Alger, Algérie : documents algériens
Série économique : industrie
L'industrie algérienne

12 pages - n°121 - 30 mars 1957

Étant donné que l'essor démographique pose de façon aiguë le problème du non-emploi et que d'autre part, s'impose la nécessité d'élever le niveau de vie par la modernisation des structures économiques, les Pouvoirs publics doivent concilier deux impératifs : permettre à l'ALGÉRIE d'utiliser les investissements de manière à accroître l'emploi, sans entraver pour autant l'usage rationnel des techniques de production. ll est évident, par exemple, que «l'automation» ne saurait, de façon générale, être appliquée en ALGÉRIE où le problème n'est pas de produire coûte que coûte, mais bien de créer de l'emploi.  

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LES OBSTACLES A L'INDUSTRIALISATION.

 -------Si l'on excepte l'exploitation minière qui, entreprise très tôt, n'a pas tardé à jouer un rôle important dans la mise en valeur du pays, en 1940 encore, les possibilités industrielles de l'Algérie se limitaient à des secteurs bien déterminés où elles répondaient à des besoins spécifiques, assurant la mise en oeuvre des matières premières locales, l'entretien des machines ou, très souvent, se bornant à fournir des produits façonnés sur demande.

 -------A l'approche du XX"'" siècle, en effet, les perspectives d'avenir de l'économie algérienne, à peine naissante, reposaient exclusivement sur le développement d'une agriculture qui était encore à créer et à organiser entièrement et qui requerrait la concentration de tous les efforts. Par suite, on ne pouvait dés ce moment projeter d'amener ce pays qui avait à combler un retard considérable dans le domaine agricole, au niveau de développement industriel des pays modernes.

 -------Ce problème n'était pas particulier à l'Algérie et on le voit se poser aujourd'hui dans les pays sous­développés. Mais actuellement, à la différence de la grande majorité de ces pays, l'Algérie a atteint le stade d'une économie agricole en grande partie évoluée, ce qui lui permet d'entreprendre un certain effort d'industrialisation.

 -------Mais, à toutes les difficultés que rencontre de façon générale une politique d'équipement industriel dans un pays économiquement retardé, s'ajoutait pour l'ALGERIE l'absence de vocation naturelle à l'industrialisation intensive : matières premières, ou insuffisantes, ou trop dispersées et éloignées, longueur et difficulté des communications en raison de l'étendue du pays, rareté et cherté des sources d'énergie, faible volume des capitaux privés algériens susceptibles de s'investir, coût du crédit, étroi­tesse du marché intérieur, etc. Autant de difficultés qui paraissaient, jusqu'en 1940 encore pratiquement insurmontables.

 -------De plus, la nécessité d'un large équipement industriel demandant des investissements massifs n'ap­paraissait pas avec la même évidence que de nos jours, puisque l'ALGERIIE trouvait toutes facilités pour s'approvisionner en produits manufacturés, grâce à son appartenance à l'ensemble économique national

NECESSITE DE L'INDUSTRIALISATION : LE PLAN.

  -------Ainsi l'idée d'une Algérie industrielle ne date que d'une dizaine d'années. Tout d'abord, eh effet, la dernière guerre, en privant l'ALGÉRIE de ses sources habituelles d'approvisionnement, a fait apparaître la nécessité de la mettre, au moins partiellement, à l'abri des conséquences d'une période de rupture avec les marchés extérieurs. Mais surtout, la poussée démographique et les possibilités limitées d'extension de l'agriculture, qui occupe les 3/4 de la population active, ont rendu vitale pour le pays l'existence d'un ensemble industriel capable d'offrir de l'emploi à une main-d'oeuvre chaque jour plus nombreuse et de créer du même coup un complément de revenu nécessaire à l'élévation du niveau de vie des populations.

 -------L'Institution en 1946 du plan d'industrialisation de l'ALGERIE, après diverses tentatives plus ou moins heureuses pour installer des industries de remplacements pendant les années de guerre, a donc répondu à ses nécessités et l'évolution rapide qui s'en est suivie a entraînéle développement d'un enseignement technique important et la recherche scientifique appliquée.

SITUATION DE L'INDUSTRIE ALGÉRIENNE.

  -------Aujourd'hui, la part du secteur industriel dans le revenu global intérieur brut de l'ALGÉRIE ap­proche ou 'Mme dépasse 32 % ; l'ALGERIE possède un éventail de productions industrielles qui croissent chaque année e.., volume et en nombre, et qui ont été orientées de façon à satisfaire les besoins les plus impérieux du marché intérieur ou à transformer sur place des produits et matières premières qui étaient auparavant exportés à l'état brut.

 -------Les industries les plus importantes se situent sur la bande côtière où vit la fraction la plus évo­luée de la population algérienne. Métallurgie, textiles, industries chimiques, huileries et savonneries, industries alimentaires, matériaux de construction et liants hydrauliques, etc. se sont installés surtout près d'ORAN (La Sénia), près d'ALGER (dans la région qui s'étend de la banlieue-sud au Gué-de-Cons­tantine) enfin, aux environs de BONE. Cependant, l'intérieur n'est pas dépourvu d'activités industriel-les : celles qui traitent sur place, notamment, les matières premières et les produits de l'agriculture (carrières, semouleries, minoteries, ateliers de conditionnement de denrées viviéres, confitures, jus de fruits et sirops) ; en outre, l'ALGERIE dispose déjà d'une sucrerie de betteraves.

 -------Les activités dont l'essor a été le plus sensible sont, dans l'ordre, la transformation des métaux, la production des métaux, les papiers et cartons, les industries chimiques et parachimiques, l'industrie des corps gras et de la savonnerie, enfin la fabrication des matériaux de construction.

 -------Mais cet effort d'équipement industriel n'aurait pas été possible sans une politique d'accroissement des ressources énergétiques - électricité, charbon - que les Pouvoirs publics ont menée à un rythme ac­céléré, bien que les moyens naturels de production soient insuffisants et que l'exploitation de certains gisements ne soit pas immédiatement rentable. A cette fin, des investissements publics considérables ont dû être réalisés à partir de 1947-1948 et maintenus depuis, de façon constante.

 -------Ce programme, qui reposait sur un véritable acte de foi puisque les possibilités d'industrialisation de l'ALGERIE étaient à cette époque très controversées, a porté aujourd'hui ses fruits : non seulement il a permis de doter l'ALGERIE d'un équipement industriel rentable, mais encore il lui ouvre des perspectives inestimables en cc qui concerne l'exploitation future des immenses ressources sahariennes.

