CIRQUE(S)

Le cirque Amar à Alger - 1930
Programme et article

Depuis son installation au Champ de Manoeuvres ce vaste établissement ne désemplit pas et l'engouement du public est tel que presque à chaque reprhentation .la direction se voit obligée de refuser du monde.

Les attractions sont. toujours variées et font apprécier la valeur des brillants artistes qui- composent la troupe et se produisent dans des numéros d'acrobatie de la plus grande hardiesse. On ne cesse d'admirer également les jolis sketchs et les ravissants ballets présentés par de nombreuses et charmantes girls qui évoluent avec grâce, tandis, qu'on rit follement aux drôleries débitées et, aux facéties des joyeux clowns Manetti et du nain Goliath. La présentation de superbes chevaux et autres animaux travaillant docilement sous ' direction de leurs professeurs complètent heureusement cette première partie du prcgrarnme.

Et l'attrait de ce formidable spectacle est corsé par l'apparition des deux éléphants, véritables mastodontes qui se plient facilement à toutes les fantaisies de leur dompteur. M. Amar aine, avec une audace et un sang froid sans pareils et sans le concours d'aucun fouet ou d'aucune pique, se retrouve ensuite dans la cage centrale au milieu de superbes mais dangereux tigres qu'il oblige, sous les yeux des spectateurs haletants, à exécuter divers exercices sur de simples gestes. Ce beau numéro a peine terminé, ce sont alors les deux autres frères Amar, cadet et junior qui entrent chacun à leur tour dans la cage et se jouent avec une témérité inouïe des féroces fauvres, lions, lionnes, panthères, ours blancs qu'ils font travailler à la cravache, sans souci du grave danger qui les menace à tout instant.

Aussi le public applaudit-il à. tout rompre lorsque ces trois intrépides dompteurs terminent leurs périlleuses exhibitions.



Echo d'Alger des 3 et 14-4-1930 - Transmis par Francis Rambert
mise sur site: sept. 2014...+ février 2018

2- Le cirque Amar à Alger - mars et avril 1930
Afrique illustrée des 8 et 29-3-1930, des 5 et 19-4-1930 -
Transmis par Francis Rambert

Le Cirque Amar

C'est sans doute un très beau cirque et des mieux cotés de ceux qu'on peut voir en France ; c'est assurément le plus beau qu'il nous ait été donné de voir en Algérie, où les difficultés des transports et d'une traversée maritime raréfient nos plaisirs.

Du Cirque Amar, qui est une manière de monde en réduction, avec son appareillage considérable, ses artistes, ses fauves, sa cavalerie, son personnel de serveurs, nous ne louerons ni l'organisation difficile, compliquée tenue à merveille, et n'en parlerons que du seul point de vue du spectateur à la fois surpris, charmé et ravi des visions qu'on lui offre et des réalisations de puissance de beauté et d'art qu'on l'appelle à contempler.

Une chose avant tout nous paraît digne d'être signalée : ce cirque, dont l'importance apparaîtra quand on saura que ses déplacements exigent deux trains et où les responsabilités morales ne sont par moindres que les difficultés de gestion matérielle, est dirigé par les quatre frères Amar qui sont comme nous des enfants du bled, des algériens fils d'un indigène de Bordj-bou-Arréridj et d'une française. Dans ce détail qui fait plaisir, il faut voir une preuve de plus apportée sur la possibilité du monde musulman qu'on s'est trop souvent complu à dire inerte et figé et dont les fils, quand l'occasion se présente, savent être des organisateurs, des créateurs, des chefs d'entreprise et d'industrie. Les quatre frères Amar sont aussi des artistes, compliment qui ne gâte rien.

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programme du cirque amar,1930

Le cirque Amar à Alger - mars et avril 1930

Un cirque géant en Algérie

Le grand Cirque-Ménagerie des 4 Frères Amar, dont nous avons annoncé en décembre le débarquement à Tunis, vient d'entrer en Algérie. Il donne actuellement ses représentations à Constantine, où il remporte un succès sans précédent.

La presse européenne a adressé aux frères Amar les éloges les plus chaleureux. Leur cirque est à la fois la chose la plus intéressante et la plus amusante. Il faut avoir assisté à l'une des représentations pour avoir une idée de ce genre de spectacle.

Certes, nous avons reçu en Algérie des cirques, mais il n'avait pas l'importance de celui dont nous entretenons aujourd'hui nos lecteurs.

