------------Andalou,
ayant voyagé en Orient, mort au Moghreb, Sidi Abou Madiân
est le principal initiateur du çoufisme en Occident. De lui dérive,
par Ibn Machîch et par Châdzili, le vaste mouvement chadzilite
dont les Derqaoua, les Kittaniyn, les Kerzaziyn, les Cheikhiyn, les Naciriyn,
les Zianiyn, les Aïssaoua. etc... sont des rameaux. Il est écrivain,
savant, poète. Il est le Ghoûts, le Grand Secours, qui est,
au sommet de la hiérarchie des saints, comme l'aspect mystique
du Qouthb, du Pôle. Il est patron de Tlemcen. Son mausolée
et la mosquée voisine sont parmi les chefs-d'uvre de l'architecture
méridine. Des milliers de pèlerins viennent chaque année
les visiter.
------------Aboû
Madiân Chou'aïb ben al Hossein al Ançârî
naquit dans la région de Séville vers 520/1126, d'une famille
d'origine arabe plutôt modeste. Son père mort, il fut élevé
par des frères aînés, gardant leurs troupeaux avant
d'apprendre le métier de tisserand. Quand il voyait quelqu'un lire,
il s'approchait de lui et ressentait une angoisse de ne pouvoir en faire
autant ; lorsqu'il passait devant une mosquée ou une école
son coeur palpitait. Il s'échappait pour aller au cours des professeurs.
Ses frères étaient opposés à cette vocation.
L'un d'eux le menaça un jour de son épée ; Chou'aïb
para le coup avec son bâton, et le fer se brisa. Interdit, le frère
le laissa aller. Le jeune homme rencontra, au bord de la mer, ou du Guadalquivir,
un vieillard, vêtu seulement d'un cache-sexe, qui pêchait
à la ligne (un clou tordu au bout d'une ficelle), qui écouta
son histoire et lui conseilla d'aller à la ville commencer sa quête
de Dieu par l'étude de la science. Chou'aïb traversa le détroit,
vécut à Tanger et à Ceuta avec le pêcheurs,
se rendit à Marrakech, où il fut accueilli par ses compatriotes
andalous qui voulurent ]'inscrire sur les rôles de la milice.
------------C'est
à Fès qu'il se fixa un certain temps et finit par trouver
ce qu'il cherchait après s'être assis dans maint et maint
cercle d'étudiants. C'est o d'Aboùl-Hassan Ibn Harzihim
(mort à Fès en 559/1165) qu'il reçut pour la première
fois un enseignement vivant, car ce maître parlait "pour Dieu"
et non pas du bout des lèvres, touchait l'esprit et le coeur, non
seulement les oreilles. Par lui, Chou'aïb prit contact avec les écrits
des maîtres çoufis, spécialement Mouhâsibi,
et sans doute aussi Chazâlî, que le cheikh admirait vivement.
LES ANNEES D'APPRENTISSAGE.
------------Bien
qu'il travaillât parfois comme tisserand, le jeune homme devait
être l'un des plus pauvres parmi les pauvres étudiants. Fès
attirait déjà de nombreux tholba n'ayant guère d'autres
ressources que la galette quotidienne et le couscous périodique
des fondations pieuses. Un jour qu'il retirait son mante au au cours du
maître il rougit en apercevant que ses vêtements tombaient
en lambeaux. Le Cheikh fit une collecte parmi ses élèves
et noua en cachette la somme recueillie à une extrémité
du manteau de Chou'aïb.
------------Ce
soir-là, l'étudiant rentra dormir dans une grotte du Zalagh,
où il retrouvait d'habitude une gazelle qui dormait près
de lui et lui donnait même de son lait. Cette fois, Chou'aïb
remarqua que des chiens, affectueux à l'ordinaire, aboyaient après
lui, et que la gazelle le fuyait. Il se demanda pourquoi, trouva l'argent
et se dit : " Cette saleté est sur
moi, à mon insu. Voilà pourquoi les bêtes me méprisent.
" Et il jeta l'argent. La gazelle revint ; les chiens lui firent
fête le lendemain matin et le cheikh, à qui il raconta son
aventure lui dit : "Réjouis-toi,
ton destin est fixé. "
------------Ayant
entendu parler d'Aboù Ya'za, Chou'aïb Aboû Madiân
alla le voir dans son désert de Taghia. C'est de ce rude montagnard
berbère qu'il déclarait avoir reçu l'initiation à
la voie çoufie remontant. par Jounaid de Bagdad, à Sârî
as-Sagathî, à Habîb et Ajamî et à Hassan
al Baçri. On cite aussi parmi ses maître Alî ben Ghalib
(mort en 592/1166) qui fut surtout un érudit, Aboûlhassan
ach Chawi ou Salaoui, et surtout Aboû Abdailah ad Daqqâq de
Sijilmassa, mort à Fès, qui semble avoir été
plutôt un illuminé qui lui aurait donné le froc çoufi
et la licence d'enseigner.
