--------Tout le
monde est d'accord, en Algérie, sur l'importance de la recherche
de l'eau pour la mise en valeur intensive du pays ; PREVOST-PARADOL n'affirmait-il
pas déjà que c'était ici "
la question la plus importante " ?
--------Sur
l'initiative du Gouverneur Général CHATAIGNEAU, qui avait
participé aux importantes études concernant l'évaporation
dans les bassins fermés d'Asie Centrale, le Service de la Colonisation
et de l'Hydraulique, dont l'effort avait porté d'abord sur la construction
de barrages-réservoirs dans le Tell et sur l'utilisation rationnelle
de l'eau ainsi emmagasinée, puis sur l'exploitation par forages
des nappes artésiennes du Sahara, a inauguré, avec l'étude
du problème du Chott Ech Chergui, une nouvelle série de
recherches tendant à mobiliser des ressources aquifères
encore peu connues et inexploitées.
--------Sans
préjuger des résultats, on peut élire que cette nouvelle
orientation, si elle permet d'escompter des perspectives supplémentaires
de mise en valeur par l'eau, aura pour effet immédiat de poser
aux chercheurs de la science pure et appliquée des problèmes
inédits qui les conduiront à mettre en oeuvre des méthodes
nouvelles d'investigation où devront intervenir, sous des aspects
originaux, diverses branches des techniques dont la conjoncture a permis
d'arriver, sur des sujets plus courants, à d'intéressantes
conclusions.
LES HAUTES PLAINES ALGÉRIENNES
Éléments de Géographie physique
et humaine
--------Les
Hautes Plaines algériennes, comprises entre le Tell, au Nord, et
l'Atlas saharien, au Sud, ont une superficie voisine de 100.000 km2, soit
sensiblement une surface égale à celle du Tell (s.s.), représentant
environ le 1/6è de celle de la Métropole ; cette unité
géographique va du Maroc à la Tunisie, formant une large
gouttière dirigée Ouest-Sud-Ouest, Est-Nord-Est ; son altitude
passe de 1.000 mètres à la frontière marocaine à
40 mètres dans la zone du Hodna, pour se relever ensuite sensiblement,
avec une individualité moins nette, vers la frontière tunisienne,
prenant alors une direction franchement " parallélique ".
--------C'est,
par excellence, le Pays de l'Alfa et du Mouton : en période normale,
d'innombrables troupeaux d'ovins y suivent des itinéraires jalonnés
par des points d'eau encore trop rares, laissant entre eux d'immenses
pâturages, maigres certes, mais auxquels le mouton algérien
a su s'adapter.
--------L'ensemble
du Pays est très faiblement peuplé par des bergers indigènes
nomades auxquels s'ajoutent quelques Européens qui vivent, en la
dirigeant, de l'exploitation de l'alfa. Les agglomérations qui
s'y trouvent disséminées sont essentiellement des marchés
qui s'animent de façon incroyable une fois par semaine, pour le
" souk ", puis retombent dans une sorte de désespérante
torpeur. Dans la partie basse (Hodna), et plus vers vers l'Est, la culture
extensive des céréales a remplacé l'alfa, entraînant
les habitantsà un labeur relativement plus régulier, mais
finalement aussi hypothétique, quant aux résultats, que
" l'activité " des pasteurs et des alfatiers ; le climat
et le manque d'eau sont les causes naturelles de cette relative pauvreté.
Des tentatives récentes, particulièrement en ce qui concerne
la culture de l'olivier, permettent d'espérer que, en doublant
les possibilités de récoltes profitables, les Hautes Plaines
pourront devenir, non pas une zone de peuplement, mais un peu mieux qu'une
steppe en voie de dépeuplement.
Conditions hydrauliques actuelles
--------A
une ou deux exceptions près, l'hydrographie des Hautes Plaines
est tout à la-fois . spéciale et homogène, voire
même monotone. Les Hautes Plaines algériennes sont formées
par une série de bassins fermés, de relief peu accusé
et dont les limites, dans le sens Ouest-Est, sont fort imprécises.
--------Cette
unité géographique montre une remarquable homogénéité
climatique. C'est un pays à faible hauteur de pluies moyennes (200
à 300 millimètres), à pluviosité très
variable, résultant du caractère orageux des précipitations,
fortement venté, où l'amplitude des variations diurnes de
température est considérable et dont le trait dominant est
probablement la sécheresse tout à fait remarquable de l'atmosphère.
