-Quand l'Algérie était française...
extrait de " aux échos d'Alger, juin 88, n° 22-23-24 "

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Notre ami René Finkbeiner raconte...

-----On a beaucoup écrit sur l'Algérie nous traitant de Colonialistes, mais alors pourquoi tant de métropolitains qui venaient faire leur service militaire et même beaucoup qui, pendant l'exode de 1939-1940, sont venus se réfugier en Algérie, y ont fait souche, s'y sont mariés, ont eu des enfants et des petits-enfants eux aussi sont de Colonialistes. Les Français de Métropole ont été bien contents lorsque l'Armée d'Afrique avec ses troupes est venue délivrer la France du joug nazi. A-t-on pensé à tous ces malheureux français-musulmans qui reposent dans les cimetières de France, d'Allemagne et d'Italie, à ceux qui ont lutté pour que le drapeau français flotte fièrement sur les monuments aux Morts? Nous n'étions pas des colonialistes à cette époque, nous étions des libérateurs. Je me souviens lorsque nous avons débarqué à Marseille l'accueil anti-raciste que nous ont réservé ces mêmes Français ou leurs descendants. Hélas! il y a des gens qui ont la mémoire courte et la vue faible. Puisse qu'un jour leurs descendants n'aient pas à regretter que leurs parents n'aient pas su garder l'Algérie française. J'aurais encore beaucoup de choses à raconter mais malheureusement comme beaucoup je retomberais dans le domaine politique et je n'y tiens pas ce n'est ni mon but, ni mon rôle. J'ai simplement voulu, d'après un manuscrit qui m'a été donné par une amie et avec l'accord tacite du fils d'un enseignant qui a oeuvré durant sa vie, à enseigner à ses élèves quels qu'ils soient, l'amour de la Patrie et de l'Algérie française, y rajouter certains commentaires.

-----Je pense que la lecture de ce texte rappellera à beaucoup d'amers souvenirs et regrets mais mon seul but c'est que le souvenir et la mémoire de notre belle Algérie française, conçue par nos ancêtres à partir de 1830 restent à jamais gravés dans nos mémoires et qu'à la veillée, vous puissiez dire à vos enfants et petits-enfants Moi, j'y étais -. Merci.

QUAND L'ALGERIE ETAIT FRANÇAISE ! (suite du 22)

