Alger, Algérie : documents algériens
Série économique : crédit
Le crédit agricole, facteur du développement et de l'orientation de la production
4 pages - n°108 - 25 avril 1954

--------Des dispositions semblables à celles qui ont été prises par l'Administration algérienne existent depuis longtemps dans la Métropole où les dotations de la Caisse Nationale de Crédit Agricole sont presque toujours assorties de règles particulières d'emploi.
--------Il est normal en effet qu'en contrepartie de l'effort qui lui est demandé, la collectivité ait le souci d'orienter dans toute la mesure du possible et avec toute la souplesse qui s'impose, l'emploi des fonds mis à la disposition des agriculteurs, vers des utilisations conformes à l'intérêt supérieur du pays.

mise sur site le 15-05-2005
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--------Au fur et à mesure que l'exécution du plan 1949-1952 se déroulait, le problème du crédit agricole et notamment du crédit à moyen et long terme, se posait avec plus d'acuité.
L'agriculture, qui disposait d'assez larges possibilités d'auto-financement, notamment dans les secteurs viticole et arboricole, a commencé à souffrir d'une insuffisance de ressources longues, dès que les prix agricoles ont marqué une tendance à la stabilité ou à la régression, tandis que continuait la course à la hausse des prix industriels et qu'augmentaient ainsi les frais d'exploitation.
--------Bien que d'indéniables progrès aient été accomplis au cours de la période 1948-1952, et qu'à l'expiration du premier plan quadriennal l'agriculture algérienne ait retrouvé dans tous les secteurs son potentiel d'avant guerre et que dans certains secteurs même : légumes secs, arboriculture fruitière, plantes industrielles, ce potentiel ait été largement dépassé, il est certain que des résultats meilleurs auraientété obtenus si, au cours de cette période, des crédits d'équipement à moyen et long terme avaient pu être mis à la disposition des agriculteurs.
--------Aussi, pour assurer l'efficacité du second plan quadriennal 1953-1956, a-t-il &été jugé indispensable que les exploitants agricoles, européens ou musulmans, puissent disposer de ressources longues à faible taux d'intérêt, leur permettant de s'équiper en moyens individuels et collectifs.
--------Comme en Algérie, le crédit agricole n'avait pas la possibilité de se procurer par ses propres moyens, pour les mettre à la disposition des organismes coopératifs ou des agriculteurs pris individuellement, les crédits à long terme nécessaires pour la réalisation du plan, il apparut indispensable de faire intervenir les fonds publics, non seulement pour accorder dans certains cas, des subventions, mais aussi pour doter les organismes de crédit agricole des fonds destinés à la constitution des ressources longues.
--------Ce crédit à long terme devait favoriser particulièrement la réalisation d'améliorations foncières permanentes, telles que : nivellement des terres dans les périmètres irrigables, travaux de défense et de restauration des sols, drainage, etc... toutes opérations qui prolongent l'action des Pouvoirs Publics dans la mise en valeur de certaines régions et notamment des périmètres irrigables ou défendus. 11 devait aussi permettre d'étendre ou d'entreprendre des cultures jugées importantes du point de vue du ravitaillement des populations. Il devait enfin concourir à la modernisation des procédés de conditionnement, de conservation et de transformation des produits agricoles.
--------L'origine budgétaire des fonds mis à la disposition des organismes prêteurs faisait obligation aux Pouvoirs Publics d'orienter les bénéficiaires des prêts vers des productions ou des pratiques culturales jugées utiles à l'intérêt général.
--------Ainsi, la distribution du crédit agricole, élément fondamental du nouveau plan d'équipement de l'Algérie, devra-t-elle permettre d'atteindre les objectifs de ce plan. Un crédit de 1.800 millions fut inscrit au budget extraordinaire de l'Algérie, au titre de la modernisation et de l'équipement de l'Agriculture pour l'exercice 1953-1954. Un nouveau crédit de même importance figure au budget 1954-1955.
--------Ces crédits permettent d'effectuer aux organismes de Crédit agricole, relevant de la Caisse Algérienne de Crédit Agricole Mutuel ou du Fonds Commun des Sociétés Agricoles de Prévoyance, des avances destinées à des prêta à termes, collectifs et individuels, dans le cadre de programmes établis.

--------Deux sortes de programmes sont prévus : des programmes généraux et des programmes spéciaux.

--------1. - PROGRAMMES GÉNÉRAUX
--------Les programmes généraux sont ceux qui, tout en concourant à la réalisation du plan, doivent permettre la mise en valeur de l'ensemble du sol algérien par une action directe sur les facteurs de production, en vue d'accroître la productivité qui correspond à chacun d'eux.

