DELLYS et son école
des Arts et Métiers
Francis POULALLION
(Promo 47-51)
Président de la section Aix-Marseille
-----DELLIS ou
TEDELLIS a d'abord été fondée par une colonie carthaginoise.
Les Romains y formèrent plus tard un établissement appelé
Rusuccurus, qui devint une puissante cité sous l'empereur CLAUDE
(l'an 50 de J.C.) Les anciens remparts, visibles surtout à l'ouest,
les citernes romaines de SIDI SOUSSAN, des mosaïques, un magnifique
sarcophage, déposé au musée d'ALGER, des médailles
et des amphores trouvées dans les fondations de l'hôpital
et de la mosquée, tels sont les vestiges de Rusuccurus, dans
lequel on retrouve le Rousoukkour (le cap des poissons) des Carthaginois.
-----Ce
dernier nom trouverait son explication dans les eaux poissonneuses qui
baignent la base du rocher allongé sur le flan est duquel est
situé DELLYS.
Une longue Histoire
-----Détruite
par un tremblement de terre ou par les invasions, Rusuccurus fournit
plus tard ses mines pour la construction de ta ville arabe de DELLYS.
-----IBN-KHALDOUN
nous apprend que, après avoir fait partie du royaume de BOUGIE,
elle fut concédée par EL-MANSOUR à MOEZZ-ED-DOLA-IBN
SOMADECH, souverain d'ALMERIA, qui vint chercher un asile auprès
de lui, quand l'Espagne fut prise par les Almoravides 1088 (481 de l'Hégire)
à1104 (498 de l'Hégire).
-----Plus
tard, en 1363 (765 de l'Hégire), l'émir Hafside ABOU-ABD-ALLAH,
s'étant rendu maître de BOUGIE pour la troisième
fois, enlève DELLYS aux Abd-el-Ouadites et y installe une garnison
et un gouverneur; mais attaqué à son tour par ABOUIIAMMOU,
il lui envoie une ambassade et obtient une suspension d'armes moyennant
la cession de DELLYS et le mariage de sa fille avec ABOUHAMMOU. Il est
encore fait mention à cette époque d'un directeur de douane
à DELLYS ce qui lui faisait supposer une certaine importance
commerciale.
-----Tributaire
de l'Espagne, après la crise de BOUGIE en 1509, DELLYS devint
un instant le siège du gouvernement de KHEIR-ED-DIN, lorsqu'il
partagea la régence d'ALGER avec son frère BABA-AROUDJ
(Barberousse).
DELLYS, habitée par une population de pêcheurs et de jardiniers
habiles, ne fait plus parler d'elle.
-----Une
première soumission de ses habitants, en 1837, est suivie plus
tard de la prise de ta ville par le maréchal BUGEAUD, le 7 mai
I 844, lors de son expédition chez les Flissa; les combats des
12 et 17 du même mois nous assurent définitivement la tranquille
possession de DELLYS.
Ville française
-----Petite ville
en bord de mer, elle dépendait de l'arrondissement de TIZI-OUZOU
(Kabylie) du département d'ALGER. Située à 70 km
à l'est de cette capitale, les deux principales " attractions
" de cette ville étaient l'école que nous allons
décrire et son port destiné au petit cabotage mais aussi
au sport nautique, dont le bâtiment a été pour beaucoup
d'élèves te seul lieu de loisirs.
Accessible avant la guerre de 1939, par un train d'intérêt
local à voie étroite, DELLYS ne t'a été
ensuite que par la route, ce qui nécessitait pour les élèves
venant de tous les coins de l'Algérie, pour quelques-uns après
une journée de voyage, un transport en car, effectué sur
20 km à partir de la gare CFA de CAMP DU MARECHAL, près
du village de BORDJ MENAIEL.
-----DELLYS
se compose de deux parties bien distinctes le quartier arabe au nord
et le quartier européen à l'est.
tous deux en grande partie sur un plateau incliné de 70 à
80 m duquel se détache le long promontoire connu sous le nom
de CAP BENGUT, et auquel DELLYS doit sinon un port, du moins une jetée
et un bon mouillage où les bâtiments peuvent se mettre
à l'abri des vents d'ouest et du nord-ouest.
-----La
ville arabe, avec ses ruelles étroites bordées de maisons
blanchies à la chaux, recouvertes ça et là de vigne,
offre, dans ses échappées sur ta mer, quelques ressemblances
avec certains hauts quartiers d'ALGER. La ville européenne descend
jusqu'à la mer.
DELLYS est l'entrepôt d'une partie de la Kabylie occidentale et
fait un assez grand commerce d'huiles et de fruits secs.