-----L'Algérie était le premier client de la France, avec les 8/100 de son commerce. Le cadeau fait au F.L.N. en 1962 était énorme; qu'on en juge approximativement
-----Réseau routier. - Il comportait 19 000 km de routes à revêtement moderne; 6 000 km d'autres routes; 47 000 km de chemins et de pistes; 6 000 km de sections en lacunes, le tout pouvant être estimé à 15 milliards 500 millions de nouveaux francs.
-----Chemin de fer. - Avec 4 250 km de voies f errées dont 2 500 km à voie normale avec un matériel ultra-moderne, voitures inox, les trains d'argent ORAN et CONSTANTINE, des machines diesels qui avaient remplacé la vapeur dès 1952 environ, des gares, des ateliers et dépôts perfectionnés, des bureaux administratifs, un centre médico-social ultra moderne à ALGER soit environ 25 milliards de nouveaux francs.
-----Aérodromes. - Cinq importants, les plus modernes, avec ses bâtiments d'accès et de départs et ses ateliers de réparations d'ALGER (Maison Blanche), ORAN (la Sénia), BONE (les Salines), PHILIPPEVILLE (Vallée) et CONSTANTINE (Télergma) et une vingtaine de petites installations réuarties dans tout le pays, d'une valeur de 20 milliards de nouveaux francs.
-----Postes et Télécommunications. - Bureaux, installations téléphoniques, centrales diverses, installations des câbles sous-marins à FORT-de-L'EAU, etc... environ 20 milliards de nouveaux francs.
-----Gaz et Electricité. - 15 milliards de nouveaux francs avec les travaux hydrauliques (barrages et travaux d'aménagements de points d'eau, drainage, etc... environ 10 milliards de nouveaux fi-anus).
-----Recherche et exploitation de pétrole. - 15 milliards de nouveaux francs notamment à HASSI-MESSAOUD dans le sud algérien, sans compter les mines de fer du Kouif, les phosphates de l'Ouenza et j'en oublie ceci n'est qu'une approximation globale de ce que nous avons laissé car l'évaluation des biens laissés au F.L.N. et abandonnés par l'Algérie française ne s'arrête pas là qu'on en juge plutôt. Il convient d'y ajouter beaucoup de choses pour ce pays complètement équipé par 132 ans de présence française.
-----Exemple. - Les équipements urbains, les travaux d'assainissement et de réfection des sols de la région rurale. Equipement extrêmement important du Port de MERS-EL-KEBIR où les travaux se sont poursuivis jusqu'à la remise à l'Etat indépendant. Il est très important d'ajouter sans vouloir polémiquer que cette immense rade aménagée pour recevoir des sous-marins atomiques comprenait des arsenaux souterrains les mettant à l'abri des bombes atomiques les plus puissantes. On peut affirmer sans crainte que cette base était l'une des plus modernes et des plus redoutables qu'on puisse imaginer (car à l'époque et même maintenant, il n'en existe pas en FRANCE, du moins à ma
connaissance), car mieux équipée que BIZERTE ou TOULON, elle constitue le plus puissant bastion de la Méditerranée, outre les travaux et
installations de la base de REGGANE avant d'être abandonnée, les équipements militaires des trois armées (Terre, Mer, Air). Toutes ces
bases étaient équipées d'ateliers spécialisés, d'hôpitaux, d'hospices, de foyers, de maisons du combattant, de centres d'invalides de guerre, j'en passe et non des moindres.
-----Edifices et bâtiments d'Etat. - Les splendides immeubles du Gouvernement général, de l'Assemblée algérienne, du Palais d'été, de la grande Poste, Préfectures, Mairies, Centres communaux. Les magnifiques HLM. qui dressaient leurs hautes statures et les Cités communales, services de voirie, parcs autos, dépendances, théâtres, salles de spectacle, etc. le tout complètement meublé et aménagé, fonctionnant admirablement sous l'impulsion d'équipes dynamiques.
-----Equipements scolaires - Enseignement supérieur. - Bâtiments et matériel des Universités, Fa cuités, Grandes Ecoles telles l'Institut Industriel de Maison-Carrée. L'Ecole Nationale Supérieure d'Agriculture entièrement équipée de riches laboratoires et d'un matériel de premier ordre.
-----Enseignement secondaire. - Lycées et collèges d'enseignement général, écoles techniques, professionnelles, ateliers spécialisés, écoles spéciales.
-----Enseignement primaire. - Ecoles dans les villes avec des groupes scolaires où se côtoyaient sur les mêmes bancs, les élèves sans distinction de race ni de religion, tous unis par un même désir d'apprendre et de s'instruire. Il y avait également des douars bien équipés et dotés d'un matériel moderne. Ecoles maternelles, crèches, garderies, pouponnières, colonies de vacances à la mer ou à la montagne, sans oublier les cantines scolaires dans les villes et les villages donnant une nourriture saine et abondante, alimentant 60 % des familles musulmanes indigentes ou occupées aux travaux journaliers et il n'était pas nécessaire comme aujourd'hui en Métropole d'aller mendier et faire la charité comme les Restaurants du Cœur.
-----Bâtiments et installations modernes. - Centres de recherches nucléaires, écoles d'agriculture et ménagères avec leurs centres d'expérimentation et élevage.
-----Ecole des Beaux-Arts, Musées des Beaux-Arts et Arts antiques avec de nombreuses ruines romaines et touristiques, aménagées pour le grand tourisme, telles CHERCHELL, TIPAZA, dans l'Algérois et TEBESSA dans le Constantinois.
-----Musées archéologiques richement dotés, musées de l'artisanat, sections expérimentales d'élevage divers. Services d'hygiène scolaire avec soins gratuits, mouvements de jeunesse, éducation physique,

QUAND L'ALGE RIE ETAIT FRANÇAISE! (Suite du 23)

-----Equipement Radio et Télévision. - Maison de la Radio à ALGER, ses postes d'ORAN, CONSTANtINE, modernes, complets et ses nombreux relais.
-----Equipe.inents sanitaires. - Hôpitaux civils et militaires, cliniques, sanatorium, préventorium, avec leurs blocs opératoires et leurs matériels spécialisés, les centres de recherche sur le cancer, centres de transfusions sanguines, etc...
-----Edifices religieux. - Cathédrales, avec leurs énormes trésors, églises des villes, villages et séminaires. Aujourd'hui, Mohamed DUVAL, archevêque d'ALGER, bien que revêtu de son manteau d'archevêque, ne préside qu'à une Communauté guère plus grande qu'un gros bourg et sa cathédrale est devenue une mosquée. A tout cela, il ne faut pas oublier malgré tout les apports d'ordre collectif et individuel.
-----Les Etablissements industriels, usines, fabriques, ateliers, Chambres de Commerce et d'industrie, hangars, docks, silos, caves ultra-modernes avec cuves et machineries d'où sortaient les fameux vins Sidi-Brahim, les vins de Miliana, Médéa et aussi les vins d' Oranie. Les hôtels, brasseries, restaurants, magasins commerciaux, etc...
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-----l convient d'ajouter les grands immeubles collectifs, les villas individuelles avec leur mobilier, garages, ateliers d'e fonds de commerce, enfin tout ce qui été réquisitionné, saisi par l'Etat algérien et que les Français d'Algérie (Pieds-Noirs) ont été dans l'obligation d'abandonner comme ont dû le faire également les Français Musulmans restés fidèles à la France et à son drapeau.

