28 classes édifiées en moins de 3 mois
ont permis de scolariser 1.200 enfants
Au Champ de Manoeuvre, à
l'angle du boulevard Lutaud et de la rue Nungesser et Coli, sept
bâtiments tout neufs s'élèvent maintenant entre
les hautes maisons H.L.M. , Ce sont des pavillons préfabriqués
en bois.
Ils sont imperméables à la chaleur et au froid.
Pas de luxe inutile.
Ces pavillons répondent parfaitement à ce qu'on attendait
d'eux. Ils abritent, en effet, 28 classes destinées à
l'enseignement de 1.200 élèves. Commencés le
5 septembre dernier, ils ont été inaugurés
le 1 er décembre, par M. Jacques Chevallier, député-maire.
Cette nouvelle école, (elle n'a coûté qu'un
prix modique), satisfait aux besoins de la scolarisation dans le
populeux quartier du Champ de Manoeuvre.
Est-il besoin de dire l'accueil chaleureux dont furent l'objet le
Maire et les représentants de la Municipalité qui
visitèrent longuement les nouvelles classes sous la conduite
de l'Inspecteur Miara ?
Après avoir prononcé le discours-programme dont nous
donnons le texte ci-dessous, le député-maire invita
à un goûter général tous les enfants
de l'école.
Ce fut une belle fête de famille. |
o Une gamme des urgences
Voici le texte du discours prononcé par M. Jacques Chevallier,
député-maire, lors de l'inauguration de la nouvelle école
du Champ de Manoeuvre en présence des élèves, de
nombreux parents et de personnalités, parmi lesquelles nous avons
noté la présence de MM. G. Blachette et M. Paternot, députés
; M. Bélaïche, président du Conseil général,
délégué à l'Assemblée Algérienne
; Fourment et Cardona, délégués:
Depuis 7 mois, la Municipalité d'Alger s'attache à résoudre
les problèmes nombreux et variés que pose la croissance
d'une grande ville.
La ville d'Alger est comme un enfant qui a grandi trop vite, dont les
vêtements ne seraient plus adaptés à la taille.
Il nous faut maintenant l'équiper décemment.
Mais l'importance des besoins, au regard de l'exiguité des ressources
implique que nous fassions un choix, que nous définissions une
gamme des urgences dont nous ne nous départirons point.
Cette gamme, nous l'avons définie. Sa première note est
l'habitation, sa seconde la scolarisation : l'une et l'autre sont complémentaires,
je dirai même étroitement solidaires.
o Des travaux spectaculaires
Quand les
maitres et les élèves écoutent le discours-programme
de M.Jacques Chevallier
|
C'est pourquoi, depuis 7 mois, mobilisant toutes nos ressources et aussi
nos énergies, nous menons de front la construction de l'école
et celle du logement.
Certes, d'aucuns eussent préféré que nous consacrions
à des travaux plus spectaculaires, mais dont l'intérêt
social quoique évident, revêt une importance et une urgence
moindres, les sommes que nous consacrons et que nous consacrerons à
édifier logements et écoles.
C'est là un point de vue égoïste auquel nous ne saurions
souscrire.
Sans souci de da basse injure qui nous a déjà été
prodiguée et que nous recueillerons certainement encore, nous
poursuivrons notre chemin. Nous n'intervertirons aucune des notes dans
la gamme que nous avons définie jusqu'à satisfaction complète
des besoins. Le logement, l'école et son complément l'équipement
sportif scolaire, demeurent et demeureront nos préoccupations
premières. Quelles que soient les déclarations purement
gratuites de certains fonctionnaires certainement non mandatés,
que ceci une bonne fois pour toutes, soit entendu.
D'ailleurs, comment pourrait-il en être autrement quand on constate
que plus de 20.000 familles sont sans logement ou vivent dans des taudis
et qu'à la rentrée d'octobre plus de 3.000 enfants d'Alger
n'ont pu trouver place dans les écoles déjà surchargées
où, de ce fait, le travail à mi-temps est devenu nécessaire.
o Cent classes de plus
Il est des chiffres qu'il faut que la population algéroise connaisse
pour mesurer les efforts faits et ceux qui restent à faire et
apprécier à bon escient l'ordre des urgences.
Alger compte actuellement 47.800 enfants scolarisés dans les
écoles primaires et maternelles seulement.
La moyenne d'enfants par classe atteint 45 contre 35 dans toutes les
villes d'Algérie à 4 exceptions près.
Dans les écoles maternelles, la moyenne est de 56 enfants par
classe, je dis la moyenne, ce qui implique que bien souvent le nombre
d'enfants dépasse la soixantaine.
Il faut décongestionner ces écoles, ce qui comporte d'en
construire de nouvelles pour répondre aussi aux apports nouveaux
qui résultent des 12.000 naissances annuellement constatées
à Alger.
