L'École de Droit-(1880-1909)
---------L'histoire
de l'enseignement supérieur en Algérie se divise en deux
phases : celle qui a précédé et celle qui a suivi
la création, en 1910, de l'Université d'Alger (loi du 3o
décembre 1909).
---------Durant
les trente ans antérieurs, l'actuelle Faculté de Droit n'existait
point. Il y avait cependant un enseignement supérieur, délivré
par l'École de Droit qui était venue, en 188o, avec les
Écoles des Lettres et des Sciences, prendre sa place à côté
de 1'Ecole de Médecine, créée vingt ans avant (projet
de loi Paul Bert de 1877, devenu loi du 2o décembre 1879).
---------Les
cours commencèrent dans le second semestre de l'année 1879-1880.
Aux examens, il y eut quatre candidats en première année
et six en seconde année. Le Professeur Martel, dans son rapport
pour l'année scolaire, conclut : " L'École
n'a qu'à se féliciter de ses débuts ".
---------Dès
l'année suivante, il fut décidé que l'École
préparerait à la licence ( Mais le droit de conférer
le diplôme ne lui sera acquis que par la loi du 5 décembre
1885. Jusque 'là,- les examens de 3e année de licence se
passaient devant les Facultés métropolitaines) ; elle ne
préparait jusqu'alors qu'à la capacité et au baccalauréat
en. droit. A cette époque aussi, elle occupait des locaux peu pratiques
et insuffisants dans la vieille ville.
---------On
croit rêver en apprenant que l'École fut installée
dans une rue sombre, de 1,50 m de largeur, la rue Scipion, au 2è
étage d'un immeuble où vingt ans plus tard, un commissariat
de police l'occupant en totalité se trouvait bien à l'étroit,
aux dires des autorités.
---------En
avril 1887, le Ministre de l'Instruction publique, Bërthelot, inaugurait,
en dehors des murs, loin du centre et dans un cadre encore agreste, le,
nouveaux bâtiments où l'École vint s'installer en
janvier 1888, et où la Faculté lui a succédé.
---------Suivons
maintenant rapidement le sort de l'École jusqu'à son remplacement
par la Faculté.
Nombre des étudiants inscrits
(y compris tous les auditeurs)
|
25
|
1879-80
|
117
|
1884-85
|
124
|
1889-90
|
190
|
1894-95
|
239
|
1899-1900
|
263
|
1904-05
|
338
|
I909-10
|
---------Il n'y
eut, durant cette longue période, que trois Directeurs : Estoublon
(Il ne sera systématiquement cité ici aucun
nom de personnalités dont l'auteur sait, de source certaine, qu'elles
sont encore en vie.), depuis la création jusqu'en 1895 ;
Dujarrier, de 1895 à 1906, et Morand, qui lui succéda à
cette date et fut notre premier doyen. Il conserva ses fonctions jusqu'à
son décès (le 1e janvier 1932).
---------Voici
quels enseignements on y professait sous forme de cours de chaires ou
de cours complémentaires
---------Il
y avait alors
2 chaires de Droit romain
3 Droit civil
1 Droit criminel
1 Droit administratif
1 Droit commercial
1 Législation algérienne et tunisienne
1 Droit musulman et coutumes indigènes
---------Il
y avait comme cours complémentaires
Annuels : Économie politique (un seul
cours)
Droit français (pour la législation algérienne)
Droit français (conférences pour élèves de
la Médersa)
Semestriels : Procédure civile
Voies d'exécution Histoire du Droit Droit maritime Législation
financière Droit constitutionnel Droit international privé
Droit international public
---------En
1906, le Ministre de l'Instruction publique présentait au Gouverneur
général un projet de création d'une Université.
---------L'année
suivante, les Délégations Financières en acceptaient
le principe. Une Commission, comprenant MM. Liard, Appel, Barthélemy
et Chailley, vint étudier sur place la question et se montra très
favorable à la création en particulier d'une Faculté
de droit, par transformation de l'École.
---------Cette
transformation fut définitivement réalisée par la
loi du 3o décembre 1909
---------Parmi
ceux qui ont enseigné à l'École, nous citerons les
noms suivants ( Cette liste doit être à peu
près complète quant aux noms, mais non pas quant aux enseignements
professés, car ils ont souvent varié pour un même
professeur, qui en assurait d'ailleurs plusieurs.