--------Cependant,
l'évaporation instantanée ne parvient pas à résorber
l'eau si parcimonieusement répandue. Malgré la violence
des pluies, le ruissellement est faible à cause, surtout, des faibles
pentes du pays : mais ce ruissellement n'est pas négligeable, et
il existe, dans la zone des points bas de chaque bassin, un "
Chott ", vaste étendue plane et salée, où
viennent se réunir, au moment des pluies intenses, pour s'y évaporer
à loisir, les eaux sauvages d'un nombre incalculable de petits
oueds très spéciaux n'ayant des torrents que l'importante
irrégularité des débits et non le caractère
essentiel d'une force érosive intense. Leurs eaux sont généralement
presque claires et les débits solides sont faibles et fins.
--------Par
ailleurs, si le ruissellement est faible, mais réel, l'infiltration
n'est pas négligeable, puisque les exutoires naturels (sources)
ou artificiels (puits) sont connus et que leur mode d'alimentation ne
saurait être différent de celui des ressources aquifères
des autres régions.
LE PROBLEME HYDRAULIQUE DU CHOTT ECH
CHERGUI
--------Dans la
famille fort homogène et vraisemblablement très " unie
" des chott algériens, le chott ech Chergui occupe
cependant une position singulière ; il est tout à la fois
le plus grand et le plus élevé des chott des Hautes Plaines.
Cette double particularité en décuple l'intérêt
pratique. Le chott ech Chergui a déjà été
plusieurs fois, avant les travaux récemment entrepris, l'objet
de l'attention des géologues et des hydrauliciens (C.B.M.
Flamand. " Recherches géologiques et géographiques
sur le Haut Pays de l'Oranie et sur le. Sahara ". Thèse de
Doctorat 1911. Rapport sur l'Utilisation des Eaux de l'AIN SK ROUNA du
9 janvier 1934 (Archives du Service de la. Carte géologique de
l'Algérie).). A vrai dire, il semble que ce soient les sources
qui le bordent au Nord, et particulièrement l'importante Aïn-Skrouna,
qui les aient intéressés et le problème d'ensemble,
tel qu'il se pose maintenant, n'avait jamais été évoqué,
ni même pressenti.
Structure géologique
--------Il
semble que, depuis très longtemps déjà (Miocène),
la région du chott Chergui constitue un. bassin pratiquement fermé.
--------Les
terrains rocheux plissés qui encerclent le chott existent aussi
sous lui avec une topographie qui leur est propre et dont les différences
de niveau ont été comblées par des apports continentaux
argilosableux de faible perméabilité.
--------Les
efforts tectoniques et le poids des sédiments accumulés
ont accentué, au cours des dernières, périodes géologiques,
la forme initiale de cuvette de la région.
Hydrologie
--------La
superficie du bassin versant est d'environ 40.000 kilomètres carrés
; la hauteur d'eau moyenne sur la région est de 250 millimètres
environ.
--------Une
partie de cette eau s'infiltre dans le sol et, par des circulations souterraines,
tend à gagner la. partie basse de la cuvette.
--------Les
terrains argilo-sableux qui surmontent les calcaires créent d'autre
part un obstacle à la sortiefacile des eaux du calcaire, de sorte
qu'il existe sous le chott une nappe artésienne très importante.
--------On
avait constaté depuis longtemps déjà l'existence
d'un plan d'eau généralisé dans la région
du chott et voisin de la cote 1.000
--------On
a donc été amené à penser qu'il existait un
exutoire à cette cote faisant office de déversoir et, permettant
d'éliminer toutes les eaux s'infiltrant dans le terrain.
--------Un
inventaire des eaux visibles restituées à cette cote, surtout
par sources, donne pour le bassin, un total voisin de 3o millions de mètres
cubes d'eau par an, soit un mètre cube par seconde.
--------Or, les précipitations
sont de 10 milliards de mètres cubes et il ne semble pas illogique
d'admettre que la quantité d'eau qui s'infiltre dans le sol représente
au moins un milliard de mètres cubes, soit 10 % des précipitations.
--------Le
bassin étant fermé, les eaux ruisselées et les eaux
infiltrées ne peuvent disparaître que par évaporation
ou résurgences lointaines.
--------Un
ensemble d'observations a abouti à l'établissement d'une
théorie qui considère que les eaux qui s'infiltrent dans
les roches perméables du bassin gagnent, en circulant dans les
fissures (le ces roches, la partie basse de la cuvette et remontent ensuite
à travers le remplissage argilo-sableux qui la surmonte, soit par
des crevasses locales donnant naissance à des sources abondantes
(AIN-SKROUNA, 500 litres-seconde), soit par des circulations très
lentes à travers les pores de cette couverture très peu
perméable.
