sur site le 16-3-2003
-ARMEE D'AFRIQUE
Nos cimetières militaires face aux indépendances
pnha, n°84, nov 1997
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-----En Tunisie, l'agitation séditieuse qui sévit contre la présence française depuis 1946 se transforme après 1952 en campagne d'attentats.
-----L'indépendance du pays est finalement accordée le 20 mars 1956. En juillet 1961, des émeutes ont lieu à Bizerte où la France a gardé une base qu'elle évacuera en 1963.
-----Au Maroc, où les relations entre le sultan et les résidents
français successifs sont le plus souvent houleuses, des émeutes éclatent les 17-18 décembre 1952 à Casablanca.Mohammed V est destitué. En 1954, les nationalistes multiplient les actions et les sabotages. En 1955, après de nombreuses manifestations, l'insurrection se déchaîne, des combats se
déroulent dans le Rif et l'Atlas, 106 000 soldats français rétablissent l'ordre . Mais mohammed V revient d'exil et
l'indépendance est accordée le 2 mars 1956 ; quelques semaines plus tard, l'Espagne met fin à son protectorat. En
Algérie, dans le Constantinois, une révolte éclate le 8 mai 1945 : des manifestants nationalistes arborent le drapeau vert et blanc, le massacre d'une centaine d'européens entraîne une sévère répression.
-----De 1946 à 1953, les exemples tunisien et marocain attisent d'un côté le nationalisme algérien, de l'autre des colons opposés aux réformes. Le 1°, novembre 1954, les attentats de la "Toussaint Rouge" marquent le début de l'insurrection, une cruelle guérilla à laquelle répliquent de dures réactions militaires.
-----En 1957, 415 000 soldats français sont déployés sur le sol algérien. Les fellaghas subissent de sévères défaites. A la fin de 1958, deux barrages frontaliers isolant l'Algérie de deux pays voisins tentent de stopper le passage des rebelles et des armes. La situation s'exacerbe : terrorisme, contre-terrorisme, contacts secrets, séditions, menées diplomatiques, marquent le début des années Soixante. Malgré des victoires tactiques sur le terrain où combattent légionnaires, parachutistes, appelés du contingent, le cessez-le-feu général devient effectif le 19 mars 1962. Le 4 juillet suivant, l'Algérie est indépendante. L'armée quitte ses quartiers, à l'exception de quelques bases importantes (Mers-el-Kebir sera évacuée en février 1968). La quasi totalité des Français d'Algérie est rapatriée, mais la tragédie des harkis va se jouer. L'armée française compte près de 24 700 morts qui sont, dans leur immense majorité, inhumés en France.

LES CIMETIÈRES MILITAIRES :
L'ALGÉRIE

-----Jusqu'à l'indépendance, les sépultures militaires françaises étaient entretenues par le Souvenir Français. Devant l'impossibilité, pour cette association, de poursuivre sa tâche à la suite de la signature des accords d'Evian de mars 1962, il fut décidé, lors d'une conférence qui se tint le 16 août 1962 au ministère des anciens combattants, que l'Etat assurerait désormais la garde des tombes et leur entretien. A cette fin, le ministère lança en 1963 le recensement des tombes militaires d'Algérie. Furent ainsi repérées : 6 099 sépultures que l'absence de présence française dans les secteurs considérés incitait à regrouper dans un cimetière national, et 5 072 sépultures situées dans des localités, sièges consulats de France, dont le regroupement s'avérait donc moins urgent. Le recensement ne prit toutefois en compte ni les tombes musulmanes, ni celles des militaires inhumés dans des caveaux de famille.
-----Le 9 mars 1966, M. Sainteny, ministre d Anciens Combattants, retint le cimetière du Petit Lac, à Oran, comme lieu unique de regroupement de tombes. L'opération avait débuté en 1965, concernant 3 264 corps. La 2è phase s'acheva en 1966 av 2 978 corps supplémentaires. Chaque identifié reçut une tombe individuelle ; les inconnus furent déposés en ossuaire. La 3è phase, qui dura jusqu'en 1968, porta sur 4 500 corps.
-----Une mission française de 23 membres se chargea de l'exécution de ces opérations successives procédant à 100 exhumations en moyenne par jour. Le travail fut immense, les kilomètres à parcourir innombrables.
-----L'ambassade de France estima que, pour des raisons d'ordre politique, il fallait maintenir quelques cimetières ou carrés militaires à Alger, Sidi Ferruch (dit " cimetière
de la conquête"), Sidi-Bel-Abbès ("cimetière de la Légion) Coctstantine (780 tombes cimetière de garnison), Mers-el-Kébir (cimetière marin de 263 tombes + ossuaire). Les cimetières d'Alger sont d'El Alia du boulevard Bru, de Saint- Eugène, d'Hussein-Dey.
-----A El Alia repose en son tombeau l'émir Abd-el-Kader : à Mers-el-Kébir est inhumé l'amiral Darlan. Afin d'accueillir plus
10 000 corps, le cimetière du Petit-Lac fut complètement remanié par l'architecte Acérés, les croix de bois remplacées par d'autres en ciment scellées sur des longrines en béton. Les travaux en tout 13 100 corps en ossuaire, 3 690 corps en sépultures individuelles (14-18, 39-45). En 1971, onze columbariums furent construits pour recueillir des milliers de civils exhumés de 83 cimetières éloignés de toute agglomération, en péril d'abandon certain.