---------Tous
les professeurs, même non agrégés, furent titularisés
dans la nouvelle Faculté, mais cette catégorie a disparu
depuis d'assez nombreuses années. Les titulaires de chaire sont
aujourd'hui tous agrégés...)
---------1°
Droit civil et criminel et matières annexes
: Dain, Flandin, Jacquey, Fau, Roux, de Bck, Piedelièvre,
Audinet, Pillet, Dujarrier, Bartin, Chauveau, Gérard, Roux, Perreau,
Pellissier du Rausas, Mondet, Rougier, Ricol.
---------2°
Pour l'Histoire du Droit et le Droit romain : Martel,
Cabouat, Jacquet, Gavet, Lacoste, Prévost, Leygonnie, Morand, Geny,
Colin,Pic, Charveriat, Tissier, Lévy, Testaud, Peltier.
---------3°
Pour le Droit administratif et constitutionnel
: Rouard de Card, Jujat, Dujarrier, Olier, Colin, Bailly, Avril, Larcher,
Ledoux.
---------4°
Pour l'Économe politique : Anglade, Aubry,
Chauvin.
---------5°
Pour les Etudes locales : Dessoliers, Charpentier,
en législation algérienne : Estoublon, Sautayra,. Zeys,
Morand en droit musulman.
La Faculté de
1910 à nos jours
---------Le nombre
des étudiants inscrits à la Faculté, en ne tenant
pas compte des années anormales de guerre, s'est développé
comme suit
1913/1914 |
350 (tous jeunes gens, semble-t-il) |
1920/1921 |
671 (dont environ 25 jeunes
filles) |
1925/1926 |
821 (dont 59 jeunes filles) |
1930/1931 |
871 (dont 73 jeunes filles) |
1935/1936. |
1.134 (dont 105 jeunes filles) |
1946/1947 |
1.321 (dont 228 jeunes filles) |
---------Voici
ensuite comment l'enseignement s'est développé depuis 19oo
---------En
1921/1922, son tableau se présentait comme suit:
---------Pour
la première année de licence : Droit
civil, Droit romain, Histoire du Droit, Économie politique, Droit
constitutionnel.
---------Pour
la deuxième année : Droit civil, Droit
criminel, Droit administratif, Économie politique, Droit romain
et Droit international public.
---------Pour
la troisième année : Droit civil,
Droit commercial, Procédure civile, Droit international privé.
Législation industrielle, Législation coloniale, Voies d'exécution,
Droit maritime, Droit public, Législation financière.
---------Cours
spéciaux pour le doctorat : Pandectes, Histoire
du Droit français, Droit civil comparé, Droit administratif,
Histoire du Droit public français, Histoire des doctrines économiques,
Économie et sociologie algériennes.
---------Capacité
: Droit civil (deux années), Éléments de Droit public
et administratif.
---------Certificat
de législation algérienne : Éléments
de Droit civil français, Législation algérienne et
tunisienne, Droit musulman et coutumes indigènes.
---------Si
nous comparons ce tableau à celui de l'année 1947-1948 (
En 1948-1949, deux nouveaux cours fonctionneraient (Droit
civil comparé, Économie nord-africaine), nous trouvons,
avec une suppression insignifiante (éléments de Droit civil),
des adjonctions et modifications portant sur les matières ci-après
(Je rappelle pour mémoire que les conférences
sont devenues obligatoires, ce qui a grossi la tâche du corps enseignant.)
---------En
doctorat : la sociologie nord-africaine remplace
l'économie et la sociologie algériennes ; la science coloniale
a été ajoutée ;
---------En
Législation algérienne, le Droit musulman
comparé a été ajouté ;
---------Enfin,
un cours libre de coutumes berbères.
---------En
ce qui concerne le personnel, voici comment il était composé,
la première année de la Faculté
MM. Morand, doyen, professeur de Droit musulman ; Thomas J., assesseur,
professeur de Droit romain ;
Vincent, professeur de Droit civil ;
Colin, professeur de Droit administratif (en congé, député)
; Charpentier, professeur de Législation algérienne et tunisienne
;
Gérard, professeur de Droit commercial ;
Larcher, professeur de Droit criminel ;
Peltier, professeur d'Histoire du Droit ;
N..., professeur de Droit administratif ;
Chamris, agrégé ;
Ricol, agrégé ;
Ledoux, chargé de cours ;
Sourdois, chargé de cours ;
Durtelle de Saint-Sauveur, chargé de cours.
