17 octobre 1961 :
une initiative de rétablissement de la réalité des faits.

Illustrations et textes extraites du dossier :L'Islam au service du natiolanisme algérien

extraits du numéro 64, 3e et 4e trimestres 2016, de "Mémoire vive", magazine du Centre de Documentation Historique de l'Algérie, avec l'autorisation de son président.
www.cdha.fr

ici, en déc. 2016

17 octobre 1961
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EDITO

17 octobre 1961 :
une initiative de rétablissement de la réalité des faits.

Viry-Châtillon, le 8 octobre : deux policiers sont victimes d'un attentat barbare. Les corps de la police et des forces de sécurité s'en émeuvent, et réclament une politique plus rigoureuse.

Paris, le 17 octobre 1961 : alors qu'ils sont appelés à réprimer une manifestation interdite, les policiers parisiens viennent de subir, en quelques mois, une série d'attentats ayant fait 22 victimes dans leurs rangs.

L'actualité rapproche les évènements et raccourcit le temps.

Cette date de 1961 est l'objet d'une des campagnes de propagande les mieux orchestrées depuis 55 ans. L'objectif poursuivi, à la fois par le pouvoir algérien et par les anticolonialistes français, est d'alimenter la charge de culpabilisation de l'Etat français, responsable de sa police, et de justifier la demande pressante de reconnaissance et de repentance.

La campagne a mis en oeuvre une série d'évènements et de moyens de communication efficaces, allant de la production de films, de documentaires télévisés, de dossiers, de conférences et colloques, sans omettre l'apposition de plaques mémorielles dans les squares ou sur un pont de Paris.

Les éléments de langage sont constants et péremptoires : un nombre de victimes jamais reconnu par les autorités, un comportement des policiers et une répression racistes, des manifestants pacifiques et sans armes, un couvre-feu discriminatoire imposé aux Algériens de Paris et de sa banlieue...

Cette année, un collectif d'historiens et de chercheurs, désireux de corriger les assertions les plus mensongères de cette propagande, a décidé de rappeler dans une contribution honnête et équilibrée ( publiée en page intérieure ), les éléments précis, documentés qui décrivent le climat, la tension et les fractures de la communauté algérienne, la politique d'attentats menée par le FLN, l'exaspération de la police parisienne. Et il pose la question de la responsabilité criante des organisateurs.

A l'évidence cette initiative, première du genre, ne plait pas : les 22 signataires sont dénoncés par une presse algérienne qui n'hésite pas à les qualifier de nostalgiques d'extrême droite, de révisionnistes... En France, quelques pseudo-historiens, connus pour leur engagement militant dans ce que l'on nomme aujourd'hui l'islamogauchisme, sont accueillis par les journaux d'Alger pour dénoncer la " fachosphère " à l'origine du texte qui les dérange tant. L'idéologie s'accommode mal de la recherche d'une écriture rigoureuse de l'histoire, de la pratique du doute, de l'interrogation des hommes et des faits. L'honnêteté, elle, s'en nourrit.

Joseph Perez

Paris, 17 octobre 1961:
des historiens posent la question des responsabilités


Le 17 octobre 2012, François Hollande a reconnu la " sanglante répression " des forces de l'ordre contre les Algériens qui ont manifesté dans les rues de Paris pour protester contre un couvre-feu qui gênait l'activité nocturne du FLN. Chaque année, cette date est l'objet d'une commémoration où des inexactitudes sont reproduites. Le Président a engagé la responsabilité de la France sur des faits présentés comme un " crime d'Etat ", dont les pouvoirs publics français et la préfecture de police seraient les seuls responsables. Cette décision ne prend pas en compte la réalité des faits survenus en 1961 qui ont été précisés par les publications de Jean-Paul Brunet, de Rémy Valat et les rapports demandés à Dieudonné Mandelkern et Jean Géronimi par le gouvernement de Lionel Jospin qui montrent que le nombre de morts est largement surestimé par le FLN et ses soutiens ( Brunet, Valat et Mandelkern font une estimation inférieure à une trentaine de victimes, Lugan parle de trois morts, Roger Frey alors ministre de l'intérieur a annoncé six morts au Conseil des Ministres du 26 octobre ).


Les historiens signataires du présent communiqué souhaitent rappeler plusieurs points :

La guerre d'Algérie en région parisienne ne se limite pas aux manifestations du 17 octobre 1961. Le bilan humain de la guerre civile algérienne en métropole qui opposait le FLN et le MNA et l'affrontement entre le FLN et les forces de l'ordre s'élève entre le ler janvier 1956 et le 23 janvier 1962 à 3.957 décès et 7.745 blessés, pour un total de 10.223 agressions. En région parisienne, entre le 23 octobre 1958 et le 31 décembre 1961, les attentats et les attaques de postes de police ont fait 1.290 tués et 1.386 blessés dans la population " algérienne " ( pour un total général de 1.424 tués et 3.127 blessés de janvier 1956 à mai 1962, incluant Algériens, policiers et civils métropolitains ).

Ce fut le conflit le plus sanglant en Europe occidentale depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale.