Dans l'immédiat et compte non tenu des 28 classes que nous ouvrons
aujourd'hui, il nous faudrait au moins 100 classes de plus à
Alger.
o 60 classes dans 18 mois
Cet objectif, ne nous rebute pas. Nous en avons pris une juste mesure
et depuis ces 3 derniers mois nous avons décidé, avec
nos propres moyens de financement, la construction de 3 écoles
nouvelles pour répondre aux besoins des cités que nous
créons.
Aussi travaille-t-on déjà, à l'heure où
je vous parle, aux terrassements préparatoires à l'édification
des 3 groupes de Diar-Es-Saâda et Diar-ElMahçoul qui comprendront
au total quelque 60 classes et seront terminés avant 18 mois.
Parallèlement, le dégagement par la Municipalité
du bidonville du boulevard de la Victoire a permis au service d'Architecture
de mettre en oeuvre l'école de 12 classes de la haute Casbah.
D'autres projets sont à l'étude sur Gallieni, Michelet
et sur Bab-el-Oued.
Toutes ces écoles seront faites en dur et auront un caractère
définitif.
o Un problème réglé
Mais l'expérience que nous faisons aujourd'hui sur ces pavillons
légers que nous a conseillé avec beaucoup d'à-propos
M. l'Ingénieur en chef Poitevin nous ouvre des horizons nouveaux.
La modicité de leur prix de revient, en gros un million la classe,
autant que la rapidité de leur construction (3 mois) nous ont
incité à envisager un plan de financement qui, si nous
réussissons à le mettre sur pied (et je crois que nous
y parviendrons) nous permettrait de résoudre avant deux ans l'ensemble
du problème scolaire algérois, sous réserve d'obtenir
les maîtres nécessaires, bien entendu.
Pour l'instant, les 28 classes que nous ouvrons aujourd'hui règlent
intégralement le problème du quartier populeux du Champ
de Manoeuvre.
Elles permettent de décongestionner également les groupes
Chazot, Béranger et Ch.-Lutaud, de normaliser les horaires et
les études de ces écoles où il n'y aura désormais
plus de classe à mi-temps.
Les 28 classes ceront ainsi réparties
- 4 classes maternelles permettant la libération des 3 classes
de la garderie du Champ de Manoeuvre et autorisant l'agrandissement
de celle-ci.
La construction d'un préau couvert va être immédiatement
entreprise.
- 1 cours complémentaire de garçons (4 cl.).
- 1 cours complémentaire de filles (4 cl.).
- 16 classes primaires.
o Les Artisans de l'oeuvre
MM.Fourment,
Ceccaldi, J.Chevallier et G.Blachette écoutent les explications
de M.Miara inspecteur primaire.
|
Mais je ne voudrais pas terminer mon propos sans rendre
aux artisans de cette ceuvre l'hommage qu'ils méritent.
Tout d'abord, à M. le Recteur de l'Académie d'Alger, dont
la bienveillance agissante a mis à notre dispositions les maîtres
qui enseigneront tous ces enfants.
La Ville d'Alger le remercie très sincèrement de sa sollicitude
et de son aide toujours si efficace.
Que soit également remercié M. l'Inspecteur d'Académie
auprès duquel nous trouvons toujours un accueil si compréhensif.
Notre reconnaissance va également à M. l'Ingénieur
en chef Poitevin, directeur du service d'Architecture, qui nous conseille
avec tant de compétence et nous soutient de sa souriante urbanité.
Je n'aurais garde d'oublier M. Gillet, les services techniques de la
Ville, l'architecte et l'entrepreneur qui se sont dépensés
sans compter pour faire vite et bien.
o Hommage à M. Ceccaldi
M.
Jean Ceccaldi, adjoint à l'Education Nationale, directeur de
l'Ecole Dordor.
Enfin, je voudrais rendre hommage à l'éducateur
de qualité qui, au sein du Conseil municipal, est l'avocat talentueux
du monde enseignant, notre collègue et ami Jean Ceccaldi. Nourri
dans le sérail de l'enseignement, en connaissant tous les détours,
sensible aux aspirations légitimes de ses collègues éducateurs,
vivant les difficultés journalières de leur apostolat,
cet apostolat, MM. les Instituteurs, Mmes les Institutrices, qui suscite
notre admiration, il n'a de cesse d'orienter notre action pour que la
Ville d'Alger, dans le domaine de l'enseignement comme ailleurs, soit
une ville d'exemple.
Lui aussi, qu'il soit remercié.
Mmes et MM., maintenant une nouvelle école est née. Avec
elle est née une nouvelle maison de l'amitié et de la
fraternité où se côtoieront, se découvriront
tous les enfants de ce pays.
Réjouissons-nous et puisons dans notre joie un renouveau de force
pour d'autres achèvements...car, en Algérie, nous ne serons
jamais au bout de notre route.
Le discours du député-maire a été salué
de vifs applaudissements.