L'émigration Maltaise
en Algérie Jusque dans les
premières années du XIXe siècle, l'émigration n'a
pas beaucoup tenté les Maltais. L'arrêt de la guerre de course menée
par les Chevaliers (Menée par l'Ordre
de Malte contre les pirates barbaresques.), l'ordre imposé par
la France et l'Angleterre en Méditerranée, l'implantation de ces
mêmes puissances au nord de l'Afrique ont incité alors les insulaires,
désormais à l'étroit sur leur archipel, à tenter l'aventure
outre-mer. L'Algérie et la Tunisie ont attiré la majorité
des partants, aussi semble-t-il important de situer l'arrière-plan économique
et les fluctuations entrant en jeu dans le processus migratoire. Le départ
des Chevaliers de Malte en 1802 a causé un choc important ; la politique
menée par la puissance coloniale anglaise à partir de 1800 n'a pas
perturbé le système économique très paternaliste de
ces Chevaliers. Il faudra attendre les années 1840 pour que les dépenses
publiques atteignent le niveau qu'elles connaissaient en 1798. La guerre de Crimée
le quadruplera (200.000 livres en 1840, 817.000 en 1856) : des centaines de bateaux,
des milliers de marins transiteront par Malte pour rejoindre la Mer Noire. Jusque
vers 1800, la culture du coton constitue l'essentiel des revenus des paysans,
elle va connaître des fortunes diverses pendant le siècle. C'est,
au tout début de la période, le gouvernement espagnol qui interdit
l'importation de coton étranger, provoquant par là-même une
chute des cours que renforce, vers 1825, l'arrivée à bas prix du
coton égyptien, portant ainsi un coup fatal à l'économie
domestique maltaise. Seule la guerre civile en Amérique du Nord permettra
une reprise de la culture sur l'archipel qui, entre temps, aura connu un doublement
de sa population.
Entre 1840 et 1870, La Valette va jouer le rôle
de port-entrepôt essentiel dans le commerce de redistribution ( 1840, l'importation
de blé : 6 millions de francs ; 1870, 160 millions ).
L'émigration
fournit un réseau de correspondants dont la fonction sera essentielle dans
les pays où ils se fixeront.
Périodes de dépression,
calamités agricoles, épidémies ne manquent pas, contribuant
à maintenir un état de misère chronique sur l'archipel. La
population double en 100 ans avec un accroissement décennal de 10 000 personnes.
Tous ces éléments auront un impact très profond sur l'émigration
maltaise. Les échanges accrus, les nouvelles possibilités offertes
vers l'ouest de la Méditerranée vont drainer des milliers d'hommes,
de femmes et d'enfants vers les colonies françaises.
Y a-t-il eu
volonté des autorités d'établir une colonisation officielle
? L'Angleterre, tout au long du siècle, a adopté une attitude de
laisser- faire : le principe fondamental étant de ne pas consacrer de fonds
publics à une émigration organisée par l'Etat, a fortiori
vers des terres colonisées par une puissance rivale. Algérie puis
Tunisie recevant des milliers d'insulaires qui s'y dirigeaient spontanément,
il y avait lieu de s'en réjouir : il n'était pas nécessaire
d'entreprendre des négociations avec les autorités françaises
ou le gouvernement de la Régence de Tunisie. Les Anglais étaient
même favorables à une émigration qui pouvait s'avérer
dépolitisante dans le contexte politique de la deuxième partie du
siècle où les idées du Risorgimento italien étaient
véhiculées sur l'archipel. Ils pensèrent cependant à
une émigration momentanée avec perspectives de retour, ce en quoi
ils firent erreur, l'émigration a toujours été, à
Malte, un processus sans retour.
Ce n'est qu'en 1873, à la suite
d'une crise économique et au moment où le problème démographique
prend de l'importance, que le ministre Houlton prend contact avec les autorités
françaises. Le Colonial Office propose une émigration officielle
vers l'Algérie. Elle permettrait de décongestionner les îles
dont on se rend compte qu'elles ne pourraient plus nourrir les habitants, ni les
défendre en cas de conflit. Les autorités françaises, surprises
de l'intérêt subit que les Anglais portent à ces émigrants,
répondent que les Maltais viennent s'installer depuis des années
et qu'ils peuvent continuer à immigrer sans qu'il soit nécessaire
de leur accorder un quelconque privilège.
