Alger, Algérie : documents algériens
Série économique : hydrolique
Les travaux d'assainissement des plaines de Bône

15 pages - n°114 - 30 janvier 1955

---------L'assainissement des Plaines de Bône s'intègre dans un programme général des divers travaux à entreprendre pour donner à la région bônoise l'équipement nécessaire au développement maximum de son agriculture.
---------Il faut donc, dès l'abord, développer quelques considérations générales sur la région bônoise, de manière à mieux faire comprendre la situation et l'intérêt des travaux réalisés dans le cadre du programme général.

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note du site : dans le texte, des renvois sont faits vers des photos. Ces photos manquaient dans la revue)


CONSIDERATIONS GENERALES

---------L'assainissement des Plaines de Bône s'intègre dans un programme général des divers travaux à entreprendre pour donner à la région bônoise l'équipement nécessaire au développement maximum de son agriculture.
---------Il faut donc, dès l'abord, développer quelques considérations générales sur la région bônoise, de manière à mieux faire comprendre la situation et l'intérêt des travaux réalisés dans le cadre du programme général.
---------La configuration géographique de la région de Bône est la suivante.
---------Les montagnes côtières, qui bordent le Tell de l'Est Constantinois, s'incurvent depuis le massif du Filfila jusqu'aux montagnes de Kroumirie près de Tabarka, en dessinant un vaste golfe de 120 km de longueur et dont la profondeur atteint 22 km.
---------Du point de vue géologique ce relief est argilo-gréseux (flysch numidien). Malgré la présence de quelques petites sources issues des grès au contact des intercalations d'argile, on peut considérer l'ensemble comme pratiquement imperméable.
---------A l'intérieur de ce golfe se trouve une sorte d'île : le massif de l'Edough qui culmine au Bou Zizi à 1.008 m et s'allonge sur 56 km en direction E.-W sur une largeur moyenne de 16 km. Il est constitué par des terrains anciens (gneiss, granit, micaschistes), particulièrement pauvres du point de vue hydrologique.

Les plaines

---------Entre le massif de l'Edough et le chaîne côtière s'étend une large dépression en forme de gouttière, cintrée en plan, qui constituait certainement autrefois un large bras de mer d'une centaine de km de longueurs et qui a étÉ progressivement comblée par les alluvions des fleuves qui s'y jettent et dont les principaux sont, d'W en E :
---------- l'Oued Kébir de l'Ouest, draînant les montagnes côtières, grossi sur sa rive droite de l'Oued et Aneb et de l'Oued Magroum, descendant du massif de l'Edough ;
---------- l'Oued Seybouse, le plus important des cours d'eau de la région, canalisant les débits de ruissellement d'un bassin versant de 5.600 km2, dont le débit annuel est de l'ordre de 450 millions de m2 ; son dernier affluent de rive gauche, l'Oued Méboudja, lui apporte les eaux du bassin versant du Lac Fetzara et de la plaine de Bône-Ouest ;
---------- l'Oued bou Namoussa, gros cours d'eau descendant de la région de Souk-Ahras-Lamy, dont le bassin versant est de 600 km2 environ, et susceptible d'un débit annuel moyen de 180 millions de m3 ;
---------- l'Oued Kébir de l'Est, formé par la réunion de trois oueds importants (Kébir, Ballouta et Bougous), qui draine les flancs W des montagnes de Kroumirie et reçoit dans sa vallée moyenne de nombreux affluents de rive gauche (Guergour, Halloufa et Bou Lathan). Son bassin versant est de l'ordre de 750 km2 et son débit moyen annuel de 250 millions de m3.

---------Les alluvions de ces fleuves ont constitué un chapelet de plaines côtières et subcôtières, séparées les unes des autres soit par les bourrelets de rive des cours d'eau, soit par des zones plus marquées de dépôts alluvionnaires formant barrages dans la dépression générale. Ces plaines ont chacune un caractère et une composition agrologiques propres, correspondant à la nature des terrains traversés par les différents oueds et au degré d'alluvionnement de chaque dépression.

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---------On peut ainsi distinguer, en allant de l'W vers 1'E :
---------- Le delta commun de l'Oued Kébir de l'Ouest et de l'Oued el Aneb, plaine d'environ 9.000 ha de superficie ;
---------- Le Lac Fetzara et ses abords : zone de 23.000 ha dont la cuvette a constitué pendant des siècles un marécage permanent où le plan d'eau s'étalait sur une superficie de 14.000 ha. Ne bénéficiant plus, à partir d'une certaine époque, de l'alluvionnement des deux grands fleuves qui le bordent, il ne s'est lentement comblé que par les apports des petits oueds descendant au N et au S des collines de Penthièvre et du massif de l'Edough.


