Le tristement
célèbre télégramme de Pierre Messmer
Pierre Messmer armant un Harki.
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Cette période dramatique de mi-62
est illustrée par des propos et attitudes des gouvernants de l'époque
difficilement qualifiables.
Ainsi, De Gaulle, le 3 avril de l'année déclarait
: " il faut se débarrasser sans délai de ce magma
d'auxiliaires qui n'a jamais servi à rien ". Le 12
mai, Louis Joxe intervenait à son tour : " les supplétifs
débarqués en métropole en dehors du plan général
de rapatriement seront en principe renvoyés en Algérie...
Rechercher les promoteurs et les complices de ces entreprises et prendre
les sanctions appropriées ". Le ministre des armées
confirme le même jour dans un télégramme référence
:
. 1334/MA/CAB adressé au commandement supérieur à
Réghaia en Algérie :
" Il me revient que plusieurs groupes d'anciens Harkis seraient
récemment arrivés en métropole.
Renseignements recoupés tendent à prouver que ces arrivées
inopinées sont dues à initiatives individuelles certains
officiers SAS.
De telles initiatives représentent infractions caractérisées
aux instructions que je vous ai adressées.
Je vous prie d'effectuer sans délais enquêtes en vue déterminer
départ d'Algérie de ces groupes incontrôlés
et sanctionner officiers qui pourraient en être à l'origine.
En veillant application stricte instructions qui ont fait l'objet de votre
note de service N° 1013/CSFA/EMI/MOR du 11 avril, informer vos subordonnés
que, à compter du 20 mai, seront refoulés sur Algérie
tous anciens supplétifs qui arriveraient en métropole sans
autorisation de ma part, accordée après consultation départements
ministériels intéressés ".
Pierre MESSMER
" Ma conscience
est tranquille " affirme l'ancien ministre
Le principal responsable, c'est le FLN, qui les a trompés et les
a massacrés " ( Le Monde, 27 sept 2001 ).
Simone Veil.
Simone Veil élue à l'Académie française à
la place laissée vacante par la mort de Pierre Messmer, a évoqué,
dans son discours de réception, le 18 mars 2010, cette période
des accords d'Evian :
" Les accords d'Évian stipulaient qu'aucun Algérien
ne serait inquiété pour ses engagements passés, notamment
dans l'armée française... Pour nombre d'officiers français,
ce fut un déchirement d'abandonner à leur sort des hommes
qui avaient partagé leurs combats. Certains décidèrent
leur rapatriement en métropole. Après y avoir un temps consenti,
et ouvert des camps d'hébergement, les autorités françaises
publièrent des instructions très strictes mettant fin au
rapatriement.
Une nouvelle fois, Pierre Messmer se plia à la rigueur d'Etat,
au devoir d'obéissance. Plus secrètement, il souffrit de
ce drame, évoquant même dans des entretiens ultérieurs
avec Philippe de Saint-Robert une situation de " non-assistance à
personne en danger ". Plus que quiconque à l'époque,
il eut le redoutable devoir d'incarner l'autorité de l'Etat...
".
Un devoir qui lui fit renoncer à la solidarité et à
l'honneur.
Jean-Pierre Simon.
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