 -------Voici comparés, sur la base 100 de 1950, les indices généraux de la production industrielle de 1951 à 1955 qui sont assez significatifs de la croissance récente de la jeune industrie algérienne :

 

1951

1952

1953

1954

1955

Indice général sans le bâtiment ..

116,8

119,7

122,3

133,2

146,9

Indice du bâtiment et des travauxpublics

109

108.2

109,5

115,1

117,1

Indice général avec bâtiment     ....

113,6

114,9

116,9

125,8

134,8

LE PLAN D'INDUSTRIALISATION DE L'ALGERIE

 -------Plan et non planification. — Quelles sont les grandes lignes de ce plan ? Parler de plan est assez impropre puisqu'il ne s'agit pas de planification au sens où l'entend une économie dirigiste. Une politique de planification doit. en effet, pour être efficace, substituer dans une large mesure l'intervention des Pouvoirs publics à l'initiative privée, ce qui conduit en fait à une industrie d'Etat ;1'ALGERIE qui participe à un système d'économie libérale ne pouvait s'accommoder d'une économie étatisée.

 -------Le plan d'industrialisation consiste en un ensemble de mesures destinées essentiellement à encoura­ger l'implantation ou l'extension d'industries. en fournissant aux entreprises privées les moyens d'affron­ter tes problèmes de première installation et de fonctionnement. Ces mesures visent tout au plus à fa-favoriser le développement des activités industrielles les plus conformes à l'intérêt général.

 -------Par ailleurs, au même titre que la planification autoritaire, une politique qui tendrait à une autarcie totale ou partielle doit être également écartée puisque la symbiose économique avec la FRANCE pre­sente pour l'ALGERIE infiniment plus d'avantages que d'inconvénients. L'objectif précis de ce plan est donc essentiellement de compenser le handicap que la compétition avec les industries métropolitaines imposerait aux industries algériennes naissantes.

 -------Mesures prévues. — Les mesures qui découlent de l'agrément au Plan d'industrialisation (dégrève-me abattements. ristournes de diverses sortes', essentiellement. d'ordre fiscal, sont, le cas échéant, complétées par d'autres mesures d'ordre financier : garantie de l'ALGERIE pour les emprunts à long terme d'équipement, de modernisation nu de commercialisation de productions, conventions avec des établissements ls de crédit spécialisés, bonification nos taux d'intérêt etc. II suit de 15 qu'il ne peut y avoir de création d'industries en dehors de l'initiative privée. Le processus est alors le suivant : les projets de création d'industrie, venant d'initiatives privées, une fois déposés. ne seront a agréés au plan o qu'après étude minutieuse, par une Commission spéciale, s'ils satisfont à certaines conditions, à savoir que la fabrication envisagée réponde aux besoins du marché intérieur, sans entrer en concurrence avec les industries algériennes déjà existantes, ou qu'elle soit susceptible d'exportations et assurée de larges débouchés ; que le projet, tant dans sa conception que dans les moyens à mettre en œuvre pour sa réalisation, offre un minimum de garantie de viabilité ; que les promoteurs accordent aux Pou­voirs publics un certain droit de regard sur les conditions de leur gestion tant que durera l'agrément, etc. Enfin, priorité est accordée aux projets d'industries susceptibles d'employer une main-d'oeuvre im­portante.

 -------L'agrément consiste donc à accorder le bénéfice des mesures d'aide en tout ou partie, suivant l'importance et l'intérêt de l'entreprise, et pour une durée bien déterminée au-delà de laquelle l'entreprise doit avoir atteint en équilibre suffisant pour assurer seule son fonctionnement, à moins de circonstan­ces imprévisibles. Mais bien entendu, l'agrément peut être retiré si une mauvaise gestion de l'entre-prise est constatée.

 -------L'intervention des Pouvoirs publics ne se manifeste pas autrement. Dans certaines circonstances ex­ceptionnelles, ils ont pu cependant être amenés à inviter des industries présentant un intérêt incontesta­ble pour le pays, à s'implanter en ALGERIE. Les Pouvoirs publics n'ont eu recours à de telles initia­tives que fort rarement, à propos de cas bien déterminés, et se sont ,contentés alors de proposer le bénéfice de l'agrément classique.

 -------Résultats. — L'intérêt et l'utilité de ce plan ont été prouvés par les résultats. Pour les seuls éta­blissements agréés qui étaient en 1955 au nombre de 130 et groupaient des activités évoluées — toutes les industries nouvelles ne sont d'ailleurs pas agréées au plan — les investissements réalisés de 1946 à 1954 sont de l'ordre d'une vingtaine de milliards et la masse de salaires et avantages sociaux divers distribués par eux seuls, atteint annuellement cinq milliards de francs. Il est à souligner que la créa­tion d'une usine nouvelle, agréé ou non, entraîne toujours, soit la création d'industries ou d'ateliers an­nexes, soit le développement de certains secteurs dans les usines déjà existantes, ainsi qu'un redou­blement d'activité dans de nombreuses branches. Ces répercussions sont difficilement chiffrables et n'entrent pas dans les indications d'investissements, salaires et avantages qui précèdent.

L'ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL ET LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE APPLIQUEE

  -------L'industrialisation de l'ALGERIE faisait apparaître la nécessité de procurer très rapidement du per­sonnel de maîtrise et d'encadrement et les Pouvoirs publics ont alors accru leurs efforts en vue de créer de nombreuses écoles techniques et professionnelles, outre la formation accélérée d'une importante main-d'oeuvre qualifiée. Sans entrer dans le détail, il suffira pour mesurer l'importance des réalisations ce domaine, de rappeler que depuis deux ans, une Ecole d'Etat, l'Institut Industriel de MAISON-CARREE, délivre le diplôme d'ingénieur des Travaux publics, qui jouit déjà en Métropole même, d'une très grande renommée.

 -------Dans le domaine de la recherche scientifique appliquée, l'ALGERIE a favorisé et aidé une série d'ex­périmentations visant à déterminer les possibilités naturelles ou à répondre à des besoins primordiaux. Le service de l'Hydraulique a entrepris les expériences sur la pluie provoquée. Dans un laboratoire de l'Ecole nationale d'Agriculture de MAISON-CARREE, un appareillage de production de gaz de fumier a été mis au point.

 -------L'utilisation de l'énergie solaire dans un pays où les sites favorables sont nombreux, devait susciter l'intérêt de la puissance publique. Un Héliodyne de 50 kwh, miroir parabolique de 8 mètres d'ouverture, a été construit et mis en place dans l'enceinte de l'Observatoire de la Bouzaréa. On y expérimente la synthèse de l'oxyde azotique et la fusion des matières ultra-réfractaires. Ces recherches sont animées et suivies par le Conseil Supérieur de la Recherche Scientifique appliquée d'ALGERIE.

