Toussaint 1954
Premiers morts de ce qui allait devenir la guerre d'Algérie. A
l'instigation du Général De Gaulle, les référendums
du 8 janvier 1961 sur l'auto-détermination en Algérie, et
du 8 avril 1962 sur les accords d'Evian, allaient sonner le glas de l'Algérie
Française.
3 Juillet 1962
Indépendance officielle de l'Algérie. Capitulation de la
France alors que l'armée française était victorieuse
sur le terrain.
LA TRAGÉDIE
-----Plus d'un million
de Français d'Algérie, ont été contraints
de quitter en 1962 leur terre natale avec tout ce que cela représentait
comme désespoir, déchirement, angoisse. Ils ont dû
abandonner leur ville ou leur village, leur maison, leur métier,
leurs habitudes de vie, leurs biens, leurs morts. L'amertume, la rancoeur,
la déception d'avoir été abandonnés et trahis
par une patrie ingrate alors que des milliers de Pieds-Noirs ont combattu
et sont morts pour la libération de leur patrie, lors des deux
guerres mondiales (47 000 tués).
-----Rien ne pourra jamais effacer ce drame,
cette ignominie, cet exode incroyable alors que, sur tout le territoire
algérien, le massacre de Français et de Musulmans fidèles
à la France continuait sous les yeux des soldats français
qui avaient pour ordre de ne pas intervenir.
-----Ni les disparitions, ni les mutilations
et les assassinats d'Européens, 25 000 personnes environ, et de
150 000 Harkis, ne suscitèrent le moindre émoi en France.
Rien ne pourra jamais effacer l'accueil d'un grand nombre de Français
de Métropole à l'égard des Pieds-Noirs accueil méfiant,
sans véritable compassion, indifférent, parfois hostile.
-----Quelle désillusion amère
pour les Français d'Algérie qui, tout au long de leur Histoire,
de Verdun à Cassino, ont prouvé leur titre de Français
: courage, ténacité, volonté, fidélité
et patriotisme.
-----Les Pieds-Noirs ont souffert aussi de
ces clichés grotesques ou malveillants qui ont été
répandus sur eux par leurs "frères" de Métropole.
-----La plupart des citoyens de l'Hexagone
ne savaient rien de l'Algérie, province française, ni ces
honteux "accords" d'Evian que la France n'a même pas pu
faire respecter ; les exactions commises contre les Européens et
les Harkis n'ont certainement pas troublé la conscience du gouvernement
de l'époque, ni celle du Président de la République
Charles De Gaulle.
-----Les Français d'Algérie
n'oublieront ni leurs martyrs civils et militaires, ni leurs héros
sacrifiés parmi lesquels
------ Albert DOVECAR, Claude PIEGTS, Roger
DEGUELDRE, fusillés en juin et juillet 1962,
------Jean BASTIEN-THIRY, fusillé
en Mars 1963 Comment ne pas penser au 26 Mars 1962 les forces de l'ordre
qui tirèrent sur la foule européenne, rue d'Isly à
Alger (80 mortsplus de 180 blessés).
-----Comment ne pas penser au drame de Musulmans,
civils et supplétifs, qui ont cru au maintien de la présence
française en Algérie. L'abandon de l'Algérie signifiera
pour eux l'expatriation ou la mort ou, au mieux de longues années
d'humiliation. Comment oublier ceux qui sont restés et qui ont
été torturés, tués ou mis en captivité.
-----Comment oublier la destruction de cimetières
ou la profanation de tombes.
-----Les beaux discours et les belles promesses
ont abouti à une formidable duperie collective.
-----Le Général De Gaulle fut
l'instrument du malheur : homme vaniteux, autoritaire, ne supportant pas
la contradiction, traître envers les Français d'Algérie
qui l'avaient porté au pouvoir en désespoir de cause. Les
mémoires de Georges Pompidou - "Pour rétablir une vérité"
- et les confidences du Général Massu concernant la fuite
de De Gaulle à Baden-Baden (mai 1968) ont révélé
l'incompétence de ce général de brigade.
-----De Gaulle a détruit l'Algérie
Française après avoir dit qu'il la conserverait. Peut-être
était-ce une tâche au-dessus de ses forces, de sauver l'empire
français, mais il en a facilité la chute et consommé
la destruction.
-----Qu'on le veuille ou non, une grande
partie de la place, de l'importance de la France dans le Monde, a été
due à son Empire. Une nation ne rayonne que lorsqu'elle domine
: militairement, politiquement ou économiquement.
-----N'oublions pas que les Arabes ont envahi
le Maghreb au VIIè siècle. Les Berbères autochtones
ne sont-ils pas en droit de se demander ce que font, chez eux, les Arabes
?
