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site le 6-09-2004
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1999 I.-LES ORIGINES Un peu de géographie ------------ Notre famille est originaire de RHÉNANIE. ------------ Région du Sud-Ouest de lAllemagne, la Rhénanie, de forme triangulaire est, géographiquement, bien délimitée : cest toute la partie du territoire allemand situé à lOuest du RHIN. ------------ La pointe de lextrémité Nord, cest lentrée du Rhin en Hollande ; le RHIN lui-même constitue toute la frontière Est ; à lOuest la frontière est celle de la Hollande, de la Belgique et du Luxembourg ; la France marque la frontière Sud. ------------ Au centre de la Rhénanie, non loin de la ville de TRÈVES (Trier), un plateau volcanique lEIFFEL, extrêmement accidenté, se situe entre la frontière luxembourgeoise et la route allant de BITTBURG à PRÜM (25 Km environ au N/O de Trèves). ------------ Cette région de lEIFFEL, aujourdhui pittoresque, accueillante au touriste, était pauvre, ingrate et isolée au XIXe siècle. Aussi fournira-t-elle un fort pourcentage du contingent dimmigrants en direction des États-Unis dAmérique et du Brésil. Agriculture ------------ Dans les régions rhénanes, à louest de la Moselle, en particulier dans le Hohe Venn et dans une partie de lEiffel, au début du XIXe siècle, sévit encore la pratique archaïque des pâturages naturels et de la Schiffelwirthschaft. ------------ La terre est soumise à une sorte de défrichement suivi de brûlage, puis ensemencée pendant deux ou trois ans en seigle et en avoine. Ensuite, la terre est abandonnée pendant 15 à 20 ans à létat de prairie naturelle afin de lui permettre de retrouver sa fertilité. Ce système suranné ne tendra à disparaître quaprès 1895, soit 50 ans après le départ des DIENER de Rhénanie. Alors seulement, lassolement triennal sera enfin pratiqué : champs en friches ensemencés pendant lété de la première année avec du trèfle ou des pommes de terre, la seconde année avec du blé dhiver, la troisième avec du blé dété. Puis le système sera amélioré avec lintroduction de plantes sarclées et de prairies artificielles. ------------ À cette époque donc, la propriété rurale était morcelée à lextrême : la superficie de plus des deux tiers des exploitations était inférieure à 5 hectares . Au décès, le patrimoine du défunt était partagé, sans se soucier de la viabilité de lexploitation. Cela est dû à la très ancienne pratique du partage en nature entre les héritiers maintenue parmi les populations dorigine franque, qui puise une force nouvelle dans le Code civil français introduit en Rhénanie dés 1804. ------------ On trouve donc des champs qui nont qu'un huitième, et même un seizième darpent (2 ares environ). Cette extrême dispersion des surfaces cultivables, sillonnées dune multitude de chemins de desserte, multiplie contraintes et difficultés : de voisinage et daccés, de clôture, de surveillance, de perte de temps. ------------ Lintroduction de lassolement ny changera rien. Le paysan rhénan est contraint de se conformer dune façon servile au genre de culture adopté par le voisin (le Flurzwang), ce qui est peu favorable au développement de lesprit dinitiative en matière agricole. Bien que les paysans rhénans, intelligents et laborieux, aient réalisé des prodiges de production (céréales, pomme de terre, vignes sur les Coteaux les mieux exposés) à force de travail et dassiduité, ils étaient épuisés et découragés. ------------ Une politique
de remembrement volontariste (consolidation, Zusammenlegung, Verkoppelung)
est conseillée dés 1837. La société des agriculteurs
(Landwirthschaftlicher Verein) de la province proposait : ------------ En 1840, le président de la province M. de Carnap, provoqua une grande séance de discussion à laquelle toutes les notabilités de la région furent invitées. ------------ Toutefois,
il nest observé aucun changement notable des mentalités
et des pratiques avant 1890, longtemps après limmigration
massive des rhénans. ------------ Chez les Francs, les femmes nétaient exclues que de la succession à la terra salica. Puis une évolution se manifeste sous linfluence de lÉglise : les femmes purent venir en concours avec leurs frères pour la succession aux immeubles, notamment dans les régions à populations franques (vallée du Rhin, et du Main) ------------ Lusure était très répandue : dans certaines régions du pays de Trèves (Trier) les usuriers ont réduit à la mendicité des villages prospères. Dans le cercle de Bittburg une douzaine de prêteurs de bétail possèdent un millier danimaux. Habitat ------------ Dans les pays rhénans, des chaumières. Partout où la vigne est cultivée, les treilles tapissent les murs de la maison exposés au soleil. ------------ La ferme se composait essentiellement dune vaste cour carrée à laquelle on accédait par un très grand portail, assez haut et large pour laisser passer les chars attelés de deux chevaux de front, chargés de bottes de paille, balles de foin, bûches ou fagots. ------------ Le portail de la ferme franque est,-dit-on,- larc de triomphe du paysan franc. Sur chacun des quatre côtés de la cour de ferme étaient disposés quatre corps de bâtiments : la maison dhabitation, les étables et les écuries. Les granges et greniers pour entasser les récoltes, la forge et les remises pour chariots, charrues et matériel de ferme. ------------ Cette disposition des bâtiments en carré autour dun espace intérieur remontait au camp franc de lépoque des grandes invasions, quand les nomades germaniques faisaient halte et disposaient leurs chariots en quadrilatère afin de protéger lespace où travaillaient les femmes, où jouaient les enfants. Un peu dhistoire Victoires ------------ 1789 : la RÉVOLUTION FRANÇAISE. Cest le repère essentiel pour la bonne compréhension de lhistoire de notre famille à compter du XVIIIe siècle. ------------ Le 20 avril 1792, la guerre est déclarée par la LÉGISLATIVE à lEmpereur dAutriche, allié du Roi de Prusse. ------------ Les Rhénans, descendants directs des Francs Saliens, mélangés de Romains et de Germains, ont toujours eu leurs regards et leurs affinités tournés vers lOuest et le Sud ; lAllemagne commençait, véritablement, à lEst du Rhin. ------------ Cela explique,
en partie, pourquoi lArmée de CUSTINE entrant en Rhénanie
en 1792 fut bien accueillie par les populations Rhénanes. Custine
sempare, sans coup férir, de Mayence que ne tentèrent
de défendre, ni une armée dopérette, ni un