-----Sur
un plateau, à l'ouest, s'élève I'ECOLE DES ARTS
ET METIERS.
Contexte social et
économique de l'époque
-----En octobre
1844, dès les derniers combats terminés pour ta pacification
de la Kabylie, " partie poétique de notre Afrique ",
le Général BUGEAUD faisait construire à FORT-NATIONAL,
petite bourgade proche de TIZI-OUZOU, une école professionnelle
dirigée par un officier du Génie le capitaine DAMARY ou
le commandant AUGE (cf. selon ta bibliographie choisie) pour fournir
des techniciens à l'Algérie naissante.
-----La
réalisation de l'infrastructure de l'Algérie, bâtiments
administratifs, routes, voies ferrées, ouvrages d'art, etc. était
confiée à l'armée.
-----Certains
officiers du Génie, polytechniciens, chargés de ces ouvrages,
ne disposaient pas de l'encadrement nécessaire et compétent
pour les construire et assurer ensuite leur maintenance. La doctrine
du Saint Simonisme diffusée par BAZARD, notamment auprès
des anciens élèves de polytechnique avait eu un certain
écho, notamment auprès d'un des plus remarqués,
Ferdinand de LESSEPS qui venait d'inaugurer le 17 novembre 1869 "
son canal de Suez " et avait obtenu, dans le cadre des accords
internationaux du 6 septembre 1864 au Liban, l'ouverture d'une école
d'apprentissage des Arts et Métiers, à BEYROUTH dont la
direction était confiée à la France.
-----Cette
doctrine consistait à considérer ta nation comme une entreprise
individuelle, un vaste atelier où travaillaient selon leur différence
de capacité positive des ouvriers ou compagnons qu'il fallait
former, implicitement, selon les règles de l'époque.
Cette doctrine appliquée au Liban va l'être en Algérie,
en tenant compte qu'en application de ta loi du 19 mai 1874 modifiée
par celle du 2 novembre 1892 tout enfant âgé de moins de
18 ans occupé dans l'industrie, le commerce... " en vue
d'une formation professionnelle méthodique et complète,
est un apprenti.
-----L'apprentissage
était obligatoire pour toutes les corporations et surtout pour
celles rattachées aux < Arts et Métiers ". A partir
du XVIIIe siècle, sous l'ancien régime, ta durée
était fixée à 3 ou 4 ans, de façon à
initier durant cette période, l'apprenti aux secrets de son futur
métier.
-----La
formation de cadres supérieurs à l'époque était
réservée à l'armée et à partir de
1843-1912 à des élèves âgées de plus
de 18 ans avec un niveau scolaire de maths supérieures, dans
quatre écoles supérieures d'ingénieurs Arts et
Métiers, situées toutes en Métropole.
Historique de l'école
-----Le 18 avril
1871 une insurrection se déclencha dans la région de FORT-NATIONAL,
l'école professionnelle se trouva pillée et incendiée.
-----La
réédification de l'école détruite fut alors
envisagée
- Au HAVRE, pour diverses raisons évoquées par le député
de cette ville, Félix FAURE, futur président de la République.
- A PHILIPPEVILLE par l'existence de casernes désaffectées
signalées par le sénateur de CONSTANTINE, LESUEUR, propriétaire
des carrières de marbre du Fil Fila près de PHILIPPEVILLE.
- A DELLYS qui finalement fut choisie car à l'époque cette
ville était te seul centre administratif et militaire le plus
important près d'ALGER.
-----Le
31 mai 1877 une délibération du conseil municipal de DELLYS
mit à la disposition de l'état le terrain nécessaire
et une participation financière de 50.000 F. La construction
fut confiée aux Services des Ponts et Chaussées bâtiment
et logement de direction, réfectoires, dortoirs, salles de cours,
amphithéâtre, laboratoire avec matériel d'enseignement,
vastes ateliers avec outillage, force motrice et éclairage électrique,
pour assurer aux élèves par trois années d'études,
une culture générale et professionnelle.
Scolarité
-----Vu le contexte
et afin d'accélérer le processus de formation des techniciens
ou cadres principaux dont l'Algérie avait tant besoin, il s'est
avéré nécessaire de recruter comme pour les Ecoles
Normales d'instituteurs, des élèves d'un niveau correspondant
au cours supérieur des écoles primaires (Brevet d'Etudes).
Le concours d'entrée comportait en supplément des épreuves
habituelles de maths. français, physique et chimie, une de dessin
industriel afin de discerner dans le futur " Conscrit " ses
capacités techniques.