-----En 1518, le corsaire turc Khâir-ed-Dine
Barberousse place Alger sous la protection du sultan ottoman Selim 1er.
-----Au XVIIème siècle, Alger
comptait 100 000 habitants. 35 000 esclaves chrétiens, dont 3 000
Français, croupissaient en ses murs.
-----Jusqu'en 1830, la Régence d'Alger
vivait principalement de piraterie.
-----L'histoire de l'Algérie n'est
que l'histoire des dominations successives qu'elle a subies : domination
phénicienne, romaine, vandale, byzantine, arabe, turque, enfin
française. Jamais, le tribus autochtones n'ont réussi à
s'agglomérer en un Etat vraiment organisé et durable. En
1830, le pays était moyen-âgeux et en semi-anarchie.
-----Ferhat Abbas, futur 1er président
du Gouvernement provisoire de la République algérienne,
écrira en 1936: "la patrie algérienne n'existe pas.
J'ai interrogé l'Histoire, j'ai interrogé les vivants et
les morts ; j'ai visité les cimetières, personne ne m'en
a parlé".
L'AIDE AU F.L.N.
-----Dans sa lutte
armée contre la France, le F.L.N. a eu le soutien des pays arabes
et de l'U.R.S.S. Les U.S.A. et leur président Kennedy, désireux
aussi d'évincer la France d'Afrique du Nord.
-----La rébellion algérienne
a bénéficié également de l'aide intellectuelle
d'une certaine catégorie de la population française :-----communistes,
-----trotskistes
-----prêtres progressistes...
-----Des journalistes, artistes,enseignants,
écrivains comme Jean-Paul Sartre seront acquis à la cause
de l'indépendance algérienne.
-----Les hommes et les femmes du réseau
Jeanson-Curiel, ces "porteurs de valises", ont assuré
la bonne alimentation du budget du EL.N., lui permettant d'acheter
et d'expédier vers l'Algérie l'armement utilisé contre
d'autres français. Ils fourniront des logements, des boîtes
aux lettres, des faux-papiers. Ils serviront de guides, de chauffeurs,
de passeurs. Ils transporteront des tracts, des documents, de l'argent,
des armes, des explosifs. Ces sympathisants et militants français
applaudiront les attentats terroristes et la guérilla contre la
France.
-----Signé par environ 200 intellectuels
de gauche, le "manifeste des 121" proclamera le "droit
à l'insoumission", le refus de servir en Algérie, incitant
les soldats à la désobéissance et à la désertion.
-----Ce manifeste, écrit par Maurice
Blanchot, l'auteur de "la part du feu", sera signé notamment
par Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir,Alain Resnais, Simone Signoret,
Alain Cuny, Christiane Rochefort, François Truffaut, Danièle
Delorme, Catherine Sauvage, Jean Bruller dit Vercors, Françoise
Sagan... Le F.L.N. a trouvé aussi des complicités dans les
milieux religieux - l'abbé Robert Davezies avait organisé
un réseau de soutien aux rebelles ; des clandestins étaient
cachés dans des couvents, comme le Prado de Lyon.
- l'archevêque d'Alger, Mgr Léon-Etienne Duval, avait apporté
son concours au EL.N. avec quelques-uns de ses prêtres comme l'Abbé
Scotto. Ils optèrent pour la nationalité algérienne
après l'indépendance.
LES EUROPÉENS
EN ALGÉRIE
-----Les décennies
qui suivirent la prise d'Alger (juillet 1830) verront ces territoires,
que l'on nommera "Possessions françaises
dans le Nord de l'Afrique" (le nom Algérie sera
utilisé en langue véhiculaire en 1839), se peupler peu à
peu d'Européens.
-----La grosse majorité de tous ceux
qui ont débarqué à Oran ,Alger, Bône, Philippeville
ou Bougie, était constituée de gens de condition modeste
et d'origine humble. Pour beaucoup du Bassin Méditerranéen
- Français (Alsaciens - Lorrains- Languedociens - Provençaux
- Francs-Comtois...) - Espagnols
- Italiens
- Maltais...,
-----Ces gens venaient tenter leur chance
sur une terre nouvelle. C'était le temps où la misère
d'une partie de l'Europe peuplait les Etats-Unis d'Amérique. Parmi
eux, les premiers pionniers et ceux qui ont été chassés
de Métropole par les mouvements politiques et sociaux :
- déportés politiques de 1848
- proscrits de 1851
- communards de 1871
- Alsaciens-Lorrains fuyant leur province occupée.