commandant, Eckmeyer, qui finira sa carrière comme général
français. ------------ Après que Dumouriez ait culbuté les Impériaux à Jemappes, la France Nouvelle borde le Rhin sur toute sa longueur. Les 130 membres de la Convention Rhéno-germanique sassemblèrent à Mayence, pour déclarer rompus les liens attachant à lEmpire toute létendue du pays de Landau à Bingen et, finalement, trancher le 21 par la décision suivante : Le peuple rhéno-germanique veut lincorporation à la République Française et la lui demande. ------------ Georges Foster à Mayence le 15 novembre 1792 et à Paris, devant la Convention le 30 mars 1793 affirme avec force et conviction : la nature a voulu que le Rhin fût la frontière de la France. ------------ A PARIS, le COMITÉ DE SALUT PUBLIC, rejetant tous les autres projets, décide alors l'annexion pure et simple de la Rhénanie : la frontière naturelle de la France, comme autrefois de la GAULE, cest de nouveau le RHIN. ------------ Le 4 novembre
1797, RUDLER est chargé détablir une organisation
nouvelle dans les pays conquis. Au tout début de lAN VI (1798)
il divise la région rhénane en quatre départements
français : ------------ Le 6 Germinal An VI (26 mars 1798) : publication en bloc des lois successives qui, en France, avaient aboli de régime féodal et les privilèges ; établissement du Jury, publication du Code Pénal français définissant les délits et les peine, abolition des corporations, liberté du travail, mariage sécularisé, état civil. ------------ La loi du 19 ventôse an IX, ratifiant le Traité de Luneville (9 février 1801) donne la rive gauche du Rhin à la France et déclare les 4 départements faisant partie intégrante du territoire français. ------------ Lassimilation complète ne fut réalisée que par lArrêté Consulaire du 11 messidor an X (30 juin 1802) qui décida quà compter du 11 Vendémiaire an XI, toutes les lois françaises devaient être appliquées dans les 4 départements. ------------ Sous lEMPIRE FRANÇAIS les départements Rhénans faisant partie de la France, Préfets et Secrétaires Généraux furent des Français de lintérieur, alors que les Sous-préfets et Conseillers de Préfecture des Rhénans. ------------ Le régime français représentait un réel progrès sur celui des petits États Allemands de naguère en raison de lapplication des lois républicaines : égalité civile, liberté des propriétés, exonération des dîmes et autres droits féodaux, abolition des corporations, archaïques et oppressives, suppression des péages et douanes intérieurs, liberté des cultes, et surtout, un Code civil, clair et précis mettant fin à la diversité de coutumes devenues obscures. Ensuite, tous les Codes entrent en vigueur au fur et à mesure de leur promulgation en France. ------------ Les biens des anciens souverains et de lÉglise sont séquestrés, puis lotis démocratiquement : actuellement encore, lorganisation des vignobles les plus réputés de la région de TRÈVES (TRIER) résulte de cette législation française. ------------ Aussi NAPOLÉON fut-il accueilli triomphalement lors de son voyage en 1804. ------------ Après la bataille dAusterlitz (2 décembre 1805), Napoléon impose à Frédéric- Guillaume lalliance que le comte dHaugwitz signait le 15 décembre. La Prusse cédait à la France ce qui lui restait sur le Rhin et acceptait en compensation le Hanovre (appartenant à lAngleterre). ------------ Cependant, la Prusse humiliée reprend linitiative des hostilités le 9 septembre 1806. En six jours la puissance militaire de la Prusse est anéantie. Larmée française traverse les défilés de la Franconie, se concentre sur la Saale avec une rapidité foudroyante ; après quelques rencontres sur le cours supérieur de cette rivière, à Schleitz et Saalfeld (9 et 10 octobre 1806) les grandes victoires dIéna et Auerstaëdt sont gagnées le même jour par Napoléon et Davout. ------------ En 1807, la Prusse vaincue, démembrée, écrasée sous le poids des contributions de guerre, ne subsistait plus que par la grâce de lEmpereur Napoléon. ------------ Une nouvelle génération de rhénans grandissait qui, dans le nouveau Rhin francisé, se sentait plus à laise que lancienne. Les villes sépanouissaient, fières de leurs grands préfets. La domination française et lintroduction du Code civil avaient presque détruit les anciennes institutions germaniques. ------------ Les conscrits subissaient la contagion de la gloire, du dévouement à lEmpereur. ------------ De nombreux Rhénans sengagent dans les armées napoléoniennes. Ce fut le cas de PETER DIENER. ------------ On raconte quen 1805, les recruteurs qui parcouraient les villages de Rhénanie navaient quà exhiber le portrait de lEmpereur, costumé en soldat, pour que tout le monde voulût servir un roi qui prenait lui-même part aux batailles. De Napoléon 1er , vainqueur d Iéna, ils recevront avec fierté la croix au ruban rouge, eux déjà décoré par la Convention du titre de Citoyen Français. Revers ------------ Après le désastre de la campagne de Russie, le 1er mai 1813 le Roi de Prusse salliait à la Russie par le traité de Kalish et, en 1814, Frédéric-Guillaume III entrait à Paris. ------------ Il faut ici rappeler le dernier combat après le retour de Russie : la garnison française, -à laquelle appartenaient de nombreux rhénans,- qui occupait la citadelle de Spandau en 1813 sy défendit avec succès contre le corps prussien qui lassiégeait. Le bombardement de la citadelle commença le 17 avril après midi ; le feu se déclara sur plusieurs points. Le 18, une explosion formidable ébranla toute la ville ; le drapeau tricolore qui flottait sur la tour de Jules, dont la tradition rapporte que Jules César en fut le constructeur, était en feu : la poudrière avait sauté. La tour (Juluisthurm) fut réduite en cendres. Ce ne fut quen 1842 qu'on essaya de relever ce monument historique. ------------ Les Prussiens enferment dans des forteresses, dont celle de Koenigstein, ceux qui avaient trop sauté pour la Révolution. ------------ Toutefois, un auteur de lépoque observe quaprès 1815, certains patriotes parmi les plus ardents de la veille, sarment de haches pour abattre les arbres de la liberté autour desquels ils avaient dansé. ------------ En 1815, toutes les possessions françaises à louest du Rhin deviennent la Prusse Rhénane. Les départements : Mont Tonnerre (Mayence), Rhin et Moselle (Coblentz), des Forêts, de la Sarre, de la Roer, de lOurthe, Sambre et Meuse, Meuse, Bouches du Rhin, Deux Nethes (Anvers ), Escaut, Lys, Dyle furent contraints de faire