--------La'
vitesse de cette dernière circulation pouvant être de quelques
dizaines de centimètres par an amènerait à la surface
du chott des quantités d'eau très importantes, de l'ordre
du milliard de mètres cubes, et permettrait ainsi son évaporation.
Etudes par sondages
--------Il
s'agissait avant tout de préciser que les eaux du chott se trouvaient
bien dans un bassin hydrologiquement fermé ; autrement dit, il
fallait éliminer l'hypothèse des résurgences lointaines.
--------Une
première série de sondages réalisés dans les
calcaires de la bordure Nord du chott a permis de préciser qu'au
droit d'une ligne N.S. pasant par l'AIN-SKROUNA (t) il existe un seuil
imperméable dont la situation a été précisée
par différents sondages forés dans le flanc sud et dans
le flanc nord des montagnes séparant le chott du Tell.
--------Il
semble donc que de ce côté un obstacle à l'écoulement
des eaux du chott existe réellement. L'étude par sondages
a été poursuivie et a eu comme buts
--------1°
de préciser l'épaisseur des terrains de remplissage miopliocènes
;
--------2°
la nature des terrains rocheux sous-jacents, calcaires au Nord, grès
au Sud ; et surtout
--------3°
de vérifier l'existence d'une nappe artésienne généralisée
sous le chott.
--------L'épaisseur
minimum rencontrée a été de 4o mètres et un
sondage en cours de forage en a traversé plus de 300 mètres
déjà.
--------En
ce qui concerne la nature des terrains rocheux, ils sont constitués
par du calcaire extrêmement fissuré identique à celui
qui affleure dans la zone Nord du chott.
--------Quant
à l'étendue de la nappe et à sa généralité,
la vérification en a été faite à chaque sondage,
le niveau statique s'établissant toujours aux environs de la cote
1.000, soit, en gros 7 mètres au-dessous du chott.
Piezomètres
--------Il
fallait enfin prouver l'existence d'une circulation d'eau à travers
les argiles sableuses recouvrant les calcaires ; pour cela, on a foré
à des profondeurs croissantes des piézomètres et
on a constaté qu'effectivement la pression des eaux dans le terrain
augmentait avec la profondeur.
--------Cette
augmentation est voisine de 2,5 cm d'eau par mètre de terrain traversé.
--------On
a de plus constaté que les piézomètres placés
entre 0 et 10 mètres étaient influencés par les pluies
ou par des inondations artificielles du chott, les sondages atteignant
des profondeurs plus grandes ne l'étant pas.
--------Les
différences enregistrées par les piézomètres
prouvent l'existence d'une circulation de bas en haut à travers
les terrains de recouvrement des calcaires.
|
------- |
Débits des Calcaires
--------Des
quantités d'eau importantes ont été retirées
des sondages artésiens qui ont recoupé les calcaires.
--------C'est
ainsi que l'on a enregistré les débits suivants au cours
du forage de sondages parfois distants de plusieurs kilomètres,
et ce sans influence sur le débit des sources comme l'AIN-SKROUNA
--------S.
6 ....................20 litres/seconde
--------S.
7 ....................60 litres/seconde
--------S.12....................70
litres/seconde
--------S.65....................40
litres/seconde
--------S
65 bis ............. 22 litres/seconde
--------Le
programme de travaux arrêté pour 1948 comporte 10 nouveaux
sondages de vérification. C'est là une vérification
de la puissance de la nappe artésienne.
Recherches par Puits
--------L'ensemble
des renseignements donnés par les observations, en particulier
par les sondages, a conduit à reconnaître d'une manière
plus directe la nature et l'importance des circulations dans le calcaire
par le fonçage d'un premier puits d'étude à grande
profondeur. F
--------Le
puits a été implanté à 6 kilomètres
environ au Nord de l'AIN-SKROUNA, sur la ligne générale
N.S. des sondages précédemment exécutés.'
--------Il
a été précédé d'un forage implanté
à 8 mètres de l'axe de puits. Ce forage a donné les
renseignements sur la nature exacte des terrains rencontrés ainsi
que sur la profondeur du contact calcaire à l' emplacement du puits.
Le calcaire a été atteint à 117 mètres de
la surface, lés venues d'eau importantes à 142 mètres.
