-----En Tunisie, l'agitation séditieuse
qui sévit contre la présence française depuis 1946
se transforme après 1952 en campagne d'attentats.
-----L'indépendance du pays est finalement
accordée le 20 mars 1956. En juillet 1961, des émeutes ont
lieu à Bizerte où la France a gardé une base qu'elle
évacuera en 1963.
-----Au Maroc, où les relations entre
le sultan et les résidents
français successifs sont le plus souvent houleuses, des émeutes
éclatent les 17-18 décembre 1952 à Casablanca.Mohammed
V est destitué. En 1954, les nationalistes multiplient les actions
et les sabotages. En 1955, après de nombreuses manifestations,
l'insurrection se déchaîne, des combats se
déroulent dans le Rif et l'Atlas, 106 000 soldats français
rétablissent l'ordre . Mais mohammed V revient d'exil et
l'indépendance est accordée le 2 mars 1956 ; quelques semaines
plus tard, l'Espagne met fin à son protectorat. En
Algérie, dans le Constantinois, une révolte éclate
le 8 mai 1945 : des manifestants nationalistes arborent le drapeau vert
et blanc, le massacre d'une centaine d'européens entraîne
une sévère répression.
-----De 1946 à 1953, les exemples
tunisien et marocain attisent d'un côté le nationalisme algérien,
de l'autre des colons opposés aux réformes. Le 1°, novembre
1954, les attentats de la "Toussaint Rouge" marquent le début
de l'insurrection, une cruelle guérilla à laquelle répliquent
de dures réactions militaires.
-----En 1957, 415 000 soldats français
sont déployés sur le sol algérien. Les fellaghas
subissent de sévères défaites. A la fin de 1958,
deux barrages frontaliers isolant l'Algérie de deux pays voisins
tentent de stopper le passage des rebelles et des armes. La situation
s'exacerbe : terrorisme, contre-terrorisme, contacts secrets, séditions,
menées diplomatiques, marquent le début des années
Soixante. Malgré des victoires tactiques sur le terrain où
combattent légionnaires, parachutistes, appelés du contingent,
le cessez-le-feu général devient effectif le 19 mars 1962.
Le 4 juillet suivant, l'Algérie est indépendante. L'armée
quitte ses quartiers, à l'exception de quelques bases importantes
(Mers-el-Kebir sera évacuée en février 1968). La
quasi totalité des Français d'Algérie est rapatriée,
mais la tragédie des harkis va se jouer. L'armée française
compte près de 24 700 morts qui sont, dans leur immense majorité,
inhumés en France.
LES CIMETIÈRES MILITAIRES
:
L'ALGÉRIE
-----Jusqu'à l'indépendance,
les sépultures militaires françaises étaient entretenues
par le Souvenir Français. Devant l'impossibilité, pour cette
association, de poursuivre sa tâche à la suite de la signature
des accords d'Evian de mars 1962, il fut décidé, lors d'une
conférence qui se tint le 16 août 1962 au ministère
des anciens combattants, que l'Etat assurerait désormais la garde
des tombes et leur entretien. A cette fin, le ministère lança
en 1963 le recensement des tombes militaires d'Algérie. Furent
ainsi repérées : 6 099 sépultures que l'absence de
présence française dans les secteurs considérés
incitait à regrouper dans un cimetière national, et 5 072
sépultures situées dans des localités, sièges
consulats de France, dont le regroupement s'avérait donc moins
urgent. Le recensement ne prit toutefois en compte ni les tombes musulmanes,
ni celles des militaires inhumés dans des caveaux de famille.
-----Le 9 mars 1966, M. Sainteny, ministre
d Anciens Combattants, retint le cimetière du Petit Lac, à
Oran, comme lieu unique de regroupement de tombes. L'opération
avait débuté en 1965, concernant 3 264 corps. La 2è
phase s'acheva en 1966 av 2 978 corps supplémentaires. Chaque identifié
reçut une tombe individuelle ; les inconnus furent déposés
en ossuaire. La 3è phase, qui dura jusqu'en 1968, porta sur 4 500
corps.
-----Une mission française de 23 membres
se chargea de l'exécution de ces opérations successives
procédant à 100 exhumations en moyenne par jour. Le travail
fut immense, les kilomètres à parcourir innombrables.
-----L'ambassade de France estima que, pour
des raisons d'ordre politique, il fallait maintenir quelques cimetières
ou carrés militaires à Alger, Sidi Ferruch (dit " cimetière
de la conquête"), Sidi-Bel-Abbès ("cimetière
de la Légion) Coctstantine (780 tombes cimetière de garnison),
Mers-el-Kébir (cimetière marin de 263 tombes + ossuaire).