Les populations algériennes qui ont déjà eu le plaisir de pouvoir applaudir ses artistes et admirer les nombreuses attractions qu'il comporte, ne tarissent pas d'éloges sur l'organisation et les programmes donnés par les frères Amar.

C'est le plus vaste établissement du genre et il fallait les Fêtes du Centenaire pour l'amener en Afrique du Nord. Il se dirige par étapes sur Alger, où il doit arriver au commencement d'avril.

La Colonie se doit d'encourager ces grands cirques qui sont nombreux en France, car s'ils nous apportent une distraction nouvelle et saine, ils constituent aussi un grand moyen de propagande nationale.

Le succès remporté en Tunisie par les Frères Amar notamment auprès des populations indigènes en est un sûr garant.

Le Cirque Amar devant visiter toute l'Afrique du Nord y compris le Maroc, une conversation que nous avons eue avec ses directeurs, nous laisse craindre qu'en raison de difficultés de différents ordres, il retourne en France. Les taxes qui grèvent ce spectacle plus élevées ici que dans la Métropole ne laissent pas une marge suffisante à cette exploitation déjà si handicapée par les grandes distances qui séparent nos villes et le coût des transports qui s'en suit,
Ce serait grand dommage et nous ne serions pas les seuls à le regretter.



Le cirque Amar à Alger - mars et avril 1930

Le cirque Amar à Alger - mars et avril 1930
Les débuts du cirque Amar à Alger

Si loin que l'on remonte dans les annales du spectacle à Alger, on ne trouve pas le souvenir de l'immense foule qui se pressait mercredi dans l'enceinte du cirque Amar.
Près de cinq mille spectateurs ont fait à la belle troupe de cet établissement un accueil chaleureux, sincère et d'ailleurs amplement justifié par la qualité du programme et son exécution alerte et brillante.

Ce programme si riche et varié mériterait plus longue analyse que ce " court papier " d'après première, mais comment rendre hommage à tous les artistes, sinon en passant brièvement sur chaque numéro pour en dire l'essentiel ?

Dans l'ensemble, le spectacle se distingue par une parfaite homogénéité, la même volonté de tous de participer pour ainsi dire à une attraction unique, mais bigarrée.
Dans le détail, chaque numéro se révèle de la meilleure classe.

En particulier, l'exhibition des tigres fit sensation par la sobriété des gestes du dompteur, l'étonnante compréhension des bêtes. Il ne s'agit plus là d'un grand tapage fait autour d'animaux affolés, mais de fluide personnel de M. Amar aîné, qui fait évoluer et agir ses tigres splendides avec le minimum d'effort apparents.

Même réflexion pour les lions dont le répertoire de piste est intéressant, en particulier le numéro en cours d'essai d'une lionne écuyère.

Les ours remportent également un succès très grand. Leur numéro est attrayant et bien réglé.
Les éléphants Baby et Jenny ont fait fureur. Ces bêtes magnifiques exécutent avec une solennité ironique et charmante, on voudrait dire aussi sans lourdeur, des tours difficiles et pénibles.

En un mot, la ménagerie des frères Amar est d'une grande variété si l'on ajoute que chiens, singes, mules, poneys et oies dressés dès le début du programme soulèvent l'amusement général.

La cavalerie aussi mérite des éloges particuliers. Elle est splendide. Les chevaux tigrés, présentés par Mlle Lamberthis, les anglo-arabes, par M. Gauthier font des exercices brillants et très applaudis.

Quant aux cosaques de M. Iatchenkoff, ils sont bien les plus forts écuyers du monde. Leurs acrobaties dépassent les audaces communes. Leur haute école est incomparable et soulève un juste enthousiasme.

Le pur-sang " Rêve-d'Or ", présenté par M. Gauthier est fin et d'une souplesse presque féline. M. Nicolaï réussit un numéro émouvant en passant sous l'encolure et le ventre de son cheval en plein galop.

Et les clowns direz vous ? M'y voici enfin Shakespeare disait : " t'is meat and drinck to me to see a clown ". Aujourd'hui encore les bons clowns sont une " belle nourriture " pour le spectateur.

Manetti, Charley et Pastor, du Cirque de Paris, avec leur blague parlée, leur blague d'accessoires, leurs pirouettes, leur musique fantaisiste, sont parfaits. Ils rafraîchissent les effets traditionnels de la piste et déchaînent le sain, l'excellent rire

La scène de Cour d'assises est inénarrable. C'est dire qu'il faut la voir. J'ai même idée que la revoir ne lasserait pas...

Et il faudrait encore dire tant de choses.

