----------Le
Mouloud, anniversaire de la naissance du Prophète, le 12 rabi'
premier, tombe cette année le 2 janvier. C'est à coup sûr
l'une des fêtes les plus populaires en Afrique du Nord, même
si elle n'a pas le prestige liturgique des deux aïds, l'aïd
Sghir, qui termine le jeûne du Ramadhan, l'aïd el Kébir,
fête du sacrifice solennel à l'issue du pèlerinage.
----------L'année
musulmane étant lunaire et plus courte de onze jours que l'année
solaire, chaque mois fait en trente trois ans le tour des saisons et le
Mouloud tombe actuellement en hiver. Mais c'est au printemps comme l'indique
d'ailleurs le sens étymologique du mot rabi', que naquît,
à la Mecque, dans la fraction hachimite de la grande tribu de Qoraïch,
celui qui devait devenir Sidna Mohammed l'Envoyé d'Allah. C'est
également un 12 du même mois, qui tombait alors en été,
que, le 8 juin 632, le Prophète mourut à Médine,
après avoir accompli une mission qui devait marquer un tournant
de l'histoire.
----------La
fête du Mouloud, de la naissance, le Noël islamique, fut considérée
de bonne heure comme une innovation justifiée. On la célébrait
par des processions et des sermons dans l'Egypte des Fatimites au XIè
siècle. Au début du XIIIè en Orient, à Arbela,
un beau-frère de Saladin, ainsi que le rapporte Ibn Khallikàn,
offrait à cette occasion un grand repas au peuple ; passait ses
troupes en revue, envoyait des cadeaux aux derviches, faisait faire une
procession nocturne aux flambeaux. Pour l'Occident, le Sultan méridine
Abou Yacoub, fit de la " nuit bénie " une fête
officielle dès 1292, et nous savons que les cours de Fès
et de Tlemcen célébraient pompeusement, au XIVè siècle,
le Mouloud, qui n'a cessé d'être une des fêtes les
plus chères au cur des Maghrébins, la coutume n'ayant
pourtant été définitivement adoptée en Tunisie
qu'aux environs de 1400.
----------La
procession aux flambeaux se retrouve en divers endroits. Sur les hauts
plateaux d'Algérie, les jeunes gens font parler la poudre. Un taleb
chante le panégyrique du Prophète, auquel répondent
les refrains des assistants porteurs de grands cierges de cire aux formes
ingénieuses et de diverses couleurs. A Salé, la procession
se fait la veille de la fête avec de grands cierges-candélabres
monumentaux décorés d'alvéoles multicolores. Elle
visite les différents sanctuaires et se termine à Sidi Ab'dallah
ben Hassoun où les cierges sont suspendus jusqu'à l'année
prochaine. Selon la tradition, c'est le Sultan saadien, Ahmed al Mansour,
qui aurait introduit cette coutume pour l'avoir admirée à
Constantine.
----------Ce
Sidi ben Hassoun vivait au XVIè siècle, et est un exemple
pour nos temps de luttes effrénées. Originaire des Slès,
il remarqua qu'il perdait la sérénité de son âme
quand il s'agissait de querelles de çofs, de questions politiques
ou tribales. Il se réjouissait immodérément quand
les siens avaient le dessus sur d'autres musulmans, sur d'autres hommes.
Il se reprocha donc la joie qu'il éprouvait à voir souffrir
d'autres fils d'Adam, d'autres serviteurs de Dieu, et il vint à
Salé. Ses compatriotes le conjurèrent de rentrer chez eux.
Sans répondre, il alla remplir un vase à la mer et le déposa
sur le sol.
-----------
Vous voyez, dit-il aux envoyés,
cette eau. Tout à l'heure si agitée dans la mer, comment
se fait-il qu'elle reste maintenant immobile et calme ?
- C'est qu'elle a été retirée de la mer.
- Vous avez raison, dit le saint.
L'exil épure et calme. Je resterai ici.
----------Dans
plusieurs villes et notamment à Meknès, le Mouloud est la
grande fête des Aïssaouas et donnait lieu à l'impressionnante
procession avec des milliers d'adeptes enthousiastes.
