HISTORIQUE
-----------La
Bibliothèque Nationale d'Alger se trouve être le plus ancien
établissement culturel de l'Algérie, puisqu'elle fut fondée
en 1835, grâce à l'initiative de Genty de Bussy, Intendant
civil de la Régence d'Alger.
-----------La
Bibliothèque, d'abord abritée dans une maison domaniale
de l'impasse du Soleil (rue Philippe), est transférée en
1838, dans la Caserne des Janissaires située non loin de la porte
Bab-Azoun, sur l'emplacement actuel de la rue Littré. Bibliothèque
et Musée sont alors groupés sous la direction d'Adrien Berbrugger.
Les collections s'accroissant, on met, en 1845, à la disposition
du Conservateur 10 chambres de la Djénina, destinées à
servir de dépôt.
-----------Mais,
en 1848, un nouveau transfert devient indispensable. La bibliothèque
est cette fois installée au n° 18 de la rue des Lotophages,
occupé maintenant par les Services du Génie. C'est une maison
particulière de style mauresque, qui ne manque pas de charme, mais
se révèle bientôt impropre à son emploi. Un
nouveau déménagement s'impose et, sur l'avis de Berbrugger,
on installe la Bibliothèque Nationale, en 1863, dans l'ancienne
résidence du dey d'Alger, Mustapha-Pacha. Elle s'y trouve encore
aujourd'hui.
-----------Certes,
le vieux Palais de Mustapha, construit en 1799, est l'un des plus beaux
spécimens de l'architecture mauresque du XVIIIè siècle.
-----------La
sqifa - long vestibule flanqué de bancs de marbre - tapissée
de magnifiques faïences de Delft, le patio où bruit un charmant
jet d'eau, la galerie du premier étage, avec sa fine balustrade
de bois sculpté, sont matière à enchantement pour
le touriste ou le visiteur de passage, mais il faut reconnaître
que rien n'est moins conforme aux exigences de la bibliothéconomie
moderne.
-----------Les
Conservateurs qui se succédèrent à la tête
de la Bibliothèque Nationale, de 1835 à 1948, furent tous
des savants de valeur et des personnalités marquantes
------------
Adrien Berbrugger (1835-1869), fondateur de la science archéologique
en Algérie, premier animateur de la Société Historique
Algérienne et de la Revue Africaine, auteur de nombreux
ouvrages, parmi lesquels l'Algérie historique, pittoresque et
monumentale, éditée en 1843.
------------
Oscar Mac Carthy (1869-1890), géographe et explorateur, grâce
à qui le Père de Foucauld put préparer son expédition
au Maroc et entrer en relation avec son guide, le Juif Mardochée.
------------
Emile Maupas (1890-1916), chartiste converti à la biologie, célèbre
dans toute l'Europe pour ses travaux sur la sexualité des rotifères
et la reproduction des infusoires, qui bouleversèrent les théories
d'alors sur la propagation de la vie et sur la mort.
------------
Gabriel Esquer, enfin (1916-1948), bien connu pour ses travaux d'histoire
algérienne, entre autres son Iconographie historique de l'Algérie,
depuis le VIè siècle jusqu'à 1871.
ACCROISSEMENT DES COLLECTIONS
-----------De
1835 à 1848, les collections de la Bibliothèque Nationale
se réduisaient, faute de crédits d'achat pour les livres,
à deux ouvrages : l'Essai théorique et politique sur
la Révolution belge, de Nothomb, offert par M. Lecoq d'Ambaud,
Consul général de Belgique, et un exemplaire de la Grande
Encyclopédie, dû à la générosité
d'un ancien avoué de Paris, M. Pillau-Debit. En 1838, grâce
à la bienveillance de l'Intendant civil Bresson, un budget régulier
- 6.600 fr ! - était enfin alloué à la Bibliothèque,
qui bénéficiait, par ailleurs, d'importants envois de livres
du Ministère.
-----------Telle
est l'origine des collections qui forment aujourd'hui, tant pour le fonds
arabe que pour le fonds général, un remarquable ensemble
d'ouvrages où les chercheurs sont à même de puiser
les renseignements indispensables à leurs travaux. Jules Lemaître,
Louis Bertrand, René Basset, Fagnan, Stéphane Gsell furent,
parmi tant d'autres, les habitués de cet établissement.