--------Ils ont pour objet de faciliter, sur un plan général:
- les améliorations foncières ;
- les travaux de défense et de restauration des sols ;
- le reboisement ;
- les travaux de nivellement et d'aménagement dans les périmètres irrigables ;
- l'équipement des points d'eau et les travaux hydrauliques ;
- l'assainissement des terres marécageuses ou salées;
- le remembrement et l'accession à la petite propriété rurale ;
enfin,
- l'aménagement des exploitations en vue de l'amélioration de la production animale ou végétale, à l'exception toutefois de la reconstitution du vignoble.
--------Pour les agriculteurs ressortissant du Crédit Agricole Mutuel, ces programmes généraux sont financés par l'octroi de prêts individuels consentis par la Caisse Algérienne, selon les modalités habituelles d'attribution des avances à terme.
--------Pour l'agriculture traditionnelle, en milieu musulman, ils sont financés par le Fonds Commun des Sociétés Agricoles de Prévoyance, et accordés par l'intermédiaire des Sociétés adhérentes.

--------II. - PROGRAMMES SPÉCIAUX
--------Les programmes spéciaux, toujours établis dans le cadre des objectifs généraux du plan agricole d'équipement de l'Algérie, ont des buts plus précis.
--------Ils ont essentiellement pour objet, de promouvoir
- soit une culture ou une production particulière dont le développement présente un caractère général ;
- soit la mise en valeur et l'équipement de régions déterminées.
--------L'objet de ces programmes spéciaux est défini au moment où leur mise en oeuvre est décidée. Chacun de ces programmes fait l'objet d'une décision particulière qui est notifiée aux intéressés.
--------Les crédits réservés au financement des programmes spéciaux de productivité agricole, ainsi définis par les décisions susvisées, sont mis à la disposition des établissements centraux de crédits agricoles : Caisse Algérienne de Crédit Agricole Mutuel et Fonds Commun des S.A.P. par convention entre l'Algérie et ces établissements.
--------Suivant la nature et l'objet des investissements à réaliser, les prêts consentis sur ces crédits sont accordés, sauf dérogation particulière, dans les conditions habituelles d'attribution des prêts à moyen et long terme. Le taux ne doit pas être supérieure à 4,5 %. Des dispositions particulières plus favorables peuvent être envisagées. Elles comportent, notamment une réduction à 3 % du taux de l'intérêt.
--------Le montant de ces prêts, qui sont réservés aux petits et moyens agriculteurs ainsi qu'aux groupements agricoles, ne peut excéder 80 % des investissements tels qu'ils résultent des estimations arrêtées par les services techniques compétents.
--------Les demandes de prêts sont reçues par les organismes de crédits dont relèvent les demandeurs : Caisse de Crédit Agricole Mutuel ou Sociétés Agricoles de Prévoyance, selon le cas, et transmises aux établissements centraux qui doivent recueillir l'avis des services techniques intéressés.
--------Enfin, le contrôle du bon emploi des fonds est exercé, sur le plan financier, par les établissements prêteurs et, sur le plan technique, par les agents des services chargés de s'assurer des réalisations.
--------Dans le cadre de la réglementation des programmes spéciaux, trois décisions particulières ont déjà été prises. -------------Elles ont pour objet:
- l'encouragement à la culture du riz ;
- la mise en oeuvre d'un programme spécial de mise en valeur du périmètre d'irrigation du Haut Chéliff ;
- la mise en oeuvre d'un programme spécial de travaux de défense et de restauration des solo.

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--------1° Encouragement à la culture du riz.
--------L'encouragement à la culture du riz en Algérie a pour but d'implanter et de développer cette culture, techniquement possible dans des conditions satisfaisantes, parce qu'elle offre un intérêt agricole, économique et social certain, notamment dans les zones salées des périmètres irrigables de l'Oranie. Il a fait l'objet des décisions du 18 Mars et du 4 Mai 1953.
--------La culture du riz étant considérée comme une culture de mise en valeur des régions incultes, palustres ou salées, les zones rizicoles sont déterminées à l'intérieur de chaque département.
--------A l'intérieur de ces zones, le Préfet procède à un agrément individuel des agriculteurs qui en font la demande.
--------Les producteurs ainsi agréés bénéficient des encouragements des Pouvoirs Publics à la production rizicole.
--------Ces encouragements comportent une aide financière, une réduction du prix de l'eau d'irrigation et, éventuellement, une aide technique des services administratifs.
--------L'aide financière s'effectue par l'intermédiaire des Caisses de Crédit, sous la forme de crédits de campagne et de prêts d'équipement à moyen et long terme, effectués dans le cadre de la réglementation en vigueur pour les prêts de l'espèce, sauf en ce qui concerne les conditions de fortune qui ne sont pas opposables aux producteurs de riz.
--------Le taux de l'intérêt de l'ensemble de l'aide financière ci-dessus, est réduit uniformément à 3 %.
--------La réduction du prix de l'eau d'irrigation des rizières agréées dans les périmètres irrigables, a été obtenue d'une part, en supprimant la taxe au litre-seconde et, d'autre part, en fixant à la moitié du prix normal de l'eau fournie par gravitation dans ces mêmes périmètres, celui de l'eau utilisée à la culture du riz.
L'aide technique des différents services de l'administration, est assurée à la riziculture dans toute la mesure des moyens disponibles et des règlements administratifs.
--------Après avoir fait une timide apparition à titre expérimental en 1950-1951, puis avoir occupé environ 150 hectares dans les zones irriguées d'Algérie en 1952, le riz a été cultivé au cours de la campagne 1953, sur environ 1.240 hectares, dont 260 dans l'Algérois région du Mazafran) et 980 dans les périmètres irrigables d'Oranie, notamment celui du Bas Chélif. Pour 1954, les surfaces officiellement agréées sont actuellement de 2.000 hectares.

