Champ
de Manoeuvres, Alger
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Claro.- Grande fresque murale représentant le repos des ouvriers |
---------LA dernière
manifestation picturale de la saison - l'Exposition des panneaux destinés
à la décoration du Foyer Civique - aura été
d'importance. Inaugurée par une vivante causerie de M. Jean Alazard,
Directeur du Musée National des Beaux-Arts, que suivit une présentation
des divers panneaux par leurs auteurs, elle aurait pu être, pour
beaucoup d'esprits paresseux par trop indifférents aux choses artistiques,
comme une sorte d'initiation au genre mal connu de la peinture murale.
---------Il s'occupa d'abord du décor sculptural extérieur, encore plus strictement soumis àl 'architectonique. Il chargea MM. Beguet et Belmondo de l'exécution des deux superbes bas-reliefs que nous pouvons admirer sur la façade, en dessus des pylones. Le premier représente " la jeunesse laborieuse qui grandit librement au milieu des arts et des sciences, grâce à la protection des institutions sociales. ", tandis que le second symbolise " le fruit du travail obtenu par l'effort des collectivités groupées vers un même idéal ". Puis il s'appliqua à réunir les peintres qui se chargeraient de la décoration intérieure. |
Son choix se porta fort judicieusement
sur MM. Carré, de Buzon, Assus, Fernez, Emile Claro et Adrey,
auxquels il proposa les thèmes qu'il avait imaginés. Dès
lors, sa constante préoccupation fut d'unifier la féconde
collaboration de ces artistes, comme en pourrait témoigner toute
une correspondance. Il ne me paraît pas superflu de rappeler brièvement
les sujets proposés et traités, ainsi que les emplacements
prévus : aux deux extrémités du Grand Hall du rez-de-chaussée,
" Le Travail " d'Adrey et " Le Repos "
de Claro ; sur les paliers des deux escaliers qui mènent à
la Salle d'auditions, d'un côté " L'Initiation
à la musique, à la danse et au chant ", et de
l'autre " l'Initiation à la déclamation, au dialogue
et à l'éloquence ", de Carré ; autour
de la Salle d'auditions, située au deuxième étage,
" La Danse " d'Assus, en huit panneaux, et " La
Musique " de de Buzon, en huit autres panneaux, en quelque
sorte parallèles aux précédents ; enfin, dans le
Foyer Principal, le grand panneau de Fernez traduisant " les aspirations
de l'homme méditerranéen vers un idéal d'intelligence
et de beauté ". ---------Nos concitoyens se laisseront-ils aisément emporter vers cet " idéal d'intelligence et de beauté " ? Sauront-ils tirer la leçon indispensable d'une telle manifestation ? Ou bien préfèreront-ils suivre une fois de plus, leurs mauvais bergers - critiques improvisés ou amateurs peu avertis - qui les détourneront inévitablement de ces originales et puissantes créations, pour les ramener aux froides élucubrations d'un académisme exsangue, dont il existe, hélas, plusieurs exemples à Alger? ---------Attaché
au Musée National des Beaux-Arts |