Des ouvrages parus sur l'Afrique du Nord, la plupart doivent le meilleur
de leur documentation aux collections de la Bibliothèque Nationale
d'Alger.
-----------Aux
érudits fréquentant la Bibliothèque est venu s'ajouter,
au cours de ces dernières années, un public particulièrement
sympathique et vivant, composéd'étudiants. L'exiguïtédes
bibliothèques algéroises et la cherté des livres
amènent un afflux sans cesse croissant de jeunes gens et jeunes
filles désireux de se procurer les instruments de travail indispensables
à la préparation des examens.
-----------C'est
ainsi que le nombre des lecteurs a quadruplé au cours des années
1948-1953.
-----------Pour
la même période, l'augmentation des crédits a heureusement
permis d'accroître les achats de livres dons la proportion de 1
à 4 pour le fonds français et de 1 à 12 pour le fonds
arabe.
-----------L
exiguité des locaux actuels ne permet malheureusement pas de donner
à la consultation sur place le développement qui conviendrait.
Les vastes salles de lecture de la nouvelle Bibliothèque Nationale
pourront accueillir plus de 500 lecteurs. Etudiants et chercheurs seront
assurés d'y trouver toutes les facilités de travail souhaitables.
COMPOSITION DES FONDS
-----------La
Bibliothèque Nationale d'Alger présente le double aspect
d'une bibliothèque nord-africaine, embrassant tout ce qui concerne
l'Afrique du Nord et l'Islam et d'une bibliothèque de documentation
générale à caractère encyclopédique,
représentative de la pensée française en Algérie,
voire en Afrique du Nord.
-----------1.
- FONDS ARABE
-----------a)
Manuscrits arabes.
-----------La
section musulmane comprend un ensemble de 2.498 manuscrits. Le premier
noyau en fut formé par Berbrugger, qui suivait les colonnes de
l'armée pour rassembler, au cours des combats, les précieux
manuscrits arabes et les mettre à l'abri de la destruction. Il
fut ensuite possible aux Administrateurs successifs de recueillir les
bibliothèques d'érudits musulmans tels que le Muphti d'Oran,
Hasan Bulahbal, Ali ben El Hadj Moussa, d'Alger, et, tout récemment,
les collections de Bendedouche, de Tlemcen et du savant Bencheneb. Dans
ces collections, toutes les disciplines sont représentées
: théologie, législation, grammaire et longue arabe, poésie,
histoire et géographie, médecine, philosophie, astronomie,
etc...
-----------Ces
manuscrits sont précieux tant par l'ancienneté - certains
d'entre eux datent des XI"'", XII"" et XIII""
siècles - que par la rareté ou la richesse de l'illustration.
Certains peuvent être comparés aux plus beaux spécimens
médiévaux de l'Europe occidentale. Citons particulièrement
les numéros 424 : Al-Muwatta, Recueil de Hadith (traditions)
et de préceptes moraux, exemplaire de grand luxe exécuté
en 590/1194 pour l'Almohade Aboû-Yousof Yakoub; 242 : Lexique
de Jawhari, exemplaire de luxe avec encadrement doré et colorié,
écrit pour une bibliothèque princière (876/1471-72)
; 268 : Koran microscopique, de forme octogonale, doré sur
tranche, à encadrement bleu et or, écrit en 1016/ 1607-8,
par un Persan, lmâd ben Ibrâhîm ; 2.379 : Kitâb
Akhbâr Mulûk AI-Maghrib d'Abou Mohammed Salih Ben Abd
AI-Halim.