 

LA TUNISIE

-----Le cimetière militaire de Gammarth, propriété de l'Etat français entretenue par le Service des Anciens Combattants de Tunis, fut créé le 5 janvier 1944. Sur 7 ha, il comprend, après les regroupements de corps effectués en 1966-68, 1 871 corps en tombes individuelles, 1 098 en columbarium, 1220 inconnus en ossuaire. S'y ajoutent la tombe du Soldat Inconnu de la campagne de Tunisie, le mémorial et l'ossuaire de l'équipage du sous-marin Morse coulé le 17 juin 1940, ainsi que des monuments commémoratifs ramenés de diverses localités tunisiennes depuis l'indépendance. Lors des regroupements, Gammarth a reçu les restes mortels exhumés de Sousse, Gabès, Djerba, Bab-el-Khadra, Mardia,
Tataouine, Medenine, Gafsa, Le Kef, El Assel, Yahia, etc...
-----Dans le cimetière des F.F.L.à Takrouna 2,14 hectares), créé en 1949, sont regroupés 299 tombes dont 34 sont musulmanes de la 1è D.F.L.
-----Les cimetières de Tarf-ech-Chena, Pichon, Haffouz, constitués de tombes de soldats musulmans ( R.TA., R.T.T., Tabors, etc) tombés en 1942-43, ont été restitués au gouvernement tunisien.

LE MAROC

-----En 1957, il existait 328 cimetières militaires soit 27 517 tombes où reposaient soldats métropolitains, noirs, nord-africains de diverses confessions, aux sépultures ornées des emblèmes religieux adéquats (croix latines, stèles animistes ou libre-penseur, stèles musulmanes). De 1960 à 1969 se déroula une vaste opération de regroupement, demeurée inachevée, qui concerna 10 009 tombes.
-----Le cimetière de Ben M'Sick à Casablanca, qui a par ailleurs recueilli des corps d'Alliés britanniques ou Américains, est la plus importante nécropole française au Maroc ; un grand columbarium y fut inauguré en 1963. Un monument, commémorant le débarquement de novembre 1942, y a été élevé, suivi, en 1953, d'une stèle dédiée à la Déportation.
-----Les autres cimetières importants sont ceux de Rabat, Fès, Agadir, Meknès, Marrakech, Kenitra. Ceux d'Agadir et de Kénitra n'ont respectivement que 330 et 147 tombes musulmanes. Ces cimetières sont faits des carrés militaires situés dans l'enceinte de cimetières dits "européens".
-----Des cérémonies (11 novembre 1918, 8 mai 1945) y sont célébrées, auxquelles participe "la Koumia", association d'anciens combattants musulmans.
-----Au total, ce sont 14 957 corps qui, sur une superficie de 4 ha, reposent dans ces 7 cimetières qui sont sous la garde du service français des anciens combattants et victimes de guerre de Casablanca.
-----En 1977, un soldat inconnu français, symbolisant les combattants tués en Afrique du Nord, est exhumé du cimetière militaire du Petit Lac, à Oran, pour être réinhumé, en présence du Président de la République, V Giscard d'Estaing, dans la crypte de la tourlanterne de la nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette (Pas-de Calais). Cette nécropole de 25 ha est le plus grand cimetière militaire français : 40 057 corps de Morts pour la France des deux guerres mondiales y reposent en tombes individuelles et en sept ossuaires.

Documentation
Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre