Champ de Manoeuvres - Alger
1°/
Qui était M. Chazot ?
"Algérianiste", n+123
ici, le 7-2-2009

2°/ M. Chazot .
Extrait de l'Afrique du nord illustrée du 27-3-1920 - Transmis par Francis Rambert
février 2021


3 °/ Une cérémonie universitaire : à la mémoire de M.Chazot
Extrait de l'Echo d'Alger du 5-7-1920 - Transmis par Francis Rambert
février 2016

Voici le texte de la plaque commémorative qui sera apposée à l'entrée de l'écolc de garçons du Champ de Manoeuvres :
« En hommage public rendu à M. Julien Chazot ,instituteur, 1851-1916, l'école de garçons du Champ de Manoeuvres a reçu le nom d'école Chazot (Délibération du Conseil Municipal du 9 janvier 1920). »
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- Qui était M. Chazot, instituteur? A l'attention de l'équipe de la chronique (l'algérianiste n° 122/188).

Le 9 janvier 1920, le conseil municipal décide d'attribuer à l'Ecole du Champ-de-Manoeuvres, le nom de l'instituteur Chazot qui en fut le directeur pendant trente-sept ans. M. Julien Chazot naquit à Aubais (Gard) le 7 décembre 1851. Pendant la guerre de 1870-1871, il servit dans les troupes irrégulières qui défendirent Dijon, sous les ordres de Garibaldi. Il vint ensuite en Algérie et, dès l'âge de vingt-sept ans, fut nommé directeur de l'école de garçons de la rue Molière, à Mustapha. Peu après, l'école du Champ-de-Manoeuvres achevée, il en prit la direction. In L'Afrique du Nord Illustrée, L'Algérie pittoresque du 27 mars 1920.

John Franklin 13 100 Aix-en-Provence
(note du site : Centre de documentation historique sur l'Algérie)

- M. Chazot était instituteur de cours complémentaire à l'école des garçons d'El-Biar, où il résidait. Son fils a été champion ou recordman de saut en hauteur à 1,97 m pour l'Afrique du Nord. Après s'être fracturé un bras il passa au saut en longueur... C'est en raison de son titre sportif que son nom aura été donné aux établissements scolaires qu'il a fréquentés d'abord à El-Biar, puis à Alger. Chazot fils était vétérinaire.

César Six 06 200 Nice

[La recherche reste ouverte car il y a non concordance de date et on a l'impression du grand-père, père et fils ! Mais nous communiquons les deux vues de groupes au questionneur]. L'équipe de la chronique.


*** La qualité médiocre des photos de cette page est celle de la revue. Nous sommes ici en 1920. Amélioration notable plus tard, dans les revues à venir. " Algeria " en particulier.
N.B : CTRL + molette souris = page plus ou moins grande

TEXTE COMPLET SOUS L'IMAGE.


M. Chazot .
M. Chazot .

M. CHAZOT

Le compte rendu d'une récente séance du Conseil municipal d'Alger contenait cette laconique mention :

" Hommage public. Attribution du nom de M. Chazot à l'école de garçons du Champ de Manœuvres, école qu'il a dirigée pendant trente-sept ans (Rapporteur: M. Raffi). Adopté. "
Les anciens élèves de M. Chazot ont accueilli avec joie cette décision qu'ils espéraient depuis quatre ans. Mais d'autres pourraient trouver insuffisantes les explications du compte rendu et, je vais essayer de les compléter.

Je n'ignore, pas qu'il est souvent dangereux de glorifier les personnes ; j'ai même découvert que le Bucknall, dont un chemin d'El-Biar porte le nom, écrivait, eu 1881, que les Français étaient de " fieffés poltrons "(arrant cowards), qu'il était regrettable que le choléra n'en enlevât pas davantage et que les autorités d'Alger, édictant les mesures sanitaires, étaient des " singes " (apes). Mais il ne s'agit, pas ici d'un philanthrope de l'espèce Bucknall, et, je puis, sans aucune réserve, approuver le vote ou Conseil municipal d'Alger..

M. Julien Chazot naquit à Aubais (Gard), le 7 décembre 1851. Pendant, la guerre de 70-71, il servit dans les troupes irrégulières qui, défendirent Dijon, sous les ordres de Garibaldi. Il vint ensuite en Algérie et, dès l'âge de vingt-sept ans, fut nommé directeur de l'école de garçons de la rue-Molière, à Mustapha. Peu après, l'école du Champ de Manœuvres achevée, il en prit la direction.