-----------b)
Imprimés arabes
-----------Outre
les manuscrits, la section musulmane comprend une importante collection
de livres en langue arabe, qu'on s'efforce de tenir au courant des dernières
publications parues. Au cours des dernières années, des
achats ont été effectués en Égypte, en Syrie
et au Liban, en Irak et dans les Indes. La Bibliothèque Nationale
est en relation directe avec les grandes maisons d'éditions du
Caire (AL-MAAREF, par exemple), de Beyrouth (Imprimerie catholique, maison
SADER), de Tunis et de Rabat. Un certain nombre d'abonner, à des
revues et journaux en langue arabe ont été, par ailleurs,
souscrits. Ainsi, l'élite intellectuelle musulmane peut trouver
en la Bibliothèque Nationale d'Alger son véritable foyer
culturel, où toute facilité lui es` donnée d'approfondir
ses connaissances sur la philosophie, la littérature et l'histoire
de l'Islam.
-----------c)
Microfilms de manuscrits arabes.
-----------Grâce
à l'acquisition d'un appareil de microfilmage portatif, il va être
possible de constituer des collections de microfilms de manuscrits arabes,
appartenant à différentes bib!iothèques publiques
ou privées. Des échanges pourront être pratiqués
avec les bibliothèques de l'étranger.
-----------II. - FONDS FRANÇAIS
-----------a
/Fonds nord-africain.
-----------Ce
fonds groupe un important ensemble d'ouvrages concernant l'histoire et
la civilisation de l'Afrique du Nord : tout d'abord des manuscrits relatifs
aux premières années de la conquête, entre autres,
cet Arrêté en date du 7 janvier 1832, fixant la Contribution
de laine imposée aux habitants de la Ville d'Alger, Musulmans
et Israélites. Plusieurs ventes de bibliothèques privées
ont permis récemment d'acquérir des manuscrits précieux
concernant l'histoire d'Alger aux XVII""' et XVIIIè siècles.
(Description abrégée de la Ville et Estat d'Alger,
par Pétis de la Croix (1695) ; Nuevo topogrophia de Argel,
par le général O'Reilly y las Casas (1709), etc.). Les collections
d'imprimés comprennent des livres des XVII"'", XVIII
'" et XIX""' siècles, relatifs à l'esclavage
et à l'histoire de l'Algérie avant 1830. Tout ce qui concerne
la période postérieure à cette date est groupé
dans
une même série où figurent des ouvrages rares, tels
que le Tableau de la situation des établissements français
dans l'Algérie (1838-1868), L'Algérie historique,
pittoresque et monumentale, de Berbrugger (1843), l'Exploration
scientifique de l'Algérie en 32 volumes (1844-1854), les
Annales de la Colonisation algérienne (18521855), ou encore
cette fameuse Description de l'Egypte, éditée par
ordre de Napoléon 1er; des journaux comme le Moniteur algérien,
l'Akhbar, etc.
-----------Pour
l'époque contemporaine, la documentation n'est pas limitée
à l'Algérie, mais s'étend à l'Afrique du Nord
au continent africain, en général.
-----------A
ce fonds nord-africain sont venus s'agréger la bibliothèque
de Stéphane Gsell, éminemment valable par les documents
et ouvrages archéologiques quel e contient et, plus récemment,
la bibliothèque du grand explorateur Savorgnan de Brazza.
-----------b)
Fonds encyclopédique.
-----------Ce
fonds comprend des ouvrages de culture générale, représentatifs
de la pensée française et les principales oeuvres ayant
trait à la littérature, la philosophie, l'histoire, la géographie,
l'histoire de l'art et la vulgarisation scientifique. L'augmentation des
crédits a permis, au cours de ces dernières années,
d'accroître, en particulier, les séries de littérature
contemporaine, de philosophie et d'histoire, en même temps que les
manuels destinés aux étudiants. Chaque année une
petite partie des crédits est affectée à l'acquisition
de livres illustrés ou de luxe qui viennent enrichir la "
Réserve " comprenant des livres de valeur, comme les deux
volumes des Anciens Tapis d'Orient, édités à
Leipzig, en 1927.
-----------c)
Périodiques.
-----------On
y trouve le principaux journaux et revues relatives aux disciplines déjà
citées. (331 abonnements en cours).
-----------III.