------------Plusieurs
biographes assurent qu'il rencontra à La Mecque le grand Abdelqader
Jîlânî et que c'est de lui qu'il reçut la khirqa
avec beaucoup de secrets (asrar).
------------Moins
probables sont les rapports qu'il aurait eus, en Orient, avec Ar-Rifâ'î,
(mort en 578/1182), le fondateur des derviches hurleurs, bien qu'on précise
que les deux mystiques échangèrent leurs manteaux et que
celui d'Aboû Madiân était teint au kermès. Il
s'agit plus vraisemblablement, comme le dit AlBâdisi d'une certaine
affinité spirituelle.
------------Quoi
qu'il en soit, nous voyons qu'Aboû Madiân concentra en lui
les enseignements initiatiques dérivés d'Al Jîlâni,
d'Aboû Ya'za et d'Al-Ghazâli (par Ibn Harzihim et par Aboû
Bakr Ibn al Arabî, maître d'Aboû Ya'za), toutes silsilas
qui dérivent elles-mêmes de Jounayd et de l'Ecole de Bagdad,
et qu'il transmit à Chacizîlî, par l'intermédiaire
de Moulay Abdesselâm Ibn Machîch.
A BOUGIE, AU XIIè
SIECLE.
------------Après
avoir accompli le pèlerinage et le classique voyage d'études
en Orient, Aboû Madiân se fixa à Bougie. Il avait pensé
se retirer dans la solitude, mais un songe survenu à l'un de ses
amis l'avait averti que sa vocation était d'enseigner dans les
villes. Petit port peuplé surtout d'Andalous au milieu du XIè
siècle, Bougie (Bijaya en arabe, Begaït en berbère)
était devenue la capitale des Beni Hammad, qui s'y maintinrent
jusqu'à la conquête almohade en 1152. Elle resta centre intellectuel
jusqu' au XV' (1). En 1184, elle fut occupée quelque temps par
les Banou Ghaniya, aventuriers almoravides venus de Ma jorque, qui essayèrent
en vain d'arracher la Berbérie orientale à la dynastie almohade.
Aboû Madiân, cantonné dans l'enseignement et la dévotion,
ne semble pas avoir joué un rôle politique, comme le feront
les Jazoûli, les Ben Yoûssef et maints autres chefs d'ordre.
Ce n'est qu'à la fin de sa vie qu'il devint, on ne sait pourquoi,
suspect au calife. Andalou, lui-même, il trouvait à Bougie
des compatriotes nombreux en même temps qu'un milieu intellectuel
favorable. L'admirable site de cette petite ville lui semblait disposer
favorablement l'âme à jouir des bonheurs licites de ce monde.
On passait souvent par Bougie pour se rendre d'Espagne en Orient. Tel
fut le cas de Mohyieddîn Ibn Arabî, qui avait épousé
à Séville une pieuse femme, Mariem, issue de la grande famille
bougiote des Ibn Abdoûn. L'illustre auteur des Foutoûhât
y passa en 597/1200 un peu après la mort d'Aboû Madiân.
Il y était peutêtre venu en 590/1193, allant de Tlemcen à
Tunis. Il appelle Aboû Madiân " notre cheikh et imâm...
le maître des maîtres ", et se réfère souvent
à lui. Il note l'hostilité des juristes à son égard.
La réaction contre les penseurs originaux, philosophes ou çoufis,
avait commencé dans les dernières années du règne
de Ya'qoûb al Mançoûr et c'est peut-être pour
cela qu'Ibn Arabî quitta le Moghreb pour l'Orient en 1200.
------------Les
anecdotes rapportées par les biographes, les recueils des sentences
et les poèmes d'Aboû Madiân peuvent nous donner une
idée de ses méthodes, de ses enseignements et de sa "
voie ".
------------Il
avait le don d'intuition et de lecture des âmes. Il connaissait
la physiognomonie, le sens profond et les correspondances des formes,
des attitudes et des gestes avec l'état présent et futur
de l'âme, au point de pouvoir annoncer en voyant un de ses élèves
remuer comment il tournerait vingt ans plus tard. Un autre de ses élèves
s'était disputé avec sa femme et songeait à la répudier.
