Constantine
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Parmi les multiples monuments dont
s'enorgueillit à juste titre l'Algérie civilisée,
il faut citer l'Hôtel de Ville de Constantine dont la construction,
commencée en 1895, fut terminée en 19033, d'après
les plans et sous la direction de M. Arbuix, architecte de la ville.
Ce joli bâtiment, dont nous donnons ci-contre la photographie, retient le regard autant par la pureté de ses formes que par l'élégance de la haute colonnade de sa façade. Outre les bureaux des différents services municipaux, il contient la Justice de paix, un Musée archéologique, scientifique et artistique très intéressant possédant une riche collection d'antiquités romaines, des médailles, des objets en bronze, en terre, des bijoux, des statuettes, vases, lampes, etc., et la bibliothèque municipale composée de plus de 25.000 volumes. La salle des mariages, celle des commissions, le vestibule, le grand salon des fêtes et l'escalier d'honneur sont ornés, avec le plus grand luxe, de magnifiques et riches revêtements, colonnes et balustrades de marbre et d'onyx provenant des carrières d'Aïn-Smara. Délicieusement peint par Pujol, ancien prix de Rome, le gracieux plafond de la salle des mariages représente un hyménée grec, merveilleusement traité, où la pureté de la forme toute classique le dispute à la richesse du coloris. Par une délicate attention que nos compatriotes ont certainement appréciée, les peintures de la grandiose salle des fêtes sont toutes d'uvre d'artistes algériens, et, sauf le plafond, où le pinceau de Jobert a fait courir des guirlandes et des touffes de roses, elles reproduisent, dans les panneaux, des paysages pris à Constantine même ou dans le département, si riche en points de vue pittoresques, si abondant en panoramas splendides. Ces productions sont signées de Galland, Noiré, Geille de Saint-Léger, Mercoyrol, Haas. Randavel, Aubry, René His et Débats, toute une pléiade d'orientalistes de talent dont le pinceau prolifique a déjà l'ait connaître aux élites de toutes les nations civilisées les beautés de notre merveilleux pays, contribuant ainsi à lui faire une propagande des plus efficaces en même temps qu'une réputation universelle de son goût artistique, de son sentiment éclairé de l'esthétique. Est-il, en effet, un coin du monde où l'on puisse rencontrer grottes profondes, sources riantes ou gorges escarpées en aussi grand nombre que dans le département de Constantine, région dans laquelle la nature semble avoir amassé l'une sur l'autre les manifestations les plus diverses de sa grandeur et de sa puissance ? Certes, de telles choses devaient tenter le pinceau de nos compatriotes, et l'Hôtel de Ville de Constantine était pour eux la toile la plus propice et la mieux désignée pour conserver pieusement la marque de leur talent. |
450 ko - d |
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Hôtel de Ville de Constantine |