Le FLN, parti en lutte pour l'indépendance de l'Algérie s'était doté de structures rigides d'encadrement de la population qui était soumise à un impôt révolutionnaire en 1960, la fédération de France du FLN aurait recueilli 63 millions de nouveaux francs. Des groupes de choc ont perpétré des attentats sur l'ensemble de l'hexagone et ont sanctionné les réfractaires aux directives du parti en instaurant un régime de terreur (plus de 50 personnes noyées en 2 mois, attribuées essentiellement au conflit MNA/FLN. Le FLN était une faction à visée totalitaire ( Jean-Paul Brunet ).
Saccage d'un magasin
Saccage d'un magasinCouverture de Paris-Match n°655
Couverture de Paris-Match n°655

Le 25 août 1958, le FLN attaque les intérêts français en métropole. Les forces de l'ordre, préfecture de police de Paris s'adaptent aux conditions nouvelles du conflit : le terrorisme à l'échelle nationale était jusqu'alors un phénomène inédit. La préfecture de police amplifie la collaboration entre services et forme une unité de policiers auxiliaires ( FPA ), de recrutement arabo-kabyle, qui met les organisations politiques et militaires du FLN en difficulté.

En 961, la guerre d'Algérie entre dans sa phase finale, après une vague d'actions armées contre la police parisienne et la FPA du capitaine Montaner, les négociations, entre les belligérants reprennent et un cessez-le-feu est instauré ( juin-juillet ). La reprise des attentats par le FLN relance les actions anti-terroristes, avec notamment instauration d'un couvre-feu ( 5 octobre ), qui met à mal le fonctionnement des structures clandestines.

La série d'agressions du printemps et de 1961 a mis la police parisienne à cran (22 policiers ont été tués depuis le début année ) : la violence de la répression de la nuit du 17 octobre 1961, et la commission de certains excès l'attestent.

La fédération de France du FLN connaissait l'état d'exaspération des forces de l'ordre. En outre, engagée dans la lutte pour le pouvoir après l'indépendance, , elle a agi sans l'assentiment du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne et s'appuie sur la population musulmane, qui doit participer en masse à la lutte révolutionnaire ".

Des études récentes ont mis l'accent sur les dimensions sociales et politiques du conflit, minimisant la réalité de la guerre vécue comme telle au quotidien.

Les historiens et universitaires signataires de cet appel posent la question de la responsabilité du FLN pour les événements survenus la nuit du 17 octobre 1961.

1 - La manifestation non autorisée s'est déroulée de nuit, pour braver le couvre-feu, elle fut dirigée sur des points symboliques de Paris, sachant que le gouvernement français ne saurait tolérer un acte qui, s'il n'avait pas été empêché, serait apparu comme une faiblesse aux yeux de l'opinion nationale et internationale.

2 - Des sympathisants du FLN (Elie Kagan) étaient présents pour couvrir l'événement ; les photographies des violences policières ont été immédiatement transmises au GPRA, et rapidement publiées au Caire sous forme d'une brochure (dont Jean-Luc Einaudi a repris la structure) qui a été présentée à l'ONU

3 - Il y a eu des actes de provocation des membres du service d'ordre au pont de
Neuilly ( JP Brunet ). Les femmes et les enfants ont été placés en tête des cortèges : il n'y eut aucune victime parmi eux ( Jean- Paul Brunet a prouvé que Fatima Bedar, présentée comme victime de la répression policière, s'était suicidée ).

4 - Les éléments ci-dessus peuvent laisser à penser que la direction de la Fédération de France du FLN a délibérément choisi la stratégie de la provocation, dans un contexte de logique de lutte d'influence au sein du FLN. Mobiliser ainsi plus de 22.000 personnes de nuit, dans un contexte de violence, de conflit et d'exaspération policière en souligne la responsabilité.


Jean-Paul Angelleli docteur en histoire
Jean-Paul Brunet historien universitaire
Gabriel Conesa universitaire
Philippe Conrad universitaire, historien
Gérard Crespo docteur en histoire
Robert Davezac docteur en histoire
Maurice Faivre historien
Gérard Hilaire professeur agrégé d'histoire
Georges Jehel historien universitaire
Alain Lardillier docteur en histoire
Roger Le Doussal historien
Gregor Mathias enseignant docteur en histoire
Jean Monneret docteur en histoire
Danielle Pister-Lopez universitaire, agrégée de lettres modernes
Jean-Pierre Pister professeur agrégé d'Histoire
Michel Renard historien universitaire
Rémy Valat historien
Roger Vétillard historien
Bernard Zeller historien
Centres de documentation :
Joseph Perez ( CDHA )
Thierry Rolando ( Cercle Algérianiste )

Les promoteurs de la repentance ne désarment pas.
En écho à cette démarche courageuse de ces 22 historiens et chercheurs, l'anniversaire de cet épisode dramatique est l'occasion de poursuivre la « dénonciation du massacre des Algériens » et l'exigence d'une repentance de l'Etat français ». Quelques exemples de ce mouvement :
- un député des Bouches-du-Rhône, Patrick Menucci,vient de déposer une proposition de loi contresignée par 73 parlementaires socialistes : « La France reconnaît publiquement sa responsabilité dans les massacres causés par la répression du 17 octobre 1961 à Paris, de manifestants algériens réclamant l'indépendance de leur pays ». Ce texte n'a aucune chance d'être débattu avant la fin de la législature en cours mais les gestes les plus inutiles ne sont-ils pas les plus beaux ?
- Le président du conseil départemental de Seine-St Denis, Stephane Troussel, vient de demander à François Hollande de faire du 17 octobre, « journée nationale de reconnaissance des crimes et du rôle de l'Etat français dans la guerre d'Algérie », afin que les jeunes issus de l'immigration se sentent pleinement français ».