---------Les
agrégés et chargés de cours occupant les chaires
vacantes.
---------Depuis
lors, de nouvelles chaires ont été créées
: à savoir celles de Droit colonial, et celle de Sociologie nord-africaine.
La création d'autres chaires est imminente.
---------Dans
la mesure où nous avons pu établir la chose, ceux qui, depuis
lors, ont enseigné à la Faculté seraient encore tous
en vie, à l'exception, d'une part, du professeur Gaëtan Pirou,
et, de l'autre, de ceux morts pour la France, et dont voici les noms
---------En
1914-1918: PISSARD, TOURNYOL DU CLOS, LARCHER
---------En
1939-1945: Gilbert MAROGER, Claude THOMAS
Rôle des professeurs
de la Faculté
---------Leur activité
se manifeste de trois façons différentes : par leurs publications
scientifiques ( Sous l'égide de l'École, puis de la Faculté,
a paru et parait la Revue Algérienne (puis Tunisienne
et Marocaine) de législation et jurisprudence. ), dont nous
ne parlerons pas ici ; par leur activité pédagogique en
dehors de la Faculté ; enfin, et, bien entendu, surtout par leur
enseignement à la Faculté même.
---------Il
faut, en effet, signaler qu'un certain nombre d'entre eux ont été
appelés à enseigner en dehors du cadre de la Faculté
et l'on n'a jamais fait appel en vain à leur science et à
leurs qualités pédagogiques. Voici les principales branches
de leur activité à signaler dans ce domaine
---------Droit
civil aux élèves de la Médersa ; cours juridiques
divers professés, soit à l'Institut d'Études Supérieures
Islamiques, soit devant les officiers se préparant à l'administration
des Territoires du Sud, soit à l'École Supérieure
de Commerce. A ceci sont venus s'ajouter, depuis 1947-1948, les cours
au nouvel Institut des sciences administratives et sociales, dont le Directeur
est d'ailleurs un membre de la Faculté.
---------A
ce propos, et avant d'en venir à leur activité essentielle,
on notera qu'à l'exception de ce dernier institut, dont le succès
a été grand, il n'y avait jamais eu réellement jusqu'ici
d'institut dépendant, pour le tout ou partiellement, de notre Faculté.
Ils sont restés jusqu'ici à l'état de projet ou ne
se sont pas avérés viables (Institut d'études administratives,
Institut pratique de droit, Institut de criminologie)(
L'Institut d'études orientales de la Faculté des lettres
a associé, deux de nos professeurs à ses travaux ).
--------La
Faculté, de plus, rayonne aussi sur le reste de l'Afrique du Nord.
Grâce à l'activité et au dévouement du Président
Rectenwald, du Tribunal Mixte, un centre d'études juridiques avait
été fondé à Tunis, centre entièrement
rattaché à la Faculté, mais dont les liens avec elle
ont, hélas, été considérablement relâchés
à la suite de changements ultérieurs. D'autre part, le Centre
d'études juridiques de l'Institut des hautes études marocaines
de Rabat est, en particulier pour les examens, rattaché aux trois
Facultés d'Alger, Bordeaux et Toulouse. Enfin, notre Faculté
a été pressentie pour la formation d'un centre à
Brazzaville.
---------Il
fut un temps où le doyen Morand était un conseiller très
écouté des autorités administratives et où
les critiques juridiques du Professeur Larcher retenaient toute leur attention.En
ce qui concerne maintenant l'enseignement donné à la Faculté,
on remarquera, et cela est fort heureux, que celui-ci correspond exactement
à celui donné dans la Métropole, sans qu'aucune différence
puisse être constatée, en ce qui concerne la licence, le
doctorat et la capacité en droit (3Telle a été
la conception qui. a présidé à la création
de l' École de Droit, alors que pour l'Elcole des Lettres on avait
songé davantage, à en faire un centre d'études et
de recherches. Il est resté quelque chose de ces conceptions divergentes
il y a bien moins d'étudiants à la Faculté des Lettres,
en particulier par rapport au nombre des Chaires, d'autre part, et surtout,
le nombre Ides chaires correspondantes à ides études locales
y est très considérable, tandis que, durant deux tiers de
siècle, il n'a été que de deux à l'École
et à la Faculté de Droit ; il n'est aujourd'hui encore que
de trois.).