partie de lÈtat Prussien sans qu'on leur demandât leur avis, lorsque les armées françaises en déroute les laissèrent là, abandonnés à la domination des Prussiens. ------------ Toutefois, le souvenir de lEmpire et de la France reste vivace. Dans de nombreuses familles on se vante encore à cette époque davoir eu un grand-père ayant servi Napoléon. Les rhénans portent la médaille de Sainte-Hélène comme une précieuse relique. De petites statuettes de Napoléon, -lhomme en redingote grise et au petit chapeau figurent dans les foyers. Les histoires populaires continuent de vanter le héros dAusterlitz : cest lui qui dote les filles pauvres, qui secourt les veuves, qui arrache des prisons les malheureuses victimes de la tyrannie et de linjustice. Le Luxembourg. ------------ Lors de linvasion française, lancien Grand Duché de Luxembourg, forma, dans lunion des Pays-Bas à la République, le Département des Forêts. La vie y fut paisible durant les 20 ans que dura le régime français. ------------ Lenvahissement par la coalition de 1813 : le blocus conduit par York et ses prussiens, aidé par les Hessois du prince de Solms, obligea les Français à abandonner le Luxembourg ; la garnison évacua la ville le 3 mai. ------------ Après le départ des troupes françaises, le Luxembourg fut administré par un Gouverneur prussien jusqu'en juin 1814 (Traité de Londres créant le Royaume des Pays-Bas au profit de la Maison dOrange-Nassau). Lancien département des Forêts fut placé sous le gouvernement du roi Guillaume ; le roi des Pays-Bas portera désormais le titre de Grand Duc de Luxembourg. ------------ Le Grand Duché
entrera ensuite dans le système de la Confédération. SITUATION EN RHÉNANIE APRÈS LA DÉFAITE DE NAPOLÉON ------------ Les Français évacuent la région en 1813 ; les départements français de Rhénanie, privés de leur administration, sont démantelés au profit de la PRUSSE. ------------ En effet, le Traité de VIENNE, du 20 novembre 1815, reconnaît et assure la suprématie de la PRUSSE qui reçoit un immense territoire. Elle annexe les anciens départements rhénans, les villes dAIX-LA - CHAPELLE, COLOGNE et TRÈVES. ------------ La Rhénanie devient alors la PRUSSE RHÉNANE et le restera jusquen 1945. ------------ Toutefois, la Rhénanie fut loin dêtre une conquête docile aux Prussiens. Cela explique lattitude de la PRUSSE : si elle sempare de lintégralité de ladministration et de léconomie, elle nen laisse pas moins aux Rhénans lusage du Code civil français auquel ils étaient très attachés. ------------ Mais la PRUSSE impose la nationalité prussienne au Rhénans, mesure que ces derniers supportent mal. ------------ Ils sattribuent eux-mêmes le titre de MUSSPREUSSEN (Prussiens forcés) et les plus francophiles se font appeler FRANCS DE MOSELLE. ------------ Si la domination politique et économique absolue des prussiens est déjà une source de graves tensions, il faut y ajouter les conflits religieux qui surgissent entre les rhénans, -tous catholiques fervents, - et lEglise LUTHÉRIENNE, dont lexpansion est fortement encouragée par la PRUSSE.
------------ La maxime patriotique inculquée par les prussiens : bis dorthin deutsche Zunge, bis dorthin deutschen Land ! (1) , heurtait les paysans catholiques pour lesquels Prussien est synonyme de bourreau et de persécuteur de la religion. ------------ Lécrivain très allemand, Julius Weber, écrivait en 1830 : on ne peut en vouloir à ses habitants (de Rhénanie) qu'ils aient préféré rester français ; il est surprenant comme la langue française sest répandue dans la bourgeoisie. ------------ Cela dit, la Prusse a toujours considéré la rive gauche du Rhin comme une colonie à exploiter à son profit, depuis les temps lointains du traité de Verdun où le roi de Germanie se faisait adjuger les districts de Mayence, de Worms et de Spire à cause de labondance de leur vin, propter vini copiam ! ------------ Les chanoines de Trèves disaient de ce vin doré : il y en a trop pour célébrer la messe et pas assez pour faire tourner les moulins : ergo bibamus ! Aujourdhui, ils nont plus guère de vin dans leurs caves et ils sont réduits à une assez maigre pitance. ------------ Les Prussiens, peuple habile, remuant, actif, se faufilant partout où il y a un gain à réaliser, une place à prendre, sont descendus en longues caravanes vers cette nouvelle terre promise : Ce sont eux qui vendangent sur les Coteaux féconds de Trèves et de Saarburg. Was kraucht da in dem Busch herum ? Napolium , Napolium , ------------ Les colons Prussiens envahissent le pays, accaparent des rares terres libres,se taillent des fiefs dans les terres communes. ------------ Les prussiens enseignent que la puissance et la domination du monde appartiennent aux germains ; quil faut haïr Rome et la France ; que les Français sont assimilés aux Romains et des Rhénans assimilés aux Français et aux Romains. Culte dArminius qui expulsa les Romains du territoire germanique. Gravures représentant la Germanie foulant aux pieds des drapeaux français. ------------ Au cur de Worms est érigé un monument : le LUTHERS DENKMAl, monument de Luther. Hermann, debout sur le globe terrestre, foule au pied un casque romain, brandissant dans la main droite une épée et tenant dans la gauche un bouclier avec cette devise : VICI (jai vaincu) ; en face de lui Luther montre une Bible avec cette inscription : Vincam (je vaincrai) ; au dessous la légende : Gegen Rom ! (Contre Rome). ------------ Quelques anecdotes
authentiques sont révélatrices de lopposition des
rhénans à la domination prussienne. ------------ Enfin, dautres maux accablent la Rhénanie pendant cette période. ------------ Après 1815, la population rurale souffre de laccroissement démographique et dune grave crise agraire due, notamment, à l'extrême morcellement des terres. ------------ Les conditions climatiques ajoutent à la dureté des temps : des hivers de plus en plus rigoureux, -tout particulièrement lhiver 1845-1846, - ainsi que la maladie de la pomme de terre, réduisent les récoltes et rendent de plus en plus aléatoire lapprovisionnement des familles. Cet ensemble de faits, brièvement résumés, explique pourquoi, par milliers, les Rhénans (paysans, ouvriers et artisans des campagnes) vont décider démigrer massivement, par villages entiers. Limmigration est orientée essentiellement vers deux pays : ÉTATS-UNIS, BRÉSIL. I I.-IMMIGRATION vers lALGÈRIE Départ ------------ Les agents recruteurs (200 à 300) agissant pour le compte de compagnies dimmigration parcourent le pays, pour recruter des immigrants par villages entiers. Pour chaque recrue ils perçoivent une prime de 10 F. ------------ Le transport des immigrants est organisé de la manière suivante. Le coton matière essentiellement encombrante est transportée des États-Unis en Europe par dimmenses clippers américains de 2000 à 2500 tonneaux, obligés le plus souvent de repartir à vide. ------------ Aussi le prix du fret du coton est-il calculé de manière à payer les deux voyages et rendre le retour possible. ------------ Les passagers peuvent donc être embarqués à bas prix puisquil sagit dun bénéfice net. ------------ Les abus sont notoires, lintérêt des compagnies étant dentasser les immigrants. ------------ Des journaux
