1) LA CIRCULATION MONETAIRE
--------Sa répartition
se trouve retracée au tableau
1. On constate que. dans l'ensemble, la circulation monétaire
algérienne a augmenté de 21 % par rapport a l'année
précédente.
--------Cette
augmentalion est différente suivant les secteurs. Lacirculatien
proprement dite des billets a augmenté de 20% ; le montant des
dépôts bancaires a augmenté de 19 %. Mais ce qui frappe,
c'est que les dépôts dans les caisse d'épargne et
les chèques postaux ont augmenté bien davantage : ils sont
de 23 et 26 % supérieurs à ceux de l'an dernier.
--------Si
l'on considère maintenant les variations mensuelles de la circulation
dans le tableau
2, présenté sous forme de graphique, on peut
faire deux constatations : tout d'abord les variations sont tout a fait
parallèles à celles de l'année précédente
; ensuite en examinant également le tableau
3 qui retrace les indices des prix, on observe que ceux-ci
ont peu varié d'une année sur l'autre et que, par ailleurs,
l'indice de la production industrielle. représenté au tableau
2 par une ligne pointillée - d'ailleurs d'allure descendante --
a très légèrement diminué d'une année
sur l'autre, tout en restant. pour 1955, très .supérieur
à le moyenne de 1954..
--------Cela
signifie que l'accroissement de la masse monétaire a eu pour origine
non un accroissement de la production ou une hausse des prix, mais l'augmentation
sensible des paiements extérieurs de la Métropole. Ceci
entraîne une certaine tendance a l'inflation.
--------L'emploi
des moyens de paiement ainsi créés. est retracé au
tableau 4, qui d'une part fuit le total de l'augmentation de
la masse monétaire, et de l'autre indique la répartition
de cet accroissement de monnaie entre les différents secteurs qui
peuvent en bénéficier.
--------Il
apparaît d'abord que l'emploi dans l'économie proprement
dite par crédits directs est assez faible, puisque c'est une somme
de 9 milliards seulement qui a été employée en crédits
bancaires.
--------La
décomposition de ces 9 milliards figure dans le tableau
5. où le papier de crédit, c'est-à-dire
les crédits directs est le poste qui a le plus augmenté
alors que d'autres sont restées stables ou même ont diminué.
Ceci n'est pes étonnant, étant donné que le recours
au réescompte de l'institut d'émission par exemple n'a pas
augmenté et a même diminué.
--------Les
concours aux trésoreries de l'Algérie et de la métropole
ont été plus faibles encore, puisque 7 milliards seulement
de plus ont été investis dans des bons du trésor
détenus par les banques ou dans les fonds des chèques postaux
ou des particuliers. II apparait ainsi que les disponibilités des
paiements de l'Algérie sur la Métropole ont absorbé
la plus grande partie de l'augmentation de la circulation monétaire.
Autrement dit, l'on peut penser devant ce faible emploi en crédits
directs et en concours aux trésoreries, que l'économie algérienne
est dans une sorte de situation d'épargne d'attente, incomplètement
employée en placements de production et utilisée en placements
provisoires (bons du trésor, chèque postaux ou caisse d'épargne).
--------C'est
d'ailleurs ce que retrace le
tableau 6 de la répartition de la souscription des bons
du trésor publie au cours de l'année 1955.
2) LA BALANCE DES COMPTES.
--------La
balance des comptes, tableau 7, qui est un autre
moyen d'analyse, permet de voir fout d'abord que le déficit de
lu balance commerciale, c'est-à-dire la différence entre
les importations et les exportations, est de 80 milliards, chiffre très
proche du déficit de l'année précédente :
74 milliards.
--------L'une
des conséquences d'un accroissement sensible des dépenses
d'investissements, dans les premières années tout au moins,
sera une augmentation sensible également du déficit
(tableau 8) de la balance commerciale jusqu'à ce que
l'appareil productif puisse fournir une notable partie de la consommation
ou des investissements.
