note du site : dans le texte, des renvois sont
faits vers des photos. Ces photos manquaient dans la revue)
CONSIDERATIONS GENERALES
---------L'assainissement
des Plaines de Bône s'intègre dans un programme général
des divers travaux à entreprendre pour donner à la région
bônoise l'équipement nécessaire au développement
maximum de son agriculture.
---------Il
faut donc, dès l'abord, développer quelques considérations
générales sur la région bônoise, de manière
à mieux faire comprendre la situation et l'intérêt
des travaux réalisés dans le cadre du programme général.
---------La
configuration géographique de la région de Bône est
la suivante.
---------Les
montagnes côtières, qui bordent le Tell de l'Est Constantinois,
s'incurvent depuis le massif du Filfila jusqu'aux montagnes de Kroumirie
près de Tabarka, en dessinant un vaste golfe de 120 km de longueur
et dont la profondeur atteint 22 km.
---------Du
point de vue géologique ce relief est argilo-gréseux (flysch
numidien). Malgré la présence de quelques petites sources
issues des grès au contact des intercalations d'argile, on peut
considérer l'ensemble comme pratiquement imperméable.
---------A
l'intérieur de ce golfe se trouve une sorte d'île : le massif
de l'Edough qui culmine au Bou Zizi à 1.008 m et s'allonge sur
56 km en direction E.-W sur une largeur moyenne de 16 km. Il est constitué
par des terrains anciens (gneiss, granit, micaschistes), particulièrement
pauvres du point de vue hydrologique.
Les plaines
---------Entre le
massif de l'Edough et le chaîne côtière s'étend
une large dépression en forme de gouttière, cintrée
en plan, qui constituait certainement autrefois un large bras de mer d'une
centaine de km de longueurs et qui a étÉ progressivement
comblée par les alluvions des fleuves qui s'y jettent et dont les
principaux sont, d'W en E :
----------
l'Oued Kébir de l'Ouest, draînant les montagnes côtières,
grossi sur sa rive droite de l'Oued et Aneb et de l'Oued Magroum, descendant
du massif de l'Edough ;
----------
l'Oued Seybouse, le plus important des cours
d'eau de la région, canalisant les débits de ruissellement
d'un bassin versant de 5.600 km2, dont le débit annuel est de l'ordre
de 450 millions de m2 ; son dernier affluent de rive gauche, l'Oued Méboudja,
lui apporte les eaux du bassin versant du Lac Fetzara et de la plaine
de Bône-Ouest ;
---------- l'Oued
bou Namoussa, gros cours d'eau descendant de la région de Souk-Ahras-Lamy,
dont le bassin versant est de 600 km2 environ, et susceptible d'un débit
annuel moyen de 180 millions de m3 ;
----------
l'Oued Kébir de l'Est, formé par la réunion de
trois oueds importants (Kébir, Ballouta et Bougous), qui draine
les flancs W des montagnes de Kroumirie et reçoit dans sa vallée
moyenne de nombreux affluents de rive gauche (Guergour, Halloufa et Bou
Lathan). Son bassin versant est de l'ordre de 750 km2 et son débit
moyen annuel de 250 millions de m3.
---------Les alluvions
de ces fleuves ont constitué un chapelet de plaines côtières
et subcôtières, séparées les unes des autres
soit par les bourrelets de rive des cours d'eau, soit par des zones plus
marquées de dépôts alluvionnaires formant barrages
dans la dépression générale. Ces plaines ont chacune
un caractère et une composition agrologiques propres, correspondant
à la nature des terrains traversés par les différents
oueds et au degré d'alluvionnement de chaque dépression.
* **
---------On peut
ainsi distinguer, en allant de l'W vers 1'E :
----------
Le delta commun de l'Oued Kébir de l'Ouest et de l'Oued el Aneb,
plaine d'environ 9.000 ha de superficie ;
----------
Le Lac Fetzara et ses abords : zone de 23.000
ha dont la cuvette a constitué pendant des siècles un marécage
permanent où le plan d'eau s'étalait sur une superficie
de 14.000 ha. Ne bénéficiant plus, à partir d'une
certaine époque, de l'alluvionnement des deux grands fleuves qui
le bordent, il ne s'est lentement comblé que par les apports des
petits oueds descendant au N et au S des collines de Penthièvre
et du massif de l'Edough.
---------Sa
cote de fond est de l'ordre de + 10,50. Sa vidange totale est obtenue
chaque année vers la fin mars par un canal de 14 km de long qui
le traverse dans le sens W-E et rejoint, après traversée
de son bourrelet oriental, le cours moyen de l'Oued Méboudja.
----------
La plaine de Bône-Ouest, d'environ 10.000 ha, se situe entre
le bourreiet oriental du Lac Fetzara et la rive gauche de l'Oued Seybouse.
----------
La plaine de Bône-Est, d'une superficie approximative de 20.000
ha, est comprise entre la rive droite de l'Oued Seybouse et la rive gauche
de l'Oued bou Namoussa.
----------
Le marais M'Krala est le delta commun de l'Oued bou Namoussa et de
l'Oued Kébir de l'Est. Cette plaine, d'une superficie de l'ordre
de 14.000 ha, constitue à l'heure actuelle une sorte de lagune
dont l'altitude est très basse (cotes + 3 à + 1), dans laquelle
s'accumulent les débits des deux fleuves avant de pouvoir s'écouler
vers la mer par leur exutoire commun, " la Maffrag ", lorsque
le niveau d'amont arrive à submerger la barre sableuse qui l'obstrue
et qui se reconstitue rapidement sous l'action de la mer.