Quand je devins son élève, en octobre 1885, j'avais déjà quelque expérience des écoles et des instituteurs, car, à dix ans, j'en étais à ma huitième année scolaire et à ma septième école. J'avais rencontré plusieurs de ces maîtres admirables qui, quoique mal payés, considéraient leurs fonctions comme un sacerdoce et songeaient, uniquement à former de bons citoyens français, aptes à relever leur patrie vaincue.

Deux noms surtout étaient, et resteront, fixés dans ma mémoire, ceux de MM. Maheo, de Guingamp, et Pinenq, de Guyotville, qui continuaient l'enseignement en dehors de la classe et des programmes.
M. Chazot mérita comme eux l'affectueuse reconnaissance de ses élèves ci, quoique je n'aie fréquenté son école, que pendant six mois, en raison d'un voyage en France de décembre 1885 à mars 1886, je n'ai jamais manqué d'aller lui faire visite, chaque fois qu'un passage à Alger m'en fournissait l'occasion. Mustapha grandissait : les caravanes de chameaux ne venaient plus sur le champ de manœuvres ; une grande église remplaçait la baraque en planches servant précédemment au culte, près du parc à fourrages ; les maisons s'élevaient sur les coteaux où l'on allait, chercher naguère les cyclamens et les scilles ; mais M. Chazot était, toujours là, continuant à répandre l'idée française dans les nouvelles couches de la population, instruisant des enfants sur les mêmes bancs où il avait fait asseoir leurs pères et l'on prenait plaisir à le voir survivre, comme un principe immortel, à toutes ces choses qui se transformaient amour de lui.

Pour que l'on puisse apprécier les résultats obtenus par M. Chazot dans sa classe, j'indiquerai ceux de 1886. Il présenta huit élèves aux examens du certificat d'études ; tous furent reçus, et, au classement général pour la ville de Mustapha, ils méritèrent les sept premiers rangs et le neuvième. Dans le groupe de ses élèves d'alors, on retrouverait des personnalités algériennes connues, trois des minotiers Mohring, les deux frères de Mazières, le pharmacien Guillot, l'électricien Pain... et le constructeur-mécanicien Schuh, qui fut membre de la Conférence consultative de Tunisie dès que les élections s'y firent au suffrage universel.

Mais M. Chazot s'occupait aussi d'œuvres de bienfaisance et avait formé une société d'anciens élèves pour venir en aide aux enfants pauvres de son école.
J'assistai, le 6 avril 1913, à une matinée au bénéfice de cette œuvre. Un ancien élève, Bouchaud, bien connu sous le pseudonyme de Dufleuve, obtint le concours de la plupart des artistes des scènes algéroises et le succès fut complet. Après avoir amusé l'assistance, Dufleuve abandonna son caractère d'artiste comique pour faire, en termes émus, l'éloge de son vieux maître, qui inculquait de si bons principes et donnait l'exemple de si belles qualités de cœur.

En 1914, quand la guerre éclata, M. Chazot était déjà menacé par une grave affection cardiaque. Mais ses trois gendres et de nombreux instituteurs ayant été mobilisés, il lui fallut, pour ses élèves et pour sa famille, renoncer au repos nécessaire et mérité.

Il fit son devoir jusqu'au dernier jour. Le 8 mars 1916, il s'affaissa subitement; comme le soldat frappé au champ d'honneur, et on l'enterra le surlendemain.



Hier après-midi avait lieu, à l'école du
Champ de Manoeuvres, l'inauguration de la
plaque gravée à la mémoire de M. Chazot,
ancien directeur du groupe, une des plus
anciennes et des plus vénérées figures du
corps enseignant primaire algérien.

Dans la grande salle de l'école maternelle,
autour de M. Bouchon, directeur actuel de
l'école, et du personnel, avaient pris place :
M. le commandant Ferrat, représentant M.
le Gouverneur général M. le commandant
Thévenet, représentant le général Niessel ;
M. Tailliart, vice-recteur : M. Jacquard,
inspecteur d'académie ; M. Dromard, secrétaire de M. le Préfet ; M. Raffi, maire d'Alger ; MM. Grégori, ancien élève du groupe, et Fieschi, faisant fonction d'adjoints ; MM. Massia, Lovéra, Boyer, Isnard Chenon, conseillers municipaux ; MM. Redon et Dumas, inspecteurs primaires.

Dans l'affluence nombreuse qui se pressait dans la salle, nous avons noté la présence de nombreux universitaires et d'un groupe imposant d'anciens élèves de l'école Chazot.
(suite dans l'article)