 -------Riche en minerais de fer mais dépourvue de sidérurgie, l'ALGERIE a entrepris depuis quelques années la mise au point industrielle d'un procédé de réduction des minerais et notamment des carbonates par l'action de gaz réducteurs. Elle s'est associée dans ce but avec l'Office national industriel de l'Azote et une Société minière locale.La chimie des eaux, science expérimentale toute récente, donne également lieu à des recherches, notamment en vue du dessalement qui permettraient d'utiliser les nappes des chotts.

LA SITUATION ACTUELLE DES DIFFÉRENTS SECTEURS INDUSTRIELS
L'INDUSTRIE DE TRANSFORMATION

 -------Métallurgie, mécanique et électricité. -- Outre quelques ateliers de pièces moulées en fonte, l'ALGERIE possède deux installations sidérurgiques d'inégale Importance : une batterie de four Martin et des la­minoirs dans la région d'ORAN, qui produit annuellement 20.000 t. environ de laminés par utilisation de ferrailles locales et un convertisseur à ALGER.

 -------Le tréfilage des métaux non-ferreux, cuivre et aluminium notamment, est assuré dans les envi­rons d'ALGER par une importante usine qui alimente deux câbleries et satisfait l'ensemble des besoins de l'ALGERIE en fils et câbles pour courants forts et faibles.

 -------Des ateliers de charpente, de chaudronnerie, de mécanique générale, nombreux et bien équipés, assurent sans difficulté la maintenance d'un parc automobile et de tracteurs agricoles et de génie civil en constante augmentation.

 -------Un atelier spécialisé dans la fabrication des équipements mécaniques pour barrages et réseaux d'irrigation, prend une part de plus en plus active au développement de cette branche du génie civil.

 -------L'industrie du fer blanc dispose, dans les enviions d'ALGER, de puissantes chaînes de fabrication qui satisfont très largement les besoins des conserveurs.

 -------Des industries nouvelles, spécialisées dans la fabrication de radiateurs, accumulateurs au plomb, res­sorts de toute nuance, ont été créées dans le cadre du Plan d'industrialisation, et depuis la fin de 1956, un premier élément de chaîne de montage de camions automobiles a été mis en place dans les envi­rons d'ALGER.

 -------Dans le domaine radioélectrique, l'ALGERIE dispose d'une industrie et de laboratoires capable de fabriquer et de contrôler certaines séries de postes émetteurs, récepteurs et d'en assurer la mainte­nance.

 -------Un atelier de fabrication de postes téléphoniques a été créé à ALGER. Il fournit une part impor­tante des postes, tableaux et standards que réclame l'Administration des P.T.T.

 -------Dans le domaine ferroviaire, l'ALGERIE dispose, près de BONE, d'un important atelier de montage de wagons, qui assure, en outre, la réfection des gros moteurs Diesel et à explosion.

 -------L'essor de l'industrie algérienne, très diversifiée dans le domaine de la transformation des métaux et des utilisateurs mécaniques et électriques, confère maintenant au pays une relative autonomie.

 -------De flagrantes insuffisances subsistent néanmoins, que le Plan d'Industrialisation s'efforcera de :combler, car la preuve est maintenant faite que l'entretien de l'équipement industriel de 1'ALGERIE peut être très convenablement assuré par l'industrie locale dont la main-d'oeuvre et les cadres acquiè­rent graduellement une excellente qualification professionnelle.

 -------Industrie chimique et connexes. — Cette branche d'activité est prospère, quoique limitée momenta­nément à certaines productions classiques essentiellement destinées aux besoins de l'agriculture.

 -------Les plus anciennes industries de ce type se sont consacrées à la transformation de matières pre­mières du pays : l'exemple le plus caractéristique en est la fabrication des engrais phosphatés au dé-part de phosphates naturels transformés en phosphates solubles par l'action de l'acide sulfurique, luis même produit au départ de pyrites de fer dont il existe un gisement dans la région de PHILIPPEVILLE.

 -------Les besoins de la viticulture et des cultures vivrières en produits antiparasites ont, par ailleurs, :conduit à l'installation de trois raffineries de soufre et d'un atelier de produits anticryptogamiques ; les unités utilisent des soufres bruts importés.

 -------Il existe aussi une production limitée de sulfate de cuivre au départ des déchets collectés dans l'in­histrie des métaux.

 -------La création, aux environs d'ALGER, d'une papeterie utilisant l'alfa et la paille, s'est accompagnée de celle d'une usine connexe de soude et de chlore par électrolyse, qui fournit en outre de l'hypo­chlorite et des produits lessiviels.

 -------Trois ateliers répartis sur le territoire procèdent à l'encartouchage des explosifs nitratés et chloratés nécessaires aux Mines et aux Travaux publics et à la fabrication des cordeaux détonants et des mè­ches ; la fabrication des amorces est à l'étude.

 -------Deux usines très rationnellement équipées ont été implantées dans le département d'ORAN pour traiter les argiles smectiques et le kiéselghur des carrières locales. Les terres activées et les produits filtrants qu'elles fabriquent servent au raffinage des huiles minérales et végétales ou bien sont utili­sées dans l'industrie des antibiotiques. Elles entrent pour une part très importante dans l'activité d'ex­portation. Dans le domaine du caoutchouc industriel. une usine en voie de modernisation et d'extension fournit déjà toute la gamme des tuyaux et pièces moulées communément employés. Une centrale de mélanges est en projet, ainsi qu'une manufacture d'enveloppes et de chambres à air.

 -------Quelques usines bien équipées produisent tous les types de peinture et de vernis synthétiques cou­rants, des mastics, des encres d'imprimerie et des rouleaux encreurs.

 -------Une usine située près d'ALGER satisfait enfin, par sa production d'allumettes cire et bois, la tota­lité des besoins du pays et exporte même sur les territoires voisins. On note, parmi les créations les plus récentes, une importante usine d'antibiotiques et un atelier d'extraction et de conditionnement des alcaloïdes dans les environs d'ALGER. Les besoins de l'agriculture en engrais azotés, l'opportunité de créer une poudrerie et une dynamiterie, ont conduit à l'élaboration de plusieurs projets de fabrication d'ammoniaque ou d'acide azotique. L'éventualité de ressources locales en hydrogène donne actuellementà ces projets un intérêt accru.

 -------Matériaux de construction. — C'est dans le domaine des matériaux de construction que, dès la mise en train du plan d'industrialisation, les investissements les plus productifs ont été réalisés.