--------2° Mise en valeur du Haut Chélif.
--------Le programme spécial de mise en valeur du périmètre d'irrigation du Haut Chélif a fait l'objet d'une décision du 26 Mars 1954. Il tend au développement de la production des céréales, de la production fourragère, des plantes sarclées et de l'élevage.
--------Il porte sur une première tranche de 2.000 hectares situés à l'intérieur de la zone d'environ 6.000 hectares, actuellement équipée pour l'irrigation par les soins du Service de la Colonisation et de l'Hydraulique.
--------Pour permettre le financement de ce programme, la première tranche de crédit mise à la disposition des établissements de crédit agricole est de 130 millions, dont 100 millions pour le Crédit Agricole Mutuel et 30 millions pour le Fonds Commun des S.A.P.
--------Les avances à moyen et long terme sont accordées, au taux de 3 % :
- à titre individuel, aux propriétaires exploitants, fermiers et métayers, en vue de la construction de canaux d'amenée ou d'évacuation des eaux, l'exécution des travaux de nivellement des terres, la construction ou l'aménagement des bâtiments nécessaires à la réalisation du programme ;
- à titre collectif, aux sociétés coopératives et aux sociétés agricoles de prévoyance, en vue de l'exécution des prestations de service permettant la réalisation des travaux d'aménagement des terres aux fins d'irrigation, l'approvisionnement en commun et la transformation éventuelle des produits nécessaires à la mise en valeur, la transformation et la vente des produits résultant de la nouvelle orientation des exploitations.
--------Enfin la mise en œuvre d'exploitations pilotes représentatives de l'exploitation irriguée type Haut-Chélif, est prévue. Des facilités particulières de financement, qui seront précisées dans chaque cas, pourront leur être octroyées.

--------3° Travaux de défense et de restauration des sols.
--------Le programme spécial de travaux de défense et de restauration des sols a également fait l'objet d'une décision du 26 Mars 1954. Il a pour but de permettre aux agriculteurs de financer la part qui leur incombe, en dehors des facilités et avantages déjà prévus par l'arrêté du 2 Mai 1952, dans les travaux de D.R.S. entrepris sur leur demande en dehors des périmètres classés, et d'aider les organismes coopératifs agricoles qui participent à ces travaux.
--------Pour permettre la réalisation de ce programme, la première tranche de crédit mise à la disposition des établissements centraux de crédit agricole atteint 250 millions, dont 150 pour la Caisse algérienne de Crédit Agricole Mutuel et 100 pour le Fonds Commun des S.A.P. Le taux d'intérêt est fixé à 4,5 %..
--------Les travaux à entreprendre consistent essentiellement dans la création de banquettes, sur des sols situés en périmètres non classés, et dans des conditions fixées par les services techniques. Ils doivent en outre couvrir sans discontinuité une surface correspondant à un ensemble de terres sujettes à érosion, appartenant à l'exploitant ou à un locataire ayant l'accord du propriétaire.
--------Quand les surfaces constituant l'ensemble des terres à traiter n'appartiennent pas au même propriétaire, les intéressés doivent formuler simultanément leur demande ou, s'ils désirent déposer une seule demande, constituer une association syndicale.
--------Ces prêts à moyen et long terme sont consentis :
- aux particuliers, pour l'exécution des banquettes, la couverture des frais d'entretien et de consolidation pendant une durée de deux ans et, le cas échéant, l'exécution de plantations arbustives;
- aux sociétés agricoles de prévoyance ou coopératives, ayant pour objet les prestations de services nécessaires à la mise en oeuvre du programme à l'aide du matériel leur appartenant, loué ou mis à leur disposition.
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--------Des dispositions semblables à celles qui ont été prises par l'Administration algérienne existent depuis longtemps dans la Métropole où les dotations de la Caisse Nationale de Crédit Agricole sont presque toujours assorties de règles particulières d'emploi.
--------Il est normal en effet qu'en contrepartie de l'effort qui lui est demandé, la collectivité ait le souci d'orienter dans toute la mesure du possible et avec toute la souplesse qui s'impose, l'emploi des fonds mis à la disposition des agriculteurs, vers des utilisations conformes à l'intérêt supérieur du pays.