en fer blanc pour la conserverie.
des emballages en bois et en carton aussi bien pour les produits frais
que pour les produits conservés.
--------------Pour
les produits exportés à l'état frais il faut signaler
la création des premiers maillons de la chaîne du froid.
Celle-ci n'était guère représentée en Algérie
que par le frigorifique de Maison-Carrée créé par
l'Intendance au cours (le la première guerre mondiale. Il s'y ajoute
déjà (les abattoirs frigorifiques (lus à l'initiative
de l'Etat au Kroubs dans le département de Constantine et à
Tiaret dans le département d'Oran, dus à l'initiative privée
à Aïn-Oussera clans le département d'Alger.
--------------La
Société (les Entrepôts Frigorifiques Algériens
qui associe des frigoristes, des producteurs, des transporteurs, les Chemins
de Fer Algériens et la S.T.E.F. et qui avait -déjà
établi un entrepôt de transit portuaire dans les hangars
publics de la Chambre de Commerce d'Alger a créé à
Orléansville une station pilote de triage,' d'emballage et préréfrigération
pour les produits agricoles de la région irriguée du Chéliff.
--------------Les
compagnies (le navigation avant, de leur côté, pris une avance
assez sérieuse en ce qui concerne l'équipement de cales
frigorifiques, réfrigérées ou ventilées sur
les paquebots et sur les cargos des lignes régulière de
la Méditerranée et de l'Océan il devient urgent maintenant
de réaliser dans les ports les installations de transit et, à
Alger, où la question est la plus avancée l'entrepôt
portuaire devra procéder lui-même à la préréfrigération
d'une très grande partie des produits à embarquer puisqu'ALGER
se trouve au centre même d'une région de production de primeurs
et de fruits.
--------------La
Région Economique d'Algérie, dont l'action, grâce
à l'Office du Froid qu'elle avait créé, a été
déterminants en la matière, s'est entourée de tous
les avis techniques qu'il était possible de réunir en France
et en Algérie et elle a eu l'heureuse initiative de charger d'une
mission M. REES DAVIES, Directeur du Laboratoire du Froid de l'Afrique
du Sud.
--------------A
la suite de cette mission, elles a reçu l'autorisation de créer
elle-même ,à ALGER un organisme d'études frigorifiques
et la Chambre de Commerce d'ALGER a pris toutes les mesures préparatoires
pour l'exécution d'un entrepôt frigorifique au Port d'Alger
dans les installations de la nouvelle gare maritime.
--------------Ainsi,
peu à peu, se dessinent tous les maillons de la chaîne dont
la réalisation complète revêt pour
les producteurs et exportateurs algériens une importance considérable.
--------------C'est
à dessein que je n'ai pas parlé des industries depuis très
longtemps acclimatées en Algérie et notamment de l'industrie
extractive et de l'industrie du tabac qui jouent cependant un très
grand rôle clans la balance économique de l'Algérie.
***
--------------Cet
exposé malheureusement très incomplet, et dans lequel il
était matériellement impossible de citer toutes les initiatives
heureuses, montre cependant par la vérité des objets qu'il
effleure, que l'Algérie est entrée avec détermination
dans la voie de l'industrialisation. Elle ne s'y arrêtera pas, elle
défendra avec vigueur ses jeunes industries qui conditionnent son
progrès social. Les obstacles ni l'obstruction ne la rebuteront
pas.
Marcel WECKEL
Directeur général
d'Electricité et Gaz d'Algérie.
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