Le maître vit sa colère et son intention " écrites
sur son burnous ". Le prenant à part, à la fin du cours,
il lui dit : " garde ta femme et crains
Dieu (Coran, XXXIII. 37)... Comment l'un de vous peut-il se laisser aller
à la colère au point de casser sa propre vaisselle comme
tu l'as fait cette nuit ? Remplace ce que tu as cassé et ne recommence
plus. "
------------Aboû
Madiân avait eu, comme le lui avait annoncé Aboû Ya'za,
un fils d'une négresse. Ce fils, nommé Aboû Mohammed
Abdelhaqq, était doué de double vue en présence de
son père. Agé de sept ans, il disait, par exemple :
Je vois sur la mer tels et tels bateaux où il se passe ceci et
cela... " Quelques jours après, les navires arrivaient
à Bougie et l'on constatait l'exactitude de la description. Si
on lui demandait : " Comment vois-tu ces
choses ? " , il disait : " Avec
mes yeux ", puis il se reprenait, non,
c'est avec mon cur et aussitôt précisait
: " non, c'est avec mon père, quand
il est présent et que je le regarde. Quand il n'est pas là,
je ne vois rien. "
------------Sa
parole était si émouvante que les oiseaux s'arrêtaient
dans leur vol pour l'entendre et parfois tombaient morts, selon Tâdilî.
Mais il ne se laissait pas aller aux facilités. Il avertissait
bien ses novices qu'il ne suffisait pas de faire de belles phrases, que
l'effort s'imposait pour trouver le sentier, et que pour suivre ce dernier
il faudrait aller de tourment en tourment. Pour suivre son enseignement,
il fallait se présenter pur extérieurement et intérieurement,
le corps propre, l'esprit net et disponible. Il semble avoir *été
plutôt méfiant à l'égard des grandes effusions.
Ses disciplesdevaient d'ailleurs insister sur cette " nuit obscure
de l'étroitesse ", lait al qabdh au sein de laquelle Dieu
se révèle mieux que dans les grâces sensibles et les
consolations même spirituelles ; les adversités, non seulement
mortifient l'amour-propre et répriment les passions, mais encore
poussent l'âme à ne chercher refuge qu'en Dieu, inspirent
une adhésion à sa volonté qui vaut mieux que tous
les exercices de dévotion.
------------L'originalité
ne l'effrayait pas pour autant, et il se souciait assez peu des critiques.
Deux savants ayant entendu parler de ses connaissances exotériques
et ésotériques, s'étonnaient, car ils avaient aussi
appris qu'il n'avait pas dépassé dans le Coran la Sourate
de l'Empire, la soixante-septième. Ils vinrent s'asseoir dans l'une
des deux mosquées de Bougie où il professait, attendirent
qu'il eut fini de parler et le saluèrent. Il les appela par leurs
noms, connus intuitivement, et répondit à leur question,
qu'en effet. il n'avait pas dépassé la Sourate de l'Empire.
Elle était pour lui le comble de la magnificence, le lotus de sa
limite (Coran LIII, 14). Il eut, en allant plus avant, été
brûlé par la splendeur de la Face du Généreux.
Puis " il marmotta sur eux une formule à la manière
çoufie, pointant le doigt à droite, puis à gauche,
et disant : Biya qoul alaya doul fa ana al koul ", phrase énigmatique
qui signifie sans doute : " Parle par moi et indique-moi : Je suis
le tout. " Les deux juristes partirent convaincus qu'il était
un g and initié doué d'intuitions dépassant toutes
connaissances acquises.
------------Aboû
Madiân n'en disait pas moins qu'on ne peut connaître qu'une
faible partie des sciences divines, cee que peut prendre de la mer le
bec de l'oiseau dont Al Khadir traduisit les paroles à Moïse.
Comme les grands çoufis de sa lignée, il se méfiait
des miracles et disait que celui qui leur prête attention est comme
un idolâtre.
------------En
droit canon, il était de rite malikite. En théologie, il
approuvait, dit-on, les quadariya contre les
abariya. qui nient le libre arbitre. Non moins raisonnablement il s'opposait
aux anthropomorphistes qui prennent à. la lettre les expressions
coraniques sur la face, la main, la bouche d'Allah. Il croyait, avec les
ahi al Komoun, que les âmes de toutes les générations
ont été créées en même temps et leurs
germes déposés en Adam.
SENTENCES ET POEMES.
------------A défaut
d'ouvrage en forme, Abou Madiân a laissé des recueils de
sentences soigneusement ciselé s, denses, parfois d'une obscurité
peut-être voulue, sur lesquelles se sont exercées la sagacité
et l'ingéniosité des commentateurs. Les unes sont pleines
de bon sens, les autres comme systématiquement paradoxales.
------------"
C'est la corruption du peuple qui enfante les
tyrans et c'est à la corruption des grands qu'est due l'apparition
des fauteurs de troubles " est une maxime qui fait penser
à la phrase de Joseph de Maistre sur les abus et les révolutions.
" Qui se connaît soi-même ne
se laisse pas séduire par les flatteries... La prétention
vient de la sottise... Celui qui regarde les créatures avec concupiscence
perd l'expérience et le profit qu'il pourrait tirer d'elles...
" ne manquent pas de finesse psychologique, de même
que " Prends garde aux novateurs, tu épargneras
ta religion ; prends garde aux femmes, tu épargneras ton coeur
" , se réclame de toute une tradition de moralistes.
