Cherchell : ancienne Césarée sur la côte turquoise
Le musée de Cherchell
CHEFS-D'ŒUVRE ANTIQUES
L'APOLLON DE CHERCHELL

L'Afrique illustrée du 25-12-1920 - Transmis par Francis Rambert

CHEFS-D'ŒUVRE ANTIQUES
L'APOLLON DE CHERCHELL

La campagne menée par M. Louis Bertrand, dans la presse parisienne, en faveur de nos musées et de nos grandes ruines antiques rappelle les luttes, souvent héroï-comiques, déroulées autour des marbres ou des bronzes célèbres découverts en terre africaine.

Parmi ceux-ci, l'Apollon de Cherchell demeure à jamais mémorable.

On sait que, sur la demande instante du Gouverneur général, le Ministre des Beaux-Arts avait fait don, en 1912, à la ville de Cherchell, de la magnifique statue.
Ce que l'on connaît moins, ou que l'on a quelque peu oublié aujourd'hui, c'est le procès retentissant engagé entre l'État et, le colon - bien revenu sans doute de l'archéologie - qui, en fouillant son champ, avait découvert, la statue et s'en croyait le possesseur et maître.

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sur site : avril 2021

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** La qualité des photos de cette page est celle de la revue. On est en 1920. Amélioration notable plus tard.

NOS CHEFS-D'ŒUVRE ANTIQUES
L'APOLLON DE CHERCHELL

La campagne menée par M. Louis Bertrand, dans la presse parisienne, en faveur de nos musées et de nos grandes ruines antiques rappelle les luttes, souvent héroï-comiques, déroulées autour des marbres ou des bronzes célèbres découverts en terre africaine.

Parmi ceux-ci, l'Apollon de Cherchell demeure à jamais mémorable.

On sait que, sur la demande instante du Gouverneur général, le Ministre des Beaux-Arts avait fait don, en 1912, à la ville de Cherchell, de la magnifique statue.
Ce que l'on connaît moins, ou que l'on a quelque peu oublié aujourd'hui, c'est le procès retentissant engagé entre l'État et, le colon - bien revenu sans doute de l'archéologie - qui, en fouillant son champ, avait découvert, la statue et s'en croyait le possesseur et maître.

Un beau matin, ce brave homme trouve au hasard de son labour cet Apollon, chef-d'œuvre de l'art grec, l'une de ces magnifiques pièces dont, la vieille capitale des Ptolémées ménage de temps à autre la surprise aux Cherchcelois. La statue à peu près intacte et d'une admirable patine rayonnait de beauté et de perfection. Mais la découverte sensationnelle ne devait pas tarder à exciter les plus âpres convoitises. On fit des offres au propriétaire qui, dès l'abord, n'eût pas demandé mieux que de se débarrasser à bon compte de cette encombrante et inutile vieillerie, mais qui, comprenant bientôt, la valeur de la trouvaille, allait essayer de tirer de l'empressement avec lequel on lui en offrait des prix sans cesse croissants, une bonne raison d'augmenter à mesure ses exigences. L'État lui-même vint, faire des propositions, avec l'aide de riches et généreux particuliers qui eussent avancé à l'Algérie, jusqu'au prochain budget, la somme nécessaire ; mais Paris venait en concurrence et l'étranger, l'Amérique ; entre autres ; et à mesure augmentait le prix du chef-d'œuvre jusqu'à devenir fabuleux.
Grisé, le bon cultivateur ne jurait plus que par centaines de mille !...

Il fallait pourtant déchanter : un beau jour, l'État qui ne suit, jamais bien loin ces sortes d'enchères mais qui n'abandonne pas volontiers ses desseins, s'avisa qu'il pouvait obtenir gratis ce dont on lui avait refusé le véritable prix...

Et il fit mettre l'Apollon sous séquestre, jusqu'à l'issue d'un procès qu'il engageait sur le terrain, nouveau en jurisprudence algérienne, de son droit général de propriété sur les " trésors ".

On lui résista rageusement, en première instance, puis en appel : il gagna ici comme là, haut la main. Et les magistrats de la Cour d'Alger eurent même le raffinement d'offrir au propriétaire évincé. comme liche de consolation, la carte à payer des dépens !

LA VIERGE A LA SANDALE

Unie autre découverte récente fut celle de cette Vierge à la Sandale qui, par sa grâce et le charme profond de sa jeunesse éternelle, retient longuement l'attention.

Le nom du coroplaste est à jamais ignoré. Qui pourrait dire aussi celui modèle ? Ou encore du riche contemporain de Juba II à qui fut donné de posséder et de caresser chaque jour du regard, pendant des années sans doute, cette admirable statuette !

Ils sont, les uns et les autres, poussière. Mais, à la belle lumière africaine, au bord de la Méditerranée, - dans cette Cesarée luxueuse devenue la modeste Cherchell, - ayant traversé, dans la nuit, des siècles de bouleversements et d'histoire, la petite Vierge saine et sauve donne encore aux hommes qui la contemplent un frisson d'admiration voluptueuse et de regret.

On ne peut se défendre, devant ce menu chef-d'œuvre, d'évoquer cette autre Venus si justement célèbre aussi et dont, la découverte en 1820, - encore un centenaire, oublié - fut entourée de circonstances curieuses et d'incidents assez mouvementés.

C'est un paysan grec - décidément paysans et colons sont bien près des dieux! - qui, en avril 1820, mit à jour, par hasard, en travaillant dans son champ, une sorte de crypte où gisait depuis plusieurs siècles, parmi d'autres vestiges archéologiques, la statue fameuse qui fait aujourd'hui la gloire du Musée du Louvre.