----------
La moyenne vallée de l'Oued Kébir de l'Est, plaine très
étroite et allongée d'environ 9.500 ha, présente
deux renflements à hauteur des villages de Blandan et du Tarf.
----------
Le Lac Oubeïra, qui constitue l'extrémité E"
de la dépression côtière, est un plan d'eau permanent
de 2.300 ha de superficie. Il ne reçoit aucun cours d'eau susceptible
d'acélérer son comblement. Les eaux de crue de l'Oued Kébir
trouvent là un réservoir régulateur en remontant
la dépression dite " Messida " au N du village de Yusuf.
----------
Enfin, pour être complet, il convient de citer le Lac Tonga,
situé à l'extrême E de la région, séparé
du chapelet des dépressions dont je viens de parler par une petite
ligne de collines d'altitude moyenne + 40. Sa superficie est de 3.600
ha environ. Son alluvionnement est très lent parce que seulement
assuré par des oueds peu importants (les Oueds el Eurg et El Hout)
dont les bassins versants sont particulière-ment boisés.
---------Ce
lac, dont le fond n'est qu'à la cote + 1, est partiellement vidé
par un canal le reliant à la mer.
---------Ainsi,
les dépressions côtières de l'Est Constantinois occupent
une superficie de 88.000 ha, dont 58.000 ha de terres cultivables à
divers degrés et 20.000 ha constitués par des fonds de marais
et des lacs permanents.
Le climat.
---------La
région bônoise est soumise au climat méditerranéen
c'est-à-dire caractérisé par une saison pluvieuse
allant d'octobre à mai et par un été sec et ensoleillé.
Pour une année donnée, la répartition des pluies
diffère d'ailleurs le plus souvent du tout au tout de leur répartition
moyenne, et cette irrégularité constitue une donnée
fondamentale de ce climat.
---------Le
relief agit comme un rempart qui provoque la condensation et la précipitation
d'une partie de la vapeur d'eau amenée par le vent soufflant de
lamer, avec des maxima pluviométriques sur les massifs montagneux
les plus élevés et les plus proches de la mer et des minima
pluviométriques sous le vent de ces massifs.
---------Voici
d'ailleurs quelques chiffres qui donnent la moyenne de la pluviométrie
annuelle enregistrée par quelques postes météorologiques
:
Herbillon ................................ 967 mm
Edough 1.167 mm
Bône 987 mm
La Calle 910 mm
Aïn-Mokra 793 mm
Morris 756 mm
---------Du
point de vue la mer. En bordure à 10°.thermique, le climat
est remarquablement tempéré, dû à l'action
modératrice de immédiate de celle-ci, l'amplitude diurne
est partout et en toute saison inférieure
---------La
moyenne des températures du mois le plus froid (janvier) est de
11° avec minimum absolu de 0° ; celle du mois le plus chaud (août)
de 29° avec maximum absolu de 45°.
---------Les
gelées et la neige y sont pratiquement inconnues. Les chutes de
grêle sont peu fréquentes.
---------Enfin,
l'humidité relative est à peu près constante toute
l'année, avec les moyennes suivantes selon les heures de la journée
(Station du Cap de Garde) :
7 h. .......................................... 74 %
13 h. .......................................... 67 %
18 h. .......................................... 76 %
---------D'après
le professeur Emberger, Bône est à la limite de l'étage
méditerranéen subhumide, avec un quotient de 91,5, correspondant
sensiblement à celui de Perth en Australie.
Géologie et pédologie.
---------Du
point de vue géologique, j'ai déjà indiqué
la nature des formations constituant le relief ; il me reste à
donner pour les plaines un aperçu de leur stratigraphie et de leur
tectonique, ainsi que de leurs caratéristiques pédologiques.
---------Si
l'on s'en réfère à L. Joleaud, la région littorale
fut, durant le Quaternaire, l'objet d'une suc-cession d'oscillations vers
le haut et vers le bas, correspondant à des mouvements apparents
de la mer, positifs (transgressions) lors des affaissements du littoral,
négatifs (régressions) lors des exhaussements. Cette théorie
est basée sur l'observation des successions des terrasses fluviales
et plages marines.
---------Un
affaissement correspond à une transgression de la mer et à
un relèvement apparent du niveau de base des fleuves. Une telle
période est marquée par un dépôt alluvial considérable.
---------Un
exhaussement, au contraire, se traduit par une activité érosive
des neuves plus intense, puis-que le niveau de base s'est abaissé.
---------On
note, en effet, la présence, sur tout le pourtour du relief gréseux,
de terrasses alluvionnaires étagées de 15 à 150 m.
au-dessus du niveau actuel des fleuves.
---------On
admet qu'à la fin de cette période d'oscillations :
----------
le Lac Fetzara était déjà isolé par ses deux
bourrelets W et E ;
----------
le reste des plaines de Bône constituait une immense lagune comprise
entre un cordon dunaire côtier et la base du relief argilo-gréseux.
---------Suivent
alors, au Quaternaire récent, un comblement rapide du marécage
par les matériaux détritiques arrachés au relief
par un ruissellement im portant, et la formation d'un alluvionne vent
de galets, de cailloutis, de sables et de limons superposés ou
étagés, tant dans le sens horizontal que vertical, suivant
la violence et l'intensité des érosions.
---------En
ce qui concerne l'aperçu agro-pédologique, j'emprunte à
l'ouvrage consacré à l'Agriculture de la Région de
Bône de M. Liger, Ingénieur des Services Agricoles, la classification
des sols sui-vante
----------
Les sols alluc faux occupent les bourrelets des Oueds Seybouse, Kébir
de l'Est et de l'Ouest et bou Namoussa et de leurs affluents. On distingue
au moins deux types de sols alluviaux : les sols sablo-argileux ou sablo-limoneux
et les sols limono-argileux.
---------Ces
derniers sont les plus etendus.
---------A
cette famille de sols, peu évolués du point de vue pédologique,
se rattachent des sols sabloargileux d'origine gréseuse des bords
des krélidjs et des cônes de déjection.
---------Les
profondes alluvions de la Seybouse recouvrent fréquemment un cailloutis
fluviatile qui forme drain naturel. ---------Au
point de vue chimique, elles se distinguent des autres alluvions par leur
teneur relativement élevée en calcaire.
----------
Les sols noirs forment une grande partie de la plaine qui s'étend
entre l'Oued Seybouse et l'Oued bou Namoussa, de Randon à la route
Bône-Morris, de celle qui va de la Seybouse au Lac Fetzara. Ils
sont également bien représentés à Blan dan,
Le Tarf et Yusuf. Ce sont des terres argileuses ou limono-argileuses,
légèrement chlorurées, qui constituaient les sols
d'anciens marécages, sous-salins, améliorés par la
culture et le drainage.
----------
Les sols salins et sous-salins, profonds en général
et d'épaisseur variant de 0,80 à 1,50 m., reposent très
souvent sur une couche d'argile jaune. Leur origine est lagunaire et leur
formation s'est effectuée sous le régime hydro-hypopédique.
La salure de ces terres est due à l'évaporation des eaux
qui les recouvraient sous une faible épaisseur. On reconnaît
souvent dans leur profil un horizon à gley et la structure typique
des solontchaks. Mais on trouve aussi un grand nombre de sous-types à
différents stades.. Ces sols couvrent près de 30.000 ha
notamment dans le Lac Fetzara, les Beni Urgines et le Marais M'Krada.
Les projets d'aménagement.
---------Ces caractéristiques
géographiques, orologiques, hydrographiques, climatiques et géologiques,
ainsi esquissées, font ressortir que les plaines de la région
de Bône, constituées par des sols lourds et compacts, souffrent
au cours de la saison pluvieuse d'un excès d'eau résultant
:
----------
d'une part, de la pluviométrie abondante reçue sur leur
impluvium
----------
d'autre part, des débordements et divagations des oueds dont les
débits importants sont la conséquence de l'imperméabilité
de leurs bassins versants montagneux ;
----------
enfin, de la stagnation prolongée des eaux d'inondation dans toutes
leurs dépressions.
---------Leur
aménagement hydraulique consiste donc, à un premier stade,
dans la résolution de différents problèmes de fixation
de lit des cours d'eau, d'évacuation rapide des eaux de ruissellement
et de drainage des terres en profondeur, de manière à maintenir
la nappe phréatique à un niveau permettant la vie et le
développement des cultures en hiver.
---------Le
deuxième stade sera l'irrigation, au cours de l'été,
de certaines zones assainies de ces plaines où la nappe phréatique
sera trop basse pour alimenter les racines des plantations.
---------Les
ressources aquifères souterraines étant peu abondantes,
il faudra surtout faire appel aux eaux de ruissellement accumulées
pendant la saison pluvieuse derrière des barrages-réservoirs.
---------Le
premier de ces ouvrages est à l'étude et fera incessamment
l'objet d'un avant-projet de travaux. C'est celui de l'Oued bou Namoussa,
dont les eaux seront retenues dans la région de La Cheffia, à
une quinzaine de km à l'aval de Lamy, et dont la capa cité
permettra de stocker le débit annuel moyen de cette rivière,
soit 150 à 180 millions de m3, dont 100 millions utilisables pour
l'irrigation d'une grande partie des terres assainies des plaines de Bône-Est
et Bône-Ouest.
---------L'assainissement
des plaines de Bône-Est et de Bône-Ouest e`st la première
des réalisations prévues au programme général
d'aménagement hydraulique de la région de Bône.
---------Ces
plaines, situées à quelques km d'un grand centre urbain
et d'un port important, desservies par un réseau assez complet
de voies de communication et déjà mises en culture sur de
larges surfaces, étaient, en effet, désignées pour
bénéficier, en tout premier lieu, de travaux hydrauliques
susceptibles d'augmenter leur valeur agricole et d'assurer . rapidement
leur complet développement économique.
---------Le
premier stade de leur aménagement a été pratiquement
atteint, car elles sont actuellement soustraites à l'action des
eaux nuisibles par un ensemble de réseaux de drainage.
---------Les
travaux correspondants, mis en chantier en 1943, sont terminés,
à civiques petits parachèvements près, pour ce qui
intéresse la plaine de Bône-Est. Ils sont en voie d'achèvement
dans la plaine de Bône-Ouest.
LA PLAINE DE BONE-EST
---------Le périmètre
défendu est délimité
----------
au N, par les dunes du littoral, depuis Bône jusqu'à l'embouchure
de la Maffrag ;
----------
à l'E, par le cours de l'Oued bou Namoussa jusqu'à hauteur
du mamelon de Sidi Abd el Aziz ;
----------
au S, par le pied des contreforts de l'Atlas tellien jusqu'à hauteur
de Mondovi. - à l'W, par le cours aval de l'Oued Seybouse.
---------Il
s'étend sur les territoires des Communes de Randon (3/5 du périmètre)
et de Morris (2/5 du périmètre).
Il renferme les villages suivants : Morris, Zérizer et Randon,
et l'Aérodrome d'Etat de Bône-les-Salines.
---------L'étendue
totale du périmètre défendu s'élève
à 19.233 ha.
---------Il
y a lieu, pour obtenir la superficie des terres de culture ou d'exploitation
réellement défendues, d'en déduire :
- la surface occupée par les routes et chemins 230 ha
- la surface occupée par les cours d'eau 310 ha
- la surface occupée par les villages et les hameaux 140 ha
- la surface occupée par les canaux qui ont été construits
420 ha
Total 1.100 ha
---------Si
bien que la surface réellement défendue est approximativement
de 18.130 ha.
---------Il
convient aussi de déduire 650 ha de terrains très bas situés
au voisinage de la Maffrag, et qui ne pourront être mis en culture
d'une façon régulière quelles que soient les dispositions
que l'on pourra
adopter.
---------Il
reste en définitive : 17.500 ha.
---------Le
périmètre défendu affecte, en gros, la forme d'un
trapèze dont la grande base est constituée par la Seybouse
et 20 km de long, la petite base, constituée par la Bou Namoussa,
a 12 km. La hauteur, dans le sens E-W, a 15 km.
---------Ce
trapèze est à peu près plan. Son angle SW, le plus
élevé, est vers la cote + 15, son angle SE vers la cote
+ 6, son angle NW vers la cote + 3 et l'angle NE, le plus bas, vers la
cote + 1.
---------Un
petit accident de terrain est situé vers le tiers inférieur
de la grande base. Là, les coteaux de Dahroussa s'élèvent
sur 5 km d'W en E sur 2 km de largeur.
---------Ils
délimitent, en quelque sorte, deux bassins versants dans le périmètre.
---------Au
N des coteaux de Dahroussa, il existe une dépression très
importante dont le cours général est S-N : c'est le Krelidj
Bou Kamira qui va se jeter dans la mer à hauteur de l'Aérodrome
des Salines.
---------Ce
krelidj est très certainement un ancien bras de la Seybouse, vraisemblablement
encore en service à l'époque de l'occupation romaine. Il
n'avait plus qu'un débit insignifiant par suite de multiples remblais
établis pour son franchissement et seulement traversés par
de simples buses.
---------Il
reçoit les eaux de ruissellement de la partie de direction W-E
dont le cours était mal fixé : le Dahroussa.
---------Au
S des coteaux de Dahroussa, un petit oued de la plaine située au
N et à l'E du mamelon de Krelidj Amer qui reçoit les eaux
dévalant du relief qui le borde.
---------A
mi-chemin, entre les villages de Randon et de Zérizer, il rejoint
le gros Oued Besbès dont le bas-sin versant est d'environ 31 km2,
qui draine profondément le massif montagneux. Ces deux oueds réunis
se perdaient aussitôt dans la plaine sous la forme d'un marécage
d'où sortait un nouveau cours d'eau de direction SW-NE, l'Oued
bou Allalah, se jetant dans la Maffrag.
---------Krelidj
Amer - Oued Besbès et Bou Allalah recevaient les eaux de ruissellement
de la partie du périmètre qui ne s'égouttait pas
par le Bou Kamira.
---------Telles
étaient, rapidement esquissées, les conditions géographiques
de la plaine de Bône-Est. Ajou-. tons que tous les oueds et krelidjs
sont encaissés entre deux bourrelets en saillie sur les terrains
environnants.
---------Le
périmètre a été divisé en trois zones
ayant chacune son réseau d'assainissement particulier.
---------Les
eaux venant des montagnes situées sur la bordure S ont été
séparées de celles tombant directement sur la plaine.
---------Le
Krelidj Amer et l'Oued Besbès, convenablement élargis, calibrés
et régularisés, sont conduits à l'Oued bou Namoussa,
immédiatement au S du village de Morris, par une dérivation
de grande section, orientée W-E, qui traverse la cuvette de Zérizer
et aboutit à la rivière après avoir franchi son bourrelet
de rive gauche.
---------Les
déblais rejetés sur la berge N de la dérivation constituent
un endiguement qui s'oppose à l'invasion des terres d'aval par
les eaux de ruissellement des montagnes.
---------La
seule difficulté résidait dans le fait que le fond de la
cuvette de Zérizer est sensiblement à la cote + 5 et que
les eaux de crue de l'Oued bou Namoussa peuvent atteindre la cote + 7;20
une ou deux fois au cours des hivers des années à forte
pluviométrie. La durée de ces crues ne dépasse jmais
d'ailleurs 12 à 15 heures.