-----Le niveau de vie moyen des Français
d'Algérie était, pour les trois-quarts, inférieur
de 20 % à celui de la Métropole. Les magnats du vin, des
minoteries, de l'alfa, de l'armement maritime, étaient infiniment
moins nombreux en proportion que les industriels et grands propriétaires
métropolitains aux fortunes parfois immenses. "A
lire une certaine presse, il semblait que l'Algérie était
peuplée d'un million de colons à cravache et à cigare,
montés sur Cadillac", disait Albert Camus.
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-----Contrairement
donc au slogan d'une propagande visant à les discréditer,
les Pieds-Noirs n'étaient en leur grande majorité ni colons,
ni riches : selon la statistique officielle de 1954 (Documents de la Revue
des Deux-Mondes, sept. 1961), pas même un agriculteur sur 10, et
parmi eux plus d'un tiers de salariés.
-----Les colons, quant à eux, ont tout connu : les insurrections
et razzias (pillages, incendies, meurtres), la désillusion, l'échec,
l'inconfort, la misère, la maladie (choléra - paludisme...).
-----L'effort encore et toujours, durant
de longues années, était leur quotidien. Plus que tout,
les morts ont jalonné cette étape du défrichement,
de la mise en valeur. L'implantation européenne enAlgérie,
l'exploitation du pays, ont coûté très cher. Chaque
centre de colonisation a eu son long martyrologe.
-----Avec le progrès de la médecine,
l'assèchement des zones marécageuses, la fin du XIXè
siècle sera moins meurtrière, mais l'hécatombe pendant
les premières décennies aura été terrible.
Ce tribut payé sera celui de la création là où
il n'y avait rien ou presque rien.
L'OEUVRE FRANCAISE
-----Les Pieds-Noirs
sont fiers de leur oeuvre accomplie en Algérie. Ils y ont laissé
les structures d'un Etat moderne - un réseau routier de 14 000
kms - un réseau ferroviaire de 4 300 kms - 820 millions de m3 de
barrages - 27 centrales hydro-électriques - 4 centrales thermiques
- un réseau téléphonique, de télévision,
de radio
------ des ports bien équipés
ainsi que des aéroports
------ des stades, des piscines, des hôpitaux
------ des écoles, des collèges,
des lycées, des facultés
------ une agriculture moderne dotée
d'un cheptel exceptionnel (2 millions d'hectares ont été
cultivés)
------ un important domaine immobilier
-----Et Alger, l'une des plus belles villes
du Bassin Méditerranéen.
------ le pétrole et le gaz naturel
d'Hassi R'Mel et Hassi-Messaoud (CF "Historia" - la fin de l'Algérie
française - n°424 bis)
-----L'oeuvre française en Algérie
n'était peut-être pas exempte de critiques mais sont-elles
nombreuses les nations qui peuvent prouver qu'elles ont fait mieux ? La
France eut un rayonnement intellectuel, économique, politique,
affectif même. Elle a apporté aux autochtones sa technique,
sa langue, ses connaissances. Hocine Ait Ahmed, ancien représentant
du F.L.N. a déclaré : "Au
temps des Français, l'Algérie était un paradis".
-----Et Ferhat Abbas : "L'héritage
de la France était magnifique".
-----L'Algérie fut un pays heureux
où les religions musulmane, judaïque et chrétienne
ont cohabité dans un respect mutuel
CONCLUSION
-----Dans un passé
récent, la France doit une large partie de son honneur et de sa
liberté retrouvée à cette terre dont Alger était
devenue en 1944 la capitale de la France libre.
-----Devenues anachroniques (pour l'Occident),
les anciennes colonies devaient disparaître. Mais était-il
indispensable et juste de falsifier les faits ? L'oeuvre civilisatrice
de 132 années de présence française en Algérie
a été occultée ou dénaturée par une
désinformation qui n'a pas désarmé. Ce n'est pas
sur place mais dans la Métropole que la France a perdu l'Algérie,
bien qu'elle ait militairement gagné la guerre. La subversion l'a
emporté par une puissante et incessante action psychologique, tolérée
puis encouragée par le pouvoir, sournoisement d'abord et de plus
en plus ouvertement sous la V e- République. Ceux qui défendaient
une Algérie française, faisaient difficilement entendre
leur voix.
-----Les actions terroristes du F.L.N. étaient
minimisées par les médias, réprouvées du bout
des lèvres, absoutes ou justifiées par la légitimité
de la cause. On transférait la réprobation sur les Européens
d'Algérie et sur l'armée.
-----Les "colons", censés
constituer la quasi totalité des Pieds-Noirs, étaient tenus
pour responsables des événements par la prétendue
exploitation des Indigènes (les salaires des ouvriers agricoles
leur permettaient de gagner leur vie)". Les autochtones fréquentaient
les mêmes établissements scolaires que les Européens.
