Alger, la Cathédrale
En disparaissant sous les effets de la mine
Le Fort des 24 Heures d’Alger livrait, le 27 décembre 1853 les restes du martyr Géronimo
Le corps repose depuis à la cathédrale d’Alger

En disparaissant sous les effets de la mine
Le Fort des 24 Heures d’Alger livrait, le 27 décembre 1853 les restes du martyr Géronimo
Le corps repose depuis à la cathédrale d’Alger

Il n’est pas de jour, à la lecture du Martyrologe, que nous n’entendions proclamer le nom de saints ou de martyrs africains. Encore que la liste ne comporte que les noms de ceux dont les faits ont pu être absolument authentifiés.

Sur cette terre que les Cyprien, Augustin, Monique, Perpétue et Félicité ont marqué de leur sang, le souvenir des martyrs de l’Eglise primitive demeure éternellement.

Alors que l’Algérie s’apprête à célébrer en février prochain le XVIe centenaire de la naissance de saint Augustin, Alger est à la veille du centenaire d’un grand événement, celui de la découverte des restes de Géronimo, le martyr du « Fort des vingt-quatre heures ».

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Voir:

les feuillets d'El-Djezaïr
Henri Klein

L'ensemble militaire
Batteries Extérieures

sur site le 15-2-2009

Sur le terrain de l'Esplanade Bab-el-Oued :
Bordj Setti-Takelitt, de la Dame-Négresse ( Maraboute kabyle, inhumée jadis en ce lieu et que venaient â l'entrée du fort, invoquer les musulmanes en quête d'un époux. Ecrivant à ce propos au Ministre de la Guerre, le Général Berthezène disait : Une prière renouvelée trois jours de suite, suffit parait- il, pour que leur voeu soit exaucé!), appelé ausi Fort des Vingt-Quatre-Heures et Fort Ali-Pacha, dont Mohammed-Pacha commença la construction en 1557, et qui était armé de 27 canons. Ce fort disparut lors de la création de l'Arsenal.
On découvrit en 1853, dans le corps de sa maçonnerie, le squelette du martyr chrétien Géronimo, lequel, sur l'ordre d'Ali-Pacha, y avait été enseveli vivant en 1567, comme renégat de la foi musulmane. Les restes de ce martyr sont conservés à la Cathédrale d'Alger.


extraits de l'Echo d'Alger du 30-12-1953 - Transmis par Francis Rambert

mise sur site :janvier 2025

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En disparaissant sous les effets de la mine

En disparaissant sous les effets de la mine
Le Fort des 24 Heures d’Alger livrait, le 27 décembre 1853 les restes du martyr Géronimo
Le corps repose depuis à la cathédrale d’Alger

Il n’est pas de jour, à la lecture du Martyrologe, que nous n’entendions proclamer le nom de saints ou de martyrs africains. Encore que la liste ne comporte que les noms de ceux dont les faits ont pu être absolument authentifiés.

Sur cette terre que les Cyprien, Augustin, Monique, Perpétue et Félicité ont marqué de leur sang, le souvenir des martyrs de l’Eglise primitive demeure éternellement.

Alors que l’Algérie s’apprête à célébrer en février prochain le XVIe centenaire de la naissance de saint Augustin, Alger est à la veille du centenaire d’un grand événement, celui de la découverte des restes de Géronimo, le martyr du « Fort des vingt-quatre heures ».

LE FORT DES 24 HEURES
La bastion turc qui devait garder trois siècles son secret, fut construit par le roi Euldj Ali, renégat calabrais, dans te but de défendre la ville contre d'éventuels débarquements ennemis.

Par rapport à la topographie actuelle, le fort occupait l’emplacement délimité par les rues Géricault, Eugène-Robe, Lestienne et Borély-la-Sapie. Une partie de l’ancien fort, dont la pointe nord correspond à l’entrée du cinéma Majestic, est aujourd’hui dominée par l’église Saint-Vincent de Paul.

On peut aujourd’hui imaginer les efforts qui ont été déployés pour faire de cet endroit désert, balayé par les vagues, un des plus beaux quartiers d’Alger.