---------Sa cote de fond est de l'ordre de + 10,50. Sa vidange totale est obtenue chaque année vers la fin mars par un canal de 14 km de long qui le traverse dans le sens W-E et rejoint, après traversée de son bourrelet oriental, le cours moyen de l'Oued Méboudja.
---------- La plaine de Bône-Ouest, d'environ 10.000 ha, se situe entre le bourreiet oriental du Lac Fetzara et la rive gauche de l'Oued Seybouse.
---------- La plaine de Bône-Est, d'une superficie approximative de 20.000 ha, est comprise entre la rive droite de l'Oued Seybouse et la rive gauche de l'Oued bou Namoussa.
---------- Le marais M'Krala est le delta commun de l'Oued bou Namoussa et de l'Oued Kébir de l'Est. Cette plaine, d'une superficie de l'ordre de 14.000 ha, constitue à l'heure actuelle une sorte de lagune dont l'altitude est très basse (cotes + 3 à + 1), dans laquelle s'accumulent les débits des deux fleuves avant de pouvoir s'écouler vers la mer par leur exutoire commun, " la Maffrag ", lorsque le niveau d'amont arrive à submerger la barre sableuse qui l'obstrue et qui se reconstitue rapidement sous l'action de la mer.
---------- La moyenne vallée de l'Oued Kébir de l'Est, plaine très étroite et allongée d'environ 9.500 ha, présente deux renflements à hauteur des villages de Blandan et du Tarf.
---------- Le Lac Oubeïra, qui constitue l'extrémité E" de la dépression côtière, est un plan d'eau permanent de 2.300 ha de superficie. Il ne reçoit aucun cours d'eau susceptible d'acélérer son comblement. Les eaux de crue de l'Oued Kébir trouvent là un réservoir régulateur en remontant la dépression dite " Messida " au N du village de Yusuf.
---------- Enfin, pour être complet, il convient de citer le Lac Tonga, situé à l'extrême E de la région, séparé du chapelet des dépressions dont je viens de parler par une petite ligne de collines d'altitude moyenne + 40. Sa superficie est de 3.600 ha environ. Son alluvionnement est très lent parce que seulement assuré par des oueds peu importants (les Oueds el Eurg et El Hout) dont les bassins versants sont particulière-ment boisés.
---------Ce lac, dont le fond n'est qu'à la cote + 1, est partiellement vidé par un canal le reliant à la mer.
---------Ainsi, les dépressions côtières de l'Est Constantinois occupent une superficie de 88.000 ha, dont 58.000 ha de terres cultivables à divers degrés et 20.000 ha constitués par des fonds de marais et des lacs permanents.

Le climat.
---------La région bônoise est soumise au climat méditerranéen c'est-à-dire caractérisé par une saison pluvieuse allant d'octobre à mai et par un été sec et ensoleillé. Pour une année donnée, la répartition des pluies diffère d'ailleurs le plus souvent du tout au tout de leur répartition moyenne, et cette irrégularité constitue une donnée fondamentale de ce climat.
---------Le relief agit comme un rempart qui provoque la condensation et la précipitation d'une partie de la vapeur d'eau amenée par le vent soufflant de lamer, avec des maxima pluviométriques sur les massifs montagneux les plus élevés et les plus proches de la mer et des minima pluviométriques sous le vent de ces massifs.
---------Voici d'ailleurs quelques chiffres qui donnent la moyenne de la pluviométrie annuelle enregistrée par quelques postes météorologiques :
Herbillon ................................ 967 mm
Edough 1.167 mm
Bône 987 mm
La Calle 910 mm
Aïn-Mokra 793 mm
Morris 756 mm

---------Du point de vue la mer. En bordure à 10°.thermique, le climat est remarquablement tempéré, dû à l'action modératrice de immédiate de celle-ci, l'amplitude diurne est partout et en toute saison inférieure
---------La moyenne des températures du mois le plus froid (janvier) est de 11° avec minimum absolu de 0° ; celle du mois le plus chaud (août) de 29° avec maximum absolu de 45°.
---------Les gelées et la neige y sont pratiquement inconnues. Les chutes de grêle sont peu fréquentes.
---------Enfin, l'humidité relative est à peu près constante toute l'année, avec les moyennes suivantes selon les heures de la journée (Station du Cap de Garde) :
7 h. .......................................... 74 %
13 h. .......................................... 67 %
18 h. .......................................... 76 %
---------D'après le professeur Emberger, Bône est à la limite de l'étage méditerranéen subhumide, avec un quotient de 91,5, correspondant sensiblement à celui de Perth en Australie.