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A tout cela bien sûr, il faut ajouter la. terre dont on a dit qu'elle appartenait à ceux qui l'ont travaillée. Cette terre, ce sont ces Français venus de divers endroits de Métropole tel mon arrière-grand-père dont les parents, des Alsaciens, sont venus en Algérie en 1830 et il a été le 47e Français né en Algérie, le 21 mars 1832 à 3 heures et inscrit sous le n° 47. Il a été nommé cantonnier et décoré de la médaille du travail par CLEMENCEAU et combien d'autres comme lui, sans compter les Espagnols, d'autres étrangers qui sont venus assécher les marais pour cultiver cette terre inculte et ingrate. Combien sont morts par le typhus, la tuberculose et autres maladies pour que nous, leurs descendants, puissions avoir une vie agréable et décente, pour que génération après génération, nous puissions améliorer ce qu'ils avaient commencé et faire de cette terre inculte en 1930, un département français riche, digne et prospère afin que ce fameux grenier de ROME comme on appelait l'Algérie qui était devenue une contrée désertique depuis le passage des vandales et après l'installation des Arabes, des Turcs et devienne ensuite une région riche et propre.
-----Les travaux importants effectués pendant 130 ans de la présence française avaient porté leurs fruits
-----Céréales avec le blé, l'orge, l'avoine, le mais. Les agrumes oranges, mandarines, clémentines pouvant supporter la comparaison avec l~s plus belles variétés d'Espagne, d'Amérique ou d'Italie.
-----Les olives avec les raffineries d'huile (Crespeau et Tamzali).
-----Les fruits qui servaient outre à l'alimentation secondaire, à faire des confitures comme Escla à Relizane, transformée en véritable Californie grâce à un système de canaux d'arrosage remarquable alimentés par des barrages inépuisables élevés au prix de véritables fortunes et malgré la chaleur, ['on ne craignait pas la sécheresse.
-----La vigne avec ses crus remarquables connus et appréciés dans le monde entier. Monsieur BOUMEDIENNE avait dressé un plan d'arrachage de ces vastes plantations qui faisaient travailler des centaines de milliers de travailleurs d'e toutes confessions, nourrissant leurs familles du produit de leurs travaux (labourage, taille, sulfatage, vendange, cueillette des fruits et légumes, etc...) que feront tous ces ouvriers après l'arrachage? Y ont-ils pensé? Hélas non, seulement ils sont venus envahir la Métropole car c'était beau l'indépendance, mais hélas, il n'y avait plus ces cochons de ROUMIS pour leur donner du travail. Et bien, tant pis pour eux, nous allons en chercher chez eux et c'est ce qu'ils ont fait par milliers, ils sont venus envahir la France. Pour suivre mon élucubration, parlons également du liège, tabac, Alfa, avec leurs usines et les transformations de ces matières premières en produits manufacturés qui ne se souvient des cigarettes JOB, BASTOS, pour ne citer qu'elles?
Les primeurs qui arrivaient sur les marchés par camions et qui partaient pour la Métropole par bateaux entiers.
-----Toutes ces terres avec leurs installations, leur cheptel, le matériel, ont été également saisies, réquisitionnées, nationalisées et distribuées à des Comités de gestion plus ou moins compétents.
-----Et tous ces bateaux qui assuraient la navette vers Marseille, Port-Vendres, Sète ont été vendus faute de rendement productif. Il resterait encore beaucoup de choses à dire sur cette Algérie française qui a été si honteusement et d'une manière presque inconsciente et incompréhensible, abandonnée.
-----En écrivant ces lignes, je pense à tous ceux qui, par leur travail, leur courage et leur acharnement, ont contribué à faire de ce pays si beau, si riche et si prospère en son temps, croyaient avoir réussi à en faire un havre de paix puisque nous vivions cordialement avec toute la population sans distinction de race ni de religion. Hélas! il a fallu un seul homme, qui s'est cru imbu d'un pouvoir suprême, pour anéantir 130 ans de travail et de bien-être et de tant de richesses amassées durement à la sueur de leurs fronts...
NDLR de l'AEA : Les récents événements survenus en Algérie témoignent de l'Algérie Algérienne...

R. FINKBEINER.