En Tunisie, le consul
Wood a élaboré un projet de colonisation capitaliste agricole. En
1863, les autorités de la Régence ont autorisé les étrangers
à devenir propriétaires. Les Maltais, nombreux dans le pays, avaient
eu recours jusque-là à des prête-noms tunisiens. L'appel de
Wood aux financiers anglais resta sans écho mais, à compter de cette
période, de nombreux Maltais purent acquérir des terres. En 1875
c'est l'avocat maltais Dingli qui tourne ses yeux vers la Régence et envisage
d'y orienter un millier de personnes. Il demande la création d'une "
Maltese emigration society ", sollicite l'aide du Colonial Office, sensibilise
les milieux d'affaires maltais. Il veut acheter 6.500 hectares de terre pour y
installer des paysans maltais ; pour différentes raisons, le projet ne
réussira pas.
Dernier appel en 1904, émanant de la Chambre
de Commerce de Malte, la Chambre d'Agriculture de Tunisie demande une augmentation
des échanges entre Malte et le protectorat français. Dans sa réponse,
la Chambre de Commerce de La Valette insiste pour que la main-d'oeuvre maltaise
soit mieux employée, immigrés déjà installés
ou nouveaux immigrants.
Côté français, les appels à
la colonisation maltaise ne furent pas très nombreux, rien de comparable
à ce qui fut entrepris pour les pays du nord de l'Europe. Il y eut même
certaines interventions, invitant à se méfier de l'immigration du
sud de la Méditerranée. Dès 1820, les Chevaliers de Malte
avaient proposé d'aider les autorités françaises à
coloniser l'Algérie. Ils suggéraient l'utilisation des Maltais pour
faciliter les contacts avec les autochtones et aider ainsi à la pénétration
dans le pays.
En 1830, tout de suite après l'intervention française
à Alger, le Consul de France à Malte, Dominique Miège, écrit
une longue lettre à ses supérieurs dans laquelle il évoque,
pour les paysans maltais, l'espoir ouvert par l'opération menée
en Algérie. Les chefs de famille sont nombreux à demander au consulat
l'autorisation de s'établir dans ce qui n'est pas encore une colonie. Le
diplomate évoque la possibilité d'établir 3.000 paysans maltais.
L'administration française avait d'autres soucis et le courant migratoire
s'établit spontanément.
La commission d'enquête envoyée
en Algérie en 1833 demandait d'accélérer la colonisation
et recommandait de " prendre des colons partout : des Allemands aux qualités
solides et... des Maltais moins recommandables, mais s'adaptant facilement ".
Cela
rejoignait l'opinion de Bugeaud qui recommandait de faire vite et de prendre des
colons partout " chez nos voisins ". D'autres voix s'élèvent
pour s'opposer à cette venue des Maltais (comme à celle des Mahonnais
ou des premiers Espagnols). Genty de Bussy, conseiller d'Etat, déplore
que l'Europe envoie en Algérie ses rebuts et qu'elle en fasse le dépôt
de ses mendiants. " Nous avons à nous défendre des émigrations
répétées des Baléares et de Malte ! ", écrit-il.