-----Les
élèves ayant tous moins de 18 ans, étaient recrutés
par concours et durant leur scolarité, étaient selon la
doctrine indiquée ci-dessus des règles du compagnonnage
et de la Loi, des apprentis (compagnons) opérationnels dès
la sortie de l'Ecole.
-----En
1880, l'Ecole ouvrait avec 23 élèves sous l'autorité
militaire du commandant du Génie AUGE, cité ci-devant,
qui connut, dépendant de l'Intendance. de5 difficultés
financières et ne pouvait plus poursuivre sa tâche.
-----Par
décret du 9juillet 1883, elle fut placée sous l'autorité
du ministère du Commerce et de l'lndustrie sous le nom d'ECOLE
NATIONALE d'APPRENTISSAGE DES ARTS ET MÉTIERS et explique l'écusson
représentant une équerre et compas encerclés d'une
couronne de feuilles de chêne ainsi que la chanson des "
GADZ'ARTS ".
-----Un
décret du 12 a6ût 1883 fixait à 60 internes l'effectif
maximum (20/promo).
A la suite de l'autonomie financière accordée à
l'Algérie, par décret du 21septembre 1900. devient Coloniale
d'A.A.S.M. sous l'autorité exclusive du Gouverneur Général
de l'Algérie direction de l'Agriculture et du Commerce. Un décret
du 22 octobre 1905
- fixait le nombre d'élèves internes à 120 avec
une scolarité de 3 ans
- créait pour répondre aux besoins locaux, un externat
puis internat indigène de 30 élèves boursiers recrutés
par examen du niveau du Certificat d'Etudes.
- indiquait le personnel d'encadrement suivant :
-administratif : un directeur, un comptable, deux commis,
-de service : cuisinier et aide, personnel de ménage, infirmier...
-enseignant : cinq professeurs, dix chefs d'atelier et contremaîtres
pour six sections ajustage, forge, électricité, menuiserie,
modelage et fonderie.
-----Après
la guerre de 1939-1945, l'appellation d'Ecole Coloniale d'Industrie,
dont nous n'avons retrouvé aucune référence, devait
à notre avis provenir d'une décision locale du directeur
ou de la municipalité, l'ensemble immobilier subissant de plus
en plus les marques du temps et surtout la dégradation du matériel
d'enseignement nécessitait une reprise urgente de réparation
et novation qui ne pouvait être assurée par le ministère
de tutelle engagé sur d'autres projets.
Ecole Nationale
-----A la suite
de nombreuses démarches d'hommes politiques, de l'Amicale fortement
représentée par ses membres dans l'administration et du
nouveau directeur nommé après la guerre, en 1950, le type
d'enseignement étant conservé, l'Ecole devenait une E.N.P.
et était placée sous l'autorité du ministère
de I'Education Nationale, attirant du même coup tous les crédits
nécessaires.
C'était la seule école de France qui regroupait dans son
enseignement en plus des disciplines d'industrie, une section d'horlogerie
(réservée jusque là à t'E.N.S. de Closes),
une section de froid (réservée à l'ES. de Saint-Ouen)
et une section de Travaux Publics.
La durée de scolarité passait à quatre années.
Le concours d'entrée pour les trois départements d'Algérie
avec 6 à 10 centres d'examen ne prenait que des promotions de
30 à 40 élèves sur plusieurs centaines de candidats
comme nous l'avons indiqué, de niveau du Brevet d'Etudes avec
une épreuve de dessin industriel, matière acquise en cours
particuliers car elle ne figurait pas au programme du BE.... (ex 3e
moderne).
-----Des
E.P.S., lycées et collèges d'Oranie assuraient une préparation
au concours ce qui explique le fort pourcentage de 50 à 75 %
d'Oranais dans les promotions.
-----Jusqu'en
1941, le régime intérieur hérité de l'organisation
militaire d'origine, comprenait des adjudants, sergents, caporaux qui
assuraient par promotion le respect et la discipline.
La prison était la sanction principale et la promenade avec défilé
avec fanfare en tête à la grande joie des habitants de
DELLYS.
Ce régime fut modifié au cours des dernières années
et la discipline confiée à un surveillant général
secondé par un surveillant mais aussi par des anciens ou élèves
de 4e année.
-----La
scolarité pour chaque " Conscrit " consistait en première
année, pour les cours techniques, en un passage en atelier durant
deux à quatre semaines, 4 heures par jour, successivement dans
chaque section afin de déceler, en fonction des notes obtenues,
la meilleure aptitude. Une préférence pouvait être
manifestée dans l'éventualité de plusieurs excellentes
aptitudes.