Géologie et pédologie.
---------Du point de vue géologique, j'ai déjà indiqué la nature des formations constituant le relief ; il me reste à donner pour les plaines un aperçu de leur stratigraphie et de leur tectonique, ainsi que de leurs caratéristiques pédologiques.
---------Si l'on s'en réfère à L. Joleaud, la région littorale fut, durant le Quaternaire, l'objet d'une suc-cession d'oscillations vers le haut et vers le bas, correspondant à des mouvements apparents de la mer, positifs (transgressions) lors des affaissements du littoral, négatifs (régressions) lors des exhaussements. Cette théorie est basée sur l'observation des successions des terrasses fluviales et plages marines.
---------Un affaissement correspond à une transgression de la mer et à un relèvement apparent du niveau de base des fleuves. Une telle période est marquée par un dépôt alluvial considérable.
---------Un exhaussement, au contraire, se traduit par une activité érosive des neuves plus intense, puis-que le niveau de base s'est abaissé.
---------On note, en effet, la présence, sur tout le pourtour du relief gréseux, de terrasses alluvionnaires étagées de 15 à 150 m. au-dessus du niveau actuel des fleuves.
---------On admet qu'à la fin de cette période d'oscillations :
---------- le Lac Fetzara était déjà isolé par ses deux bourrelets W et E ;
---------- le reste des plaines de Bône constituait une immense lagune comprise entre un cordon dunaire côtier et la base du relief argilo-gréseux.
---------Suivent alors, au Quaternaire récent, un comblement rapide du marécage par les matériaux détritiques arrachés au relief par un ruissellement im portant, et la formation d'un alluvionne vent de galets, de cailloutis, de sables et de limons superposés ou étagés, tant dans le sens horizontal que vertical, suivant la violence et l'intensité des érosions.
---------En ce qui concerne l'aperçu agro-pédologique, j'emprunte à l'ouvrage consacré à l'Agriculture de la Région de Bône de M. Liger, Ingénieur des Services Agricoles, la classification des sols sui-vante
---------- Les sols alluc faux occupent les bourrelets des Oueds Seybouse, Kébir de l'Est et de l'Ouest et bou Namoussa et de leurs affluents. On distingue au moins deux types de sols alluviaux : les sols sablo-argileux ou sablo-limoneux et les sols limono-argileux.
---------Ces derniers sont les plus etendus.
---------A cette famille de sols, peu évolués du point de vue pédologique, se rattachent des sols sabloargileux d'origine gréseuse des bords des krélidjs et des cônes de déjection.
---------Les profondes alluvions de la Seybouse recouvrent fréquemment un cailloutis fluviatile qui forme drain naturel. ---------Au point de vue chimique, elles se distinguent des autres alluvions par leur teneur relativement élevée en calcaire.
---------- Les sols noirs forment une grande partie de la plaine qui s'étend entre l'Oued Seybouse et l'Oued bou Namoussa, de Randon à la route Bône-Morris, de celle qui va de la Seybouse au Lac Fetzara. Ils sont également bien représentés à Blan dan, Le Tarf et Yusuf. Ce sont des terres argileuses ou limono-argileuses, légèrement chlorurées, qui constituaient les sols d'anciens marécages, sous-salins, améliorés par la culture et le drainage.
---------- Les sols salins et sous-salins, profonds en général et d'épaisseur variant de 0,80 à 1,50 m., reposent très souvent sur une couche d'argile jaune. Leur origine est lagunaire et leur formation s'est effectuée sous le régime hydro-hypopédique. La salure de ces terres est due à l'évaporation des eaux qui les recouvraient sous une faible épaisseur. On reconnaît souvent dans leur profil un horizon à gley et la structure typique des solontchaks. Mais on trouve aussi un grand nombre de sous-types à différents stades.. Ces sols couvrent près de 30.000 ha notamment dans le Lac Fetzara, les Beni Urgines et le Marais M'Krada.

Les projets d'aménagement.

---------Ces caractéristiques géographiques, orologiques, hydrographiques, climatiques et géologiques, ainsi esquissées, font ressortir que les plaines de la région de Bône, constituées par des sols lourds et compacts, souffrent au cours de la saison pluvieuse d'un excès d'eau résultant :
---------- d'une part, de la pluviométrie abondante reçue sur leur impluvium
---------- d'autre part, des débordements et divagations des oueds dont les débits importants sont la conséquence de l'imperméabilité de leurs bassins versants montagneux ;
---------- enfin, de la stagnation prolongée des eaux d'inondation dans toutes leurs dépressions.
---------Leur aménagement hydraulique consiste donc, à un premier stade, dans la résolution de différents problèmes de fixation de lit des cours d'eau, d'évacuation rapide des eaux de ruissellement et de drainage des terres en profondeur, de manière à maintenir la nappe phréatique à un niveau permettant la vie et le développement des cultures en hiver.
---------Le deuxième stade sera l'irrigation, au cours de l'été, de certaines zones assainies de ces plaines où la nappe phréatique sera trop basse pour alimenter les racines des plantations.
---------Les ressources aquifères souterraines étant peu abondantes, il faudra surtout faire appel aux eaux de ruissellement accumulées pendant la saison pluvieuse derrière des barrages-réservoirs.
---------Le premier de ces ouvrages est à l'étude et fera incessamment l'objet d'un avant-projet de travaux. C'est celui de l'Oued bou Namoussa, dont les eaux seront retenues dans la région de La Cheffia, à une quinzaine de km à l'aval de Lamy, et dont la capa cité permettra de stocker le débit annuel moyen de cette rivière, soit 150 à 180 millions de m3, dont 100 millions utilisables pour l'irrigation d'une grande partie des terres assainies des plaines de Bône-Est et Bône-Ouest.
---------L'assainissement des plaines de Bône-Est et de Bône-Ouest e`st la première des réalisations prévues au programme général d'aménagement hydraulique de la région de Bône.
---------Ces plaines, situées à quelques km d'un grand centre urbain et d'un port important, desservies par un réseau assez complet de voies de communication et déjà mises en culture sur de larges surfaces, étaient, en effet, désignées pour bénéficier, en tout premier lieu, de travaux hydrauliques susceptibles d'augmenter leur valeur agricole et d'assurer . rapidement leur complet développement économique.
---------Le premier stade de leur aménagement a été pratiquement atteint, car elles sont actuellement soustraites à l'action des eaux nuisibles par un ensemble de réseaux de drainage.
---------Les travaux correspondants, mis en chantier en 1943, sont terminés, à civiques petits parachèvements près, pour ce qui intéresse la plaine de Bône-Est. Ils sont en voie d'achèvement dans la plaine de Bône-Ouest.