---------A
côté de l'enseignement purement français et métropolitain,
qui reste l'essentiel, il fallait cependant se préoccuper de la
situation géographique particulière de notre Faculté.
---------Sous
le régime de l'École de Droit, existait déjà
un diplôme, dit de Législation algérienne, comprenant
l'étude du Droit public et administratif, principalement applicable
en Algérie, puis en Tunisie et enfin plus tard au Maroc ; et de
l'autre, le Droit musulman algérien et les coutumes indigènes
; à ceci est venu s'ajouter le Droit musulman comparé et,
à partir de 1948-1949, l'économie nord-africaine, soit deux
cours (semestriels) à option. Ce diplôme est complété
par un autre dit " supérieur ".
---------D'autre
part, en doctorat, la sociologie nord-africaine figure en bonne place.
Il y a aussi un cours d'Institutions berbères, non sanctionné
par un examen.
---------La
Faculté est donc avant tout, quant à l'enseignement, modelée
sur le type métropolitain, auquel elle est d'ailleurs totalement
assimilée aussi, en vertu même du Statut de l'Algérie,
au point de vue administratif, en ce qu'elle dépend uniquement
du Ministère de l'Éducation nationale, à Paris. Cette
tâche essentielle a été magnifiquement accomplie.
---------Par
contre, il faut pourtant regretter que, dans le domaine plus particulièrement
nord-africain - malgré les efforts d'un Marcel Morand ou la personnalité
d'un Frédéric Peltier -- il ne soit apparu personne de comparable
à un Masqueray, un Stéphane Gsell ou un E.-F. Gautier, tous
de la Faculté des Lettres, c'est-à-dire qui ait laissé
dans ce domaine un très grand nom. Une des raisons profondes de
ceci est que ce Palladium, si j'ose dire, de nos Facultés qu'est
le lit de Procuste de l'agrégation de droit, ne prépare
en aucune façon à la formation de spécialistes locaux,
surtout arabisants, comme peut le faire l'agrégation d'arabe, d'histoire
ou de géographie. Il y a là un problème très
grave qui devrait bien retenir l'attention des personnalités compétentes.
---------Dans
le même ordre d'idées, on notera que, depuis la fondation
de la Faculté, pas un titulaire des chaires de législation
algérienne, ou de droit musulman, n'a publié d'ouvrage d'ensemble
faisant autorité en ces matières, ce qui est au surplus
déplorable du point de vue de l'enseignement. Ce ne sont d'ailleurs
pas des titulaires qui enseignent ces matières pour l'instant.
Il ne sera pas aisé de porter remède à cette situation
fâcheuse.
Recrutement du
personnel.- Les locaux de la Faculté
En ce qui concerne le personnel féminin, la Faculté
d'Alger, contrairement à d'autres de France, n'a jamais compté
de femmes agrégées ou titulaires. Mais à de longs
intervalles et à titre temporaire, un enseignement de l'économie
politique, puis un autre de droit civil, ont été assurés
par des femmes.
---------Pour
diverses raisons, le recrutement du personnel a passé deux fois
par des phases difficiles. Il y a une vingtaine d'années, il n'y
avait à la Faculté que quatre titulaires de chaires (dont
deux agrégés seulement ! ), et plus de la moitié
de la Faculté était composée de simples chargés
de cours. Cette situation s'est améliorée ensuite progressivement,
et plusieurs des chargés de cours de l'époque sont, après
avoir passé le concours, restés titulaires à Alger.
---------Il
en est résulté que, durant longtemps, et encore aujourd'hui,
la Faculté a été et est composée d'éléments
jeunes : même à l'heure actuelle, pas un de ses membres n'est
âgé de 5o ans.
---------La
'seconde période a été celle de la fin de la guerre
de 1939 et des premières années qui l'ont suivie. En effet,
pendant deux ans (1942-44), la Faculté d'Alger fut seule à
représenter, universitairement, la France libérée
dans le camp des Alliés.. D'autre part, elle avait été,
dans son immense majorité, un foyer de résistance nationale
à la politique de Philippe Pétain, bien en avant sur les
autres Facultés.