-----La
deuxième année, la filière était définie
et suivie. Le bigorneau " voyait les journées d'enseignement
passer avec monotonie durant deux heures d'études, quatre heures
d'atelier et technologie où il encadrait des élèves
de la section indigène qui lui permettait en s'instruisant d'acquérir
une pédagogie technique, quatre heures de cours et une heure
de révision la nuit à la lueur d'une bougie, non imposée
mais indispensable pour ne pas oublier l'enseignement du jour, ponctuée
des obligations pour fournir quelques occupations aux " Bleus ",
des examens...
-----La
troisième année se passait en étude, entre les
anciens et tes bigorneaux peu remarqués des " Bleus "puisque
les " descentes " s'effectuaient de nuit, et en sorties "fuite
" à ALGER, l'examen de sortie n'ayant lieu que l'année
suivante.
-----Enfin
la quatrième année, devenu " ancien " se déroulait
dans tes transes de l'examen de sortie devenu tout proche, du choix
de carrière et de la préparation du " Père
cent " selon un motif thématique longuement choisi et concrétisé
en cours ou en " perruque "à l'atelier, avec l'aide
complaisante des contremaîtres et obligeante des " Bleus
".
-----Le
" Père cent " se déroulait dans les fastes des
salons de l'hôtel Beau Rivage avec dîner pantagruélique,
bal aux sons de l'orchestre de l'école et disparition totale
des " Bleus " devenus ce jour-là, complètement
invisibles, car présents ils auraient succombé sous tes
tâches énormes de préparation qu'immanquablement
les anciens leur auraient confiées...
Tradition
-----Durant la
première année, le " Conscrit " surnommé
" Bleu
sert à faire chauffer la colle..., il était
d'usage à l'atelier de menuiserie de garder la colle à
bois servant à lier les ajustages, chaude, tout en la remuant,
et ainsi humer le parfum qui se dégageait. Cette corvée
était automatiquement réservée au premier "
Bleu "qui, curieux, traînait par là.
-----En
règle générale, son statut de " Bleu "
lui donnait l'avantage d'être choisi, pendant une année,
pour effectuer toutes les tâches imaginées par les anciens,
et notamment ceux revenus de la guerre qui ont eu l'imagination fertile,
même le dimanche pour mesurer avec une allumette la longueur de
la jetée du port, de traîner avec une ficelle une boîte
de sardines dans la rue principale, et danser pour les fervents bals
avec " Libellule " agréable et accorte cavalière
possédant une surcharge pondérale non négligeable,
de passer sans rechigner, lors des " descentes nocturnes des anciens
cagoulés ", du cirage noir ou brun sur son voisin de lit,
un autre " Bleu " qui était heureux ensuite de rendre
service pour ensuite dans le grand bassin de la cour pouvoir se laver
en chur et ainsi faire connaissance, etc.
-----Il
avait aussi le privilège lors des retours des vacances, le car
de liaison gare - DELLYS ayant un nombre de places insuffisant, de voyager
couché sur le toit, protégé par les valises et
autres bagages odorants indigènes.
-----C'est
durant cette première année que les environs de DELLYS,
CAP BENGUT, TAKDEMPT, étaient découverts, du fait que
lors des rares sorties du dimanche après-midi, une certaine distance
puisse exister entre un " Bleu " et un " Ancien "
qui en principe ne sortait pas de la ville.
-----Une
autre manière utilisée pour échapper pendant un
certain temps aux obligations de " Bleu " était le
foot. Les joueurs étant favorisés du fait que l'équipe
de l'école sans cesse renouvelée avait acquis une grande
notoriété dans le foot universitaire.
-----La
" colle " consistait aussi,
la prison n'existant plus après la guerre, à rester en
étude surveillée pour des exercices complémentaires
de technologie, maths ou philo, au lieu d'aller se détendre avec
les copains en promenade (bleu) puis ensuite au cinéma, au billard
de l'hôtel Beau Rivage, au bal du Sport Nautique ou " ailleurs
". Cet " ailleurs " étant particulièrement
apprécié.
La "descente " était
effectuée par un petit groupe de " Bigorneaux " ou
d'Anciens, ta nuit, pour assister à l'exécution d'une
tâche demandée à un " Bleu ".
-----La
" perruque " consistait
à effectuer avec te matériel de l'école, pendant
ou en dehors des heures de cours, des bibelots, outils ou objets personnels,
tels que petites quilles, symbole de la " grande fuite ",
départ définitif de l'école. Les pièces
particulièrement réussies, brusquement appropriées
par un prof, pouvaient rejoindre les oeuvres d'art exécutées
depuis 1880, entreposés au musée.
Après la " fuite " ou départ en vacances en
fin de première année, et la rentrée à l'école,
la deuxième année, par la découverte puis l'assistance
des " bleus ", malgré une surcharge de cours, était
plus supportable.