LA PLAINE DE BONE-EST

---------Le périmètre défendu est délimité
---------- au N, par les dunes du littoral, depuis Bône jusqu'à l'embouchure de la Maffrag ;
---------- à l'E, par le cours de l'Oued bou Namoussa jusqu'à hauteur du mamelon de Sidi Abd el Aziz ;
---------- au S, par le pied des contreforts de l'Atlas tellien jusqu'à hauteur de Mondovi. - à l'W, par le cours aval de l'Oued Seybouse.
---------Il s'étend sur les territoires des Communes de Randon (3/5 du périmètre) et de Morris (2/5 du périmètre).
Il renferme les villages suivants : Morris, Zérizer et Randon, et l'Aérodrome d'Etat de Bône-les-Salines.
---------L'étendue totale du périmètre défendu s'élève à 19.233 ha.
---------Il y a lieu, pour obtenir la superficie des terres de culture ou d'exploitation réellement défendues, d'en déduire :
- la surface occupée par les routes et chemins 230 ha
- la surface occupée par les cours d'eau 310 ha
- la surface occupée par les villages et les hameaux 140 ha
- la surface occupée par les canaux qui ont été construits 420 ha
Total 1.100 ha
---------Si bien que la surface réellement défendue est approximativement de 18.130 ha.
---------Il convient aussi de déduire 650 ha de terrains très bas situés au voisinage de la Maffrag, et qui ne pourront être mis en culture d'une façon régulière quelles que soient les dispositions que l'on pourra
adopter.
---------Il reste en définitive : 17.500 ha.
---------Le périmètre défendu affecte, en gros, la forme d'un trapèze dont la grande base est constituée par la Seybouse et 20 km de long, la petite base, constituée par la Bou Namoussa, a 12 km. La hauteur, dans le sens E-W, a 15 km.
---------Ce trapèze est à peu près plan. Son angle SW, le plus élevé, est vers la cote + 15, son angle SE vers la cote + 6, son angle NW vers la cote + 3 et l'angle NE, le plus bas, vers la cote + 1.
---------Un petit accident de terrain est situé vers le tiers inférieur de la grande base. Là, les coteaux de Dahroussa s'élèvent sur 5 km d'W en E sur 2 km de largeur.
---------Ils délimitent, en quelque sorte, deux bassins versants dans le périmètre.
---------Au N des coteaux de Dahroussa, il existe une dépression très importante dont le cours général est S-N : c'est le Krelidj Bou Kamira qui va se jeter dans la mer à hauteur de l'Aérodrome des Salines.
---------Ce krelidj est très certainement un ancien bras de la Seybouse, vraisemblablement encore en service à l'époque de l'occupation romaine. Il n'avait plus qu'un débit insignifiant par suite de multiples remblais établis pour son franchissement et seulement traversés par de simples buses.
---------Il reçoit les eaux de ruissellement de la partie de direction W-E dont le cours était mal fixé : le Dahroussa.
---------Au S des coteaux de Dahroussa, un petit oued de la plaine située au N et à l'E du mamelon de Krelidj Amer qui reçoit les eaux dévalant du relief qui le borde.
---------A mi-chemin, entre les villages de Randon et de Zérizer, il rejoint le gros Oued Besbès dont le bas-sin versant est d'environ 31 km2, qui draine profondément le massif montagneux. Ces deux oueds réunis se perdaient aussitôt dans la plaine sous la forme d'un marécage d'où sortait un nouveau cours d'eau de direction SW-NE, l'Oued bou Allalah, se jetant dans la Maffrag.
---------Krelidj Amer - Oued Besbès et Bou Allalah recevaient les eaux de ruissellement de la partie du périmètre qui ne s'égouttait pas par le Bou Kamira.
---------Telles étaient, rapidement esquissées, les conditions géographiques de la plaine de Bône-Est. Ajou-. tons que tous les oueds et krelidjs sont encaissés entre deux bourrelets en saillie sur les terrains environnants.
---------Le périmètre a été divisé en trois zones ayant chacune son réseau d'assainissement particulier.
---------Les eaux venant des montagnes situées sur la bordure S ont été séparées de celles tombant directement sur la plaine.
---------Le Krelidj Amer et l'Oued Besbès, convenablement élargis, calibrés et régularisés, sont conduits à l'Oued bou Namoussa, immédiatement au S du village de Morris, par une dérivation de grande section, orientée W-E, qui traverse la cuvette de Zérizer et aboutit à la rivière après avoir franchi son bourrelet de rive gauche.
---------Les déblais rejetés sur la berge N de la dérivation constituent un endiguement qui s'oppose à l'invasion des terres d'aval par les eaux de ruissellement des montagnes.
---------La seule difficulté résidait dans le fait que le fond de la cuvette de Zérizer est sensiblement à la cote + 5 et que les eaux de crue de l'Oued bou Namoussa peuvent atteindre la cote + 7;20 une ou deux fois au cours des hivers des années à forte pluviométrie. La durée de ces crues ne dépasse jmais d'ailleurs 12 à 15 heures.
---------Il était donc indispensable de s'opposer à l'introduction de ces eaux de crue dans la zone défendue.
---------A cet effet, un ouvrage de garde a été construit légèrement en arrière de la berge du fleuve auquel il est relié par une galerie de 90 m environ de longueur. La défense est assurée par une vanne secteur automatique pesant 7 tonnes. Cette vanne, portant un bec moteur à sa partie inférieure, se déplace verticalement autour de 2 tourillons horizontaux. Elle est équilibrée par un contrepoids en béton qui la laisse en position indifférente quand elle est immergée. Elle fonctionne sous une dénivellation de 10 à 15 cm des plans d'eau mont et aval.
---------L'expérience de plusieurs années a montré que la cuvette de Zérizer, dans laquelle s'étalent les eaux de ruissellement pendant la période de fermeture de la vanne, se vidange, en quelques heures, après la réouverture de la vanne et que cette courte inonda Lion ne gêne en rien les cultures.