- DEPOT LEGAL
-----------La
Bibliothèque Nationale reçoit toutes les publications effectuées
sous l'égide du Gouvernement général d l'Algérie,
ainsi qu'un exemplaire des livres et journaux du Dépôt légal,
pour le département d'Alger. Une nouvelle loi du Dépôt
légal, dépose sur le bureau de l'Assemblée Nationale,
lui assurera prochainement le bénéfice de tous les ouvrages
et périodiques paraissant dans les trois départements de
l'Algérie à charge d'expédier à la Bibliothèque
Nationale de Paris les exemplaires qui lui sont dus.
-----------Celle-ci
assure en outre à la Bibliothèque Nationale d'Alger le service
des publications éditées dans la France métropolitaine
et relatives à l'Afrique du Nord.
-
|
|
----------IV.
- REPRODUCTIONS EN MICROFILMS
-----------La
Bibliothèque dispose d'un appareil pour la reproduction microfilmée
des manuscrits et imprimés.
SERVICES ANNEXES A CRÉER
-----------a)
Services des Cartes et plans - Documents iconographiques, estampes et
photographies - Partitions musicales.
----------- Des
séries de cartes et de photographies concernant l'Algérie
ont d déjàété groupées. Elles devront
être classées et complétées, ayant recours
au Dépot légal.Une section pourra êtreégalement
réservée à la Musique et aux partitions musicales.
-----------b)
Publications bibliographiques.
-----------Bénéficiaire
du Dépôt légal, la Bibliothèque Nationale aura
pour fonction de publier des répertoires bibliographiques . Bulletins
de bibliographie algérienne, paraissant périodiquement ,
à l'instar des Informations Bibliographiques marocaines publiées
chaque quinzaine, par les soins la Bibliothèque du Protectorat.
-----------c)Office
de documentation.
-----------Un
fichier de documentation concernant l'histoire, les institutions, la vie
économique et culturelle de l'Algérie - voire de l'Afrique
du Nord - pourra être constitué avec profit.
-----------d)Expositions.
-----------De
petites expositions permanentes ou périodiquement renouvelées
seront faites, pour les nouveautés et les livres rares, dans les
vitrines du Hall. De plus grandes expositions, relatives à des
sujets ou des circonstances déterminés pourront également
trouver place dans ce même Hall.
CONSTRUCTION D'UNE NOUVELLE
BIBLIOTHEQUE NATIONALE
-----------La
Bibliothèque Nationale va bientôt quitter le vieux palais
de la rue Emile-Maupas, qui l'abrita si longtemps. Cet édifice
était devenu complètement impropre à son emploi :
pièces obscures et sans air, salle de lecture exiguë, manque
total de place pour l'accroissement des collections et humidité
telle que les manuscrits et livres précieux se trouvaient menacés
de destruction.
-----------Le
nouvel immeuble, dont la construction commence actuellement, est situé
Boulevard De Lattre de Tassigny, an-dessus du Stade Leclerc, dans un site
magnifique. Il s'étendra sur 120 m de long, entre l'immeuble de
l'E.G.A. et le nouveau pont-garage du Gouvernement Général
et répondra aux exigences de la technique la plus moderne.
-----------Les
différentes salles de lecture pourront abriter plus de 500 lecteurs
et les magasins installés dans la partie postérieure du
bâtiment auront une capacité de 2 millions de volumes, toutes
possibilités d'extension future étant par ailleurs réservées.
-----------La
distribution des différentsétages se présentera sous
la forme suivante
-----------Rez-de-chaussée
: Service de la lecture publique :Salles de manutention à l'arrivée
et au départ - bureaux - garage - atelier de reliure.
-----------Entresol
- Dépôt légal : Dépôt Editeurs et Dépôts
imprimeurs- bureaux.
-----------1er
étage - Secrétariat - Hall - Galerie
d'Exposition - Section des imprimés : Salle de lecture pour 400
personnes et salle de lecture en plein-air ; Salle du Catalogue, Salle
de Bibliographie, bureaux.
-----------Section
arabe : Salle de lecture (Manuscrits et imprimés) -
-----------Salle
réservée pour les dames musulmanes.
-----------Section
des périodiques : Salle de lecture et catalogue.
-----------Section
musique et partitions musicales.
-----------2è
étage - Section des Cartes et plans - Photographie et microfilm
- Administration.