--------Ce
déficit présenle d'ailleurs exactement le même aspect
que l'an dernier. On s'aperçoit, en consultant le
tableau 9, que les opérations sur l'Étranger
sont équilibrées et même légèrement
excédentaires. Par contre la situation est entièrement déficitaire
sur la métropole et l'Union française, c'est-à-dire
que l'on a importé de la Métropole plus que l'on n'y a exporté,
ce qui n'a absolument rien d'anormal.
--------Les
autres postes de la balance des comptes sont d'abord les dépenses
de voyages en Algérie et en Métropole.
--------Ensuite,
le poste des salaires transférés de métropole en
Algérie, s'élevant pour l'exercice 1955, à environ
38 milliards de francs. Pour la balance des opérations privées
: commerce, voyages. salaires, on aboutit à un déficit net
de 58 milliards de francs.
--------A
l'inverse, et comme les années précédentes, mais
dans une plus forte proportion, les opérations publiques ont été
très fortement excédentaires, c'est-à-dire que, pour
les capitaux publics, il y a eu un apport très important, aussi
bien du budget métropolitain sous forme de dépenses courantes,
que de prêts du Fonds d'Expansion Eeonomique (ancien Fonds de Modernisation
et d'Equipement) ou de versements au fonds de progrès social.
--------Tableau
10 : opérations de recettes et dépenses
effectuées en Algérie
--------C'est
en effet un solde de 140 milliards environ qui peut être comme l'excédent
des ressources publiques et doit être instantanément comparé
avec le déficit des opérations privées, lequel ne
se monte qu'à 58 milliards.
--------L'explication
de la différence est simple. On retrouve, dans le dernier tableau
de la balance des comptes : Conditions de l'équilibre ",
d'abord les 34 milliards dont se sont accrues les disponibilités
de la banque de l'Algérie en niétropole, c'est-à-dire
le potentiel d'achat de l'Algérie sur la métropole et pour
le reste, les opérations privées de transfert qui se montent
à 49 milliards. C'est là un chiffre qu'il importe de comparer
à celui de 1954, lequel était de 43 milliards de francs.
Il ne faut pas d'ailleurs se méprendre sur cette constatation car
il est normal que, dans les premières années, les capitaux
publics précèdent les capitaux privés et que ceux-ci
vont s'investir plus volontiers sur le marché métropolitain
que sur le marché algérien.
--------Mais
il est évident que cette tendance, qui est tout à fait naturelle
au début d'un effort d'investissements publics doit naturellement
se renverser après un volume suffisant d'investissements publics
qui créeront des conditions de rentabilise en Algérie.
-------Autre
caractéristique, ou plus exactement autre symptôme de cette
caractéristique pour 1955 : Les placements financiers en Algérie
se sont marqués par les émissions publiques. Les prêteurs
de l'Algérie lui ont fait largement confiance et le
tableau 11 illustre le montant des emprunts placé qui
est supérieur en 1955 à celui de l'année précédentepuisqu'il
s'est élevé à 17 milliards contre 11 milliards en
1954.
-------Le
chiffre des emprunts toutes catégories émis en Algérie
en 1955 a été nettement supérieur à celui
de l'année 1954,
-------Parallèlement
aussi. comme on le voit dans le
tableau 12, les opérations traitées par la commission
de cotation des valeurs mobilières ont été en nette
augmentation. II y a eu, en 1955, 324.000 titres échangés,
contre 272.000 en 1954. Par ailleurs, les cours des emprunts de l'Algérie
se sont, aussi bien à la commission de cotation d'Alger que sur
la place de Paris, maintenus, et même dans certains cas améliorés.
C'est ce qui résulte de l'examen du
tableau 13, où l'on peut constater que les taux de capitalisation
des emprunts en 1955 sont pour ln plupart égaux, sinon supérieurs
aux taux de 1954.
-------Pour
conclure cette très rapide revue, an peut dire qu'en 1955, les
conditions financières d'une expansion de l'économie ont
été en partie réalisées, que l'économie
n'a pas entièrement répondu à ces conditions et que,
pour une part, mais pour une part seulement d'ailleurs, elle s'est investie
en placements d'attente qui sont les bons du trésor, les dépôts
dans les caisses d'épargne et une augmentation des disponibilités
sur la métropole.
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