--------L'installation
est complétée par une série de piézomètres
forés à des distances et à des profondeurs variables
autour du puits.
--------Aux
profondeurs de 25, 50,, 75 et 10o mètres, la paroi du puits sera
creusée de niches où seront installés les groupes
de pompage.
--------Ces
niches, prolongées en galerie, iront recouper le sondage N°12
sur lequel seront faits les piquages nécessaires à la mesure
des débits.
--------L'ensemble
de l'installation de recherche du puits permettra d'effectuer des pompages
dans le forage au fur et à mesure du foncement du puits, puis dans
les calcaires à la base du puits après achèvement
de l'ouvrage.
--------On
obtiendra ainsi les premières données sur les débits
qu'il est possible de recueillir à partir d'un forage ou d'un puits,
ainsi que sur les rabattements de la nappe consécutifs à
ces débits et, partant, sur les circulations dans le terrain sous-jacent.
--------Le
fonçage du puits constitue la transition entre les recherches scientifiques
pures, dont le but était de préciser la nature et l'importance
du phénomène du Chott, et les recherches plus pratiques
dans le but de préciser la nature des travaux à effectuer
pour le captage et l'utilisation des eaux souterraines du Chott.
--------Les
crédits de 1947 ont permis de foncer le puits jusqu'à une
trentaine de mètres. Le programme de 1948 comporte l'achèvement
de ce travail de reconnaissance de première importance.
Mesures de l'Evaporation et Divers
--------Pour
étudier le phénomène d'évaporation de la surface
de Chott, on a établi des. tours d'observation de 15 mètres
de hauteur dans la bordure Nord du Chott.
--------On
y effectue régulièrement les mesures du degré hygrométrique
de l'air à diverses hauteurs, la mesure de la température
de l'air correspondante, 'a mesure des directions et vitesse du vent,
etc...
--------On
peut ainsi calculer l'enrichissement en vapeur d'eau des courants d'air
circulant au-dessus du Chott et en déduire par suite les quantités
évaporées.
--------En
outre, des mesures directes et indirectes d'évaporation sont en
cours et se poursuivront pendant toute l'année 1948.
--------Le
programme de 1948 comporte, en plus de ces essais, la mise au point définitive,
par construction de 4 nouvelles tours, du procédé de mesure
du degré hygrométrique de l'air.
Analyses chimiques
--------De
nombreuses analyses des eaux de toutes origines ont été
réalisées.
--------On
peut en déduire que les eaux des calcaires sont de bonne qualité,
les résidus secs étant de 1,6 gramme par litre, dont : o
g. 8/1 de chlorure de sodium, le degré hygrométrique de
l'ordre de 70.
Installations de Skrouna et du Chott
--------L'ensemble
des recherches du Chott exige la présence à SKROUNA d'ingénieurs,
de personnel de cadre, d'ouvriers, ainsi que l'amenée et l'entretien
d'un matériel important et l'acheminement de ravitaillement en
des points extrêmement dispersés, la surface à étudier
étant grande comme 7 départements français.
--------Il
a fallu permettre aux gens de vivre et de travailler dans une région
sévère et déshéritée, située
à 8o kilomètres des villages les plus voisins, y faire fonctionner
et y entretenir un matériel important.
--------Les
installations du camp de SKROUNA ont été conçues
dans ce but ; elles comprennent pour l'instant
---------
des bâtiments construits en dur (briques et béton) ou en
baraquements améliorés (Nicssen ou Rodney recouverts de
tourbe).
--------Ces
bâtiments comprennent un hôtel, des logements pour personnel
marié avec leur famille, des chambres ou des dortoirs pour célibataires,
des réfectoires.
---------
des bâtiments sanitaires, des bureaux, des ateliers mécaniques,
ateliers bois, magasins, garages, dépôts.
--------L'eau,
pompée dans un sondage voisin de la source, est distribuée
sous pression ; l'énergie et la lumière sont fournies par
des groupes électrogènes groupés en une centrale
de lao KWA ; un réseau d'égouts évacue les eaux usées.
--------Les
installations, suffisantes pour un effectif de 8o personnes existant au
début de 1947, deviennent très exiguës pour l'effectif
actuel, qui dépasse largement 200 personnes.
--------La
présence des familles nécessite la construction d'une école,
ainsi que de nouveaux services communs : en particulier poste, téléphone
et médecin, ces derniers d'un intérêt incontestable,
le Chott pouvant pendant plusieurs jours rester isolé (neige ou
pluie coupant la piste) ; mais ces nouvelles constructions, malgré
leur intérêt, ne pourront pas être entreprises en 1948
par suite du manque de crédits.
