CHANZY
(Sidi Ali Ben Youb)
Texte issu , avec autorisation, de la revue n° 73 "A.F.N. Collections"
http://afn.collections.free.fr/pages/bulletin.html
Texte: Jean-Marc LABOULBENE.

 


mise sur site: novembre 2012

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MONOGRAPHIE DE CHANZY
(Sidi ALI BEN YOUB)

ORIGINE.
Chanzy, l'Ancienne Aquilera des romains, qui prit son nom à Sidi Ali Ben Youb, est un centre dont la création remonte à 1854.

SITUATION.
Située sur les bords de la rive droite de l'oued Mekerra, à la jonction des routes de Bossuet (DAYA) et de Bedeau, dont la distance est de 44 km de l'un et 70 km de l'autre.

ORIENTATION.
La direction de ses quartiers avec ses rues parallèles, complantées d'arbres de diverses essences, s'étend du Nord au Sud. On y respire la fraîcheur, grâce à de nombreux canaux, qui y apportent la vie et le charme.

ANCIENNETÉ.
Le bourg est installé presque tout entier sur des anciennes ruines de thermes d'un ancien camp romain à 680 m d'altitude.

Parmi ces ruines intéressantes, fut trouvé un veau d'or qui figure en bonne place au musée de Sidi Bel Abbès; beaucoup de celles-ci ont servi à la construction de plusieurs fermes. On voit des inscriptions sur maintes pierres de respectables dimensions, mais, l'inclémence du temps, plus la durée des siècles, les ont fait presque disparaître.

Chanzy, dépendant du canton de Boukanéfis à 14 km, et du chef lieu d'arrondissement Sidi Bel Abbès, à 32 km, est construit presque à la limite de l'étroit passage que la rivière s'est frayée dans la montagne avant de s'étendre dans la vaste plaine de Tiffilès et de Sidi Bel Abbès.
Au dire de certains géologues, l'emplacement actuel de Chanzy aurait été, aux temps préhistoriques, un vaste lac alimenté par les eaux de la rivière et des importantes sources qui jaillissent du sol même, en amont du village telles que, sur la rive droite l'aïn (source) Kadour, l'aïn Skouna ; sur la rive gauche l'aïn El Guelman (Akti) et l'aïn Mékarreg.

L'aïn Skouna n'avait pas de déversoir naturel, la quantité de ses eaux, en s'accumulant sur fond vaseux, donnait naissance à une véritable forêt d'arbres de toutes sortes et d'herbes aussi variées par leur taille que par leurs essences. Ces marais étaient tout naturellement un repaire de reptiles et d'animaux aussi dangereux par leur nombre que par leur férocité.

Les colons entreprirent courageusement son assainissement, mais ils ne purent résister à la terrible malaria qui les emporta presque tous.

Leurs enfants racontaient, impressionnés, l'histoire de ces durs et lugubres premiers débuts et ne manquaient pas d'ajouter les quantités de sulfate de quinine que tous, petits et grands, absorbaient quotidiennement. Mais, l'air empoisonné par les exhalaisons putrides et malsaines était plus fort que toutes les précautions préventives.

L'autorité militaire, soucieuse de la santé de ces premiers arrivants, détacha du bordj de Tiffilès, des pénitenciers pour le défrichement et l'assainissement de ce vaste bas- fond.

Ceux-ci moururent en grand nombre, fauchés par la si terrible malaria. Ces longs et pénibles travaux furent heureusement couronnés de succès.
Le touriste repose maintenant sa vue sur cette terre noire, jamais épuisée, produisant, deux fois l'an, des légumes et des céréales aussi abondantes que superbes, là où était le marais.

L'aïn Skouna domptée, seule, alimenta en eau potable toutes les communes aux alentours : Chanzy, Mellinet, Boukanéfis, Maison-Blanche, Palissy et Détrie.

L'aïn Mékarreg, alimenta, elle aussi la ville de Sidi Bel Abbès.

HISTORIQUE DE SON ORIGINE.
Avant la conquête, cette région était habitée par la grande tribu des Ouled Sidi Ben Youb qui formaient deux familles distinctes : Les Derni-Aïssa et les Ouleds Sidi Ben Youb.