----------A
Tlemcen, c'est dans les maisons qu'on allume des candélabres avec
des bougies de cire verte. On met le henné aux filles, on donne
des pétards aux garçons. Le matin, les petites filles. vêtues
de leurs plus beaux habits, enveloppées du haïk et couvertes
de bijoux, font des visites et mangent du fanid, pâtisserie faite
de farine, de cire d'abeilles et de sucre, pétrie en forme de bougie,
de chandelier, de panier. Les fiancés envoient de ce fanid à
leurs fiancées avec du henné et un mouchoir de soie. Le
huitième jour, l'on va en pèlerinage à 'Sidi Bou
Médine, vers lequel monte la techouicha
(proprement le nom de la huitième journée qui suit la naissance
d'un enfant) la procession des Aïssaouas et autres confréries
populaires en dansant frénétiquement au son des bendir et
des raïtas.
----------Dans
les montagnes de Kabylie, les gens de la taddert achètent un buf
dont la viande est partagée entre tous les habitants du village.
Le soir, les enfants se promènent avec des bougies allumées
dans des tiges de roseaux, réduction de la traditionnelle procession
aux flambeaux, en chantant : " C'est aujourd'hui
la fête du Prophète. Les anges dans le ciel sont contents
et nous aussi ". Une coutume émouvante est de faire
participer les absents au repas du soir. Sur la table basse, on pose la
cuillère du père qui est allé au pèlerinage,
du fils qui est parti travailler à Alger ou en France. Ce qui reste
clans les plats est recouvert et emporté : c'est la part des anges.
----------Dans
le M'Zab, l'on allume partout des cierges ; les femmes donnent des soirées
joyeuses dans les maisons ; les_ hommes passent la nuit à psalmodier
dans les Mosquées.
----------A
Alger, où nous nous arrêterons davantage, tout le mois du
Mouloud est marqué par une intense activité religieuse dans
les mosquées en général et tout spécialement
au sanctuaire fameux de Sidi-Abderrahmân, dont le tombeau
couvert de belles soieries est, plusieurs jours auparavant. dévêtu,
nettoyé et revêtu en grande pompe, aux sons des musiques
( Le samedi et le mercredi qui précèdent
la fête, quand ce mercredi tombe au moins trois jours avant (cette
année les 24 et 28 décembre). On joue des tambourins (bendir)
et des thol (tambours) le samedi et l'on distribue du pain et de l'huile.
Le mercredi, on joue en outre de la ghaïta (hautbois), et l'on distribue
le couscous sucré.).
----------Les
enfants confectionnent avec des roseaux et des tiges de fenouils des espèces
de lustres compliqués qu'on appelle qoublas, coupoles ou
mnâra, lustres et où ils allument de nombreuses bougies
colorées. Le gâteau traditionnel, car toute fête doit
avoir en Afrique comme en France son plat et ses pâtisseries, est
la tammina faite avec de la semoule grillée, du beurre et du miel.
Ce plat a été choisi sans doute pour ce jour, parce que
c'est celui qu'on apporte aux mères le septième jour de
leurs couches.
----------L'élément
caractéristique de la fête est la récitation des maoulid.
Ce sont des gacidas, des poésies en l'honneur du Prophète,
imprégnées d'un ardent amour pour l'envoyé d'Allah,
" la meilleure des créatures " et qui ont fini par constituer
un genre littéraire spécial. On les lit à la radio.
On en fait des recueils imprimés ou manuscrits qui s'accroissent
sans cesse, car chaque année on en compose de nouveaux. On les
chante à Sidi Abderrahmân.
----------Au
lieu de la psalmodie habituelle des hezzabin, chanteurs de Coran,
on entend alors clans les mosquées les divers modes de la musique
classique. Les chanteurs spécialisés des maoulid,
les qeççaïddin, les chantent en effet sur les
mélodies anciennes de la musique dite " andalouse ",
ou de Grenade, mais sans accompagneraient d'instruments. Chacun (les vendredis,
qui suivent la fête, donne ainsi lieu à de pieux concerts,
successivement à la Grande Mosquée, à Djamaa Djedid,
à Sidi Ramdan, à Sidi Mhammed Chérif, à Sidi
Mhammed ben Abderrahmân de Belcourt, à la Mosquée
de Kouba.