 

----------Sur le Krelidj Amer, l'Oued Besbès et la dérivation, divers canaux de drainage et de colature ont été établis, qui complètent le système d'évacuation.
---------L'ensemble des ouvrages d'assainissement de cette zone est désigné sous l'appellation de RESEAU DE L'OUED BESBES.
---------Le reste de la plaine de Bône-Est, ainsi soustrait à l'inondation des eaux des montagnes et qui ne reçoit donc plus que celles de son impluvium propre, a été divisé en deux zones, dont les collecteurs généraux sont constitués par les deux cours d'eau qui la traversent, c'est-à-dire les Oueds bou Kamira et bou Allalah.
---------Il a suffi d'aménager ces oueds pour les débits totaux qu'ils ont à évacuer, et d'y greffer, selon le système classique, un ensemble de canaux de drainage et de colature appropriés aux surfaces à assainir.
---------Ce sont les RESEAUX DU BOU KAMIRA et du BOU ALLALAH.

LA PLAINE DE BONE-OUEST

---------Le périmètre défendu est délimité :
- au N, par l'Oued Méboudja, canalisé depuis le pont-vannes du Lac Fetzara jusqu'à son confluent avec la Seybouse ;
- à l'E, par le cours de la Seybouse depuis ce point jusqu'au pont du C.D. 125 ;
- au S, par le pied des contreforts de l'Atlas tel lien depuis la Seybouse jusqu'au Bordj ben Yacoub ;
- à l'W, par le Chemin Départemental N° 108 j usqu'au canal principal du Fetzara.
---------Le périmètre ainsi défini s'étend, pour sa presque totalité, sur le territoire de la Commune de Duzerville. lI renferme le village de Duzerville et le ham eau de Saint-Paul.

---------Sa superficie est de 10.100 ha environ, de laqu elle il faut retrancher pour obtenir la surface des terres de cultures et d'exploitation
- les terrains occupés par les routes et chem ins 140 ha
-
ceux occupés par les cours d'eau 51 ha
-
ceux occupés par les villages et agglomérations 49 ha ceux occupés par des canaux construits
Total 440 ha environ
---------La superficie réellement défendue s'établit donc à 9.600 ha.
---------Le périmètre affecte, en gros, la forme d'un rectangle allongé dans le sens W-E dont le grand côté a 16,500 km de longueur et le petit côté 5,500 km.

---------Il est à peu près plan et incliné de l'W à l'E et du S au N. Son angle SW, le plus élevé, est vers la cote + 2, l'angle NW vers la cote +16, l'angle SE vers la cote + 11 et l'angle NE, le plus bas, vers la cote + 7.

---------Une petite ligne de mamelons, le Koudiat el Ladet, dont l'altitude moyenne et de 30 m, orientée S-N, coupe le périmètre en deux parties inégales (1/3 amont, 2/3 aval). Ces deux parties communiquent néanmoins largement par la dépression qui limite au N le Koudiat el Ladet.

---------Le périmètre était arrosé, ou plutôt inondé, par de nombreux oueds dont les cours sont sensiblement parallèles et orientés SW-NE.
---------Ce sont :
- L'Oued Méboudja supérieur, en bordure du bourrelet oriental du Lac Fetzara et dont le bassin versant est de l'ordre de 3.400 ha ;
- L'Oued Ressoul, le plus important de tous dont la partie aval longe le versant W du Koudiat el Ladet ; il a son origine dans la région de Guelaat Bou-Sba, se développe sur 37 km et collecte les eaux d'un bassin versant de 13.150 ha environ ;
- L'Oued Mellah, qui longe le versant E du Koudiat el Ladet, à 9 km environ et a un bassin versant de 2.250 ha ;
- L'Oued bou Athout, qui draine la face N des coteaux compris entre Mondovi et Penthièvre et dont le bassin versant est de l'ordre de 5.100 hectares ;
- enfin, l'Oued Monaïm, petit cours d'eau de 5 km et de 1.600 ha de bassin versant, qui divaguait dans la plaine près de Duzerville.