---------Il
était donc indispensable de s'opposer à l'introduction de
ces eaux de crue dans la zone défendue.
---------A
cet effet, un ouvrage de garde a été construit légèrement
en arrière de la berge du fleuve auquel il est relié par
une galerie de 90 m environ de longueur. La défense est assurée
par une vanne secteur automatique pesant 7 tonnes. Cette vanne, portant
un bec moteur à sa partie inférieure, se déplace
verticalement autour de 2 tourillons horizontaux. Elle est équilibrée
par un contrepoids en béton qui la laisse en position indifférente
quand elle est immergée. Elle fonctionne sous une dénivellation
de 10 à 15 cm des plans d'eau mont et aval.
---------L'expérience
de plusieurs années a montré que la cuvette de Zérizer,
dans laquelle s'étalent les eaux de ruissellement pendant la période
de fermeture de la vanne, se vidange, en quelques heures, après
la réouverture de la vanne et que cette courte inonda Lion ne gêne
en rien les cultures.
|
|
----------Sur le
Krelidj Amer, l'Oued Besbès et la dérivation, divers canaux
de drainage et de colature ont été établis, qui complètent
le système d'évacuation.
---------L'ensemble
des ouvrages d'assainissement de cette zone est désigné
sous l'appellation de RESEAU DE L'OUED BESBES.
---------Le
reste de la plaine de Bône-Est, ainsi soustrait à l'inondation
des eaux des montagnes et qui ne reçoit donc plus que celles de
son impluvium propre, a été divisé en deux zones,
dont les collecteurs généraux sont constitués par
les deux cours d'eau qui la traversent, c'est-à-dire les Oueds
bou Kamira et bou Allalah.
---------Il
a suffi d'aménager ces oueds pour les débits totaux qu'ils
ont à évacuer, et d'y greffer, selon le système classique,
un ensemble de canaux de drainage et de colature appropriés aux
surfaces à assainir.
---------Ce
sont les RESEAUX DU BOU KAMIRA et du BOU ALLALAH.
LA PLAINE DE BONE-OUEST
---------Le périmètre
défendu est délimité :
- au N, par l'Oued Méboudja, canalisé depuis le pont-vannes
du Lac Fetzara jusqu'à son confluent avec la Seybouse ;
- à l'E, par le cours de la Seybouse depuis ce point jusqu'au pont
du C.D. 125 ;
- au S, par le pied des contreforts de l'Atlas tel lien depuis la Seybouse
jusqu'au Bordj ben Yacoub ;
- à l'W, par le Chemin Départemental N° 108 j usqu'au
canal principal du Fetzara.
---------Le
périmètre ainsi défini s'étend, pour sa presque
totalité, sur le territoire de la Commune de Duzerville. lI renferme
le village de Duzerville et le ham eau de Saint-Paul.
---------Sa superficie
est de 10.100 ha environ, de laqu elle il faut retrancher pour obtenir
la surface des terres de cultures et d'exploitation
- les terrains occupés par les routes et
chem ins 140 ha
- ceux occupés par les cours d'eau 51 ha
- ceux occupés par les villages et agglomérations
49 ha ceux occupés par des canaux construits
Total 440 ha environ
---------La
superficie réellement défendue s'établit donc à
9.600 ha.
---------Le
périmètre affecte, en gros, la forme d'un rectangle allongé
dans le sens W-E dont le grand côté a 16,500 km de longueur
et le petit côté 5,500 km.
---------Il est
à peu près plan et incliné de l'W à l'E et
du S au N. Son angle SW, le plus élevé, est vers la cote
+ 2, l'angle NW vers la cote +16, l'angle SE vers la cote + 11 et l'angle
NE, le plus bas, vers la cote + 7.
---------Une petite
ligne de mamelons, le Koudiat el Ladet, dont l'altitude moyenne et de
30 m, orientée S-N, coupe le périmètre en deux parties
inégales (1/3 amont, 2/3 aval). Ces deux parties communiquent néanmoins
largement par la dépression qui limite au N le Koudiat el Ladet.
---------Le périmètre
était arrosé, ou plutôt inondé, par de nombreux
oueds dont les cours sont sensiblement parallèles et orientés
SW-NE.
---------Ce
sont :
- L'Oued Méboudja supérieur, en bordure du bourrelet
oriental du Lac Fetzara et dont le bassin versant est de l'ordre de 3.400
ha ;
- L'Oued Ressoul, le plus important de tous dont la partie aval
longe le versant W du Koudiat el Ladet ; il a son origine dans la région
de Guelaat Bou-Sba, se développe sur 37 km et collecte les eaux
d'un bassin versant de 13.150 ha environ ;
- L'Oued Mellah, qui longe le versant E du Koudiat el Ladet, à
9 km environ et a un bassin versant de 2.250 ha ;
- L'Oued bou Athout, qui draine la face N des coteaux compris entre
Mondovi et Penthièvre et dont le bassin versant est de l'ordre
de 5.100 hectares ;
- enfin, l'Oued Monaïm, petit cours
d'eau de 5 km et de 1.600 ha de bassin versant, qui divaguait dans la
plaine près de Duzerville.
---------Les 5 à
6 km2 situés au N du village de Duzerville n'étaient parcourus
par aucun canal ou cours d'eau naturel.