SERVICE DE LA LECTURE
PUBLIQUE
-----------Une
autre branche d'activité de la Bibliothèque Nationale d'Alger
consiste dans le service de la Lecture publique.
-----------Historique.
-----------A
l'intérieur des trois départements de l'Algérie,
un certain nombre de petites bibliothèques publiques existent dès
la fin du XIX'"' siècle. Elles sont d'origine très
diverses : bibliothèques municipales, bibliothèques scolaires,
création de Sociétés de lecture, de Ligues de l'Enseignement,
de patronages. On constate, dans les plus anciennes, l'existence d'un
fonds judicieusement composé et ayant nécessité une
dépense élevée. Toutefois, depuis un demi-siècle,
la situation de ces établissements marquait un recul très
net. En 1925, les Délégations financières inscrivaient
pour la première fois au budget de la Bibliothèque Nationale
un crédit de 30.000 Fr. destiné à l'achat d'ouvrages
pour les Bibliothèques publiques. Ce crédit, porté
ensuite à 75.000 Fr., permettait, en 1939, d'envoyer des livres
à un petit nombre de bibliothèques de l'intérieur.
Mais la guerre devait malheureusement interrompre ces premières
tentatives de Lecture publique.
-----------En
1944, la Direction de l'Education Nationale met rait sur pied un nouveau
plan de scolarisation, dont l'exécution n'allait pas tarder à
se traduire par une augmentation considérable du nombre des élèves
dans les trois degrés : primaire, secondaire et supérieur.
En même temps, des rudiments d'instruction étaient apportés
aux populations illettrées, sou, la forme de cours spéciaux
pour adultes, assurés par 1.250 instituteurs.
-----------Les
progrès ainsi accomplis dans le domaine de la scolarisation et
de l'éducation de masse devaient logiquement entraîner le
développement parallèle des bibliothèques, complément
indispensable de l'Ecole. Rien ne sert, en effet, d'apprendreà
lire aux adultes ni d'instruire les jeunes générations,
si l'on n'est pas à même de leur assurer, par la suite, une
pratique constante de la lecture, en même temps que des instruments
de culture et d'éducation sociale.
-----------Depuis
la guerre, on peut d'ailleurs constater dans les différentes couches
de la population, tant urbaine que rurale, un renouveau d'intérêt
pour la lecture - intérêt qui procède d'un besoin
d'information et de culture, en même temps que du désir de
s'évader, grâce aux livres, des soucis et des monotonies
de la vie quotidienne.
-----------Quoi
qu'il en soit, la question de la Lecture publique est à l'ordre
du jour et cela explique que 75 % des bibliothèques existant actuellement
en Algérie soient de création récente, postérieure
à 1946.
-----------La
Direction des Bibliothèques de France a mis au point, au cours
de ces dernières années, à la suite d'enquêtes
approfondies portant sur l'ensemble du territoire français, une
technique concernant l'organisation et l'extension des Services de Lecture
publique - technique dont on a pu constater l'efficacité lors des
Journées de la Lecture publique rurale, tenues au Ministère
de l'Education Nationale, en décembre 1953. Le Stage d'Etudes International
organisé par l'UNESCO à Ibadan (Nigéria) sur le développement
des Bibliothèques publiques en Afrique, a également mis
l'accent sur la nécessité d'une organisation rationnelle
de la Lecture publique sur le plan national et régional et sur
celle d'une formation technique des responsables non professionnels.
-----------A
l'heure actuelle, la Bibliothèque Nationale d'Alger assure à
238 bibliothèques des dotations en livres, qui seront bientôt
renouvelées périodiquement, grâce à un système
de caisses-bibllo'hbbques circulantes, échangées deux ou
trois fois par an. Instructions et renseignements sont adressés
aux différents responsables, relativement à la manière
de tenir une petite bibliothèque et l'Adrninistroleur de la Bibliothèque
Nationale est chargé d'une mission d'inspection dans les bibliothèques
publiques des trois départements.
-----------Les
Bibliothèques bénéficiaires d'envois de livres sont
les suivantes
-----------a)
Bibliothèques Municipales.