---------Les 5 à 6 km2 situés au N du village de Duzerville n'étaient parcourus par aucun canal ou cours d'eau naturel.
---------Il convient aussi de noter que :
---------- les terrains bordant la rive gauche de la Seybouse entre le cours du fleuve et la R.N. 16, et dont la superficie est de l'ordre de 1.600 ha, n'étaient pas soumis aux débordements des oueds, mais ils souffraient de la stagnation des eaux pluviales en raison de la faible pente S-N et de la présence de dépressions assez marquées ;
---------- le périmètre était mal pourvu de voies de communications secondaires, transversales aux deux routes nationales 16 et 21 ; l'accès et la desserte des propriétés n'étaient donc pas convenablement assurés pour une mise en valeur rationnelle ;
---------- enfin, il n'avait pas été compris dans le périmètre défendu la bande de terrains de 1.100 ha située au N, entre la berge gauche de l'Oued Méboudja et le pied du massif du Béleleita'.
---------La nécessité est apparue de les faire bénéficier d'aménagements semblables parce qu'ils présentent des valeurs agricoles comparables et que, de toute manière, il aurait fallu, pour réduire au minimum les travaux d'entretien ultérieurs de l'Oued Méboudja, protéger la rive gauche de ce dernier contre les érosions des petits oueds dévalant du massif du Béleleita.
---------Les formalités d'extension du périmètre défendu sont terminées l'arrêté gubernatorial de classe-ment doit intervenir sous peu.
---------Les travaux qui ont été exécutés correspondent aux conditions géographiques et économiques que je viens d'indiquer.
---------On a capté et fixé, à l'origine de leur cours de plaine, tous les oueds dévalant du massif montagneux. Leurs lits ont été redressés, rectifiés et calibrés pour pouvoir évacuer, sans vitesse excessive, les débits de leurs crues moyennes.
---------On a ainsi découpé la plaine en cinq zones distinctes, desservies chacune, par un réseau particulier, constitué par un ensemble de canaux de drainage et de colature correspondant à l'assainissement de leur impluvium propre.
---------On distingue donc :
le réseau DE L'OUED MEBOUDJA SUPERIEUR
- celui de L'OUED RESSOUL ;
-celui de L'OUED MELLAH ;
-celui de L'OUED ATHOUT ;
-celui de L'OUED MONAIM.

---------La zone située au N de Duzerville entre la Seybouse et la R.N. N° 16, ainsi qu'une partie des terrains en amont du C.D. 129, a été assainie par un autre réseau distinct : celui de DUZERVILLE, dont ie col-lecteur débouche dans l'Oued Béboudja immédiatement en amont de son confluent avec la Seybouse.
---------Le collecteur général de l'ensemble des réseaux, c'est-à-dire l'Oued Méboudja dans ses cours moyen et aval, a été aménagé de manière à lui permettre d'écouler simultanément les débits des réseaux d'assainissement et un volume supplémentaire de 50 m3/seconde pour la vidange continue du Lac Fetzara.
---------Il a donc été élargi et régularisé suivant les débits successifs à évacuer. On a supprimé trois ouvrages de franchissement dont l'ouverture insuffisante y créait des remous importants, pour les rein-placer, à des points judicieusement choisis, par deux nouveaux ouvrages de dimensions appropriées.
---------Enfin, diverses voies de communication ont été établies en plateforme et ouvrages d'art (la construction des chaussées étant laissée aux collectivités intéressées), qui permettent d'accéder aux propriétés et d'en assurer la culture dans de bonnes conditions.
---------Je cite, en particulier :
-- les chemins départementaux N" 120 entre la R.N. 21 et le C.D. 108 ;
- les chemins départementaux N" 125 entre l'extrémité du V.O. 9, de Duzerville et la R.N. 16, Saint-Paul ;
- les chemins vicinaux ordinaires et ruraux de la Commune de Duzerville ;
- V.O. 1 le long du bourrelet de la Seybouse en amont du C.D. 129 ;
- V.O. 9 entre Duzerville et le C.D. 120 ;
-Rural reliant le C.D. 120 au C.D. 129 ;
-Rural de Sidi-Moussa.