LE MARTYRE DE GERONIMO
C’est en 1569 que commence véritablement l’histoire de Géronimo (Jérôme), d’origine maure et converti au christianisme. Un jour qu’il s’éloignait d’Oran où il résidait, Géronimo fut capturé par un groupe de brigantins et vendu au roi Euldj Ali. Il n’avait pas 30 ans. Petit de taille, visage maigre, teint brun, Géronimo montra sa volonté de caractère et la fidélité à sa foi jusqu’à sa mort.
Ni la persuasion, ni la menace, ni li torture enfin n’altérèrent cette foi qui exaspérait Euldj Ali. Las, celui-ci décida de faire aménager une cavité en forme de tombeau dans le fort en construction « pour y piser » le jeune homme. Malgré toutes les pressions, Géronimo déclara encore au roi, le 18 septembre 1569 : « Je ne renierai ma foi pour rien au monde. »
Alors sur les ordres d’Euldj Ali, Géronimo fut attaché et jeté dans une sorte de caisse à pisé et recouvert de terre. Les serviteurs du roi « damèrent » le corps à grands et cruels coups de pilon et enterrèrent la victime vivante sans que celle-ci eût laissé échappé la moindre plainte.

UNE DÉCOUVERTE MIRACULEUSE
La découverte des restes de Géronimo tient du miracle. En 1846, un marché conclu entre l’administration militaire et les entrepreneurs chargés de la démolition du fort est rompu. La tâche est confiée alors au capitaine Suzzoni qui vient de prendre connaissance d’un article de M. Berbrugger, conservateur de la bibliothèque et du musée d’Alger, sur une documentation de l’historien espagnol Haédo. Celui-ci a relaté les conditions dans lesquelles Géronimo tut enterré.

Aussi, l’officier français s’entouret-il de toutes les précautions. Malheureusement, ses recherches sous l’épaisse muraille ne donnent aucun résultat. Pourtant, il faut exécuter les ordres du ministre.

Au matin du 27 décembre 1853, le « Fort des vingt-quatre heures » est irrémédiablement soumis aux effets de la mine.

En disparaissant sous l’explosion, le vieux bastion, dont une partie fut par extraordinaire épargnée, devait authentifier la magnifique histoire écrite par Haédo en 1612.

Le seul bloc resté intact laissait apparaître une cavité renfermant des ossements. Avec les experts, les autorités civiles et l’autorité épiscopale constituèrent une commission qui devait conclure à la reconnaissance des restes du jeune martyr.

LES RAPPORTS OFFICIELS
« Le squelette, en effet, couché sur sa face, parallèlement au revêtement de la muraille, était entier avec tous ses os à leur place normale », lit-on dans un ouvrage du R.P. Burlaton, qui fait état des constatations consignées dans les procès-verbaux officiels.
fl ajoute entre autres : « Toutes les côtes, à l’exception des deux premières de chaque côté, étaient brisées. L’épine dorsale présentait une légère courbure. La cavité reproduisait fidèlement toutes les formes extérieures du corps de la victime telle qu’elle était au moment de son supplice et de sa mort ; elles avaient été moulées dans le tapia ».

Dans la longue et intéressante énumération, nous lisons encore : «'Au point de rencontre des deux poignets on distinguait très bien l’empreinte d’une corde ayant servi à les attacher et ayant fait deux fois le tour du bras. »

LES RESTES DU BIENHEUREUX GERONIMO A LA CATHEDRALE
De précieuses dépositions permirent à Mgr Pavy, évêque d’Alger de constituer le dossier pour l’introduction de la cause de béatification.

Un décret pontifical du 30 mars 1854 reconnaissait que les preuves établissant l’identité du corps « ne laissaient aucun doute » et que « toutes les circonstances répondaient admirablement à ce qu’on savait par la tradition et l’histoire ». Ainsi Géro nimo était proclamé vénérable.

Puis, avec l’autorisation de S. S. Pie IX, la translation des restes de Géronimo à la cathédrale d’Alger eut lieu le 28 mai 1854, ce fut une cérémonie comme Alger n’en a jamais connues depuis. Le gouverneur général, l’évêque de Mahon, toutes les autorités et une foule immense y assistaient.

Un jour, peut-être, Géronimo sera élevé sur les autels comme l’avait souhaité Mgr Leynaud. Mais l’Eglise a devant Elle l’Eternité.