Les cimetières d'Alger sont d'El Alia du boulevard Bru, de Saint-
Eugène, d'Hussein-Dey.
-----A El Alia repose en son tombeau l'émir
Abd-el-Kader : à Mers-el-Kébir est inhumé l'amiral
Darlan. Afin d'accueillir plus
10 000 corps, le cimetière du Petit-Lac fut complètement
remanié par l'architecte Acérés, les croix de bois
remplacées par d'autres en ciment scellées sur des longrines
en béton. Les travaux en tout 13 100 corps en ossuaire, 3 690 corps
en sépultures individuelles (14-18, 39-45). En 1971, onze columbariums
furent construits pour recueillir des milliers de civils exhumés
de 83 cimetières éloignés de toute agglomération,
en péril d'abandon certain.
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LA TUNISIE
-----Le cimetière militaire de Gammarth,
propriété de l'Etat français entretenue par le Service
des Anciens Combattants de Tunis, fut créé le 5 janvier
1944. Sur 7 ha, il comprend, après les regroupements de corps effectués
en 1966-68, 1 871 corps en tombes individuelles, 1 098 en columbarium,
1220 inconnus en ossuaire. S'y ajoutent la tombe du Soldat Inconnu de
la campagne de Tunisie, le mémorial et l'ossuaire de l'équipage
du sous-marin Morse coulé le 17 juin 1940, ainsi que des monuments
commémoratifs ramenés de diverses localités tunisiennes
depuis l'indépendance. Lors des regroupements, Gammarth a reçu
les restes mortels exhumés de Sousse, Gabès, Djerba, Bab-el-Khadra,
Mardia,
Tataouine, Medenine, Gafsa, Le Kef, El Assel, Yahia, etc...
-----Dans le cimetière des F.F.L.à
Takrouna 2,14 hectares), créé en 1949, sont regroupés
299 tombes dont 34 sont musulmanes de la 1è D.F.L.
-----Les cimetières de Tarf-ech-Chena,
Pichon, Haffouz, constitués de tombes de soldats musulmans ( R.TA.,
R.T.T., Tabors, etc) tombés en 1942-43, ont été restitués
au gouvernement tunisien.
LE MAROC
-----En 1957, il existait 328 cimetières
militaires soit 27 517 tombes où reposaient soldats métropolitains,
noirs, nord-africains de diverses confessions, aux sépultures ornées
des emblèmes religieux adéquats (croix latines, stèles
animistes ou libre-penseur, stèles musulmanes). De 1960 à
1969 se déroula une vaste opération de regroupement, demeurée
inachevée, qui concerna 10 009 tombes.
-----Le cimetière de Ben M'Sick à
Casablanca, qui a par ailleurs recueilli des corps d'Alliés britanniques
ou Américains, est la plus importante nécropole française
au Maroc ; un grand columbarium y fut inauguré en 1963. Un monument,
commémorant le débarquement de novembre 1942, y a été
élevé, suivi, en 1953, d'une stèle dédiée
à la Déportation.
-----Les autres cimetières importants
sont ceux de Rabat, Fès, Agadir, Meknès, Marrakech, Kenitra.
Ceux d'Agadir et de Kénitra n'ont respectivement que 330 et 147
tombes musulmanes. Ces cimetières sont faits des carrés
militaires situés dans l'enceinte de cimetières dits "européens".
-----Des cérémonies (11 novembre
1918, 8 mai 1945) y sont célébrées, auxquelles participe
"la Koumia", association d'anciens combattants musulmans.
-----Au total, ce sont 14 957 corps qui,
sur une superficie de 4 ha, reposent dans ces 7 cimetières qui
sont sous la garde du service français des anciens combattants
et victimes de guerre de Casablanca.
-----En 1977, un soldat inconnu français,
symbolisant les combattants tués en Afrique du Nord, est exhumé
du cimetière militaire du Petit Lac, à Oran, pour être
réinhumé, en présence du Président de la République,
V Giscard d'Estaing, dans la crypte de la tourlanterne de la nécropole
nationale de Notre-Dame-de-Lorette (Pas-de Calais). Cette nécropole
de 25 ha est le plus grand cimetière militaire français
: 40 057 corps de Morts pour la France des deux guerres mondiales y reposent
en tombes individuelles et en sept ossuaires.
Documentation
Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre
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