Les
lieutenants-généraux Lamoricière et Bedaut, dans un projet
de colonisation des provinces d'Oran et de Constantine daté de 1847, sont
à peine plus discrets quand ils recommandent de ne rejeter aucun mode de
colonisation à l'exclusion de celui des pauvres. En Tunisie, où
il n'y avait pas lieu d'appeler à la colonisation maltaise, celle-ci s'étant
faite spontanément et bien avant l'établissement de la France, une
tentative officielle de type capitaliste a tenté l'installation d'une centaine
de Maltais, hommes et femmes dans le golfe d'Hammamet. Chaque famille devenait
propriétaire d'animaux, de terre et recevait une somme d'argent. L'essai
se solda par un échec. Evolution
des effectifs de la population maltaise en Algérie et en Tunisie. | | ALGERIE | TUNISIE | 1833
| 1 213 | - | 1841 | 3
795 | 2 500 | 1856
| 7 114 | 6
500 | 1866 | 10
627 | 7 000 | 1881
| 15 402 | 7
000 | 1891 | 14
677 | 11 706 | 1906 | 10
933 | 10 330 | 1921 | 5
000 | 13 520 |
En
Algérie, les premiers immigrants ont suivi l'entrée des Français
dans Alger. L'installation de commerçants, de bateliers sur les côtes
a été immédiate et, par la suite, la progression des effectifs
et l'implantation dans le pays ont suivi. Bône, Constantine, puis Philippeville
ont reçu les plus gros effectifs ; Alger et sa région ont accueilli
le reste. Puis les immigrés maltais ont avancé au gré des
créations de centres, des ouvertures de routes, de la construction de voies
ferrées. En 1872, 73% de la colonie étaient établies dans
le Constantinois, 26% à Alger, Oran et sa province ne totalisaient que
1% des effectifs. Cette raréfaction dans les zones occidentales du pays
se retrouve à l'échelle des trois pays du Maghreb " français
". Il y aura moins de 100 Maltais au Maroc en 1890 alors que l'Algérie
culmine au même moment à près de 15.000 individus au recensement
de 1881. En 1914, les chiffres marocains donnent un maximum de 1.000 Anglais (Gibraltariens
compris) à une époque où l'Algérie ne compte plus
que 5.000 Maltais après naturalisation, et où la Tunisie culmine
à 13.500 au recensement de 1921.
L'implantation en Tunisie a bénéficié
de la proximité des îles et de la Régence. Des liens commerciaux
avaient déjà été tissés entre les deux pays,
l'entrée de la France en Algérie a stimulé l'émigration
vers les côtes d'Afrique les plus proches. Dans ce pays, la colonie a précédé
de longtemps l'arrivée de la puissance coloniale. Les premiers individus
sont signalés dès le début du 19e siècle, de Tabarka
à Zarzis. L'immigration suivra par les ports de La Goulette, Porto
Farina, Djerba, Sousse, Tunis concentrant les plus gros effectifs.
Les
effectifs maximums pour les deux colonies se situent en 1891, date à laquelle
l'Algérie totalise près de 15.000 personnes et la Tunisie 12.000.
A Bône, dont on a pu dire qu'elle était la deuxième capitale
des Maltais, leur colonie dépassera longtemps le groupe italien pratiquement
jusqu'en 1885 et ce n'est que vers 1850 que l'élément français
dépasse l'ensemble maltais.
Les décrets de naturalisation
successifs assurent la naturalisation contre la conscription, obligeant les prêtres
ou les marins à devenir français pour pouvoir embarquer ou émarger
au budget. Mais ce sont les naturalisations automatiques et les mariages croisés
qui vont affaiblir le groupe des Maltais en favorisant son insertion dans la communauté
française.
Surpopulation et vicissitudes économiques ont
poussé les Maltais hors de leur archipel. Pourquoi se sont-ils concentrés
un moment sur l'Algérie et la Tunisie ? Les Maltais n'ont pas donné
suite à des tentatives d'émigration hors du cercle méditerranéen
: échec de l'émigration militaire vers les îles Caraïbes
et d'un projet de soldats-paysans ; échec, en 1848, de la tentative de
remplacement à Hong-Kong des régiments anglais par des régiments
maltais. On pourrait citer de même les tentatives du Colonial Office d'envoyer
des civils aux Antilles, en 1825, ou rappeler l'invitation des planteurs antillais,
en 1840, désireux d'employer une main-d'oeuvre plus qualifiée que
la main-d'oeuvre noire, même si elle constituait un sous-prolétariat
européen. Seuls quelques individus partiront pour la Guyane en 1830 ou
à Grenade en 1840. Ce n'est qu'à partir de 1861 que les autorités
australiennes du Queensland pensent aux Maltais, suivies en 1884 par celles de
la Nouvelle-Zélande. Mais là encore, à cette époque,
les Maltais ne sont pas attirés par ces terres des antipodes. On sait qu'elles
constituent, avec le Canada, les terres privilégiées de l'émigration
maltaise depuis le début du XXe siècle.