------------Il
insiste surtout sur la nudité spirituelle, la libération
de tout le contingent. " N'arrive pas à
la liberté parfaite celui qui doit encore quelque chose à
son âme... Le cur n'a qu'une direction ; quand il la prend,
il s'éloigne des autres... Quand la vérité apparaît,
elle fait tout disparaître... Celui qui a la réalité
de la dévotion ne prend au sérieux ni ses actes, ni ses
états, ni ses propos... Toute vérité qui n'efface
pas la marque et les traces de l'être n'est pas une vérité...
Le signe de la sincérité, c'est la disparition du créé
lors de la contemplation du Réel (al-haqq). "
------------Il
professait que le brisement du coeur du pécheur vaut mieux que
le zèle content de soi du vertueux. il préférait
même la négligence accompagnée d'humilité à
l'effort rendu vain par l'orgueil.
------------Il
se plaçait dans la perspective théocentriste : " Regarde
le fait que Lui te regarde et non le fait que toi tu Le regardes... C'est
la présence de la vérité qui est le paradis, son
absence qui est l'enfer. .Sa proximité est joie, son éloignement
tristesse, sa compagnie vie, sa séparation mort. Le fruit du çoufisme
c'est l'abandon confiant de tout ton être. Les épreuves sont
la preuve de l'agrément divin. La Vérité (qu'elle
soit exaltée !) on ne la voit que quand on meurt. "
------------Les
poèmes de Sidi Aboû Madiân sont encore chantés
dans les concerts spirituels et accompagnent les danses extatiques. Ils
ont été réunis en un diwan (Par Chaouar
de Tlemcen, édité à Damas en 1357/1938. Toutes les
attributions ne sont pas certaines. quelques traductions de quelques poèmes
ont été publiées dans L'Islam et l'Occident, 1947
; dans la revue Simoun, Oran. 1952.). Les uns sont des qacidas
classiques, monorimes ; les autres des mouwachchah, genre andalou
suivant des règles différentes, ou des zajal qu'on
appelle aujourd'hui melhoûn, en dialectal, avec strophes
et scansion plus syllabique que métrique.
------------On
y trouve, avant Ibn Khamîs de Tlemcen et Ibn al Fâridh du
Caire, les thèmes de la poésie mystique arabe avec le symbolisme
amoureux et bachique qui n'a cessé de se développer jusqu'à
nos jours. Les idées sont celles des sentences auxquelles les résonances,
les rythmes et les irisations de la poésie donnent une valeur d'efficacité.
------------Mes
heures sont embellies par un Bien-Aimé nôtre dont l'amour
est non trésor.
------------Nous
désirons Quelqu'un dont il nous est impossible de nous passer.
------------Moi
je suis le cheikh de la boisson et l'échanson des beautés.
Je me plais au déchirement des vêtements (Tantzlq,
action de déchirer ses vêtements pendant un certain état
d'extase.).
------------Etendez
mon tapis de prière. Approchez de moi l'aiguière ; vin sur
vin.
------------Répandez
l'usage de mes concerts, ô maîtres de la réalisation.
------------O
Moi ! Qui est " Moi " ? En vérité, je suis perdu
dans l'ivresse.
------------Faites-moi
entendre la douceur des musiques et peut-être qu'alors je "
saurai ".
------------Selon
son serviteur le nègre Bilâl, Aboû Madiân récitait
souvent ce vers :
------------Dis
: Allah ! et abandonnes l'existence et tout ce qui s'y rapporte, si ta
volonté s'attache ait véritable but.
VERS LE LIEU, PROPICE
AU SOMMEIL.
------------Aboû
Madiân était parfois l'objet des critiques des ulémas
littéralistes, des juristes exotériques, et sans doute ne
les convertissait-il pas tous à la " connaissance nécessaire
", comme il avait fait pour Aboû Zahr. fonctionnaire enrichi
qui avait distribué ses biens aux pauvres. Certains le dénoncèrent
au calife almohade, insinuant que son prestige pourrait l'inciter à
se présenter comme mahdi. Le mahdi est le personnage 'qui doit
paraître à la fin des temps, faire triompher la religion
et aider Jésus à vaincre l'antéchrist. L'inspirateur
de la dynastie almohade, au début du siècle, Ibn Toumert,
s'était intitulé mahdi. La fin du monde n'était pas
venue ; Abdelmoumine et ses héritiers s'étaient fortement
installés dans ce monde et avaient réalisé le plus
brillant des empires maghrébins, allant d'Espagne à Tunis.
Après avoir favorisé la pensée libre et encouragé
les philosophes, Yaqoûb et Mançoûr, engagé dans
la guerre, avait jugé nécessaire de s'appuyer sur ce qu'on
appelle les forces spirituelles, et il avait sacrifié les philosophes,
Averroès, et même les mystiques, au clergé des uléma
et des foqaha ennemis de la spécula tion. De ce revirement date
sans doute le principe de la décadence intellectuelle du monde
musulman qui eut tout juste le temps de passer la philosophie à
l'Europe, tandis que le çoufisme s'abritait dans les organisations
confrériques.