-----------Les
Bibliothèques Municipales importantes, comme, celles de Constantine;
Oran, Bougie reçoivent des ouvrages de fonds et des livres d'études.
Les petites bibliothèques communales bénéficient
de dotations composées de romans, biographies, rouvres de vulgarisation.
-----------b)
Centres Municipaux de Kabylie.
-----------Depuis
longtemps, la population kabyle, travailleuse et avide de connaître
, réclame des bi'ulîothèques, au même titre
que des écoles. L'Administrateur de la Bibliothèque Nationale
a pu effectuer, au cours de l'année dernière, trois tournées
de prospection en Grande Kabylie. A la suite de cette enquête, douze
petites bibliothèques ont été créées
dans les Centres Municipaux de la circonscription de Michelet, petits
villages perché, dans la montagne, desservis par des pistes ou
des sentiers muletiers. De nouvelles bibliothèques seront fondées
cette année dans les régions de Michelet et Fort-National,
où la population montre un vif intérêt pour la lecture.
-----------c)
Bibliothèques post-scolaires.
-----------Certaines
bibliothèques populaires sont établies dans les Ecoles.
Elles sont dues à l'initiative d'instituteurs qui ont su grouper
autour d'eux les bonnes volontés locales et consentent à
consacrer leurs loisirs à la confection des fiches et à
l'entretien des collections.
-----------d)
Maisons des Jeunes et Foyers Ruraux.
-----------Ces
derniers au nombre de 109 (63 dans le département 30 dans celui
D'Oran et 16 dans celui de Constantine, sans compter les créations
en cours). Chacun d'entre eux possède déjà ou aura
prochainement une bibliothèque, qui constitue un des éléments
les plus actifs de ces foyers. Le responsable en est soit l'instituteur,
soit le secrétaire de mairie ou un colon de bonne volonté.
-----------e)
Bibliothèques d'Hôpitaux et Sanatoria.
-----------L'Hôpital
de Mustapha, l'Hôpital-hospice de Douéra, les Sanatoria de
Béni-Messous et de Rivet, , ainsi que les hôpitaux dépendant
de la Croix-Rouge française, bénéficient également
des dotations effectuées par la Bibliothèque Nationale.
-----------f)
Bibliothèques des Prisons.
-----------Les
Prisons de et Maison-Carrée, le Centre Pénitentiaire d'Alger
et la Maison Centrale de Berrouaghia sont maintenant dotés de bibliothèques
à l'usage des détenus. Toutes reçoivent des livres
de la Bibliothèque Nationale d'Alger. Des ouvrages en langue arabe
sont inclus dans ces envois, pour les prisonniers musulmans.
-----------g)
Territoires du Sud.
-----------Une
vingtaine de bibliothèques vont être incessamment créées
dans le Sud algérien. (Touggourt, Laghouat, Colomb-Béchar,
Ain-Sefra, Tamanrasset, Timirnoun, etc. ).
REALISATIONS EN
COURS ET PROJETS D'AVENIR
-----------Une
enquête est en cours en vue de l'élaboration d'un plan systématique
de la lecture publique dans les trois départements de l'Algérie,
réalisable par tranches. Ce programme, qui sera soumis prochainement
aux autorités compétentes, prévoit l'établissement
de bibliothèques centrales de prêt assurant la diffusion
des livres à l'aide de bibliobus équipés selon la
technique reconnue la plus efficace. Un système de conférences
et de stages sera organisé à l'usage des responsables non
professionnels.
-----------Il
sera nécessaire de créer aussi une petite bibliothèque-pilote,
organisée selon les règles de la bibliothéconomie
moderne et qui pourra servir de modèle, en même temps que
de centre de formation pratique du
.personnel non qualifié existant dans les autres bibIiothàpues
publiques.
-----------Tels
sont les objectifs que l'on doit s'efforcer d'atteindre, pour doter l'Algérie
d'une organisation rationnelle de la Lecture publique, digne de sa vie
culturelle et du rôle qu'elle est appelée à jouer
sur le plan spirituel et social.
Germaine LEBEL,
Administrateur de la Bibliothèque
Nationale d'Alger
|