LES TRAVAUX

---------Il reste, pour en terminer avec les conditions techniques d'établissement des projets exécutés, à donner quelques indications sur les bases et éléments de calculs des ouvrages.
---------Il a été admis que les terres de périmètres comprises à l'intérieur de chaque réseau ne devraient recevoir que les eaux tombant sur leur impluvium propre.
---------Les collecteurs généraux et les oueds aménagés, chargés d'évacuer, en plus des débits du drainage pl ofond, les eaux extérieures au périmètre, ont donc été établis pour assurer l'écoulement instantané de ces eaux et pour des débits correspondant aux crues décennales.
---------Les résultats fournis par les différentes formules classiques (FULLER-SEJOURNE) ont été comparés et les débits à retenir fixés en tenant le plus grand compte de la forme, de la pente moyenne, de la nature géologique et du degré de boisement des bassins versants.
---------On est ainsi arrivé à des débits variant de 5 à 15 1/s à l'ha, que les ouvrages construits ont confirmés, car aucun d'entre eux n'est encore apparu insuffisant et n'a fonctionné à son maximum de capacité.
---------Une question s'était posée pour le calcul des canaux de drainage propres à chaque réseau.
---------Fallait-il les construire aussi pour l'évacuation instantanée des précipitations importantes et brutales, ou pouvait-on se contenter de la seule section nécessaire au drainage, tel que je le définirai plus loin, ce qui conduisait, à première vue, à n'obtenir, pendant la durée de la chute, qu'une évacuation partielle du volume total des précipitations, à provoquer une inondation passagère des terrains et à prolonger le temps de la vidange complète ?
---------La vérification des sections, calculée pour le simple drainage, faisait ressortir que les canaux étaient susceptibles de débiter 2 à 3 1/s à l'ha. L'expérience a montré que les cànaux établis assuraient aussi l'évacuation instantanée du ruissellement total.
---------On a donc pensé, pour ne pas trop abaisser le niveau de la nappe phréatique et en attendant que les irrigations d'été puissent être pratiquées, à n'exécuter en drainage que l'ensemble des canaux primaires et quelques canaux secondaires des réseaux, et à activer l'écoulement des eaux pluviales par un réseau serré de canaux de colature superficielle de faible section.
---------Les caractéristiques du drainage sont les suivantes.
---------C'est aux propriétaires intéressés qu'il appartient, à l'intérieur de leurs terres, d'abaisser le plan d'eau au niveau qu'ils désirent (0,80 m au maximum) à l'aide d'un système de drain souterrain ou à l'air libre.
---------L'Administration se borne à leur offrir, à une distance maxima de 800 m, un exutoire assez profond pour que le plan d'eau de drainage soit à 1,80 m au-dessous du terrain naturel. Cette cote correspond en effet à la hauteur du drainage (0,80 m) augmentée du diamètre du drain (0,20 m) et de la différence d'altitude pour une pente de 1 mm par mètre (0,80 m).
---------La section de drainage est calculée pour un débit de 0,8 1/ha/s.
---------Les canaux, de section trapézoïdale, construits en pleine terre sur ces données, ont des largeurs au plafond variant de 1 à 2,50 m, des profondeurs de 2,50 à 4 m. En raison de l'excellente tenue des terres, leurs talus sont uniformément inclinés à 1/1 et ne comportent nulle part des revêtements de berges.
---------Le long de celles-ci et des deux côtés, il a été aménagé des risbernes de 4 à 6 m de largeur qui permettront la circulation et le travail commodes des engins de terrassements devant assurer leur entre-tien ultérieur.
---------Les canaux de colature présentent une section triangulaire dont la hauteur est comprise entre 0,70 et 0,90 m et les talus inclinés à 2/1.
---------J'en arrive maintenant à l'exécution des travaux proprement dite, c'est-à-dire aux moyens et techniques utilisés, aux quantités d'ouvrages utilisés et à leur prix de revient.
---------Pour ce qui concerne les terrassements :
---------Le creusement des canaux, le curage, l'élargissement et le redressement des collecteurs principaux, l'établissement des plates-formes des voies de communication et les travaux annexes, tels que le régalage des déblais ou la préparation des chantiers, ont été entièrement exécutés à l'aide d'engins mécaniques de terrasséments des types suivants.
---------On a employé, dans les sols humides ou noyés :
---------1° pour les grands canaux et l'aménagement des gros collecteurs,
---------Au début des travaux, c'est-à-dire de 1943 à 1946 inclus, une pelle Bucyrus 43 RB, louée à une entreprise de travaux publics, puis à partir de 1947, une pelle Link Belt de 45 tonnes (photo 4), acquise par l'Administration, équipée en dragline avec 3 longueurs de flèches et 3 godets de capacité variant de 0,750 à 1.500 m3.
---------2° pour les canaux de drainage et les petits collecteurs,
---------Des pelles Nord-Est et surtout des pelles Rus ton Bucyrus des types 1030 et 19 RB équipées soit en draglines, soit en rétrocaveuses, avec godets de 400 à 500 1 ;
---------pour les terrassements à sec de tous les ouvrages
---------Des tracteurs " Caterpillar " des types D6 - D7 et D8 avec leurs équipements associés (angledozer, rooter, scraper et niveleuse). -
---------Des motorgraders " Caterpillar " du type D 12.
---------L'association des tracteurs et des pelles par équipes, suivant la situation, la nature et les particularités du travail, a permis de conduire les terrassements d'une manière très rationnelle et, par voie de conséquence, d'obtenir les meilleurs rendements

---------Les cubes annuels réalisés, au 31 décembre 1953, ont été les suivants :
année 1943 21.000 m3
année 1944 131.980 m3
année 1945 334.535 m3
année 1946 425.219 m3
année 1947 411.060 m3
année 1948 508.495 m3
année 1949 280.207 m3
année 1950 465.464 m3
année 1951 522.758 m3
année 1952 400.158 m3
année 1953 138.094 m3
Au total, ce cube atteint 3.640.000 m3, dont 1.610.000 environ pour la plaine de Bône-Est et 2.030 000 pour la plaine de Bône-Ouest.
---------Les longueurs des collecteurs généraux aménagés et des canaux de toutes sortes construits s'élèvent au total à 542,500 km se décomposant comme suit :
---------Plaine de Bône-Est :
Fossés de colature 177.300 km
Collecteurs généraux 54,800 km 336,900 km
Canaux 104,800 km

