Champ de Manoeuvres - Alger
Inauguration de la nouvelle école du Champ de manœuvre
28 classes édifiées en moins de 3 mois ont permis de scolariser 1.200 enfants
bulletin municipal , novembre 1953 - collection B.Venis
ici, le 30-5-2008

4 Ko
retour
 
nouvelle école du champ de manoeuvre
voir aussi ici

28 classes édifiées en moins de 3 mois ont permis de scolariser 1.200 enfants

Au Champ de Manoeuvre, à l'angle du boulevard Lutaud et de la rue Nungesser et Coli, sept bâtiments tout neufs s'élèvent maintenant entre les hautes maisons H.L.M. , Ce sont des pavillons préfabriqués en bois.
Ils sont imperméables à la chaleur et au froid.
Pas de luxe inutile.

Ces pavillons répondent parfaitement à ce qu'on attendait d'eux. Ils abritent, en effet, 28 classes destinées à l'enseignement de 1.200 élèves. Commencés le 5 septembre dernier, ils ont été inaugurés le 1 er décembre, par M. Jacques Chevallier, député-maire.

Cette nouvelle école, (elle n'a coûté qu'un prix modique), satisfait aux besoins de la scolarisation dans le populeux quartier du Champ de Manoeuvre.

Est-il besoin de dire l'accueil chaleureux dont furent l'objet le Maire et les représentants de la Municipalité qui visitèrent longuement les nouvelles classes sous la conduite de l'Inspecteur Miara ?

Après avoir prononcé le discours-programme dont nous donnons le texte ci-dessous, le député-maire invita à un goûter général tous les enfants de l'école.

Ce fut une belle fête de famille.

chorale

o Une gamme des urgences
Voici le texte du discours prononcé par M. Jacques Chevallier, député-maire, lors de l'inauguration de la nouvelle école du Champ de Manoeuvre en présence des élèves, de nombreux parents et de personnalités, parmi lesquelles nous avons noté la présence de MM. G. Blachette et M. Paternot, députés ; M. Bélaïche, président du Conseil général, délégué à l'Assemblée Algérienne ; Fourment et Cardona, délégués:

Depuis 7 mois, la Municipalité d'Alger s'attache à résoudre les problèmes nombreux et variés que pose la croissance d'une grande ville.

La ville d'Alger est comme un enfant qui a grandi trop vite, dont les vêtements ne seraient plus adaptés à la taille.

Il nous faut maintenant l'équiper décemment.

Mais l'importance des besoins, au regard de l'exiguité des ressources implique que nous fassions un choix, que nous définissions une gamme des urgences dont nous ne nous départirons point.
Cette gamme, nous l'avons définie. Sa première note est l'habitation, sa seconde la scolarisation : l'une et l'autre sont complémentaires, je dirai même étroitement solidaires.

o Des travaux spectaculaires

Quand les maitres et les élèves écoutent le discours-programme de M.Jacques Chevallier
Quand les maitres et les élèves écoutent le discours-programme de M.Jacques Chevallier


C'est pourquoi, depuis 7 mois, mobilisant toutes nos ressources et aussi nos énergies, nous menons de front la construction de l'école et celle du logement.

Certes, d'aucuns eussent préféré que nous consacrions à des travaux plus spectaculaires, mais dont l'intérêt social quoique évident, revêt une importance et une urgence moindres, les sommes que nous consacrons et que nous consacrerons à édifier logements et écoles.

C'est là un point de vue égoïste auquel nous ne saurions souscrire.

Sans souci de da basse injure qui nous a déjà été prodiguée et que nous recueillerons certainement encore, nous poursuivrons notre chemin. Nous n'intervertirons aucune des notes dans la gamme que nous avons définie jusqu'à satisfaction complète des besoins. Le logement, l'école et son complément l'équipement sportif scolaire, demeurent et demeureront nos préoccupations premières. Quelles que soient les déclarations purement gratuites de certains fonctionnaires certainement non mandatés, que ceci une bonne fois pour toutes, soit entendu.

D'ailleurs, comment pourrait-il en être autrement quand on constate que plus de 20.000 familles sont sans logement ou vivent dans des taudis et qu'à la rentrée d'octobre plus de 3.000 enfants d'Alger n'ont pu trouver place dans les écoles déjà surchargées où, de ce fait, le travail à mi-temps est devenu nécessaire.

o Cent classes de plus
Il est des chiffres qu'il faut que la population algéroise connaisse pour mesurer les efforts faits et ceux qui restent à faire et apprécier à bon escient l'ordre des urgences.

Alger compte actuellement 47.800 enfants scolarisés dans les écoles primaires et maternelles seulement.

La moyenne d'enfants par classe atteint 45 contre 35 dans toutes les villes d'Algérie à 4 exceptions près.

Dans les écoles maternelles, la moyenne est de 56 enfants par classe, je dis la moyenne, ce qui implique que bien souvent le nombre d'enfants dépasse la soixantaine.

Il faut décongestionner ces écoles, ce qui comporte d'en construire de nouvelles pour répondre aussi aux apports nouveaux qui résultent des 12.000 naissances annuellement constatées à Alger.