---------Il
convient aussi de noter que :
----------
les terrains bordant la rive gauche de la Seybouse entre le cours du fleuve
et la R.N. 16, et dont la superficie est de l'ordre de 1.600 ha, n'étaient
pas soumis aux débordements des oueds, mais ils souffraient de
la stagnation des eaux pluviales en raison de la faible pente S-N et de
la présence de dépressions assez marquées ;
----------
le périmètre était mal pourvu de voies de communications
secondaires, transversales aux deux routes nationales 16 et 21 ; l'accès
et la desserte des propriétés n'étaient donc pas
convenablement assurés pour une mise en valeur rationnelle ;
----------
enfin, il n'avait pas été compris dans le périmètre
défendu la bande de terrains de 1.100 ha située au N, entre
la berge gauche de l'Oued Méboudja et le pied du massif du Béleleita'.
---------La
nécessité est apparue de les faire bénéficier
d'aménagements semblables parce qu'ils présentent des valeurs
agricoles comparables et que, de toute manière, il aurait fallu,
pour réduire au minimum les travaux d'entretien ultérieurs
de l'Oued Méboudja, protéger la rive gauche de ce dernier
contre les érosions des petits oueds dévalant du massif
du Béleleita.
---------Les
formalités d'extension du périmètre défendu
sont terminées l'arrêté gubernatorial de classe-ment
doit intervenir sous peu.
---------Les
travaux qui ont été exécutés correspondent
aux conditions géographiques et économiques que je viens
d'indiquer.
---------On
a capté et fixé, à l'origine de leur cours de plaine,
tous les oueds dévalant du massif montagneux. Leurs lits ont été
redressés, rectifiés et calibrés pour pouvoir évacuer,
sans vitesse excessive, les débits de leurs crues moyennes.
---------On
a ainsi découpé la plaine en cinq zones distinctes, desservies
chacune, par un réseau particulier, constitué par un ensemble
de canaux de drainage et de colature correspondant à l'assainissement
de leur impluvium propre.
---------On
distingue donc :
le réseau DE L'OUED MEBOUDJA SUPERIEUR
- celui de L'OUED RESSOUL ;
-celui de L'OUED MELLAH ;
-celui de L'OUED ATHOUT ;
-celui de L'OUED MONAIM.
---------La zone
située au N de Duzerville entre la Seybouse et la R.N. N° 16,
ainsi qu'une partie des terrains en amont du C.D. 129, a été
assainie par un autre réseau distinct : celui de DUZERVILLE, dont
ie col-lecteur débouche dans l'Oued Béboudja immédiatement
en amont de son confluent avec la Seybouse.
---------Le
collecteur général de l'ensemble des réseaux, c'est-à-dire
l'Oued Méboudja dans ses cours moyen et aval, a été
aménagé de manière à lui permettre d'écouler
simultanément les débits des réseaux d'assainissement
et un volume supplémentaire de 50 m3/seconde pour la vidange continue
du Lac Fetzara.
---------Il
a donc été élargi et régularisé suivant
les débits successifs à évacuer. On a supprimé
trois ouvrages de franchissement dont l'ouverture insuffisante y créait
des remous importants, pour les rein-placer, à des points judicieusement
choisis, par deux nouveaux ouvrages de dimensions appropriées.
---------Enfin,
diverses voies de communication ont été établies
en plateforme et ouvrages d'art (la construction des chaussées
étant laissée aux collectivités intéressées),
qui permettent d'accéder aux propriétés et d'en assurer
la culture dans de bonnes conditions.
---------Je
cite, en particulier :
-- les chemins départementaux N" 120 entre la R.N. 21 et le
C.D. 108 ;
- les chemins départementaux N" 125 entre l'extrémité
du V.O. 9, de Duzerville et la R.N. 16, Saint-Paul ;
- les chemins vicinaux ordinaires et ruraux de la Commune de Duzerville
;
- V.O. 1 le long du bourrelet de la Seybouse en amont du C.D. 129 ;
- V.O. 9 entre Duzerville et le C.D. 120 ;
-Rural reliant le C.D. 120 au C.D. 129 ;
-Rural de Sidi-Moussa.
LES TRAVAUX
---------Il reste,
pour en terminer avec les conditions techniques d'établissement
des projets exécutés, à donner quelques indications
sur les bases et éléments de calculs des ouvrages.
---------Il
a été admis que les terres de périmètres comprises
à l'intérieur de chaque réseau ne devraient recevoir
que les eaux tombant sur leur impluvium propre.
---------Les
collecteurs généraux et les oueds aménagés,
chargés d'évacuer, en plus des débits du drainage
pl ofond, les eaux extérieures au périmètre, ont
donc été établis pour assurer l'écoulement
instantané de ces eaux et pour des débits correspondant
aux crues décennales.
---------Les
résultats fournis par les différentes formules classiques
(FULLER-SEJOURNE) ont été comparés et les débits
à retenir fixés en tenant le plus grand compte de la forme,
de la pente moyenne, de la nature géologique et du degré
de boisement des bassins versants.
---------On
est ainsi arrivé à des débits variant de 5 à
15 1/s à l'ha, que les ouvrages construits ont confirmés,
car aucun d'entre eux n'est encore apparu insuffisant et n'a fonctionné
à son maximum de capacité.
