Les combattants d'AFN dans la Grande Guerre
Une mobilisation sans précédent.
Ordre de mobilisation.
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Nul ne devrait oublier ce que les combattants d'AFN ont apporté
dans la victoire de 1918 après de longues années de guerre
en Europe et au Moyen Orient.
Cette guerre de 1914/1918 est le résultat d'intérêts
et d'ambitions opposés entre l'Allemagne et la France et leurs
alliés.
Le 3 août 1914 la Grande Guerre venait de commencer, mobilisant,
sur la durée de celle- ci, un total de 60,45 millions d'hommes
et de femmes, dont :
15 millions en Russie
13,2 millions en Allemagne
9 millions en Autriche-Hongrie
8,05 millions en France
5,7 millions en Italie
4,2 millions aux Etats-Unis
4 millions dans l'Empire Britannique ( dont 1,4 millions aux Indes -12%
en France et 88% en Orient et 1,3 millions dans les dominions ).
A la fin de cet affrontement, on dénombre 9,5 millions de morts
dont :
2 millions d'Allemands,
1,5 millions de Français de métropole et combattants d'AFN,
1,8 millions de Russes,
1,2 millions d'Austro-Hongrois,
750 000 Britanniques,
650 000 Italiens,
1,6 millions autres pays,
Des séquelles pour 6,5 millions ( amputés, aveugles, gazés,
mutilés, défigurés ) sur 20 millions de blessés.
Aujourd'hui, la mémoire collective est pérennisée
par un assemblage de noms de rues et de places, de monuments aux morts,
de manuels scolaires, de romans et de films.
Embarquement des troupes d
Alger en 1914..
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Conscrits en 1914.
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Pour les combattants d'AFN, le patriotisme
coulait de source et le devoir fut vécu comme une évidence.
Leur courage physique et moral n'avait rien d'ostensible et pourtant les
conditions inhumaines de l'affrontement prévalaient sur les fronts
( artillerie, gaz, tranchées, baïonnettes ).
Dans la mémoire familiale, qui n'a pas eu un grand-père,
un père, un oncle qui n'a pas participé à ce carnage
sur les fronts français ou sur celui d'Orient d'où certains
ne sont revenus qu'en 1919 ?
N'ont-ils parlé dans les familles de ces combattants d'AFN, du
détroit des Dardanelles, de Gallipoli ou de Salonique ? Que n'ont-ils
évoqué le front de SouvilleTavannes où beaucoup de
la division de Constantine, composée de tirailleurs algériens
et de pieds-noirs, sont morts bravement ? Il importe donc de faire connaître
le rôle joué par les combattants d'AFN pendant la Grande
Guerre car ils comptèrent parmi les meilleurs de l'armée
française. Bien oubliée aussi est la campagne du Levant
alors que les armes s'étaient tues en Europe, la France, pour remplir,
à l'égard du Liban et de la Syrie, ses obligations découlant
des traités, dut mener à partir de l'année 1915 des
opérations difficiles avec des moyens réduits en provenance
pour la plupart de l'Armée d'Afrique.
Dès 1871, la France avait constitué le 19è corps
comprenant un régiment de zouaves et un de tirailleurs par province
; un régiment de chasseurs d'Afrique et un de spahis, deux régiments
de légion étrangère, deux de hussards et 24 batteries.
Les troupes sahariennes comprenaient cinq compagnies sahariennes mixtes
avec des fantassins, des méharistes, des artilleurs recrutés.
Nous avons vu en AFN les forces indigènes naître et grandir
avec le temps. En regard de la loi du 17 juillet 1900, la France institua
une armée coloniale qu'elle rattacha au ministère de la
Guerre, en lui attribuant un régime propre et un budget distinct.
Ces troupes disposaient de 19 régiments d'infanterie dont 7 au
dehors et 7 régiments d'artillerie. Soulignons que les tirailleurs
algériens ne faisaient pas partie de l'armée coloniale mais
furent appelés -, ( comme la légion et les bataillons d'Afrique
) à prendre une large part aux conflits.
Dans les instances françaises, l'exécution du plan 17 de
Joffre en mai 1914 mettait sur pied à la mobilisation :
84 divisions d'infanterie dont 47 actives
25 divisions de réserve
12 divisions territoriales
10 divisions de cavalerie
Soit au total 1 865 000 combattants.
Avec la mobilisation de l'armée métropolitaine, les gouverneurs
d'AFN eurent ordre d'envoyer les bataillons tant nécessaires. L'Armée
d'Afrique fut la première à partir en métropole avec
les légionnaires, les zouaves ( souvent d'origine européenne
pour ces deux cas ), les tirailleurs algériens et les spahis. En
Algérie, précisons que le service militaire était
obligatoire pour les indigènes depuis 1912.
Tirailleurs en partance pour
le front.
