Une nouvelle Casbah va être édifiée à Climat-de-France
LES TRAVAUX DE CETTE CITE qui comprendra 4.000 logements
COMMENCERONT AU PRINTEMPS

Pour tous, le problème numéro « un » est l’habitat. De nos jours, il est bien peu de familles où ne se pose avec acuité la crise du logement. Pour la résoudre, deux solutions : construire avec l’aide du Gouvernement général ; payer une « clef ».

Ces deux possibilités restreignent considérablement le champ des postulants. Tout le monde ne perçoit pas un salaire couvrant les charges d’une copropriété ou permettant d’économiser suffisamment pour verser les quelques centaines de mille francs nécessaires à une reprise.

La solution de ce dilemme incombe donc pour une grande part aux Pouvoirs publics.

Construire vite, en quantité, à un prix de revient étudié, est devenu un impératif d’actualité pour les
collectivités.

Il constitue le programme de base de la municipalité. On sait son effort pour lancer une vaste tranche d’habitations à loyers modérés. Un habitat évolutif pour les musulmans

Dans l’ordre des urgences figure aussi l’édification d’une cité musulmane. La nécessité de décongestionner la célèbre Casbah d’Alger n'est plus à démontrer.

L’intérêt de créer par ailleurs un habitat adapté à l’évolution profonde des Français musulmans, notamment ceux résidant dans les grandes villes, est indéniable.

C’est en fonction de ces deux éléments qu’a été conçu le projet d’une nouvelle Casbah au Climat- de-France.

Il faut savoir que dans les bidonvilles. dont l’existence découle d’un phénomène social et que l’on trouve aux portes de toutes les grandes cités mondiales, vit un prolétariat estimé, pour Alger, à quarante mille individus.

La Casbah, aussi « couleur locale » soit-elle, abrite (mal) 65.000 habitants. Elle ne s'étend que sur trente quatre hectares. Et tout ce monde cohabite dans deux mille deux cent cinquante immeubles couvrant vingt hectares.

Cinq cents maisons sont dans un état de vétusté tel, qu'elles constituent un réel danger pour la sécurité publique.

Cet agglomérat d’humains, que l'hygiène et la morale réprouvent, donne une densité à l’hectare de 3.600 personnes !

S’il existe un problème urgent à résoudre c’est donc bien celui-là.

La municipalité Chevallier l’a bien compris et veut s’efforcer de l’améliorer notablement, à défaut de le résoudre Immédiatement.Où construire une nouvelle Casbah ?

Les terrains à bâtir appartenant à la ville sont rares. Au Climat-de-France, derrière les casernes de la Garde républicaine, dominant la cité Legembre, en vue de la boucle Pérez, existe une surface de vingt cinq hectares, propriété communale.

Très accidenté, d’une constitution argileuse, humide, mouvant, ce terrain avait été jusqu'à présent jugé inapte à la construction.

L’air y est pourtant sain. La vue sur Alger magnifique.

Ces vingt-cinq hectares devaient-ils être délaissés ? Après une superficielle étude, le 10 novembre dernier. sous l'Impulsion de l’équipeque constitue le conseil municipal, M. Fernand Pouillon, architecte de la ville, réunissait une conférence de géologues et d’ingénieurs choisis pour leurs parfaites connaissances du problème du glissement des sols du Climat-de-France.
Un programme y était élaboré et un crédit voté pour permettre des travaux de sondages. Ils ont lieu actuellement. Les échantillons recueillis sont soumis à des analyses.

La commission technique désignée, dont le rapport devra être approuvé par Sécuritas, pense communiquer ses conclusions à la fin de cette année.

Mais d’ores et déjà les premiers résultats obtenus et connus sont rassurants. Il est certain que l'on pourra construire au Climat-de-France 4.000 logements

C’est en partant de cette conviction raisonnée qu’un avant-projet a été déposé au Ministère de la reconstruction et de l’urbanisme. Ceci afin d'appuyer la demande de crédits formulée par le député-maire Jacques Chevallier.

Au début de l’année commenceront les travaux de terrassements qui apporteront une amélioration
des sols et une stabilité définitive.

Le volume de terre remuée sera très important. L’aspect de l’éperon actuel sera totalement modifié. Il est question de décaper le mamelon et de reporter les terres dans le ravin voisin.

Au printemps, vraisemblablement, débutera l’œuvre de construction.

Elle portera sur une première tranche de 2.000 logements.

Quatre mille appartements sont au total prévus au Climat-de-France. Le coût d’exécution de l'ensemble approchera les trois milliards.