spéciaux ont été crées dans lintérêt
exclusif de limmigration en Amérique. Des maisons de banque,
des notaires du pays, font aux familles, contre commission, lavance
de la valeur de leurs biens meubles et immeubles. ------------ Les DIENER, les ZIMMER, feront partie dune vague dimmigrants Rhénans à destination des ETATS-UNIS. Victimes descrocs, ils échoueront dans leur tentative dimmigration américaine et se retrouveront en ALGÉRIE avec quelques milliers de leurs compatriotes (3). Arrivée À ORAN ------------ À leur
arrivé dans la province dORAN, les nouveaux colons sont accueillis
au DÉPÔT DES COLONS DORAN, créé
en 1845, dirigé depuis le 5 Juin 1846 par : ------------ Selon les documents et le plan dépoque étudiés aux ARCHIVES DOUTRE-MER à AIX-EN-PROVENCE, ce dépôt ressemble à tous les camps de réfugiés que lon connaît actuellement de part le monde. ------------ Il se présente
comme une sorte de quadrilatère formé par quinze baraquements
en bois : ------------ Au Dépôt des Colons dOran, la subsistance est assurée par ladministration. ------------ En 1847, les
colons, hommes, femmes et enfants de plus de quinze ans doivent recevoir
chaque jour une ration complète composée ainsi :
dés à présent je puis vous faire connaître
que les ouvriers colons hommes et femmes et enfants de 15 ans au dessus
doivent recevoir chaque jour une ration complète composée
comme suit : ------------ Le caractère odieux des instructions administratives reflétées par ce rapport officiel néchappera à personne. On peut se demander ce quil advenait des enfants de moins de cinq ans : administrativement parlant, ils navaient pas besoin dêtre nourris. ------------ En outre, les colons doivent signer un document dans lequel ils certifient que les vivres quils reçoivent sont de bonne qualité et que la viande était très saine. ------------ -Le comptable faisait donc signer des certificats aux colons : Les soussignés certifient que les vivres qu' ils reçoivent du dépôt des colons sont de bonne qualité , que la viande qui a été délivrée le 20 courant était très saine ------------ Nos Rhénans connaissant mal la langue française, on peut juger de la valeur des attestations quils étaient contraints de signer. INSTALLATION À MISSERGHIN ------------ Les DIENER, les ZIMMER, avec les KONRAD, ERPELDING, SCHALLER, BERNARD, VILLEMS, et bien dautres familles rhénanes, furent parmi les tous premiers colons fondateurs du village de MISSERGHIN, premier centre de colonisation, situé à 15 km à lOuest dORAN (5) . ------------ Il suffit pour en apporter la preuve de dénombrer et détudier dossiers individuels et états récapitulatifs des concessions attribuées à partir de 1846 (in Archives dOutre-Mer, AIX-EN -PROVENCE) et de dépouiller systématiquement les registres de lEtat-Civil de MISSERGHIN, ouverts à compter de lannée 1848 (6) . ------------ Au tout début les Français de souche sont rares à lexception, notamment, du Commandant Jules CORDONNIER, promoteur de louverture de ce centre de colonisation ; une tentative de soldats-laboureurs avait échouée, comme toutes les autres, une dizaine dannées plus tôt. ------------ Les Espagnols ne sont représentés que par la famille MONTESINOS. ------------ Les Arabes ne sont pas encore fixés à la terre ; les tribus SMELAS et DOUAIRS nomadisent toujours, à lexception de SI DAHOU BEN ALI, dont le fils aîné se fit tuer en combattant dans le régiments de spahis de MISSERGHIN, lors dun accrochage avec les cavaliers de lEmir ABD-EL-KADER. (7 ) ------------ Toutefois, limmigration Rhénane vers lAlgérie tarie, les premières familles décimée, la situation change : moins de dix ans plus tard la population de MISSERGHIN (1454 habitants) est ainsi composée : 586 Français, 334 Espagnols, 187 Allemands, 23 Italiens, 4 Belges. Les Arabes apparaissent progressivement dans les registres aux environs de 1860, lors de leur sédentarisation. ------------ Ce bref aperçu de lhistoire des Rhénans, colons en ALGÉRIE, accentue le sentiment dabsurdité dont on est saisi en découvrant, dans les documents darchives, le traitement indigne dont ils furent victimes. Marqués comme Prussiens par des ignorants de la géographie et de lhistoire, ils se heurteront en Algérie, durant de nombreuses années, à une bureaucratie mesquine et xénophobe. ------------ A leur arrivée on ne leur attribue que de minuscules concessions de 4 à 5 hectares de terres, pourtant vierges, qui se révéleront rapidement très insuffisantes pour faire subsister des familles aussi nombreuses. ------------ Puis, après quils auront rempli leurs obligations de concessionnaires, - cest-à-dire défriché les terres attribuées, bâti une maison,- ils multiplierons sans succès les demandes dextension de leurs concessions dorigine ou dattribution de concessions nouvelles. ------------ Les premiers états administratifs sur lesquels leurs demandes furent enregistrées à lépoque sont édifiants : pendant de nombreuses années ladministration leur oppose un refus systématique au seul motif quils sont étrangers et allemands. ------------ Exemple type de mention relevée dans ces archives :Rejet : demande inadmissible, étranger : Prussien. ------------ Autre signe de discrimination figurant dans les actes de lEtat-Civil : les actes de naissance des enfants mentionnent en marge, sous lindication du nom et du prénom, Étranger,parents prussiens. ------------ Aucune de ces mesures à forte connotation raciste et xénophobe ne fut appliquée aux nouveaux immigrants espagnols qui arrivaient en masse, sans quon exigeât deux le moindre passeport. ------------ En vérité, tous les petits colons, Français de souche y compris, ont souffert de l'exiguïté des concessions : cest là une des aberrations de la colonisation