----------Tous
les Algérois et les visiteurs d'Alger connaissent, à l'une
des extrémités de la ville haute, le joli monument élevé
à la fin du XVIIè siècle par le dey Haj Ahmed al
Atchi dans le plus pur style algéro-turc, avec son minaret carré
à étages d'arcatures. Il est le principal édifice
d'un groupe de sanctuaires bâtis autour d'un cimetière aux
vieilles stèles de marbre, aux cyprès centenaires, d'où
l'on domine la ville basse, le port, l'immense étendue bleue de
la mer. Il y a là Sidi-Mansoûr,
au milieu (les Faïences et (les soieries, qu'on y a transporté
quand on a abattu la Porte Bab-Azoun.
----------Il
y a aussi Sidi Ouali Dada, que les gravures
populaires montrent navigant sur un tapis de prière tiré
par des poissons. Et' près de sa tombe, le fameux bâton dont
il frappa la mer pour déclencher la tempête qui engloutit
la moitié de la flotte espagnole en 1541 et obligea Charles Quint.
parvenu jusqu'au Fort l'Empereur et dont les canons étaient déjà
braqués sur la ville, à lever le siège et à
se rembarquer.
----------La
salle funéraire de Sidi-Abderrahmân est couverte de carreaux
de faïences multicolores et d'inscriptions calligraphiques. Des lustres,
des étendards, des neufs d'autruche descendent de la coupole. Le
catafalque en forme de lit et à balustrade ciselée qui cache
le tombeau, est couvert de soieries anciennes aux nuances délicates
et de broderies d'or et d'argent. Huit groupes de colonnes engagés
dans les murs subsistent de l'ancien mausolée de 1611, remanié
en 1696 lorsqu'on transforma la Qoubba de type hispano-mauresque avec
toit de tuiles vertes à quatre pentes, en grande salle de prière,
avec mirhab sous une coupole octogonale sur trompes d'angle à la
mode turque.
----------Les
Qeççaïdines sont assis par terre le long du mur
où se creuse le mirhab, la niche vide qui indique la direction
de la Mecque et de la prière. Pendant plus d'une heure, ils chantent
en choeur les poésies qui racontent pieusement les -merveilles
qui ont accompagné la naissance du fondateur de l'Islam, il y a
treize siècles, au coeur des déserts de la péninsule
arabe, et l'amour fervent dont sont pleins pour lui tous les curs
musulmans. Puis, les deux paumes levées vers le ciel, avec toute
l'assistance, ils récitent la Fatiha, première sourate du
Coran.
----------A
l'issue de la cérémonie, pendant que les meskines mangent
un abondant couscous servi dans des grands plats de bois par les serviteurs
religieux de Sidi-Abderrahmân, les invités sont aspergés
d'eau de fleur d'oranger et boivent la traditionnelle cherbât,
sorte de " sorbet ", épais sirop de sucre rafraîchi,
parfumé d'ambre.
----------Quel
est donc ce Sidi-Abderrahmân, patron de la ville d'Alger et vénéré
comme l'un des grands saints de l'Algérie, vers la tombe duquel
affluent les pèlerins particulièrement nombreux en ce mois
(le ~Iouloud, et devant lequel aucun plaideur, de si mauvaise foi fut-il,
n'oserait se parjurer ?
----------De
nombreuses légendes courent sur lui, des récits extraordinaires
qu'on répète sans doute sans y croire à la lettre
et dont plusieurs sont chargés de l'espèce de vérité
supérieur que recèlent bien souvent les légendes.
----------Les
uns vous diront que Sidi-Abderrahmân empêcha Alger de tomber
dans la mer vers laquelle elle se penche. Ce jour là, Sidi Brahim
al Ghobrini, le saint de Cherchell, était venu à Alger les
enfants se moquaient de lui et lui jetaient des pierres ; il se leva et
porta la main à sa chéchia s'il Veulesait, Alger tombait
dans la mer ; heureusement Sidi-Abderrahmân, qui passait par là,
l'arrêta au moment oùil n'avait encore penché sa coiffure
que selon un angle point trop dangereux.