---------Aussi
eut-elle à faire face à des tâches au-dessus de ce
pourquoi elle avait été normalement créée,,
cependant qu'un certain nombre de nos collègues étaient
appelés à participer à divers titres à l'activité
du Gouvernement présidé par le général de
Gaulle et ils nous ont ensuite quitté pour Paris, en vue d'y exercer
d'importantes fonctions.
---------Durant
cette période d'activité intense, et avec un personnel diminué,
la Faculté dut faire face à la charge des examens, et parfois
de l'enseignement, au Maroc et en Tunisie, en Corse et en Égypte
d'école française de Droit au Caire), etc... Grâce
au dévouement d e tous, il fut possible d'accomplir cet effort,
tout à fait exceptionnel, et qui n aurait pu se prolonger.
---------Comme suite aux démarches énergiques
de son Doyen, la crise de personnel est presque conjurée pour l'instant
: durant quelques années, l'on y avait pallié en faisant
appel à des Docteurs en droit, de valeur, recrutés sur place.
Mais, du point de vue matériel, une question est pour nous, comme
pour tant d'autres, très grave, parfois angoissante, celle du logement
du personnel nouveau.
---------D'autre
part, durant très longtemps, notre École, puis notre Faculté
avaient joui de locaux presque trop spacieux dans le quartier lointain
où avait été érigé le Palais de la
future Université.... située aujourd'hui au centre même
de la ville ou presque ( Jusque vers 1930 encore, la partie
de la rue Michelet au-dessus de laquelle s'élève l'Université
était bien morne : la construction de beaux magasins, remplaçant
le triste mur que les passants devaient longer, a contribué de
façon étonnante à modifier la physionomie de ce quartier.).
Cependant, avec le temps aussi, l'espace devenant par trop réduit,
un beau bâtiment neuf avec une grande salle de cours, plusieurs
plus petites et des locaux à usage de salles de travail ( Ces
salles sont fort bien aménagées, la documentation y est
abondante ; enfin elles sont ouvertes à intervalles fréquents,
même durant les vacances. Elles offrent de très grandes facilités
aux étudiants. ), des bureaux pour les professeurs, nous
fut accordé en supplément peu avant la guerre de 1939. Il
sera, avec le temps, indispensable 'd'envisager encore l'agrandissement
de nos locaux qui vont devenir trop petits, quoique bien des Facultés
de province pourraient nous les envier.
LES ÉTUDIANTS
DE LA FACULTÉ
---------Il ne nous
appartient, pas de traiter ici de cette question, mais il faut pourtant
y faire une allusion au moins rapide. Ce qui concerne les Associations
d'étudiants déborde le cadre de la Faculté, car ces
associations diverses et vivantes accueillent les- étudiants de
toutes les Facultés.
---------Des
plaques commémoratives, hélas bien longues, nous rappellent,
d'autre part, l'héroïsme des fils de l'Algérie sur
les champs de bataille, de cette Algérie qui est la dernière,
historiquement, des provinces de France, mais qui réclame le premier
rang, lorsqu'il s'agit de verser son sang pour la Patrie. Comment ne pas
rappeler ici, en particulier, ce que la Métropole oublie par trop,
qu'à partir de 1943 notre jeunesse estudiantine reprit les armes
pour la Libération.'
---------Quant
à la valeur intellectuelle de ceux que nous formons, il est aisé
d'en juger : la qualité des membres du Barreau algérien
et de tant de personnalités éminentes dans l'Administration,
en France et en Algérie, suffirait pour l'établir. Est-il
permis de rappeler enfin l'exemple de nos anciens étudiants qui.
se sont présentés avec succès au concours d'agrégation
et enseignent aujourd'hui, entre autres, dans leur Faculté d'origine
x x x
---------En résumé,
la Faculté de Droit et, antérieurement, l'École ont
répondu à toutes les espérances que l'on avait fondées
sur elles et même au delà ; c'est, je crois, dire la vérité,
sans être nullement imbu de l'esprit de clocher, que de voir en
elle une des toutes premières parmi les Facultés de Droit
de province, non seulement par le nombre des étudiants, mais par
la qualité des études. La Faculté constitue une des
plus belles réalisations scientifiques et nationales de la France
en Algérie ; une preuve de la force de son expansion intellectuelle,
une manifestation de son génie qui l'honore au premier chef.
G.-H. BOUSQUET,
Professeur à la Faculté de Droit d'Alger.
|