---------Plaine de Bône-Ouest
Collecteurs généraux 54,200 km
Canaux 72,800 km 205,600 km
Fossés de colature 78,600 km
---------La longueur des chemins établis dans le casier de Bône-Ouest pour la desserte des propriétés s'établit à 30 m environ.
---------Un mot enfin sur les rendements des engins et le prix de revient des terrassements.
---------Le rendement est évidemment fonction de la nature et du degré d'humidité des terrains extraits, des conditions de travail et, pour les tracteurs, des distances de transport aux lieux de dépôts.
---------On a enregistré :
--- pour la pelle Link. Belt, des rendements variant entre 55 et 90 m3/h ;
-- pour les pelles Bucyrus 19 RB, des rendements s'échelonnant entre 16 et 27 m3/h ;
-- pour les tracteurs, des rendements compris entre 40 et 70 m3/h.
---------Le prix de revient moyen du mètre cube de terrassements s'est maintenu à peu près constant pendant toute la durée des travaux. Revalorisé en francs 1953, il s'étage autour de 350 francs. Ce prix comprend toutes les dépenses annexes telles que finition à la main, salaires des personnels de conduite et de surveillance et frais généraux de la Subdivision.
---------Les ouvrages d'art construits sont, en général, d'un type très courant. Ils comprennent :
---------1) Les ouvrages de franchissement des collecteurs et canaux par les voies de communication (chemins de fer, routes nationales, chemins départementaux et communaux, chemins d'exploitation particuliers). Ils offrent toute une gamme partant des simples buses et dalots et des ponceaux de quelques mètres d'ouverture jusqu'aux ponts de 30 m. .de portée.
---------Ceux construits au cours des années 1943 à 1946 ont été adaptés aux circonstances économiques de cette époque où le ciment et les aciers étaient d'approvisionnement difficile.
---------Ces ouvrages comportent des tabliers constitués par des poutres T, en béton armé de 3, 4 et 5 m de longueur soigneusement fabriquées en usine, disposées côte à côte sur toute la largeur de l'ouvrage et solidarisées au droit des appuis.
---------Ces derniers sont composés de culées et de piles intermédiaires en maçonnerie ordinaire, établies sur des semelles de gros béton armé de fers de récupération (vieux rails, tubes, etc.) (voir photo 5).
---------Ils présentent peut-être un aspect un peu rustique, mais qui s'harmonise cependant assez bien avec le paysage d'alentour.
---------Depuis 1947, tous les ouvrages de franchissement un peu importants ont été construits en béton armé. Ils sont du type Cantilever (poutre droite continue avec tracée centrale de grande portée et travées de rive équilibrées) (voir photo 6).
---------2) Les ouvrages purement hydrauliques sont représentés par l'ouvrage à vanne de protection du réseau de l'Oued Besbès, dont j'ai déjà parlé, par quelques chutes réduisant les pentes de certains canaux et par une multitude de descentes d'eau, établise au confluent des fossés de colature avec les canaux de drainage (photos 7 et 8).
---------Au total, le nombre d'ouvrages d'art de toutes sortes s'élève, au 31 décembre 1953, à 697 dont 488 pour la plaine de Bône-Est et 209 pour la plaine de Bône-Ouest.
---------Les terres assainies ont fait l'objet d'un classement en deux périmètres défendus suivant les modalités édictées par la loi N° 358 du 18 mars 1952 (Titre II) qui prévoit, à ses articles 11 et 12
----------d'une part, le paiement à l'Algérie par les propriétaires intéressés d'une indemnité égale à la moitié de la plus-value acquise par les terrains du fait de l'amélioration obtenue à la suite des travaux d'assainissement ;
--------- d'autre part, la perception annuelle par l'Algérie, pour la couverture des dépenses de renouvellement, de grosses réparations et d'entretien des ouvrages, de redevances à l'hectare variables par zone.
---------Les dépenses de premier établissement ont donc été complètement imputées au Budget de l'Algérie.
---------En totalisant brutalement les sommes dépensées chaque année, on arrive à un chiffre légèrement supérieur au milliard de francs.
---------La revalorisation et le rajustement en francs 1953 donne le chiffre de 2.400.000.000.
---------Pour avoir une juste idée de la dépense d'investissement à l'hectare, il convient de retrancher de ce total une somme de 4 à 500 millions qui n'intéresse pas, à proprement parler, des périmètres défendus car elle correspond à l'augmentation de la section de l'Oued Méboudja et du canal principal du Lac Fetzara en vue d'accélérer sa vidange.
---------On peut, dans ces conditions, estimer à 60.000 francs environ la dépense d'investissement à l'hectare dans le périmètre de Bône-Est et à 90.000 francs celle du périmètreô de Bône-Ouest.

Georges AMANTE
Ingénieur des Ponts et Chaussées
Service de la Colonisation
et d'Hydraulique à Bône.