Les Maltais ont privilégié
les terres de la Méditerranée du Sud. Les projets civils d'émigration
à l'intérieur de ce cercle ont tenté de les attirer vers
les îles de Chypre ou de Céphalonie mais le courant naturel va se
porter vers les côtes de l'Afrique, de l'Egypte au Maroc. il Même
si de petites colonies se formeront à Constantinople, à Smyrne,
en Sicile ou à Gibraltar,. c'est vers les côtes tripolitaines, la
Cyrénaïque et la région du Nil que s'installeront quelques
milliers de Maltais attirés par le commerce, les grands travaux et l'espérance
de meilleures conditions de vie. Les pays arabes les ont attirés plus que
d'autres. Manifestement, ils ont préféré le Maghreb aux régions
africaines et la protection française à celle de l'Angleterre qui
s'installait dans toute la partie orientale du continent africain : on ne relève
vers les années 1870 que quelques individus isolés dans un effectif
global de 20.000 Européens recensés dans l'Afrique orientale anglaise.
Outre
les facteuia d'appel les plus couramment avancés ( proximité des
pays, salaires plus élevés, possibilités commerciales...),
il est certain que dans le cas spécifique des Maltais, les facteurs psychologiques
et culturels ont joué un rôle déterminant. En amont, les déceptions
furent nombreuses avec l'administration anglaise, elles furent d'autant plus grandes
que l'on attendait beaucoup après l'expérience révolutionnaire
française. Les Anglais n'ont affiché que morgue et mépris
pour ces " Italiens dégénérés ", ces "
Orientaux n'ayant rien de britannique ". Ils n'ont pas hésité
à les remplacer dans les emplois qu'ils occupaient, ne leur ont accordé
que 5 % des effectifs dans les régiments de Sa Majesté, et les ont
supplantés dans le commerce et la marine grâce à la supériorité
de leurs navires et la meilleure organisation des structures commerciales.
Enfin,
la querelle linguistique entre l'anglais, que la puissance coloniale voulait imposer,
et' l'italien, que parlaient et lisaient les Maltais, fi empoisonné les
rapports à la fin du siècle. Le souvenir des Français était
vif et, somme toute, nostalgique : un des derniers grands maîtres, M. de
Rohan, avait régné 20 ans sur l'archipel et, outre l'expérience
jacobine malheureuse, les retombées culturelles du passage de Bonaparte,
les liens universitaires qui unissaient certains Maltais lettrés à
la France étaient importants. En Algérie, les immigrés étaient
assurés d'une protection armée et d'une administration de plus en
plus structurée en qui ils avaient totalement confiance. Ils préféraient
s'en remettre à elle ( et aux Capucins italiens, en Tunisie, dans les premiers
temps ) plutôt que de se faire immatriculer auprès des consuls anglais
qui ne s'en occupaient pas toujours comme il aurait fallu. La possibilité
de devenir propriétaire d'une terre, richgjde surcroît, dont le manque
se faisait sentir sur des îles n'a pas été un des moindres
facteurs d'attirance. Faut-il ajouter qu'ils retrouvaient en Algérie ou
en Tunisie la possibilité de pratiquer une religion pour laquelle ils affichaient
une dévotion très particulière ? Par dessus tout, la langue
maltaise proche de l'arabe parlé en Afrique du Nord a facilité les
contacts avec les autochtones. Avantage certain sur les autres immigrés
qui a placé les Maltais à la charnière des groupes allogènes
et des sociétés indigènes, l'armée utilisant dès
le début les services d'interprètes maltais. Sur place, les premiers
groupes se sont distingii,és par leur comportement. La première
image qu'ils laissent aux arrivants est celle de ces bateifliers qui assurent
la liaison entre les navires en rade et la côte, moyennant finances dans
des conditions d'honnêteté relative. Les observateurs de l'époque
sont unanimes à signaler leur saleté très particulière
et leur lenteur à s'en défaire. Leur parcimonie et leur rôle
dans les échanges ont été vite remarqués passant rapidement
pour de l'avarice, ce qui leur attira hostilité et mépris. Et ce,
au moment où parmi les premiers arrivés, les aventuriers ne manquaient
pas, seul le rôle des prêtres réclamés par les consuls
permit de faire reculer la violence et le vol + contre lesquels se battait l'administration
française. Plus que les autres Européens - et même plus tard
en Australie -, ils avaient une tendance bien nette à se rassembler et
à former des groupes bien distincts des autres. Pour l'Administration,
le Maltais est un personnage peu recommandable dont on tolère par force
la présence. Les consuls anglais le signalent dans leurs rapports :
" Les Français n'aiment pas les Maltais ". " Ce sont les
étrangers pour lesquels les fonctionnaires français ont le moins
de sympathie " signale Baudicourt ; il faut dire, en plus, qu'à cette
époque on ne fait pas bien la différence entre Maltais, sujet britannique,
et Anglais.