 -------Matériaux pauvres, les ciments artificiels supportent des charges relativement élevées de fret à l'importation. C'est la marge de prix que ces frets représentent et aussi le fait que l'Algérie est riche en calcaires et argiles, qui ont provoqué, en 1949, la création d'une très belle cimenterie à SAINT-LUCIEN, dans l'Oranais, et la modernisation et l'extension de celle qui existait déjà à ALGER.

 -------Actuellement, les besoins globaux du pays en liants hydrauliques, qui vont en s'accroissant d'an-née en année, sont satisfaits par ces deux usines et quelques autres unités secondaires bien équipées, à l'exception de l'Est constantinois qui continue à être alimenté par la métropole et la Tunisie.

 -------Les matériaux préfabriqués ont connu un réel succès: deux usines d'amiante-ciment, l'une dans l'Oranais et l'autre dans l'Algérois, fabriquent des plaques de couverture et des tuyaux pour l'irriga­tion. Cette fabrication couvre très largement les besoins.

 -------De tradition ancienne et solidement assise, l'industrie algérienne de la céramique est représentée dans le pays par des séries d'usines utilisant les ressources locales en argiles fines et produisant une gamme trèsvariée de briques et de tuiles.

 -------L'industrie des carreaux de ciment comprimé est également ancienne et très active. Les ressources naturelles en plâtre et chaux hydrauliques sont largement utilisées et satisfont totalement aux be­soins.

 -------L'industrie du béton armé, dans sa forme la plus moderne telle que la précontrainte du béton, a fait naître des usines puissantes dans l'intérieur du pays, à l'occasion de créations de périmètres d'ir­rigation et de constructions de grandes conduites d'adduction d'eau, pour satisfaire aux besoins en pylônes divers pour lignes électriques aériennes, et enfin pour l'équipement des grands barrages-ré­servoirs.

 -------Un petit atelier de briques réfractaires a été créé près d'ORAN, premier chaînon d'une industrie sidérurgique. Il ne satisfait que partiellement aux besoins des foyers industriels.

 -------Les besoins du pays en revêtements, faïence, dallages, grès et appareillage sanitaire sont encore entièrement tributaires de l'importation.

 -------L'ALGERIE dispose d'une très belle carrière de marbre blanc, celle de Filfila et de diverses res­sources en onyx. Cette industrie, complétée par quelques ateliers de sciage, doit être largement utilisée pour les programmes de construction divers qui modifient si heureusement et si rapidement l'aspect des grandes villes algériennes.

 -------Textiles et cuirs. — Hormis la fabrication artisanale de tapis et de tissus traditionnels, l'ALGERIE reste encore largement tributaire de l'importation en ce qui concerne la laine, le coton et les cuirs forts. Mais ORAN et TLEMCEN, notamment, constituent des centres de choix pour la consolidation et l'extension des activités de filature, tissage, conditionnement et apprêt des tissus de laine Ces centres avaient réussi à trouver des débouchés réguliers lorsqu'en 1955, la fermeture de la Manufacture des Textiles Oranais à TLEMCEN, à la suite d'une concurrence extérieure très sévère et en dépit de l'ap­pui fourni par les marchés des administrations civiles et militaires, a fortement fait baisser la produc­tion de textiles.

 -------Il reste actuellement, près d'ALGER, une usine très moderne de filature et de tissage de coton. En raison des prix et aussi de la modicité de la production locale de coton, cette usine travaille des cotons importés. Elle vise surtout à satisfaire les besoins militaires et administratifs, mais fournit aussi au secteur civil une gamme de plus en plus étendue de tissus légers. Elle dispose en annexe d'une tein­turerie qui peut travailler à façon, en sus du traitement de ses propres tissus.

 -------Un effort important est encore à accomplir dans le domaine de la préparation des cuirs en tan­nerie et dans celui de la confection.

 -------Des projets viennent heureusement de se concrétiser à cet égard.

 -------Industries alimentaires. Minoteries. — Orientées aussi bien vers la farine que vers la semoule, les 60 minoteries installées en ALGERIE suffisent à ses besoins et permettent l'exportation de semoule. En outre, les usines de pâtes alimentaires ont une capacité de 300.000 qx de pâtes alimentaires, ce qui leur laisse une marge appréciable d'exportation.

 -------Des biscuiteries industrielles et modernes se sont installées également, pour répondre à la demande du marché algérien. Cette industrie doit, elle aussi, permettre une exportation.

  -------Jus de fruits. — Alimentée par une matière première d'excellente qualité, une industrie des jus de fruits, de type très moderne, a connu un essor considérable à mesure que se perfectionnent les techniques de fabrication et de conservation. Avec ou sans extraits d'huiles essentielles, les jus de fruits destinés à être consommés tels quels ou les extraits appelés à parfumer les c sodas a font rob-jet d'exportations vers l'EUROPE Centrale en particulier.

 -------Corps gras alimentaires. — Très ancienne industrie algérienne, puisque l'olivier, culture méditer­ranéenne par excellence, a été jadis très répandue en ALGERIE et reste aujourd'hui une des ressour­ces principales de la KABYLIE, l'huilerie s'est modernisée dans les grandes villes en faisant appel à toutes les graines exotiques, cependant que l'antique artisanat se maintenait sur les lieux de produc­tion. L'ALGERIE triture, raffine et exporte de l'huile d'olive et importe soit des graines, soit des huiles brutes fluides ou concrètes pour les triturer, les raffiner et les livrer à la consommation intérieure. Elle a acquis dans ce domaine une autonomie complète et exporte une huile d'olive recherchée pour sa finesse.

 -------En ce qui concerne la savonnerie, industrie complémentaire de l'huilerie, la production, d'excel­lente qualité, couvre les besoins du pays.

 -------Conserveries. — Fruits, légumes, viandes, poisson, sont mis en conserves avec des capacités de l'ordre de 40.000 tonnes pour les fruits et légumes et 100.000 tonnes pour viandes et poisson. Ces pro-duits abondants en ALGERIE sont susceptibles d'exportation.

  -------Verres creux. — L'ALGERIE possède, depuis 1947, une verrerie très moderne, d'une capacité an­nuelle de 12.000 t. équipée pour la fabrication de verres creux blancs ou colorés : bouteilles, flacons, gobeleterie, etc... Les produits de cette industrie, de qualité excellente, satisfont les besoins intérieurs du pays, notamment en bouteilles, et sont partiellement exportés.

 -------La production demeure susceptible d'extension dans diverses branches laine de verre, verre plat, cristallerie ; les matières premières sont partie d'origine locale, partie importées.