Les Derni-Aïssa de la grande famille des Béni-Ameur, cédèrent une partie de leurs terres à Sidi Ali Ben Youb, taleb (religieux) respecté, venu du Maroc vers la fin du XIVe siècle.

Chassé de leur pays par les descendants de ce marabout, avec l'aide des Espagnols, ce ne fut qu'en 1770 que le Bey Brahim réunit leurs tentes éparses et les rétablit sur leur territoire.

Depuis, les deux fractions des Derni-Aïssa et de Sidi Ali Ben Youb suivirent constamment la politique des Béni-Ameur et se soumirent en 1842, lors de la conquête.

Les Derni-Aïssa et les Ouled Sidi Ben Youb émigrèrent au Maroc, à la suite de l'insurrection de 1845. Leurs biens furent séquestrés, mais à leur rentrée, ils occupèrent leurs anciennes propriétés, à l'exception toutefois de 40 d'entre eux, dont les terrains, formant une superficie de 2952 ha, furent réservés pour la création du centre européen de Sidi Ali Ben Youb.

Peu après la conquête de Sidi Bel Abbès et de ses environs, l'autorité militaire fit construire au centre du douar Tiffilès, rive gauche de la Mekerra, en face du marabout élevé à Sidi Ali Ben Youb, rive droite de la rivière, une redoute (caserne), qui, par sa position stratégique, commandait toute la plaine de Taffaman, jusqu'aux collines de Sidi Daho, de Tassin, de Descartes, et enfin à la vallée de la Mékerra, c'est à dire Tabia et Boukanéfis.
Ce bordj a servi tout à tour de pénitencier et de caserne. En 1852, l'autorité militaire attribua des lots de fermes à quelques familles françaises, mais ce n'est qu'en 1854 que la création du centre fut définitivement décidée par l'attribution de 24 lots de culture de 25 ha environ, y compris les lots urbains et de jardin, plus 6 lots, qui furent réservés pour des besoins communaux.

ORIGINE DU NOM CHANZY.
Ce n'est qu'en 1896, que la commune de Sidi Ali Ben Youb, prit le nom de Chanzy, ancien gouverneur de l'Algérie. Trois habitants du village (Mrs De Diétrich, Renaud et Aué) ayant servis sous les ordres du Général Chanzy et décorés par lui de différentes décorations militaires, choisirent son nom.

Ce choix heureux fut acclamé par la population du village parce qu'on y voyait une preuve de patriotisme et un souvenir de reconnaissance. Mais le nom de Sidi Ali Ben Youb continua d'exister, surtout pour les populations indigènes et retrouva son nom après l'indépendance, ce qui n'était que justice.

En 1880, l'abbé Bazin, qui remplaça le curé Faure, demanda, à l'Administrateur de Boukanéfis, une allocation afin de bâtir à Chanzy une maison convenable pour y célébrer les offices divins car la chapelle menaçait de s'écrouler et de nuire à la sécurité des fidèles.

Le 10 décembre 1893 eut lieu la bénédiction de la nouvelle église dédiée à Saint-Mathieu.

En 1892, la brigade de gendarmerie va occuper sa nouvelle caserne située au bas du village, à proximité du pont de Mekerra. Lavoir public, abreuvoir, mairie, poste donnent à ce village une belle allure et traduisent bien sa prospérité.

Un nouvel agrandissement eut lieu en 1903, le gouvernement attribua aux colons certains grands lots de fermes de 100 ha et plus, d'autres lots de 30 à 40 ha environ, non compris les lots urbains, de jardin et vigne, ce qui faisait un total de 40 feux nouveaux. Un emplacement de deux hectares fut réservé pour la place publique et pour la construction de divers bâtiments publics.

Puis les années passant, on construisit les écoles, les 2 jardins, la belle place du village et tout ce qu'une petite cité provinciale doit avoir.
Cette métamorphose lui valut un diplôme d'honneur lors de l'exposition de Mascara en 1898.

Jean-Marc LABOULBENE
Bibliographie : Guides bleus ALGERIE et divers sites Internet.