française en Algérie. ------------ En effet, les partisans dune colonisation populaire, fondée sur un accroissement du nombre de colons, qui souhaitaient, notamment à cette époque, détourner vers lAlgérie une partie de limmigration massive des paysans et artisans allemands vers les ETATS-UNIS, nont jamais eu loreille du pouvoir politique. ------------ Triomphaient les tenants dune colonisation capitaliste fondée sur lattribution dimmenses domaines à des sociétés créées par des hommes daffaires ou de jeunes aristocrates désirant se tailler de nouveaux fiefs (la colonisation dite en gants jaunes). Certains eurent quelques mérites, mais la majorité ne cultivait pas réellement les domaines concédés. ------------ À MISSERGHIN, comme ailleurs en ALGÉRIE, de véritables escrocs et spéculateurs de tout poil ont également entravé la colonisation de peuplement. ------------ Cest ainsi quun notaire dORAN, LAUJOULET, aidé par son neveu avait acheté, dés 1836, 18 hectares aux héritiers du turc OSMAN BEY, puis, en 1838, 174 hectares (à 2 francs lhectare) à la veuve du Caïd MURSULI. ------------ Il étend ses propriétés, à tel point quen 1850 il possède, seul ou en association, 1378 hectares. ------------ Ladministration
se heurtera à cet homme daffaires dès 1846. Certes,
on considère officiellement que laffaire LAUJOULET
se termine vers 1852. En réalité, son neveu THÉODORE
LAUJOULET, -malgré un séjour effectué à la
prison dORAN-, se maintient sur la quasi totalité des terres
accaparées jusquen 1858. ------------ Les difficultés que les Rhénans rencontrèrent en ALGÉRIE face à lAdministration Française, -sans parler de toutes les promesses faites et jamais tenues, - ne furent pas sans conséquences. ------------ Cela explique pourquoi la plupart des familles occultèrent leurs origines allemandes. Rares sont celles où se maintint une tradition orale vivante et, par crainte, des documents familiaux dune valeur historique inestimable furent volontairement détruits (8) . ------------ En sorte que, cent ans plus tard, une sorte de croyance sétait implantée : pour les autres communautés européennes dAlgérie, toutes les familles portant des noms à consonance germanique ne pouvaient descendre que des Alsaciens qui avaient immigré en Algérie pour échapper à la domination allemande après la défaite de 1870. ------------ Il est vrai que les Alsaciens de 1870 eurent tendance à sallier aux familles Rhénanes dont ils étaient proches par la culture et la langue. Toutefois, les statistiques officielles de lépoque permettent de mieux apprécier limportance réelle de cette immigration alsacienne. ------------ Après la défaite de 1970 le gouvernement offre gratuitement cent mille hectares (100 000 ha) de terres libres dAlgérie aux alsaciens et lorrains. Mais, en réalité, seule une faible minorité quitte les deux provinces en 1871 : 50 000 personnes au total, dont un faible pourcentage à destination de lAlgérie (9) . ------------ Selon les documents officiels publiés par le Gouvernement Général de lAlgérie, en 1899 seules 906 familles Alsaciennes-Lorraines sétaient fixées en Algérie, dont 236 pour toute lOranie, 107 ayant conservé leurs concessions. Cette communauté, composée de citadins et douvriers des fabriques, venus souvent en célibataires, ignorant tout des travaux de la terre, ne dépassait pas 2000 individus. ------------ De toute façon, on sait de manière certaine que la colonisation par les Alsaciens-lorrains fut un échec (10) . ------------ Les Rhénans sont morts, par milliers, dans les premières années de la colonisation de lAlgérie. Selon un rapport de lInspection de la Colonisation, sur létat sanitaire de MISSERGHIN, en date du 31 décembre 1847 : il y a eu un assez grand nombre de décès lété dernier, mais il ny a que les personnes dépourvues de ressources qui ont été atteintes. Les familles Allemandes ont été celles que la mortalité a le plus frappé. ------------ Hommes, femmes, enfants seront décimés en défrichant marécages et terres incultes recouvertes de palmiers nains et de lentisques, victimes de toutes les fièvres, -choléra, paludisme-, de malnutrition, du manque de soins, sans même avoir un toit pour sabriter, contrairement aux promesses prodiguées par les Français. Mais, durs au travail, croyant en Dieu, ils luttèrent pour survivre et sassurer une descendance. ------------ Enfin, est-il
besoin de préciser que les familles Rhénanes Prussiennes
dALGÉRIE, furent de tous les combats, dans les rangs des
Armées françaises, de 1854 à nos jours ? ------------ Dans la période historique plus récente, tous les hommes de notre famille ont servi dans lArmée Française comme officiers, sous-officiers, soldats et se sont distingués au combat : Guerre de 1914-1918, Guerre de 1939-1945, Indochine, Algérie 1954-1962. En outre, les DIENER peuvent se prévaloir davoir combattu exclusivement dans les armées françaises depuis le XVIIIE siècle.
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III.-Sur les traces de JACOB DIENER ------------ Le berceau de notre famille se situe côté luxembourgeois de la vallée de lOUR. Cest un pays de monts boisés et de vallées encaissées, sans solution de continuité avec lEIFEL Allemand. ------------ LOUR sert, actuellement, de frontière entre le GRAND DUCHÉ du LUXEMBOURG et lALLEMAGNE. ------------ A VALLENDORF cette rivière se jette dans la SURE (ou SAUER en allemand), affluent de la MOSELLE. ------------ Au lieu qui nous intéresse, un pont dune dizaine de mètres enjambe lOUR ; la rivière sépare le village allemand ÜBEREISENBACH des deux villages luxembourgeois UNTEREISENBACH et OBEREISENBACH, qui dépendent de la commune dHOSINGEN. ------------ Il convient de préciser quUNTEREISENBACH, OBEREISENBACH et ÜBEREISENBACH ne formaient quun seul et même village avant 1815. Cette partie fut séparée par le CONGRES de VIENNE. ------------ Cest alors qu' ÜBEREISENBACH devient allemand. Il en est de même du village voisin dAFFLER et, plus à lEst de NIEDERPIERSCHEID et OBERPIERSCHEID. ------------ Ainsi quen témoignent les registres des baptêmes, mariages et sépultures, remontés jusquen 1658 (Archives de TRÈVES et Archives de DIEKIRCH), les DIENER et toutes les familles alliées sont de religion catholique. ------------ Lancêtre commun auquel nous sommes parvenus pour le moment est PIERRE (PETER) DIENER. Le nom est orthographié DOENER dans les actes luxembourgeois. On trouve des deux côtés de la frontière dautres variantes : DINER, DENER, DUNER. ------------ Selon un spécialiste luxembourgeois, Monsieur Emile ERPELDING, -historien, faisant autorité en matière généalogique au Luxembourg, - de telles variations sont normales à lépoque. Dans sa correspondance, il illustre son propos par dautres exemples : BRESER, BRIESER, BROESER ; DIRBACH, DERBACH, DOERBARCH ; FLENER, FLOENER etc... ------------ En revanche, DIMMER nest jamais confondu avec DIENER, sauf en raison dune erreur orthographique due, très probablement, à la transposition en lettres romanes du nom DIENER, écrit en lettre gothiques. ------------ Ces variations