  -------Papiers et cartons. — La richesse de l'ALGERIE en alfa a incité, en 1947, un très important groupe papetier français à créer, aux environs d'ALGER, une usine de fabrication de pâtes de cellulose blan­che, pourvue de puissantes machines à papier. La pâte est à prédominance d'alfa, mais avec adjonction de paille ; le procédé de blanchiment emploie la soude et le chlore gazeux qui sont fournis par un atelier connexe d'électrolyse de sel, lui-même produit dans une saline d'ORANIE.

 -------L'usine algérienne, capable d'une production annuelle de l'ordre de 18.000 t., exporte à l'étranger la presque totalité de sa production. Malgré les difficultés du marché international, l'excellence de sa technique de fabrication et la qualité de ses papiers lui permettent d'affronter heureusement la concurrence.

 

  -------L'industrie des papiers d'emballage est assez répandue dans le pays. Elle utilise, dans des ateliers petits et moyens, les vieux papiers récupérés et la paille.

 -------Des études sur l'emploi possible d'autres ressources cellulosiques (lin textile, eucalyptus) ont été, par ailleurs, entreprises.

 -------Riche en liège, l'ALGERIE a vu se développer, notamment dans les régions forestières producti­ves, de nombreux ateliers de préparation de plaques et des bouchonneries.

  -------Un procédé d'extraction des acides gras du liège, susceptible de valoriser considérablement les débris en produisant une cire et une matière plastique de choix, a été, en outre, mis au point.

  -------Tabacs. — A l'heure actuelle, un peu plus du quart de la récolte algérienne est manufacturée sur place par 45 fabriques (ALGER : 17, ORAN : 5, CONSTANTINE : 23). Compte tenu des adjonctions de tabacs exotiques, les quantités manufacturées s'élèvent aux alentours de 10.000 t. sur lesquelles, en moyenne, un peu plus de 6.500 t. sont consommées en ALGERIE, l'excédent étant exporté dans t'Union Française.

MINES.

 -------Minerais de fer. — Les minerais de fer algériens sont riches (50 à 60 %, peu silicieux et non phosphoreux; ils peuvent rivaliser avec ceux de SUEDE et d'ESPAGNE et sont très recherchés, en particulier par la métallurgie anglaise. Le centre de production le plus important en est la mine de l'OUENZA.

 -------Freinée pendant les hostilités par de multiples difficultés, la production n'a cessé de croître depuis 1945, en raison de l'évolution favorable du marché mondial, et surtout de la modernisation et de la mécanisation méthodique des exploitations, entreprise sous l'impulsion du Service des Mines. En 1953, la production a atteint 3.372.000 tonnes et les exportations, vers l'étranger, pour la quasi-totalité, se sont élevées à plus de 14 milliards de francs, soit près du dixième du montant des exportations totales.

 -------On estime actuellement à plus de 100 millions de tonnes les réserves de l'ALGERIE en minerais de fer ; elles sont constituées surtout par les exploitations de l'OUENZA, du ZACCAR et de BENI-SAF.

  -------De très importants efforts d'équipement, qui tendent à la mécanisation des gîtes et à la moderni­sation des installations de four et d'embarquement des minerais, ont été entrepris par les exploitants et doivent être poursuivis à une cadence accélérée.

 -------Phosphates de chaux. — C'est l'ALGERIE qui, la première, en AFRIQUE DU NORD, exploita les phosphates de chaux. Par la suite, elle eut à subir la concurrence des phosphates tunisiens et surtout américains et marocains qui, situés à proximité de la mer et généralement plus riches, ont une situa­tion plus favorable.

 -------La production, qui s'est stabilisée aux environs de 600 à 700.000 t. par an, est en partie traitée sur place pour être transformée en engrais.

 -------On procède actuellement à la mise au point de divers procédés d'enrichissement qui permettraient aux phosphates algériens d'améliorer leur position sur le marché mondial.

 -------Les gisements se trouvent dans la région de TEBESSA et de SETIF. Au KOUIF (près de TE­BESSA), le minerai essentiellement destiné à la fabrication des engrais, a une teneur moyenne de 65 % et subit, de ce fait, une très forte concurrence de la part des minerais qui titrent 75%.

 -------Au M'ZAITA, on extrait du minerai principalement destiné à la métallurgie et à l'industrie du phosphore.

 -------Le gite du KOUIF étant en voie d'épuisement, on projette de lui substituer, dans quelques années, la production du Djebel ONCK qui est évaluée à 500 millions de tonnes.

 -------L'équipement de cette nouvelle carrière, le transport du minerai après enrichissement et son pla­cement sur le marché, font actuellement l'objet d'études très poussées.

 -------Autres minerais métalliques. — Les mines algériennes, en raison de leur importance moyenne, sont particulièrement sensibles aux fluctuations des marchés internationaux. Néanmoins, la produc­tion a connu un certain développement. C'est ainsi que la production, en 1953, évaluée en tonnes de métal récupérable, s'est élevée à 7.900 t. pour les phosphates, contre 3.000 en 1951 et à 19.200 t. pour le zinc, contre 8.000 en 1951.

 -------La création d'équipements nouveaux, bien que tempérée par la conjoncture des prix, a été étudiée et a toutes chances d'être effectuée dans les plus prochaines années. Le programme correspond à une augmentation globale d'environ 40% de la production actuelle.

 -------En ce qui concerne les minerais associés (plomb, zinc et cuivre), grâce aux prospections du Bu­reau de Recherches Minières d'ALGERIE, un gîte situé dans le massif de Cavallo et qui pourrait pro­duire 3.000 t. de métal par an, est sur le point d'être exploité.

 -------C'est sur la recherche minière, préambule indispensable à l'exploitation industrielle de gisements minéraux sélectionnés, que l'effort de lALGERIE a essentiellement porté et a connu les résultats les plus tangibles.

 -------A cet effet, un établissement public, le Bureau de Recherches Minières d'ALGERIE a été institué et, dans le cadre du premier plan quadriennal d'équipement économique et social, a pu non seulement s'équiper excellemment en moyens humains et matériels, mais encore sélectionner par des prospections systématiques, le territoire algérien, les zones sahariennes comprises.

  -------Son action a déjà permis de mettre en valeur un certain nombre de gîtes exploitables, tels que les minerais de fer de TINDOUF.

  -------Charbon. — L'ALGERIE possède à KENADZA, dans le Sud oranais, un gisement de houilles demi-grasses dont l'exploitation a été confiée, en 1949, à un Etablissement national, homologue des houil­lères de bassin de la Métropole. L'équipement de cette mine, dont la productivité normale atteint 300.000 T. par an, a été très efficacement réalisé depuis. Quatre descenderies mécanisées, un lavoir, une station électrogène de 7.000 kw. ; des bâtiments pour le logement des mineurs, des services sanitaires, des ateliers pour l'entretien du matériel en constituent l'essentiel. Au surplus, des recherches systé­matiques de nouveaux gîtes de charbon ont été entreprises et poursuivies. Elles viennent de permettre la mise en exploitation industrielle d'une nouvelle couche à 70 km. environ de KENADZA, qui produit dès à présent 200 t/j de charbon gras cokefiable. La réserve reconnue du bassin est actuellement éva­luée à 20 millions de tonnes. Mais, cette mine se trouve à 600 km. du port le plus proche, NEMOURS, auquel elle est reliée par voie ferrée normale ; la distance moyenne que ces produits ont à parcourir pour atteindre la clientèle algérienne est, par voie ferrée, de l'ordre de 1.000 km.

 -------Le transport impose donc une charge très lourde qui, s'ajoutant à un prix de revient d'extrac­tion équivalent à la moyenne métropolitaine, rend les charbons du Sud-Oranais difficilement com­pétitifs, étant donné les prix actuels des charbons concurrents importés.

 -------Cette production n'en demeure pas moins essentielle à l'économie du pays et l'activité des recher­ches minières aux confins algéro-marocains et dans le Sahara septentrional, si l'on en juge par les résultats déjà obtenus, doivent lui assurer, dans l'avenir une expansion rationnelle.

 -------Cette mine occupe présentement 4.000 ouvriers autochtones, encadrés par quelques mineurs spé­cialisés qui ont su leur donner une bonne qualification professionnelle. La masse globale des salaires distribués dans cette région steppique atteint ainsi un milliard par an et joue un rôle essentiel dans son économie naissante.

 -------C'est un résultat absolument remarquable que d'avoir pu équiper selon les normes les plus modernes un bassin houiller lointain et à couches minces.

 -------Le charbon industriel produit fournit le complémentaire aux charbons maigres du bassins maro­cain de DJERADA. Ensemble, ils assurent dès maintenant un avenir réel aux projets de valorisation des matières premières de cette région, riche en mines métalliques et en gites de fer et apte, par sa position géographique, à l'implantation d'industries de sécurité.

LE PETROLE

  -------Dès l'année 1951, le Service des Recherches Minières a entrepris en ALGERIE le relevé métho­dique des indices d'hydrocarbures et mis au point un programme d'investigations géologiques ; aussitôt après la fin des hostilités, en 1945, un organisme d'État, le Bureau de Recherches de Pétrole, a été créé en vue de mettre en oeuvre un programme général de recherches en FRANCE, en A.F.N. et dans l'Union française.

 -------En novembre 1946, une société était à son tour créée pour prendre la suite de ces travaux : la Société Nationale de Recherches et d'exploitations de Pétroles en ALGERIE (SN REPAL) dont le capital fut réparti par moitié entre l'ALGERIE et le bureau de recherches de Pétrole. Cette société d'Etat se proposait essentiellement de donner une impulsion aux recherches pétrolières en éveillant, par son exemple, l'attention des sociétés privées sur l'intérêt de la prospection dans les régions sahariennes.

 -------Cet objectif fut atteint au-delà de toute espérance. et une intense compétition s'est. développée tant en ALGERIE du Nord que dans les régions les plus désertiques du SAHARA, entre les plus importants groupes industriels qui sont successivement intervenus sous contrôle du Gouvernement.

 -------L'état actuel de ces travaux est le suivant :

  -------La seule ressource en pétrole brut exploitée est actuellement celle du gisement de l'Oued-Gue­terini, près d'Aumale (dép. d'ALGER) découvert et exploité pur la Société des Pétroles d'AUMALE, (filiale de la SN REPAL). Sa production est passée de 243 t. en 1949 à 75.000 t. en 1954 pour tomber à 57.350 L en 1955. On doit s'attendre à une décroissance régulière de la production de ce champ très limité et très disloqué par les plissements de l'Atlas.

  -------L'activité de forage de la SN REPAL s'est portée d'abord tout naturellement sur les zones les plus rapprochées de la côte. Après 60.000 mètres de forages, aucune production commerciale n'a pu être décelée dans le Chéliff. Le problème de la ]localisation du pétrole ne peut cependant être consi­déré comme définitivement résolu dans cette zone.

  -------En second lieu, le pétrole a été rencontré en de nombreux points du Bassin du Hodna vrais différentes difficultés techniques ont empêché jusqu'ici tout essai de valorisation de ces indices.

  -------Enfin, dans l'Est constantinois (Djebel FOUA) d'importants débits de gaz ont été mis à jour niais la conjoncture générale a conduit la société à différer momentanément la poursuite de l'exploi­tation.

 -------A partir de 1949, la Compagnie Française des Pétroles (ALGERIE) filiale de la Compagnie Fran­çaise des Pétroles, conjugue ses efforts avec ceux de la SN REPAL. pour la prospection systématique des hydrocarbures dans la partie septentrionale du SAHARA. 14 permis exclusifs de recherches d'hydrocarbures d'une superficie totale de 250.000 km2 dont 7 ont été accordés à la seule SN REPAL, constituent le domaine d'activité de ce groupement d'intérêts, chaque société conservant entière liberté d'action au sein de sa zone propre.

  -------EN FEVRIER 1952, la Compagnie de Recherches et d'Exploitation du Pétrole au SAHARA (C.R.E. P.S., filiale de la Régie Autonome des Pétroles 55 % et du Groupe Shell-Royal-Dutch 35 %, SN REPAL 5 %, B.R.P. 5 %) se 'met à son tour sur les rangs. Un ensemble de permis de recherches d'une superficie totale de 145.000 km2 situés à la bordure nord du massif cristallin du Hoggar est attribué à la C.R.E.P.S. tandis que la C.P.A. se voit accorder un ensemble de permis couvrant 160.000 km2.

  -------L'immense territoire qui se trouve soumis à la prospection est caractérisé par l'épaisseur des terrains qui recouvrent les a roches mères » et les « roches réservoirs du pétrole et des gaz com­bustibles. Aussi cette infrastructure pose-t-elle des problèmes particulièrement ardus aux techni­ciens qui recouvrent essentiellement à la photographie aérienne et à la prospection géophysique.

  -------Deux chiffres donnent une idée de l'ampleur de la tâche.

 ------- A la fin de 1955, près de cinquante kilomètres de forages avaient été exécutés par l'ensemble des sociétés — qui occupaient 2.000 personnes dont 150 ingénieurs et assimilés et 400 techniciens et spé­cialistes. Le montant global des dépenses atteignait environ 20 milliards de francs (dont la moitié pour la seule année 1955).

  -------Tel est le bilan, à la fin NOVEMBRE 1956, des résultats obtenus dans les différents secteurs.

  -------Fin 1953, la C.R.E.P.S. a découvert au Djebel BERGA (100 km. sud d'In-Salah), à 1.400 mètres de profondeur, dans des grès poreux du Dévonien inférieur, une réserve très importante de gaz combustible. Les recherches intérieures ont révélé l'existence dans l'Ahnet de gisements analogues qui jusqu'ici n'ont pas fourni de pétrole en quantité commerciale.

  -------Les grès du même stage contiennent des indices importants d'huile légère dans la partie occi­dentale de l'Oued-Rhanbi et d'EL-GOLEA.

  -------En mars 1956, la C.R.E.P.S. a mis à jour vers 650 mètres de profondeur, dans les grès carbo­nifères de l'Erg Bourarhet, au voisinage de la frontière libyenne, une huile légère d'excellente qualité. D'autres indices positifs ont été reconnus dans ce district où la prospection se poursuit très active-ment.

 -------En juillet 1956, à 130 km. S.E. de LAGHOUAT, la C.F.P. (A) rencontre à 2.250 mètres de profon­deur. dans les grès triasiques, une quantité notable de pétrole brut d'excellente qualité.

  -------En Août 1956. à 3.300 mètres de profondeur, les essais effectués par la SN REPAL sur les grés triasiques recoupés par le sondage d'Hassi-Messao Id (75 km. à vol d'oiseau, Est d'OUARGLA), four­nissent — à raison de plusieurs m3/h sous une pression de gisement de 450 kg/cm2 — une huile légère, de densité 0,80, très fluide et exempte de soufre. L'épaisseur du réservoir dépasse ici — pour le moment — la centaine de mètres. Il n'a pas encore été traversé complètement.

  -------Enfin, au début de Novembre 1956, le sondage d'Hassi-R'Mel (70 km. NW de GHARDAIA) exé­cuté par la C.F.P. (A) pour le compte de la SN REPAL rencontre, à 2.132 mètres les grès triasiques fortement imprégnés d'un gaz combustible renfermant une proportion appréciable de produits con­densables.

 -------On voit ainsi qu'en moins de trois ans, les hydrocarbures ont été rencontrés à des profondeurs variant de 600 mètres à 3.200 mètres avec des pressions de gisement permettant d'escompter des débits commerciaux si les structures se révèlent convenablement imprégnées.

  -------Reste à déterminer, dans les mois qui suivent, les caractéristiques des grès réservoirs à proximité des belles découvertes réalisées.

  -------Si les espoirs suscités se réalisaient, si ces ressources se révélaient aptes à une mise en valeur sur une vaste échelle, la physionomie de l'économie algérienne s'en trouverait singulièrement trans­formée.

L'INDUSTRIE ALGÉRIENNE DANS LA CONJONCTURE EXCEPTIONNELLE PRESENTE

 -------Bilan en 1956. — La crise qu'affronte l'ALGERIE depuis le 1" NOVEMBRE 1954 a eu des réper­cussions assez divergentes sur son équipement industriel, d'une part, et sa production industrielle, d'autre part.

 -------Les événements politiques ont pu évidemment, sinon décourager les initiatives et les investisse­ments privés, du moins les amener à adopter souvent une attitude d'expectative. Aussi, si l'on ajoute que la conjoncture économique mondiale est défavorable, on ne s'étonnera pas qu'au cours des années 1955 et 1956 le développement normal du plan d'industrialisation ait été freiné et que peu d'industries nouvelles aient été créées durant cette période.

  -------Mais il en va différemment de la production industrielle. Les industries algériennes sont, en effet, essentiellement concentrées autour des grandes villes du littoral ; par suite leur activité ne s'est pas ressentie durant toute l'année 1955 de l'action séditieuse et a pu se poursuivre normalement et même continuer à s'accroître puisque la moyenne trimestrielle de l'indice général de la production indus­trielle, le bâtiment et les travaux publics exclus, a accusé une augmentation de 13,7 points. L'acti­vité minière même, cependant la plus exposée, puisqu'un certain nombre d'exploitations ont été tou­chées, a pu progresser dans l'ensemble pendant toute l'année 1955. Son indice, est passé, en effet, de 135 en 1954 à 150,7 en 1955, marquant une amélioration générale de 15,7.

  -------Pourtant la situation a évolué différemment au cours de 1956 où on a pu constater un léger affaiblissement des indices de production. Voici comparés à ceux de 1955, les indicesdes trois premiers trimestre de cette année:

 

 1955

1956

 

 1er Trim.

 2è Trim.

 3è Trim.

Indice général dans le bâtiment

146.9

137,94

130,24

136,39

Indice du bâtiment et des travaux publics..

117,1

109,98

117,90

120,59

Indice général avec bâtiment    

134,8

126,53

125,56

129,95

 -------Alors que les tabacs, allumettes, corps gras, savons, papiers et cartons, électricité et gaz conti­nuaient leur expansion et que la production de houille, la presse et l'édition demeuraient station­naires, l'extraction de minerais, la production et la transformation des métaux, les productions chi­miques et parachimiques, les textiles et les matériaux de construction subissaient, de façon inégale, une certaine régression.

 -------Différentes causes, relativement indépendantes les unes des autres expliquent cette situation. Ce sont d'abord des difficultés d'approvisionnement apparues au cours de l'année 1956 à la suite de l'allongement parfois considérable des délais de livraison demandés par l'industrie métropolitaine. En outre, le commerce métropolitain a apporté certaines restrictions de crédit dans ses rapports avec le commerce algérien, tenu souvent d'effectuer ses achats au comptant ; enfin, à l'intérieur du pays, les difficultés de transport n'ont pas été sans provoquer certaines perturbations. De sorte que si l'insécurité de certaines régions explique un léger ralentissement des activité, son influe £ce reste comparativement minime, au regard de la conjonction de facteurs économiques divers durit l'origine est souvent totalement étrangère à l'action séditieuse.

 -------L'action des Pouvoirs publics. — Reste que cette situation a retenu l'attention des Pouvoirs publics car si elle ne compromet pas dangereusement pour l'avenir le potentiel industriel de l'ALGERIE, elle ne manquerait pas de constituer, en se prolongeant une menace sérieuse pour l'expansion de [équipement industrie], expansion qui a été provoquée, encouragée et soutenue depuis de nombreuses années et dont la fin essentielle était la promotion sociale des populations algériennes.