------------Le
calife Yacoûb fit donc dire à Aboû Madiân de
venir au Maroc, ordonnant au goum de Bougie de l'accompagner avec égards.
Comme ses amis s'affligeaient, il leur dit que sa mort était prochaine
mais qu'elle devait survenir ailleurs qu'à Bougie. Vieux et infirme,
il n'avait plus guère de force pour bouger ; aussi le Tout-Puissant
lui avait-il fourni une escorte pour le conduire au lieu de son repos.
Il mourrait d'ailleurs avant d'atteindre le Sultan, lequel ne tarderait
pas à le suivre. Plusieurs de ses amis, apaisés par ses
paroles, partirent avec lui.
------------Comme
ils arrivaient aux bords de l'Isser, non loin de Tlemcen, au lieu dit
Aïn Taqbalet, le vieillard se sentit fatigué. Voyant au loin
le fort (ribath) d'El Eubbâd, il murmura : " Que ce lieu est
propice au sommeil. " Il descendit de sa monture et l'on installa
le campement. Après avoir râlé trois heures, il fit
la chahada et dit : " Ailalhou al Haqq.
Dieu est la Vérité " et mourut. Son corps
fut transporté à El Eubbâd où les Tlemcéniens
lui firent d'émouvantes funérailles.
------------C'était
en l'année 594 de l'Hégire (13 novembre 1197 - 3 novembre
1198) et il avait environ 85 ans. Aboû Yoûssouf Ya'qoûb
al Mançoûr mourut en 595 (ianvier 1199) après quatorze
ans de règne. Averroès, que le calife avait rappelé
à sa cour, mourut lui aussi, en route, comme Aboû Madiân,
la même année 594.
SIDI
BOUMEDINE.
------------Depuis
lors, le hameau d'El Eubbâd (les Dévots, les Adorateurs)
porte le nom de Sidi Boumedine (prononciation populaire de Sidi Aboû
Madiân). Bien que Sidi Daoudi soit toujours vénéré,
c'est Sidi Boumedine qui lui a succédé comme patron du pays,
moul et bled. C'est au nom de Sidi Boumedine et Ghouts que les mendiants
demandent l'aumône. C'est à lui que les poètes viennent
demander l'inspiration et les étudiants le succès de leurs
travaux. Les poètes ont chanté les beautés du lieu,
les grâces que l'on y trouve pour ce monde et pour l'autre, la paix
et la joie qu'on y respire. On y venait en pèlerinage de fort loin,
d'Egypte, de Syrie, d'Iraq, et du Sous. Les voeux y sont exaucés
et les prières qu'on y fait rapprochent de Dieu.
------------La
première visite d'Ibn Battouta, passant à Tlemcen, en 1349,
fut pour Sidi Boumedine. Ibn Khaldoûn fit retraite au cours de sa
vie aventureuse et professa dans la Médersa voisine en 1369. Léon
l'Africain et Marmol en parlent au XVI' siècle. Mais le plus beau
pèlerinage individuel fut sans doute celui d'Aboû 'I Abbâs
Ahmed, sultan déposé de Constantine, allié du mérinide
Aboû Salim, qui, en 1359, sur la tombe d'Aboû Madiân,
s'engagea par serment à ne rendre le mal que par le bien.
------------Les
monuments actuels, chefs-d'oeuvre de l'architecture et de la sculpture
maghrébine, sont dus aux Mérinides, sultans de Fès,
qui occupèrent un certain temps Tlemcen aux dépens de la
dynastie locale des Banou Zeïan ou Abdelwadites. La politique des
Mérinides s'appuyait volontiers sur les médersas et les
sanctuaires, ce qui nous a valu de nombreuses oeuvres d'art. La tombe
d'Aboû Madiân fut de leur part l'objet d'une vénération
toute spéciale, soit piété sincère, soit déférence
calculée pour le patron d'un pays conquis. Ils édifièrent
autour d'elle une mosquée, une médersa, une hôtellerie,
un hammâm. Le mausolée proprement dit datait de l'Almohade
Mohammed en Nacer (vers 1200) qui avait eu à coeur de réparer
les torts de son père à l'égard du Pôle des
Saints. La mosquée fut construite par Aboûlhass.n le mérinide,
mort en 1351.