sexpliquent par deux séries de raisons : ------------ Dailleurs nous retrouverons le même phénomène dans certains actes de lEtat-Civil dALGÉRIE avec lorthographe DINER qui correspond exactement à ce quentend un Français lorsque DIENER est prononcé en allemand. Par la suite, et pour les même raisons, on trouve parfois lorthographe Dièner. ------------ Selon Monsieur Emile ERPELDING, historien et généalogiste très connu au Luxembourg, le nom DIENER provient de l'ancien prénom DEGENHART ET DIENHARD qui signifie ÉPÉE DURE ou GUERRIER TÉMÉRAIRE. En traduction française, DIENER signifie SERVITEUR ; ce nom de famille peut provenir de la profession de MESSAGER de CORPORATION, ou plus vraisemblablement être entendu comme Serviteur dun Seigneur, Serviteur de Dieu ou de lEglise. ------------ Cette indication est corroborée par le fait que les premiers DIENER étaient des guerriers ; à ce titre ils forgeaient eux-mêmes leurs épées. Ensuite ils deviendront forgerons des campagnes. ------------ La tradition du travail du fer se perpétue dans notre famille du XVIIè siècle jusquà mon grand-père, François, Jacob, DIENER, dit Joseph, né le 12 août 1878 à LOURMEL (Algérie), Forgeron, maréchal-ferrant à SIDI CHAMI, décédé à ORAN le 29 juin 1948. Résumé des recherches
généalogiques et historiques ------------ AFFLER est un village proche dÜNTEREISENBACH, situé sur la rive allemande actuelle de lOUR. Mais, au XVIIIe et XIXe siècles AFFLER et DALEIDEN appartenaient à lELECTORAT et ARCHEVECHE de TRÈVES, second Grand Duché dAllemagne. Sous NAPOLÉON, ces villages sont englobés dans le Département Des Forêts. ------------ A ÜNTEREISENBACH, la maison de nos ancêtres existe encore, tranformée en grange 11 . On lappelle toujours AM DÉINECH, ce qui signifie CHEZ DIENER en langue locale : ÉI étant prononcé comme le a de made en anglais (12) . ------------ PETER DIENER exerce la profession de forgeron, maréchal-ferrant à UNTEREISENBACH ; cette profession très ancienne dans la famille, est liée au nom lui-même. ------------ En 1792 (il a 34 ans) : il participe à toutes les actions en faveur des réformes introduites par les Français et combat dans les armée napoléoniennes. ------------ Il meurt dans son village en janvier 1842, à lâge de 84 ans. ------------ De Lunion
de PETER DIENER et MARIA BISSEN sont issus deux enfants : ------------ De cette union sont issus PIERRE DIENER (le 17 Août 1826), JACOB DIENER (le 17 Août 1827), EVA DIENER (le 27 Avril 1828), enfants nés et baptisés à NIEDERPIERSCHEID (Prusse Rhénane, Canton de Waxweiler, 40 km environ au N.O. de TRÈVES). ------------ Le parrain de PIERRE sera son grand-père paternel PETER DIENER dUNTEREISENBACH, la marraine sa grand-mère maternelle, MARIA EVA BECKENS. ------------ Le parrain de JACOB : JACOB MAINZ, dOBERPIERSCHEID, sa marraine, BARBARA MAINZ, épouse de JOHANN WEYDES, de WAXWEILER. ------------ Les parrain et marraine dEVA seront GERHARD MEYER et MARIA EVA BECKENS. ------------ CATHARINA MAINZ meurt jeune (elle a 28 ans) à NIEDERPIERSCHEID, le 24 Mai 1830, laissant trois enfants en bas âge. ------------ Léglise et le cimetière se trouvent à OBERPIERSCHEID. Nous présumons quelle y est enterrée. Une famille MAINZ vit toujours dans ce village. Au cimetière dOBERPIERSCHEID la pierre tombale du caveau des MAINZ est la plus ancienne. ------------ En seconde noces NICOLAS DIENER épouse une veuve, CAROLINA (ou CHARLOTTE selon les actes) QUEINS, originaire de LÜNEBACH (10 km environ au Nord de Niederpierscheid). ------------ Cette union donne un fils, QUIRINUS (13) DIENER, né et baptisé le 2 Octobre 1832 à NIEDERPIERSCHEID. ------------ Les parrain et marraine de QUIRIN sont : QUIRINUS FRERES dÜNTEREISENBACH et ANNA MARIA MEYER de NIEDERPIERSCHEID. ------------ A NIEDERPIESCHEID, NICOLAS DIENER exerce la profession de forgeron, maréchal-ferrant, comme son père. Il est probable quil se déplace de ferme en ferme, de village en village pour exercer son métier. ------------ Après le terrible hiver 1845-1846, les DIENER prennent la décision dimmigrer aux ETAT-UNIS. ------------ Ils abandonnent NIERDERPIERSCHEID au début du printemps 1847 et partent en convoi, avec plusieurs centaines de Rhénans, paysans et artisans des campagnes. ------------ La tradition orale, conservée et transmise par les NABHOLTZ, dit quils se rendirent à HAMBOURG. Nous navons aucune certitude sur ce point, mais il résulte dune enquête menée sur place quen effet il existait un fort courant migratoire vers les ETATS-UNIS, via HAMBOURG, dans la zone rhénane LUXEMBOURG-ALLEMAGNE, proche dHOSINGEN (14) . ------------ Une certitude, les DIENER figurent parmi les victimes dun escroc, agent recruteur dune Compagnie Maritime Française qui sillonnait la Rhénanie. Ils sont abandonnés dans le port de DUNKERQUE. Toutefois, ils ne séjournent que peu de temps dans ce port. Les autorités Françaises, instruites par un précédent (15) , les dirigent vers LE HAVRE où ils sont embarqués sur un navire à destination de lALGÈRIE (16) . ------------ Cest ainsi que NICOLAS DIENER, forgeron et maréchal-ferrant de Rhénanie, âgé de 47 ans, est débarqué en ALGÉRIE au début de lété 1847, avec toute sa famille : sa seconde femme CAROLINA QUEINS et ses quatre enfants, PIERRE (21 ans), JACOB (20 ans), ÈVE (18 ANS), QUIRIN (15 ans). ------------ A larrivée leurs ressources pécuniaires sélèvent à 1400 francs, ce qui représente une somme importante pour lépoque. ------------ Les DIENER entrent au DÉPÔT DES COLONS DORAN le 21 Août 1847 et en sortent le 26 Août. ------------ Ils sont alors dirigés vers MISSERGHIN, premier village de colonisation en voie de création à lOuest dORAN. ------------ Le 28 Août 1847, ladministration coloniale attribue à NICOLAS DIENER une concession ainsi composée : 1° - Lot à bâtir n° 132 : 00 hectares