---------Une
question s'était posée pour le calcul des canaux de drainage
propres à chaque réseau.
---------Fallait-il
les construire aussi pour l'évacuation instantanée des précipitations
importantes et brutales, ou pouvait-on se contenter de la seule section
nécessaire au drainage, tel que je le définirai plus loin,
ce qui conduisait, à première vue, à n'obtenir, pendant
la durée de la chute, qu'une évacuation partielle du volume
total des précipitations, à provoquer une inondation passagère
des terrains et à prolonger le temps de la vidange complète
?
---------La
vérification des sections, calculée pour le simple drainage,
faisait ressortir que les canaux étaient susceptibles de débiter
2 à 3 1/s à l'ha. L'expérience a montré que
les cànaux établis assuraient aussi l'évacuation
instantanée du ruissellement total.
---------On
a donc pensé, pour ne pas trop abaisser le niveau de la nappe phréatique
et en attendant que les irrigations d'été puissent être
pratiquées, à n'exécuter en drainage que l'ensemble
des canaux primaires et quelques canaux secondaires des réseaux,
et à activer l'écoulement des eaux pluviales par un réseau
serré de canaux de colature superficielle de faible section.
---------Les
caractéristiques du drainage sont les suivantes.
---------C'est
aux propriétaires intéressés qu'il appartient, à
l'intérieur de leurs terres, d'abaisser le plan d'eau au niveau
qu'ils désirent (0,80 m au maximum) à l'aide d'un système
de drain souterrain ou à l'air libre.
---------L'Administration
se borne à leur offrir, à une distance maxima de 800 m,
un exutoire assez profond pour que le plan d'eau de drainage soit à
1,80 m au-dessous du terrain naturel. Cette cote correspond en effet à
la hauteur du drainage (0,80 m) augmentée du diamètre du
drain (0,20 m) et de la différence d'altitude pour une pente de
1 mm par mètre (0,80 m).
---------La
section de drainage est calculée pour un débit de 0,8 1/ha/s.
---------Les
canaux, de section trapézoïdale, construits en pleine terre
sur ces données, ont des largeurs au plafond variant de 1 à
2,50 m, des profondeurs de 2,50 à 4 m. En raison de l'excellente
tenue des terres, leurs talus sont uniformément inclinés
à 1/1 et ne comportent nulle part des revêtements de berges.
---------Le
long de celles-ci et des deux côtés, il a été
aménagé des risbernes de 4 à 6 m de largeur qui permettront
la circulation et le travail commodes des engins de terrassements devant
assurer leur entre-tien ultérieur.
---------Les
canaux de colature présentent une section triangulaire dont la
hauteur est comprise entre 0,70 et 0,90 m et les talus inclinés
à 2/1.
---------J'en
arrive maintenant à l'exécution des travaux proprement dite,
c'est-à-dire aux moyens et techniques utilisés, aux quantités
d'ouvrages utilisés et à leur prix de revient.
---------Pour
ce qui concerne les terrassements :
---------Le
creusement des canaux, le curage, l'élargissement et le redressement
des collecteurs principaux, l'établissement des plates-formes des
voies de communication et les travaux annexes, tels que le régalage
des déblais ou la préparation des chantiers, ont été
entièrement exécutés à l'aide d'engins mécaniques
de terrasséments des types suivants.
---------On
a employé, dans les sols humides ou noyés :
---------1°
pour les grands canaux et l'aménagement des gros collecteurs,
---------Au
début des travaux, c'est-à-dire de 1943 à 1946 inclus,
une pelle Bucyrus 43 RB, louée à une entreprise de travaux
publics, puis à partir de 1947, une pelle Link Belt de 45 tonnes
(photo 4), acquise par l'Administration, équipée en dragline
avec 3 longueurs de flèches et 3 godets de capacité variant
de 0,750 à 1.500 m3.
---------2°
pour les canaux de drainage et les petits collecteurs,
---------Des
pelles Nord-Est et surtout des pelles Rus ton Bucyrus des types 1030 et
19 RB équipées soit en draglines, soit en rétrocaveuses,
avec godets de 400 à 500 1 ;
---------pour
les terrassements à sec de tous les ouvrages
---------Des
tracteurs " Caterpillar " des types D6 - D7 et D8 avec leurs
équipements associés (angledozer, rooter, scraper et niveleuse).
-
---------Des
motorgraders " Caterpillar " du type D 12.
---------L'association
des tracteurs et des pelles par équipes, suivant la situation,
la nature et les particularités du travail, a permis de conduire
les terrassements d'une manière très rationnelle et, par
voie de conséquence, d'obtenir les meilleurs rendements
---------Les cubes
annuels réalisés, au 31 décembre 1953, ont été
les suivants :
année 1943 21.000 m3
année 1944 131.980 m3
année 1945 334.535 m3
année 1946 425.219 m3
année 1947 411.060 m3
année 1948 508.495 m3
année 1949 280.207 m3
année 1950 465.464 m3
année 1951 522.758 m3
année 1952 400.158 m3
année 1953 138.094 m3
Au total, ce cube atteint 3.640.000 m3, dont 1.610.000 environ pour la
plaine de Bône-Est et 2.030 000 pour la plaine de Bône-Ouest.