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L'effort de guerre a été important
pour l'Afrique du Nord :* Estimations parfois différentes selon
les auteurs
.
A partir du printemps 1915, ces troupes deviennent
troupes d'assaut et les bataillons coloniaux engagés sur le front
français en 1914 passent à 42 bataillons en 1918, à
quoi s'ajoutent les 23 bataillons de l'armée d'Orient. En 1918,
les effectifs représentent 25 divisions levées, mises sur
pied et engagées tant sur le front de France que sur celui du Moyen
Orient.
Prise d'armes
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La division marocaine du général
Ditte ainsi que la 45è division algérienne du général
Drude ( comportant chasseurs d'Afrique, tirailleurs marocains et zouaves
) sont intégrées à la 6è armée Maunoury
début septembre 1914 et participeront à la bataille de la
Marne. Dans ce conflit, la participation de la Légion Etrangère
a été très importante et remarquable : au total 42
900 volontaires qui forment les 5 régiments de marche dans lesquels
servent en majorité des Russes, des Italiens, des Suisses, des
Belges et des Britanniques.
Suite aux nombreuses pertes subies par ces unités et au retour
de la plupart de ces premiers engagés dans leur pays d'origine,
le commandement décide en novembre 1915 la création d'un
nouveau Régiment de Marche de la Légion Etrangère
( RMLE ).
Le RMLE sera le régiment le plus décoré de France
avec le Régiment d'Infanterie Coloniale du Maroc ( RICM ).
La Légion fournit en outre un bataillon qui. avec deux autres (
zouaves et tirailleurs algériens ) constitue le Régiment
de Marche Marocaine ( RMA ) qui combat à Gallipoli en 1915 et rejoindra
l'armée d'Orient sur le front de Salonique.
Sur les différents théâtres d'opérations, l'ensemble
de nos forces s'est illustré. Quelques actions les plus connues
sont chronologiquement citées :
- Charleroi ( août 1914 ) avec les VI 37è et 38è divisions
d'AFN.
- Canal de l'Ourcq et la Marne ( septembre 1914 ).
-Les deux Morins, les marais de St Gond ( 1è division marocaine
).
- Yser et Ypres ( Belgique ).
Livret militaire de Léon
Rousset
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En 1915, il est déjà recensé
une hécatombe de 130 officiers et 7000 hommes tués, blessés
ou disparus. A Verdun, sont engagés dans la bataille :
- 5 régiments de zouaves.
- 4 régiments mixtes de zouaves et de tirailleurs.
- 6 régiments de tirailleurs.
- 1 régiment de tirailleurs marocains.
- 1 régiment de spahis.
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Spahis dans les tranchées,sur
les bords de l'Oise en 1916.
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Les ler et 3è bataillons d'Afrique.
Le régiment colonial du Maroc. Les forces d'AFN furent de tous
les combats jusqu'à l'Armistice. A leur retour en Algérie,
Tunisie, Maroc, les emblèmes de l'Armée d'Afrique brillent
d'honneurs bien mérités.
A propos de la Division Marocaine, lors de la bataille de la Marne, le
Maréchal Foch aurait dit : " la fortune a voulu que Division
marocaine fût là ". Quand à Adolphe Messimy,
il écrit plus tard dans ses mémoires, à propos de
ces divisions d'AFN, toutes origines confondues, ayant participé
à cette victoire de la Marne : " Je laisse à ceux
qui me liront le soin de réfléchir à ce qu'auraient
été les événements, si Gallieni sur l'Ourcq
et Foch aux marais de St Gond, n'avaient pas eu à leur disposition
ces troupes d'élite, pleines d'élan et fraîches, s'ils
auraient pu remporter de justesse ces deux succès qui décidèrent
du sort de la bataille décisive... et de la France ".
Au Moyen Orient dans les Dardanelles, à Salonique, au Levant, les
combattants d'AFN s'illustrèrent depuis le début et notamment
:
- 1914: bataille de Sarikamis
- 1915 : bataille de Bitlis Bataille des Dardanelles, de Kefken, de Krithia,
siège et bataille de Kut-el-Amara
- 1916 : bataille de Erzurum
- 1917 : chute de Bagdad bataille de Gaza/Beersheba, bataille d'Aqaba
- 1918 : bataille de Meggido, bataille de Sardarapat.
Citons les 1" et 2è RMA, le 2eme bis de zouaves et le 3è
RMLT du Levant qui participèrent bravement à ces engagements.
Avec leurs uniformes seyant. les " zouzous " ( Zouaoua ), turcos,
joyeux, sahariens furent impliqués sur tous les fronts occidentaux.
Troupes de légende qui se révélèrent incomparables
dans les coups durs, elles ont acquis leurs titres de gloire étroitement
mêlées aux divisions d'élite métropolitaines.