 -------Par suite, les Pouvoirs publics ont redoublé d'efforts pour attirer, en dépit des circonstances, les initiatives et les investissements des capitaux privés. Et non en vain, puisque, l'industrialisation, après un ralentissement, vient de prendre un nouveau départ pendant le mois de DECEMBRE 1956: 31 industries nouvelles sont agréées ; certaines sont déjà entrées dans la voie des réalisations et le lancement des autres doit suivre au cours de l'année 1957.

 -------Les projets de création. — Parmi les créations projetées, il en est de considérables. On peut signa­ler deux usines de fabrication de postes de radiophonie émetteurs-récepteurs et de pièces détachées de matériel radio ; une chaîne de montage de chassis-cabine et de camions automobiles lourds ; une usine de machines à tricoter individuelles ; une fabrique d'articles industriels en caoutchouc ; une autre, très importante, d'articles à base de matières plastiques ; une fabrique de sucre de betteraves ; une usine de lingots de bronze pour n'en citer que quelques-unes ; de nombreuses usines, dans le do­maine des industries chimiques, des matériaux de construction, du tissage, de la papeterie, etc..., égale-ment importantes, sont aussi en voie de s'installer.

 -------Ainsi, en travaillant à créer de nouvelles industries, en dépit de la conjoncture défavorable, la communauté nationale témoigne clairement de sa confiance en un avenir de progrès et de concorde.

LES PERSPECTIVES D'AVENIR DE L'INDUSTRIE ALGERIENNE

  -------Les possibilités. — On a vu que la part du secteur industriel dans le revenu global intérieur brut de l'ALGERIE avoisine d'ores et déjà ou dépasse 32 %. Or, en Métropole, la part du secteur indus­triel est nettement supérieure à celle de l'agriculture qui n'intervient que pour 16 % environ dans le revenu national ; c'est dire que la marge laissée au développement industriel de l'Algérie est encore ssee large.

 -------Sans doute la Métropole a-t-elle atteint un équilibre économique auquel l'ALGERIE ne peut prétendre en l'état actuel de ses ressources naturelles. Mais même si l'ALGERIE ne doit pas devenir dans l'avenir un pays à vocation essentiellement industrielle, il est peu contestable que si elle poursuit son expansion, fût-ce à un rythme modéré, la part de l'activité industrielle pourra s'établir prochainement aux alentours de 40 % du revenu global. Pour dépasser ce niveau, encore inférieur à celui de la plupart des pays très moyennenment industrialisés, l'aide à l'industrie algérienne devra être con­sidérablement accrue.

 -------Quoi qu'il en soit, il est édifiant de constater qu'au cours de ces toutes dernières années le chiffre d'affaires des industries de transformation s'est accru de 50 milliards environ grâce pour une large part aux industries nouvelles ; l'emploi s'en est trouvé augmenté directement de plus de 20.000 unités, sans compter la masse d'emploi non évaluable, créée indirectement dans les autres secteurs de l'éco­nomie.

 -------De l'expérience d'industrialisation, entreprise depuis 10 ans et qui en est encore au stade des recherches, il ressort que ce pays est riche en possibilités parfaitement exploitables et appelées à se développer parallèlement à l'élévation du niveau de vie.

 -------L'ALGERIE, sans présenter, du moins pour l'instant, une vocation industrielle nettement dessinée, se trouve néanmoins placée à égalité de chances avec certaines régions de la Métropole.

  -------Industrialisation et emploi. — La politique d'industrialisation n'est-elle pas condamnée à l'ineffica­cité et à manquer son objectif fondamental, à savoir une création importante d'emplois et la promo­tion sociale des populations locales? On avance parfois que les investissements énormes exigés par l'industrialisation sont disproportionnés à l'accroissement du volume d'emploi qui peut en résulter effectivement.

 -------Sans entrer dans le fond du débat, on doit dire au moins qu'une tel objection pèche par excès de schématisation ; en effet, l'implantation d'une nouvelle industrie est à l'origine d'une série de réac­tions en chaîne qui, pour être parfois peu apparentes et difficiles à déterminer, n'en restent pas moins importantes : multiplication de l'emploi, élévation du volume général d'activité soit par la création d'industries annexes destinées à couvrir les besoins de l'industrie nouvelle, soit  ????          de nouvelles possibilités, en marge du plan d'industrialisation, pour les industries ou ateliers ???? deja. Autrement dit, c'est une erreur que d'évaluer les résultats de l'industrialisation ?????? d'emploi, en ne faisant entrer en compte que les emplois directement fournis par l'i????? nouvelle‑

' -------Etant donné que l'essor démographique pose de façon aiguë le problème du non-emploi et que d'autre part, s'impose la nécessité d'élever le niveau de vie par la modernisation des structures économiques, les Pouvoirs publics doivent concilier deux impératifs : permettre à l'ALGERIE d'utiliser les investissements de manière à accroître l'emploi, sans entraver pour autant l'usage rationnel des ter niques de production. ll est évident, par exemple, que «l'automation» ne saurait, de façon générale, être appliquée en ALGER1E où le problème n'est pas de produire coûte que coûte, mais bien de créer de l'emploi.  -------Cela n'implique pas qu'il faille en rester ici à des méthodes archaïques ; bien au con-traire et les réalisations déjà effectuées en ce domaine en témoignent qui relèvent d'une remarquable urgenisation technique ; l'industrie algérienne doit allier les nécessités de la technique moderne avec les larges possibilités qu'offre une main-d'oeuvre nombreuse et parfaitement adaptab.s ii ces techni (tues.

 -------Les problèmes à résoudre. — Ceci dit, on ne peut nier que l'ind'uetri rlisation de l'ALGERIE pose d'im­portants problèmes de financement et parfois, d'un point de vue purement comptable, de rentabilité directe.

 -------La réduction du coût de l'énergie et notamment de i' énergie électrique est un problème encore a régler. Sur le plan fiscal. d'autre part, la collectivité duit continuer à renoncer pour un temps à certaines recettes, voire même consentir des sacrifices en faveur des industries nouvelles ou en déve­loppement, afin de leur permettre de s'implanter solidement. En matière de crédits et do capitaux enfin, un effort sérieux est à réaliser.

 -------Les Pouvoirs publics étudient ces problèmes et l'on peut, dès maintenant, affirmer que, le calme revenu, et avec l'appoint des ressources sahariennes, de ]urges possibilités d'industrialisetion se dessineront pour l'ALGERIE.