------------On
arrive par une petite place triangulaire à la pointe de laquelle
se trouve la petite tombe dite de Sidi et Eubbâd. Par une porte
à auvent et un petit couloir on accède à une cour
étroite et longue, séparant la mosquée (au sud) et
le mausolée (au nord). Une porte en arc brisé, encadrée
de faïences, surmontée d'un auvent porté par deux colonnes
donne accès à l'escalier dont les huit marches en carreaux
de faïence conduisent à une cour carrée où quatre
colonnes d'onyx supportent des arcades en fer à cheval, et qui
précède la chambre sépulcrale couverte d'un dôme
à douze pans couvert luilr.€me à l'extérieur
d'un toit de tuiles vertes à quatre pentes. Le plan général
date de la fin du XII" siècle almohade. L'ornementation très
riche date d'Yaghmorassan, le fondateur de la dynastie des Banou Zeïan
(XIII s.), d'Aboûlhassan le mérinide, au X1V` et des Turcs
aux XVII, et XVIII' siècles. De petites fenêtres donnent
un jour très discret à travers des vitraux bleus, verts,
rouges, orangés. Dans la pénombre, on distingue les ex-votos
: neufs d'autruche, lustres de cristal, étendards de soie, tableaux,
tentures brodées d'or. Les douze pans de la coupole sont décorés
de vingt-quatre arcades en plein cintre d'où partent des combinaisons
géométriques aboutissant à une étoile de vingt-quatre
pointes. En bas, un lambrissage de faïence bleue, blanc rosé,
violet de manganèse, vert de cuivre, et jaune, est d'époque
turque et de fabrication sans doute italienne. Perpendiculairement au
mur du fond s'allongent les catafalques de Sidi Aboû Madiân
(à droite) et de Sidi Abdessalâm et Tounsî (mort dans
la première moitié du XII, siècle) recouverts des
habituelles soieries. A côté de l'escalier, un puits sacré,
dont la margelle d'onyx est profondément entamée par le
frottement de la chaîne. Une arcade donne accès à
deux petits cimetières, l'un à ciel ouvert, l'autre dans
une chambre pavée (W. et G.
MARÇAIS - Les monuments arabes de Tlemcen, 1903, p. 230. G. MARÇAIS.
- Manuel d'art mersuhnan, 1937.11, 474. A. BEL. -- Tlemcen, p. 69. BROSSELARD.
--- Inscriptions arabes de Tlemcen, Revue Africaine, 1559.).
------------Sidi
Aboû Madiân n'est pas oublié à Fès qui
vit ses débuts dans les études et la voie mystique. Il y
a un magânn dans le quartier d'Errmîla : une placette, une
mosquée en ruines avec une petite cellute, sa Khaloua, une
source, un palmier entre la rivière et la mosquée. Certains,
peu nombreux, assurent qu'il y a un corps sous le catafalque. L'eau de
la source guérit les fièvres quand on se lave pieds ei mains,
ou tout le corps, après avoir accroché un chiffon à
la porte et mis deux pains pour les pauvres dans une niche. Comme le saint
demandait de l'eau pour ses ablutions, une vieille lui avait dit "
Tu ne ferais pas tant d'ablutions si tu avais
à aller chercher ton eau. "Aboû Madiân
avait alors enfoncé dans la terre un pieu à travers le feu
d'un four, et l'eau avait jailli. Avant le délabrement de la Mosquée,
les émigrés tlemcéniens venaient y faire le dzikr
le Vendredi, et un tha'am annuel. Les Tlemcéniens émigrés
à Damas y ont installé une zaouïa de Sidi Aboû
Madiân.
LA PROCESSION DES CONFRERIES.
------------Vers
le village de Sidi Boumédine, monte, de Tlemcen, trois fois par
an, pour l'Aïd es Sghir, à la fin du Ramedhan, pour l'Aïd
et Kebir, la fête du mouton, et pour le Mouloud, naissance du prophète
(La procession porte alors le nom de Techouicha.).
une impressionnante procession.
------------Dans
la vallée, près du cimetière, au carrefour d'Aïn
Ouazouta, après un caroubier sacré effondré niais
qui bourgeonne encore et dont le tronc couché à plat sur
le bord de la route est couvert de pierres ~,otives et de chiffons propitiatoires,
a lieu la fates des enfants. Les carrosses, fiacres de louages à
1a mode de 1900, tirés par des paires de chevaux plutôt maigres,
les conduisent en bandes bruyantes devant les éventaires des marchands
de gâteaux : maqrouts, ghribiyas, ka'aks, zlabiyas ruisselantes
de miel. Et l'on se prend à évoquer un autre saint de Tlemcen,
le charmant " fou de Dieu " Sidi et Halwî, qui après
avoir été cadi de Séville, finit ses jours ici, dansant
et chantant dans les rues en vendant des bonbons aux enfants.
------------Le
cortège passera le long du vieux cimetière devant la qoubba
d'un cadi si extraordinairement honnête que cela parut mériter
la canonisation. Il laissera à gauche, près d'une source,
sous un frêne, les six arcades romantiquement ruinées de
Sidi-Bou-Ishaq et Tayyar, le Volant, qui faisait la prière de midi
à la Mecque, celle de l'açr à Jérusalem et
revenait à Tlemcen, pour le coucher du soleil. A droite, il apercevra,
au milieu des tombes aux stèles grises, mauves, ocres, vieux rose,
bleu pâle. vert d'eau, entre les vieux figuiers et les admirables
cyprès du cimetière neuf, les tuiles vertes sous lesquelles
repose le grand théologien Snoussi, sensible, timide et délicat,
qui recommandait à ses disciples de ne pas écraser les insectes
sur les routes, et parmi les nombreuses vertus merveilleuses duquel on
compte le fait qu'il rendait les livres prêtés avant qu'on
ait eu l'idée de les lui réclamer. Il montera alors la côte
jusqu'à la petite place triangulaire dont nous avons parlé,
qui précède les bâtiments du sanctuaire et de la mosquée.
Une terrasse, devant deux cafés maures domine la placette et permet
un coup d'aeil d'ensemble.
------------Chacun
a mis un costume neuf. Les petits garçons courent dans des vestons
d'étoffe fantaisie ou drapés dans des burnous blancs ou
roses. Des petites filles ont revêtu comme pour la nuit de leur
premier jeûne, de longues robes de soie couvertes de lourds bijoux
; elles ont sur la tête le mendil lamé d'argent dont les
franges roses retombent sur leurs épaules, ou le tâj l'étrange
bonnet pointu qui " couronne " gracieusement leur chevelure
brune.
------------Le
bruit monte des bendaïr et des ghaïtas. La route devient poudreuse.
Des bannières de soie blanches, vert pâle, orange, mauve,
apparaissent. Voici le confrérie des Hamdaoua qui arrive avec ses
joueurs de, tambourins et ses danseurs. Sur un rythme anapestique obsédant,
les khouan se penchent en avant et en arrière tout en achevant
de gravir la côte. Trois d'entre eux montent à reculons.
Ils sont si excités ou cherchent ài paraître si excités,
que d'autres frères les retiennent par le bras, cependant qu'avec
de beaux gestes cadencés une femme essuie tout en marchant la sueur
qui coule sur leurs visages.
------------Voici
maintenant les abïd, les nègres, la troupe la plus
bruyante avec leurs énormes tambours, tboul et leurs qraqeb,
castagnettes géantes de fer, dont ils ne ménagent pas l'usage.
Les plus vieux ont des colliers de barbe blanche autour de leur face noire.
Ils vont la plupart du temps sur un rythmei iambique, et, chose curieuse,
cette procession, comme le fameuse procession d'Echternach dans le catholique
Luxembourg en l'honneur de Saint Villibrod qui guérissait les nerveux,
comporte une avancée interrompue par une légère marche
en arrière, comme la cadence des vagues à, la marée
montante.
------------Comme
intermède, voici les profanes joueurs de guellal qui ont quitté
aujourd'hui le quartier réservé pour venir chanter aussi
et danser en l'honneur de Sidi Bou Médine. Frappant la peau qui
clôt le grand vase de terre pendant à leur droite par une
Borde qui passe sur leur épaule gauche, ils avancent à petits
pas sur le plus entraînant des rythmes et reculent après
avoir recueilli, collés avec de la salive sur le front, non plus
des pièces d'or ou d'argent, mais des billets généralement
assez fripés.
------------Le
clou de la fête est le défilé des Aïssaoua. Derrière
les étendards aux soies flottantes alourdies de broderies d'or,
les joueurs de tambourins et de hautbois acides plongent la troupe et
à un certain degré l'assistance, dans une sorte d'hypnose.
Ils ne s'arr etent que pour laisser aux vieillards de la conférie
le temps de prononcer, pour qui le demande, quelque invocation qui remplit
la corbeille du frère quêteur. Certains danseurs semblent
se livrer à quelque obsédante passion, ou à quelque
cure presque douloureuse.
------------Voici
un danseur qui s agite dans une souple gandoura les mains croisées
derrière le dos. Il a perdu sa chéchia en route et son crâne
rasé rend un peu brutale sa figure aux peux clos. Tout d'un coup,
il sort des rangs, se jette sur un jeune homme de l'assistance et veut
le mordre au mollet. On le retient à temps et le jeune homme, quitte
pour la peur, gravit en hâte le talus. Alors l'homme se met , genoux,
les mains toujours dans le dos, et, la bouche au sol, veut manger une
pierre. Son surveillant l'empêche encore cette fois de faire un
malheur. D'autres frères d'ailleurs font une haie entre les énergumènes,
les enthousiastes au sens grec du mot, et la foule et assument non sans
fatigue le service d'ordre, Certains khouan se transforment psychiquenrent
en chien, en chacal, en chameau, en lion et miment les gestes de ces animaux.
Une femme saute en ondulant comme un serpent.
------------Sur
la place s'organise une danse générale en cercle. Les Khouan
ne tiennent par les mains qu'ils secouent violemment en cadence. Ils agitent
rythmiquement les reins, les épaules, la tête. Ils font de
lents mouvements plongeants de temps en temps, un saut et une pirouette.