Pour les autres immigrés, il ne fait pas de doute que
les Maltais sont au bas de l'échelle, à la limite même entre
les Européens et les autochtones Arabes ou Juifs. Ils considèrent
ces " étrangers " comme réellement inférieurs et
ils n'éprouvent pour eux que du mépris.
Pour les autochtones,
l'image n'est pas meilleure.
Rapidement les Maltais vont prendre des places
recherchées d'intermédiaires : ils évinceront les Juifs dans
le commerce, l'usure et la spéculation, remplaceront, par la force s'il
le faut, les Arabes dans le métier du colportage sur les côtes, puis
du transport dans l'intérieur. Ils constituent pour ces derniers une véritable
énigme : ces gens-là leur ressemblent, parlent leur langue (les
mariages sont célébrés en langue arabe), mais pratiquent
un catholi-cisme exacerbé tout en conservant sur leur poitrine la main
de Fatma, lointain souvenir de l'invasion arabe sur les îles. Au total,
cette émigration maltaise a été une émigration de
la misère. Contrairement à ce qui s'est passé sur les autres
îles du bassin méditerranéen, l'émigration vers l'Algérie
et la Tunisie n'a pas empêché sur l'archipel lui-même une augmentation
constante de la population, une pression permanente sur les terres et l'augmentation
du sex-ratio en faveur de l'élément masculin. Elle s'inscrit en
filigrane dans le courant de l'émigration italienne vers l'Afrique du Nord
: elle en subit les influences culturelles, religieuses et politiques. Rarement
les Maltais s'affirment, culturellement parlant, en tant qu'entité spécifique
: ils apparaissent à travers les confréries ou des publications
dont les Italiens sont à l'origine.
C'est une colonie qui a évolué
dans le sens d'une déculturation complète ou presque. Tout au plus
peut-on parler de juxtaposition de leur culture à côté de
la culture dominante de plus en plus importante. Il aurait été possible
que l'acculturation se fît en direction de l'élément indigène
et cela n'a pas manqué à certains moments dans certaines conditions
d'isolement ou de subordination par le travail. Il semble que la perte d'identité
toute relative ait été plus précoce en Algérie où
la colonie s'installait en même temps que l'élément français
et participait, même lentement, à la constitution d'un peuple nouveau.
En Tunisie, les Maltais ont vécu longtemps sans modèle de culture
coloniale bien avant l'établissement du protectorat.
L'émigration
maltaise en Algérie a vu se constituer ainsi un groupe original et bien
spécifique qui, en Tunisie, l'a été davantage encore. Les
effectifs - bien que moindres en valeur absolue - apparaissent plus importants
par rapport à l'effectif des Européens qui y sont moins nombreux
qu'en Algérie.
S'intégrant plus ou moins rapidement par la
naturalisation, les mariages croisés, le groupe des Maltais a fortement
marqué la colonisation : encore aujourd'hui dans les milieux rapatriés,
on distingue avec affection les Maltais ou du moins les descendants de ces Maltais
qui s'installèrent en Afrique du Nord. Marc
DONATO Bibliographie : - Pierre
Dimech. Contribution à l'histoire politique et constitutionnelle de Malte.
Thèse. 1973. - Marc Donato. L'émigration des Maltais en Algérie
au XIXe siècle. Africa Nostra. 1985. - Marc Donato. Elisa la Maltaise.
Editions Gandini. Nice. 2002. - Marc Donato. Rue des Maltais. Editions Gandini.
Nice. 2002. - René Gonnard. L'émigration européenne au
XIXe siècle. A.Colin. Paris. 1906.
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