*** La qualité médiocre
des photos de cette page est celle de la revue. Nous sommes ici en 1928.
Amélioration notable plus tard, dans les revues à venir.
" Algeria " en particulier.
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TEXTE COMPLET SOUS L'IMAGE.
La Mutualité maritime en Algérie
Inauguration de la "Sardino-Coop" de Chiffalo par M. le Gouverneur
Général
L'on dit communément
- d'aucuns même n'ont pas hésité à l'écrire
que les Populations Maritimes - celles de l'Algérie, plus particulièrement,
sont absolument réfractaires à toute Idée de Progrès
-, dans l'ordre économique, de coopération et de mutualité
- et qu'il n'y a absolument aucun effort à faire, en ce sens,
en dépit des dispositions bienveillantes de la législation
sur la matière (lois des 23 avril 1906, 4 décembre 1913,
30 mars 1925 et enfin, tout récemment, du 28 mars dernier, toutes
applicables, en Algérie).
Nous avons déjà eu l'occasion - l'an passé - lors
du " Congrès Nationale des Pêches Maritimes "
- à Alger, même, de préciser combien de telles affirmations
étaient, pour le moins exagérées. Ceux là,
en effet, qui les connaissent bien, savent à quel point l'impossible
est possible chez les pêcheurs - dont l'esprit - à l'image
de la mer - est essentiellement changeant et facilement changeable !
J'indiquais, à cette occasion - comment l'uvre éducatrice
et surtout sociale de l'école et des uvres Postscolaires
était susceptible de modifier profondément cet état
d'âme et d'y produire d'heureux changements.
Et, voici qu'à la suite d'une période relativement courte
d'hésitation - grâce aux heureuses influences morales auxquelles
nous sommes heureux, en passant, de rendre hommage, se rendant compte
des avantages - tant de la modernisation des engins que des progrès
économiques que le groupement étaient susceptibles d'apporter
à leur industrie - ces " arriérés " comme
on se plaît - parfois - à les qualifier - ont installé
des " moteurs marins " sur leurs barques - leur permettant,
ainsi, des captures plus considérables et, par un retour plus
rapide au port, un envoi plus accéléré sur les
marchés.
Mais, les constructions - plus simplement les transformations de l'outillage
- l'achat des agrès, etc. nécessitent la disposition de
capitaux de plus en plus importants et c'est ainsi - naturellement -
pourrais-je dire - que la nécessité d'un institution de
" Crédit maritime " seule susceptible de leur procurer
les ressources nécessaires - avec un minimum de formalités
et d'écritures - a pris corps.
En outre, d'ailleurs, des prêts individuels, à long et
à court termes une institution de ce genre devait permettre également
des prêts collectifs à des " syndicats ", des
" coopératives ", tous groupements de nature à
rendre à leurs adhérents des services importants, soit
pour les achats en commun de filets, cordages, flotteurs, etc., ou l'écoulement
des produits de la pêche.
Aussi, en 1927, au Xème Congrès des Pêches Maritimes,
la question du crédit maritime fut-elle plus particulièrement
à l'ordre du jour.
M. Laffont, le distingué délégué financier,
plus particulièrement qualifié, de par sa connaissance
approfondie des populations de la cote, précisait nettement,
après avoir affirmé la nécessité de cette
organisation, que " il y avait lieu, eu égard à l'autonomie
financière de l'Algérie, non pas de transférer,
ici, l'organisme complexe de la Métropole, mais qu'il convenait
d'aider l'essor des futures " coopératives maritimes "
en s'inspirant des organisations florissantes des coopératives
et crédit agricole, si prospères dans la colonie (tabacoop,
tomatocoop, etc.), en instituant par exemple auprès de banques
populaires, des sections spéciales qui se chargeraient des opérations
financières, notamment de l'escompte des effets émis par
elles, ainsi que du service des prêts à courte et à
longue échéance consentis à leurs adhérents.
"
Il estimait qu'une somme de un million, à prélever sur
les redevances de la Banque de l'Algérie, pourrait être
utilement affectée à titre d'avance remboursable à
cette organisation et, en outre, à l'instar de la Métropole,
un prélèvement important sur le produit des jeux.
La question, rapportée par ses propres soins, aux Délégations,
à leur session de juin 1927, était adoptée à
l'unanimité, et un premier crédit de 150.000 francs, votés,
surtout en vue de manifester le désir des Assemblées financières
d'étendre aux populations maritimes les bienfaits des institutions
coopératives et mutualistes qui ont si bien réussi aux
agriculteurs.
Dès son entrée en fonctions, M. Pierre Bordes, gouverneur
général se préoccupait, de son côté,
de réaliser le vu des Délégations, nous témoignait
tout particulièrement sa sollicitude pour les futures "
sardino-coop ", suivant son expression imagée.
Et, voici que, grâce au concours précieux d'hommes dévoués
et spécialisés, notamment M. L. Boyer-Banse, chef du Service
de la Mutualité au Gouvernement général, et de
quelques bonnes volontés, une première expérience
d'organisation mutuelle maritime est maintenant un fait acquis.
Le Dock Coopératif de Chiffalo, dont les plans sont dus à
MM. Barbazan et Renoux, architectes de la commune de Téfeschoun
et qui a été construit par M. Donada, entrepreneur à
Blida, a été inauguré, dimanche, 3 courant, à
16 heures, par M. le Gouverneur général.
La Société coopérative des pêcheurs de Chiffalo
a pour objet, aux termes mêmes des statuts, l'achat de tout le
matériel nécessaire à l'industrie de la pêche,
la transformation et la vente des produits.
En vue de compléter cette organisation et de la consolider, les
sociétaires se sont organisés sur les bases du "
Crédit mutuel ", afin d'obtenir des avances pour l'achat
du matériel nécessaire et l'aménagement d'un local
spécial destiné à servir d'entrepôt aux marchandises
préparées jusqu'au jour de leur vente.
D'origine sicilienne, ainsi qu'on le sait, les pêcheurs de ce
centre jadis pauvres, mais travailleurs, ont prospéré.
Devenus, aujourd'hui, Français de cur, ils sont également
devenus de parfaits " Mutualistes ".
Le Groupement mutualiste maritime de Chiffalo, ainsi réalisé,
n'est, espérons le, qu'un premier pas dans l'évolution
économique des industries de la pêche que nous n'avons
cessé de préconiser ; car il est le seul capable en intensifiant
la production de nos richesses ichtyophagiques, de lutter contre la
vie chère.