----------D'autres
vous diront que l'austère Sidi-Abderrahmân n'aimait point
la danse et les divertissements profanes et qu'il bouleversa le rocheux
pays des Beni Salah, dans l'Atlas blidéen, pour punir les gens
d'un village qui voulaient l'obliger à participer à leur
fête.
|
|
----------Une
autre histoire, fort savoureuse, le montre en compétition avec
le santon des Flittas, Sidi Mhanimed ben Aouda, auquel il enseigna pittoresquement
la vanité des prodiges que tous les mystiques sérieux considèrent
comme des accidents secondaires, plutôt génants et dangereux,
le long (le la voie spirituelle, dont l'essentiel est le détachement,
la connaissance et l'amour. Sidi ben Aouda avait pour spécialité
de dompter les lions, et au siècle dernier encore ses héritiers
en promenaient, sagement attachés et pleins de baraka, dans le
Tell. Il vint donc voir Sidi-Abderrahmân, monté sur un lion.
ce qui, on le conçoit, produisit une certaine sensation dans la
bonne ville d'Alger. Sidi Abderramân vit tout de suite que son confrère
oranais manquait de modestie. T1 lui offrit l'hospitalité pour
la nuit.
-----------
Où dois-je mettre mon lion ? demande
Sidi ben Aouda.
-----------A
l'étable, avec ma vache.
----------Le
lendemain matin, le voyageur, voulant repartir, chercha sa monture. En
vain. Le lion n'était plus dans l'étable. C'était
la vache qui l'avait mangé.
-----------Mais
la plus jolie histoire qu'on raconte sur le patron d'Alger, est une variante
d'une anecdote mystique qu'on rencontre en Orient et en Occident, au Maroc
avec Lalla Miinouna, en Anatolie dans le poème de Jalâleddine
Roumi, et jusqu'en France dans les Confessions de Jean-Jacques Rousseau.
----------Donc,
Sidi-Abderramân, raconte-t-on, avait l'habitude, quand la tuer était
belle, de voguer aux environs d'Alger, assis sur son tapis de prière.
Abordant uh jour sur une plage, il rencontra un pauvre berger qui jouait
de la flûte avec tant d'ardeur qu'il n'entendit même pas le
salâm du saint. C'est qu'il avait fait le voeu de jouer trois jours
de suite si le bon Dieu lui envoyait un fils. Cet enfant venant de naitre,
il tenait sa promesse, plein de reconnaissance et de joie. Mais Sidi-Abderrahmân
n'aimait pas, nous l'avons vu, la musique, et la flûte moins encore
que tout instrument. Il déclara que cette façon de remercier
Dieu était absurde et même blâmable.
-----------
Je n'en connais pas d'autre, dit
le berger. Je ne suis qu'un pauvre ignorant.
-----------Le
Seigneur ne peut accepter de tels hommages, poursuivit
le savant. Je vais t'enseigner
la façon de prier et quelques versets du Livre Sacré.
----------Ayant
appris au berger la Fatiha et les gestes rituels de la prière,
il se rembarqua, satisfait de lui-même et de sa science. Mais bientôt
il entendit derrière lui une voix qui l'appelait. Il se retourna
et vit le berger. Et le berger marchait sur les flots.
------------
O grand saint, criait-il,
viens à mon secours ! Aussitôt après ton départ,
j'ai commencé la prière que tu avais eu la grande bonté
de m'enseigner. Mais je me suis embrouillé. Ma pauvre tête
n'a pas voulu se rappeler les mots sacrés. Je suis bien à
plaindre idiot que je suis, et Dieu toutpuissant ne voudra pas m'entendre
si tu ne viens pas de nouveau à mon aide.
----------Ainsi
donc le saint, le savant, le docteur, avait besoin d'un tapis pour voguer
sur la mer ; et le pauvre berger ignorant y marchait les pieds nus. Sidi-Abderramân
comprit la leçon, admira en son coeur la puissance et la bonté
d'Allah et dit au berger
-----------
Ne te tourmente plus, mon ami. Continue comme
auparavant à jouer de la flûte pour l'amour (le Dieu. Les
actes valent par les intentions, et ceux qui l'aiment de tout leur coeur
sont plus près de' Dieu que nous tous.
----------En
réalité, Sidi-Abderrahmân Tsa'libi appartenait à
la tribu arabe des Tsa'Iba qui occupait la Mitidja, avait eu son heure
de prospérité au XIIIè siècle et avait été
à peu près ruiné au XIVè siècle par
le Sultan de Tlemcen. Il naquit probablement aux Issers, vers l'année
1385 d'une famille (le pieux lettrés. Il vint de bonne heure à
Alger. Mais cette ville, alors très modeste, n'avait rien d'une
capitale intellectuelle et ce qu'il y trouva fut loin d'étancher
sa soif de savoir. Fidèle au conseil du Prophète d'aller
chercher la science jusqu'en Chine, s'il le faut, il voyagea d'école
en école, pendant de nombreuses années. Il séjourna
quelque temps à Bougie, dont les maîtres étaient réputés,
passa par Tunis, se rendit au Caire, fit le pèlerinage de la Mecque,
étudia de nouveau à Tunis, se fixa enfin à Alger,
en 1418, et y vécut encore une cinquantaine d'années. Il
habitait, dit-on, une maison dans une impasse près d'une petite
mosquée qui a porté son nom jusqu'à sa démolition
en 1859, rue (le la Charte, dans le quartier de la Marine. Cette maison
elle-même a été démolie vers 1864.
----------Sa
vie était consacrée entièrement à l'étude,
à l'enseignement, à la composition de ses livres dont les
plus connus sont un Commentaire du Coran, le Jawahir, et un ouvrage sur
le jugement dernier et les mystères de l'autre monde, l'ouloum
et fakhirat, qui a été imprimé au Caire à
la fin du siècle dernier.
----------Ce
dernier livre regorge de hadits, d'anecdotes, de sentences et de réflexions
sur la mort, l'avantage qu'il y a à y penser, la nécessité
de s'y préparer, sur les épreuves de la tombe, l'Antéchrist
(Dejjâl), Gog et Magog, la Trompette de la Résurrection,
le jugement, le pont Cirath, si difficile à traverser, la géhenne,
le paradis, l'égorgement de la Mort, l'intercession du Prophète.
Il précise que les pauvres seront les premiers à entrer
au Paradis ; que les parents y seront accueillis par le sourire des enfants
qui les auront précédés dans la mort, comme s'ils
étaient allés en avant reconnaître le chemin. Il décrit
longuement les jardins, les demeures, les rivières, les cultures,
les oiseaux, les nourritures et les boissons du céleste séjour,
les houris et leur dot (les bonnes actions). Et il couronne cette montagne
de citations, jamais ennuyeuses, en disant qu'au-dessus de toutes les
joies, il y a la vision de Dieu face à sa face, son salâm
; en affirmant que le contentement d'Allah vaut mieux que tout le paradis.
----------On
dit encore. à Alger que Sidi-Abderrahmân avait d'innombrables
élèves, faisait le matin la classe à 1.000 garçons
et le soir à 1.000 filles, ce qui montre son désir d'obéir
au précepte du Prophète recommandant l'instruction comme
un devoir pour tout musulman et pour toute musulmane.
----------Nous
avons vu qu'il avait compris la nécessité de ne pas s'en
tenir à la seule science extérieure et que le pauvre berger
lui avait enseigné la nécessité vitale de l'amour.
On le vante d'ailleurs d'avoir su équilibrer harmonieusement les
deux voies, l'intérieure et l'extérieure, le droit canon
et la théologie mystique. La vénération dont il est
l'objet montre que pendant les siècles qui suivirent sa mort, Alger
n'était pas seulement une ville de commerçants et de corsaires,
niais attachait une suprême importance à l'intelligence et
à la spiritualité.
Emile DERMENGHEM.
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- DEVOULX, Les édifices religieux de l'ancien Alger, Alger, 1870
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Sur le MOULOUD, voir notamment
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