Constantine
3 octobre 1958

A l'occasion de sa deuxième visite en Algérie après son retour au pouvoir, le général de Gaulle annonce à Constantine, capitale de l'Est algérien, le lancement de son plan de développement économique et social pour l'Algérie. Ce plan vise à réduire, en cinq ans, les inégalités entre musulmans et Européens sur le territoire algérien.

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nov.2020

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:"Il avait déjà fait le coup 11 ans auparavant (en 1947) , et les Algérois avaient marché... déjà."
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Éclairage
Au lendemain du référendum constitutionnel par lequel 80% des Français (et 97% des votants en Algérie et au Sahara) ont approuvé les nouvelles institutions et témoigné leur confiance au général, celui-ci se rend pour la troisième fois en Algérie depuis son retour au pouvoir. Son discours se veut un constat de la preuve d'attachement "pour toujours" que l'Algérie vient ainsi de donner à la France. En contrepartie, de Gaulle détaille dans ce que l'histoire a retenu sous le nom de "Plan de Constantine" les mesures économiques et sociales annoncées à Alger le 3 juillet. Soulignant le progrès considérable que cette politique va faire accomplir à l'Algérie, il lance un appel aux combattants du FLN afin qu'ils déposent les armes et participent à l'effort commun et aux Etats arabes qui les soutiennent afin qu'ils cessent d'envenimer la situation.

Serge Berstein


Transcription
(Silence)
Charles de Gaulle

Algériennes, Algériens, Je suis venu ici pour vous l'annoncer : C'est la transformation profonde de ce pays si courageux, si vivant, mais aussi si difficile et souffrant qu'il faut réaliser. Cela veut dire qu'il est nécessaire que les conditions de vie de chacune et de chacun s'améliorent de jour en jour. Cela veut dire que le travail des habitants, les ressources du sol, la valeur des élites, doivent être mis au jour et développés. Cela veut dire que les enfants doivent être instruits. Cela veut dire que l'Algérie toute entière doit avoir sa part de ce que la civilisation moderne peut et doit apporter aux hommes en fait de bien-être et de dignité. Mais, les plus grands projets ne valent qu'en fonction des mesures pratiques qui sont prises pour les réaliser. Voici les mesures que mon gouvernement va incessamment prescrire pour les cinq années qui viennent, en vertu des pleins pouvoirs qui viennent par la Constitution nouvelle de m'être tout justement conférés. Cette évolution profonde, à quoi peut-elle conduire quant au statut politique de l'Algérie ? Je crois tout à fait inutile de figer d'avance dans des mots, ce que de toute manière l'entreprise va peu à peu dessiner. Mais en tout cas, deux choses sont dès à présent certaines. La première concerne le présent. Dans deux mois, l'Algérie élira ses représentants dans les mêmes conditions que le fera la métropole. Mais, il faudra qu'au moins les deux tiers de ses représentants soient des citoyens musulmans. Autre chose se rapporte à l'avenir. L'avenir de l'Algérie, de toute façon, parce que c'est la nature des choses, sera bâti sur une double base, sa personnalité et sa solidarité étroite avec la métropole française. Alors, me tournant vers ceux qui prolongent une lutte fratricide, qui organisent en métropole de lamentables attentats, qui répandent à travers les chancelleries, les officines, les radios, les feuilles publiques de certaines capitales étrangères, les invectives qu'ils adressent à la France. Je leur dis à ceux-là : pourquoi tuer ? Il faut faire vivre. Pourquoi détruire ? Le devoir est de construire. Pourquoi haïr ? Il s'agit de coopérer. Cessez ces combats absurdes, et aussitôt, on verra l'espérance refleurir partout, sur les terres de l'Algérie. On verra se vider les prisons, on verra s'ouvrir un avenir assez grand pour tout le monde, en particulier pour vous-mêmes. Et puis, m'adressant, m'adressant à tels Etats qui jettent ici de l'huile sur le feu, tandis que leur peuple douloureux halètent sous les dictatures, je leur déclare : Ce que la France est en mesure d'accomplir ici, ce que la France seulement est en mesure de réaliser, pouvez-vous le faire vous autres ? Non. Alors ? Alors, laissez faire la France, à moins que vos calculs ne vous forcent à envenimer les déchirements pour donner le change sur vos propres embarras. Mais les haineuses excitations, dans l'état où est le monde, à quoi peuvent-elles conduire sinon au cataclysme universel. Devant la race des hommes aujourd'hui, il n'y a que deux routes : la guerre ou la fraternité. En Algérie comme partout, la France, pour sa part, a choisi la Fraternité. Vive la République, vive l'Algérie et la France !