. 03 ares. 90 centiares. ------------ CAROLINA QUEINS meurt dés leur arrivée à MISSERGHIN, probablement avant la fin de lété 1847. ------------ NICOLAS DIENER meurt à lhôpital dORAN le 24 Janvier 1849, à lâge de 49 ans, victime de la grande épidémie de choléra qui emporte le Maréchal BUGEAUD et des milliers dOranais. ------------ Après la mort de leur père NICOLAS, en 1849, JACOB, ÈVE et QUIRIN cèdent leurs droits successifs à PIERRE, leur frère aîné. Celui-ci sengage à verser à chacun deux la somme de 80 francs. Lacte, daté de 1852, est authentifié par un huissier dORAN en 1853 ; cet huissier perçoit 20 francs dhonoraires ! (17) ------------ * PIERRE DIENER reprend la concession de NICOLAS son père et devient cultivateur à MISSERGHIN. ------------ Il épouse ANNA MARIA HEINZ, née à SINZ 18 en 1814. Le mariage est célébré à MISSERGHIN le 25 Août 1851. ------------ PIERRE meurt à ORAN le 19 Novembre 1865 ; ANNA MARIA meurt à MISSERGHIN en 1894, à lâge de 80 ans. ------------ Sept enfants sont issus de cette union : enfant mort-né 1852 ; JOSEPH 1854-1854 ; EVA 1855- ; MARIE 1857-1859 ; JACOB 1860-1915 ; MARIE 1863-1863 ; ANNA 1854-1855. ------------ Deux de ces enfants ont survécu, EVA et JACOB : ------------ EVA se marie deux fois, en 1874 et 1904, avec deux frères AGULHON ; elle eut 11 enfants, dont deux seulement assurèrent une descendance. ------------ JACOB, épouse MARIE EICHINGER . Ils eurent 3 enfants, CESARINE, LOUIS, et EUGENIE-MARIE. Seule cette dernière ayant survécu a pu assurer une descendance issue de son mariage avec JEAN-MARIE CAPBLANC. ------------ * ÈVE DIENER épouse CHARLES CONRAD (Karl Konrad) à MISSERGHIN le 28 Septembre 1848. Son mari est né à MAUER (village situé prés dHEIDELBERG, à lépoque dans le Grand Duché de BADE), le 3 juin 1813, de ADAM KONRAD et SUZANNA SWEZICH. ------------ Ils eurent six enfants, tous nés à MISSERGHIN : JOSEPH, FRANCOIS, BARTHELEMY 1849-1911 ; MAGDELAINE 1851 ; ELISABETH, JOSEPHINE 1854 ; ANNA MARIA 1857-1946 ; CATHERINE 1859-1860 ; HELENA 1861-1863 ; enfant mort-né le 19 Septembre 1963. ------------ ÈVE DIENER meurt des suites de couches le 22 octobre 1863 à MISSERGHIN, à lâge de 35 ans. Sa tombe existe toujours au Cimetière de MISSERGHIN (19) où elle est enterrée sous son nom avec les WILLEMS. ------------ CHARLES CONRAD ne se remarie pas. Il meurt à MISSERGHIN le 4 mai 1900 à lâge de 87 ans. ------------ Quatre de leurs
enfants survivront : ------------ * QUIRIN DIENER, le plus jeune, est celui des DIENER, arrivés en 1847, sur lequel nous avons le moins dinformations. ------------ On le voit intervenir dans lacte de vente de ses droits successifs à son frère PIERRE en 1853. Puis, il figure dans lacte de baptême de QUIRIN, JACOB, DIENER, fils de son frère JACOB et de MARIE ZIMMER. Cest en 1866, âgé de 34 ans ; il est le parrain de lenfant (20) . ------------ * JACOB DIENER (dont nous descendons directement), épouse le 7 Février 1855 à MISSERGHIN, MARIE ZIMMER, née à FREUDENBOURG, canton de Saarburg, Prusse Rhénane. ------------ Ils auront
13 enfants : ------------ Quatre de ces treize enfants ont survécu, assurant une descendance. Toutefois, trois dentre eux meurent du vivant de leurs parents. ------------ Seul FRANCOIS, JACOB, dit JOSEPH vivra jusquà lâge de 70 ans ( + 1948). ------------ En 1847, JACOB DIENER travaille à la journée 21 pour 4 F 81 c. ------------ En 1857, JACOB DIENER, selon un document officiel de lépoque, est titulaire dune concession de 5 hectares à MISSERGHIN, dont un hectare entièrement défriché ; il ne possède ni maison, ni bestiaux . A titre de locataire il cultive les jardins dune petite concession voisine. Il est apprécié comme étant un homme laborieux et rangé. ------------ En 1855 et 1857, il tente, sans succès, dobtenir une concession sur le nouveau territoire ouvert à la colonisation à RIO SALADO. Il formule sa demande en même temps que celles de son frère PIERRE, de son beau-frère CHARLES CONRAD et dun ami commun CONRAD ERPELDING. ------------ On trouve la trace de sa première demande de concession à LOURMEL, dans un acte daté du 3 Décembre 1856. ------------ Le décret créant le centre de colonisation de BOURECHACH ou BOURCHACH ou EL AMRIA, qui deviendra LOURMEL, date du 15 Janvier 1856. ------------ Toutefois, dans une lettre datée du 19 février 1859, JACOB demande également lattribution du lot à bâtir n° 121 à MISSERGHIN. ------------ En lieu et place de ce lot déclaré indisponible, il obtient les lots à bâtir 100 et 103 au VIEUX VILLAGE de MISSERGHIN. Il semble quen fait JACOB avait déjà construit sa maison sur ces deux lots sans attendre une hypothétique réponse de ladministration. Celle-ci, mise devant le fait accompli, se contente de régulariser la situation. ------------ Quoi quil en soit, JACOB DIENER obtient une concession sur le territoire de la commune de LOURMEL et sy installe avec sa famille en 1860-1861. ------------ Un état
des concessions de la commune de LOURMEL daté de 1880 révèle
que la famille de JACOB DIENER est composée de six personnes, JACOB,
sa femme MARIE ZIMMER, leurs enfants, ELIZA, JEAN, MARIE, et FRANCOIS-JACOB,
dit JOSEPH. A cette date, JACOB est propriétaire de 51 hectares
entièrement défrichés. ------------ Jusquà sa mort en 1902, JACOB DIENER, petit propriétaire, fut un notable respecté dans la Commune de LOURMEL. Croyant en Dieu et catholique pratiquant, il est nommé au CONSEIL DE FABRIQUE de la Paroisse dés sa création en 1865 (23). Toujours réélu, il y assurera, notamment, les fonctions de trésorier. Membre écouté de ce Conseil, qui délibérait sur les intérêts de la Paroisse, cest à son influence que lon doit le choix de SAINT NICOLAS, comme patron protecteur de LOURMEL (24) . ------------ Après la mort de JACOB, MARIE maintient la propriété dune main de fer. Elle refuse de sengager comme caution de son dernier fils, quelle considère comme mal marié 25 , pour lachat dune exploitation agricole (26) . ------------ Les DIENER perdent leur propriété (80 ha) pendant la guerre de 1914-1918, alors que le dernier homme de la famille est sur le front . Il ne seront jamais plus propriétaire en ALGÉRIE (27) . II.-Sur les traces de MARIE ZIMMER ------------ Les ZIMMER sont originaires de FREUDENBURG, canton de SAARBURG, Prusse Rhénane, au Sud et à proximité de la ville de TRÈVES, non loin de la frontière du LUXEMBOURG actuel. ------------ Les ZIMMER,
ainsi que toutes les familles alliées, sont de religion catholiques,
ainsi quen témoignent les actes de baptêmes, mariages,
