LA CATHÉDRALE D'ALGER
(Illustration de Charles Brouty)
Fondée sur l'emplacement
de l'ancienne mosquée Ketchaoua, la cathédrale d'Alger
fut ouverte au culte dans la nuit de Noël 1832. Ce sanctuaire occupait
alors la place du chur actuel.
La cathédrale fut agrandie par la suite. Les travaux furent d"autant
plus laborieux que les pouvoirs publics ne mettaient aucune hâte
à les faire
De 1844 à 1860, les services furent célébrée
à N.-D. des Victoires où de nombreux objets de valeur
furent laissés en souvenir.
Lorsque la nouvelle cathédrale fut inaugurée par Mgr Pavy,
qui reçut solennellement l'empereur Napoléon III et l'impératrice
Eugénie, l'édifice était loin de correspondre aux
projets conçu par l'architecte.
C'est pourquoi - faute de crédits suffisants - la cathédrale
d'Alger, qui devait présenter un aspect se rapprochant du byzantin.
offre aujourd'hui un aspect curieux.
" En fait de style, lit-on dans " L'Algérie catholique
", on trouve un grand mélange depuis le romano-byzantin
jusqu'à l'art musulman moderne de la clef. "
Ce style n'a cependant rien de fâcheux grâce la l'emploi
des colonnes de la mosquée Ketchaoua qui sont d'un bel effet.
On remarque également à l'intérieur de la cathédrale,
en entrant à droite, la vasque des ablutions utilisée
comme fonts baptismaux et derrière laquelle est apposée
une plaque de marbre portant une inscription latine en lettres d'or.
Elle rappelle que " Geronimo fur déclaré vénérable
en 1858 ".
Toujours à droite on peut admirer la chaire, ancien minbar de
la mosquée de Ketchaoua, avec ses colonnades torsadées,
ses appliques finement ciselées et piquées de pierres
colorées.
Sous le dôme, chacun des vitraux, qui se trouvent de chaque côté
du chur figurent les apôtres et ceux qui ornent l'autel
secondaire représentent les mystères du Rosaire.
Les quatre colonnes de marbre vert sur lesquelles repose la coupole
du chur. soutenaient autrefois un temple dédié à
Jupiter olympien.
C'est Napoléon III qui les fit venir de Cherchell.
Autre détail entre cent , le diadème d'argent repoussé,
dont est couronnée la statue de la Vierge, a été
rapporté de Sébastopol par M. le chanoine G. Salter.
Sous le chur, dans une crypte funéraire, sont actuellement
inhumés les corps de Mgr Dupuch, premier évêque
d'Alger (décédé en 1846) et de Mgr Dussère,
deuxième archevêque d'Alger (décédé
en 1897).
En examinant les tours de la façade. on constatera. qu'elles
sont une réminiscence des minarets de la mosquée de Mohamed
en Nasser, à la citadelle du Caire, et des minarets de Kaït-Bey.
Signalons que les broderies en stuc sont l'uvre des sculpteurs
Fulconis et Latour.
Depuis l'arrivée de Mgr Leynaud, de nombreux aménagements
ont eu lieu å la cathédrale d'A1ger. Nous citerons celui
du nouveau maître-autel qui a conservé de 1'ancien les
lignes générales et les sculptures.
Surélevé par rapport d'un gradin supérieur, il
comporte un tabernacle qui a été mis en relief afin que
l'ensemble de 1'autel soit en parfaite harmonie avec la courbe de la
voûte de l'abside. L'artiste a magnifiquement réussi et
les mosaïques qui recouvrent l'autel donnent au chef-d'uvre
une autre richesse.
L'anagramme grec du Christ, qui figure sur la porte du tabernacle, s'harmonise
avec l'anagramme latin qu'on peut lire sur le panneau central du bas-relief.
On ne pourrait terminer sans parier des grandes orgues que Mgr Leynaud
bénit le 20 janvier 1929.
Instrument à deux claviers manuels de 56 notes, il a remplacé
celui sur lequel Saint-Saëns assure, le 30 novembre I873. la cérémonie
de charité au cours de laquelle Mme la générale
Chanzy quêta elle-même pour les pauvres.
N,D.L.R. - A la suite d'une erreur
de mise en page, l'article " Cathédrale d'Alger " a
été illustré avec un dessin reproduisant St-Charles
de l'Agha.