Dans l'immédiat et compte non tenu des 28 classes que nous ouvrons aujourd'hui, il nous faudrait au moins 100 classes de plus à Alger.

o 60 classes dans 18 mois

Cet objectif, ne nous rebute pas. Nous en avons pris une juste mesure et depuis ces 3 derniers mois nous avons décidé, avec nos propres moyens de financement, la construction de 3 écoles nouvelles pour répondre aux besoins des cités que nous créons.

Aussi travaille-t-on déjà, à l'heure où je vous parle, aux terrassements préparatoires à l'édification des 3 groupes de Diar-Es-Saâda et Diar-ElMahçoul qui comprendront au total quelque 60 classes et seront terminés avant 18 mois.

Parallèlement, le dégagement par la Municipalité du bidonville du boulevard de la Victoire a permis au service d'Architecture de mettre en oeuvre l'école de 12 classes de la haute Casbah. D'autres projets sont à l'étude sur Gallieni, Michelet et sur Bab-el-Oued.

Toutes ces écoles seront faites en dur et auront un caractère définitif.

o Un problème réglé
Mais l'expérience que nous faisons aujourd'hui sur ces pavillons légers que nous a conseillé avec beaucoup d'à-propos M. l'Ingénieur en chef Poitevin nous ouvre des horizons nouveaux.

La modicité de leur prix de revient, en gros un million la classe, autant que la rapidité de leur construction (3 mois) nous ont incité à envisager un plan de financement qui, si nous réussissons à le mettre sur pied (et je crois que nous y parviendrons) nous permettrait de résoudre avant deux ans l'ensemble du problème scolaire algérois, sous réserve d'obtenir les maîtres nécessaires, bien entendu.

Pour l'instant, les 28 classes que nous ouvrons aujourd'hui règlent intégralement le problème du quartier populeux du Champ de Manoeuvre.

Elles permettent de décongestionner également les groupes Chazot, Béranger et Ch.-Lutaud, de normaliser les horaires et les études de ces écoles où il n'y aura désormais plus de classe à mi-temps.

Les 28 classes ceront ainsi réparties
- 4 classes maternelles permettant la libération des 3 classes de la garderie du Champ de Manoeuvre et autorisant l'agrandissement de celle-ci.

La construction d'un préau couvert va être immédiatement entreprise.
- 1 cours complémentaire de garçons (4 cl.).
- 1 cours complémentaire de filles (4 cl.).
- 16 classes primaires.

o Les Artisans de l'oeuvre

MM.Fourment, Ceccaldi, J.Chevallier et G.Blachette écoutent les explications de M.Miara inspecteur primaire.
MM.Fourment, Ceccaldi, J.Chevallier et G.Blachette écoutent les explications de M.Miara inspecteur primaire.

Mais je ne voudrais pas terminer mon propos sans rendre aux artisans de cette ceuvre l'hommage qu'ils méritent.
Tout d'abord, à M. le Recteur de l'Académie d'Alger, dont la bienveillance agissante a mis à notre dispositions les maîtres qui enseigneront tous ces enfants.

La Ville d'Alger le remercie très sincèrement de sa sollicitude et de son aide toujours si efficace.

Que soit également remercié M. l'Inspecteur d'Académie auprès duquel nous trouvons toujours un accueil si compréhensif.

Notre reconnaissance va également à M. l'Ingénieur en chef Poitevin, directeur du service d'Architecture, qui nous conseille avec tant de compétence et nous soutient de sa souriante urbanité.

Je n'aurais garde d'oublier M. Gillet, les services techniques de la Ville, l'architecte et l'entrepreneur qui se sont dépensés sans compter pour faire vite et bien.

o Hommage à M. Ceccaldi

M. Jean Ceccaldi, adjoint à l'Education Nationale, directeur de l'Ecole Dordor.
M. Jean Ceccaldi, adjoint à l'Education Nationale, directeur de l'Ecole Dordor.

Enfin, je voudrais rendre hommage à l'éducateur de qualité qui, au sein du Conseil municipal, est l'avocat talentueux du monde enseignant, notre collègue et ami Jean Ceccaldi. Nourri dans le sérail de l'enseignement, en connaissant tous les détours, sensible aux aspirations légitimes de ses collègues éducateurs, vivant les difficultés journalières de leur apostolat, cet apostolat, MM. les Instituteurs, Mmes les Institutrices, qui suscite notre admiration, il n'a de cesse d'orienter notre action pour que la Ville d'Alger, dans le domaine de l'enseignement comme ailleurs, soit une ville d'exemple.

Lui aussi, qu'il soit remercié.

Mmes et MM., maintenant une nouvelle école est née. Avec elle est née une nouvelle maison de l'amitié et de la fraternité où se côtoieront, se découvriront tous les enfants de ce pays.

Réjouissons-nous et puisons dans notre joie un renouveau de force pour d'autres achèvements...car, en Algérie, nous ne serons jamais au bout de notre route.

Le discours du député-maire a été salué de vifs applaudissements.