Le cirque Amar à Alger - mars et avril 1930
Le Cirque Amar

C'est sans doute un très beau cirque et des mieux cotés de ceux qu'on peut voir en France ; c'est assurément le plus beau qu'il nous ait été donné de voir en Algérie, où les difficultés des transports et d'une traversée maritime raréfient nos plaisirs.

Du Cirque Amar, qui est une manière de monde en réduction, avec son appareillage considérable, ses artistes, ses fauves, sa cavalerie, son personnel de serveurs, nous ne louerons ni l'organisation difficile, compliquée tenue à merveille, et n'en parlerons que du seul point de vue du spectateur à la fois surpris, charmé et ravi des visions qu'on lui offre et des réalisations de puissance de beauté et d'art qu'on l'appelle à contempler.

Une chose avant tout nous paraît digne d'être signalée : ce cirque, dont l'importance apparaîtra quand on saura que ses déplacements exigent deux trains et où les responsabilités morales ne sont par moindres que les difficultés de gestion matérielle, est dirigé par les quatre frères Amar qui sont comme nous des enfants du bled, des algériens fils d'un indigène de Bordj-bou-Arréridj et d'une française. Dans ce détail qui fait plaisir, il faut voir une preuve de plus apportée sur la possibilité du monde musulman qu'on s'est trop souvent complu à dire inerte et figé et dont les fils, quand l'occasion se présente, savent être des organisateurs, des créateurs, des chefs d'entreprise et d'industrie. Les quatre frères Amar sont aussi des artistes, compliment qui ne gâte rien.

Le spectateur qui rentre dans leur établissement en a pour son argent et même bien au delà. C'est consciencieux, abondant, copieux. Exercices d'équitation, comme dans tous les cirques, beaux chevaux, belles écuyères, voltige étincelante, palpitantes acrobaties des gymnasiarques de la force et de la souplesse avec l'intermède inénarrable sur les deux pistes des clowns et des pitres, des Auguste et des Paillasse. Selon les engagements, des numéros sensationnels de haute valeur : cette fois-ci des cosaques, magnifiques cavaliers, exerçant la plus périlleuse équitation et des danses de caractère qui exigent un nerf, une souplesse et une détente incroyables, puis une série de poses plastiques véritablement artistiques, des athlètes femmes, des girls, nouveauté dans un cirque, dans une émouvante figuration du Premier Empire, ce qui ne les empêche nullement de valoir, comme c'est chez elles la mode, par leurs lignes et leur beauté, puis enfin le clou de la fête : les fauves et les numéros de dressage.

Les animaux sont vraiment splendides et en belle forme, vivants, sournois et féroces comme il convient sans avoir été amortis à la morphine. Trois ours blancs et un ours brun, dressés à merveille, qui glissent au toboggan et montent au manège, une lionne qui fait de l'équitation, deux monstrueux éléphants d'Afrique, c'est-à-dire les plus farouches et les plus difficiles à domestiquer, qui se livrent à mille exercices, se couchent, s'agenouillent, passent l'un sous l'autre et enjambent leur cornac avec une agilité et une docilité qui stupéfient, puis enfin les deux scènes les plus impressionnantes : quatre tigres royaux de toute beauté, énormes rois de la jungle et redoutables monstres travaillant en douceur, obéissant au doigts et à la voix de leur dompteur Mohamed Amar, se rangeant sur des socles comme des bêtes hiératiques, montant à l'échelle, tirant le pistolet, se couchant et se relevant à l'ordre et sur un signe. Résultat qui étonne, spectacle dont tous palpitent quand on connaît la férocité et la traîtrise de ces chats gigantesques qu'on se contente le plus souvent d'exhiber tellement on les tient pour dangereux et réfractaires à tout dressage. Et pour terminer les lions, cinq bêtes splendides, musculeuses, d'une puissance formidable et dont le dompteur, Shérif Amar, son second et leurs aides obtiennent tout ce qu'ils veulent : le rangement régulier, des sauts, des figures et des ensembles.
Bêtes d'une férocité sans égale, desquelles il faut toujours se métier et que l'artiste a toujours soin de tenir en respect devant lui sans jamais se laisser tourner. Jeux dangereux, jeux splendides sur lequel on veille attentivement pour intervenir au cas d'un accident toujours possible.

Bêtes splendides, gens admirables, art et courage, force et beauté, voilà ce qu'est le cirque Amar, l'impression qu'on en conserve et les mots le résumant dont il pourrait faire sa légitime et véridique devise...