------------Il
faut faire un effort pour détailler tout cela, pour échapper
à l'envoûtement, pour ne pas sortir de soi-même par
l'étrange porte ouverte par les rythmes et les timbres. On s'aperçoit
alors que le sabbat est mené par un grand diable maigre drapé
de blanc et auquel ne manque même pas la barbiche de Méphisto.
Il anime les danseurs, il centre leur agitation. il canalise leur frénésie,
il ordonne leur folie, il règle leur ivresse. Son geste préféré
est de lancer alternativement un bras à gauche puis un bras à
droite, en levant très haut, genou ployé, la jambe du même
côté. comme indiquant du doigt tendu l'orient et l'occident.
Et soudain nous le voyons qui prend son vol dans un bond vertical avec
double entrechat.
------------Toute
'l'après-midi résonnent les bendaïr, les gargabou,
les thboui, et les ghaïtas ; toute l'après-midi dansent les
khouan ; avant de redescendre sur la grande route de Tlemcen, les diverses
conféries présentes pénètrent dans le sanctuaire.
------------On
se demande comment elles s'y prennent, en un si petit espace et avec une
telle cohue. Il est en tout, cas difficile de pousser plus loin l'observation.
------------Je
me suis demandé d'abord quel rapport pouvait exister entre le savant
plutôt austère dont nous venons de dire la vie, et l'exubérance
de cette foule ; ee que le Pôle, le Ghouts, l'auteur des poèmes
raffinés et des sentences subtiles, le professeur de Bougie qui
portait ombrage au sultan de Marrakech, pourrait panser de toute cette
frénésie. C'était sans doute un point de vue extérieur
et simpliste. L'étude de l'hagioura des pratiques mystiques et
des fêtes populaires, semble bien montrer qu'il n'y a pas contradition.
Non seulement, il faut des méthodes diverses adaptées aux
diverses catégories d'individus, mais il y a temps pour tout, pour
l'étude, pour la méditation, pour la prière rituelle,
pour les séances de concert spirituel et danse extatique. pour
les réjouissances collectives. Dans tous les cas, ii y a une énergie
qui se concentre ou se libère, dans tous les cas, une ferveur et
un amour qui s'épanouissent. La détente elle-même
est nécessaire pour poursuivre l'effort. Et c'est peut-être
justement parce qu'il est le ghouts, le grand secours, prenant sur lui
les douleurs et les peines, que Sidi Bou Médine accueille avec
bienveillance le joyeux délire de ces pélerins passionnés.
BIBLIOGRAPHIE.
------------Sur
Sidi Aboû Madiân, voir surtout
------------YOUSOUF
ET TADILI dit Ibn-az-Zeyyàt (mort vers 1230), Taclmawwouf (manuscrit
dont les extraits m'ont été obligeamment communiqués
par Hadj Ahmed Bennani).
------------IBN
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------------AHMED
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d'Ibn Fahroûn, 1351-1932, pp. 127-129 Kifayat. ms, fol. 35-37.
------------MAQQARI
(mort en 1632), Nafb, at tib. Le Caire, 4 VOL. 1304-1887, IV, 269, 274.
------------BOU
RAS, Voyages extraordinaires, trad. Arnaud, 1880, pp. 88-89.
------------IBN
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------------RAWDH
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------------KETTANI,
Çalouat al anfâs, Fès, 1316-1898, I, 364-366.
------------HAFNAOUI,
Tarif al khalef, 1909.
------------ABDELHAMID
HAMIDOU, Sa'adat al abadiya, Fès, 1935.
------------ABBE
BARGES, Tlemcen, 1859, pp. 260-317. -- Vie dag, célèbre
marabout Cidi Abou Medien, autrement dit Bou-Médin, 1884.
------------MOH.
BEN CHENEB, Essai sur les personnages mentionnés dans l'idjâza
du Cheikh Abd et Qadir el'Fâ
sy ; IV" congrès des Orientalistes, ALGER, 1905, PARIS, 1908,
N" 350, pp. 531-532.
------------Pour
les sentences et poèmes d'Aboû Madiân, outre
les ouvrages cités en notes, voir
------------BIDAYAT
AL MOURIDIN, Ms 938, Bibliot. Nat. Alger.
------------OUNS
AL WAHID, Ms 2-105 (8) fol. 337-343, Bibliot. Nat. PARIS, édité
au Caire 1301-1884, avec un commentaire de Ahmed Bâ'chan.
------------TAHFAT
AL ARIB, pub. et trad. en latin par F. de DOMBAY, Vindobonae. 1805, Ebn
Médirai Mauri Fessani Sentenciae quaedam arabicae.
------------DIWAN,
édit. Chaouar de Tlemcen, Damas, 1357-1938.
------------Voir
aussi : Bibliothèque Nationale Paris, Ms Arabes 1230, 3410, 4585,
5320. Bibliothèque Nat. Alger. Mss 59, 376, 1859.
------------Medersa
de Tlemcen, Mss. 28, 84.
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