Edito
Et les aspects positifs de la décolonisation ?
La loi du 23 février 2005 comportait
un article 4 qui, on s'en souvient, engendra une réaction indignée
de certains milieux d'historiens français qui considérèrent
que la colonisation ne pouvait avoir d'" aspects positifs ".
Emmenée par un enseignant communiste, Claude Liauzu, la croisade
pour l'abrogation de cet article occupa largement l'espace médiatique,
et, finalement, le président de la République Jacques Chirac,
par une astuce juridique extravagante, le fit retirer.
Le gouvernement algérien, surpris par l'initiative, s'inscrivit
alors en surenchère et exigea à son tour la suppression
du texte. Depuis, et régulièrement, la colonisation est
instrumentalisée comme la source de tous les maux du pays.
Colonisation/décolonisation, et si nous apportions notre contribution,
- forcément objective...-, à l'équilibre de la démonstration
en relevant les aspects positifs de cette dernière ?
Pour notre exercice, il suffira de suivre l'actualité algérienne,
à travers la lecture de sa presse quotidienne : on y notera un
certain nombre de constats, de réalités mesurées,
qui sont à rapprocher des situations du " temps de la colonisation
".
Le premier sujet, d'extrême actualité, concerne la question,
primordiale pour la population, de la santé en Algérie.
L'illustrent la décision de plusieurs ministres et chefs de partis
algériens, sans omettre le chef de cet Etat, de renoncer à
se faire soigner dans leur pays, la grève des praticiens qui pendant
plusieurs semaines a paralysé les services hospitaliers, le cri
d'alarme des médecins qualifiés sur l'état de délabrement
de leurs établissements. Nous consacrerons un article du prochain
Mémoire Vive à ce sujet : il y sera question de l'hôpital
Mustapha, de la grande école de médecine d'Alger d'avant
1962, et des remarquables travaux qui y furent réalisés
pour vaincre les épidémies endémiques du territoire.
L'habitat, autre préoccupation majeure de la population. Les "
logements " en bidonvilles s'élèvent aujourd'hui à
550.000 unités, soit près de 10 % du total des locaux occupés.
Certains ont plus de 50 ans maintenant, comme ceux de Dessolier, près
de la " Cité La Montagne " à côté
d'Alger. On y dénombre plus de 1000 familles dans des constructions
en tôles, plastiques et planches. Le média " Algéria
Watch interroge un habitant de 52 ans qui y est né, et vit avec
ses proches à 30 dans quatre pièces.
Aspect pas très positif pour un pays qui étale ses 190 milliards
de réserves de change, qui arbore un excédent commercial
de 22 milliards de dollars en 2012...constitué, il est vrai, par
les exportations de ces produits gaziers et pétroliers si généreusement
concédés par la France lors de la désastreuse négociation
d'Evian ( cf Mémoire Vive n°51 ).
Exportations, importations, autre sujet " positif ". L'Algérie
n'exporte quasiment plus de produits agricoles, et en importe massivement
: lait en poudre, pommes de terre, blé et céréales
et même fruits, ce qui amène à évoquer le sort
du " muscat de Cherchell ", ce beau raisin à la forme
ovale si apprécié des consommateurs de raisin de table.
Avant 1962, entre le versant Nord du mont Chenoua et la plaine de Novi,
un millier d'hectares était en production, dont une partie expédiée
vers les marchés de la métropole d'alors. Après le
passage des plans autogestionnaires, il reste 25 à 28 hectares
sur lesquels est encore produite cette variété, " un
patrimoine en péril " comme le qualifie El Watan.
Du pillage organisé du sable des plages côtières au
saccage des sites archéologiques et touristiques, bien d'autres
aspects " positifs " de cette décolonisation amorcée
voici 51 ans dressent un bilan navrant des gâchis de la période.
A inscrire dans le débat.
Joseph Perez
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