et sépultures remontés jusquen 1760. ------------ A leur arrivée dans le port dANVERS, déconvenue, leurs espoirs seffondrent. En effet, le capitaine du navire, avec lequel ils avaient conclu un accord, prétend que, la législation des ETATS-UNIS ayant été modifiée, les immigrants ne disposent plus des ressources suffisantes pour être admis dans ce pays. En compensation, il leur propose de les conduire jusquà ALGER, pour le prix convenu à lorigine. ------------ Les immigrants se rendent alors en délégation au Consulat de France à ANVERS et rencontrent le Consul Monsieur BUCHET-MARTIGNY. Celui-ci les accueille avec compréhension et bonté. Il les soutiendra sans faiblir, malgré les ordres de son gouvernement. ------------ Le Consul BUCHET-MARTIGNY demande des instructions urgentes à PARIS dans deux lettres adressées aux Ministères compétents, le Ministère de la Guerre, le Ministère des Affaires Étrangères. Il y développe longuement les arguments en faveur de la demande dimmigration vers lALGÈRIE, formulée par les familles Rhénanes. Il fait valoir, notamment, que la Colonie a le plus grand besoin de colons courageux habitués au travail de la terre, ce qui est le cas des Allemands bloqués dans le port dANVERS. ------------ Toutefois, les familles Rhénanes, avec leurs faibles ressources financières et leurs nombreux enfants en bas âge ne pouvaient attendre longtemps un éventuel avis favorable des autorités Françaises. En outre, ils se heurtaient à lultimatum très clair du capitaine du navire qui leur donnait un délai de huit jours pour choisir, soit de rester à ANVERS, soit de se rendre à ALGER. ------------ En conséquence, les immigrants prennent la décision du départ. Le 18 mai 1847 ils font voile, à leurs frais, vers ALGER, à bord du brick Autrichien LE VITTORIOSO, bâtiment commandé par le Capitaine TRIPCOVITCH. ------------ Le Consul BUCHET-MARTIGNY est réprimandé par PARIS. Malgré tout, dans une longue lettre en réponse adressée à son Ministre, il justifie et confirme le soutien quil a apporté aux immigrants Rhénans (28) . ------------ Le VITTORIOSO est à quai à ALGER dans le courant du mois de Juin 1847 avec ses 119 passagers. ------------ Une lettre officielle du 22 Juin 1847 signale lembarquement le jour même pour ORAN de 60 individus (hommes, femmes et enfants) composant dix des familles Prussiennes arrivées à ALGER à bord du VITTORIOSO et demande quils soient accueillis au DÉPÔT DES COLONS DORAN. Il sagit des familles : BERNARD, GAUSEMER, WEIZE, LUDWICH, ZIMMER, FRANTZ, LONGSDORFF, SCHALLER, SCHWORMS ; soit au total, 22 adultes, 39 enfants, dont 20 filles, le plus âgé des enfants a 12 ans. Les ressources pécuniaires de lensemble de ces familles sélèvent à 2290 Francs. ------------ La famille ZIMMER (29) est ainsi composée : ------------ ° JEAN (JOHANN) ZIMMER, fils de LAURENTIUS ZIMMER et MARIA BEVEN, né le 17 Novembre 1804 à FREUDENBURG. ------------ ° ° ANNA FAHA, sa femme, fille de JOHANN FAHA et ANNA NEISIUS, née le 27 Novembre 1810 à FREUDENBURG. ------------ ° ° Leurs cinq enfants, tous nés et baptisés à FREUDENBURG : JEAN ZIMMER (12 ans, né en Juin 1835) ; MARIA ZIMMER (10 ans, née en Janvier 1841) ; ELIZABETH ZIMMER (8 ans, née en Juillet 1839) ; ANNA ZIMMER (6 ans, née en Février 1841) ; LAURENT ZIMMER (2 ans, né en Mai 1845). ------------ JEAN ZIMMER est maçon. ------------ Les ZIMMER sont très pauvres : leurs ressources pécuniaires à larrivée en ALGÉRIE sélèvent à 50 Francs. ------------ Le 3 Juillet 1847, six des dix familles Rhénanes arrivée en ALGÉRIE par le VITTORIOSSO, quittent le DÉPÔT DES COLONS DORAN à destination de MISSERGHIN. Quatre familles, dont les ZIMMER, y sont maintenues car elles sont sans ressources. ------------ Toutefois, la situation se dénoue rapidement grâce à la solidarité des autres immigrants Rhénans et les ZIMMER entrent en possession de leur concession à MISSERGHIN le 6 Juillet 1847. ------------ Ils ont obtenu : n° 3 Lot à bâtir : 00 hectare. 04 ares.
95 centiares. ------------ Un document dépoque révèle que le lot est entièrement défriché en 1855. ------------ JEAN ZIMMER meurt à ORAN dès le 18 Décembre 1848. Les deux enfants les plus jeunes, ANNA et LAURENT, meurent également dès larrivée en ALGÉRIE. ------------ ANNA FAHA-ZIMMER se remarie à MISSERGHIN le 24 janvier 1850 avec PHILIPPE WAGNER, lui-même veuf avec plusieurs enfants. Ils auront un fils HENRI WAGNER, né en 1851. ------------ ANNA FAHA se battra de longues années contre ladministration Française pour conserver la concession qui avait été attribuée à son mari JEAN ZIMMER. Elle finira par obtenir gain de cause. ------------ Seulement, trois des cinq enfants ZIMMER débarqués du brick LE VITTORIOSO en 1847 survivront, JEAN, MARIE, ELIZABETH. ------------ - JEAN épouse ANNA GIWER à MISSERGHIN le 6 Juin 1861 ; ils sinstalleront ultérieurement à AIN-TEMOUCHENT. ------------ - ELIZABETH épouse JEAN BECKER à MISSERGHIN le 26 Avril 1860. ------------ - MARIE épouse
JACOB DIENER à MISSERGHIN le 7 février 1855. Elle lavait
rencontré alors quil travaillait sur la concession voisine
de celle de son père. ------------ * Pour la petite histoire, reliée aux injustices de la grande : mon arrière grand-mère MARIE ZIMMER, meurt dans un asile de vieillards à ORAN le 2 Mars 1916, et son corps jeté à la fosse commune, alors que son fils, FRANCOIS, JACOB, dit JOSEPH, mon grand-père (sans une goutte de sang français), est grièvement blessé sur le front des Dardanelles, face aux armées allemandes. La propriété de LOURMEL quitte le patrimoine familial, au bénéfice de nouveaux arrivants fortunés. ANNEXE EXTRAITS DE LARBRE
GÉNÉALOGIQUE 1 DIENER, Pascal, Célestin, François 4 DIENER, François, Jacob, dit Joseph 5 MUNOS, Maria-Rosa 7 AYELA, Cristina 9 ZIMMER, Marie 11 MUNOS, Maria 13 OLTRA, Maria, Isabelle 15 GOMEZ, Micaella 16 DIENER, Nicolas 17 MAINZ, Catharina 19 FAHA, Anna 24 ALCARAZ, Vicente 25 MARTINEZ, Thereza 26 OLTRA, Joachim 27 GUARDIOLA, Mariana 28 AYELA, Antonio 29 VALERO, Cristina 30 GOMEZ, Joseph, José 31 MESEGUER, Manuela 32 DIENER, Peter 33 BISSEN, Maria 34 MAINZ, Peter 35 BECKENS, Maria, Eva .......... 36 ZIMMER, Lorentz 38 FAHA, (oder FAA), Johann
48 ALCARAZ, Diego 49 CANIZARES, Francisca 51 SERRANO, Francisca 53 BLANES, Maria 54 GUARDIOLA, José 55 SELLISER (?), Antonia 58 VALERO, Luis 59 BRETONES, Maria 60 GOMEZ, José 61 GARCIA, Francisca 63 TARI, Marguerite
66 BISSEN (oder BIESS), Peter 67 N. N., Suzanna 73 BECKER, Helena 75 DUHR, Maria 77 SCHMITT, Angela 79 LUDWIG, Magdalena .......... |