--------Enfin,
les liaisons avec les centres habités les plus proches, SAIDA,
MARTIMPREY, AINKERMESS, KRALFALLAH, ainsi que les liaisons entre les sondages
ou les centres de travaux dispersés sur l'étendue désolée
des Hauts Plateaux, ont nécessité la construction, l'amélioration
et l'entretien de plusieurs centaines de kilomètres de pistes praticables
aux véhicules automobiles.
Bilan des travaux
--------Partant
d'une idée toute théorique résultant de l'examen
d'un bilan hydrologique de la région du Chott Chergui et d'un ensemble
de constatations géologiques et physiques, on a entrepris des travaux
importants de sondages, de fonçages de puits, de pompages, de mesures
d'évaporation, d'établissement d'accès et de construction
de centres d'études.
--------Les
résultats obtenus jusqu'à ce jour confirment l'idée
générale de l'existence d'une richesse aquifère importante
exploitable à la cadence de l'ordre du milliard de mètres
cubes d'eau par an.
--------Cette réserve
aquifère de 1 milliard de mètres cubes présente ce
double intérêt
---------être
d'une excellente qualité pour l'irrigation de 200.000 hectares,
c'est-à-dire permettre de quadrupler les zones irrigables du département
d'Oran.
---------
être située à la cote 1.000 et pouvoir être
" chutée " jusqu'à la cote 150 environ et, par
suite, être capable de produire plus d'un milliard de kilowatts-heure,
c'est-à-dire fournir une production analogue à celle du
barrage de GENISSIAT.
--------Ajoutons
même que jusqu'à présent rien n'a infirmé les
dires des Techniciens qui sont à l'origine de cette étude.
--------Au
contraire, les possibilités aquifères de la région
se confirment de jour en jour et on peut espérer que les travaux
en cours, s'ils sont poursuivis à bonne cadence, permettront de
présenter prochainement un avant-projet (le captage et d'exploitation
d'eau (irrigation et production d'énergie électrique) susceptible
de transformer, en une génération, de vastes régions
et d'améliorer considérablement les conditions de vie des
populations locales.
GENERALISATION DU PROBLÈME DES CHOTTS
--------Le
groupe de bassins fermés " Chergui-Gharbi-Tigri
" forme, certes, un bel ensemble hydraulique. Il est encadré
à l'Ouest (BERGUENT) et au Nord-Est (MASSILINE) par deux anciens
bassins fermés, dont le fond était occupé par des
chotts, bassins aujourd'hui ouverts, celui de l'Ouest ayant été
capté par l'Ouedza (GULFAIT), affluent de la Moulouya, celui de
l'Est par le Cheliff (BOUGHZOUL).
--------Mais
il convient de concevoir le problème hydraulique en l'étendant
à tous les chott algériens.
--------Chaque
chott ou chaque groupe de chott ne doit pas être considéré
comme formant une unité indépendante. Au point où
en sont rendues les investigations actuelles, on peut dire qu'à
une exception près, peut-être (cas
des Zahrez Gharbi et Chergui qui sont engagéq dans un synclinal
paraissant se fermer complétement vers l'est, vers Hodna. Présomption,
mais non certitude, pour admettre que la communication dans ce sens ne
peut se faire. En tout cas, elle reste possible par le haut bassin souterrain
du Cheliff au nord.), il semble bien qu'une liaison hydraulique
souterraine existe à partir du chott le plus haut (ech Chergui)
jusqu'au chott le plus bas (Melrhir), l'écoulement pouvant d'ailleurs
continuer au delà, vers l'Est (Sud tunisien et Tripolitaine) et
vers le Sud (Oued Rhir, Souf, Touggourt, Ouargla). L'extraordinaire richesse
des nappes de ces pays, sans rapport semble-t-il avec les hauteurs de
pluies dont ils jouissent, s'expliquerait-elle de la sorte ? Serait-il
possible qu'une fraction (le l'eau tombée et infiltrée sur
les confins algéro-niarocains puisse, de proche en proche, de bassin
en bassin, de pays en pays, atteindre les confins opposés de l'Afrique
mineure française ?
--------Et,
dans ce cas, sera-t-il possible, ainsi que les travaux entrepris au chott
ech Chergui semblent le laisser espérer, (le trouver dans cette
série des chott algériens un élément de solution
au problème démographique de ce pays ?
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