-----Professeurs
et contremaîtres, avec l'aide des compagnons, étaient mieux
acceptés.
-----La
chanson de l'école interprétée par les élèves
musiciens privilégiés devenait plus agréable à
entendre qu'en première année et plus facile à
accompagner en chantant à gorge déployée durant
les belles promenades au pas cadencé du jeudi après-midi,
dans les rues de DELLYS, sous le regard admiratif des badauds et de
la population kabyle.
Devenir de l'Eco!e
-----Les travaux
de rénovation et de modernisation réalisés à
partir de 1952 ont généré des perturbations à
cinq promotions mais ont été bénéfiques
aux cinq dernières mais surtout aux successeurs...
-----En
1977, lors d'un voyage à DELLYS nous avons retrouvé notre
école... et malgré l'utilisation étrange des locaux
et les quelques modifications, l'aspect général n'avait
pas changé.
-----Dans
les ateliers les mêmes machines outils ronronnaient un peu plus
bruyamment, des calques et des projets réalisés de 1950
à 1960 étaient conservés intacts, ainsi qu'à
l'entrée, le marteau pilon qui trônait avec l'horloge tant
de fois regardée et suppliée d'avancer.
Des caisses contenant du matériel reçu en 1960 étaient
même conservées intactes, dans quelle attente? Peut-être
l'arrivée de nouveaux " Bleus"
-----L'école
comprenait 500 élèves au lieu de 160, c'est dire la compression
exercée, dortoirs avec lits superposés, des études
et même du bureau du surveillant général tant de
fois désiré et maintenant réalisé.
-----Aucun
renseignement ne nous a été donné sur la nature
de l'enseignement et du diplôme délivré en fin de
scolarité.
-----De
1880 à 1962, lors des deux guerres, l'école ayant été
fermée durant six années, 77 promotions sont passées,
représentant une formation de 2.600 à 2.800 gadz'arts.
-----Durant
l'année 1962, non compris le nombre d'anciens n'ayant pas adhéré
à l'Amicale et ceux d'origine indigène, nommés
préfets et même ministres, obligés de rester en
Algérie, ce " nouveau pays " a perdu 784 gadz'arts
dellyssiens.
-----Tous
techniciens et cadres dont 352 directeurs, ingénieurs ou chefs
de service, étaient affectés dans les services de l'Etat
ou des établissements publics : Ponts et Chaussées, Mairie,
Cadastre, Equipement, Génie rural, PTT, EGA, CFA...
-----Ce
qui explique que malgré leur remplacement, qui n'a pu être
que partiel par des coopérants mal adaptés, venus des
pays de l'Est ou de la métropole, une chute économique
a été enregistrée.
-----La
perte peut être aussi mesurée par la carrière accomplie
par les anciens en métropole, dans les départements d'Outre-Mer
ou à l'étranger Canada, Brésil, Etats-Unis, Pays
d'Europe, d'Asie ou d'Afrique Noire... où dans de nombreux domaines,
leur spécificité, qualification et mérite ont été
reconnus et récompensés
.L'Amicale
-----Créée
le 1er avril 1902, l'Amicale des Anciens Elèves de DELLYS:
- En 1955, composée de quatre sections, ALGER, CONSTANTINE, ORAN
et Paris, comprenait 889 membres pour 63 promotions représentées,
de la 1887 à la 1955.
- En 1997, composée de huit sections régionales, Provence-Côte-d'Azur,
lIe de France, Val de Loire, Rhône-Alpes. Aquitaine, Midi-Pyrénées,
Var,Languedoc-Roussillon, comprend 733 membres pour 44 promotions représentées
de la 1919 à la 1962.
-----Notre
Amicale, en rappelant ces traditions par l'évocation des souvenirs
d'adolescents, la chanson de l'école et l'appel des promotions,
les fait revivre. effaçant d'un coup le temps passé.
-----Les
liens amicaux créés dès la première année
de "Bleu " se trouvent renforcés.
-----Son
rôle moral est de transmettre cette amitié affectueuse
" gadz'arts " à tous ses membres et aux amis adhérents
de notre Association, par une réelle et efficace solidarité.
-----Hélas,
il n'y a plus de rentrée massive de jeunes camarades des dernières
promotions. Malgré tout. notre amicale gardera jusqu'au dernier
compagnon sa vitalité acquise à DELLYS.
Francis POULALLION
(Promo 47-51)
Président de la section Aix-Marseille
(promo 46)
Adresse nationale:
Président Benivay Gérard
Villa Mabrouk rue du Château
13510 Eguilles