---------Les
longueurs des collecteurs généraux aménagés
et des canaux de toutes sortes construits s'élèvent au total
à 542,500 km se décomposant comme suit :
---------Plaine
de Bône-Est :
Fossés de colature 177.300 km
Collecteurs généraux 54,800 km 336,900 km
Canaux 104,800 km
---------Plaine
de Bône-Ouest
Collecteurs généraux 54,200 km
Canaux 72,800 km 205,600 km
Fossés de colature 78,600 km
---------La
longueur des chemins établis dans le casier de Bône-Ouest
pour la desserte des propriétés s'établit à
30 m environ.
---------Un
mot enfin sur les rendements des engins et le prix de revient des terrassements.
---------Le
rendement est évidemment fonction de la nature et du degré
d'humidité des terrains extraits, des conditions de travail et,
pour les tracteurs, des distances de transport aux lieux de dépôts.
---------On
a enregistré :
--- pour la pelle Link. Belt, des rendements variant entre 55 et 90 m3/h
;
-- pour les pelles Bucyrus 19 RB, des rendements s'échelonnant
entre 16 et 27 m3/h ;
-- pour les tracteurs, des rendements compris entre 40 et 70 m3/h.
---------Le
prix de revient moyen du mètre cube de terrassements s'est maintenu
à peu près constant pendant toute la durée des travaux.
Revalorisé en francs 1953, il s'étage autour de 350 francs.
Ce prix comprend toutes les dépenses annexes telles que finition
à la main, salaires des personnels de conduite et de surveillance
et frais généraux de la Subdivision.
---------Les
ouvrages d'art construits sont, en général, d'un type très
courant. Ils comprennent :
---------1)
Les ouvrages de franchissement des collecteurs et canaux par les voies
de communication (chemins de fer, routes nationales,
chemins départementaux et communaux, chemins d'exploitation particuliers).
Ils offrent toute une gamme partant des simples buses et dalots et des
ponceaux de quelques mètres d'ouverture jusqu'aux ponts de 30 m.
.de portée.
---------Ceux
construits au cours des années 1943 à 1946 ont été
adaptés aux circonstances économiques de cette époque
où le ciment et les aciers étaient d'approvisionnement difficile.
---------Ces
ouvrages comportent des tabliers constitués par des poutres T,
en béton armé de 3, 4 et 5 m de longueur soigneusement fabriquées
en usine, disposées côte à côte sur toute la
largeur de l'ouvrage et solidarisées au droit des appuis.
---------Ces
derniers sont composés de culées et de piles intermédiaires
en maçonnerie ordinaire, établies sur des semelles de gros
béton armé de fers de récupération (vieux
rails, tubes, etc.) (voir photo 5).
---------Ils
présentent peut-être un aspect un peu rustique, mais qui
s'harmonise cependant assez bien avec le paysage d'alentour.
---------Depuis
1947, tous les ouvrages de franchissement un peu importants ont été
construits en béton armé. Ils sont du type Cantilever (poutre
droite continue avec tracée centrale de grande portée et
travées de rive équilibrées) (voir photo 6).
---------2)
Les ouvrages purement hydrauliques sont représentés
par l'ouvrage à vanne de protection du réseau de l'Oued
Besbès, dont j'ai déjà parlé, par quelques
chutes réduisant les pentes de certains canaux et par une multitude
de descentes d'eau, établise au confluent des fossés de
colature avec les canaux de drainage (photos 7 et 8).
---------Au
total, le nombre d'ouvrages d'art de toutes sortes s'élève,
au 31 décembre 1953, à 697 dont 488 pour la plaine de Bône-Est
et 209 pour la plaine de Bône-Ouest.
---------Les
terres assainies ont fait l'objet d'un classement en deux périmètres
défendus suivant les modalités édictées par
la loi N° 358 du 18 mars 1952 (Titre II) qui prévoit, à
ses articles 11 et 12
----------d'une
part, le paiement à l'Algérie par les propriétaires
intéressés d'une indemnité égale à
la moitié de la plus-value acquise par les terrains du fait de
l'amélioration obtenue à la suite des travaux d'assainissement
;
---------
d'autre part, la perception annuelle par l'Algérie, pour la couverture
des dépenses de renouvellement, de grosses réparations et
d'entretien des ouvrages, de redevances à l'hectare variables par
zone.
---------Les
dépenses de premier établissement ont donc été
complètement imputées au Budget de l'Algérie.
---------En
totalisant brutalement les sommes dépensées chaque année,
on arrive à un chiffre légèrement supérieur
au milliard de francs.
---------La
revalorisation et le rajustement en francs 1953 donne le chiffre de 2.400.000.000.
---------Pour
avoir une juste idée de la dépense d'investissement à
l'hectare, il convient de retrancher de ce total une somme de 4 à
500 millions qui n'intéresse pas, à proprement parler, des
périmètres défendus car elle correspond à
l'augmentation de la section de l'Oued Méboudja et du canal principal
du Lac Fetzara en vue d'accélérer sa vidange.
---------On
peut, dans ces conditions, estimer à 60.000 francs environ la dépense
d'investissement à l'hectare dans le périmètre de
Bône-Est et à 90.000 francs celle du périmètreô
de Bône-Ouest.
Georges AMANTE
Ingénieur des Ponts et Chaussées
Service de la Colonisation
et d'Hydraulique à Bône.
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