Ils trouvaient du travail dans tous les domaines de l'Administration et
du Privé. Certains s'étaient engagés dans l'Armée.
Il n'y avait pas en Algérie de ségrégation raciale.
Par qui donc avaient été formés les cadres qui devaient
diriger l'Algérie après l'Indépendance ? Y eut-il
"spoliation"
-----"Avant 1830, la propriété
privée n'existait pratiquement pas. Après 1830, un million
et demi d'hectares environ passèrent au Service des Domaines :
les terres accaparées depuis des siècles par les occupants
turcs, et des étendues abandonnées. Seules furent confisquées,
selon l'usage de l'époque, des terres de tribus révoltées.
D'autre part, il faut souligner que de nombreux terrains n'étaient
qu'utilisés en usufruit par des tribus, et qu'en 1863 celles -ci
en furent déclarées légalement propriétaires.
Tout l'opposé d'une spoliation ! Pour d'autres superficies, il
y eut des transactions de gré à gré dans des conditions
convenables".
-----Enfin, n'oublions pas que les Arabes
avaient tenté au VIIIèm siècle d'envahir la France
comme ils l'avaient fait en Espagne qu'ils ont occupée du VIIIè
au XVè siècle.
-----L'expédition d'Alger a été
décidée sous la seconde Restauration (monarchie de Charles
X).
-----L'occupation partielle puis totale du
pays, sous les régimes qui ont suivi : monarchie de juillet, IIè
République, second Empire
-----Les Pieds-Noirs, descendants des premières
générations de pionniers, étaient chez eux en Algérie.
Cette terre était aussi la leur ; ils l'avaient faite de leur sueur
et de leur sang. Cette colonie sera d'ailleurs transformée plus
tard en département français.
-----L'armée représentait la
seconde cible des détracteurs. Il fallait à tout prix la
discréditer, d'où l'acharnement, la violence, la partialité
des campagnes, en particulier contre la "question", la torture
(toujours en sens unique), la "sale guerre" qui, de surcroît,
coûtait si cher à la France. Jamais n'étaient glorifiés
ses mérites et son héroïsme, mais systématiquement
stigmatisées les cruautés inhérentes à toute
guerre, plus encore subversive. On oubliait par qui avait été
déchaînée la violence, déniait le droit et
le devoir de légitime défense contre les agresseurs de Musulmans
autant que d'Européens. Car la population indigène était
présentée comme tout entière acquise au EL.N. et
non pas soumise à lui par la terreur, seulement prête à
basculer dans la mesure où la victoire de celui-ci paraîtrait
un jour assurée.
-----Ainsi, alors que l'appartenance française
de l'Algérie était admise par l'immense majorité
des Métropolitains en 1954 et encore en 1958, en arrivera-t-on
au référendum de 1962 plébiscitant son abandon. De
telles propagandes ne confortaient pas seulement la résolution
des adversaires, elles fournissaient les meilleurs arguments dans les
pays étrangers et les instances internationales, particulièrement
l'O.N.U. Les calomnies et mensonges de la presse n'étaient jamais
démentis, malgré les rectifications réclamées
par les témoins locaux. (cf : "Algérie-l'oeuvre française"
de Pierre Goinard).
-----L'événement du 13 mai
1958 et l'appel du Général De Gaulle, le putsch de 1961,
le F.A.F (Front de l'Algérie française) et l'O.A.S. (Organisation
de l'Armée Secrète)
-----Ce qu'ils ont dit Pierre Mendès-France
(1954) : "l'Algérie, c'est la France. On ne transige pas lorsqu'il
s'agit de défendre la paix intérieure de la nation et l'intégrité
de la République".
-----François Mitterrand (1954) :
"Je n'admets pas de négociations avec les ennemis de la Patrie.
L'Algérie, c'est la France".
-----Edgar Faure (1955) : "L'Algérie
restera intégrée à la France".
-----André Morice (1955) : "II
n'y a pas d'autre solution que celle de l'Algérie Française".
-----Michel Debré (1956) : "La
perte de l'Algérie, ce serait la fin des principes fondamentaux
qui font la gloire de la République Française".
-----Maurice Bourgès-Maunoury (1957)
"Envisageons avec confiance l'avenir de cette terre française".
-----René Coty (1957) : "Qu'on
ne compte pas sur la France pour sacrifier, de l'autre côté
de la Méditerranée, une nouvelle AlsaceLorraine".
-----Charles De Gaulle (1958)
- à Bône : "Venez à la France, elle ne vous trahira
pas".
- à Oran : "L'Algérie est organiquement une terre française,
aujourd'hui et pour toujours".
- à Mostaganem : "Vive l'Algérie Française !".
CLAUDE PLAIT
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