Elles ont conquis l'immortalité dans les plis de leurs drapeaux
surchargés de noms de victoires, de décorations et de fourragères.
Pour tous ceux et celles qui ont directement ou indirectement traversé
cette longue période anxiogène et exaltante à la
fois, un hommage appuyé est ici rendu pour l'éternité
et pour que la mémoire collective garde une grande place aux Français
d'Algérie ayant vécu ce drame.
Les Dardanelles, Salonique, Orient, Levant, 1er
RMA
Le 1er février 1915, un régiment de marche d'Afrique est
formé d'abord sous le nom de " Régiment d'Algérie-Tunisie
" avec des éléments tirés des dépôts
de Tunis, Constantine, Philippeville, Sidi bel Abbès et Oran :
le bataillon " C " du 4è zouaves, commandant Benoit ;
un bataillon du 3è zouaves sans numéro, commandant Franchot
; un bataillon de légion étrangère, commandant Geay.
Morts des tranchées.
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Il fut placé sous les ordres du lieutenant-colonel
Desruelles, du 4è zouaves. Les bataillons furent regroupés
à Malte le 5 mars. Ils étaient destinés à
faire partie du corps expéditionnaire des Dardanelles. Le régiment
de marche d'Afrique fut rattaché à la brigade métropolitaine,
général Vandenberg. Après un séjour de plus
d'un mois en Egypte, le régiment avec les autres corps de troupe
de la division d'infanterie ( 175è RI, deux régiments mixtes
d'infanterie coloniale ) fut amené à l'entrée du
détroit des Dardanelles. Les hommes portaient 300 cartouches, un
outil de parc, des sacs à terre, des piquets ou un réseau
Brun.
Les âpres combats durèrent jusqu'en mai 1919 et le RMA ne
fut dissout que le 9 juin 1919. En 51 mois de campagne, le régiment
avait perdu 58 officiers, 2181 sous-officiers, caporaux et zouaves, morts
au champ d'honneur.
2è RMA
Composé de 3 bataillons fournis par les dépôts des
1er, 2è et 4è zouaves, commandés par le lieutenant-colonel
Bernadotte, rassemblés à Bizerte d'où il partit le
8 mai 1915 pour le front des Dardanelles. Les zouaves se comportèrent
héroïquement et les actions d'éclat ne se comptèrent
plus. Il fut dissous le le' octobre 1917 et tous ses éléments
passés au 1er régiment de marche d'Afrique. Pendant la campagne
il avait perdu 2 chefs de corps ( Mignerot et Nautille ), 2 chefs de bataillons,
12 capitaines, 43 lieutenants et sous-lieutenants et près de 1500
zouaves.
2è bis de zouaves
Constitué dans la région de Montpellier le 20 août
1914, commandement lieutenant- colonel Dubujadoux, avec le 4è bataillon
( active ), les 12è et 14è bataillons du
2è zouaves ( réserve ), il appartient à la 45è
division d'Afrique. D'abord se battant bravement sur le front ( Ourcq,
Etrépilly, Crouy, Ypres ) il fut désigné en novembre
1915 pour faire partie de l'Armée d'Orient et combattit notamment
en Macédoine à Struma et à Monastir. Il a été
de tous les coups durs à Karakli, Kristos, Kalendra, Tapalowa,
Provenick, Serés, Négocani, Téparci, Vranovci, Yaratok.
Le régiment fut dissout le 23 octobre 1918.
3è RMLT du Levant
C'est un régiment de marche constitué en 1917 à base
de tirailleurs, pour entrer dans la composition du détachement
français en Palestine, commandé par le colonel de cavalerie
de Piepape. Embarqué à Bizerte le 13 avril, il est regroupé
au sud de Gaza à partir du 26 avril. Il passe en première
ligne le 31 août et participe à l'attaque du front turc le
19 septembre puis entre à Beyrouth le 12 octobre. Il devait disparaître
à la fin de l'année 1920, les zouaves étant versés
au 412è, les tirailleurs ayant formé les 17è et 36è
régiments de leur arme.
Gérard Ferrandis
Bibliographie
Historama hors serie n°10 1970 les Africains.
L'Algérie et la Guerre 1914/1918. Jean Mélia. Plon 1918.
Wikipedia, Gallica
Histoire de l'Armée Française. Gl Weygand. Flammarion 1938.
Morts pour la France 1914/1918. Académie d'Alger.
L'Armée d'Afrique de 1830 à 1962.Edition Lavauzelle. Statistiques
BIT
Bulletin de l'AGMG et Les gueules Cassées
Histoire de l'Armée d'Afrique de 1870 à 1920 ( CDHA N°
355 JOU 8619 p58 )
Le chemin des Dames Pierre Miquel p.28.
Les poilus. Pierre Miquel. Pocket. Paris. 2002.
Sites internet : ecpad.fr - rosalielebel - cairn. fr - herodotefr
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